Chapelle Saint-Charles à Romont

Par Pascal Bovet
Photo : Jean-Claude Gadmer Le nouvel internat est inauguré en 1916, la chapelle a suivi douze ans après. Elle a donc connu environ cinquante volées d’élèves de la Ratière (surnom de l’internat) qui ont fréquenté avec une ardeur fort variable la chapelle, logée tout en haut de la maison, dans les combles.

La messe de semaine ou du di­manche et autres dévotions ont forgé et peut-être aussi parfois forcé des jeunes à une vie spirituelle.

La chapelle a pour architecte Fernand Dumas, Alexandre Cingria assure les vitraux, Gaston Faravel est le décorateur-peintre et Marcel Feuillat est l’orfèvre du lieu.  Sur une si petite surface, c’est un luxe qui a échappé à beaucoup d’élèves.

Une maison de formation se devait d’honorer ses maîtres : avec des vues sur la vie ecclésiastique, et en traversant les siècles, on trouve sur la fresque saint Charles Borromée, saint patron de la maison et initiateur des séminaires à la suite du Concile de Trente. Il donne la communion à saint Louis de Gonzague, mort de la peste à Rome à l’âge de 23 ans, patron de la jeunesse. Saint Pierre Canisius, bien connu à Fribourg et contemporain de Charles Borromée, l’évêque Ambroise de Milan et les accompagnent.

L’esprit de cette chapelle nous met donc en relation avec le mouvement de reprise de la formation dans l’Eglise catholique : l’enseignement, la jeunesse, sont les mots d’ordre des évêques. Et en ce temps-là, les vocations sacerdotales étaient en reprise après la crise du début du XXe siècle.

Le petit séminaire a fermé ses portes dans les années 1980. La chapelle a été restaurée par le nouveau propriétaire, la paroisse de Romont.

Fresque de la chapelle, de Gaston Favarel.
Fresque de la chapelle, de Gaston Favarel.

Petit hommage à nos églises

Nos églises ne sont pas uniquement des lieux de recueillement. Nos ancêtres se sont attachés à les rendre belles et les ont ornées d’œuvres d’art auxquelles peut-être vous n’avez plus prêté attention depuis longtemps. Voici quelques images des vitraux de nos églises. Lors de votre prochain passage, peut-être serez-vous touchés par ces trésors et leur beauté.

Texte et photos par Geneviève Thurre

Chapelle de Sapinhaut

Ce vitrail dessiné par Umberto Marigliano (1947-48) représente un ange gardien et deux enfants au bord d’un précipice. En arrière-plan, on reconnaît la Pierre-à-Voi.

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Fully

3_detailfullyVitraux exécutés par l’atelier Renggli à Lucerne d’après les maquettes dessinées par l’artiste Edmond Bille et racontant l’histoire de Sœur Louise Bron.

Détail du vitrail (partie se trouvant en bas à droite du vitrail) : Sœur Louise qui soigne un malade du choléra.

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Riddes

Verres plaqués de deux couleurs minimum et dépolis grâce à de l’acide fluorhydrique pour créer des dégradés ou émaillés que le verrier a ensuite collé sur un verre incolore transparent. Cette technique contemporaine a permis de créer un assemblage et une harmonie de couleur sans utiliser l’épaisseur visuelle du plomb.

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Leytron

Les vitraux, de Paul Monnier, posés en 1974 racontent le chemin de croix. Pendant que le Christ est torturé, ses disciples le renient.

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Saillon

Saillon est placé sous la protection de sainte Catherine d’Alexandrie, poétesse et philosophe.

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Chapelle de la Tzoumaz

Le grand mystère de l’Ascension par l’artiste verrier Bernd Kniel ; un temps et un espace de lumière, de feu et de mouvement que les apôtres ont pu contempler avec les yeux de leur foi et un cœur rempli de crainte et d’espérance.

