La rencontre de Théa

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral de Martigny (VS), mai 2020

Par Valérie Pianta | Photo: LDD

Après un long temps de séparation, Théa a enfin retrouvé ses grands-parents, ses copains, copines, ses maîtresses… Elle savoure chaque instant de jeu partagé, les câlins discrets, ce bonheur de se retrouver ensemble.Pourtant, Théa a appris quelque chose : il est bon de temps à autre de se retrouver seule un moment pour laisser s’envoler les pensées comme de petites bulles qui défont la lumière, là où personne ne peut les attraper. Alors ce matin, Théa se cache un instant dans une de ses légères bulles qui la transportent… Elle fait une rencontre insolite : un petit machin à drôle de tête se promène dans une bulle non loin d’elle.

– Qui es-tu toi ? Tu as une drôle de bouille ! Crie Théa.

– Je m’appelle Corona… Je crois que tu as beaucoup entendu parler de moi ces derniers temps, non ?

– Mais ? C’est toi ? C’est vraiment toi ? Celui qui a rendu malade tout le monde, qui a rempli toutes les discussions, qui a fait mourir plein de personnes ? A cause de toi, je ne pouvais plus aller à l’école, plus voir mes copains, mes maîtresses. J’avais des tonnes de devoirs qui arrivaient sur l’ordinateur de papa. Pire qu’à l’école ! Pleurniche Théa un peu effrayée.

– Eh oui, c’était moi ! Ricane la vilaine petite bestiole.

– Coromachtruc, c’était vraiment à cause de toi, cette catastrophe ? Pourquoi as-tu fait ça ?

Ahahahah ! Répond l’horrible machin, si tu savais. Le monde est à genoux à cause d’un petit microbe vilainement couronné, sournoisement, on ne sait où et qui a installé sa dictature sur votre chère planète bleue, blême sous la tyrannie du petit monstre… J’ai trouvé que c’était une leçon à donner à tous ces hommes qui croient tout savoir, tout maîtriser et pouvoir tout décider.

– C’est vraiment méchant ce que tu as fait là, lui rétorque Théa. Les gens ont été malheureux, ils ont eu peur, ils se sont sentis tout seul. Il y avait beaucoup de malades… même qu’il y en a qui sont morts. J’ai entendu papa et maman parler de ça tous les jours. Papa devait travailler à la maison et il criait tout le temps parce qu’avec ma petite sœur, on n’arrêtait pas de lui demander des trucs pour les devoirs… et maman était super stressée pour aller faire les courses et aussi énervée. Elle ne pouvait plus aller chez le coiffeur. L’ordinateur tombait en panne, l’imprimante n’avait plus d’encre. Tu te rends compte ?

– Oui, oui, je me rends bien compte, répond laconiquement le petit monstre couronné. Mais les gens se croyaient tout-puissants, bardés de théories politiques, économiques, écologiques, sociales, théologiques, philosophiques… tous les « iques » (hics !). Les hommes ne croient plus qu’en tous ces trucs… Ils ne s’arrêtent pas, ils font ce qu’ils veulent, ils courent, volent dans tous les sens. Alors moi, je suis devenu leur dieu de malheur ! Au moins maintenant ils ont eu le temps de respirer, de penser, d’avoir besoin des autres.

– Quand même, tu es vraiment horrible, murmure la petite fille.

– Ne t’inquiète donc pas, annonce Coronamachin, les hommes auront découvert des forces nouvelles à travers les ravages de mon armée, des trésors à partager.

Théa regarde les bulles, le ciel, les arbres, les fleurs. Elle écoute les oiseaux qui gazouillent ; toute la vie est au rendez-vous, tout est neuf. C’est comme si elle venait de casser la coquille de l’œuf dans lequel elle était enfermée. Elle regarde dans sa bulle le petit monstre laid et trouve que sa couronne s’est ratatinée. La bulle s’éloigne emportée par le vent.

– Tu n’es plus dieu, car tu es moche et cruel, hurle Théa. Dieu est revenu parce qu’on est sorti de nos coquilles ! 

En criant ces mots, la petite fille réalise combien la vie est belle, fragile et précieuse, plus forte pourtant que les malheurs qui font pleurer les hommes et le ciel. Le vilain tyran s’éloigne toujours. Soudain, dans un rayon de soleil, sa bulle éclate sous le coup de bec d’un oiseau qui rit aux éclats et l’odieux petit monstre se volatilise sous les yeux ébahis de Théa. Eh oui, le printemps est revenu !

Sauvés, mais tous ensemble!

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), mai-juin 2020

Par Sylvie Humbert | Photo: DR

La préparation du magazine que vous êtes en train de lire a coïncidé avec les premières mesures prises par le gouvernement pour endiguer la propagation du coronavirus. Proposer un contenu varié compte tenu des événements annulés est un défi que les rédacteurs de L’Essentiel ont essayé de relever au mieux. La preuve avec un témoignage très touchant.Nous sommes le 16 mars 2020 et je suis en retard pour livrer mon papier. Les nouvelles anxiogènes se multiplient et il est assez difficile de mettre des mots sur ce qui m’habite, sur ce qui, sans doute, vous habite aussi (du moins à l’heure où j’écris ces lignes).

Ce qui est le plus difficile, c’est la division de la population, parfois au cœur d’une même famille : d’un côté, ceux qui souhaitent absolument obéir aux consignes pour eux, mais aussi et surtout pour les autres ; de l’autre, ceux qui pensent qu’ils ne seront jamais atteints.

Responsables ensemble
Il me semble que cela reflète notre relation à Dieu. Certains essaient de respecter au mieux les préceptes de notre religion. D’autres se disent qu’ils vont passer entre les gouttes et reportent la pratique de la foi, l’obéissance à la Parole de Dieu et la prière à plus tard… quand ils n’auront plus rien d’autre à faire. Et un jour, il sera trop tard.

Le péché d’orgueil, « faire sans Dieu », est un peu comme ce virus invisible et contagieux. On pense que c’est pour les autres, les vieux, les malades,… Mais nous sommes humains ensemble. L’insouciance de ceux qui pensent se suffire à eux-mêmes, qui estiment très bien vivre sans Dieu, nous concerne. Nous ne serons pas sauvés tout seuls : nous sommes responsables les uns des autres ; nous sommes responsables de témoigner sans relâche.

Dieu ne nous oblige à rien, il n’est pas un dictateur comme le Parti communiste chinois. Dieu nous attend comme le père du fils prodigue. Nous savons ce qu’il y a lieu de faire, mais nous laissons passer un temps précieux au nom de la liberté individuelle.

Pendant ce temps, les migrants continuent de rêver d’Europe. Dépouillés de leur humanité, ils sont pris entre deux feux, enjeu stratégique dans la main des puissants. Nous sommes pétrifiés, horrifiés par ce qui se passe, et incapables d’agir !

