Il sert à quoi, Dieu?

Par Nicole Andreetta
Dessin : Françoise Georges

L’initiation doit être adaptée à l’âge de chacun.
L’initiation doit être adaptée à l’âge de chacun.

C’était la première année que j’enseignais le catéchisme. J’avais devant moi un groupe d’enfants d’une dizaine d’années. Nous étions plongés dans la lecture d’un récit tiré du livre de l’Exode, la traversée de la mer Rouge par les Hébreux.

Je m’appliquais à suivre à la lettre le déroulement du cours proposé par le programme de catéchèse. Je m’étais lancée dans une explication un peu scientifique de ce fameux miracle, mais qui m’apparaissait cohérente et rationnelle, lorsqu’un jeune garçon m’interrompit :« Mais alors, il sert à quoi, Dieu, si tu expliques tout ? »

Sa question m’interpella fortement. Je venais de recevoir une belle leçon. Quel que soit notre désir de bien faire et de chercher à résoudre des problèmes, il ne faut jamais oublier de laisser de la place pour l’inexplicable. Voilà un enseignement que je n’ai jamais oublié !

J’ai, depuis, suivi différentes formations bibliques et théologiques.

Je travaille depuis 15 ans comme aumônière auprès des demandeurs d’asile.

J’ai toujours gardé au fond de mon cœur les paroles de cet enfant. Face aux nombreuses situations que je rencontre où je me sens bien impuissante, elles représentent pour moi une belle source d’espérance.

Annoncer l’Evangile

Par Marc Passera
Photo: DR« Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile. » (1 Cor 9, 16) Le mot malheur est à prendre au sérieux ! Il revient souvent dans le NT et résonne comme une interjection : « aïe ! » (οὐαὶ)  Par quatre fois, Luc l’oppose aux béatitudes (cf. Lc 6, 24-26).

S’il y a un malheur à ne pas annoncer l’Evangile, c’est qu’il y a du bonheur à l’annoncer ! Et c’est certainement l’expérience de Paul qui, même au milieu des difficultés qu’il rencontre, connaît la joie : « on nous croit tristes, et nous sommes toujours joyeux. » (2 Cor 6, 10) Plus encore, les souffrances elles-mêmes deviennent paradoxalement pour lui un lieu de fécondité : « Ainsi la mort fait son œuvre en nous, et la vie en vous. » (2 Cor 4, 12)

Le pape François évoque cette expérience dans sa lettre sur la joie de l’Evangile : « Une annonce renouvelée donne aux croyants, même à ceux qui sont tièdes ou qui ne pratiquent pas, une nouvelle joie dans la foi et une fécondité évangélisatrice. » (EG 11)

Mais que signifie « annoncer l’Evangile » ? L’expression n’a de sens que si la Bonne Nouvelle a été d’abord accueillie et qu’elle donne le ton à toute l’existence. C’est la rencontre du Christ et la nouvelle vie qui en suit qui fait de Paul un apôtre, un envoyé, un homme qui annonce l’Evangile. Il ne cherche pas à convaincre, mais il dit de manière essentielle : « L’amour du Christ nous presse. » (2 Cor  5, 14)

Cette expérience traverse l’histoire de l’Eglise dans laquelle la foi d’hommes et de femmes se communique comme par contagion. Etre chrétien, c’est tout naturellement, être missionnaire.

Mais le terme a ses ambiguïtés. Si l’histoire des « missions » est témoignage d’une extraordinaire générosité et d’un certain héroïsme, elle a aussi été ces dernières décennies un lieu de relecture critique et salutaire.

Annoncer l’Evangile dans la rencontre d’autres cultures (au loin ou dans notre monde pluraliste) oblige à ne pas perdre de vue l’essentiel. Un travail d’inculturation est toujours nécessaire. S’inscrire dans l’élan de la Mission ne veut pas dire imposer une manière de voir les choses qui serait bonne simplement parce que c’est la nôtre ! Pour le dire crûment, il ne s’agit pas de rechercher des clients. Seule la vérité d’un témoignage vécu personnellement et en Eglise peut devenir une proposition de la foi qui rejoint la liberté de ceux vers qui l’on est envoyé.

Nous nous souvenons du titre provocateur d’un petit livre paru en 1943 : « France, pays de mission ». Il faisait le constat que la « fille aînée de l’Eglise » ne montrait plus beaucoup de signe de foi chrétienne.

De nos jours, le défi reste entier, il est même devenu plus exigeant. Les évidences et les points de repère ne sont plus les mêmes. On a le sentiment de vivre une rupture dans la transmission. Et pourtant, « Jésus-Christ est le même, hier, et aujourd’hui, et pour l’éternité » (He 13, 8). Comment annoncer l’Evangile aux générations qui viennent ? En le vivant ! Et peut-être aussi en faisant le deuil de ce qui nous a aidés à l’accueillir et que nous avons apprécié. Et puis, ne l’oublions jamais : la foi n’est pas avant-tout un ensemble d’idées dont nous voudrions convaincre, mais un don de Dieu à vivre dans la relation avec lui et à partager. Ce n’est qu’ainsi que peut se construire une culture chrétienne dont les expressions sont toujours nouvelles et souvent étonnantes…

Prier et se mettre en chemin vers Dieu

Pour ce mois, je vous propose une formule différente du dé de prière…
Mode d’emploi: munis-toi d’un dé, lance-le, il t’indiquera alors la prière du jour, du soir…
Je vous souhaite de beaux moments de prière en famille…

Activité proposée par Agnès Ançay
Photo: Agnès Ançay1. Merci Seigneur pour le jour,
Merci Seigneur pour la nuit,
Merci Seigneur pour l’eau,
Merci Seigneur pour la terre,
Merci Seigneur pour les arbres,
Merci Seigneur pour les fleurs,
Merci Seigneur pour les poissons,
Merci Seigneur pour les oiseaux,
Merci Seigneur pour les animaux,
Merci Seigneur pour tous ceux que j’aime.

