Défi-lecture: des voyages de conversion

Par João Alves-Carita
Photos: DRComment encourager les jeunes à lire la Bible ? Une initiative lancée en 2010 dans le cadre de FestiBible apporte une réponse concrète à cette question : le défi-lecture de la Bible. Ce concours est proposé à tous les élèves du canton de Fribourg qui suivent le cours d’enseignement religieux au cycle d’orientation. Chaque année, un livre biblique (un évangile, un livre de l’Ancien Testament) ou un thème transversal (la vocation) est abordé. Les équipes concourent en deux manches (lecture de la Parole de Dieu et questionnaire, œuvre d’illustration et d’actualisation). La finale réunit les équipes du canton dans l’un des cycles d’orientation. Le défi-lecture a déjà touché plus de 1’000 élèves depuis sa création.

La neuvième édition du défi-lecture a pour thème le personnage de saint Paul dans la seconde partie du livre des Actes des apôtres (chapitres 13 à 28). En lisant ce texte, les adolescents ont découvert la vie des premières communautés chrétiennes, la manière dont saint Paul annonce la Bonne Nouvelle et comment il rejoint et convertit les hommes et les femmes de son temps.

Quinze équipes de neuf établissements scolaires se sont inscrites et viennent de terminer la première manche du concours. En janvier, les élèves ont lu les textes et formulé deux questions, reprises dans un questionnaire adressé à toutes les équipes. En février, ils ont répondu au questionnaire, Bible fermée et sans l’aide des accompagnants. Les équipes s’attaquent maintenant à la deuxième manche, l’épreuve créative. Chaque équipe choisit une histoire parmi les récits de voyages et de conversion de saint Paul, et en font une mise à jour en la racontant avec leurs mots, dans leur réalité, à l’aide d’un diaporama. La grande finale aura lieu le mercredi 19 juin dans l’aula du Cycle d’orientation de Riaz.

L’aumônerie du CO3 à la messe célébrée par le pape François à Genève en 2018.
L’aumônerie du CO3 à la messe célébrée par le pape François à Genève en 2018.

Le défi-lecture est proposé par Formule Jeunes, le service de la pastorale des jeunes dans le canton de Fribourg, en lien avec les aumôniers des écoles. Cette année, cinq des 15 équipes du canton viennent des cycles d’orientation de la ville de Fribourg. Dans le décanat de Fribourg, trois cycles d’orientation accueillent les élèves francophones de 13 à 15 ans : Jolimont, Belluard et Pérolles. L’équipe d’aumônerie CO3 est composée de João Alves-Carita, originaire du Portugal, 30 ans, aumônier des CO du Belluard et de Jolimont, et de Kéli Kpego, originaire du Togo, 48 ans, aumônier du CO de Pérolles. Ils sont tous deux responsables de mettre en rapport l’expérience et la parole des membres du groupe avec la théologie et la spiritualité, susciter l’autonomie et la prise de responsabilité. Par son ministère, l’aumônier est celui qui est appelé par Dieu à faire Eglise. Pour en savoir plus, voyez le site internet https://co3.formulejeunes.ch ou suivez-nous sur les réseaux sociaux :
facebook.com/aumonerieco3
instagram.com/aumonerieco3

Montée vers Pâques

Rencontre avec Emmy Dorsaz, jeune d’origine valaisanne, étudiante à Fribourg, et engagée dans l’organisation de la montée vers Pâques avec le groupe Only All For Jesus, du 18 au 21 avril à l’église Saint-Paul au Schönberg.

Par Paul Salles
Photos: François Mo Costabella

Emmy Dorsaz
Emmy Dorsaz

Emmy, quel souvenir gardes-tu de tes premières montées vers Pâques ?
Je vais vivre ma troisième montée vers Pâques, la deuxième dans l’organisation. C’est toujours une belle expérience qui me permet de prendre le temps de rentrer dans les mystères célébrés, grâce aux enseignements et au déploiement de la liturgie. Prendre le temps, cela signifie que, pour un instant, je mets ma vie actuelle et mes études entre parenthèses, et j’en profite pour creuser et approfondir ce qui fait le cœur de la foi, accompagner Jésus dans ces jours qui ont été si saisissants. 

Que se passe-t-il durant ces jours ?
Ce sont des moments forts de rencontre avec d’autres jeunes. Nous pouvons discuter, échanger sur notre foi, prier ensemble. Dans les différentes liturgies, il y a plusieurs démarches proposées. D’abord le Jeudi saint, avant la messe du soir, nous revivons le seder, qui est le repas juif durant lequel Jésus a institué l’Eucharistie. Puis après la messe, nous nous relayons toute la nuit auprès du Saint-Sacrement, puisque Jésus a demandé à ses apôtres de veiller et prier avec lui durant cette nuit. Le vendredi, les démarches sont intérieures, nous vivons la célébration de la Passion de Jésus, avec la vénération de la croix et le chemin de croix qui se termine le soir avec la vénération du gisant, rappelant la mise au tombeau. Le Samedi saint est le jour du grand silence qui est soudainement rompu dans la nuit par l’annonce de la résurrection et le feu pascal ; c’est la joie de la résurrection durant toute la grande vigile pascale et le lendemain, pour le grand jour de Pâques.

On entend parfois dire que ce sont des célébrations trop longues ?
Lors de la première vigile à laquelle j’ai participé, on m’avait prévenue : on ne voit pas passer les 4 heures. Et effectivement, il y a la beauté de la liturgie, des baptêmes, des confirmations, il y a beaucoup de choses à vivre, qui viennent toucher les sens. On ne s’ennuie pas !

Pourquoi t’être engagée dans l’organisation ? Quel rôle remplis-tu ?
C’est un moyen de rendre ce que j’ai reçu, de permettre à d’autres jeunes de pouvoir vivre ce que j’ai vécu, à la suite de Jésus, sans devoir trop penser au matériel. Nous nous chargeons des aspects pratiques pour eux, et nous essayons de développer autant que possible l’accueil et la beauté. Nous sommes une vingtaine de bénévoles. Il y a également une vingtaine de membres de la fraternité Eucharistein qui viennent nous aider à organiser cette montée vers Pâques. Personnellement, je serai mobilisée à l’accueil et dans la coordination de l’équipe des bénévoles.

Célébration de la Passion.
Célébration de la Passion.

Horaires, informations et inscriptions :
www.oafj.ch

L’Amour qui émeut

Par l’abbé Dominique RimazLes 29 et 30 janvier derniers plus de 200 personnes ont participé à Fribourg à la première Université de la solidarité et de la diaconie. Durant deux jours, les participants ont vécu des temps de témoignages, des temps d’échange autour de la Bible, des temps de repas, de convivialité, de partage et de prière.

Le but de cette première expérience était d’apprendre les uns des autres. Nous connaissons le petit dicton « Aide-toi et le ciel t’aidera ». Cette pédagogie humaine cherche à mobiliser les forces et les ressources de la personne. 

Plus proche de chez nous, le centre Sainte Elisabeth et les conférences Saint-Vincent-de-Paul sont comme les antennes sociales de notre décanat. 

L’expérience de l’accueil à Sainte Elisabeth consiste surtout « à être avec ». Les témoignages vont dans ce sens : « Nous aimons venir, car nous sommes accueillis, notamment par un simple café. Nous pouvons oublier les conflits pour vivre dans la tranquillité et le calme. »

Le bénévolat permet cette expérience vitale. La diaconie, le service donné aux autres, naît de la charité, de la rencontre avec Jésus, le Bon Samaritain. Dieu nous invite à une conversion, à un travail personnel. La société dans laquelle nous vivons nous pousse à l’agir, au faire. La communauté est hyperorganisée, avec des statistiques, des chiffres, des résultats quantifiables, mesurables sur nos ordinateurs. L’être avec n’est pas mesurable. Saint Augustin l’a écrit avec sagesse : « La mesure de l’Amour, c’est d’aimer sans mesure. » 

La petite Thérèse de l’Enfant-Jésus l’a expérimenté dans son Carmel. Avec elle, nous pouvons retenir deux petites choses : « celui qui s’élève élève le monde », « en ramassant une aiguille avec Amour, nous pouvons sauver le monde ». 

Au fond, la manière de donner est toujours potentiellement de la diaconie. La conclusion de la Divine Comédie va dans ce sens : « Dans l’Univers, l’Amour meut toute chose. »

A Dieu, Maurice

Maurice Schilliger, le papa de Marie-Agnès, membre de l’Equipe pastorale, est décédé le 25 décembre dernier. La messe d’enterrement, le 4 janvier à l’église de la Colombière, a rassemblé autour de la famille une foule nombreuse d’amis et de paroissiens. Hommage à un passionné de jardinage qui a beaucoup apporté à la paroisse.

