Statue de la Vierge à l’Enfant, chapelle Sainte-Croix, Blonay

La chevelure bouclée ainsi que le front haut sont des marqueurs de l’époque.

Par Amandine Beffa | Photo : Jean-Claude Gadmer

Quel est le rapport entre une statue du XVIe siècle et un compositeur néo-classique défenseur de l’avant-garde ?

La réponse se trouve à Blonay.

Sous ses apparences de chapelle ancienne, l’église Sainte-Croix date en réalité des années 1960. En quelques années, le nombre d’habitants catholiques ayant fortement augmenté, un lieu de culte était nécessaire. Il était toutefois impératif que l’église ne dénote pas avec le château, ce qui explique son style, à une époque où l’architecture était plus audacieuse.

En 1968, une statue de la Vierge à l’Enfant rejoint le chœur. Elle a été offerte par Gertrud Hindemith (décédée en 1967).

L’épouse du compositeur allemand Paul Hindemith est chrétienne, mais ses racines juives lui imposent de fuir la guerre. Le couple se réfugie en Valais, puis aux Etats-Unis. Il ne rentre en Europe qu’en 1953 et s’installe alors à Blonay.

Toute l’Europe ne connaît pas simultanément les mêmes courants artistiques. Alors qu’en Italie la Renaissance entraîne la réalisation d’œuvres d’une finesse sans pareille depuis le XIVe siècle, la France et notamment la Champagne proposent encore des sculptures de style gothique au XVIe siècle.

La chevelure dorée et légèrement bouclée ainsi que le front haut sont des marqueurs de l’époque. Les émotions ne sont pas l’affection ou la joie d’une mère. On lui trouverait presque quelque chose de triste, ce qui est très fréquent à la période gothique.

L’Enfant porte une grande grappe de raisin (disproportionnée par rapport à sa taille à lui). Cet attribut est fréquent dès le XIVe siècle. Le fruit évoque bien évidemment l’Eucharistie. On pourrait mentionner que dans l’Evangile selon saint Jean, c’est Marie qui – d’une certaine manière – provoque le premier miracle lors du mariage à Cana. Alors que les mariés n’ont plus de vin, c’est elle qui invite son Fils à faire quelque chose.

En regardant la photo – ou la statue – de près, on remarque les traces de polychromie. Elles nous rappellent les couleurs chatoyantes qui recouvraient les statues alors.

Le roman catholique d’un agnostique

Le règne de l’Esprit malin. Tel est le titre d’un roman que Ramuz écrit entre 1914 et 1917. Le travail sur ce roman accompagne donc « l’apocalypse » de la Première Guerre mondiale ; c’est le récit d’une catastrophe touchant un village valaisan dans lequel on reconnaît Lens.
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«Une religieuse en liberté»

Texte et photo par Nicolas Maury

Assise devant son bureau de Saint-Maurice, Emmanuelle Bessi avoue d’emblée : « Je suis bavarde. Très bavarde même. » Puis, levant un sourcil en même temps que ses mains, elle commente : « Je suis née comme ça. » 

Faut-il y voir une relation de cause à effet ? En janvier 2022, elle est la première femme laïque à avoir été instituée au ministère du Lectorat dans le diocèse de Sion… voire en Suisse. « Et peut-être même en Francophonie ! Le journal La Croix m’avait même interviewée à l’époque. » 

Cette mission, elle en dessine rapidement les contours. « Cela ne consiste pas seulement à aller lire à la messe. A l’origine, le Lectorat et l’Acolytat étaient les premiers pas que faisaient les futurs prêtres avant d’être ordonnés dans leur ministère. Cela implique de transmettre la parole de Dieu, par l’écrit, par l’oral, mais aussi dans la vie de tous les jours. »

Catholique en terre vaudoise

Née au Togo – « mes parents y travaillaient pour une ONG » – en 1973 d’un père d’origine italienne et d’une mère valaisanne, Emmanuelle revient en Suisse à l’âge de 14 mois. « Mes grands-parents m’ont fait grandir dans la foi. Toute petite déjà, je ne dépassais guère de l’ambon, j’allais lire à Saint-Guérin à Sion. Alors que j’avais à peine trois ans, je demandais de m’expliquer ce qu’est la Trinité. J’ai sans doute traumatisé mes catéchistes, rigole-t-elle franchement. Puis, nous avons déménagé juste en-dessus d’Ollon. Une catholique en terre vaudoise… »

