Vivre sa foi autrement

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), juillet-août 2020

Photos: DR, Céline Vernet

Comment les catholiques de Gland ont-ils vécu le confinement, qui a signifié absence de toute liturgie et activité pastorale? Quelques-uns d’entre eux témoignent: ils n’ont pas baissé les bras et ont fait preuve de créativité. Ils partagent ici leurs activités et leurs questions.

Aller annoncer la Bonne Nouvelle

Ce confinement m’a fait réaliser une chose : à quel point les messes et les célébrations de la Semaine sainte, des Rameaux au dimanche de Pâques, m’ont manqué. J’ai suivi la messe en ligne, mais il y manque la communauté, les prières récitées ensemble, cette foi collective qui porte chacun de nous individuellement et le fait de prier les uns pour les autres.

Privé de tout cela, j’ai pris conscience qu’on ne peut pas vivre sa foi tout seul. Que la foi se pratique et se vit en communauté avec tous les êtres humains autour de nous, au cœur de notre société.
Dans le Nouveau Testament, Jésus se retirait pour prier, mais il agissait en lien avec ses disciples et le monde qui l’entourait.
Ce verset de l’évangile de Matthieu me parle particulièrement : « En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » (Mt 18, 20)

Certes, méditer, prendre le temps de réfléchir sur les textes des évangiles est une chose importante. Mais garder tout cela pour nous n’est certainement pas ce que Dieu nous demande ou nous donne comme mission sur terre. Mais plutôt d’aller partager et annoncer la Bonne Nouvelle qui de plus est, en ce moment où nous le célébrons, le Vivant !

Haja Ranaivo

Un jour après l’autre

Le coin prière pour se retrouver en famille durant la pandémie.

Photo : Leticia Nicolet

Durant cette période si spéciale, chacun de nous porte ses difficultés, ses inquiétudes, et ses peurs. Nous avons vu la nécessité de porter en famille ce que nous devions vivre et de mener un combat, celui du confinement, unis dans la prière.

Cette photo montre le coin prière que nous avons aménagé à la maison : en effet, en plus de suivre la messe par internet les dimanches et jours de fête, nous avons pris le temps de prier chaque soir en compagnie de la Sainte Vierge en récitant le chapelet. Chaque passage de la vie de Jésus médité dans les mystères nous donne la force nécessaire pour nous soutenir les uns les autres et renforcer dans nos cœurs notre union avec lui.

Nous avons récité cette prière chaque jour : « Merci, Seigneur, de prendre soin de nous, de nos familles, de nos amis, de notre communauté, et de nous donner tout ce dont nous avons besoin un jour après l’autre ! ».

Leticia Nicolet

Avance au large !

Nous sommes des êtres de contact. Je suis une personne qui aime la convivialité, les rencontres en famille, les repas entre amis. Tout cela me manque, comme à bien d’autres. Quel régal de goûter aux câlins de mes petits-enfants et surtout de ma dernière petite-fille, 6 ans, qui est encore assez jeune pour les offrir en abondance !

Cette période de confinement nous prive de ces moments si bons, mais nous fait prendre conscience, en même temps, de leur valeur inestimable. Ne dit-on pas que c’est quand on perd quelque chose qu’on en mesure l’importance ? Triste constatation. Il y a bien sûr le téléphone, les photos, les messages, les dessins : c’est déjà énorme et on ne s’en prive pas. C’est vital tant pour les grands-parents que pour les petits-enfants.

Notre vie de foi est elle aussi bousculée : les célébrations sont suspendues, souvent les églises sont fermées, il n’est plus possible d’allumer une bougie même seul dans la chapelle. Heureusement ma vie spirituelle, ma vie de foi, ne s’arrête pas aux gestes que je ne peux plus faire, mais elle invente de nouveaux rituels. La vie de foi n’est pas « une vie particulière » : c’est la vie, c’est ma vie de tous les jours.

Je reconnais que ce temps de pandémie bouleverse mes habitudes. Le Seigneur lui-même me dit : « Va, quitte le rivage, avance au large. Regarde tout ce temps qui t’est donné pour qu’on se rencontre et qu’on se connaisse mieux ». L’Esprit me fait prier davantage, je l’admets, car j’ai besoin de Dieu, j’ai besoin qu’il me redise qu’il tient le monde dans ses mains. J’ai besoin qu’il habite mes peurs et les transforme.

J’ai beaucoup de temps pour méditer la Parole, prier, entre autres, avec les chanoines du Grand-Saint-Bernard et leur chaîne de prière. Et j’ai la chance de partager beaucoup de ces moments avec mon mari. Dans ce confinement que personne n’aime, il existe aussi des moments de grâce: la prière à deux pour nos familles, nos amis, nos connaissances, nos communautés de vie.

Un temps de désert durant les semaines qui nous menaient à Pâques pour retrouver le sens du passage : Vie-Mort ; Mort-Vie ! Une Semaine sainte qui prenait un sens particulièrement fort : notre solitude, bien sûr, mais surtout la solitude des malades, des personnes âgées confinées dans les EMS, des soignants et de leurs responsabilités, des personnes qui devaient surmonter leur angoisse pour continuer à travailler, la solitude des parents avec leur enfant handicapé, des chefs d’Etat face à des décisions difficiles, la solitude des enfants qui meurent chaque jour non du coronavirus, mais de la faim, et qu’on oublie si souvent.

Image forte sur nos écrans : le pape François choisit de marcher « seul » pour rejoindre toutes ces solitudes lors d’un Chemin de croix sur une place Saint-Pierre vide. Une sobriété qui crie la souffrance de ce monde.