Par Françoise Merlo
Photos : Paul Schilliger, Famille Schilliger
pages-4-7Maurice Schilliger est parti, appelé ailleurs comme il le disait, rejoindre celui qu’il aimait. Lors de ses funérailles, son fils François a rappelé les moments importants de sa vie. Né à Gland en 1924, Maurice Schilliger y fait sa scolarité. Passionné de jardinage dès l’enfance, très tôt il réalise un jardin alpin. C’est l’odeur de l’humus qui est à l’origine de sa vocation de jardinier horticulteur. «Adolescent, il est devenu travailleur tout en restant facétieux, a relevé François, un trait de caractère qu’il a conservé jusqu’à la fin de sa vie, pour la plus grande joie de ceux qui le rencontraient.»

Après l’école d’horticulture, la mobilisation et un séjour en Suisse alémanique, Maurice rentre à Gland. D’abord jardinier du domaine de Solveig, il devient producteur de semences maraîchères. Avec Monsieur Cholet, ils seront les premiers en Romandie à faire de la pomme de terre nouvelle.

Travail intense
En 1952, il rencontre Agnès. Ils se marient en 1954 et fondent une famille. Ils auront huit enfants. Débute alors une période de travail intense: Maurice achète un terrain pour y construire un Garden Centre, il ouvre un magasin, construit des serres; il est efficacement secondé par son épouse qui s’occupe en même temps de la famille et des employés, nourris, logés et blanchis. Le succès est au rendez-vous, mais le travail est harassant et laisse peu de temps libre. En dépit d’un emploi du temps très chargé, Maurice Schilliger est membre du Conseil communal de Gland pendant plus de vingt ans ainsi que du Conseil de paroisse.

«Nous gardons le souvenir d’un papa généreux, bon vivant, qui aimait bien manger et cuisiner, qui adorait les voyages et qui a pu, à sa retraite, profiter de la montagne et du golf et se remettre à la peinture et à la philatélie, passion qui l’a accompagné jusqu’à ses derniers jours, a rappelé François. Notre père avait une belle spiritualité, il avait la foi et se sentait profondément en paix. Il nous disait: « Dans ma vie, j’ai eu trois piliers: la foi, la famille et l’entreprise. » Il nous a appris que la vie, c’est 100% d’implication et 100% de lâcher-prise et de confiance. Nous sommes fiers aujourd’hui de pouvoir honorer sa mémoire.»

Une vie fructueuse
Membres de la paroisse de Nyon et environs, nous sommes une communauté qui fait mémoire. Rien de plus beau que de nous souvenir ensemble de ce qui faisait vivre un des nôtres, Maurice Schilliger, qui vient de nous quitter après 94 ans d’une vie active et fructueuse. Oui, de l’avis de toutes les personnes qui l’ont connu et fréquenté, sa vie a porté du fruit. Quoi de plus parlant pour un homme qui a fait de la nature l’élément essentiel de ses passions, de ses recherches et de son travail?

Cependant, ses passions et ses désirs étaient en lien profond avec sa vie de famille, façonnés par sa foi profonde. Une foi humble et discrète bien que visible et exprimée. Maurice Schilliger n’attendait pas du tout qu’on parle de lui ni qu’on l’encense.

Une foi solide
Par ces lignes, nous voulons remercier Dieu pour tout ce que les paroissiens ont reçu grâce à lui et Agnès. Chacun, avec ses charismes, a eu à cœur de servir Dieu et l’Eglise. Agnès me précise: «Maurice avait reçu une éducation chrétienne. Sa maman étant très croyante et il se souvient qu’ils allaient à la messe en famille en train». C’est d’ailleurs dans le cadre de la paroisse que Maurice l’a rencontrée.

«Bien que travaillant d’arrache-pied nous profitions, dit-elle, des vacances pour inculquer à nos enfants le goût du beau. Ils ont tous gardé le sens artistique et quand Maurice a pris sa retraite, il était très fier de pouvoir remettre l’entreprise à ses enfants…. et maintenant ses petits-enfants.  Fier qu’elle reste une entreprise familiale.»

Très attaché à son Eglise, Maurice fait une retraite chaque année avec Agnès. Sa confiance en Dieu lui permet de rester serein dans l’adversité. Dieu est son bâton, sa forteresse!

Engagé en Eglise
C’est comme vice-président du Conseil de paroisse de Nyon (à l’époque, le curé était président) que Maurice Schilliger conduit les réflexions autour du premier projet de construction de l’église de Nyon, à la rue Saint-Jean. Ce projet est primé, nous rappelle Joseph Kneip, reconnaissant d’avoir pu travailler avec Maurice Schilliger, «une personne très affable». Les paroissiens rejettent ce projet, désireux de garder leur église rue de la Colombière.

A la fin des années 1950, Maurice Schilliger s’investit aussi à Gland, son village natal, pour que l’on puisse participer à la messe, puis construire une chapelle. Avec l’abbé Haeffliger et Messieurs Blonay, Vercellin et Bertinotti, il se met à l’ouvrage. Les 250 catholiques de Gland sont convoqués avec ceux de Vich et de Coinsins pour former la communauté catholique de Gland. On achète la parcelle où s’élève aujourd’hui la chapelle de Gland. Celle-ci est construite et inaugurée en décembre 1973.

Maurice était un homme discret, serviable, généreux et paisible. Il était la bonté même, disent les personnes qui l’ont côtoyé. Soucieux de la vie paroissiale, il participait fidèlement aux assemblées. Il prônait un accueil chaleureux et sans jugement des prêtres en charge de la paroisse et souhaitait conserver la présence d’une communauté de religieuses à Nyon. Il a fréquenté le groupe de prière du Thabor ainsi que les rencontres de la Vie montante.

Témoignages

C’est encore à travers le témoignage de plusieurs paroissiens que nous pouvons prendre conscience du cadeau qu’était Maurice Schilliger et rendre grâce pour sa vie et pour  toutes les personnes qui, avec lui et comme lui, dans la discrétion, s’ajustent à la volonté de leur créateur.

Avant de livrer ces témoignages, nous exprimons notre reconnaissance pour toutes les fleurs coupées en bouquets, en gerbes ou en arrangements qui nous ont été offertes depuis plus de quarante ans chaque dimanche dans nos lieux de célébration. Maurice et Agnès nous ont donné de célébrer notre Dieu en beauté et cela continue grâce à l’accueil des personnes qui assurent aujourd’hui la direction de l’entreprise Schilliger. Merci aux enfants de Maurice et Agnès.

Maurice Schilliger nous a quittés pour rejoindre celui en qui il a toujours cru. Je me souviens de ce qu’il m’a dit lors de notre dernière entrevue chez lui voici quelques mois : « J’aurais voulu participer à la construction de la nouvelle église de Gland, mais mes forces diminuent ». Il avait ajouté : « Je n’ai pas peur de la mort, car je sais où je vais ». Quel extraordinaire témoignage de foi ! Je garderai le souvenir d’un homme plein de bonté, d’humilité, de modestie, de sérénité, de paix intérieure, au regard doux et malicieux.
Bernard Chevallay

Agnès et Maurice Schilliger ont fait partie  pendant de longues années d’un groupe de prière du Renouveau charismatique de l’Eglise catholique de Nyon et environs appelé Thabor. Dès qu’un groupe de la Vie montante a vu le jour à Nyon, grâce à Marie-Madeleine Schwab et sous l’égide de l’abbé Francis Polla, Maurice en a été un pilier très apprécié pour ses paroles de sagesse et sa spiritualité. C’est une génération d’anciens qui nous quitte, mais nous gardons leur souvenir précieusement dans nos cœurs et sommes reconnaissants de ce qu’ils nous ont apporté.
Ursula Barter-Hemmerich

A notre arrivée à Nyon, nous avons entendu parler de Maurice Schilliger, artisan horticulteur et conseiller de paroisse, lors des préludes à la décision de construire une nouvelle église. Par la suite, nous avons pu découvrir le chef d’entreprise et goûter de près sa bienveillance, sa disponibilité et le rayonnement de sa chaleur humaine. Puis nous nous sommes retrouvés dans un groupe de prière et là nous avons découvert sa foi gravée dans le roc. Une relation avec son créateur plus qu’un concept.
Il était bon de côtoyer un homme capable d’exprimer et de vivre ses convictions profondes sans fausse pudeur, bannissant tout jugement et bavardage inutile. Nous lui exprimons aussi notre reconnaissance pour son investissement personnel et son charisme de modérateur auprès des communautés de notre paroisse. Au revoir, Maurice, et merci.
Geneviève et Joseph Christe

C’est officiel, il est official!

Depuis le mois d’octobre, l’abbé Jacques Papaux, vicaire dans notre unité pastorale, partage son temps entre son ministère en paroisse et l’officialité où il succède au Père Hubert Niclasse comme official du diocèse. Pour information, l’official (ou vicaire judiciaire) est en quelque sorte un « vicaire épiscopal » qui exerce le pouvoir judiciaire au nom de l’évêque. Il dirige les procès et administre la justice dans le diocèse.