Une soif d’absolu

De manière naturelle, la recherche des réponses à ses questions l’a conduite à faire des études de théologie. « J’ai toujours eu une soif d’absolu. A Huémoz, je racontais que je voulais devenir religieuse. Mes copines d’école se tordaient de rire… » Mais la vocation était là. « J’ai voulu entrer à l’Abbaye de la Maigrauge, mais des problèmes de santé m’en ont empêchée. C’est alors que j’ai découvert la vocation de Vierge consacrée. Je me suis dit que ça correspondait parfaitement à mon style de vie. Une religieuse en liberté en quelque sorte ! » 

Ce qui lui permet aujourd’hui de donner des cours d’histoire de l’Eglise en Ardèche, mais aussi de travailler, à temps partiel, pour la congrégation des Sœurs de Saint-Augustin à Saint-Maurice. « J’y organise et reconditionne les archives. J’aimerais poursuivre cette tâche et montrer tout ça aux Sœurs d’Afrique, basées au Togo. » Une manière de boucler la boucle ? « Peut-être un nouveau départ… »

Emmanuelle Bessi 
• Née au Togo en 1973.
• En janvier 2022, première femme laïque à avoir été instituée au ministère du Lectorat dans le diocèse de Sion, voire en Suisse.

Retrouvez l’ensemble des textes et des vidéos de la rubrique sur le site : https://presse.saint-augustin.ch/ecclesioscope/

Première communion de Candice

Candice Udressy a fait sa première communion lors de la récente veillée pascale à Collombey. Aux côtés des trois nouveaux baptisés, elle portait aussi fièrement son vêtement blanc en rappel du baptême. Suite à sa première communion, nous l’avons revue à la messe et lui avons posé quelques questions.
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Mathématiques chrétiennes

Par Pierre Guillemin
Photo : DR

La question du lien des mathématiques et de la foi est ancienne : les mathématiques nous fournissent les outils nécessaires à la compréhension de notre Univers. Citons trois réflexions sur le sujet qui, sans être exhaustives, nous éclairent sur cette interrogation des mathématiciens eux-mêmes.

Lorsque Galilée publie « L’Essayeur » (Il Saggiatore) en 1623, il nous livre sa vision des mathématiques et de leurs liens avec la Création de l’Univers : « La philosophie est écrite dans cet immense livre qui continuellement reste ouvert devant les yeux (je dis l’Univers), mais on ne peut le comprendre si, d’abord, on ne s’exerce pas à en connaître la langue et les caractères dans lesquels il est écrit. II est écrit dans une langue mathématique et les caractères en sont les triangles, les cercles, et d’autres figures géométriques, sans lesquels il est impossible humainement d’en saisir le moindre mot ; sans ces moyens, on risque de s’égarer dans un labyrinthe obscur. »

Albert Einstein déclare : « N’importe qui de sérieusement impliqué dans la poursuite de la science devient convaincu qu’un esprit est manifeste dans les lois de l’Univers. Un esprit largement supérieur à celui d’un homme et en face duquel nous, avec nos modestes pouvoirs, devons nous sentir humbles. »

Laurent Lafforgue, mathématicien contemporain lauréat de la médaille Fields en 2002, mais aussi fervent catholique, nous donne sa vision des mathématiques et en particulier leurs liens avec la foi. « Avec le langage auquel elles sont intimement liées, les mathématiques font partie du propre de l’Homme, de ce dont Dieu l’a rendu capable, seul parmi ses créatures. Ceci ne doit pas manquer d’interroger les croyants que nous sommes. Il est écrit que l’Homme est créé à l’image de Dieu et aussi que tout ce qui existe a existé par le Verbe, parole éternelle de Dieu. Donc, le désir de connaître Dieu ne peut ignorer les mathématiques. […] Je me dis à la réflexion qu’il existe, pour caractériser l’activité du mathématicien […], un mot plus juste et beaucoup plus profond […], un mot pleinement biblique aussi, un mathématicien est un serviteur. […] Il est, selon le mot du Christ, un « serviteur inutile » : […] ce qu’il fait, un autre aurait pu le faire à sa place. »

Deux nouveaux auxiliaires de l’Eucharistie

Patricia Granger et Thierry Fournier ont reçu récemment leur mandat d’auxiliaire de l’Eucharistie, respectivement à Collombey (le samedi 23 mars, lors de la messe du Dimanche des Rameaux) et à Muraz (le dimanche de Pâques, 31 mars). Qui sont-ils ? Qu’est-ce qui a motivé leur démarche ? … en voici un petit compte-rendu, sous forme d’une interview.
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En ce mois de Marie