2.  A petits pas dans la vie,
Je grandis !

Un jour, tout me semble bien,
Un autre jour, je n’arrive à rien…

Jours lumières,
je suis bon et généreux,
Jours obscurs,
je ne suis plus que malheureux…

Apprends-moi à ne jamais oublier,
Seigneur,
Ton levain Ton Bonheur !

3. Viens Jésus dans notre foyer
Donne-nous la paix.
Bénis notre famille et le pain que tu nous offres aujourd’hui.
Amen

4. Mon Dieu en paix je m’endors sous ton aile,
Protège je te prie tous ceux que j’aime.
Je te confie tous mes chagrins.
Et quand viendra matin redonne-moi ta joie et ton soutien. 

5. Bonjour Jésus !
C’est une nouvelle journée ! Aide-moi à mettre de la joie autour de moi.

6. Je vous salue, Marie pleine de grâce ;
Le Seigneur est avec vous.
Vous êtes bénie entre toutes les femmes
Et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu,
Priez pour nous pauvres pécheurs,
Maintenant et à l’heure de notre mort.
Amen

Vocation et communication

Spécialiste en communication, Claire Jonard a intégré la communauté du Saint-Bernard. Elle gère notamment la Pastorale jeunesse en Suisse romande.

Par Nicolas Maury
Photos: François Perraudin, Nicolas Maury« Ici le Christ est adoré et nourri. » Ces paroles résonnent de manière particulière aux oreilles de Claire Jonard. Vierge consacrée, la quadragénaire belge a guidé pendant une dizaine d’années nombre de ses compatriotes sur le chemin du col du Saint-Bernard. « Il y a vingt ans, j’ai senti que Dieu m’appelait. Découvrant ma vocation grâce à mon évêque, j’y ai répondu. Dieu est venu la confirmer. » Ce moment décisif s’est déroulé à 2473 mètres d’altitude. « Quand je venais à l’hospice animer des retraites et des vacances, j’ai compris le charisme du lieu. Cela a complété ce que je vivais en Belgique. Le Seigneur m’a conduite à rejoindre la communauté du Saint-Bernard. » 

Aujourd’hui, Claire vit dans la maison que la communauté possède à Martigny. « Arrivée en Suisse début 2017, je suis encore en train de chercher la forme exacte de l’appartenance et du cheminement que cela pourrait prendre. C’est à conjuguer avec ma vocation de vierge consacrée », avoue-t-elle. Ce qui ne l’a pas empêchée de rapidement assumer des responsabilités, en Valais et au-delà. Son quotidien, elle le partage entre sa fonction de chargée de projet pour la Pastorale jeunesse en Suisse romande et de coordinatrice du Centre romand des vocations d’une part, et d’animatrice pastorale à Bagnes avec rayonnement sur Martigny et Orsières d’autre part. 

Le Synode en point d’orgue

« Ma journée commence à 7h15 par la prière des laudes, suivie du petit déjeuner avec la communauté. Ce moment est l’occasion de prendre des nouvelles de chacun. Nous ne sommes pas tous présents en permanence dans la maison de Martigny », sourit la jeune femme. Qui s’attache ensuite à répondre à son double mandat professionnel. Ses instruments : son ordinateur et son téléphone portable. « Mes deux temps partiels, je les conjugue plutôt sur la durée que sur 24 heures. En général, le matin est réservé à faire avancer les dossiers. »

De courriels en téléphones, le Synode des jeunes l’occupe en priorité cet automne. Forte de sa précédente expérience professionnelle – elle fut responsable des services de communication des vicariats de Bruxelles et du Brabant wallon ainsi que porte-parole de la Conférence épiscopale en Belgique –, elle supervise la campagne de prière liée à cet événement. Sans oublier la réalisation de clips vidéos liés aux vocations. « Ce synode est un événement extraordinaire. Il n’y en a jamais eu sur un thème liant jeunesse, foi et discernement qui tient très à cœur au Saint-Père. Je ne pense pas que quelque chose de similaire se reproduise ces cent prochaines années. La particularité, c’est que les jeunes sont appelés à être protagonistes, comme durant la phase de préparation. Tout cela donnera une ligne pour la pastorale des 30 à 40 ans à venir. Sans oublier que l’Esprit Saint va souffler sur le Synode. Participer à tout ça, c’est avoir le cœur qui bat au rythme de la mission de l’Eglise mondiale. »

En parallèle, elle tourne une partie de son attention vers janvier 2019 et les JMJ de Panama.  « C’est tout soudain ! Je prends des contacts avec le diocèse de Bocas del Toro où les Suisses se rendront. Je serai aussi de la partie. »

L’après-midi, Claire Jonard le consacre davantage aux rencontres et rendez-vous. « A Bagnes, nous tentons de cibler les besoins, les rêves et les appels plutôt que de nous limiter à remplir le cahier des charges administratif. Tout ça dans une ambiance ouverte et informelle. »

Son travail met souvent Claire en contact avec la jeunesse, notamment en vue des JMJ de 2019 à Panama.
Son travail met souvent Claire en contact avec la jeunesse, notamment en vue des JMJ de 2019 à Panama.

