Le nouveau calendrier interreligieux est disponible

Calendrier des religions 2018 / 2019: «Naître et grandir – Rites de passage»

Photo: Editions AgoraLe calendrier des religions 2018-2019 vous invite, en texte et en images, à découvrir les rites de passage qui marquent les étapes essentielles de l’enfance et de l’adolescence. Agrémenté de splendides photos, le calendrier court sur 16 mois (septembre 2018 à décembre 2019) et s’ouvre sur une double page présentant le thème de manière à la fois synthétique et accessible. 

Et, nouveauté, vous trouverez en fin de publication une série d’articles, rédigés par d’éminents spécialistes, qui décrivent en détail les 16 photos du calendrier : un voyage captivant au cœur des cérémonies religieuses dédiées aux nouveau-nés, aux enfants et aux adolescents. Pour qui voudrait retrouver les thèmes explorés ces dernières années, découvrir diverses ressources pédagogiques ou consulter les dates des fêtes à venir (mois par mois ou par tradition), rendez-vous sur le site internet du calendrier, disponible en français et en allemand (contenus accessibles via un code personnel fourni à l’achat du calendrier).

Prix pour le calendrier et l’accès au site internet : Fr. 15.– (+ frais d’envoi) / dès 10 ex., Fr. 12.– / dès 50 ex., Fr. 10.–. 

Pour commander : calendrier@interreligieux.ch

La jeunesse du secteur des Deux-Rives

Texte et photo par Jeff Roux7_photojeunesQui sommes-nous me demanderez-vous ? Eh bien, nous sommes jeunes et nous nous rencontrons une fois par mois pour partager des moments d’amitié et de foi dans une ambiance conviviale et positive. 

Notre journée commence par une visite à nos amis les réfugiés du « Temps de vivre ». Echanges, rencontres, sourires et petites douceurs y sont proposés afin de se rassembler et de passer de beaux moments ensemble, dans le respect et la tolérance.

Ensuite, nous nous rendons à la messe de Fully durant laquelle nous participons aux lectures. Le chœur Flamme est là et leurs chants nous réjouissent.

Une fois la messe terminée, nous partageons un repas en toute simplicité. Chaque soirée est l’occasion de nous poser des questions et de grandir ensemble. Lors de notre première soirée, chacun a pu dire : « Qui est Jésus pour moi ? » Ce temps est propice au partage et à la bonne humeur. Il permet à chacun de s’exprimer en toute liberté sans crainte de jugement. Voici quelques perles de notre échange : « Il m’a sauvé quand j’étais tout en bas », « Il est un ami à qui je peux tout dire », « Il est tellement lumineux que j’ai peur d’aller trop vite vers lui »,… 

Une fois le ventre et l’esprit ressourcés, place à la Louange avec la guitare et les chants. C’est un moment où l’important n’est pas la qualité vocale mais d’ouvrir notre cœur à fond !

Alors si vous êtes jeunes et en quête de spiritualité, d’échanges et de bonne ambiance, nous nous réjouissons de vous accueillir lors de nos prochaines journées.

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Les symboles dans la célébration des funérailles chrétiennes

Texte par Véronique Denis
Photos: Sandrine-Marie Thurre(-Métrailler), Jean-Louis Donzallaz
La mort fait partie de toute vie, car elle met fin à la vie terrestre. Elle est parfois attendue comme une délivrance ; elle peut bouleverser quand elle surgit à l’improviste ; elle désorganise la vie de celles et ceux qui restent. La mort ne laisse personne indifférent.

Le chrétien est invité à vivre la mort non comme une disparition ou une rupture, mais comme un passage vers la vie éternelle à la suite du Christ qui est mort et ressuscité. Jésus lui-même a souffert sa passion, il est ressuscité et il nous entraîne à sa suite vers la Vie qui ne finit pas : telle est l’espérance du chrétien. La mort et la résurrection du Christ ouvrent une perspective de salut pour tous.

La liturgie des funérailles chrétiennes reprend les principaux symboles de la célébration du baptême : la lumière, le signe de la croix, le vêtement liturgique, l’eau et l’encens. L’Eglise ne célèbre donc pas la mort, mais le passage vers la Vie. La Parole de Dieu, au centre de la célébration, va aider la famille du défunt et la communauté rassemblée à relire l’existence terrestre du défunt pour y découvrir les traces de Dieu et les signes de son amour.

Le cierge pascal et la croix (cf. fête de la confirmation diocésaine au CERM).
Le cierge pascal et la croix (cf. fête de la confirmation diocésaine au CERM).

La lumière
Avant le début de la célébration, le cierge pascal est allumé. D’autres cierges, plus petits, sont disposés autour du cercueil. Au début de la célébration, le célébrant communique aux membres de la famille la lumière au cierge pascal pour allumer les plus petits cierges. Ce geste rappelle la lumière du Christ qui a vaincu la mort et les ténèbres. Désormais se lève sur le défunt la clarté du Sauveur vivant et ressuscité.

La croix
La croix nous rappelle le don d’amour de Jésus. Celle-ci est déposée près du cercueil. Le signe de la croix, fait sur le front du baptisé le jour de son baptême, rappelle au moment du grand passage, cet immense amour de Jésus pour le salut de tous.

Le vêtement liturgique
Pour un prêtre ou un diacre, on dépose sur le cercueil l’aube et l’étole. L’aube est signe de vie et de joie, l’étole est le symbole de rassemblement pour le partage de la Parole et du Pain.

L’eau
L’aspersion rappelle que nous sommes introduits dans la vie éternelle par le baptême. Ce geste est un geste de bénédiction. Voici les paroles prononcées par le célébrant : « En signe de cette foi en la résurrection, je bénis ce corps : au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Dans un geste de dernier adieu, chacun est invité ensuite à tracer sur le défunt le signe de la croix avec l’eau qui rappelle le baptême. »

Bénir signifie « dire du bien » : dire du bien de nous et dire du bien sur la vie du défunt. Tel est le sens du geste accompli par tous ceux qui s’approchent du défunt.

L’encens
L’encensement honore le corps du défunt en tant que temple de l’Esprit Saint. Dans la liturgie, on encense ce qui est signe de la présence de Dieu : l’autel, la croix, le Saint Sacrement, l’Evangile, les offrandes pour l’eucharistie, ainsi que les ministres liturgiques et les fidèles rassemblés. Ce geste est double : d’une part, l’encens est le symbole de notre prière qui monte vers Dieu ; d’autre part, c’est un geste de respect envers le défunt.