Le mois de mai est traditionnellement appelé aussi le « Mois de Marie ». En ce mois de mai, les fleurs s’épanouissent et rivalisent de couleurs chatoyantes, en diffusant leurs parfums subtils et odoriférants. Marie n’est-elle pas comparée justement à la « reine des fleurs », à une rose (« Rose mystique » dans les litanies) dont la beauté spirituelle avec ses vertus cultivées à l’excellence, a ravi le cœur de Dieu ?
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En librairie – mai 2024

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Le deuil invisible
Jessica Brazeau

Le deuil d’un enfant à naître est très complexe à vivre. En effet, comment faire le deuil d’un être que l’on a peu connu, voire pas du tout ? Comment traverser cette expérience douloureuse, en tant que mère ou père, alors que l’entourage peut avoir tendance à la dédramatiser, à la sous-estimer ? Coécrit par la psychologue Lory Zephyr et la journaliste Jessika Brazeau, cet ouvrage rassemble une foule d’informations et de ressources précieuses, des réflexions ainsi que plusieurs témoignages touchants pour aider les mamans et les papas à ne plus se sentir seuls dans cette épreuve. Un livre tout en douceur pour soutenir les peines et guider pas à pas toutes les familles sur le chemin de l’acceptation.

Editions de l’Homme

Acheter pour 31.00 CHF

Des vies transformées
Père Geoffroy de Lestrange

Qui aurait pu imaginer que le chanteur Vianney logerait avec des sans-abri ? Ce livre raconte comment l’appel du Christ a bouleversé la vie d’une vingtaine de témoins ou de saints. Curieux comme Djibril Cissé, décomplexé comme Gad Elmaleh ou tout simplement chrétiens engagés, ils ont été touchés intérieurement, ont vécu un réveil dans la foi ou ont dépassé leurs préjugés sur l’Eglise. Chaque lecteur pourra, à la suite de ces témoins, se laisser inspirer et bousculer par l’expérience concrète du salut que Dieu apporte dans les moments de découragement, de doute, de difficulté ou de tiédeur. Un ouvrage qui renouvelle notre foi.

Editions Pierre Téqui

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Journal intime de la Vierge Marie
Sophie Chauveau

La jeune Marie apprend qu’elle attend un enfant. Pendant huit mois, elle tient un journal dans lequel elle note scrupuleusement les émotions et les sensations qui l’agitent avant cette naissance si particulière. Ses questionnements, ses rêves et ses peurs sont semblables à ceux que partagent nombre de futures mères. A travers un récit dominé par la joie, Sophie Chauveau donne à voir une Marie forte et instruite et nous dévoile, au-delà du mythe, des aspects méconnus de l’histoire qui changera la face du monde

Editions Folio

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Pier Giorgio Frassati
M. & O. Malcurat – Marco Greselin

Lorsque Pier Giorgio Frassati meurt à l’âge de 24 ans, le 4 juillet 1925, des gens de toutes conditions se pressent devant la maison familiale, à Turin, pour lui rendre hommage. Emporté par une poliomyélite contractée en visitant un malade, ce jeune étudiant italien, sportif, membre du tiers ordre dominicain, rayonnait d’une charité brûlante, puisée dans une foi ardente. Béatifié en 1990 par Jean-Paul II qui le donne en modèle aux jeunes, Pier Giorgio Frassati est proclamé patron des montagnards, des sportifs et des Journées mondiales de la Jeunesse. Sa vie tout entière racontée ici en BD était guidée par sa devise : Verso l’alto, vers le haut.

Editions Plein vent

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L’espérance

L’homme est né avec l’espérance. Il est habité par un intense désir de bonheur, de joie et d’achèvement. Il y a toutes sortes d’attentes. Mais derrière toutes ses attentes partielles que sont l’argent, le prestige, la prospérité, la santé, l’amitié, il y a une attente fondamentale, une unique espérance : celle d’être aimé pour vivre.
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Reflets de la Semaine sainte sur le Haut-Lac

Grâce à une équipe motivée, les paroissiens du secteur ont vécu à Vionnaz une belle entrée dans le Triduum pascal, avec une messe KT festive suivie de la Nuit de l’Adoration. En plein air, ils ont pu s’unir au Christ sur son chemin de souffrances, à Vionnaz ou aux Evouettes, et vénérer la croix à Vouvry. Durant la Vigile pascale, ils ont accueilli dans la joie Daniel et Adrien au Bouveret.
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«Si je chante, c’est pour Toi!» (III)

