Témoignages de nos quatre prêtres

Témoignages de nos quatre prêtres

La solitude par Bernard Maire

Photo: Robert Zuber

D’après le dictionnaire, est solitaire non seulement celui qui est seul par obligation, mais aussi celui qui aime à être seul ou à vivre seul par désir ou par besoin. La solitude est donc l’état d’une personne seule, retirée du monde, qui la subit ou qui la cherche.

Je l’imagine pourtant comme une personne tout de noir vêtue : elle me rencontre lorsque je suis vulnérable, lorsque je n’ai pas pris le temps de méditer la parole de Dieu, ou encore de prier l’Office divin.

Elle est ingrate, sournoise et elle se trouve cachée quelque part en moi. Je n’ai pas de remède infaillible, ni de médicaments, aucune potion… rien si ce n’est de me remettre en route et de retrouver la puissance de la prière et de l’Evangile dans le quotidien de ma vie ! ou encore de me laisser faire par Dieu.

C’est Jean Rostand qui a dit : « Etre adulte, c’est être seul ! » On ne le dira jamais assez fort : cette solitude-là peut être féconde et enrichissante quand elle est choisie, souhaitée, voulue, à l’instar du Maître qui aimait à se retirer loin de la foule, pour méditer et prier.

Un temps pour soi par Bruno Sartoretti

Photo: Camp Biblique Œcuménique de Vaumarcuse

Est-il bien judicieux de parler de la solitude du prêtre ?

Le ministère qui nous est confié nous invite à la rencontre des personnes de la communauté afin de répondre à leurs désirs spirituels. Et ils sont nombreux ces désirs, et variés. Pour mieux réaliser la mission, il faut sortir des sentiers battus, de nos églises bâtiments afin de rencontrer l’Eglise vivante, donc prendre le temps d’aller en commissions au village, de prendre un café avec une personne rencontrée sur le chemin, de prendre le temps de discuter, … Il n’y a pas de sentiment de solitude, mais plutôt un sentiment de vie partagée, d’accompagnements mutuels, de soutiens et d’échanges comme dans une grande famille.

Mais il faut aussi des temps pour soi. Des temps pour se ressourcer, pour prier, pour lire la Parole de Dieu,… Des temps pour prendre soin de son corps afin de garder une santé qui permette les rencontres. Si ces temps demandent une certaine solitude, ils sont surtout des temps pour mieux vivre ensemble.

La solitude du prêtre n’est pas un poids qui m’opprime, mais des temps qui m’invitent à mieux préparer la vie de la grande famille de Dieu. La solitude n’est pas un temps où je me sens persécuté ou oublié, mais un temps que je mets à profit pour mieux laisser la place à Dieu, pour qu’Il puisse mieux vivre en moi afin que je puisse mieux le proclamer et en témoigner plus.

Merci donc à vous, les paroissiennes et paroissiens, qui êtes de ma famille. Vous me donnez beaucoup d’espoirs et d’envies par vos paroles et vos présences, par vos bonjours et vos questions, par vos sourires et vos saluts. Merci de faire de moi un homme debout, ressuscité, parce que vous me donnez la présence qui supprime la solitude.

La solitude par Robert Zuber

Photo: Robert Zuber

La solitude je l’ai vraiment rencontrée au moment du Covid où elle est devenue très négative, lourde et presque invivable. Il a fallu l’apprivoiser en donnant un sens à cette nouvelle réalité. Cela a été possible car j’ai osé ouvrir mon cœur à des proches et à un frère prêtre.

Ce qui m’a tenu et qui me pousse à continuer mon ministère dans la joie et la confiance ce sont tous les regards échangés, les sourires, les partages et les rencontres. Et aussi tous ces moments de prière, de célébration, de méditation de la Parole.

Pour moi l’essentiel c’est de rester en relation avec Dieu et avec les autres, c’est aussi la certitude que Jésus conduit son Eglise, les communautés et donc mon ministère.

Aujourd’hui la solitude est un chemin que je prends avec Jésus et Marie, en communion avec celles et ceux qui peinent et qui sont en souffrance.

J’ai encore mieux saisi qu’au cœur de ma solitude, il y a une Présence d’amour qui m’invite à m’ouvrir à Lui et aux autres pour mieux vivre et pour mieux aimer.

Apprivoiser la solitude par Rémy Delalay

Photo: Rémy Delalay

Durant mes 20 années de vie monastique, j’ai appris à apprivoiser la solitude. Comme dans ma cellule monastique, je n’ai à la maison ni radio ni télévision. Le silence à la maison apaise et aide à écouter son cœur et l’Esprit qui parfois se manifeste. J’ai l’habitude des repas en silence et du travail solitaire. Le silence extérieur n’est pas synonyme de solitude intérieure. Bien au contraire, il aide à porter ses proches et le monde dans la prière et les laissent se rendre présents par la communion des saints. Je ne me sens ainsi pas seul.

Dans le ministère, je suis bien entouré par les Conseils de communauté et les Conseils de gestion des différentes paroisses dont j’ai la référence. Les catéchistes, les sacristains et sacristines sont aussi importants et je les rencontre très souvent. On partage toujours un moment fraternel avant les célébrations.

Paradoxalement, c’est quand je suis avec beaucoup de monde que je peux me sentir très seul. Quand l’église est pratiquement pleine et que presque personne ne répond, quand je dois prier le Notre Père pratiquement seul au micro, alors oui, je me sens horriblement seul et triste. Quand je me suis retrouvé plusieurs fois à la messe de semaine seul avec la sacristine, alors oui, je me sens seul et triste. Ces moments sont des instants dans le brouillard, comme sur la photo, mais ils ne durent pas longtemps car le soleil brille en dessus. Et autour de moi, bien des personnes ont des fardeaux bien plus lourdes à porter.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Votre commentaire s’affichera après notre approbation. Les champs obligatoires sont marqués d’un *