Un voyage à Hahotoe…

Par Karin Ducret
Photos: Pascal Voide 
L’abbé Joël, qui est, comme vous le savez, originaire du Togo, accompagné de notre président du Conseil de paroisse, Pascal Voide, et notre collaboratrice en catéchèse, Sabrina Faraone, est parti le 30 juillet de Lomé à Hahotoe pour apporter à sa communauté paroissiale Saint-Joseph l’Artisan, le produit de notre « Partage de Noël 2017 », à savoir Fr. 5588.–.

Ce cadeau des paroissiens et paroissiennes de Chêne-Thônex, ainsi que de la paroisse protestante de Chêne, a permis de débuter la construction d’une école pour deux classes de maternelle. L’abbé Joël, Sabrina et Pascal ont ainsi pu participer à la pose  de la « Première Pierre ». Le Père Flavien Adékpoé a béni ce début de construction qui avance à toute vitesse. Les fondations ont été terminées à fin août. Voici quelques photos de cet événement.

Réponse d’un évêque à Victor Chappuis

logo_synode4En vue du Synode des jeunes qui se tiendra à l’automne 2018, le Pape invite nos jeunes à poser les questions qui les habitent.

Par Vincent Lafargue
Photos: LDD, DRsynodeVictor Chappuis, 22 ans, habitant Genève et entrant en 4e an­née de médecine, a posé plusieurs questions à nos autorités ecclésiales. Mgr Alain de Raemy a retenu celle-ci à laquelle il souhaite répondre :

Une question plutôt personnelle pour notre évêque des jeunes : n’a-t-il jamais voulu fonder une famille ? Continuer l’œuvre du Seigneur en donnant la vie ?

L’évêque des jeunes, Mgr Alain de Raemy répond ainsi:

alain-de-raemyCher Victor,

Fonder une famille. D’après les sondages les plus récents, ce projet de vie garderait tout son attrait. Il reste le rêve d’une grande majorité. Comment aurais-je la prétention de faire exception ! Et pourtant.

J’ai grandi entouré de trois femmes : ma maman et mes deux sœurs, une aînée, l’autre cadette (j’ai bien entendu aussi un père et également un petit frère !). Et il y eut toutes ces jolies filles des écoles mixtes, primaire et secondaire, de cette grande ville sans tabous qu’est Barcelone. Et puis ce fut l’internat en Suisse allemande (de 14 à 19 ans), sans filles en pension, mais quand même une en classe. Ce qui n’empêchait pas d’avoir des contacts à l’extérieur, et à moi de recevoir la visite de Béatrice, une ancienne camarade d’école à Barcelone. Et enfin l’école de recrues, avec les sorties en soirée. Occasion de rencontrer Geneviève, qui m’envoya sa photo. Et une année en faculté de droit à Zurich. Toujours en contact avec Béatrice. Voilà en très, très gros traits, le parcours du jeune adolescent que j’étais au jeune adulte que je devenais.

Et pourtant, ce n’est pas la fondation d’une famille qui me titillait le plus. Je voulais, je devais comprendre pourquoi, l’architecture et le droit ayant finalement été mis de côté, j’avais pour la théologie un tel d’attrait. Qu’est-ce qui se passait en moi, pour être aussi « obsédé » par une envie d’être prêtre, dont aucun exemple ne m’était familier…

En apprenant ensuite à connaître Jésus, en fréquentant les écrits de ses évangélistes, en me confrontant à d’autres jeunes hommes « appelés » et à des jeunes filles amies et confidentes, j’ai peu à peu compris que la manière de vivre de Jésus, déjà incompréhensible à sa culture et à son temps, où seule la fécondité physique était perçue comme bénédiction, que cette manière pouvait devenir la mienne. Je ne l’ai jamais regretté. C’est aussi un combat de fidélité, un peu comme dans le mariage. Mais je continue à y croire. Et j’espère être fécond, Dieu aidant. Mais autrement.

+ Alain de Raemy, l’évêque des jeunes

Violences et religions

Analyse des discours religieux sur la violence
(espace euro-méditerranéen)

Photo: Décideurs MagazineIl s’agit d’un MOOC (Massive Open On-Line Course – cours gratuit sur Internet) de l’UNIGE.

25 spécialistes, de niveau international, exposent en termes simples l’un des problèmes cruciaux de notre temps et analysent dans une perspective historique les relations entre violences et religions. L’objectif principal est de démonter les idées reçues (comme « les religions exacerbent la violence », « l’islam est par nature violent », « le christianisme a été dans l’ensemble une religion non violente »…), de donner des informations fiables et de proposer des outils de réflexion.

Présentation
Conception : prof. Michel Grandjean, Faculté de théologie (michel.grandjean@unige.ch).

Coordination : Dr Leïla Tauil El Bachiri, Faculté des lettres ; Sandrine Landeau, Faculté de théologie (sandrine.landeau@unige.ch).

Langues : les 90% des séquences sont enregistrées en français, les autres étant enregistrées en arabe. Toutes les séquences sont sous-titrées en français et en arabe ; documents complémentaires en français.

Dimension : env. 10 heures d’enseignement vidéo, réparties en
6 semaines de cours (une dizaine de séquences de 10-12 minutes par semaine).

Inscriptions
Modalités d’inscription : inscription ouverte à toute personne intéressée (https://www.coursera.org/).

Prix : l’inscription est gratuite et permet d’accéder à l’ensemble du cours, aux QCM d’évaluation et aux documents complémentaires.

Certification : un certificat attestant de la réussite du MOOC (réponses correctes aux QCM  notamment) est fourni par Coursera contre paiement d’un émolument dont le montant peut aller jusqu’à $ 49 (prix actuel valable pour l’Europe et les Etats-Unis ; cet émolument est moins élevé pour l’Afrique et l’Asie).

1re semaine : méthode, principes, origines
La violence et la guerre dans la Bible, le christianisme primitif face à la violence, la « guerre juste », la violence dans le Coran, approches diverses de la sourate  9 (justification du jihâd armé). 10 séquences d’enseignement.

2e semaine : la chrétienté médiévale
La christianisation de l’Europe, la sacralisation de la guerre, les croisades, les ambiguïtés de Bernard de Clairvaux, la répression des hérésies médiévales et ses justifications théologiques, les plaidoyers médiévaux pour la non-violence, les juifs dans l’Occident médiéval. 9 séquences d’enseignement.