Missionnaire du XXIe siècle

Sa passion pour la communication, elle la fait vivre via les réseaux sociaux. « C’est en montant des projets avec les jeunes que j’ai appris à être efficace pour eux. Il est important que les chrétiens soient présents sur ce type de médias. Ce n’est pas parce qu’on est catholique qu’on doit faire des choses de manière amateure. » Entre l’établissement d’un calendrier de publication, la planification à moyen et à long terme et la génération de buzz, Claire sait exactement quelles sont les méthodes à adopter : « Les missionnaires qui partaient en Afrique devaient apprendre le langage et la culture locale avant de mener à bien leur tâche. Ici, c’est pareil. Il faut d’abord donner le goût aux jeunes de rejoindre l’une ou l’autre activité d’Eglise. Ce n’est pas à travers les réseaux sociaux que l’on explique comment approfondir un Evangile, mais c’est là qu’on peut dire : Venez et Voyez. »

Notre Dame de Compassion

Par Pascal Bovet
Photo: Jean-Claude Gadmer

Un chef-d’œuvre de style baroque, attribué à Pierre Ardieu de Bulle, vers 1670.
Un chef-d’œuvre de style baroque, attribué à Pierre Ardieu de Bulle, vers 1670.

La dévotion à Marie est aussi ancienne que l’Eglise ; ses douleurs annoncées par le prophète Siméon ont été rapidement mises en évidence, d’où parfois un culte marial doloriste.

Appelée également Notre Dame de miséricorde, ou encore Notre Dame de grâce, elle a été honorée en Suisse romande sous ces vocables, à côté de titres plus glorieux comme Notre Dame de l’Assomption.

En l’église des Augustins, aujour­d’hui paroisse Saint-Maurice en basse-ville de Fribourg, on peut admirer un chef-d’œuvre de style baroque, un temps où on ne se privait pas d’exprimer ses sentiments, joyeux ou peinés. La statue sculptée en bois polychrome représente Marie portant sur ses genoux non plus le « petit Jésus » mais le Seigneur et Sauveur après sa mort. Et avant la résurrection. Malgré le côté dramatique de la scène souligné par les sept épées transperçant le cœur de Marie, les visages restent empreints de dignité. C’est un Christ pacifié que Marie reçoit en retour de son oui, un oui qui va jusque-là. 

Premier avatar : ce que nous en voyons aujourd’hui n’est qu’une moitié de l’œuvre ; la Madone  originale était encadrée de deux personnages qui ont été détachés et qui ornent maintenant une chapelle de la Singine.

L’auteur est disputé : certains l’attribuent au sculpteur Jean-François Reyff, grand artiste baroque à l’œuvre à Fribourg. Mais l’histoire nous fait faire un détour par Bulle, en lien avec la chapelle des Capucins, dédiée à la même Notre Dame de Compassion. Et de là on soutient que l’auteur en est un sculpteur bullois, Pierre Ardieu (vers 1670). Le déménagement de Bulle à Fribourg semble être l’effet d’un don de la part du préfet de Bulle, originaire de la basse-ville de Fribourg, après avoir installé les Capucins à Bulle.

Qu’est-il arrivé à la statue pour qu’elle ait perdu ses deux personnages accompagnant Marie ? L’histoire est trop longue et incertaine pour être ici racontée.

10 ans déjà…

Il y a bientôt dix ans, le 20 octobre prochain, Sœur Emmanuelle nous quittait pour rejoindre «son Bien-aimé». L’Association Suisse des Amis de Sœur Emmanuelle – ASASE – vous invite chaleureusement à célébrer cet anniversaire lors d’une soirée de commémoration le samedi 6 octobre en l’église Saint-Paul.

Par Patrick Bittar, Directeur d’ASASE
Photo: DRLa soirée débutera à 18h par une messe de célébration. Suivra, à 19h15, dans une salle sous l’église, le spectacle J’ai 100 ans et je voudrais vous dire, interprété par la comédienne Christelle Mandallaz et la musicienne Sylvie Zahnd. Enfin vous pourrez échanger avec les partenaires locaux d’ASASE au Soudan du Sud (Betram Gordon Kuol) et en Haïti (Jean Claude François), autour d’une collation.

Dans la dernière lettre trimestrielle d’ASASE (consultable sur le site asase.org), figure cet extrait d’un entretien accordé par Sœur Emmanuelle au quotidien français La Croix, en février 2004. Le journaliste lui demande ce que ça lui fait d’être, avec l’abbé Pierre, l’une des personnalités les plus aimées des Français. « Tout ce superficiel, cet encensement, ça ne va pas loin, répond l’alerte nonagénaire. Proche de la mort et forte de mes échecs passés, je sais bien que tout cela est vain et vide. Ce n’est pas tout ce fatras que j’emporterai dans la tombe. Quand j’arriverai devant le Seigneur, il ne me demandera pas quelle place j’ai occupée dans les sondages. »

Sœur Emmanuelle était une femme de Foi, habitée par l’Espérance. La soixantaine passée, elle est allée partager le quotidien des chiffonniers de la banlieue du Caire. Elle a vécu quinze ans avec eux dans la puanteur, la crasse, en compagnie des rats. Sa soif de justice l’a poussée à tout faire pour améliorer le sort de ses ami(e)s : elle a remué ciel et terre pour créer des programmes destinés à rétablir leur dignité.

Ainsi en 1979, ASASE a été fondé à Genève pour financer ses projets. Puis, en 1986, Michel Bittar, le président d’ASASE, emmène « la petite sœur des chiffonniers » dans son pays natal, le Soudan, alors en pleine guerre civile. Elle revient bouleversée par la misère qu’elle a vue, en particulier celle qui frappe les dizaines de milliers d’orphelins errant dans les rues de la capitale. Commence un nouveau combat, mené avec ASASE, pour aider ces malheureux.

Aujourd’hui, l’association poursuit son œuvre dans deux des pays les plus pauvres de la planète : le Soudan du Sud et Haïti. Betram Gordon Kuol et Jean Claude François, qui consacrent leur vie à aider leurs frères et sœurs les plus démunis, sont les dignes héritiers de Sœur Emmanuelle. Vous constaterez vous-mêmes, le 6 octobre, qu’ils confirment sa devise préférée : « Fends le cœur de l’homme et tu y trouveras un soleil. »

Vivre!