Propos recueillis par Fanny Sulmony
Photo: Fanny Sulmony
Jacques, pouvez-vous nous parler de votre parcours de vie de prêtre qui vous
a conduit ici aujourd’hui ?
Je suis entré au séminaire à l’âge de 27 ans, après mes études de Droit à l’Université de Fribourg. Que ce soit pendant mes études de Droit ou mes études de Théologie, j’ai toujours eu un intérêt pour le droit canonique (le droit de l’Eglise catholique). J’ai été ordonné prêtre le 6 juillet 2014 et je suis, depuis cette date, vicaire dans l’unité pastorale Saint-Joseph. Mgr Charles Morerod m’a ensuite demandé de poursuivre ma formation, à Lyon, au Studium de droit canonique, pour que j’obtienne une licence en droit canonique (obtenue en juillet 2018).

Quelles sont les qualités requises pour occuper cette fonction ? L’official doit-il obligatoirement être un prêtre ?
Oui. Puisqu’il exerce le pouvoir judiciaire au nom de l’évêque, l’official est obligatoirement un prêtre. Il doit être également docteur ou au moins licencié en droit canonique et âgé de trente ans au moins.  

Vous présidez le Tribunal diocésain, comment fonctionne-t-il ? Qui en fait partie ?
Plusieurs personnes interviennent dans le cadre de l’administration de la justice. Il y a d’abord la notaire ecclésiastique, Joséphine Gomez. Elle authentifie tous les actes et gère l’administration de l’officialité.

Ensuite, il y a plusieurs juges, nommés par l’évêque. Dans les causes matrimoniales, c’est habituellement un collège de trois juges qui rend la sentence. De fait, le juge propre d’un diocèse est l’évêque. Mais il est préférable qu’il n’exerce pas le pouvoir judiciaire lui-même : il le délègue donc aux juges. Depuis la réforme du procès matrimonial voulue par le pape François en 2015, l’évêque reste le juge du « procès matrimonial plus bref » (c’est le nom de cette nouvelle procédure). 

Le Ministère public comprend les offices de défenseur du lien et de promoteur de justice. Le défenseur du lien intervient dans les causes matrimoniales. Il est chargé de défendre le lien du mariage en présentant tout ce qui peut être raisonnablement avancé contre la nullité du mariage. Le promoteur de justice pourvoit au bien public à travers l’application correcte de la loi.  

A l’exception de l’official, tous les autres offices peuvent être accomplis par des laïcs.

Quel lien faites-vous entre votre fonction d’official et votre vie de prêtre ?
Beaucoup de personnes sont surprises d’apprendre qu’il existe un Droit de l’Eglise et que les diocèses possèdent des tribunaux. Elles peuvent percevoir le ministère de juge comme quelque chose de très « administratif ». Mais de fait, il n’en est rien. Il s’agit d’un ministère éminemment pastoral. La grande majorité des causes traitées à l’officialité sont des causes de déclaration de nullité du mariage. Nous rencontrons souvent des personnes blessées par l’échec de leur mariage. Une grande partie de notre ministère est donc un ministère d’accueil et d’écoute. La charité et la miséricorde sont intimement liées dans notre activité, et c’est ce qui fait vivre mon cœur de prêtre.

Hormis les causes de nullité de mariage, qu’est-ce que ça comprend d’autre ?
En effet, l’activité de l’officialité ne se limite pas à cela. Nous instruisons également les demandes de dispense des obligations sacerdotales, lorsqu’un prêtre quitte le ministère, ainsi que les procès pénaux canoniques. De plus, nous sommes régulièrement consultés par l’évêché, les prêtres et les paroisses pour divers avis de droit.

Très concrètement, en quoi consiste votre travail à l’évêché ? De quoi sont faites vos journées à l’officialité ?
Ce sont les audiences qui occupent le plus mes journées à l’officialité. L’année passée, une trentaine de causes ont été admises. Pour chaque cause, nous rencontrons deux fois le demandeur et, s’il participe, le défendeur. Nous procédons ensuite aux auditions des témoins dont le nombre peut varier de trois à six. A cela s’ajoutent les commissions rogatoires, c’est-à-dire les demandes d’officialités d’autres diocèses pour auditionner les parties ou les témoins domiciliés dans notre diocèse. En plus des audiences, il y a l’étude des dossiers, la rédaction des sentences et des avis de droit.

Avez-vous des projets particuliers liés à cette nouvelle fonction ?
Je viens de débuter mon ministère à l’officialité et je suis encore en train de découvrir toute la richesse et l’ampleur que constitue cette nouvelle fonction. Il est encore un peu tôt pour avoir des projets. Disons que mon projet est de poursuivre le travail remarquable accompli par mon prédécesseur, le Père Hubert Niclasse op, secondé par Madame Gomez et soutenu par toutes les personnes œuvrant de près ou de loin à la bonne administration de la justice dans notre diocèse. L’exercice de cette justice, comme l’a rappelé le pape François, est de montrer que l’Eglise est mère et qu’elle veut manifester à tout le monde le visage du Dieu fidèle à son amour, miséricordieux et toujours capable de redonner force et espoir. Mon projet est de vivre ce ministère comme un service aux personnes, souvent en souffrance.

Un président et une vice-présidente

Le Conseil de Communauté (CC) de la paroisse Saint-Pierre (Thônex) et Saint-François de Sales (Chêne) a élu un président et une vice-présidente pour guider ses actions pastorales.

Photos: Pascal Voide, Michel Valticos

Vincent Habiyambere et Isabelle Valticos se présentent eux-mêmes : 

Vincent

vincentMarié depuis 37 ans avec Immaculée,  catéchiste depuis des années dans notre paroisse, nous avons trois enfants et deux petits-enfants. D’origine rwandaise, nous sommes naturalisés suisse ayant vécu dans ce pays depuis 1992.

Dans mon village, j’habitais à 500 mètres de ma paroisse qui était dirigée par un curé d’origine belge qui a formé des jeunes à servir la messe. Cela fut pour moi une occasion unique de piété. A l’âge de 13 ans, le petit servant de messe a rejoint l’internat au petit séminaire, où j’ai reçu une formation équilibrée entre les cours des math-sciences et de langues, dont le latin – qui m’a permis de comprendre la messe que j’avais toujours suivie en latin – et les prières matinales suivies de messes quotidiennes à 6h30, l’Angélus à midi, vêpres et complies le soir. J’ai fini le petit séminaire à l’âge de 20 ans, prêt pour le grand séminaire et à devenir prêtre comme mon curé, mais Dieu m’appela pour soigner le corps des hommes. C’est ainsi que je suis devenu médecin. Après des années d’expériences au Rwanda, en Belgique et aux Etats-Unis, je suis venu travailler à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 1992.

Comment contribuer à la vie de notre paroisse ? Avant de rejoindre le Conseil de Communauté (CC) en décembre 2018, je suis membre du Conseil de Paroisse (CP) depuis plusieurs années déjà. Le CC organise et coordonne les activités pastorales qui font l’âme et la chair d’une paroisse.  Les deux conseils étant interdépendants dans une paroisse, la participation aux deux facilite leur collaboration en renforçant la communication entre eux. 

Frère Michel Fontaine op., curé modérateur, et l’abbé Joël Akagbo, prêtre responsable de la paroisse Chêne-Thônex ont insufflé un nouveau dynamisme au CC renouvelé. Ce conseil travaillera avec des principes clairs, en équipe et par concertations préalables concernant les trois missions pastorales du CC : Liturgie-Formation-Accueil. Avec joie et détermination  j’accepte la tâche de continuer ce chemin tracé comme président du CC. 

Isabelle

isabelleD’origine française, je suis arrivée à Genève en 1969 après avoir passé neuf ans en Afrique (Congo Léopoldville, Niger et Togo) avec nos parents médecins (papa à l’OMS et maman, pédiatre en dispensaire). Suite à une scolarité au lycée d’Annemasse, j’ai obtenu une licence en Sciences économiques à la Sorbonne et ma rencontre avec Michel, devenu mon époux en 1980, m’a détournée de mon projet de faire du journalisme de terrain pour me consacrer à nos trois enfants tout en pratiquant des boulots de secrétariat à mi-temps. J’ai ainsi travaillé à la SGS (Société Générale de Surveillance), avec Bertrand Piccard, notre aventurier solaire et à l’IUED (Institut Universitaire d’Etudes du développement). J’ai donné des cours de catéchisme pendant une dizaine d’années et le temps passant, je me suis tournée vers le Mouvement des Chrétiens Retraités dont je coanime le groupe à Chêne-Thônex depuis 8 ans. Je suis l’heureuse grand-mère de deux charmantes frimousses, d’autres devraient  suivre prochainement ! En souvenir du poème de Léopold S. Senghor que nous récitions enfants « toi, Afrique qui nous a portés sur ton dos », c’est donc comme un joli clin d’œil que me fait ce Continent aujourd’hui avec ma participation au Conseil de Communauté présidé par Vincent Habiyambere, sous l’œil bienveillant et rieur de notre Abbé Joël Akagbo…

Solidarité dans la rue

Responsable de la pastorale des milieux ouverts à Genève, Inès Calstas est aussi coordinatrice du pôle solidarités. De quoi bien occuper ses journées… 

Texte et photos par Nicolas MauryA deux pas de la gare Cornavin à Genève, Inès Calstas entre dans le temple de la paroisse protestante de Montbrillant. Employée par l’Eglise catholique romaine, elle y a pourtant son bureau. « Un cadeau de la vie », explique-t-elle, dégustant son café. « Je collaborais beaucoup avec la pasteure du lieu qui m’a annoncé un jour qu’un espace s’y libérait. Après avoir parlé avec son conseil, elle m’a dit : « Inès, nous aimerions que tu sois là. » Ce site abrite aussi la communauté œcuménique des personnes handicapées et celle des sourds et des malentendants. Tout ce regroupement fait sens. »

D’origine urugayenne, Inès porte une double casquette. Ce matin, c’est celle de responsable de la pastorale des milieux ouverts qu’elle a coiffée. « Au début des années 2010, le terme employé était encore « pastorale de rue ». Quand j’ai commencé à travailler en Eglise, on m’a demandé de faire quelque chose avec les Roms. Puis s’est posée la question de savoir s’il fallait se limiter à cette population ou opter pour une plus grande ouverture. Personnellement, je préférais cette seconde solution, laquelle s’est finalement mise en place. »

Lieu d’accueil

Tout en donnant cette explication, Inès se lève pour saluer deux nouveaux arrivants : Alexander et Helena. « Deux personnes sur qui je peux compter », souligne-t-elle. Comme tous les lundis, elle se met ensuite en route pour rejoindre l’Oasis, un lieu d’accueil pour personnes en situation de rue situé dans le quartier de la Servette. 