Ne plus agir sans Dieu
Il est facile d’écrire, le cœur serré, que ce n’est pas ce que Dieu attend de nous, que ce n’est pas obéir à Dieu que de pleurer les bras ballants devant tant de misère. Mais que faire ? C’est comme avec ce virus : on se terre chez soi et on attend. Bien sûr, on a du temps pour prier, beaucoup de temps !

Mais Dieu n’a pas d’autres mains que les nôtres pour panser les plaies. Pas d’autres cœurs que les nôtres pour aimer. Oh comme j’aimerais savoir quoi faire ! Comme ce serait bien de savoir ce que Dieu attend de nous concrètement !

Nous ne pouvons pas tous nous précipiter dans les hôpitaux pour offrir notre aide. Mais nous pouvons prier afin de trouver de nouveaux chemins pour venir en aide à notre prochain. Nous pouvons ne plus jamais nous laisser persuader par le monde de la finance qu’il n’y a pas d’autre alternative que la croissance, pas d’autre bonheur qu’un compte en banque bien garni. Nous pouvons réfléchir à une autre humanité en écoutant les paroles du Christ. Il y a néanmoins une chose que nous ne pouvons plus faire : ne plus agir sans Dieu ! Nous allons faire pour Lui, avec Lui et en Lui.

Porteuse de paix

Rédactrice végétale, sculptrice de nouveaux mondes en… pâte à modeler, marathonienne des sacrements d’initiation, Douve Frieden-Spicher déploie maintenant ses nombreux talents à l’institut Philanthropos. Elle contribue à l’accompagnement de ceux qu’elle considère presque comme «ses» enfants. Rencontre avec une Fribourgeoise aux mille vies.

Texte et photos par Myriam BettensUne petite ride se forme sur son front. Son regard me scrute. Elle semble effeuiller les pages mentales d’un agenda. D’un coup, son regard change, elle me gratifie d’un lumineux sourire. « Allons dans la salle des collaborateurs », propose Douve Frieden-Spicher, tout en indiquant la direction. Elle fait quelques pas, s’arrête devant la photocopieuse, collecte les copies, retourne à son bureau, revient, vérifie le bac à courrier, se dirige à nouveau vers ce qu’elle appelle « son bocal » (un bureau vitré, ndlr), pour enfin me rejoindre près de la salle. « Vous connaissez un peu Philanthropos ? » me demande-t-elle. Pour la pétillante Fribourgeoise, la devise de l’Institut européen d’études anthropologiques (Réapprendre le bonheur d’être humain) est à l’origine de son intérêt pour le poste, mais pas uniquement. « C’est le Seigneur qui m’a conduite ici en 2017. Il est la réponse à toutes les questions que l’être humain se pose », développe-t-elle.

De l’état de la nation au service après-vente

Toutes les questions, ou presque. « Un étudiant m’a demandé si Douve était mon prénom ou ma fonction », raconte-t-elle. En contact direct avec les étudiants et le personnel de l’institut, la mission principale de l’assistante de direction consiste à s’assurer que « tout et tout le monde va bien ». La tâche peut sembler à première vue simple, mais ses journées n’en sont pas moins remplies. Les portes de Philanthropos à peine franchies aux alentours de 8h, Douve Frieden-Spicher « fait l’état de la nation » en prenant acte des éventuelles absences des étudiants ou des problèmes rencontrés par le reste du personnel. « L’heure suivante est consacrée au service après-vente », décrit-elle avec un sourire, mandat qu’elle réalise par l’apport de solutions concrètes aux difficultés rencontrées l’heure précédente. Puis généralement, entre 10h et 10h30, elle s’accorde une pause avec les professeurs de l’institut. « Cela permet de se rencontrer de manière informelle », indique l’assistante de direction. Le café avalé, la tranche horaire avant la messe de 11h15 est consacrée au travail de fond, comme la compatibilité ou le site internet. Elle aime particulièrement ce moment de messe, car « il n’y a plus de hiérarchie, nous sommes tous ensemble sur un même pied d’égalité devant la verticalité divine ». Elle participe ensuite au repas communautaire à 12h15, avant d’entamer la seconde partie de sa journée à 13h30, avec de la comptabilité ou la préparation des conférences à l’agenda. Douve Frieden-Spicher n’a pas de mal à passer d’une chose à l’autre, c’est d’ailleurs sa marque de fabrique.

Les mille et une vies

« Etre femme, c’est avoir plusieurs vies », affirme-t-elle en considérant son parcours professionnel. Tour à tour, chercheuse en éthique économique, rédactrice d’une rubrique sur le jardin et la maison pour une revue genevoise et détentrice de sa propre petite entreprise de pâte à modeler, Douve Frieden-Spicher estime que le Seigneur a fait de toutes ces vies une vertu. C’est cette dernière qu’elle essaie de transmettre à ses huit enfants, dont deux « importés et aimés dans sa chair comme les autres », en les accompagnant dans toutes les étapes de la vie chrétienne. « Je vois le Seigneur à l’œuvre, quelque chose se passe dans leurs vies malgré moi », souffle-t-elle émue. Mille vies et un prénom si particulier. Je la regarde. Une question me taraude : si Douve n’est pas la fonction, que signifie le prénom ? « Il vient du livre Du mouvement et de l’immobilité de Douve écrit par le poète Yves Bonnefoy », m’apprend-elle. Quant à moi, je lui dévoile que douve est probablement la traduction de colombe en anglais médiéval. De quoi donner un nouvel envol à un patronyme aux accents de liberté.

Douve Frieden-Spicher n’a pas de mal à passer d’une chose à l’autre.

Un mercredi dans la vie de Douve Frieden-Spicher

8h-9h Traitement des affaires courantes, puis vérification que tout
et tout le monde va bien à l’Institut.

9h-10h Gestion des problèmes détectés l’heure précédente.

10h-10h30 Pause avec les professeurs et le reste du personnel.

10h30-11h15 Tranche horaire dévolue au travail de fond. 

11h15 Messe à la chapelle.

12h15 Participation au repas en commun.

13h30-15h Préparation des conférences à venir et comptabilité.

15h Douve entame sa « seconde journée » auprès de ses enfants.

L’abbé Alexis Morard

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mai-juin 2020

Propos recueillis par Véronique Benz | Photo: Christoph Von Siebenthal

« J’ai vécu cette Semaine sainte un peu comme un moine. J’ai célébré tous les offices à huis clos avec trois chantres et un organiste. Les paroissiens pouvaient se joindre à nous à distance grâce à une diffusion de bonne qualité sur le web. C’était pour moi inédit mais très émouvant. J’ai fait une expérience concrète de ce qu’on appelle la communion des cœurs. » Depuis septembre 2018, l’abbé Alexis Morard est le curé modérateur de l’unité pastorale Saint-Joseph. Rencontre.