Par le Mouvement chrétien des retraités
Photo: MCRmcr-theme-annuelLe Mouvement chrétien des retraités (MCR) vous propose le thème « VIVRE » durant 6 mardis après-midi (14h-15h30). Nous voulons ensemble poser un regard attentif et bienveillant sur nos parcours de vie. La vie est mouvement. De l’enfance à la vieillesse, les portes à franchir sont multiples. A chaque passage, il faut abandonner quelque chose de son passé. Relire sa vie, c’est relire tous les actes d’amour qui nous ont fait grandir, nous souvenir de tous ceux que l’on a offerts. Le temps où nous atteignons un âge plus ou moins avancé, « temps des plus vigoureux » pour le psalmiste, est le moment de réunir tous ces actes en un bouquet entre les mains de Dieu. VIVRE, c’est aimer, car seul l’amour nous fait être. Le besoin d’aimer et d’être aimé ne s’arrête pas au grand âge. Etre capable de percevoir tous les gestes de partage, d’entraide, c’est découvrir que l’amour vrai n’est pas mort, c’est reconnaître Dieu présent. Alors quand aura lieu l’appel pour le passage de la dernière grande porte, nous le reconnaîtrons car il est l’Amour. (Extrait du livret 2018-2019)
Première rencontre mardi 16 octobre 2018 à Martigny-Ville (Maison de la Visitation), salle Saint-Joseph à 14h.
Ouvert à tous ! Bienvenue !

A la croisée des chemins

Par Pascal Bovet
Photo: Jean-Pierre Coutaz
A l’entrée de Saint-Maurice, en provenance de Martigny, à peine avez-vous quitté l’autoroute qu’un giratoire vous oblige à contourner la grande croix qui en occupe le centre.

Créée par l’artiste agaunois Jean-Pierre Coutaz, une croix découpée en quatre parties, couvrant ainsi les quatre points cardinaux, étend ses bras en signe d’accueil.

Une croix un peu particulière, on l’a dit, tréflée car ses quatre bras égaux se terminent par un découpage en forme de trèfle évoquant à son tour une croix.

On fait remonter cette forme de croix à celle que portaient les chevaliers de Saint-Maurice au Moyen Age. Elle rappelle la croix de Jérusalem, carrée et portant également à ses extrémités un élément décoratif, dit « béquille » ou « tau ».

Le découpage et la perspective changeante font apparaître progressivement l’ensemble de la croix, suivant votre point de vue que vous n’avez pas le temps d’apprécier… vous roulez !

Image donc fugace, sur la voie publique, mais qui invite à prendre plus de temps dans un des lieux plus propices à la prière.

Etat et conscience (Romains 13, 1-7)

Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR
D’un côté, l’apôtre Paul exhorte les chrétiens à participer à la vie de la cité (la « polis », en grec), et donc à la « politique » au sens noble (Romains 13, 1). La foi est « politique » et nous pousse à faire de la « politique », contrairement à ce que préconisent certains partis et penseurs qui aimeraient en cantonner l’exercice dans la sphère privée et individuelle. L’Evangile a des incidences communautaires essentielles, dans le domaine de la justice sociale, de la solidarité, du bien commun et de la subsidiarité.

Que les baptisés s’engagent donc en politique, au nom de leur foi, soit en tant que citoyens en participant à la démocratie et à toutes les votations-élections, soit en assumant une responsabilité ou une charge ! Il s’agit ainsi de respecter les lois et les autorités en faisant le bien, dans la mesure où les gouvernements authentiques ne s’attribuent pas à eux-mêmes le pouvoir, mais le reçoivent du peuple, et en fin de compte de Dieu lui-même qui veut le bonheur de tous.

Cependant, si les responsables politiques ne jouent pas leur rôle et cherchent leurs intérêts propres plutôt que celui de la population, comme c’est trop souvent le cas dans les multiples régimes autoritaires, totalitaires ou gangrenés par la corruption, les chrétiens citoyens sont, « par motif de conscience » (verset 5), tenus de s’élever contre les législations et les pratiques injustes qui oppriment les minorités et ne respectent pas la « loi naturelle » inscrite par Dieu en tout être. Car les baptisés sont citoyens des cieux et appelés à obéir à Dieu, qui parle dans le sanctuaire de leur cœur, plutôt qu’aux instances étatiques, quand les deux perspectives entrent en conflit (Philippiens 3, 20-21).

La « laïcité ouverte », inspirée du Nouveau Testament et du Magistère ecclésial, est là pour garantir le droit de chaque communauté religieuse de vivre selon ses convictions, en paix avec les autres au sein de l’espace public.

Pour la rentrée pastorale…

Par Thierry Fouet, curé modérateurAvec la rentrée des paroisses, des catéchismes, se pose la question, pour les parents scrupuleux : faut-il FORCER ses enfants à aller à la messe ? Certains tranchent pour l’obligation du style : « Tant que tu n’auras pas 18 ans, c’est nous qui décidons, après tu feras ce que tu voudras. » La position inverse est de laisser le choix dès la première communion ou la confirmation.

Il n’y a probablement pas de règles dans ce domaine. Mais il y aurait peut-être à tenir compte des ruptures nécessaires de l’adolescence. Par exemple qu’un jeune de
15 ans puisse aller à l’eucharistie autrement qu’avec les parents. Ou encore que la participation au caté soit l’objet entre parents et jeunes d’un contrat de confiance réciproque.

Même si le cœur de beaucoup de parents saigne à l’idée que leurs enfants ne font plus rien pour leur vie chrétienne, l’obligation ne fait souvent que braquer. D’ailleurs l’inverse existe aussi : bon nombre de jeunes découvrent l’eucharistie ou les aumôneries alors que leurs parents sont athées ou non pratiquants. L’Esprit souffle où il veut. 

Bonne Année Pastorale.

Un dimanche en famille

Pour célébrer les beautés, les joies, les peines et les espérances vécues par les familles de notre communauté, un groupe de paroissiens de Saint-Robert guidé par François Grillon a organisé «Un dimanche en famille».