Le déroulement de la journée est bien rodé. « Sur le coup des 8h15, un petit déjeuner est préparé à l’intention de tous les cabossés de la vie qui nous rejoindront. On ne sait jamais combien on sera : 45, 60… parfois jusqu’à 80. »

A 9h, une séance de groupe permet de définir la répartition des rôles. « La particularité de l’Oasis, c’est que les personnes en situation précaire prennent elles-mêmes des responsabilités, tout comme d’autres bénévoles d’ailleurs. » Car la structure propose de multiples services: prendre une douche, trouver de nouveaux vêtements, faire des lessives ou encore partager un dîner. « Autant d’éléments qu’il faut organiser, même si les choses sont désormais bien rodées », détaille Inès.

Mélange des populations

Après la prière en commun à 12h commence, à partir de 12h30-13h, le repas. Puis suivent les tâches de nettoyage et de rangement, avant un débriefing à 15h. « Nous sommes souvent en contact avec les instances sociales de la Ville. Au départ, elles nous avaient dit qu’il ne fallait pas mélanger les populations. L’expérience tirée de nos quelques années d’activité a montré que ce n’était pas le cas. Tout le monde s’entraide, même s’il peut y avoir des frictions ou des crises. Si c’est le cas, on fait en sorte de discuter pour résoudre les problèmes. »

Hormis ses contacts avec les plus démunis, Inès passe une partie de son temps à faire du travail de bureau. « A Genève, vivre dans la rue revient presque à être dans l’illégalité. Vu qu’il n’y a pas de statistiques, on ne sait pas combien de gens sont concernés. La Ville dit environ 500, Caritas avance plutôt 1000 à 1500. Une partie de mon job consiste à leur fournir un soutien administratif. Comment faire pour avoir un abonnement de bus si on n’a pas d’adresse ? Comment recevoir du courrier ? Comment faire appel à l’assistance juridique ? » Autant de situations auxquelles Inès apporte des réponses au cas par cas. 

Lorsqu’elle a commencé son activité en Eglise, Inès travaillait avec les Roms. Depuis, son champ d’action s’est élargi.
Lorsqu’elle a commencé son activité en Eglise, Inès travaillait avec les Roms. Depuis, son champ d’action s’est élargi.

Construction en marche

Mais elle effectue aussi un travail de médiation, souvent avec la police. « Un jour, un jeune homme a été condamné pour avoir volé de l’argent dans une cassette à journaux. Nous avons été voir le journal et convenu d’un arrangement. Bricoleur, il a réparé et nettoyé plusieurs cassettes en ville. La plainte a été retirée. » 

Parfois, la journée se prolonge en soirée, car Inès est aussi coordinatrice du pôle solidarité. « Je m’occupe de tout ce qui touche à la diaconie dans l’Eglise, ce qui inclut aussi les personnes en situation de handicap, les sourds et les malentendants. Comme le dit ma fille, c’est génial pour aller dans les réunions ! Aimant le contact avec les gens, je perçois mon métier comme une construction en marche. Souvent, on pose des pierres et on se dit qu’on ne verra pas la cathédrale finie. Mais parfois, les choses vont plus vite que prévu. Ces avancées au quotidien sont précieuses. »

Une journée bien rythmée

7h30 –> Arrivée au bureau
8h15 –> Petit déjeuner à l’Oasis
12h –> Prière communautaire
13h –> Repas
15h –> Débriefing de la rencontre
Dès 16h –> Réunions diverses et tâches administratives

Pauvres et Suisses

La mobilisation des gilets jaunes interpelle jusqu’à nos frontières. A travers la parole des «sans voix», de profondes inégalités refont surface. En Suisse aussi, celles-ci existent comme autant de pauvretés cachées. Quelles sont-elles et quelles sont les formes de solidarités mises en place par l’Eglise pour y remédier?

Par Pascal Ortelli
Photos : Ciric, Jean-Claude Gadmer, Pxhere, DR
La pauvreté ne diminue pas en Suisse. Tel est le constat que livre l’Almanach social 2019 de Caritas Suisse. 615’000 personnes – soit 7,5% de la population – vivent dans la précarité, alors qu’autant d’autres risquent d’y tomber. Car ces « juste au-dessus du seuil » ne reçoivent pas d’aide. Les familles monoparentales, les personnes en formation post-obligatoire et les sans-emploi représentent les catégories les plus à risque.

Parmi elles, on compte 140’000 working poor qui exercent une activité professionnelle sans pour autant arriver à boucler leur fin de mois. A cela s’ajoute le problème croissant de l’endettement des jeunes adultes. « Certains n’ont jamais appris à gérer leur salaire », explique Joëlle Renevey de Caritas Fribourg. En 2017, son service a conseillé 1078 ménages, dont 288 plus particulièrement.

Divorce et pauvreté

« ]La pauvreté touche aussi les enfants au travers des divorces, parfois sources de précarité matérielle et humaine : « Lorsque les enfants apprennent que leurs parents divorcent, ils ont peur de perdre leurs amis et leurs repères » constate Marie-France Kilchoer, animatrice au MADEP (Mouvement d’apostolat des enfants et préadolescents). C’est un grand traumatisme pour eux, sans compter que les enfants de migrants peuvent servir d’outils de dialogue  pour les parents qui ne maîtrisent pas le français.

Le cri des pères divorcés commence enfin à se faire entendre. Même avec un bon salaire, certains vivent au seuil de la précarité quand ils ont fini de payer les frais de pension et le loyer élevé d’un grand appartement. La loi leur impose d’avoir suffisamment d’espace pour pouvoir accueillir chez eux leurs enfants… au risque de se ruiner ! 

Un chemin de confiance

Pour la première fois en Suisse romande, plus de 200 personnes en situation de pauvreté et des agents pastoraux se sont réunis à l’Université de Fribourg les 29 et 30 janvier derniers pour se rencontrer et apprendre les uns des autres afin d’ouvrir des chemins nouveaux.

Un intervenant de l’Université de la solidarité et de la diaconie raconte son combat. Marié et père de trois enfants, il est venu en Suisse pour trouver du travail afin d’aider sa famille. Tout a basculé quand il est entré dans la précarité. « J’ai tout perdu, dit-il, au moment où j’avais le plus besoin d’eux. » Comme il ne ramène pas assez d’argent, sa femme demande le divorce.  

Seul et sans-abri, il ne se reconnaît plus dans son rôle de père jusqu’à ce qu’il découvre la Pastorale des milieux ouverts à Genève. « Inès, la responsable, m’a redonné confiance, en me faisant comprendre que je n’avais pas perdu ma dignité. Elle m’a recommandé de faire du bénévolat, alors que j’avais moi-même besoin d’aide » confie-t-il. Il y puise assez de forces pour « récupérer » sa famille. Aujourd’hui, même si les difficultés financières persistent, il a retrouvé la place qui lui revient.

Apprenons les uns des autres

Car, ne l’oublions pas, dans le cœur de Dieu, les pauvres ont la première place. Le Christ s’appuie sur eux pour nous révéler sa tendresse. Ils ont beaucoup à nous enseigner. La pauvreté revêt de multiples visages. D’une certaine manière, nous sommes chacun le pauvre d’un autre. Il est primordial pour l’Eglise de favoriser de tels espaces de rencontre.

Une priorité pour l’Eglise

La diaconie, autrement dit le soin et l’accueil accordés aux plus fragiles, constitue l’une des missions fondamentales de l’Eglise. Pour Pascal Tornay, assistant pastoral à Martigny et responsable du Service diocésain de la diaconie (SDD), « ce n’est pas d’abord un dicastère ecclésial, c’est l’Eglise en train d’aimer et de transformer le monde ». 