« Si je suis devenu curé modérateur de l’unité pastorale Saint-Joseph, c’est de la faute à saint Joseph », relève avec le sourire l’abbé Alexis Morard. En effet, le 19 mars 2018, alors qu’il est encore curé de Carouge, Alexis Morard répond à l’invitation des Capucines de Montorge à participer à une messe festive en l’honneur de leur saint Joseph, patron du monastère. Dans son homélie, le prédicateur présente saint Joseph comme un intercesseur de choix, qu’il faut invoquer pour des choses très concrètes, à la condition d’accepter l’imprévu, à l’instar des péripéties qui furent les siennes au cœur de la Sainte Famille. L’abbé Alexis Morard, qui devait avoir le lendemain un entretien avec son vicaire épiscopal à Genève au sujet de l’avenir de son unité pastorale, confie cette rencontre à l’intercession de saint Joseph, acceptant dans la foi que les choses ne soient pas comme il l’avait prévu. Or, le lendemain, l’abbé Desthieux, au lieu de lui parler du sujet convenu pour lequel l’abbé Alexis s’était préparé, a une requête à lui présenter de la part de l’évêque : à savoir s’il accepterait de revenir dans son canton d’origine pour succéder à l’abbé Blanc comme curé modérateur de l’UP Saint-Joseph à Fribourg ! « La surprise fut grande, car je devais normalement rester encore quelque temps à Carouge, mais étant donné la prière et la promesse faites la veille à saint Joseph, j’ai accepté sur-le-champ, non sans émotion ! », souligne l’abbé Alexis.

Arrivé à Fribourg, la première année a été pour l’abbé un temps de découverte de la réalité paroissiale fribourgeoise, au sein d’une unité pastorale formée de quatre paroisses très différentes. « J’ai la chance d’avoir une bonne équipe pastorale qui a été formée par mon prédécesseur, l’abbé Blanc. Une équipe dont les membres tirent tous à la même corde, la joie de l’Évangile. Je suis donc entré dans la dynamique existante, mais j’ai remarqué que les gens étaient attachés très différemment à leur communauté paroissiale. Il fallait favoriser davantage les lieux de proximité. J’ai vu cela comme un beau défi auquel toute l’équipe pastorale était prête à répondre. J’ai découvert beaucoup de bonne volonté, de compétences et d’engagement dans les paroisses confiées. »

Ce qui m’a ému, c’est la grande attente des gens
Ce qui a ému l’abbé Alexis Morard, c’est la grande attente des gens envers leur curé. « Les paroissiens attendent que le curé donne une direction. C’est beau, mais il faut faire attention à ce que tout ne dépende pas du curé ! Je considère comme mon devoir à ce que la pastorale ne soit pas centrée sur moi. Il ne s’agit pas seulement de déléguer, même si c’est un redoutable exercice de confiance auquel je m’attelle notamment avec mon équipe. Mon vœu est que chaque fidèle saisisse véritablement la mission qui est la sienne, au nom de son propre baptême ! « L’Évangile se transmet par attraction », a affirmé Benoît XVI. On pourrait même dire, sans mauvais jeu de mot en cette période de pandémie, que l’Évangile se transmet « par contagion » ! Ce n’est pas d’abord une question d’organisation, aussi fonctionnelle soit-elle. Il faut aller au-delà de l’organisation. » Pour l’abbé Morard, la situation de crise que nous vivons actuellement nous donne une chance de réfléchir concrètement à une autre manière d’inventer ou de vivre la pastorale, peut-être moins formelle.

Par un certain hasard, l’évêque a nommé l’abbé Alexis Morard doyen du décanat de Fribourg quelques semaines avant le coronavirus. « Un des rôles du doyen est de coordonner l’action pastorale sur le décanat. La survenue de cette crise a été un moment favorable pour intensifier la collaboration qui existe depuis longtemps entre les deux unités pastorales. J’ai eu à cœur de favoriser une action commune. Sur l’impulsion de notre vicaire épiscopal, l’abbé Jean Glasson, nous nous sommes demandé comment nous pourrions signifier concrètement à nos paroissiens que nous restons proches d’eux et solidaires, malgré les mesures de confinement. C’est ainsi qu’a vu le jour une « antenne solidaire » décanale portée par l’ensemble des agents pastoraux de nos équipes. Les différents moyens de communication (tout-ménage, bulletin hebdomadaire, WhatsApp, site web, page Facebook, etc.) ont été pensés également pour l’ensemble des paroisses du décanat de Fribourg. L’exercice n’est pas fini : nous devons réfléchir à la manière d’accompagner les familles endeuillées aussi après le confinement. Je formule le vœu que cette collaboration soit le prélude à une action commune plus durable pour les paroisses des deux unités pastorales ! »

Biographie

Alexis Morard est gruérien. Il a passé sa maturité au Collège du Sud à Bulle.
Il y a côtoyé l’abbé Bernard Genoud qui, en marge de ses cours de philosophie, proposait un cours facultatif d’introduction à la théologie. Il est entré au Séminaire diocésain à Villars-sur-Glâne en 1992. « Nous étions huit à entrer comme futurs prêtres, j’avais 19 ans ! » 

Alexis Morard a été ordonné diacre le 15 mars 1998 à l’église des Cordeliers, par Mgr Amédée Grab. Il a été ordonné prêtre le 22 mai 1999 à Bulle, dans l’église paroissiale de sa jeunesse, par Mgr Pierre Bürcher.

Après deux années de pastorale à Nyon, il est envoyé à Font comme curé in solidum pour le secteur Saint-Laurent. Il avait la mission de seconder l’abbé Suchet pour la mise en place de cette première unité pastorale du canton. Après 5 ans dans la Broye, il rejoint la ville de Lausanne à la paroisse de Sainte-Thérèse puis du Sacré-Cœur à Ouchy. Il est ensuite nommé à Carouge où il reste 11 ans comme curé modérateur de l’UP Cardinal-Journet. Il est nommé curé modérateur de l’UP Saint-Joseph en septembre 2018.

Sacrée ligne de crête

Par Pascal Ortelli
Photo: DR
« Chassez le surnaturel, il revient au galop », voilà comment – non sans tordre l’expression – qualifier le regain d’intérêt actuel pour la piété populaire. L’essor des pèlerinages vers les lieux d’apparitions reconnus – ou non – par l’Eglise témoigne du besoin de retrouver une spiritualité tangible et cache parfois une quête immodérée de sensationnel.

Face au risque de trop intellectualiser la foi, cet engouement est à saluer, mais aussi à accompagner. Les mesures prises contre le coronavirus (suppression des messes publiques et de la communion pour les fidèles) le montrent : certains y ont vu un manque de foi en la puissance de l’eucharistie. C’est oublier que même si le Christ est réellement présent dans l’hostie, les propriétés du pain persistent avec le danger de propager le virus par contact. 