3e semaine : l’islam médiéval et moderne
La période des quatre premiers califes, les conquêtes arabo-musulmanes et l’islamisation du monde méditerranéen, Ibn Taymiyya et son Traité du jihâd, la doctrine de la guerre d’Ibn Khaldûn, la notion de grand et de petit jihâd, la théorie de la guerre et de la paix en islam, le statut des minorités religieuses. 8 séquences d’enseignement.

4e semaine : l’Europe moderne
Le Saint-Empire face à l’Empire ottoman au XVIe siècle, idéal apocalyptique et violences religieuses dans les années 1520, Castellion contre la violence religieuse, les guerres de religion en France et l’édit de Nantes, Baruch Spinoza et Pierre Bayle fondent la liberté de croire et de penser. 10 séquences d’enseignement.

5e semaine : l’islam du XVIIIe au XXe siècle
Le wahhabisme, le réformisme musulman, les Frères musulmans et les salafistes, la dimension religieuse du conflit israélo-arabe, la violence iconoclaste, la rhétorique apocalyptique de Daech, djihadisme et laïcisme, la liberté religieuse et la liberté de conscience dans le monde arabo-musulman. 10 séquences d’enseignement.

6e semaine : réflexions et défis d’aujourd’hui
Penseurs et témoins (Mohamed Arkoun, Abdelmajid Charfi, Christian de Chergé et les moines de Tibhirine), enjeux de la liberté de conscience aujourd’hui, philosophie et violence religieuse, l’action du CICR, l’ornithologie au service de la paix, les dénis mutuels islam-Occident, les religions sont-elles violentes, critiques pour relancer le dialogue entre religions. 11 séquences d’enseignement.

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Deux ennemis de la Sainteté

Par l’Abbé Giraud Pindi
Photo: DR
Dans son Encyclique Gaudete et exsultate, le pape François nous met en garde contre deux ennemis subtils de la sainteté : le gnosticisme et le pélagianisme. Deux hérésies antiques qui ressurgissent dans notre quotidien de façon préoccupante.

Le gnosticisme consiste en une foi enfermée dans le subjectivisme, où seule compte une expérience déterminée ou une série de raisonnements et de connaissances que l’on considère comme pouvant réconforter et éclairer, mais où le sujet reste en définitive fermé dans l’immanence de sa propre raison ou de ses sentiments. Les gnostiques jugent les autres par leur capacité à comprendre la profondeur de certaines doctrines. Ils croient que par leurs explications, ils peuvent rendre parfaitement compréhensibles toute la foi et tout l’Evangile. Ils absolutisent leurs propres théories et obligent les autres à se soumettre à leurs raisonnements. Ils considèrent que leur propre vision de la réalité représente la perfection. Saint Jean-Paul II mettait en garde ceux qui dans l’Eglise ont la chance d’une formation plus poussée contre la tentation de nourrir un certain sentiment de supériorité. C’est une « spiritualité désincarnée et vaniteuse » et sans émotion.

Selon l’enseignement de l’Eglise la perfection se mesure par son degré de charité et non pas la quantité des connaissances accumulées. On ne peut pas réduire l’enseignement de Jésus à une logique froide et dure. On ne peut pas prétendre définir là où Dieu ne se trouve pas, car il est présent mystérieusement dans la vie de toute personne. Il est dans la vie de chacun comme il veut, et nous ne pouvons pas le nier par nos supposées certitudes. Même quand l’existence d’une personne a été un désastre, détruite par les vices et les addictions, Dieu est dans sa vie. Si nous nous laissons guider par l’Esprit plus que par nos raisonnements, nous pouvons et devons chercher le Seigneur dans toute vie humaine. Saint François d’Assise percevait la tentation de transformer l’expérience chrétienne en un ensemble d’élucubrations mentales qui finissent par éloigner de la fraîcheur de l’Evangile. Saint Bonaventure faisait remarquer que la vraie sagesse chrétienne ne doit pas être séparée de la miséricorde envers le prochain.

Le pélagianisme, dans le prochain numéro…

Des gestes de résurrection (Jean 11)

Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR
Certes, la manière de faire de Jésus face à la mort de Lazare ne constitue pas un « modèle à appliquer tel quel » dans l’accompagnement du deuil. Le Rabbi attend notamment deux jours avant d’aller voir son ami malade (v. 6), alors que les deux sœurs de celui-ci avaient fait appeler le Christ en le suppliant de venir au chevet de leur frère (v. 3). En outre, Jésus affirme aux apôtres se réjouir de ne pas avoir été présent lorsque Lazare s’est éteint : c’est pour leur bien, afin qu’ils croient, ajoute-t-il (v. 15). Car il se situe sur un autre plan, celui de la maladie et du trépas destinés à manifester « la gloire du Père et la glorification du Fils » (v. 4). La mort en effet n’est pas la fin de tout, elle n’est qu’un repos dont le Christ nous réveillera, ainsi qu’il l’a fait pour le frère de Marthe et Marie (v. 11).

Il n’empêche : ceux qui cheminent avec les familles endeuillées sont appelés à poser, à toutes les étapes du deuil, avant, pendant et après la mort, des gestes et des paroles de résurrection :

– une présence réelle, auprès des proches et de la famille, au milieu des pleurs et de la tristesse (v. 17) ;

– une écoute attentive et discrète de la souffrance et des attentes, malgré les éventuels reproches (vv. 21.32) ;

– un désir de consoler, au sens étymologique du latin cum-solus, ne pas laisser seul (v. 28) ;

– une capacité d’entrer en empathie, de se laisser toucher aux entrailles et de pleurer avec ceux qui pleurent en signe de soutien et d’affection vraie (vv. 33.35) ;

– des signes concrets de proximité corporelle et spirituelle (vv. 38-39) ;

– un témoignage d’espérance à travers des paroles vraies, fortes et drues, exprimées
en « je », ouvrant des horizons de solidarité et de lumière (vv. 23.25.26.39.40.42-43).

Certes, nous n’avons pas la puissance remise par le Père au Fils de faire se lever les morts dans l’Esprit. Il n’en reste pas moins que la qualité humaine et la profondeur spirituelle de nos attitudes et de nos propos peuvent être d’une aide effective auprès des endeuillés ; ils nous le disent d’ailleurs : pendant la fin de vie, au moment du décès, lors de la rencontre avec la famille, au cours de la veillée funèbre, de la célébration et de la mise en terre, dans les semaines, les mois et les années qui suivent. Lorsque nous agissons et parlons en celui qui est la Résurrection (v. 25).