Le SDD n’a pas pour but de porter seul ce souci dans le diocèse de Sion. C’est la mission de tous. « Nous cherchons à développer un réseau, assure le Martignerain, pour permettre à chacun d’être acteur dans sa communauté locale. » La proximité y est de mise.

Plus de 200 personnes se sont réunies à Fribourg en janvier, pour parler solidarité et diaconie.
Plus de 200 personnes se sont réunies à Fribourg en janvier, pour parler solidarité et diaconie.

Un « monastère » sur la place publique

Voilà presque sept ans que le Rencar remplit cette mission dans le Jura avec un camping-car transformé en lieu d’écoute. L’accueil y est inconditionnel et gratuit, grâce à une équipe de plus de 30 personnes.

« Certains viennent juste pour un café ; d’autres sur rendez-vous ou d’une manière inattendue pour parler de leurs problèmes. » De plus en plus d’adolescents franchissent la porte. « Ils y trouvent un refuge où ils peuvent déposer leurs problèmes, sans que cela soit balancé sur les réseaux sociaux », confie Isabelle Wermelinger, animatrice au Rencar. 

L’un des défis, pour elle, consiste à mieux habiter l’espace public. « Le Rencar, c’est un peu comme un monastère itinérant. On peut choisir de passer plus loin ou de s’y arrêter, avec la certitude d’y être reçu et écouté. »

Le Rencar fait en quelque sorte office de monastère itinérant.
Le Rencar fait en quelque sorte office de monastère itinérant.

Une attention aimante

Liberté, gratuité et don de soi dans la relation, vécus fraternellement au nom de l’amour du Christ et du prochain. La mission de l’Eglise consiste à être encore là quand toutes les autres portes sont fermées. Aujourd’hui, elle est invitée peut-être à mieux aider ces « 600’000 autres », vivant avec peu et sans aide, juste au-dessus du seuil de pauvreté. Et de leur prêter, selon le vœu du pape François, une « attention aimante qui honore l’autre en tant que personne et recherche son bien ».

Seuil de pauvreté et aide sociale

Le seuil de pauvreté est fixé par la Conférence suisse des institutions d’action sociale (CSIAS) à Fr. 2247.– par mois pour une personne seule et Fr. 3981.– pour un ménage de deux adultes et deux enfants au-dessous de 14 ans.

Depuis 2010, les demandes d’aide n’ont cessé d’augmenter. On dénombre 278’345 cas en 2017, soit 5000 personnes de plus qu’en 2016. Or l’aide sociale ne garantit déjà plus le minimum vital. Le montant moyen dépensé par une personne seule (hors primes d’assurance-maladie et loyer) s’élève à Fr. 1082.–, tandis que le forfait moyen d’aide actuellement fixé par la CSIAS est de Fr. 986.–. 

Accompagner les détresses paysannes

Maria Vonnez et Pascale Cornuz, de l’aumônerie agricole vaudoise, assurent une présence d’écoute auprès des paysans en détresse. Le risque de suicide y est en effet 37% plus élevé que dans le reste de la population suisse. Une formation de prévention au suicide, destinée aux professionnels en relation directe avec les paysans, a été mise sur pied, afin de créer un réseau de « sentinelles ». « Mon rôle, dit Maria Vonnez, est d’arriver à ce qu’ils s’accrochent de nouveau à l’espérance. »[thb_image image= »3616″ img_link= »url:%2Fwp-content/uploads/2019/02/Graphique_pauvrete. »]

Un nouveau ministère

Notre curé modérateur, l’abbé Giraud Pindi, nous quitte pour rentrer dans son diocèse de Matadi, en République démocratique du Congo, où il est nommé vicaire général. Il a adressé un mot d’adieu à toute l’unité pastorale dont voici des extraits. Bonne route à lui.

Par Giraud Pindi
Photo : DRLe 1er janvier 2019, en la fête de Marie Mère de Dieu, l’évêque de Matadi, en République démocratique du Congo, Mgr Daniel Nlandu, m’a nommé vicaire général. J’ai accepté cette responsabilité par obéissance et pour le soutenir dans sa tâche de gouvernement.

C’est avec une immense joie que j’ai cheminé avec vous depuis septembre 2013. Cette expérience pastorale au milieu de vous et avec vous m’a beaucoup apporté humainement et chrétiennement. Je tiens à vous dire merci de tout cœur pour votre engagement, votre présence et votre disponibilité.

Je rends grâce à Dieu pour le bien que j’ai pu réaliser. Je reconnais aussi mes grandes faiblesses. Je demande pardon de tout cœur pour les torts que j’ai pu causer à l’un ou à l’autre par ma façon de parler, d’agir ou de me comporter. Et j’offre mon pardon à toute personne qui m’aurait blessé personnellement ou dans l’exercice de mes responsabilités. Que le Seigneur nous rétablisse dans la réconciliation.

Une mission exigeante
De grands défis m’attendent comme vicaire général d’un diocèse de 31’270 km2 peuplé de près de 3,5 millions d’habitants dont 85% sont catholiques. Il compte 45 paroisses et 187 prêtres avec une moyenne d’âge de 40 ans et près de 70 grands séminaristes en formation cette année. J’aurai des milliers de kilomètres à parcourir pour visiter des paroisses à majorité rurale sur des routes très approximatives, exigeantes physiquement et mécaniquement, dans une situation politique et sécuritaire très précaire. Je confie ce nouveau ministère à votre prière.

Je reconnais votre générosité dans votre soutien aux projets que je porte dans mon diocèse pour encourager la jeunesse et lui offrir un avenir: formation de menuisiers, de jeunes filles en coupe et couture, de jeunes gens en mécanique. Je vous remercie profondément et j’espère pouvoir continuer à compter sur vous.

Carême dans la Ville

logo-cdlv

Par Vincent Lafargue
Photo: DRLes frères dominicains de Lille sont très féconds sur internet. Depuis bien des années, ils proposent une retraite en ligne, notamment aux temps privilégiés de l’Avent et du Carême. 

146’000 retraitants
Actif dès le début du Carême, le site « Carême dans la ville » propose une méditation quotidienne liée aux lectures du jour. Elle peut être écoutée ou même visionnée. Un espace nous permet de commenter et de laisser notre prière.

Ainsi, l’an dernier, ce ne sont pas moins de 146’200 personnes qui se sont inscrites à cette « retraite en ligne », méditant tous les jours les perles reçues via leur écran d’ordinateur ou sur leur téléphone portable. 

Aussi sur smartphones
Car une application « Carême dans la ville » existe aussi pour smartphones et permet là encore d’écouter la méditation quotidienne ainsi que la parole de Dieu qui l’inspire.

On peut visiter le site ou l’application chaque jour sans s’inscrire. Mais laisser son adresse email dans le champ prévu à cet effet permet de recevoir quotidiennement, pendant le Carême, un courriel contenant aussi des intentions de prière.

C’est un convaincu depuis bien des années qui vous le dit : votre Carême sera tout différent quand vous aurez découvert « Carême dans la ville » !
qrcode-careme-dans-la-ville

Le site: careme.retraitedanslaville.org

Dignité et Développement

Par Nicole Andreetta
Photo: DRLa plateforme Dignité et Développement, créée en 2015, est une initiative de Mgr Charles Morerod : « Nous avons besoin d’un espace de réflexion, au-delà des urgences, pour inscrire les interventions immédiates dans le long terme… une plateforme à géométrie variable qui réunisse des praticiens et des scientifiques, des acteurs locaux et des personnes engagées sur la scène internationale. »

Formation en ligne
Depuis novembre 2018, une formation en ligne intitulée « L’éthique sociale chrétienne pour nourrir la vie » s’adresse à toute personne intéressée par les défis de notre temps.

Outre un module d’introduction, divers thèmes sont traités : finances, médecine, écologie, communication, politique…

« Il ne s’agit pas de proposer un cours ex cathedra, explique Pascal Ortelli, théologien laïc et coordinateur de la plateforme, mais de permettre aux participants de découvrir l’éthique sociale chrétienne à partir de leur propre questionnement. »

Il poursuit en précisant : « Le christianisme est une religion incarnée. Jésus, par la prière, demeurait en relation étroite avec le Père. Mais il a aussi vécu au cœur de la société. Dans l’Ancien Testament, le message des prophètes avait une dimension politique. L’Eglise doit cheminer avec le monde de son temps. »

Questions complexes
Une participante, Stefanie Losey, témoigne : « Procréation, suicide assisté, migration… nous sommes, aujourd’hui, confrontés à des questions complexes. Cette formation me permet de faire le lien entre qui je suis et ce que je vis. En tant que femme, assistante pastorale, mère de famille et écologiste convaincue, je me retrouve plusieurs fois par jour face à des situations plus ou moins compliquées où je dois faire des choix et définir mes priorités. Prendre le temps d’approfondir une parole telle que « Aime ton prochain comme toi-même » me permet de mieux saisir ce qui a été le centre de mes décisions, de faire le lien entre mes convictions et mes engagements. Je découvre que je fais certaines choses parce que je suis chrétienne. »

La formation rassemble à ce jour près de 80 participants de diverses professions. Une grande majorité habite en Suisse romande, quelques-uns en France, en Belgique, au Togo et au Liban.