Tel est le merveilleux de l’Incarnation : la grâce ne supplante pas la nature, mais la hisse vers le haut. Articuler foi et raison : c’est une sacrée ligne de crête à tenir et aussi l’occasion de rappeler que nous sommes naturellement faits pour l’éternité. « Supprimez le surnaturel, il ne reste que ce qui n’est pas naturel », disait Chesterton, autrement dit, la superstition ou l’idéologie. En ce sens, il est urgent de réaffirmer à la suite du pape François que la piété populaire représente le meilleur « système immunitaire de l’Eglise ». 

L’ermitage de Sainte-Vérène (SO)

Pour une visite à distance, en raison de la situation extraordinaire liée au coronavirus, et à planifier une fois la vague passée.

Par Pascal Ortelli
Photo: DR
Situé à proximité de la ville de Soleure, l’ermitage de Sainte-Vérène se trouve au cœur des gorges du même nom. Comme le veut la tradition, c’est là qu’au IVe siècle se réfugie Verena, une Egyptienne qui a suivi la légion thébaine commandée par saint Maurice. Pour échapper au massacre, elle se rend à Soleure avec deux autres rescapés, Urs et Victor. Là ils se font martyriser à leur tour tandis que Verena arrive à se retirer dans les gorges pour y mener une vie de recluse. 

Le site composé de deux chapelles baroques construites au XVe siècle et de la maison de l’ermite appartient à la bourgeoisie de Soleure. Un chemin bien entretenu permet de se rendre facilement à l’ermitage, tandis que l’association « Einsiedelei St. Verena » propose plusieurs circuits thématiques guidés.

Plus d’infos (en allemand seulement) sur : https://einsiedelei.ch/

Accès possible
1. Entrée des gorges
2. Parking à proximité de l’église et du restaurant Kreuzen
3. Parking à proximité du restaurant Einsiedelei.

La visite

1. Pour accéder à l’entrée des gorges, comptez 45 minutes à pied depuis la gare ou prenez le bus 4 (arrêt St. Niklaus). 

2. Empruntez le chemin de la gorge, aménagé dans un style romantique à la fin du XVIIIe siècle. Facile d’accès, il s’étend sur 2 kilomètres avec un léger dénivelé de 40 mètres. Vous atteindrez le site en moins de 20 minutes.

3. Ne manquez pas d’entrer dans la chapelle Saint-Martin où un saint-sépulcre vraiment impressionnant a été aménagé dans le rocher.

4. A côté de la chapelle Sainte-Vérène, n’oubliez pas de jeter un œil à la grotte occupée par le premier ermite dont la présence est attestée dès 1442.

5. Avant de repartir, contemplez le magnifique jardin devant la maison actuelle de l’ermite. Vous pouvez soit revenir sur vos pas soit poursuivre jusqu’au restaurant Einsiedelei pour vous désaltérer.

Vitrail de la Pentecôte

Stravinski, église St-Pierre d’Yverdon (VD)

Par Amandine Beffa
Photo: Jean-Claude Gadmer

Le vitrail de Théodore Stravinski donne une lecture de la Pentecôte.

A l’heure où j’écris ces lignes, il n’est pas question de sortir de chez soi pour aller visiter des églises. Nous sommes un peu comme les apôtres le jour de la Pentecôte, cloîtrés pour éviter un danger extérieur. Pour autant, comme dans le cas des apôtres, les portes fermées n’empêchent pas le Christ de nous rejoindre là où nous sommes.

Le vitrail de Théodore Stravinski qui se trouve en l’église Saint-Pierre d’Yverdon nous propose une lecture de cet événement.

Vers les bras de la Vierge
La scène est comme figée au moment où l’Esprit Saint descend sous la forme de langues de feu. Mais cet esprit de vie n’a pas encore touché les cœurs. Les couleurs choisies pour les visages des apôtres semblent traduire une certaine angoisse.

Tout dans la perspective conduit dans les bras ouverts de la Vierge Marie qui accueille ce petit peuple refermé sur lui-même.

Jamais seuls
Au premier plan, Jésus ressuscité semble surgir du calice et de la Bible (symbolisée par les inscriptions AT et NT). Les deux tables de l’Eucharistie et de la Parole de Dieu sont les deux lieux particuliers de la présence du Christ. Cette partie de l’œuvre nous rappelle qu’il est avec nous, tous les jours jusqu’à la fin (Mt 28, 20).

Que la méditation de ce vitrail, en vrai ou en image, nous rappelle que dans la détresse nous ne sommes jamais seuls (le Christ nous l’a promis) ; que nous pouvons toujours demander l’Esprit de force et de courage et que la Vierge Marie nous accueille comme une mère aimante réconforte ses enfants.

Le miracle de Lourdes n’aura pas lieu ?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), mai – mi-juin 2020

Texte et photo par Geneviève Thurre 

A l’instar de notre monde, remanié de fond en comble, le pèlerinage de Suisse romande à Lourdes, prévu en mai, est reporté, apportant ainsi son lot de chamboulements…

… aux personnes malades et à leurs familles, pour qui Lourdes est une grande respiration annuelle

… aux pèlerins qui s’accordent cette retraite spirituelle

… aux hospitalières et brancardiers qui devront cette année réinventer leur désir d’être « aidant-es ».

Car oui, contraints au confinement, nous le sommes ! Enfer et damnation ! Enfer et damnation ?

Suite aux apparitions de la Vierge, Bernadette Soubirous devient une célébrité en 1858. Elle a 14 ans et petit à petit, le monde ne lui laisse plus de répit, voulant la voir, la toucher, lui parler. Lourdes est envahie, sa vie à elle aussi. Pour échapper à cette situation, elle entre chez les Sœurs de la Charité de Nevers, contrainte au confinement. Son éloignement de la vie civile confirme son désir de devenir religieuse.  Elle entre au couvent de Nevers. Son service à Dieu la place au chevet des malades de sa congrégation qu’elle soigne avec un dévouement sans faille. 

Depuis, Lourdes rassemble en son sein les personnes malades et les soignant-es, qui reproduisent à l’échelle mondiale le quotidien confiné de sainte Bernadette.  L’humble vie de Bernadette, enfermée dans son couvent et bien souvent souffrante elle-même, a donné naissance à un « ricochet infini de charité ». N’est-ce pas LE miracle de Lourdes ? 

J’écris ces quelques lignes à fin mars et le confinement a donné naissance à une multitude d’actions magnifiques, qui sont relayées abondamment, oh miracle, au téléjournal. De nos souffrances et de nos solitudes naîtra peut-être un « richochet durable de solidarité ». Engageons-nous à percevoir les gestes doux autour de nous et, à travers eux, à fortifier notre foi en Dieu.

PS : Qui sait sur quoi va déboucher notre pèlerinage 2020 à Lourdes ? Tenons-nous prêt-es à accueillir son Œuvre !

Rencontre avec un hospitalier de Lourdes: Jean-Bernard Fellay

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), mai – mi-juin 2020

Propos recueillis par Véronique Denis | Photo: Durand Photos-Lourdes

Jean-Bernard Fellay est hospitalier de Lourdes depuis 53 ans. Il a accepté de répondre à nos questions. 