Dans l′intimité

Par le chanoine Calixte Dubosson
Photo: Jean-Claude Gadmer« Selon son désir le dernier adieu a eu lieu dans l’intimité de la famille. » Voici une phrase que l’on voit de plus en plus apparaître sur les faire-parts de décès. Si l’on veut jauger l’évolution des mentalités dans nos sociétés dites modernes, il n’y a pas meilleur endroit que les annonces nécrologiques. Jugez plutôt : une famille choisit la crémation, tout le monde suit à 90 %, l’une choisit les visites libres, tout le monde suit à 95 %, l’une met le nom des défunts dans les faire-parts, presque tout le monde se croit obligé d’en faire de même, l’une choisit l’intimité, on en est bientôt à 50 %, et déjà apparaissent ça et là les remerciements à l’Association Exit pour son aide au suicide. 

Que retirer de ce constat ? Au moins cela : en voulant s’affranchir des conformismes d’hier, on tombe dans d’autres, ceux que je viens de citer. C’était mieux avant ? Peut-être que non, mais je pose la question : quand donc les individus et les familles comprendront-ils que ce n’est pas seulement un de ses membres qui s’en va, mais aussi et surtout un membre d’une communauté, d’un village, d’un quartier, à qui on refuse la possibilité de dire au revoir en empêchant des rites séculaires tels que les honneurs ?

Un sourire contagieux…

Qui n’a jamais croisé le visage ensoleillé de Viviane? Drapée de son aube de servante de messe, j’ai fait sa connaissance au sortir d’une messe un beau dimanche d’été. J’ai été émerveillé par la joie qu’elle dégageait! L’idée de lui laisser la parole était née…

Propos recueillis par Pascal Tornay
Photos: Viviane Valentin, Marion Perraudinarticle-viviane-valentin-1Deuxième enfant d’une famille de cinq, Viviane Valentin a 17 ans et a toujours vécu à Martigny. En 1re année d’apprentissage de gestionnaire de commerce de détail, elle travaille à la Coop : « J’adore mon travail : que ce soit à travers le contact avec les clients ou mes collègues. J’aime ce que je fais et je me sens bien ! », affirme-t-elle. « Pendant mon temps libre j’aime écouter de la musique, dessiner, faire de l’équitation. Je suis d’une nature calme, et réservée », avoue-t-elle…

J’ai été touché par ton visage rayonnant. Qu’est-ce qui te donne cette joie ?
Assez étonnant d’entendre ça ! Ça me fait très plaisir. Pourtant je vis une période délicate. Cet été, j’ai dû me rendre à Malévoz : on m’a dit que j’étais en dépression ! C’est un mot qui fait peur… Je préfère me dire que ça ne va pas forcément au mieux, mais que je vais assez bien ! Je fais tout pour sortir de ce mauvais pas. J’ai confiance en moi, mais il faut du temps. Heureusement, je ne suis pas seule dans ce combat. Je peux compter sur mes amis qui sont comme de « bonnes étoiles » !

Servir la messe à un âge où beaucoup se sont éloignés des églises, n’est-ce pas difficile ?
Effectivement, ce n’est pas toujours facile. Actuellement, ça va, mais durant les années CO, c’était compliqué ! Beaucoup se moquaient de moi et de ma manière de vivre ma foi. Je n’ai pas lâché prise et me suis battue pour mes convictions. On peut ne pas comprendre ma situation, mais qu’on respecte au moins mes choix ! Pour moi, l’essentiel, c’est de prendre mes décisions et de m’y tenir.

Qu’est-ce qui te plaît dans cet engagement ?
C’est un combat en quelque sorte. Mais c’est si beau de voir que j’évolue. Je suis loin d’être parfaite et je fais des erreurs, mais l’essentiel n’est-ce pas de savoir se relever et d’éviter de refaire ces mêmes erreurs ?

Comment ta foi en Jésus est-elle née ?
Mes parents m’ont plongée dans l’univers spirituel dès mon plus jeune âge. Ils m’ont ensuite inscrite à un club chrétien pour que je puisse progresser et trouver les réponses à mes questions.

Quels regards portent tes amis sur ta manière de vivre ?
Certains me comprennent et me soutiennent, d’autres n’arrivent pas à respecter mes choix.

Quels sont les défis auxquels tu dois faire face ces temps-ci ?
Il faut me battre avec cette maladie ! Je dois faire de mon mieux au travail et à l’école et préparer mon avenir.

Comment vois-tu ton avenir ?
Je me vois bien vivre avec mon copain dans un chalet en montagne loin de la foule ! J’aimerais bien être animatrice radio par la suite. J’aimerais aussi fonder une famille avec l’homme qui partage ma vie. Je rêve de guérir de cette dépression et de me faire pardonner des personnes que j’aurais pu décevoir.

Qu’aimerais-tu changer dans le monde actuel ?
Je souhaite que chacun soit plus ouvert d’esprit, que chacun respecte la façon de voir des autres. Evidemment, il ne s’agit pas d’être tous d’accord, mais j’attendrais de certains qu’ils mûrissent, qu’ils cessent de critiquer et de se moquer des choix de vie d’autrui.

On ne peut que t’encourager, chère Viviane, dans tes projets de vie. Que le Seigneur lui-même te conduise sur tous tes chemins ! Merci…

Thérèse, notre sainte patronne

Photos: Renzo Elvironi Non, non, restez avec nous. Cette année pas de photo du repas paroissial, pas de discours sur la convivialité de cet événement. Elle n’est certes pas absente de notre manière de fêter notre sainte patronne, mais je voudrais, cette année, vous emmener sur d’autres chemins.

Accompagnés par les grands moments de cette célébration mis en images, ouvrons la fenêtre et découvrons ce que nous pourrions faire de plus cette année pour célébrer la petite Thérèse (certains d’entre vous n’aime pas ce qualificatif, mais c’est celui qui exprime le mieux sa proximité).

Une belle neuvaine nous est offerte par le sanctuaire de Lisieux :

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus
Toi qui t’es laissé séduire et transformer
Par le regard divin et la croix du Sauveur
Puisses-tu m’aider à obtenir la grâce
De porter un regard neuf sur Dieu,
sur Jésus,
sur mes frères et sœurs
et sur tous les événements de mon quotidien. <
Amen !