Nouveau regard

Par Nicole Andreetta
Photo: PxhereSouvent cachée, la pauvreté reste présente en Suisse. Paradoxalement, 25% à 30% des personnes concernées renoncent à bénéficier de certaines aides sociales 1.

Les causes de non-recours sont multiples et diverses. Un manque d’information, la crainte de perdre son permis de séjour. Mais il y a également des motifs liés aux barrières sociales qui s’élèvent insidieusement à partir du regard de l’autre et du regard que l’on porte sur soi.

Les personnes qui font le pas de demander de l’aide se retrouvent souvent confrontées à une « inhospitalité administrative ». L’avalanche de formulaires à remplir et de justificatifs à fournir suscite chez elles un sentiment de rejet, de non-reconnaissance.

Or, devoir franchir le seuil des services sociaux représente pour beaucoup le deuil de leurs propres valeurs : « Demander de l’aide, ce n’est pas un métier ! J’ai honte ! »

Les droits sociaux représentent un des piliers de notre démocratie.

Ceux que l’on nomme « bénéficiaires » sont d’abord des « ayants droit ». Reconnaître les droits et la dignité de chacun, une piste pour avancer ensemble.

1 Selon une enquête menée par Barbara Lucas, professeur à la HETS-GE.

Campagne de Carême

[thb_image lightbox= »true » image= »3899″]

«Ensemble avec des femmes engagées – Ensemble pour un monde meilleur»

En 2019, Pain pour le prochain et Action de Carême célèbrent 50 ans de collaboration œcuménique ! Oui, depuis 50 ans, nos deux œuvres s’engagent dans la campagne œcuménique pour un monde plus juste. L’engagement en faveur des droits de l’homme et de la dignité humaine est le fil rouge des campagnes menées au cours des dernières décennies. Ce sera également le cas pour cette campagne 2019 où le renforcement des droits des femmes est au cœur des préoccupations.

Par Action de Carême, adapté par Jean-François Bobillier
Photo: voir-et-agir.chDepuis leur fondation, Action de Carême, Pain pour le prochain et Etre Partenaires militent en faveur de la dignité et du respect des droits humains. La campagne œcuménique 2019 traite du renforcement des droits des femmes dans le contexte de l’exploitation des matières premières.

Nombreuses sont nos organisations partenaires au Sud qui font état des conséquences catastrophiques de l’exploitation de matières premières par des multinationales (ci-contre Usine suisse Glencore tant décriée…), qu’il s’agisse de minerais (coltan utilisé dans les smartphones), de métaux (or), de produits agricoles (soja, canne à sucre, huile de palme) ou de ressources énergétiques (pétrole, charbon, énergie hydraulique). Pour les femmes, la situation est dramatique : disposant de peu d’informations, elles sont tenues à l’écart des processus décisionnels par les entreprises, l’Etat et même leur propre communauté, alors qu’elles sont particulièrement affectées. Il est difficile de faire vivre une famille sans eau potable, sans accès à la terre et sans conditions de travail dignes.

L’exploitation de matières premières peut entraîner la perte d’emploi pour les hommes qui travaillaient comme paysans et / ou artisans mineurs. Ne pouvant plus gagner leur vie, ils émigrent vers d’autres régions, loin de leur famille, pour y chercher du travail. Ils habitent dans des cités de travailleurs ne comptant que des hommes où des heurts éclatent fréquemment.

Restées au domicile, les femmes se retrouvent à assumer le gros des responsabilités familiales : élever les enfants, prendre soin d’eux et des personnes âgées, s’occuper de la famille, produire de la nourriture. Outre les familles, le lien social est détruit par l’exploitation des ressources naturelles car les communautés finissent par se quereller. Elles sont divisées à dessein, tandis que les déplacements achèvent de démanteler les liens de voisinage. Dans le monde, de plus en plus de femmes prennent elles-mêmes les choses en main. Elles sont nombreuses à faire valoir leurs droits, à s’élever contre les manquements aux droits humains et à unir leurs forces. 

Etre averti sur la question des inégalités ne suffit pas à changer les choses de manière concrète. Façonner un monde meilleur présuppose en effet une transformation radicale que nous devons amorcer ensemble, que ce soit en modifiant nos habitudes de consommation ou en participant à une action donnée. 

Afin de découvrir toute la richesse de la campagne, les actions à mener localement ou les événements ayant lieu près de chez vous, nous vous invitons à parcourir le site www.voir-et-agir.ch.

OpenSky Festival: Ça va vibrer par Fully le 30 mars…

Texte par Aline Jacquier, pour le comité Open SkyOpenSky… A ciel ouvert… C’est une soirée placée sous le signe du fun et de la foi, organisée par les DJP&Friends, des jeunes valaisans qui se réunissent pour prier et passer de bons moments ensemble et s’adressant principalement aux jeunes dès 15 ans, mais ouverte à tous !

Côté programme, il débutera par une création originale retraçant la vie du Bhx Pier Giorgio Frassatti, modèle de sainteté pour la jeunesse. Un des grands moments de la soirée sera le concert de Glorious qui nous fera à nouveau l’amitié de sa présence. Raising Hope, le groupe de pop-louange diocésain ainsi que Cabana, des jeunes de Saint-Prex, nous aideront à prier et louer ! En fil rouge, nous entendrons le témoignage du Père René-Luc, né de père inconnu et élevé par un truand. Mgr Alain de Raemy et Mgr Jean-Marie Lovey concélébreront une messe animée par un grand chœur de jeunes. Le DJ britannique, Andy Hunter, poursuivra l’animation jusqu’au cœur de la nuit. Des démonstrations de foot-freestyle, breakdance, BMX ou diabolo ponctueront la soirée. 

Rendez-vous le samedi 30 mars 2019 à la salle polyvalente de Fully dès 16h30 pour découvrir une Eglise décomplexée, se divertir, vivre de beaux moments spirituels ou partager un verre avec d’autres jeunes à l’Adjeu Don’bar ! 

Nous nous réjouissons de t’y croiser ! 

+ d’info : www.opensky-fully.ch

Université de la solidarité et de la diaconie

Les 29 et 30 janvier 2019, plus de 200 personnes ont pris part à Fribourg à la première Université de la solidarité et de la diaconie. Durant deux jours, les participants ont vécu des temps de témoignages, de convivialité, de partage, de prière et d’échange autour de la Bible. Ils sont entrés dans une démarche imprévue pour se laisser enrichir par la rencontre.

Texte et photos par Véronique BenzIls sont venus de toute la Suisse romande : évêques, prêtres, diacres, agents pastoraux engagés dans la solidarité au niveau de leur diocèse, canton ou unité pastorale, étudiants de l’Institut romand de formation aux ministères, séminaristes, personnes interpellées par le sujet ou vivant dans la précarité, catholiques, musulmans ou sans religion. Durant deux jours à l’Université de Fribourg, ils ont essayé de se laisser interpeller et enrichir par ce que l’autre peut leur apporter. 

Les clowns Créa et Miette ont apporté leur touche d’humour au cœur de la réflexion.
Les clowns Créa et Miette ont apporté leur touche d’humour au cœur de la réflexion.

Le programme proposé était varié. De nombreux témoignages, souvent poignants, ont été présentés. Les temps de partages bibliques ont été des lieux d’échange profond. Des ateliers chants, évangile et peinture, théâtre, audio-vidéo… leur ont permis de s’ouvrir, de découvrir des richesses ou des facettes parfois inexplorées de leur personnalité.

Le mardi soir, lors de la veillée de prière à l’église Sainte-Thérèse, les membres de l’assemblée se sont mis sous le regard de Dieu. Ils ont prié les uns avec les autres et les uns pour les autres. Suite à la lecture du texte du lavement des pieds, ils ont été invités, par groupe, à se laver les pieds les uns aux autres. Une action humble, permettant de se découvrir enfant de Dieu, frère et sœur en humanité. Durant la veillée, ils ont également pu vivre une démarche de pardon, soit en allant se confesser vers un des nombreux prêtres présents, soit en priant devant le Saint-Sacrement. La centaine de petits lumignons déposés devant l’autel étaient les témoins de tous ces gestes ou désirs de réconciliation.

L’atelier Evangile et peinture.
L’atelier Evangile et peinture.

Lavement des pieds lors de la veillée de prière à l’église Sainte-Thérèse.
Lavement des pieds lors de la veillée de prière à l’église Sainte-Thérèse.

Quelle place pour les plus vulnérables ?

Le Père Etienne Grieu.
Le Père Etienne Grieu.