Par Françoise de Courten
Photos: konrad AleksandrowiczCette fête paroissiale a débuté par la messe concélébrée par les abbés Zbiniew Wiszowaty et Jean Geng. Quelque 220 parents, enfants, grands-parents et amis ont participé à cette célébration empreinte de beaucoup de spiritualité et de joyeuse énergie.

De très nombreux bénévoles ont travaillé au succès de cet événement en proposant divers services : transport et installation des tentes, du barbecue et des tables, bien habillées pour l’occasion, achat des boissons et du matériel, confection de plats tous meilleurs les uns que les autres. On relèvera au passage les délicieuses lasagnes d’Alexandra Gaspari.

Des jeux ont été préparés avec soin, une chorale d’enfants épaulée par la chorale de Saint-Robert a chanté pour l’occasion sous la direction de Nathalie Breault. Loris Dietrich les a accompagnés. 

Bien installés dans le parc, les nombreux participants ont eu beaucoup de plaisir à partager des plats appétissants et goûteux entre amis et avec de nouvelles connaissances. Une tombola a permis de gagner des paniers garnis offerts par le groupe missionnaire. 

La fête s’est terminée dans la chapelle. Tous ont entonné de beaux chants de louange bien choisis et prié pour les familles, nos prêtres et tous les bénévoles qui soutiennent la paroisse et lui donnent vie. Merci à chacun.

François Grillon, Françoise Belmont, Fabiola Gavillet, Jeanne Marie De La Barre, Paulette Frey, Markus Gnaedinger, Walter Hauser et Françoise de Courten.

Un repas convivial sous les arbres centenaires.
Un repas convivial sous les arbres centenaires.
Des moments conviviaux vécus en famille.
Des moments conviviaux vécus en famille.

Une heure avec… Myriam et Yves Héritier

Etre enraciné dans la foi et la confiance en Dieu

Propos recueillis par Thérèse Yang
Photo: Thérèse YangMyriam : J’ai eu une enfance et une adolescence difficiles, à cause de conflits violents à l’intérieur de ma famille. A 16 ans, j’ai fait une tentative de suicide. Suite à cela, ma maman m’a proposé de recevoir le baptême. J’ai donc été baptisée à l’âge de 17 ans. Dès lors, toutes mes idées de mort ont été balayées et j’ai accueilli Jésus dans ma vie. Il m’a donné la joie de vivre et la grâce de pouvoir pardonner à ceux qui m’ont fait du mal. Il est devenu ma force. A 20 ans, j’ai fait une année sabbatique à la communauté du Verbe de Vie pour approfondir ma foi. Là, j’ai reçu l’appel à entrer dans cette communauté pour servir le Seigneur. En cadeau bonus, j’y ai rencontré mon mari, Yves.

Yves : J’ai reçu une éducation catholique, dans une famille unie : en résumé, une vie aux antipodes de celle de Myriam. Je servais beaucoup la messe. Mais pendant l’adolescence, je me suis un peu éloigné du Seigneur. Alors que je faisais mes études d’ingénieur à Zurich, j’ai rencontré le mouvement des Focolari. Puis, dans un groupe de prière, j’ai entendu parler du Verbe de Vie. J’y ai fait une année sabbatique à la fin de mes études, puis, deux ans plus tard, j’y suis retourné pour m’engager en tant que laïc. 

Après notre mariage, nous avons choisi de rester en couple dans la communauté. Nous avons beaucoup bougé dans différentes missions en France, à Rome, et depuis 2004 à Pensier. Après la naissance de Marie-Gabrielle à Toulon, nous avons préféré quitter les quartiers difficiles et rejoindre une maison d’accueil de la communauté. Raphaël est né en 2008. Au bout d’un mois, il a été hospitalisé à la suite de crises d’épilepsie, mais c’est à l’âge de quatre ans seulement qu’on a connu sa maladie. Il est polyhandicapé, en fauteuil roulant. Sa maladie est une maladie rare pour laquelle il n’y a pas de traitement actuellement. Pour nous, ce fut une grande épreuve à laquelle nous n’étions pas préparés. Mais elle nous a rapprochés et enracinés davantage dans la foi et dans la confiance en Dieu. Raphaël et sa grande sœur Marie-Gabrielle sont nos cadeaux inestimables. 

Yves travaille à 90 % en tant qu’ingénieur en informatique médicale et à 10 % dans la communauté. Myriam travaille à mi-temps dans la communauté, et fait aussi du bénévolat à Caritas. 

Notre première mission, c’est la famille. Nous sommes une famille comme toutes les autres et vivons dans un appartement indépendant. Mais en plus, cette famille s’inscrit dans une communauté : nous participons aux messes, aux temps de prière, au travail, aux promenades, quand nos engagements familiaux le permettent. La vie communautaire est une grande richesse pour notre vie spirituelle et humaine. La foi est notre force, notre espérance, le moteur de notre vie. C’est notre relation avec Dieu Père, Fils et Saint-Esprit. Le but de nos vies, c’est d’aimer toujours plus le Seigneur et notre prochain et nous laisser aimer.

Biographie

Myriam, 43 ans, est née en France d’une mère française catholique et d’un père tunisien musulman. Elle a étudié les mathématiques. Yves, 51 ans, est né et a grandi dans une famille catholique en Valais et est ingénieur en informatique. Engagés en tant que laïcs dans la communauté du Verbe de Vie, ils y élèvent leurs deux enfants : Marie-Gabrielle, 15 ans, actuellement en études, et Raphaël, 10 ans, gravement handicapé. Outre leurs activités familiales, Myriam et Yves poursuivent leurs nombreux engagements, à l’intérieur et hors de la communauté.