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La tapisserie et la chapelle Saint-Victor

Alice Basset (1925-2003) a fait partie du groupe d’artistes qui a œuvré à la rénovation de l’église Saint-Joseph entre 1936 et 1950. Son apport le plus spectaculaire est la tapisserie à la gloire de saint Victor qui orne la chapelle située au fond de l’église.

Par Chantal Renevey Fry
Photo: Grégory Radhu SavinCette œuvre a été réalisée en l’honneur du compagnon d’armes de saint Maurice qui, selon la tradition, a subi le martyr à Soleure aux côtés de saint Ours lors de la persécution ordonnée par l’empereur Maximilien Hercule contre la légion thébaine vers l’an 300. D’une dimension de 25 mètres carrés, elle a nécessité 18 mois d’un travail pour lequel des laines de plus de cent nuances ont été utilisées. Paillettes, cabochons, petits motifs métalliques, cuir doré et argenté, satin et brocard ont aussi été employés, donnant à l’ensemble un relief particulier et original.

Cette tapisserie, dont Alice Basset, qui était tout à la fois artiste-peintre, illustratrice et accessoiriste de théâtre, avait préalablement dessiné le carton, ne représente pas une scène précise mais la fusion de plusieurs éléments : la légion thébaine et saint Maurice les mains liées derrière le dos, saint Victor recevant la couronne du martyr, une procession menée par l’évêque de Genève qui porte une châsse d’or contenant les reliques du même saint, tels sont les trois éléments principaux de cette tenture où figurent également les armoiries de l’abbaye de Saint-Maurice et celles du chapitre cathédral de Genève.

Saint Victor se retrouve évoqué dans l’un des six vitraux qui ornent la chapelle, et dont les cartons sont également dus à Alice Basset. Réalisés par le maître verrier fribourgeois Fleckner, ils représentent sept sanctuaires médiévaux qui, avant la Réforme de 1536, étaient situés sur le territoire de la paroisse ou ses environs immédiats. L’un d’entre eux était le prieuré de Saint-Victor, édifié approximativement à l’emplacement de l’église russe actuelle pour abriter les reliques du saint offertes par la ville de Soleure.

Entre 2001 et 2003, une nouvelle réfection de l’église a notamment permis de moderniser son mobilier liturgique. Celui de la chapelle a été confié à François Reusse, l’un des derniers orfèvres genevois en art sacré, issu d’une famille d’artistes proches du groupe Saint-Luc. Fondé en 1919 par des artistes qui souhaitaient renouveler et développer un art liturgique alors caractérisé par des productions stéréotypées et souvent mièvres, celui-ci s’est fait connaître grâce au grand mouvement de construction ou de restauration d’églises qu’a connu notre diocèse entre 1920 et 1945. L’église Saint-Joseph est un bel exemple de réalisation due à des membres actifs de ce groupe, et à l’un de leurs héritiers.

Le Pape des lumières

Par Thierry Schelling
Photo : J
ean-Claude GadmerA l’Angélus du 6 janvier 2017, François a éclairé… le thème de la lumière. « Diverses lumières, étoiles, brillent dans notre quotidien, a-t-il rappelé, et à nous de choisir celles à suivre. » Puis il a décrit : « Il y a les lumières intermittentes, qui vont et viennent, comme les petites satisfactions… mais elles ne suffisent pas et ne nous laissent pas la paix que nous recherchons. » Il repère les « lumières aveuglantes » de l’argent et du succès qui, bien que séduisantes, conduisent du rêve aux ténèbres, et ce si rapidement ! Enfin, les mages eux invitent à suivre une « lumière stable, une lumière douce et bonne », qui ne s’éteint pas et qui vient du ciel, brillant dans les cœurs.