Le chant et la musique occupent une place majeure dans les liturgies chrétiennes. Pierre-Alain, Ariane, Edmond, Bernadette, Laurent et Doris et d’autres encore enchantent nos assemblées dominicales par le chant ou la musique. Mais qu’est-ce qui leur tient à c(h)œur ? Regards croisés.
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Partis avant d’avoir fini de commencer

Par Calixte Dubosson
Photo : DR

« Partis avant d’avoir aimé, avant même d’avoir eu la vie, pour exister » chante Pierre Bachelet. La réalité des grossesses non arrivées à terme est un phénomène douloureux qui peut creuser de profondes cicatrices chez celles et ceux qui doivent le vivre. « Nous vous avions tant imaginés, dessinés avec nos sourires, nos espoirs et nos soupirs… nous nous réjouissions de vous tenir dans nos bras. » 

Toutes ces vies qui se sont éteintes avant d’éclore, que sont-elles devenues ? Où faut-il les chercher maintenant ? Sur les gouttes de rosée ? Sur les ailes du vent ? Qui saura nous le dire ? En attendant, nous devons apprendre à aimer toute vie : celle qu’il y a dans l’herbe qui pousse, dans la fleur qui s’épanouit, dans l’oiseau qui chante. 

Ces petits êtres si désirés, si attendus, où sont-ils maintenant ? Notre foi en Dieu nous permet de croire qu’ils ont traversé la vie sans que rien ni personne ne les arrête et qu’ils ont continué sur leur élan : ils ne sont plus dans la mort, ils n’y reposent pas. Ils l’ont traversée puisque la mort n’est qu’un instant. Dès maintenant, ils vivent sans fin. Ils sont à jamais reliés à ceux qui les ont aimés dès le moment de leur conception. Leur envol n’est pas une absence, plutôt une flamme qui diminue d’intensité à nos regards, mais sans jamais s’étouffer.

Les petites joies du pèlerinage

Christelle en route vers son objectif.

Lorsque vous lirez ces quelques lignes, je serai probablement de retour de mon pèlerinage en direction de Saint-Jacques-de-Compostelle. Appelée à me mettre en marche, je suis partie du Puy-en-Velay à la mi-mars et je me suis mise à avaler les kilomètres de la Via Podiensis.

Texte et photos par Christelle Gaist

Un besoin de poésie – Je nourrissais cette envie de fouler la Via Podiensis depuis quelques années. A la fin de l’hiver, j’ai fait mon sac et j’ai commencé à marcher depuis le Puy-en-Velay. A cette période de l’année, les pèlerins se font encore très rares sur le chemin. Les paysages magnifiques se succèdent et les églises romanes qui les ponctuent me ravissent. Je marche parfois des heures, toute seule, sans côtoyer d’autres randonneurs. Chaque rencontre devient alors un événement. Je croise un paysan avec le visage aussi marqué que son champ. Il m’invite à boire un café. Lui non plus n’a pas interagi avec grand monde ces derniers mois. 

Les rencontres chrétiennes – La vraie charité chrétienne se loge surtout dans les actes que les pèlerins posent entre eux. Nous partageons les mêmes galères physiques et logistiques. Les aléas de la météo nous cueillent tous équitablement. Quand l’un manque de quelque chose, l’autre pourvoit tout naturellement. Nous formons un vrai corps actif, une communauté mobile et avançons tous à notre rythme vers un but commun. Nous veillons au bien des autres, car nous nous sommes rencontrés dans le cœur. La beauté de ce chemin y prend sa source.  

La légèreté de l’être – Au fur et à mesure du voyage, le sac semble s’alléger. Le corps s’habitue et la tête se vide. Il n’y a plus que les oiseaux à écouter. Je m’agite un peu car j’ai dû mal à simplement être et faire confiance. Le pèlerinage met l’emphase sur des problématiques déjà bien présentes dans nos vies et que nous nous efforçons de mettre sous le tapis. Pour ma part, c’est une Foi que je devais venir muscler, par cet effort physique et mental. 

Si vous avez moins de temps et que vous souhaitez tout de même faire oraison, je ne peux que vous recommander chaudement les pèlerinages alpins organisés par l’Hospice du Grand-Saint-Bernard durant l’été.

Notre Dame de France au Puy-en-Velay.
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