La chaîne de télévision catholique française KTO nous propose pour sa part un concert-veillée pour redécouvrir à travers les œuvres d’un collectif d’artistes son histoire, ses écrits et son intuition.

Sans oublier la relecture de ses fameux textes, comme « l’Histoire d’une Ame », ses prières et ses poèmes. Plus encore, nous pouvons accepter et remplir notre mission de chrétien : témoigner.

Afin que la pluie de roses de Thérèse submerge cette pauvre planète.

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En fête à Bonmont

La fête de l’unité pastorale à l’abbaye de Bonmont, dimanche 2 septembre, était placée sous le signe de «L’amour entre générations». Elle marquait la clôture de deux années de célébration de la famille et le lancement de l’année pastorale 2018-2019, consacrée au bénévolat.

Par Geneviève de Simone-Cornet
Photos: André Bourqui
En ce dimanche 2 septembre, ils étaient nombreux, les paroissiens de l’unité pastorale Nyon-Terre Sainte (UP) à s’être rendus à l’abbaye de Bonmont pour ouvrir l’année pastorale. Ils ont convergé des communautés de Nyon, Gland, Crassier, Begnins, Saint-Cergue et Founex, rejoints par les communautés linguistiques portugaise et espagnole, pour vivre une célébration axée sur la famille et tournée vers le bénévolat.

L’arc-en-ciel des générations
Depuis deux ans, répondant à l’appel du pape François dans « Amoris laetitia », « La joie de l’amour », exhortation apostolique sur la joie de l’amour dans la famille, l’UP a orienté sa pastorale sur l’attention aux familles. « Cette célébration a permis de mettre en avant la couleur particulière que chaque tranche d’âge apporte à la vie de nos familles et de l’Eglise : comme l’arc-en-ciel qui resplendit par la diversité de ses couleurs, chaque génération contribue à notre épanouissement », a dit Marie-Agnès de Matteo dans son mot d’accueil. Cette messe de reprise a permis de reconnaître la spontanéité des enfants, l’engagement des parents et la sagesse des anciens. Elle a célébré l’innocence, la jovialité, l’audace, l’engagement, la fidélité et l’espérance en paroles et en musique avec la chorale de Founex, la Schola grégorienne de Nyon, hommes et femmes, l’orgue et la trompette.

Chaque communauté avait aussi préparé un panneau relatant les événements marquants de l’année avec un accent sur le travail accompli pour rassembler et accompagner les familles : une belle diversité de couleurs et d’engagements.

Des chrétiens joyeux
« Nous sommes ici pour manifester notre joie d’être chrétiens et offrir la nouvelle année pastorale à Dieu qui attend que nous lui ouvrions nos cœurs afin qu’elle soit une année de bienfaits et de louange. Que la paix de Dieu habite nos familles, que sa tendresse anime nos communautés », a dit l’abbé Giraud Pindi, curé modérateur, en ouverture. Les générations se sont donné la main pour animer la célébration, chacune avec une écharpe de couleur différente, le tout formant un arc-en-ciel.

Dans son homélie, l’abbé Pindi a rappelé combien les deux dernières années pastorales ont permis de découvrir et de mettre en lumière les valeurs de la famille et ont été l’occasion de rencontres, notamment à travers des journées des familles : « Autant de moments de partage qui ont fortifié nos communautés, ces associations de familles ».

Conjuguer nos dons
Pour ouvrir l’année pastorale, il a affirmé que « nos communautés ne peuvent vivre sans le bénévolat, la joie de s’engager ». Chacun est appelé à « mettre ses dons au service de la communauté pour l’enrichir. Nous avons besoin de vos mains, de vos cerveaux, de vos cœurs ». Que ces engagements, a-t-il ajouté, « s’enracinent dans la méditation et la prière, qui seront au cœur de cette nouvelle année pastorale : pour cela, nous devons nous remettre entre les mains de Dieu ».

En écho à « Gaudete et exsultate », l’exhortation apostolique de François sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel, le curé modérateur a exhorté chacun : « L’Eglise a besoin de chrétiens, de prêtres et d’évêques saints. Nous sommes appelés à former une communauté de saints, et la sainteté passe par la prière. Et nous devons être des femmes et des hommes de foi, car la foi nous fait avancer en dépit des épreuves : pédophilie dans l’Eglise, pauvreté, chômage,… Mettant en pratique la Parole de Dieu, nous fortifierons notre foi pour traverser les épreuves ».

Enfin, il a souhaité à chacun une année pastorale « où Dieu l’aide à tenir fermement dans la foi. Que l’amour soutienne nos vies, nos familles et nos communautés. Et encourageons les jeunes par nos conseils et nos exemples : ils sont l’avenir de notre UP ».

A l’issue de la messe, un apéritif et un repas servis dans la salle communale de Chéserex et offerts par les paroisses de l’UP ont réuni les participants pour un moment de convivialité.

Les panneaux des communautés ont été appréciés.
Les panneaux des communautés ont été appréciés.

Dans l′intimité

Par le chanoine Calixte dubosson
Photo: Jean-Claude Gadmer
« Selon son désir le dernier adieu a eu lieu dans l’intimité de la famille. » Voici une phrase que l’on voit de plus en plus apparaître sur les faire-parts de décès. Si l’on veut jauger l’évolution des mentalités dans nos sociétés dites modernes, il n’y a pas meilleur endroit que les annonces nécrologiques. Jugez plutôt : une famille choisit la crémation, tout le monde suit à 90 %, l’une choisit les visites libres, tout le monde suit à 95 %, l’une met le nom des défunts dans les faire-parts, presque tout le monde se croit obligé d’en faire de même, l’une choisit l’intimité, on en est bientôt à 50 %, et déjà apparaissent ça et là les remerciements à l’Association Exit pour son aide au suicide. 

Que retirer de ce constat ? Au moins cela : en voulant s’affranchir des conformismes d’hier, on tombe dans d’autres, ceux que je viens de citer. C’était mieux avant ? Peut-être que non, mais je pose la question : quand donc les individus et les familles comprendront-ils que ce n’est pas seulement un de ses membres qui s’en va, mais aussi et surtout un membre d’une communauté, d’un village, d’un quartier, à qui on refuse la possibilité de dire au revoir en empêchant des rites séculaires tels que les honneurs ?