Et de conclure sa mini-réflexion avec les paroles liturgiques : le Christ est notre lumière, et à l’instar du prophète Isaïe, nous sommes invités à revêtir cette lumière et donc le Christ, pour briller de notre joie à Le servir. « Je voudrais vous inviter tous à ne pas avoir peur de cette lumière et de vous ouvrir au Seigneur », encouragement à celles et ceux qui auraient perdu espoir de voir le bout du tunnel. Comment trouver cette lumière ? En étant, comme les mages, en mouvement perpétuel. « Qui veut la lumière doit en fait sortir de soi et chercher alentour… mettre sa vie en jeu… cheminer » car la foi est histoire de chemin, qui, certes, peut se ralentir à cause « des jacasseries superficielles et mondaines qui freinent le pas, des caprices paralysants dus à l’égoïsme, les nids de poule produit par le pessimisme ». Mais reste toujours en chemin.

En substance, François explique que c’est bien de savoir que Noël, c’est la naissance de Jésus… mais encore faut-il la vivre dans son cœur, dans sa vie. Et pour cela, il faut bouger, se déplacer. Comme les Mages qui ont trouvé l’enfant Jésus en allant de chez eux à Jérusalem puis à Bethléem. Et « ils l’adorèrent », c’est-à-dire qu’« ils entrèrent en communion personnelle avec lui dans leur cœur ».

Un Pape illuminé, diront certains ? Pour d’autres, éclairant par la simplicité de ses propos. Et leur sincérité. Un Pape des lumières…

Non! L’esclavage n’est pas mort!

Messe à la basilique Notre-Dame à l’occasion de la Journée internationale pour l’abolition de l’esclavage
2 décembre 2017, 18h30

L’article 4 de la Déclaration universelle des droits de l’homme dispose que « nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude ; l’esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes ».

Pourtant, l’esclavage reste aujourd’hui un problème grave qui se manifeste sous diverses formes : servitude pour dettes, servage, travail forcé, travail et servitude des enfants, trafic de personnes et d’organes humains, esclavage sexuel, utilisation d’enfants soldats, vente d’enfants, mariage forcé et vente de femmes et exploitation de la prostitution.

La Journée internationale pour l’abolition de l’esclavage commémore l’adoption par l’Assemblée générale de la Convention pour la répression et l’abolition de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui [A/RES/317(IV)] du 2 décembre 1949.

Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), il y a actuellement environ 21 millions de victimes du travail forcé dans le monde, générant 150 milliards de dollars en profits illégaux dans l’économie privée chaque année.

L’OIT a adopté un nouveau protocole sur le travail forcé, qui est un traité juridiquement contraignant qui impose aux Etats de prendre des mesures pour combattre l’esclavage moderne sous toutes ses formes. Il agit à trois niveaux : protection, prévention et indemnisation. Le Protocole sur le travail forcé, qui a été adopté en 2014, est entré en vigueur le 9 novembre 2016.

La campagne « 50 for Freedom » vise à convaincre au moins cinquante pays de ratifier le Protocole sur le travail forcé d’ici à 2018.
Près de 21 millions de personnes sont victimes du travail forcé – 11,4 millions de femmes et de filles et 9,5 millions d’hommes et de garçons.

Près de 19 millions d’entre elles sont exploitées par des particuliers ou des entreprises privées et plus de 2 millions par un Etat ou des groupes rebelles.

Parmi celles qui sont exploitées par des particuliers ou des entreprises,
4,5 millions subissent une exploitation sexuelle forcée.

Source : OIT

Suisse : Le Protocole de 2014 relatif à la convention sur le travail forcé vient d’être ratifié

Le Protocole, adopté en 2014 par la Conférence internationale du travail à une écrasante majorité, oblige les Etats qui le ratifient à prendre des mesures efficaces pour prévenir le travail forcé, protéger les victimes et leur donner accès à des mécanismes de recours et de réparation. La Suisse, pour sa part, a ratifié cet instrument le 28 septembre 2017. Ce dernier entrera en vigueur dans notre pays le 28 septembre 2018. A ce jour, vingt Etats l’ont ratifié.