Dans quelle circonstance a eu lieu le premier pèlerinage à Lourdes ?
Ses parents, fervents pratiquants et ayant une grande confiance en Marie, Notre Dame de Lourdes, inscrivent Jean-Bernard pour son premier pèlerinage à Lourdes. C’était quelque temps avant l’amputation de sa jambe. Et l’année suivante, Jean-Bernard y retourne, avec la jambe amputée. Mais cela ne l’empêchera pas de se mettre au service des pèlerins malades, et depuis chaque année avec le pèlerinage du mois de mai à Notre-Dame de Lourdes. 

Pourquoi y retourner chaque année ?
Jean-Bernard a de la peine à expliquer pourquoi il retourne chaque année à la Grotte de Massabielle, mais il pense que les contacts humains favorisent et encouragent les nouveaux pèlerins à vivre cette expérience de foi qu’est le pèlerinage. 

Chaque année, Jean-Bernard invite de nouveaux pèlerins ou des hospitalières et hospitaliers à s’inscrire et à venir découvrir Lourdes et vivre une expérience inoubliable. 

Jean-Bernard explique aussi qu’à Fully, les hospitalières et hospitaliers de Lourdes sont visibles et se mettent volontiers au service de la communauté paroissiale (notamment, lors des grands rassemblements ou fêtes : première communion, fête paroissiale, animation du chemin de croix ou autres temps de prières, etc.) Cette visibilité interpelle et peut susciter de nouvelles vocations d’hospitalières et d’hospitaliers. 

Qui sera le prochain nouveau pèlerin de Notre-Dame ?

Une nouvelle recrue

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), mai 2020

Par Audrey Boussat | Photo: Darren Irwin

Voilà bientôt un an que j’ai rejoint l’équipe de L’Essentiel et je ne me suis pas encore présentée : Audrey, 22 ans, nouvelle rédactrice de votre bulletin. Enchantée !

Peut-être êtes-vous curieux d’en apprendre un peu plus sur moi et ma relation à l’Eglise. Après mon parcours de catéchisme, j’ai rejoint le groupe de jeunes de Nyon, que je fréquente assidûment et avec beaucoup de joie. Je suis engagée dans l’organisation de la messe animée par les jeunes une fois par mois à l’église de la Colombière (cf. page 10) : je rédige les prières universelles et sers l’agape après la célébration. J’ai aussi le privilège d’être trois fois marraine, de ma maman entre autres.

Ouverte aux belles expériences que le Seigneur sème sur mon chemin, c’est avec plaisir que j’ai rejoint le navire des rédacteurs de L’Essentiel quand on me l’a proposé un peu par hasard. J’avais en effet pris contact avec la rédaction pour publier un article sur le voyage du groupe de jeunes en Arménie l’été dernier. C’est alors qu’on m’a proposé de monter à bord. J’ai saisi cette opportunité et j’en suis ravie.

Etant encore aux études, en master de droit à l’Université de Genève, je n’avais encore jamais côtoyé le journalisme de si près. J’ai choisi le droit animée par l’envie d’aider autrui, de donner un sens à ma vie en me rendant utile. J’aimerais compléter ma formation par des études dans le domaine de l’environnement, car la sauvegarde de la création me tient à cœur (cf. page 3).

Depuis ma première séance de rédaction de L’Essentiel, j’ai acquis de nouvelles connaissances passionnantes. Je me familiarise avec des termes nouveaux, des codes fascinants, un univers qui invite à la découverte. Cette aventure m’a aussi permis de rencontrer des bénévoles tous plus sympathiques les uns que les autres et dotés d’un sens de l’humour qui m’a tout de suite mise à l’aise. Côtoyer des gens qui donnent sans compter et dont la joie de vivre est communicative est un réel plaisir. Merci à toutes celles et tous ceux qui m’ont accueillie si chaleureusement dans la famille de L’Essentiel !

Hommage à nos prêtres disparus

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mai 2020

Marc Passera (Genève, 11.09.1958 – Genève, 16.03.2020)

Par Pierre Moser
Photo: DR

Notre abbé Marc nous a quittés lundi 16 mars 2020, lui qui protégeait la veuve et l’orphelin. Brutal, inattendu, injuste, ce départ nous laisse désemparés. Tellement désemparés que nous avons eu de la peine à sortir de cet état de choc. Mais Marc nous aura comblés. Nous attendions un curé, nous avons accueilli un sage. Nous attendions un prêcheur, nous avons reçu un théologien.

Il n’aura pas été de ceux qui protestent à la moindre injustice sans jamais faire un pas. Silencieux, il le restait, ne se fâchant jamais avec personne, mais au contraire agissant jours et nuits, semaines et dimanches. Combien de sans-abri ont défilé dans son appartement, accueillis chez lui quand « toutes les croquantes et les croquants leur avait fermé la porte au nez ». Il était à la vie de tous les jours ce que d’aucuns professent le dimanche.

Symbole de l’œcuménisme
En plus de ses fonctions de curé in solidum de la paroisse de Saint-Joseph, il était membre du Conseil presbytéral de Lausanne, Genève et Fribourg depuis 2017. Il était à ce titre une des trois voix qui représentaient notre canton auprès de notre évêque diocésain. Accompagnateur spirituel auprès des adultes catéchumènes depuis 2012, il a conduit nombre de nouveaux paroissiens vers le baptême pascal. Très impliqué dans la vie de son canton et de sa paroisse, il l’était aussi « à l’international ». Ses projets concernant l’Eglise catholique du Grand Genève sont là pour le prouver et ce n’est pas le Père Pierre Marmilloud, curé d’Annemasse, qui me contredira. La communauté italienne, avec laquelle il échangeait beaucoup, le regrette autant que nous. Enfin, en pleine terre protestante, il était un symbole vivant de l’œcuménisme, le vrai, le total, celui qui n’ignore ni les réformés ni les orthodoxes.

Deux jours avant que Dieu ne le rappelle, il écrivait encore un de ces textes qui sont notre lumière : ressemblant dramatiquement à un testament, cet écrit nous soutiendra tout au long de cette période de pandémie ainsi que de deuil. Je me suis permis de prendre la plume non pas en tant que président du conseil de communauté, mais en tant qu’ami et porte-parole de ceux qu’il a accompagnés. Que la famille de Marc veuille bien nous excuser de ne pas les avoir contactés avant la publication de ce texte : qu’ils soient assurés de notre sympathie et de nos prières. Nous nous retrouverons, je l’espère, à l’occasion d’une messe de requiem que j’appelle de mes vœux.

Edmond Gschwend (Genève, 10.05.1931 – Genève, 03.03.2020)

Cheville ouvrière du dialogue œcuménique à Genève et partisan d’une Eglise « vers les périphéries »

Par Karin Ducret
Photo: DR

L’abbé Edmond Gschwend est décédé le 3 mars 2020, dans sa 89e année et la 64e de son sacerdoce.