Toutes ces semaines particulières dans nos vies qui aiment et recherchent la sécurité, toutes ces semaines qui s’ajoutent, dans mon existence personnelle, à des mois de lutte silencieuse contre la maladie.

Pour arriver au jour de Pâques et faire eucharistie chez nous, sans messe communautaire ; faire eucharistie pour partager la solitude et la souffrance ; faire eucharistie pour partager le pain du quotidien et les soucis de chaque jour; faire eucharistie pour rendre grâce avec le vin qui donne la joie et l’espérance ; faire eucharistie pour croire en sa présence réelle en chacune de nos vies : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20).

Promesse que le Seigneur adresse à tous ses enfants de la Terre et que ce temps de retraite, de silence, me permet d’entendre avec mon cœur. Merci, Seigneur. J’ai confiance en toi.

Françoise Merlo

Mains et croix

Tout au long de cette période de confinement, vidéos, photos et méditations ont passé d’un natel à l’autre. Envoyées comme témoignages de solidarité, reçues avec reconnaissance. Comme chacun, j’en ai reçu tous les jours, aimant découvrir ce que l’ami proche ou moins proche partageait. Pour L’Essentiel, j’ai choisi cette photo envoyée par une amie qui exprime  la solidarité si forte en cette période de confinement : des mains qui s’unissent et qui, ensemble, forment une croix, signe de l’amour du Christ. A travers cette image, un rappel : le secret de la vie est d’être en relation profonde avec le Père, mais aussi avec les autres. Dieu nous y invite maintenant et après cette période si spéciale.

Brigitte Besset

Un temps propice au jeûne

J’étais absente en début d’année, mais heureusement je suis rentrée en Suisse quelques jours avant le confinement. Je dis heureusement, car ici on a quand même une petite marge de manœuvre : même si je fais partie du groupe à risque, comme j’habite Gland, il m’est facile de me promener dans la forêt sans croiser beaucoup de monde.

Comme je ne peux pas voir des amis ni manger au restaurant, j’ai aussi profité de ces mois pour prendre du temps pour moi et me nourrir autant spirituellement que physiquement. Je jeûne une fois par an avec un groupe œcuménique de Gland depuis plus de dix ans et je trouve cette expérience, durant laquelle je réduis mes contacts et mes achats, très propice à l’intériorité et à la lecture ; elle me permet aussi de me recentrer sur moi-même. J’ai réalisé que le confinement était justement le moment idéal pour jeûner quelques jours.

J’ai aussi beaucoup aimé suivre les messes diffusées par la paroisse de Nyon via YouTube le dimanche à 10h15. Je suis sûre que ce n’était pas évident à réaliser. Merci à l’abbé Jean-Claude Dunand et aux autres prêtres pour cette initiative ainsi qu’à tous les participants qui nous ont offert la possibilité de continuer à faire communauté malgré le confinement.

Cecilia Nizzola

Carême et nouveau cierge pascal

Comme Françoise Merlo le fait en temps ordinaire, chaque fin de semaine, j’ai eu plaisir à me rendre à la chapelle durant ce confinement pour apporter une touche de beauté à ce lieu momentanément désert. En créant des compositions florales différentes au gré du temps liturgique, j’ai réalisé combien les paroissiens étaient présents dans ce lieu pourtant si vide. C’est ce que je peux appeler la communion.

C’est bien unie à vous tous, paroissiens de la communauté et de l’Unité pastorale, que j’ai pris chaque fois un temps de silence et de prière à la louange de Dieu qui fait de nous un peuple, une Eglise, une communauté, une famille. Ci-contre, le nouveau cierge pascal, allumé lors de la veillée pascale à Nyon par l’abbé Jean-Claude Dunand, curé modérateur.

Brigitte Besset

Nourris quand même

Photo : Céline Vernet

Une  photo de notre petite installation de ce matin. La communion sacramentelle et les liens de charité fraternelle nous manquent !

Mais avec tout ce qui nous est proposé sur internet par l’Unité pastorale et d’autres paroisses ou communautés, notre vie spirituelle continue à être nourrie quand même.

Céline Vernet

Au milieu des épreuves

Cette période de confinement a fait revivre en moi un souvenir : durant la dernière guerre mondiale, une période de trois jours et trois nuits dans la cave, avec des obus tombant sans interruption,  qui avait provoqué peur et faim ! En ce moment aussi, la peur rôde dans notre vie, heureusement sans la faim !

Durant cette guerre, des actes héroïques ont été accomplis. Aujourd’hui également, les soignants se dévouent sans compter et partout des actions de partage et des services de toutes sortes nous aident à supporter les soucis générés par cette période de pandémie.

On se rend alors compte que dans les pires épreuves, l’homme manifeste sa solidarité. Il n’est jamais seul pour aller de l’avant, et cette évidence m’aide à traverser les moments d’incertitude.

Josette Guyaz

Méditation: De quoi sera fait demain?

Dis-moi, Seigneur,
de quoi sera fait demain,
mon demain à moi,
celui de ceux que j’aime ?
Tous ces demain semés d’espérances
qui attendent de germer,
les vois-Tu, Seigneur ?

Les vois-tu ces espérances enfouies
au plus profond de nos jardins secrets,
là où personne n’entre
sinon Toi et Toi seul ?
Dis, les feras-tu éclore un jour
nos espérances en graines,
nos rêves, nos projets ?

De quoi sera fait demain ?
Après tout, qu’importe,
puisque Ta présence, Seigneur,
m’accompagnera au cœur de mes déserts
comme au plus fort de mes joies.
Ta présence qui m’invite déjà
à vivre aujourd’hui
comme pour mieux réaliser demain.
Non, ne me dis pas, Seigneur,
de quoi demain sera fait.

Dis-moi seulement que Tu es là.                                                                           

Robert Riber

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