« Le Protocole marque un tournant dans la lutte contre le travail forcé à travers le monde. Il aborde les formes modernes du travail forcé, notamment la traite des êtres humains » a déclaré Boris Zürcher, directeur de la Direction du travail au Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO). « La Suisse est fière de s’associer à la démarche qui illustre l’engagement résolu des gouvernements, des employeurs et des travailleurs pour abolir le travail forcé de manière effective et durable. »

Guy Ryder, directeur général du BIT, s’est félicité de ce nouveau témoignage de l’engagement de la Suisse pour mettre fin au fléau du travail forcé et espère que d’autres pays suivront cet exemple afin que l’objectif de la campagne « 50 for Freedom » – à savoir 50 ratifications du Protocole d’ici la fin de 2018 soit atteint.

Au niveau national, la Suisse n’a eu de cesse de renforcer son cadre législatif et institutionnel de lutte contre la traite de personnes, notamment à travers l’action du Service de coordination contre la traite d’êtres humains et le trafic de migrants (SCOTT), créé dès 2003 pour élaborer des stratégies et coordonner les actions dans ce domaine. En outre, la Suisse vient d’adopter un deuxième plan d’action national contre la traite des êtres humains pour la période 2017-2020 qui comprend vingt-huit mesures dans les domaines de la prévention, des poursuites pénales, de l’aide aux victimes et du partenariat.
En quoi consiste le Protocole sur le travail forcé ?
C’est un traité juridiquement contraignant qui impose aux Etats de prendre des mesures pour combattre l’esclavage moderne sous toutes ses formes. Il agit à trois niveaux: protection, prévention et indemnisation. Comme il s’agit d’un traité international, les pays doivent d’abord le ratifier avant qu’il n’entre en vigueur. Une fois ratifié, les pays devront régulièrement rendre compte des mesures concrètes prises pour mettre fin à l’esclavage.

Comment le Protocole peut-il aider les victimes de l’esclavage moderne?
Le Protocole demande aux pays d’assurer la libération, le rétablissement et la réadaptation des victimes de l’esclavage moderne. Il les protège aussi de poursuites pour des infractions qu’ils auraient commises quand ils étaient esclaves.

Comment le Protocole peut-il prévenir le travail forcé ?
Les pays qui ratifient le Protocole devront garantir que tous les travailleurs de tous les secteurs sont protégés par la législation.
Ils devront renforcer l’inspection du travail et d’autres services qui protègent les travailleurs de l’exploitation. Ils devront aussi prendre des mesures supplémentaires pour éduquer et informer la population et les communautés sur des crimes comme la traite d’êtres humains.

Comment le Protocole améliorerait-il l’application des lois ?
Le Protocole garantit aux victimes l’accès à la justice et à la réparation – même si elles ne résident pas légalement dans le pays où elles travaillent. Les Etats doivent aussi sanctionner les pratiques abusives et frauduleuses des recruteurs et des agences d’emploi.

N’existe-t-il pas déjà un traité sur le travail forcé ?
Si! En fait, la plupart des pays du monde sont signataires de la convention historique sur le travail forcé de 1930. Mais depuis lors, de nouvelles formes d’esclavage moderne ont émergé qui sont encore plus difficiles et complexes à combattre.
Le Protocole complète la convention en lui ajoutant de nouveaux éléments, notamment pour s’attaquer aux causes profondes afin que l’esclavage puisse être éradiqué une fois pour toutes. Il demande aussi aux employeurs d’exercer leur vigilance pour éviter de recourir à l’esclavage moderne dans leurs pratiques commerciales ou leurs chaînes d’approvisionnement.

Source : 50forfreedom.org

Esclavage moderne : mythes et réalités

L’esclavage moderne est présent partout mais la plupart des gens l’ignore. Voici quelques mythes qui l’entourent.

Mythe : L’esclavage appartient au passé.

Réalité : Non, pas du tout. L’esclavage plonge ses racines dans l’histoire et existe toujours, sous de nombreuses formes différentes. La traite d’êtres humains, la servitude pour dette et le travail domestique forcé ne sont que quelques exemples. Mais ce n’est pas une fatalité. Un effort coordonné des gouvernements et des militants du monde entier pourrait mettre fin à l’esclavage moderne une fois pour toutes. C’est tout le propos du Protocole de l’OIT sur le travail forcé.