L’abbé Edmond Gschwend a été curé de la paroisse Saint-François de Sales (Chêne) de 1967 à 1983 et archiprêtre de l’archiprêtré Saint-Pierre-aux-Liens de 1971 à 1983.
Succédant à l’abbé Jean-M. Marquis en 1967, l’abbé Gschwend introduit, avec l’abbé Pascal Mercier, son vicaire, la messe en français suite à la réforme de liturgie du Concile Vatican II 1 et dissout le « Cercle de l’Union de Chêne », un cercle d’hommes catholique, créé en 1874, et leur repas annuel de Saint-François. Dans la mouvance de Vatican II il crée la « Messe Partage et Eucharistie » : des paroissien-ne-s avaient exprimé leur désir de participer plus concrètement à la messe et de la partager avec des personnes d’autres confessions. La « Messe Partage » a été célébrée à Chêne jusqu’en mars 2017 ! La Communauté de Base de Chêne est créée en 1972. Quelques jeunes couples, rejoints par des couples mixtes et orthodoxes, ont eu envie de participer d’une façon active au Partage de la Parole et à la célébration eucharistique que l’abbé Gschwend présidait une fois par mois. Cinq CDB existent toujours à Genève. Le groupe œcuménique Tiers-Monde de Chêne-Thônex a aussi été initié par l’abbé Gschwend avec le but de sensibiliser les paroissien-ne-s aux difficultés des populations vivant dans les pays en voie de développement. Ce groupe a fonctionné jusqu’en 2019 ! Un paroissien se rappelle de son mariage, de la communion et de la confirmation de ses enfants célébrés par l’abbé Gschwend (voir photo). Toutes et tous se souviennent d’un prêtre engagé à « mettre l’Evangile en rapport avec leurs vies » ! L’abbé Gschwend a assuré pendant huit ans la codirection de l’Atelier œcuménique de théologie (AOT) et faisait partie de ce groupe de théologien-n-es protestant-e-s et catholiques qui, dans les années 1970, « ont senti le besoin de faire de la théologie vivante » En 2001 l’abbé Gschwend témoigne : « Nos Eglises ont encore beaucoup de chemin à faire pour réaliser le vœu de Jésus « Qu’ils soient Un ». […] Le découragement n’est pas permis. L’Evangile reste une Bonne Nouvelle, LA Bonne Nouvelle. »

1 Sacrosanctum Concilium : la participation est le leitmotiv, afin que « les fidèles n’assistent pas à ce mystère de la foi comme des spectateurs étrangers et muets, mais que, le comprenant bien dans ses rites et ses prières, ils participent consciemment, pieusement et activement à l’action sacrée » (n° 48).

Antonio Casanova (Lugano, 07.10.1929 – Genève, 06.12.2019)

Par Frédéric Monnin
Photo: DR

J’ai attendu la dernière minute pour entamer la rédaction de ces lignes. Pour la simple raison que le point final de cet hommage est en même temps le dernier adieu que je lui adresse, un vilain virus – déjà ! – m’ayant cloué au lit le jour des funérailles, en décembre 2019.

Antonio Casanova était encore président du Conseil de paroisse, lorsque je fus engagé à St-Paul. Les années qui suivirent furent pour moi un des plus beaux apprentissages qu’il me fut donné d’accomplir. Antonio Casanova était un passionné d’art, de musique, d’histoire et de culture, passionné d’une église St-Paul devenue comme son enfant, et qu’il contribua magistralement à embellir, jusqu’à mener à terme le programme visionnaire voulu par l’abbé Jacquet, fondateur de la paroisse. C’est à lui qu’on doit la construction des grandes orgues en 1996 (il en dessina le buffet) et la pose, en 2005, des vitraux de Pierre Chevalley dans la chapelle de semaine réalisée en 1978. En quelque sorte déjà un cadeau, 10 ans avant, pour le centenaire de cette alerte bâtisse, classée grâce à lui monument historique en 1988, au terme de grands travaux de restauration qu’il dirigea en tant que Maître d’œuvre.

Notre ami et collègue Pierre Moser écrit d’ailleurs que St-Paul ne fut pas la seule bénéficiaire des qualités professionnelles d’Antonio Casanova, puisqu’il dirigea la reconstruction, de 1973 à 1976, du Théâtre de l’Espérance, et qu’il apporta son concours à la restauration de la cure de St-Antoine de Padoue.

La paroisse St-Paul lui doit également, avec le concours d’Evelyn von Steffens, le titanesque travail de classement des archives, et le dépôt de nombreux objets auprès des services cantonaux du Patrimoine.

Et puis, comment pourrais-je conclure sans témoigner de cette passion pour les œuvres artistiques présente dans l’église St-Paul ? Une passion qu’il a fait naître chez moi aussi, comme on passe le témoin à la génération suivante. Du président de paroisse au concepteur de l’exposition du centenaire en 2015, il était devenu pour moi quelqu’un d’autre ; une relation particulière s’était tissée. Et quand je repense à ces moments de causeries au restaurant ou chez lui avec sa chère Pilar, à ces clins d’œil amusés, à cette complicité et à la passion pour notre église, tout cela me renvoie à mon propre grand-père. A l’annonce de son décès le 6 décembre, je me suis senti comme orphelin, c’est entendu, mais aussi légataire d’une passion dont je rends grâces à ce si singulier grand-père.

Qu’à Dieu ne plaise, nous nous reparlerons, Monsieur Casanova ; en d’autres temps, sous d’autres cieux… mais pour l’heure, un seul mot me vient à l’esprit : Merci !

Des miracles grâce à internet!

En cette période où les contacts physiques humains ont été réduits au maximum, l’outil internet prend une importance considérable… jusqu’à en devenir indispensable pour vivre la communauté. Mais internet peut-il vraiment être source de miracles?

Par Chantal Salamin
Photo: DR
Longuement, j’ai cherché des miracles sur internet… sans succès ! Parce que les miracles s’opèrent dans les cœurs, dans les corps et dans les communautés pour faire signe… ils sont invisibles pour les yeux. 

Pourtant, au milieu de cette pandémie, grâce à internet, des initiatives de croyants trouvent une nouvelle visibilité – comme UnMiracleChaqueJour –, ou se développent, comme les messes filmées et diffusées sur le web, les ondes radios ou le téléviseur.

Un Miracle Chaque Jour
Un miracle chaque jour, vraiment ? Seul Dieu le sait. Cependant, chaque jour un message est envoyé à qui le désire par mail ou peut être écouté en ligne ou en podcast.