Nouveau livre

L’abbé Giraud Pindi, curé modérateur, a publié un nouveau livre intitulé «La procédure de nullité matrimoniale devant l’évêque diocésain. Selon Mitis Iudex Dominus Iesus». Il est en vente à la cure pour 20 francs.

Par Giraud Pindipage_6_couverture« La procédure de nullité matrimoniale devant l’évêque diocésain » fait écho aux réponses du pape François aux évêques réunis en synode à Rome en 2014-2015 sur la procédure de nullité matrimoniale. Il s’arrête sur les deux changements qu’il a mis en place : une procédure simplifiée et le rôle décisif des évêques.

Un lien indissoluble
La procédure de nullité de mariage dans l’Eglise catholique est réputée être un itinéraire long et complexe. Beaucoup de personnes mariées religieusement connaissent peu le droit en cette matière. Voilà un livre propre à les éclairer.

Les motifs de nullité en Eglise ne sont pas les mêmes que pour un divorce devant un tribunal civil. Le tribunal ecclésiastique n’annule pas le sacrement de mariage; il n’en a pas le pouvoir, selon le principe divin contenu dans Matthieu 19, 6 : « Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! ». Sur la base des preuves et des arguments présentés, le juge constate que le mariage célébré est nul, car toutes les conditions de validité n’étaient pas réunies au moment de l’échange des consentements.

Rôle crucial pour l’évêque
Le pape François, après avoir écouté les évêques du monde entier réunis en synode à Rome en 2014-2015, a répondu aux attentes exprimées par les fidèles par rapport à la longueur et à la complexité des procès matrimoniaux et à la distance entre les structures ecclésiales et le vécu tout en maintenant inchangé le principe divin de l’indissolubilité du lien.

Désormais l’évêque diocésain a une grande responsabilité en ce domaine, car il est juge de droit divin et pasteur au chevet de ceux qui traversent l’épreuve d’un mariage dont la vie commune a échoué.

Un spécialiste du droit

Giraud Pindi est prêtre du diocèse de Matadi, en République démocratique du Congo (RDC). Titulaire d’une licence en droit canonique de l’Université catholique du Congo, il a été vicaire à l’Université de Kinshasa. De 1997 à 2002, il a enseigné le droit pénal et processuel au Grand séminaire de Mayidi (RDC).

En 2007, il a obtenu un doctorat in utroque jure (en l’un et l’autre droits, le droit canon et le droit civil) à l’Université pontificale du Latran à Rome.

Depuis 2007, l’abbé Pindi est prêtre Fidei donum. Il est actuellement curé modérateur de l’unité pastorale Nyon-Terre sainte et défenseur du lien pour le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg. Il est, depuis l’an dernier, détenteur de l’attestation de la Rote romaine, un des trois tribunaux de l’Eglise catholique, sur « Nouveau procès matrimonial et procédure super rato ». GP

Les Cercles de silence

« Dans le silence, nous nous préparons intérieurement à nous engager plus à fond pour le respect des êtres humains. Notre silence veut rejoindre les personnes en situation irrégulière, ceux qui font la loi et ceux qui la font appliquer. »

Texte et photo par Nicole AndreettaLes Cercles de silence s’élèvent contre les atteintes à l’humanité des étrangers en situation irrégulière, particulièrement contre leur enfermement dans des centres de détention administrative.

Le premier Cercle s’est formé à Toulouse en automne 2007, sur l’initiative du frère franciscain Alain Richard. Depuis, dans plus d’une centaine de villes françaises, une fois par mois, des personnes de tous horizons se rassemblent en cercle dans un espace public et gardent le silence pendant une heure. Des pancartes renseignent les passants sur le but de cette démarche. Deux ou trois personnes distribuent des flyers avec des informations supplémentaires.

En Suisse, les Cercles de silence ont fait leur apparition en 2011. Celui de Genève se réunit 5 à 6 fois par an. 

Agnès, alerte octogénaire y participe été comme hiver : « L’accueil en Europe n’est pas du tout à la mesure de ce que nous pourrions offrir. Je suis révoltée contre les personnes qui, se justifiant derrière les lois, ne cherchent pas à comprendre ce que signifie fuir un pays en guerre. Quand je  pense à tous les morts engloutis dans les flots de la Méditerranée, je me dis que participer au Cercle, c’est vraiment peu de chose ! Mais c’est au moins quelque chose que je peux faire. » 

Se mettre à l’écoute
Le silence donne la possibilité de se mettre à l’écoute de sa propre conscience : « Que faisons-nous subir à nos semblables ? Quelle part de responsabilité nous appartient ? Jusqu’où va notre désir de justice ? »

Le silence unit les personnes au-delà des idéologies ou des croyances. Vécu ainsi collectivement, il permet de réaliser que tous partagent la même humanité et que son non-respect porte atteinte à chacun et chacune.

Selon une des organisatrices : « En six ans, la situation ne s’est pas améliorée. C’est vraiment un engagement sur le long terme. Les réactions positives des passants, leurs questions et leurs paroles de soutien nous encouragent à poursuivre cette démarche. »
Le prochain Cercle de silence de Genève se déroulera le samedi 13 octobre 2018 entre 12h et 13h à Plainpalais, arrêt Cirque, tram 15

Bénévoles et témoins

Par Geneviève de Simone-Cornet
Photo: Jean-Claude GadmerL’année pastorale qui s’ouvre sera consacrée, dans notre unité pastorale, au bénévolat. L’occasion de réfléchir au sens de cet engagement et, surtout, de le valoriser, car sans lui, la vie de nos communautés serait bien moins riche et diversifiée. Et en danger : sans les nombreux bénévoles qui donnent de leur temps, comment nos paroisses pourraient-elles assumer leurs tâches auprès des enfants, des jeunes, des familles et des personnes âgées ?