Le Père Etienne Grieu, jésuite, président et professeur aux Facultés Jésuites de Paris (Centre Sèvres), était l’invité de cette session. Il a proposé aux participants de réfléchir à la place donnée aux plus vulnérables au sein de nos communautés. « Est-ce vraiment la mission de l’Eglise de s’occuper de solidarité ? Ne risquons-nous pas de faire de l’Eglise une ONG ou de tomber dans l’activisme au détriment de l’essentiel ? » Pour répondre à ces questions, le Père Etienne Grieu a regardé la manière dont le Christ avait répondu à sa mission. « Dans l’évangile de Jean, le Christ se présente comme un envoyé, l’envoyé de Dieu. Qu’annonce-t-il cet envoyé ? Jésus est venu renouer les liens de l’alliance entre l’humanité et Dieu de manière définitive. » En citant quelques passages de l’Ecriture, le jésuite a constaté que le message du Christ s’adresse en premier lieu aux personnes qui sont au bord de l’Alliance, aux personnes en détresse et aux possédés. « Une personne en détresse est entièrement centrée sur sa supplication. Elle se jette tout entière aux pieds de Jésus. Ces personnes nous enseignent à nous remettre à Dieu. Elles nous obligent à mettre la relation au centre, elles nous ramènent vers l’essentiel, vers l’alliance. La Bonne Nouvelle passe par mon frère, précisément par mon frère qui crie vers Dieu. »

Pour nous aider à accueillir les plus vulnérables au sein de nos communautés, Etienne Grieu a esquissé quelques pistes. « La plus simple, que chaque baptisé peut mettre en œuvre, est de voir comment dans l’ordinaire de ma vie j’accueille la personne qui se présente à moi avec ce qu’elle est, avec ses richesses et ses pauvretés. Il faut savoir être attentif aux gens qui vivent autour de nous des situations difficiles. Pourquoi ne pas mettre en valeur dans la liturgie le moment où l’on remet les custodes aux membres de la communauté, afin qu’ils aillent porter le corps du Christ aux personnes âgées ou malades ? La solidarité ne demande pas d’abord de grands engagements, ce sont des gestes simples que l’on peut faire dans notre quotidien de baptisé. L’Eglise est revigorée lorsqu’elle garde le souci de la vraie rencontre », a-t-il affirmé. Une autre piste concerne les politiciens : « Comment soutient-on les gens qui s’engagent et qui portent le bien commun ? » Le Père Grieu questionne : « Faisons-nous confiance aux êtres qui nous semblent plus fragiles ? » 

Diplômés

La session a été clôturée par une messe festive animée par l’atelier chants. Après avoir durant deux jours parlé entre eux, les participants se sont mis à l’écoute de la Parole de Dieu, et sont repartis avec elle. Les évêques leur ont distribué personnellement un livre contenant le Nouveau Testament et les psaumes. Ils ont également reçu un diplôme, signe tangible de leur participation à ce temps fort en échanges et en émotions. 

Organisé conjointement par les services « Solidarité » des diocèses et cantons de Suisse romande et le Centre catholique romand de formations en Eglise (CCRFE) cette première université de la solidarité et de la diaconie a été un véritable succès. A la fin de la rencontre, une seule phrase était sur toutes les lèvres : à quand la prochaine ?

Témoignage d’un participant

Ces deux jours ont été très intenses en émotion. J’ai vécu des journées remplies de bienveillance et de solidarité. Les échanges étaient profonds et très respectueux. Il était facile de parler avec les autres, de s’ouvrir à l’autre. J’ai pu communiquer de manière très simple, mais en vérité. Je me suis senti comme dans une grande famille. Si seulement, c’était toujours ainsi dans la vie quotidienne !

Grâce à cette rencontre, j’ai retrouvé confiance, espoir et espérance. J’ai à nouveau foi en l’humanité et en la solidarité. J’ai le plaisir et l’envie de continuer ma route. Si une prochaine édition est organisée, j’y participerai.

Il poverello!

Par Thierry Schelling
Photo: Ciric

François a instauré en 2017 une Journée mondiale des pauvres.
François a instauré en 2017 une Journée mondiale des pauvres.

« N’oublie pas les pauvres », lui a glissé dans l’oreille son voisin cardinalice Hummes lors de son élection. Et Jorge s’est fait appelé François ! Il n’habite pas le Palais apostolique mais garde sa chambre à Santa-Marta ; rangés mosette, surplis et camail à bord d’hermine pour ne garder que la soutane blanche pour les bénédictions Urbi et Orbi. En simple habit de service.

Un appel
Ne cessant de dénoncer la « mondialisation de l’indifférence » face aux pauvres, voulant une « Eglise pauvre pour les pauvres », il a instauré en 2017 une Journée mondiale des pauvres : occasion pour bien des communautés catholiques d’organiser du lien avec « leurs » pauvres autour de repas, de célébrations… Le pape François a non seulement dépoussiéré le vieux vocable de miséricorde – le rendant fort attrayant depuis ! – mais il a secoué les communautés endormies quant à leur devoir de service des indigents : « Le vacarme de quelques riches étouffe le cri croissant des pauvres », déclare-t-il lors de la deuxième Journée mondiale des pauvres en novembre 2018.

Réponses
Il répond, lui, à sa façon : le prélat en charge de la charité au nom du pape, l’elemosiniere pontificio, est fait cardinal en 2018. « Tu ne marcheras pas derrière moi aux cérémonies, mais dans les rues de Rome ! » lui avait-il lancé ! Douches, lieux d’aisance et médecins, dentistes et autres professionnels de la santé sont mis à disposition dans l’enceinte de la colonnade du Bernin pour les barboni (mendiants). Il mange avec des pauvres dans la cathédrale de Bologne – idée reprise ailleurs en Europe – et encourage à servir, partager et prier avec eux. Comme trois vœux, plus que religieux mais certainement pas pieux !

Pierre Hoarau

Le sens de ma vie, c’est Jésus-Christ ; sa réponse à nos questions, c’est : « Je t’aime ! »

Propos recueillis par Thérèse Yang
Photo: Thérèse Yang 
J’ai grandi dans une famille catholique pratiquante de cinq enfants. Quand j’ai été adolescent, j’ai abandonné l’Eglise petit à petit, parce que je ne trouvais aucune réponse à mes questions. J’ai vécu comme n’importe quel adolescent, avec toujours ce questionnement sur le sens de la vie et la recherche de quelqu’un qui m’aime. Je l’ai cherché dans beaucoup de choses : amitiés, filles, sport, surtout la moto. J’aimais ce sport dangereux parce qu’il donne des sensations. Mais je ne trouvais jamais de réponse. Tout cela m’a conduit à une certaine tristesse, à un certain cynisme. Une fois, un ami m’a invité à une catéchèse d’adultes donnée par la communauté du Chemin néocatéchuménal. Je l’ai suivie pendant deux mois et je suis allé me confesser. Ce moment a été une rencontre avec Dieu. C’est le moment charnière qui a changé le cours de ma vie. Je suis alors entré dans la communauté, d’abord comme laïc et ensuite, plus tard, je suis devenu prêtre. Dans le cadre de ma formation, j’ai été envoyé aux Philippines et en Afrique. Je pensais y retourner en mission, mais j’ai abouti en Suisse !

Je suis venu à Fribourg en tant que prêtre choisi pour accompagner la communauté du Chemin néocatéchuménal ; ensuite je suis devenu le recteur du nouveau séminaire Redemptoris Mater. J’ai deux charges : d’une part l’évangélisation, avec le néocatéchuménat, et d’autre part la direction du séminaire. La communauté du Chemin néocatéchuménal a été fondée en Espagne vers 1960. L’idée de départ était que beaucoup de personnes sont baptisées, mais que peu ont une foi adulte. Elles ont besoin d’une initiation chrétienne. D’où le nom de « catéchuménat », parce que c’est un chemin, et de « néo- », parce qu’il s’adresse aussi à des gens déjà baptisés. Les participants, essentiellement des laïcs, forment une communauté se réunissant deux fois par semaine et partageant des temps de prière, d’approfondissement et de discernement. A côté, chacun vit chez soi et poursuit ses activités habituelles. Une caractéristique du chrétien, c’est d’aimer ses ennemis. Mais d’habitude, on aime ses amis, pas ses ennemis. Dieu vient guérir cela, mais on a besoin de le découvrir petit à petit : la catéchèse est un chemin pour permettre aux gens de grandir dans la foi.

Quant au Séminaire diocésain missionnaire, il a été fondé par Mgr Morerod en juin 2018. Actuellement, quatre jeunes gens y sont en formation en vue de devenir prêtres, et d’autres sont encore dans des démarches pour y entrer, en provenance de différents pays. 

En regardant ma vie, en considérant ma propre expérience, je vois que rien n’est jamais perdu. Dieu peut faire rejaillir la vie. J’avais perdu la foi, donc je gaspillais ma vie. Dans un sens, j’étais mort, au sens spirituel du terme. De la mort existentielle où j’étais, Dieu a fait quelque chose de plus vivant. J’avais perdu la foi progressivement. Je l’ai retrouvée en un instant : le sens de ma vie, c’est Jésus-Christ ; sa réponse, c’est : « Je t’aime ».

Biographie

Pierre Hoarau est français, prêtre du diocèse d’Avignon. Il a grandi du côté de Montpellier. Puis, dans le cadre de ses études en Histoire, il a passé une année en Afrique. Après son retour, il est entré en tant que laïc dans la communauté du Chemin néocatéchuménal. Quelques années plus tard, il est devenu séminariste et a été ordonné prêtre. Actuellement, il est à Fribourg en tant que prêtre fidei donum, c’est-à-dire prêté par son diocèse d’origine, pour diriger le Séminaire diocésain missionnaire Redemptoris Mater à Givisiez.