Un phénomène aussi nouveau que rapide s’est fait jour dans la manière de célébrer le départ de nos défunts : ce sont les cérémonies dans l’intimité. Mode passagère ou signe de l’évolution des mentalités qui va toujours plus vers l’éclosion d’un individu qui décide de tout jusqu’au dernier souffle ?

Service funéraire

Je suis allée à la rencontre de Raymond Ançay sur les hauts de Fully afin qu’il m’explique en quoi consiste le service funéraire et ce qui l’a poussé vers cet engagement.

Texte par Alessandra Arlettaz
Photo: Raymond Ançay
Il y a plusieurs années, Raymond a décidé de se reconvertir et de travailler dans le service funéraire. Cela s’est décidé lorsqu’un oncle qui faisait ce métier est devenu extrêmement malade et que son épouse s’est tournée vers lui pour lui demander de se charger de ce service auprès des défunts et de leurs familles. Ramyond me confie que toute sa vie il a eu le désir de « soigner », de se mettre « au service de l’autre ». Cependant, étant l’aîné d’une grande famille, il n’a pas eu l’occasion de se former dans cette branche.

Il y a une vingtaine d’années, après un trop-plein professionnel, il a osé changer de profession pour devenir masseur spécialisé puis, grâce à ce premier changement, il s’est dirigé vers le service funéraire.

Il le fait en tant qu’indépendant car pour lui ceci est une condition sine qua non à cet engagement. Chaque famille mérite que l’on soit disponible à 100% pour s’occuper de son défunt. Pour Raymond, c’est une des choses essentielles qu’il veut donner à son service, car chaque décès est différent, chaque famille est différente. 

Ce travail doit être un SERVICE avant TOUT, car l’attitude à adopter doit être spécifique à chaque type de décès : naturel, personne âgée / accidentel ou tragique / enfant, adulte / maladie grave / décès subit / bébé (chaque décès touche l’agent funéraire mais ceux concernant les bébés lui sont particulièrement éprouvants) / suicide, suicide assisté (c’est alors la police juridique qui prend contact avec lui).

Parfois Raymond est contraint de faire « attendre » les soins au défunt pour pouvoir s’occuper de la famille ; prendre le temps avec elle tout en la bousculant en douceur afin de prendre les décisions les plus pressantes. En effet, lui est là pour le défunt… Cependant, il y a parfois des impondérables… Par exemple lorsqu’une famille veut faire les choses tranquillement mais que la température climatique élevée pose un problème sanitaire par rapport au défunt… Il faut donc pouvoir le déplacer très rapidement. Dans d’autres circonstances, des décisions ou attitudes délicates et/ou urgentes sont à prendre, etc.

Il me redit qu’il est très important qu’il puisse vraiment prendre du temps avec la famille afin de pouvoir offrir un service différencié…

Si la famille n’est pas « religieuse », il convient de respecter ses souhaits. Dans ce cas, il désire faire le maximum pour donner encore plus d’attention à l’accueil, à la toilette du défunt, etc. 

Si la famille est « religieuse », on peut proposer de prier un instant ensemble, précise-t-il. Le plus souvent, la prière permet d’apaiser les émotions, les tensions, etc.

Quand la situation paraît difficile, Raymond confie, intérieurement, à saint Joseph le défunt et sa famille. Il témoigne que ce dernier l’a toujours aidé.

C’est un métier qui demande de la souplesse car malgré le canevas habituel, il lui faut faire place aux impondérables et être rapidement disponible. Dans sa famille, chacun sait qu’il peut être appelé à tout moment, malgré les aléas quotidiens (autre travail, occupation, assemblée, repas de famille, etc.).

Pour accomplir ce service il se dit heureux d’avoir la foi, d’avoir pu côtoyer la mort et eu la chance d’accompagner des personnes proches ou parentes, en fin de vie. Il n’a pas peur de devoir faire face à la souffrance des autres.

La compassion est aussi une des clefs de son « service » et doit se concrétiser dans les gestes de la préparation du défunt : soigner la toilette du défunt, la présentation de ce dernier, sa mise en valeur dans le cercueil… afin que, lors de la veillée à la crypte, on puisse retrouver le mieux possible la personne que l’on a connue. 

Parfois c’est plus difficile à gérer. Par exemple lors de la veillée, il faut savoir que, tout en étant à la fois une rencontre de parents et connaissances, pour quelques membres de la famille au moins, c’est aussi un moment de recueillement souhaité.

Il sait que l’engagement de l’agent funéraire ne finit pas avec la cérémonie de sépulture. Il faut rester très disponible auprès des familles en deuil pour des choses « post-cérémonie » et pour d’autres questions diverses : dépôt et/ou bénédiction de l’urne, soucis de marbrerie, de columbarium, de remerciements, etc. Tant d’autres questions… en attente de réponses.

Il conclut en disant que c’est un métier très intéressant car chaque fois c’est différent, éducatif et enrichissant. En effet, on entre dans l’intimité des familles, de leurs chemins, de leurs soucis… et ceci l’aide à s’améliorer, sans cesse. Le plus souvent avec les familles, plus on est simple et plus les choses se font facilement.

« Par expérience je te remercie, Raymond, de ce que tu fais par ta présence et ton engagement. Cela m’a aidée à traverser des moments douloureux. »

Les apôtres de Donatyre

Par Pascal Bovet
Photo : Jean-Claude Gadmer
Ils sont discrets, sérieux, alignés en demi-cercle, debout sous le Christ trônant  sur l’univers.

Les 12 apôtres de la tradition chrétienne sont souvent représentés, et on en trouve une belle réalisation du siècle dernier en poussant la porte de l’église protestante de Donatyre , près d’Avenches.

L’église d’origine date du XIe siè­cle ; construite sur un sol pétri d’édifices romains, elle porte bien son style « roman ». L’arche du chœur rappelle avec évidence les entrées voûtées du théâtre romain et le demi-cercle du chœur nous conduit à l’endroit de la basilique d’où le délégué de l’empereur prenait les décisions et jugeait la place du roi. 

Mais ici nous sommes en tradition chrétienne : l’église est  dédiée depuis toujours à sainte Thècle, (Domina Thecla-Donatyre) d’Iconium, (actuellement Konia, en Turquie), martyre ou presque du premier siècle et compagne de Paul, selon une tradition. Elle doit se trouver à l’aise au milieu des apôtres.