Mais qu’est-ce qu’un bénévole ? « Est bénévole toute personne qui s’engage librement pour mener une action non salariée en direction d’autrui en dehors de son temps professionnel et familial. » Etre bénévole est un choix librement consenti, solidaire et gratuit. Dans notre pays, selon l’Office fédéral de la statistique, en 2013, le nombre d’heures réalisées à titre bénévole s’élevaient à 665 millions. Le tiers de la population exerce une activité bénévole et cet apport est largement reconnu.

Les bénévoles sont l’âme de la vie paroissiale : pastorale, catéchèse, liturgie, adoration, bulletin de paroisse, brocante, kermesse, visites aux malades et aux personnes âgées, groupes de prière n’existeraient pas sans eux. Les prêtres et les agents pastoraux laïcs ne peuvent pas tout faire. Et donner de son temps, un coup de main, préparer un gâteau, s’investir dans la liturgie dominicale, partager ses compétences, en plus d’être utile, est source de joie. Donner et se donner est toujours un plus pour notre vie personnelle. Le résultat ? Un merci, un sourire, des liens qui se créent, une communauté qui se fortifie.

Chrétiens, c’est au nom de notre foi que nous donnons. Le don traverse la Bible du livre d’Isaïe au don de Jésus sur la croix en passant par les Béatitudes. Il est l’attitude fondamentale du disciple. Nous donnons parce qu’un Autre nous a donné et c’est en son nom que nous nous tournons vers notre prochain. En donnant, nous donnons notre vie et révélons Celui qui nous fait vivre. En paroisse, le bénévolat est d’abord un témoignage rendu à Dieu.

Pas besoin, alors, d’être des spécialistes. L’essentiel, c’est de mettre la main à la pâte. Pour proclamer par nos actes la force de notre foi et le respect pour tout être humain. Bénévoles pour répondre à un appel. Bénévoles pour servir. Bénévoles parce que Dieu lui-même nous le demande.

Liberté religieuse

Par Thierry Schelling
Photo: DRL’histoire de l’Eglise est une très bonne catéchèse, on l’oublie souvent ! Par exemple, à étudier les écrits des papes sur tel ou tel sujet, au fil du temps, on y découvre des changements, parfois radicaux, de prise de position qui témoignent du souffle de l’e / Esprit… C’est le cas pour la liberté religieuse ! Certes, il y a toujours un contexte ; mais pas seulement : on s’appuye sur le même Evangile pour étayer les propos pontificaux parfois des plus contrastés !

En cent ans…
Pie IX, dans son Syllabus (chapitre 3), dénonce comme anathème quiconque déclare qu’ « il est libre à chaque homme d’embrasser et de professer la religion qu’il aura réputée vraie d’après la lumière de la raison ». Dignitatis humanae (Concile Vatican II) affirmera « que la personne humaine a droit à la liberté religieuse », un droit à reconnaître « de telle manière qu’il constitue un droit civil ».

Et François n’en démord pas : son discours devant l’Independance Mall à Philadelphie (septembre 2015), intitulé « Rencontre pour la liberté religieuse avec la communauté hispanique et d’autres immigrés », réaffirme que la liberté religieuse est « un droit fondamental qui forge la façon dont nous interagissons socialement et personnellement avec nos voisins qui ont des croyances religieuses différentes de la nôtre. L’idéal du dialogue interreligieux, où tous les hommes et toutes les femmes de différentes traditions religieuses peuvent dialoguer sans se quereller, cela, la liberté religieuse l’assure. » 

Un risque
Mais avec un risque : au nom des droits humains, des formes modernes de colonisations idéologiques se voient instaurées, celles des plus forts et des plus riches sur les plus faibles et les plus pauvres. François, par background, formation et parce que jésuite sud-américain, ne pouvait éviter de le répéter dans chaque pays visité aux périphéries du monde : Turquie, Albanie, Corée, Sri-Lanka… Fondamentalisme et laïcisme (y) sont les deux expressions erronées qui trahissent la liberté religieuse comme droit à l’égalité dans le respect de la diversité. « Ma liberté s’arrête où commence la tienne », reprendrait-il certainement, mais en y ajoutant « et ensemble, comme dans un polyèdre, tenons-nous la main pour agir mieux et plus… librement ! »

Un Etat d’engagement

Par Pascal Ortelli
Photo: DRLes relations entre l’Eglise et l’Etat n’ont pas toujours été au beau fixe. En France, lors des lois de séparation de 1905, nombreux criaient : « A bas la calotte ! » Qui s’en souvient ? Aujourd’hui, c’est plutôt le discours d’Emmanuel Macron prononcé en avril dernier au Collège des Bernardins qui fait remuer les esprits. Le président français tente de réparer les pots cassés. Non sans redonner un certain droit de cité à l’Eglise : « Je suis ici, dit-il, pour vous demander solennellement de ne pas vous sentir aux marches de la République, mais de retrouver le goût et le sel du rôle que vous y avez joué. »

Au-delà de la manœuvre politique de séduction, il y a un réel appel. A réentendre, aussi du côté catholique. Car si l’Eglise et l’Etat sont de nature et de finalité différente, ils partagent une mission commune. Celle « de mettre les mains dans la glaise du réel, de se confronter tous les jours à ce que le temporel a de plus temporel », rappelle Macron. Nous l’oublions parfois dans le repli de nos sacristies… Or, pour un chrétien, c’est la réalité même de l’Incarnation – et donc de notre foi et de notre salut – qui se joue là. Laïcs de tous pays, n’ayons donc pas peur de mettre les mains à la pâte, pour le bien de la Cité terrestre et céleste.