Mythe : Assez peu de personnes sont victimes de l’esclavage moderne.

Réalité : On dénombre aujour­d’hui plus de personnes en situation d’esclavage qu’à toute autre période de l’histoire. Plus de 25 millions de femmes, d’hommes et d’enfants vivent dans des situations d’esclavage moderne, soit trois personnes sur 1000 dans le monde. Si elles vivaient toutes dans la même ville, ce serait une des plus grandes villes du monde.

Mythe : L’esclavage moderne n’existe que dans le monde en développement.

Réalité : L’esclavage moderne existe partout. Plus d’un million et demi de personnes travaillent dans des conditions assimilables à l’esclavage en Europe, en Amérique du Nord, au Japon et en Australie.

Mythe : La traite à des fins sexuelles représente la plupart des cas d’esclavage moderne.

Réalité : La plupart des personnes victimes de l’esclavage travaillent dans des secteurs comme l’agriculture, la pêche, la construction, l’industrie, les mines, les services et le travail domestique. Environ une victime sur cinq est concernée par l’exploitation sexuelle.

Mythe : L’esclavage moderne n’est pas très lucratif.

Réalité : L’esclavage moderne est un énorme marché. Une récente étude de l’OIT a estimé que l’esclavage moderne générait plus de 150 milliards de dollars de profits annuels, ce qui équivaut aux profits cumulés des quatre sociétés les plus rentables au monde.

Mythe : L’esclavage moderne ne me concerne pas.

Réalité : L’esclavage moderne concerne chacun de nous. Même si vous n’êtes pas victime de l’esclavage moderne, vous en subissez les effets. Ainsi, les entreprises sont confrontées à une concurrence déloyale de la part de sociétés peu scrupuleuses qui tirent profit de l’esclavage moderne. Elles peuvent faire pression sur elles pour réduire les salaires ou les prestations. Parallèlement, les gouvernements perdent de précieuses recettes fiscales alors qu’ils doivent supporter d’énormes frais juridiques pour poursuivre les cas d’esclavage moderne – de l’argent qui pourrait être investi dans les services publics comme l’éducation, la santé ou les transports publics.

Mythe : L’esclavage moderne réalise surtout son chiffre d’affaires dans le monde en développement.

Réalité : Les profits annuels par victime de travail forcé sont, de loin, plus élevés dans les économies développées et l’Union européenne que partout ailleurs dans le monde.

Source : 50forfreedom.org

L’amour aimable

Dans ses orientations sur l’amour, le pape François nous invite à l’amabilité, qui se décline notamment par la délicatesse, la confiance, le respect. Ainsi vécue, la vie concrète des familles devient école de vie en société. 1

Par Bertrand Georges
Photo : Pixabay 

Offrir une présence aimable.
Offrir une présence aimable.

L’Eglise considère volontiers que la famille est la première cellule de la société. C’est en effet dans des familles concrètes que l’on peut apprendre à cultiver des bonnes attitudes et à réformer ce qui nuit à une bonne entente. Dans ce domaine, le Pape souligne que « l’amour n’œuvre pas avec rudesse, il n’agit pas de manière discourtoise, il n’est pas dur dans les relations ». Mais l’accent est surtout mis sur des attitudes positives : aimer c’est aussi être aimable. Les manières, les mots, les gestes de l’amour sont agréables. Ces attitudes ne sont pas une option : « Etre aimable n’est pas un style que le chrétien peut choisir ou rejeter : cela fait partie des exigences indispensables de l’amour. » Et cela se traduit par des paroles d’encouragement. C’est d’ailleurs ainsi, nous dit le Pape, que Jésus fait avec ceux qu’il rencontre : « Aie confiance, mon enfant. » (Mt 9, 2) « Grande est ta foi. » (Mt 15, 28) « Lève-toi ! » (Mc 5, 41) « Va en paix. » (Lc 7, 50) « Soyez sans crainte. » (Mt 14, 27) Ce ne sont pas des paroles qui humilient, qui attristent, qui irritent, qui dénigrent. En famille il faut apprendre ce langage aimable de Jésus.