Cette église relevait des évêques de Lausanne jusqu’à la Réforme de 1536. Le culte réformé l’a peut- être sauvée. Sous  l’influence de Napoléon, la paroisse revient  quelque temps au canton de Fribourg puis devient définitivement vaudoise.

Cette humble église de campagne nous fait connaître une longue histoire religieuse, traversant les cultures et les siècles ; elle mérite l’appellation de « bien culturel d’importance nationale ».

Les saints de nos familles

La Toussaint, ce n’est pas pour fêter les saints que nous connaissons, mais pour tous les autres, les nôtres parfois. Pensons-nous assez à notre famille… élargie?

Par Bertrand Georges
Photo: DR« Je ne sais pas si les extraterrestres existent, disait un prêtre, mais je crois aux êtres « intra-célestes ». » Depuis toujours, les croyants sont reliés avec les habitants d’un autre monde, que l’on nomme joliment « le ciel ». C’est ce que nous appelons « la communion des saints ». 

« Ne pleurez pas, je vous serai plus utile après ma mort et je vous aiderai plus efficacement que pendant ma vie », disait saint Dominique. Quant à sainte Thérèse, elle promettait qu’elle « passerait son ciel à faire du bien sur la terre ». D’ailleurs, n’avons-nous pas nous-même recours aux saints dans nos différents besoins ? 

Si nous invoquons les saints des livres, combien plus pouvons-nous le faire avec ceux que nous avons connus, aimés, côtoyés, enfantés, élevés, ceux avec qui nous avons vécu de riches heures ou des moments difficiles, ceux à qui nous avons rendu service, dont nous avons partagé l’amitié ou la vie conjugale. Ils ne sont pas dans les calendriers liturgiques ou représentés par des statues ; pourtant, ceux de nos familles qui ont aimé, cru et espéré sur la terre sont sans doute bienheureux dans le ciel. Et c’est eux que l’Eglise fête à la Toussaint : les inconnus, les non-canonisés d’ici et d’ailleurs. 

Ce que chacun fait de bon dans le Christ porte du fruit pour tous. C’est ainsi que se vit une mystérieuse solidarité, une belle complicité entre le ciel et la terre, entre notre famille d’ici-bas et celle de l’au-delà. Chers grand-papa, fille, petit frère, maman, amis, voisins, collègues tant aimés (ou pas assez)… priez pour nous !

« La Toussaint, c’est la fête des morts vivants », disait, non sans humour, un écrivain 1. En pensant à nos défunts, nous croyons que nous les reverrons. 

De plus, les saints nous montrent la direction : en regardant les saints, je sais qui je serai. Tous saints ! Voilà l’appel qui nous est adressé en ce jour ! Bonne fête !

1 Edmond Prochain, « Jargonnier catholique »

Et si nous découvrions la messe en famille?

Par Karin Ducret
Photos: Pascal Voide 
Les messes en famille sont des célébrations vivantes, où chacun, chacune, prend sa place quel que soit son âge – c’est la joie de vivre une célébration avec des paroles et des gestes simples… en voici quelques reflets…

Don et bénédiction de Bibles le 27.01.2018.
Don et bénédiction de Bibles le 27.01.2018.
Messe en famille des rameaux le 24.03.2018.
Messe en famille des rameaux le 24.03.2018.
Messe en famille après la bénédiction de la mosaïque le 21.04.2018.
Messe en famille après la bénédiction de la mosaïque le 21.04.2018.
Messe en familles et chorales d’enfants le 8.06.2018.
Messe en familles et chorales d’enfants le 8.06.2018.

«Je crois à la résurrection de la chair!»

Par le chanoine Hilaire Tornay
Photo: hozana.orgLe symbole des Apôtres exprime la foi en Jésus Christ notre Seigneur : « Il a été crucifié, est mort, le troisième jour est ressuscité des morts. » 

La résurrection du Christ et la nôtre forment une seule vérité indissociable. On peut l’appuyer sur deux paroles de la Révélation : le temple et le corps. 

Jésus avait chassé les vendeurs du temple de Jérusalem. Irrités, les gens lui demandent : « Quel signe peux-tu nous donner pour justifier ce que tu fais là ? » Jésus répond : « Détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai. » 

Le Sauveur unit en une seule parole ce qui concerne le temple et ce qui concerne son propre corps. « Mais lui (Jésus) parlait du sanctuaire de son corps. Ainsi, quand Jésus ressuscita d’entre les morts, ses disciples, se rappelant qu’il avait tenu ce propos, crurent-ils à l’Ecriture et à la parole qu’il avait dite. » (Jn 2, 21-22)

Et pour nous : « Ne le savez-vous pas ? Votre corps est le temple de l’Esprit Saint qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu. » (1 Co 6, 19)

Ensuite, il y a aussi une identification du corps du Christ avec notre corps à nous :

« Tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés dans l’unique Esprit pour former un seul corps… Le corps humain se compose de plusieurs membres, et non pas d’un seul. Or, vous êtes le corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes les membres de ce corps. » (1 Co 12-13)

Enfin, en guise de synthèse, le temple et le corps du Christ, l’un et l’autre, peuvent être la figure de l’Eglise, bâtie de pierres vivantes, demeure spirituelle pour un sacerdoce saint, construit sur les fondations que sont les apôtres et les prophètes avec, pour pierre angulaire, le Christ Jésus. Elle est donc en toute vérité qualifiée de « temple ».

Conclusion

Il y a un lien indéfectible : dans le Christ la divinité et l’humanité sont unies indissociablement. L’avènement du Fils de Dieu dans la chair de l’humanité est l’accomplissement ultime de la transfiguration de la matière par l’Esprit de Dieu et par la puissance de son amour.

Le croque-mort devenu curé

Avant de devenir prêtre, Claude Deschenaux a vécu deux carrières. Une dans la banque, l’autre comme croque-mort. De quoi l’aider dans son quotidien actuel. 