Un Temps pour la Création 2018: «A fleur de peau: le toucher»

Photos: oeco, suisseeco-telechargement1er septembre au 4 octobre

C’est sur le sens du toucher que se focalise l’action « Un Temps pour la Création 2018 ». Le slogan « A fleur de peau : le toucher » invite à explorer « avec nos mains » le monde qui nous entoure. Car quiconque « saisit » la Création découvre une part de la réalité divine inhérente à ce qui nous entoure. Les Eglises et les paroisses ont ainsi l’opportunité d’attirer l’attention de multiples manières sur l’amour infini que Dieu porte à l’ensemble de la Création. Cette action fait partie d’un cycle dédié aux cinq sens qui s’étend de 2016 à 2020. Ce sont nos mains qui nous permettent de toucher, de modeler et de bâtir. Les enfants doivent « saisir » et tenir les choses pour les comprendre. C’est dans les mains que se concentre le sens tactile de notre organe sensoriel le plus étendu : la peau. Cette dernière enveloppe tout le corps. Par la peau, nous ressentons la douceur et la douleur, le chaud et le froid, la proximité physique et l’éloignement. Tous les êtres vivants – et pas seulement les humains – possèdent une peau, sont entourés par la Création et ont besoin de ce qu’elle leur donne : de l’air pur et de l’eau propre, une nourriture saine, une protection contre le chaud et le froid. La création de l’être humain ou le contact avec le divin sont décrits dans la Bible de manière très imagée : dans le second récit de la Création, Dieu modèle l’être humain avec de la terre, comme un potier (Gn 2, 7). Le prophète Elie ressent la proximité de Dieu dans un léger souffle (1 R 19, 12). Quiconque est touché par Jésus ou quiconque le touche est guéri (Mt 8, 1-4.14-15 ; 14, 34-36). Marie de Béthanie oint les pieds de Jésus d’une huile de nard très précieuse (Jn 12, 3). Le bon Samaritain soigne de ses propres mains le blessé étendu au bord du chemin (Lc 10, 30-35).

Par leurs célébrations et leurs actions pour autrui dans le respect de la Création, les Eglises et les paroisses transmettent à leurs fidèles l’amour de Dieu qui englobe et inclut tout. Des rites comme l’imposition des mains, le baptême, l’eucharistie ou la sainte Cène permettent de percevoir le divin au cœur de la Création. Cette expérience peut se faire aussi dans la nature lorsqu’on marche pieds nus, que l’on examine une écorce en la touchant, ou lors de simples travaux de jardinage. « Venir au jardin me rapproche de Dieu » : c’est ce que ressent une jardinière qui s’occupe des jardins des églises à Genève.
Les Eglises suisses recommandent, depuis le troisième Rassemblement œcuménique européen de Sibiu (2007), de célébrer Un Temps pour la Création : « Nous recommandons de consacrer à la prière en faveur de la protection de la Création et à la promotion d’un mode de vie durable la période qui s’étend du 1er septembre au 4 octobre. » Pour l’Eglise catholique-romaine, le pape François a institué, le 1er septembre, la « Journée mondiale de la prière pour la sauvegarde de la création ». Il souhaite « que cette journée de prière puisse impliquer également, d’une manière ou d’une autre, d’autres Eglises et communautés ecclésiales et qu’elle soit célébrée en consonance avec les initiatives que le Conseil œcuménique des Eglises organise sur ce thème ».

En librairie – septembre 2018

Par Nicolas Maury et Sœur Franziska Huber de la librairie Saint-Augustin, Saint-Maurice

Des livres

nouvel_art_aimerUn nouvel art d’aimer

Fondatrice du mouvement des Focolari, Chiaria Lubich, tout en étant catholique, a su rejoindre les aspirations de personnes d’autres religions animées d’un authentique désir de fraternité. Dans la nouvelle édition enrichie d’une biographie de cet ouvrage, elle montre qu’au quotidien, les relations avec tous peuvent se simplifier et prendre de la profondeur. Les clefs : aimer concrètement chaque personne et rejoindre l’autre dans ce qu’il vit.

Nouvelle cité

Acheter pour 24.40 CHF

mais-il-y-a-la-lumiereMais il y a la lumière

Dans son deuxième livre, Geneviève de Simone-Cornet propose une réflexion sur l’amitié. Qui est née de sa propre expérience. Dans cette méditation, qui n’est ni une autobiographie ni une confession mais qui en reprend des éléments, elle raconte comment, après une amitié brisée, elle trouve asile à l’abbaye d’Orval en Belgique. Entre silence et solitude, elle tente de comprendre les raisons de la brouille et retisse par les mots le lien rompu.

Salvator

Acheter pour 23.60 CHFvivre-libre-avec-etty-hillesumVivre libre avec Etty Hillesum

Jeune Hollandaise juive au au tempérament de feu, Etty Hillesium meurt à Auschwitz à 29 ans. Elle laisse derrière elle une correspondance et un journal qui témoignent d’une fulgurante évolution intérieure au milieu de l’horreur des camps. Convoquant autour de ce personnage des voix de la littérature et de la psychologie, Cécilia Dutter met à la portée de tous ces écrits pour répondre à une interrogation fondamentale : comment vivre une expérience plus libre et plus belle. 

Taillandier 

Acheter pour 22.20 CHFcomme_leclairComme l’éclair part de l’Orient

Recteur du séminaire orthodoxe russe de Paris, Alexandre Siniakov raconte dans ce recueil le chemin qui, commençant dans un village cosaque de la Russie encore soviétique des années 1890, le conduit à découvrir l’Evangile et décider d’y consacrer sa vie. Dans ces pages qui le suivent des steppes du Caucase à la France des écrivains qu’il lisait en secret, il retrace son parcours spirituel et intellectuel. Ce livre a reçu le prix du livre de spiritualité 2018.

Salvator

Acheter pour 30.60 CHF

Infos

Ouvrages disponibles notamment dans les librairies Saint-Augustin de Saint-Maurice (avenue de la Gare, tél. +41 24 486 05 50, librairievs@staugustin.ch) ou de Fribourg (rue de Lausanne 88, +41 26 322 36 82, librairiefr@staugustin.ch) aussi disponible sur librairie.saint-augustin.ch

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