Trop souvent, nous ne voyons que ce qui ne va pas, les défauts de l’autre, ses limites. Si la vie de tous les jours nous présente bien des tentations de râler, elle offre aussi tant de belles choses à valoriser ! Les paroles bienveillantes sont bienfaisantes car elles répondent à un besoin profond du cœur : être reconnu, apprécié, aimé. Se savoir aimé de Dieu, et de son conjoint, de ses parents, de ses enfants procure un sentiment de sécurité intérieure. On peut affronter la vie quand on se sait aimé.

Dans ce domaine comme dans d’autres, tout ce qui est appris et vécu au sein de la famille rejaillit en société. Quel inestimable service les familles rendent lorsque, dans leurs foyers, elles cultivent l’amour aimable !

1 Cf. Pape François, Amoris Laetitia nos 99 et 100.

Mariage

Par Thierry Schelling
Photo: Le pape François rigole lorsqu’un couple de jeunes mariés lui montre la figurine de leur gâteau de mariage à son effigie. (Photo Ciric)Depuis quinze ans que je bénis des mariages, un sentiment d’inadéquation m’habite crescendo face aux fiancés… Leurs demandes sont souvent motivées par un « On ne saurait imaginer les choses autrement ». Et c’est tout.

A la question : « Pourquoi le sacrement, alors ? », la réponse est souvent plus que laconique : « Le sacre… quoi ? » Formidable terrain d’évangélisation, me dira-t-on ? Peut-être… Oh, ils sont mignons, ont souvent vécu sept, huit voire neuf ans ensemble auparavant. Mais un bébé arrive, une arrière-grand-mère rêve de la voir en blanc avant de mourir…

Choix libre, vraiment ? Par-dessus tout, ces couples n’ont souvent pas la foi, ou ne la pratiquent pas, ou plus…

Une bénédiction ne serait-elle pas plus appropriée dans le respect de leur vécu ? Ou des fiançailles, pour se donner un temps de catéchuménat du couple chrétien… Ah, mais le resto, les bulles de savon et l’église sont déjà réservés !

Le plus fou ? Après la célébration, j’ai souvent des retours dithyrambiques : « Vous avez été génial ! », « Des prêtres comme vous rempliraient les églises ! », « Nos familles et amis ont a-do-ré ! » Le style a plu… mais le fond ?

OK, je suis consciencieux, mais souvent inadéquat. Dilemme. Souffrez que je vous le partage…

En librairie – novembre 2017

Par Claude Jenny et Sœur Franziska Huber de la Librairie Saint-Augustin, Saint-Maurice

Des livres

quand-nos-blessures« Quand nos blessures diffusent la lumière »

Dans son nouveau livre, l’abbé Joël Pralong, directeur du séminaire du Diocèse de Sion, aborde un thème qu’il affectionne : celui des blessures qui nous habitent. Si elles peuvent « sécréter du poison, celui de l’amertume », elles peuvent aussi, « laisser transparaître la lumière, celle qui émane du plus profond de l’âme » parce que Dieu ne laisse personne seul sur le bord du chemin. L’auteur évoque ses propres blessures et celles de personnes en détresse qu’il a croisées dans son parcours de prêtre. Et de proclamer un hymne à la tendresse !