Des messages qui disent avec beaucoup de justesse et de force l’amour que Jésus a pour chacun de nous qui ont pour titre : « Dieu veut que votre vie soit remplie de paix et de joie », « Jésus n’attend pas votre perfection pour œuvrer avec vous », « Décidez de faire la volonté de Dieu », « Chaque instant est un moment parfait pour aimer », « Le Père a semé son amour en vous » ou encore « Ne vous limitez pas en limitant Dieu ».

En tout cas, le miracle s’opère dans les cœur, comme le té­moigne Agnès : « Je sais qu’au travers de votre ministère, votre témoignage, vos invités, Dieu m’a restaurée, m’a parlé et m’a visitée. J’ai reçu la guérison du cœur. »

Célébrer ensemble la messe devant nos écrans
Alors que nous ne pouvons plus aller rencontrer le Christ et nos frères à l’église pour participer à la messe, c’est Jésus qui vient chez nous nous visiter. Mais, à nous de lui ouvrir la porte, de disposer notre cœur, de dépasser la solitude ou le cercle familial pour imaginer la communauté, pour être présence… un effort supplémentaire qui engage notre volonté, mais un effort qui ouvre à une plus grande communion des cœurs.

Vers un monde meilleur ?
Le pape François le disait aux jeunes à Panama : « Le monde sera meilleur si l’on croit à la force de l’amour de Dieu… » Oui, nous croyons que cette pandémie nous rapproche plus qu’elle nous éloigne des autres et du Christ. Elle va même nous permettre de rejoindre tous ceux qui n’osaient pas venir à l’église.

Le site: https://unmiraclechaquejour.topchretien.com

Guérir, à tout prix?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs de Sierre (VS), mai 2020

Texte et photo par Raphael Delaloye

Ces dernières semaines on a beaucoup invoqué Marie et tous les saints du ciel pour nous protéger de ce virus. Les neuvaines et les dizaines se sont multipliées au cœur de nos quarantaines, la guérison en ligne de mire.Chacun rêve des effets positifs de cette crise et s’imagine comment notre monde va s’en sortir grandi, apparemment uni autour d’une cause commune. Pourtant il ne fait aucun doute que le mal continue son œuvre.

On attend comme le messie le vaccin miracle, porté par un scientifique zélé, une couronne de laurier autour du cou. Brandi dans le climat de peur actuel ce nouveau graal pourrait vite devenir « l’air de rien » une monnaie de pouvoir, avec la complicité de petits malins bien placés. Quand les opportunités se présentent, la corruption et l’orgueil se servent au passage. Pardon de peindre le diable sur la muraille…

Il en va de même à notre niveau, lorsque, face à nos mal-êtres, ou désemparés devant hémorragies ou brûlures, nous faisons appel à toutes sortes de guérisseurs, pétris de promesses dont eux seuls ont le secret…

La question à se poser est celle des détectives : « A qui profite le crime ? » Ouvrons l’œil et le bon… un opportuniste rôde, même derrière ces bienfaits apparents : le démon est un pauvre diable (le Christ a déjà vaincu le mal), mais il ne lâche rien…

II se faufile derrière nos peurs et nos idoles. Il se faufile même quand, consternés face au mal, on sème autour de nous le découragement et le pessimisme. Il se faufile quand on désespère de ne pouvoir sauver le monde par nous-même, en somme…

Par contre, quand Jésus envoie ses disciples (Lc 10), deux par deux, pour guérir les malades et chasser les démons, la peur tombe. Il n’y a rien de secret, rien d’opportuniste, et même… rien de miraculeux ! c’est le programme de base : guérir ! voilà ce que Dieu choisit pour nous rejoindre, la manière normale d’agir de l’Esprit Saint. Le résultat dépend évidemment de l’accueil que nous lui réservons.

Trop souvent nos lèvres disent « oui Seigneur, tu peux me guérir », mais notre cœur pense que c’est impossible… notre manque de foi fait obstacle !

Trop souvent nous avons peur de ne pas y arriver, d’avoir trop de choses à changer… signe que nous comptons encore trop sur nos propres volontés…

Trop souvent aussi nous voulons dire à Dieu comment nous voulons être guéris… encore une manière discrète de garder la main… et d’éteindre l’Esprit !

Quand Dieu veut nous guérir, il veut que nous lui donnions TOUT.

Quand nous lui donnerons tout, nous verrons alors quels bénéfices accompagnent cette guérison : une plus grande proximité avec Lui et avec les sacrements, un plus grand amour pour nos ennemis, une paix véritable, des conversions autour de nous.

Les guérisseurs de tout bord peuvent-ils en dire autant ?

Des sacristains bien formés

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), mai-juin 2020

Par Françoise de Courten | Photos et illustration: DR

A l’initiative de l’abbé Jean-Claude Dunand, curé modérateur, l’Equipe pastorale a organisé la rencontre d’une vingtaine de sacristines et sacristains de l’Unité pastorale en vue d’harmoniser leur savoir-faire et leurs connaissances. Cette formation s’est déroulée le 8 février à Saint-Robert. Elle a été animée par le frère dominicain Philippe de Roten, directeur du Centre romand de pastorale liturgique.

La séance de formation était animée par Philippe de Roten.

Essentiels dans la vie d’une paroisse, les sacristines et les sacristains sont au service du Christ et de l’Eglise. Ils gèrent la préparation des lieux de célébration et des objets liturgiques nécessaires aux différents rites, tout ce qui entoure le Corps du Christ sur l’autel lors de la célébration de la messe.

Responsables de l’organisation et du bon déroulement des célébrations, ils ont des tâches multiples. Non seulement ils aménagent les lieux, mais ils préparent aussi le matériel liturgique à l’endroit voulu pour les messes et les autres cérémonies telles que les baptêmes ou les mariages. Le matériel liturgique comprend entre autres tout ce qui a trait aux vêtements liturgiques, à la nappe, aux lumières, aux fleurs, aux cierges, au missel, au lectionnaire, aux cloches, aux coupes, aux hosties, aux calices, aux burettes, à l’eau et à l’huile.

Pour de belles liturgies
Les gestes des sacristines et des sacristains ont un sens. Pour accomplir leur travail, ils doivent être profondément conscients de l’importance de la mission qui leur est confiée.

Ils doivent être guidés par le souci de la beauté et la recherche de la dignité de l’eucharistie, « source et sommet de toute vie chrétienne » (Vatican II), dans laquelle ils ont un rôle à jouer. C’est en vue de cette dignité qu’existent les règles liturgiques.

Dans son homélie clôturant cette journée, Frère Philippe a affirmé : « La présence du Christ se manifeste à travers des gestes et des paroles qui sont complémentaires comme le sont le sel et la lumière. Tout baptisé a pour vocation d’accueillir cette présence, de la partager et de lui faire «  prendre corps  » dans la vie quotidienne. » Pour lui, « la tâche du sacristain est d’apporter sa foi, sa sensibilité, son attention, sa présence pour que la liturgie soit belle, pour que tout ce qui y contribue soit harmonieux et qu’ainsi elle manifeste et célèbre la Présence du Christ, Dieu avec nous » ; « le travail du sacristain, dans sa discrétion, tient du sel, mais il est indispensable pour que la Bonne Nouvelle de l’Evangile puisse diffuser la Lumière du Christ ».