Texte et photos par Nicolas MauryClaude Deschenaux observe sa basse-cour. Bien vite, le curé modérateur de l’Unité pastorale Notre-Dame de l’Evi ramène l’ordre. Deux poules sont sorties de leur enclos, sous l’œil goguenard d’un canard. Il rétablit la situation, juste avant que son téléphone ne sonne. Levé tôt, gérant avec ses deux collègues, Pierre Mosur et Fabien Benz, une UP de 15 communautés en Gruyère, Claude Deschenaux est un homme occupé. D’où l’importance de s’offrir un moment matutinal de réflexion. « De prière plutôt, pour confier chaque jour et chaque rencontre que je vais y faire à Dieu. Pour Lui dire qu’on est là pour Lui, qui nous aidera à assumer ce qui arrivera. » 

Après un pointage à 8h avec son secrétariat, Claude et ses collègues se répartissent les messes en paroisses, à la chapelle des Marches ou au Carmel. « Je trouve bien de commencer la journée par l’eucharistie. Après la messe, je partage un café avec les paroissiens. En été, quand c’est un peu plus cool et que les célébrations se déroulent dans nos chapelles, je prépare une tarte à la crème ou amène des tresses. C’est convivial et précieux. » 

Toujours joignable

L’administratif semble moins engageant mais ne lui fait pas peur, grâce à ses expériences précédentes. Car Claude Deschenaux a un parcours particulier. A 52 ans, il a vécu deux carrières préalables : employé de banque pendant quinze ans, puis directeur de pompes funèbres durant neuf ans. Revenant sur cette occupation, il souligne : « Prendre soin des familles en peine était déjà une vocation. ça m’a ouvert les yeux sur un élément : à l’époque, je n’étais pas tendre avec certains prêtres difficiles à atteindre. Je voulais leur faire comprendre que pour une famille en deuil, il était important de joindre rapidement quelqu’un à la paroisse pour fixer l’enterrement. Ce n’était pas toujours le cas… » Du coup, son smartphone est toujours branché. « Si j’ai un empêchement, je m’arrange avec ma secrétaire Anita. C’est une femme de foi qui connaît mieux l’UP que moi ! »

Cette UP, il y est arrivé en janvier 2012. « Petit, j’avais été impressionné par le Père Pierre Flueler et dans mon quartier, je jouais au curé. Puis j’ai vécu ma crise d’adolescence. En 1992, quand j’étais encore banquier, l’ancien vicaire épiscopal Jacques Banderet m’en a parlé de son propre chef : n’as-tu jamais pensé à devenir prêtre ? Cette question n’a cessé de me tarauder. » La réponse tombe dix ans plus tard. « Il me fallait changer de vie, reprendre les études
à 40 ans… J’ai beaucoup prié l’Esprit Saint, franchi le pas. Mes années au séminaire furent les plus belles de ma vie. » 

Ordonné prêtre, il devient vicaire de l’Unité pastorale Saint-Denis en Veveyse en juin 2011. « Je pensais y faire mes armes pendant cinq ans. Mais le 23 décembre à 22h, alors que je me réjouissais de célébrer ma première eucharistie de la Nativité, le vicaire épiscopal Rémy Berchier vient me dire que l’évêque me demande d’aller à Gruyères. Un peu rude, mais, après discussion et une nuit de réflexion, j’ai obéi. Me retrouver en milieu d’année pastorale m’a sauvé. Tout était planifié par l’abbé Jean Glasson, mon prédécesseur. Je me suis fondu dans l’équipe, tout en étant très bien accueilli par les gens de la Gruyère. » Des gens qu’il aime côtoyer. « Je tente d’insuffler un esprit d’unité. Vu la fréquentation des messes, je me dis que l’esprit de clocher se fait de moins en moins sentir. » 

Le curé modérateur s’est très vite intégré en Gruyère.
Le curé modérateur s’est très vite intégré en Gruyère.

Ministère et beaux moments

Une bonne partie de ses après-midi et soirées consiste à discuter avec les familles pour préparer un baptême, des funérailles ou des futurs mariés. « Je ne peux pas donner un sacrement sans connaître les personnes concernées. S’il faut rester debout jusqu’à 2h du matin pour préparer un enterrement, je le fais. » Si, comme il l’avoue lui-même, il n’a pas une soirée de libre dans l’année, cela ne lui pèse pas. « Je rencontre les gens, je mange avec eux, ils deviennent des amis. Du ministère, mais des beaux moments. » Et sa plage de ressourcement, c’est quand il va rendre visite aux pensionnaires des EMS, souvent en fin de semaine. « J’adore les personnes âgées, qui sont souvent très touchantes. Les voir, c’est généralement mon bol d’air ! »

Le Pape et la mort

Par Thierry Schelling
Photo: Jean-Claude GadmerMa sœur la mort
Le souriant pontife François ne cache pas le réalisme de son âge : « Mon pontificat ? ça durera peu de temps. Deux ou trois ans. Et puis, à la Maison du Père ! », confiait-il en 2014, soit une année tout juste après son élection. Une boutade qui s’avère contredite par ses… cinq ans de pontificat fêtés en mars dernier.

Mon amie la vie
Sa mort, comme tout jésuite – appelé à la pondérer pendant les 30 jours de sa retraite de noviciat et, pourquoi pas, en garder l’habitude mensuellement au cours de sa vie active –, devient, au fil du temps, une amie de la vie : « Intérieurement, je cherche à penser à mes péchés, à mes erreurs, pour ne pas m’enorgueillir. » Certes, élu pape à l’âge de 76 ans, il pourrait perdre le sens des proportions devant les tâches accomplies – finances, communication, politique de nominations épiscopales en Italie et ailleurs – et à parachever – pédophilie, cléricalisme, traditionalisme…

Fin de service ?
La mort physique est inéluctable et ne le préoccupe guère ; la fin de son service pétrinien est toute pensée : « Même si ça ne plaît pas à certains théologiens, a-t-il précisé, si un jour je ne me sentais plus capable d’aller de l’avant […], je prierais et ferais de même. Benoît XVI a ouvert une porte qui est institutionnelle. » Il ne serait pas une exception. Et pourquoi pas rentrer ensuite au pays en classe économique, serviette à la main, clergyman « passe-partout », et se terrer dans une banlieue pauvre et vivante de la capitale argentine ou un poblado andin ? Puis serait un jour annoncé : « Padre Jorge Maria Bergoglio, curé de San Ignacio, s’est éteint ce matin après la messe. Veillée de prière demain soir ; messe d’enterrement jeudi prochain. » Avant que les rédactions du monde entier ne se rappellent que… le 266e successeur de Pierre, Sa Sainteté le pape François, celui qui a inscrit dans le Catéchisme universel de l’Eglise catholique une opposition catégorique à la peine de mort (août 2018) n’aura eu aucune peine ni peur de mourir !

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