Editions Cabébita, 96 pages, septembre 2017

Acheter pour 22.00 CHFducarroz-bernardBernard Ducarroz : « Avec les mots du cœur »

Un livre dédié au compositeur Bernard Ducarroz, quelle belle idée ! Coup de cœur pour cet auteur-compositeur, décédé en 2014, qui a tant marqué l’art choral en Suisse romande.
Ce n’est que justice de lui dédier ce livre, rédigé par quelques-uns de celles et ceux, parmi tant d’autres, qui l’ont tant aimé et chanté. Et le chantent toujours ! Il a écrit les paroles de quelque 500 chants, mais surtout – comme le dit joliment le titre du livre – il composait et allait à la rencontre des autres avec les mots du cœur. Un livre qu’il faut goûter avec les notes du bonheur de l’avoir connu et chanté !

Editions Cabébita, 280 pages, septembre 2017. Avec des participations de son compère Pierre Huwiler, de son frère l’abbé Claude Ducarroz, de Pascal Corminbœuf et de Gilles Baeriswyl.

Acheter pour 39.00 CHFdreher« Comment être chrétien dans un monde qui ne l’est plus »

Un titre provocateur pour un livre au sujet néanmoins pertinent! A savoir: comment vivre sa foi dans un monde devenu de plus en plus hostile à tout ce qui est religieux? L’auteur, Rod Dreher, journaliste américain, dresse un portrait plutôt sombre mais invite les chrétiens à résister aux fléaux de la modernité en y jetant un regard de bénédictin pour prendre de fermes résolutions.

Artège, 350 pages, septembre 2017

Acheter pour 30.80 CHF

UN CD

le-regard-de-dieu-chants-de-saint-merry« Le regard de Dieu »

Un regard vocal en l’occurrence grâce au quatrième opus du groupe de chant du Centre pastoral Saint-Merry de Paris. Une communauté qui se veut innovante et qui porte le nom d’un saint bien peu connu. Son groupe vocal chante la Parole avec des voix superbes, un répertoire pour le temps présent, un accompagnement musical recherché. Ce CD offre un mélange de diverses compositions ainsi que la messe de la Saint-Jean. Un CD magnifique qui fera le bonheur de ceux qui veulent faire chanter l’assemblée avec des compositions novatrices.

«Le regard de Dieu», Chants du répertoire de Saint-Merry, Adf-Bayard musique, Paris, 2017

Acheter pour 36.20 CHF

Infos

Ouvrages disponibles notamment dans les librairies Saint-Augustin de Saint-Maurice (avenue de la Gare, tél. +41 24 486 05 50, librairievs@staugustin.ch) ou de Fribourg (rue de Lausanne 88, +41 26 322 36 82, librairiefr@staugustin.ch) aussi disponible sur librairie.saint-augustin.ch

Jubilé des 150 ans: un concert

Mardi soir 21 novembre, à 20h aura lieu un concert de musique, donné par l’Orchestre Praeclassica de Genève. Cette ensemble musicale, fondé en 1963 par René Probst, est constitué de musiciens de très bon niveau ayant reçu une formation musicale et instrumentale de qualité.

Sous la direction de Ahmed Hamdy, l’orchestre interprétera des pièces de Sibelius, Tchaikovsky, Puccini, Chrisantemi et un concerto pour violoncelle en la mineur de Boccherini. Pour cette dernière pièce, nous aurons la présence de M. Dan Sloutskovski, cosoliste violoncelle de l’Orchestre de Chambre de Genève.

Entrée gratuite et collecte à la sortie.

Marie Leduc-Larivé

Propos recueillis par Vincent Lafargue
Photos : LDD
T’es-qui?
Marie Leduc-Larivé, 27 ans, mariée à Romain, des Plans-sur-Bex (VD).
Tu t’engages où?
Editrice aux éditions Parole et Silence (Les Plans / Paris). Master en théologie en cours à la faculté de Strasbourg, rédactrice dans quelques médias (Grandir, Sources, cath.ch), responsable du camp vocation « Théâtre ».

 Marie, l’Eglise de demain sera… ?
… libérée de bon nombre de ses peurs, comme nous y invite le pape François, et donnant davantage de place aux femmes.