La sainteté pour tous

«La sainteté pour tous selon le pape François»: tel était le thème de la conférence donnée par l’abbé François-Xavier Amherdt mardi 15 janvier dans la grande salle de la Colombière. L’occasion, en se penchant sur l’exhortation apostolique «Gaudete et exsultate», de prendre conscience que la sainteté est accessible à tous. 

Par Geneviève de Simone-Cornet
Photo: Olivier Cazelles
Ils étaient une trentaine, mardi 15 janvier, à avoir rejoint la grande salle de la Colombière pour écouter l’abbé François-Xavier Amherdt, professeur de théologie à l’Université de Fribourg, expliquer l’exhortation apostolique du pape François « Gaudete et exsultate » sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel. « Gaudete et exsultate », « Réjouissez-vous et soyez dans la joie », a été publiée par le pape le 19 mars 2018 après « La joie de l’Evangile » (« Evangelii gaudium ») en 2013, « La joie de l’amour » (« Amoris laetitia ») en 2016 et « La joie de la vérité » (« Veritatis gaudium ») en 2017.

Le fil rouge de ces documents ? La joie, a dit le conférencier en ouverture, une joie qui caractérise le pontificat de François avec la miséricorde – rappelons-nous l’année de la miséricorde, en 2015 – et le dialogue œcuménique et interreligieux – avec notamment la visite du souverain pontife au Conseil œcuménique des Eglises à Genève le 21 juin 2018. La joie est « une des trois notes de l’accord fondamental que le pape propose pour l’harmonie de l’Eglise ».

Tous saints

La joie, a poursuivi l’abbé Amherdt, est une des cinq caractéristiques de la sainteté avec la patience (endurance et douceur), l’audace (et la ferveur), le partage communautaire et la prière constante – « Le saint est une personne dotée d’un esprit de prière qui a besoin de communiquer avec Dieu ». La joie est aussi teintée du sens de l’humour, car « un saint triste est un triste saint ». Elle est « surnaturelle, une sérénité remplie d’espérance. Ne tirons pas des faces de carême sans Résurrection ». Vivons-la « dans la souplesse, sans compliquer les choses, dans l’allégresse de l’amour fraternel ».

Bonne nouvelle : nous sommes tous appelés à la sainteté, à devenir « des amis de Dieu qui se laissent contaminer par la bienveillance du Seigneur et permettent à la lumière divine de se refléter sur leurs visages et de rayonner à travers eux ». Comme la Fribourgeoise Marguerite Bays, dont le pape a autorisé par décret la canonisation en ce jour. C’est la vocation de tout baptisé, « la réalisation normale du baptême et de notre sacerdoce baptismal » : « Pas de VIP de la sainteté, pas de prérogatives ». Car « chacun apporte sa couleur propre et son charisme est indispensable, comme dans un vitrail, à l’Eglise et au monde ». Au cœur de ses engagements quotidiens : au travail, en famille, en paroisse.

Deux clés

Mais comment vivre la sainteté dans la vie de tous les jours ? Pour cela, François donne deux clés: l’humilité et la simplicité, pour éviter les pièges du pélagianisme (se sauver par ses propres forces) et le gnosticisme (se sauver par son savoir).

Soyons humbles comme le publicain, ne tirons pas gloire de nos propres œuvres, mais laissons agir la grâce de Dieu en nous en reconnaissant nos limites : « Dieu me prend tel que je suis et il agit à travers mes limites, mes failles et mes blessures, qui sont tendresse de Dieu ». Soyons simples : « Pas d’intellectualisme désincarné ni d’élitisme », car « Dieu est surprise, il ne se laisse pas enfermer dans des concepts ni des savoirs, il est plus grand que nous ». Et puis, la sainteté et aussi celle du voisin de palier, de celui, de celle que l’on croise tous les jours : elle est plus fréquente que nous le pensons, et il existe « une classe moyenne de la sainteté ».

Le grand critère

Comment devenir saint ? Pour le pape, en vivant au quotidien les Béatitudes, ces «déclarations de bonheur à contre-courant du monde»; en pratiquant la charité par les œuvres de miséricorde : c’est « l’amour en actes, pas les idéologies », et c’est « le grand critère, qui n’est pas facultatif ».

Pour cela, ne pas baisser la garde, rester vigilant, prendre les armes de la foi : la prière, la Parole de Dieu, les sacrements, les œuvres de bonté, la vie communautaire, l’engagement missionnaire. Et discerner, user de ce « don surnaturel de savoir choisir entre les bons et les mauvais esprits ». Etre saint, c’est aussi avancer sans peur, dans la confiance. Et entrer dans la logique du don, qui ne fait pas l’économie de la croix. « Laissons-nous désinstaller ! », a lancé l’abbé Amherdt. Ajoutant : « Etre saint, ce n’est pas être parfait tout le temps. C’est se retourner vers Dieu lorsqu’on est fragile. Et laisser des failles pour que Dieu puisse agir en nous. »

Implications pastorales

En conclusion, l’abbé Amherdt a mentionné quelques implications pastorales développées dans « Gaudete et exsultate ». Il importe de pratiquer ce que Jean-Paul II appelait une « pédagogie de la sainteté » : une catéchèse, une éthique, un témoignage basés non sur les interdits et les obligations, mais sur le désir et l’appel. Et de proposer une morale du bonheur qui conjugue les Béatitudes et les œuvres de miséricorde.

L’appel à la sainteté résonne au cœur de nos communautés : faisons d’elles des écoles de spiritualité où apprendre à prier et à mettre la relation au Christ au centre de l’existence. Adoptons un style évangélique et une animation biblique de la pastorale. Soignons la vie communautaire en multipliant les rassemblements et en valorisant tous les états de vie et les ministères. Enfin, soyons attentifs aux plus pauvres, qui sont visage de Dieu, et allons aux périphéries puisque lui-même « s’est fait périphérie » : « … si nous osons aller aux périphéries, nous l’y trouverons, il y sera. Jésus nous devance dans le cœur de ce frère, dans sa chair blessée, dans sa vie opprimée, dans son âme obscurcie. Il y est déjà ».

Jeff Roux à l’Hôtel-Dieu

L’Accueil Hôtel-Dieu et le Service Diocésain de la Diaconie

Texte par Jeff Roux
Photo: l’Hôtel-Dieu Midi à l’Accueil Hôtel-Dieu de Sion : comme chaque jour, entre 30 et 40 personnes sont là pour manger et pour rencontrer d’autres personnes. Un repas chaud, soupe-salade-plat principal-dessert-café, leur est servi pour 5 francs ou contre l’échange d’un bon.
Le bouquet de fleurs des convives est constitué de quelques grands-mamans, de papas qui ont vécu des divorces, de gens du voyage, d’anciens détenus, de personnes au social ou à l’AI, de quelques personnes ayant des addictions, de sans logement, de bénévoles et de monsieur et madame tout le monde, vous et moi.
Tous ces horizons forment, l’espace d’un moment, une famille peu banale.

Ce qui frappe dans les itinéraires de chacun, c’est la rapidité à laquelle une personne peut se retrouver dans une situation de précarité et la difficulté d’en sortir.
La pauvreté est due à plusieurs facteurs qui se combinent : permis de séjour, emploi, dette, poursuite, fragilités physiques ou psychologiques, lourdeurs administratives… Il faut alors tout un processus pour qu’une personne retrouve la confiance en elle et une place dans la société.

Dans cette réalité plus complexe qu’auparavant, le diocèse de Sion a créé en 2017 un Service Diocésain de la Diaconie (SDD) – service du Pauvre ; du Frère ; ou de la Solidarité – pour stimuler notre envie de rejoindre ceux qui sont au bord des routes. 

Le SDD est un acteur parmi d’autres, étatiques ou privés, qui se met au service des défavorisés. Son travail est de créer un réseau avec les différents intervenants sociaux pour créer des synergies nouvelles et trouver des réponses adaptées aux défis de notre temps.
Le Service a aussi à cœur de redonner un élan diaconal à tous les baptisés du diocèse, pour que la solidarité ne soit pas l’affaire de quelques spécialistes, mais un style de vie chrétien basé sur des valeurs de gratuité, de partage et de simplicité.

Faire tout ce qu’on peut pour que la vie de chacun soit belle est une chance. Mais plus encore : l’autre jour, un des bénévoles confiait : « J’ai découvert que dans chaque personne, il y a de la Lumière. » Le service du frère est un lieu bouleversant où l’on rencontre le Christ et où l’on découvre que plus on donne de la joie, plus on est joyeux et en paix. 

Faire un don à l’Accueil Hôtel-Dieu ?

Accueil Hôtel-Dieu
accueilhoteldieu@gmail.com
IBAN: CH06 8057 2000 0105 8615 4
(Accueil Hôtel-Dieu, Gare 14, 1950 Sion, Banque Raiffeisen Sion-Région) 

Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial
LinkedIn
Share
WhatsApp