Vite oublier la pandémie?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mai-juin 2020

Par l’abbé Jean Glasson, administrateur de l’UP Notre-Dame de Fribourg | Photo: A. Volery

Pouvions-nous imaginer vivre une telle insécurité en Suisse, de telles souffrances ? Aurions-nous envisagé un seul instant ne plus pouvoir nous réunir pour la messe ? Que dire de toutes les célébrations sacramentelles reportées ? La fin du confinement va-t-elle signifier alors que nous allons tout reprendre comme avant et nous ruer de manière « boulimique » sur tout ce que nous ne pouvions plus faire ?

Dans l’évangile selon saint Luc (Luc 13, 1-9), des gens rapportent à Jésus deux événements violents : le massacre de Galiléens tués sur l’ordre de Ponce Pilate alors qu’ils offraient des sacrifices et la chute d’une tour qui avait fait plusieurs morts. Voici ce que Jésus enseigne : « Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. »

Le Seigneur interpelle ses interlocuteurs pour qu’ils accueillent ces événements comme une invitation à la conversion. Ainsi tout ce qui advient et qui bouleverse notre quotidien, parfois englué dans le confort ou l’indifférence à Dieu et aux autres, peut être compris comme un appel à la conversion, à un retour à l’essentiel. 

Disciples de Jésus-Christ, soyons de ceux qui interpellent notre société par leur comportement : qu’est-ce que ce temps de crise doit modifier dans notre comportement vis-à-vis de Dieu, des autres, de nous-mêmes et de la création ?

Apparitions et miracles

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral des Coteaux du Soleil (VS), mai 2020

Par Aimé Riquen

L’apparition est une présence visible d’un être invisible surnaturel qui se manifeste à une ou plusieurs personnes et dialogue avec elles en leur délivrant un message. Le miracle, c’est l’évènement heureux dans lequel le croyant voit le signe d’une attention particulière de Dieu. Pour un chrétien le miracle est un signe qui renforce sa foi en Dieu et lui permet de s’en remettre à Lui. Dans notre secteur, les hospitalières et hospitaliers de Notre-Dame de Lourdes rendent des services inestimables. Découvrons-en un peu plus… Les apparitions
La Bible cite dix apparitions de Jésus entre sa résurrection et son ascension. En 1675 Jésus apparaît deux fois à la religieuse Marguerite-Marie à Paray-le-Monial en France et lui fait trois demandes.

Les cas d’apparition de la Vierge Marie sont plus nombreux et depuis les premiers siècles du christianisme, entre 2’000 et 20’000 cas sont cités, mais l’Eglise n’a reconnu que 18 apparitions mariales. Les plus connues sont à Lourdes, où la Vierge apparaît 18 fois à Bernadette en 1858, et à Fatima, où en 1917 la Vierge apparaît
6 fois aux trois enfants Francisco, Jacinta et Lucia.

Les miracles
C’est à Lourdes qu’on recense le plus de miracles parmi les pèlerins. Environ 7’300 dossiers de guérison ont été déposés mais seuls 70 cas ont été reconnus comme guérison miraculeuse. A Fatima, seuls deux cas de guérison miraculeuse ont été reconnus par l’Eglise.

Les pèlerinages
Les lieux saints de Lourdes et de Fatima sont les plus fréquentés, tant par les pèlerinages organisés que par les particuliers. Ces deux sites reçoivent chacun environ 5 à 6 millions de pèlerins par année. Lourdes attire particulièrement les malades et les handicapés. Ils sont environ 60’000 par année à s’y rendre. Avec foi et ferveur, ils prient la Vierge pour lui demander réconfort, espoir et courage pour faire face à leur maladie et ainsi atteindre Jésus par Marie. Selon l’adage, Lourdes on y vient, on y prie, on y revient.

Les hospitalières et hospitaliers de Notre Dame de Lourdes
Pour gérer ces nombreux malades et handicapés, il faut recourir au dévouement bénévole de nombreux hospitaliers (soignants et brancardiers). Leur mission : donner aux malades la première place. Cela consiste à les accueillir, les ac­-
compagner, les aider dans les activités de base telles que l’alimentation, l’hygiène et les soins dans leur logement. A l’extérieur il faut les conduire aux offices et célébrations dans les sanctuaires, à la grotte bénie et à la piscine. Cet accompagnement est aussi moral et spirituel face à ces malades affaiblis et parfois désespérés.

Les brancardiers de Lourdes, section d’Ardon
Cette section, fondée en 1960 sous l’appellation Brancardiers d’Ardon, fait partie de l’Association valaisanne des hospitaliers diocésains de Notre-Dame de Lourdes.

Présidée par M. Pierre-André Gaillard, elle compte dix-huit membres et recherche activement une relève parmi les jeunes paroissiens. Chaque année plusieurs membres participent au pèlerinage diocésain pour y accompagner, aider et servir les pèlerins valides et malades.

La section exerce aussi d’autres activités de bénévolat dans les domaines sociaux et religieux. 

En hiver 1997/98, la section a construit une grotte en pierres au milieu des vignes du coteau d’Ardon. En février 1998, des paroissiens d’Ardon-Magnot ont participé à un pèlerinage à Lourdes pour aller chercher la statue de Notre Dame qui orne la grotte. La statue a été mise en place et bénie le dimanche 29 mars 1998. Chaque année, la messe des rogations est célébrée au pied de cette grotte. Cette année la célébration aura lieu le 18 mai à 18h30, date encore à confirmer en fonction des prescriptions sanitaires.

Témoignages de deux hospitaliers à Lourdes

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, paroisse Saint-Laurent Estavayer / Au large (FR), mai-juin 2020 Par Suzanne et André Baeriswyl, d’Estavayer | Photo: LDDLourdes est certainement un des plus grands lieux de pèlerinages de la chrétienté, et bon nombre de nos paroissiennes ou paroissiens s’y sont rendus au moins une fois dans leur vie. Certains se sont même engagés […]
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Vers la lumière…

Samedi 14 mars, une grâce nous a été donnée de vivre un temps en équipe lors d’une marche vers un lever de soleil. Ce que nous ignorions, c’est que ce temps offert était, pour beaucoup, le dernier à vivre en groupe avant de nous retrouver confinés dans nos familles, sans contact avec les autres, sans communion en Eglise et surtout en étant envahis de nouvelles du monde entier à faire peur.
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Miracle

Depuis petit, les miracles me fascinent. A la maison, c’était un sujet qui revenait régulièrement et me mettait dans une certaine joie. Je me souviens même en avoir raconté à l’école, à mes camarades. C’était finalement extraordinaire, la puissance de Dieu. Et ça l’est toujours !
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