Conseillère aux Etats et vice-présidente des Verts au parlement, Lisa Mazzone nous parle de ses convictions, de la manière dont les chrétiens peuvent s’engager dans la sauvegarde de notre maison terrestre et de Dieu… à vélo.
Par Myriam Bettens
Photo: Jean-Claude Gadmer
Croyez-vous en Dieu ?
(Rires) La question est à la fois compliquée et très personnelle. (Pause) Je ne pense pas que je crois en Dieu. Par contre – mais ce n’est pas facile à expliquer – il y a quelque chose qui nous relie au-delà du matériel. Une force que l’on doit soigner.
Si Dieu existait, serait-il plutôt vélo ou voiture ?
Il serait vélo ! Ce moyen de transport représente une certaine forme d’humilité face au besoin de toujours aller plus vite et de performer. Il a une dimension plus humaine. Je suis persuadée que dans l’amour du prochain il y a aussi celui de notre environnement. En préservant ce que nous avons reçu, nous permettons des conditions de vie dignes à autrui.
Comment vos convictions et valeurs vous guident-elles dans vos engagements politiques ?
Elles constituent le centre de mon engagement. Je me suis toujours dit que les valeurs chrétiennes qui m’ont été transmises – tournées sur la parole de Jésus – restent très ancrées chez moi.
Pensez-vous que nous ayons utilisé les ressources terrestres à mauvais escient à cause de notre arrière-plan judéo-chrétien ?
Certainement que la question de l’humilité est à nouveau importante ici, mais la ligne du temps l’est également. Nous devons prendre conscience de la nécessité de laisser quelque chose pour les suivants. Je ne suis pas certaine que ce message soit institutionnellement porté par l’Eglise, mais j’en suis éloignée, bien que
Laudato si’ ait déjà permis d’ouvrir les yeux sur cette réalité.
De quelle manière la chrétienté peut-elle s’engager pour la sauvegarde de notre maison terrestre ?
Il y a un vrai enjeu d’exemplarité. L’Eglise peut déjà prendre la mesure de son impact sur l’environnement en évaluant la manière dont elle fonctionne ou comment est-ce qu’elle place son argent. Lorsque le pape parle, cela a une autorité certaine et joue un rôle important. Car le changement doit être précédé d’une prise de conscience. (Pause) Je trouve que dans ce cadre, le terme maison terrestre est important.
Avez-vous constaté des changements dans la société suite à la parution de Laudato si’ ?
Il y a eu un intérêt certain pour cette publication et la réflexion autour de la spiritualité dans les milieux écologistes. C’est un message fort. Une forme d’horizon, de croyance et d’espoir pour chacun de nous – notre destin commun autour de mêmes défis à relever.
Les chrétiens ont-ils une responsabilité morale plus grande vis-à-vis de la planète ?
Nous avons tous la même responsabilité morale vis-à-vis de la planète. Et nous ne pourrons relever les défis auxquels nous sommes confrontés qu’en étant unis. Nous nous trouvons encore trop dans une société valorisant le matérialisme – le profit plus que le lien –, c’est là que l’Eglise peut porter un message. L’adhésion à l’écologie est trop souvent comprise comme contraignante et rébarbative, alors qu’elle se caractérise par un réel espoir et une hiérarchie de valeurs qui peut nous guider.