Quel est ton travail d’éditrice ?
Notre but est d’aider les chrétiens à se former et à nourrir leur vie spirituelle. Mon travail est très varié, mais j’accompagne surtout les auteurs dans la finalisation de leurs manuscrits. Je trouve beaucoup de sens dans ce que je fais, ce qui, pour moi, est très important. Cela nourrit ma foi et unifie ma vie.

Pourquoi étudier la théologie ?
Parce que c’est passionnant ! J’y prends beaucoup de plaisir…  Quand j’ai commencé la théologie, j’avais plein de questions et envie d’y répondre. Plus j’avance, plus je me rends compte qu’il y aura toujours plus de questions mais qu’utiliser son intelligence pour scruter sa foi peut faire découvrir des trésors inestimables et rejoindre le cœur de la prière.

Tu as succédé à Albert Longchamp au sein de la rédaction du journal « Grandir ». Est-ce facile de transmettre de la profondeur à travers de petits articles ?
Je pense que la taille réduite des articles de ce journal permet de donner envie de les lire jusqu’au bout. Après, le fait de synthétiser permet d’accentuer un point, un auteur, le but n’étant pas de faire un cours mais juste de donner envie aux lecteurs de creuser un aspect de foi.

Enfin, tu diriges le camp vocation « Théâtre ». Qu’est-ce que ces camps apportent ?
Depuis que j’ai 15 ans, je participe à ces camps qui ont été fondateurs pour ma foi… Devenir animatrice, c’est aussi un moyen de redonner plus loin, à d’autres, ce que j’y ai reçu. C’est une vraie respiration pour ces jeunes, et pour moi aussi, un lieu où vivre notre vie de chrétien simplement, librement et de façon très joyeuse. Quand on donne la parole aux ados, on s’aperçoit des immenses richesses qu’ils ont en eux et qu’ils partagent volontiers.

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Pour aller plus loin

Le site des éditions Parole et Silence : www.paroleetsilence.com

Le site des études de théologie à Strasbourg (possibilité par correspondance) : http://theocatho.unistra.fr/

Vivre et Aimer

Texte et photo par Céline et Pierre-Jean Darbellay

Historique 

En 1952, en Espagne, le Père Gabriel Calvo prend conscience que la relation de couple a une influence primordiale sur le comportement des enfants et sur l’ensemble de la vie de famille. Il propose alors des retraites centrées sur la relation de couple.

Puis de sa rencontre avec le Père jésuite Chuck Gallager qui partage les mêmes convictions que lui, va naître un mouvement international : Marriage Encounter (Vivre et Aimer).

Actuellement présent sur 5 continents, dans plus de 80 pays, dont 13 européens, depuis 40 ans en France et 20 en Suisse romande.

Temoignage

Pierre-Jean
La session V&A a été un moment extrêmement fort dans ma vie, comparable à celui de mon mariage ou à la naissance de mes filles. Soudain, il m’est apparu, comme une évidence : la belle voiture, la grande maison, l’argent, la réussite professionnelle ou la reconnaissance sociale ne représentent à mes yeux que peu de choses. Mon essentiel c’est mon amour pour toi Céline, pour mes enfants. J’ai donc décidé de les mettre à la première place. Merci V&A de m’avoir recentré sur l’essentiel.

Céline
J’y ai découvert que je pouvais être aimée avec mes différences, pas besoin de tout faire comme et avec toi. La nouveauté pour moi a été d’entendre qu’aimer est une décision. Tous nos échanges et nos partages m’ont profondément rassurée, tu m’aimais et nos désirs étaient identiques. Je me suis sentie confiante en notre amour et heureuse de revivre la romance des débuts.

A qui s’adresse vivre et aimer?

A tout couple croyant ou non, marié ou non qui souhaite s’aimer mieux. Il s’adresse aussi aux prêtres ou religieux(ses), et aux fiancés, ceci dans le respect de chacun.

Le mouvement organise deux types de session :

Vivre et Aimer : pour les couples, prêtres, religieuses qui désirent approfondir leur relation par le dialogue.

Amour et Engagement : pour les jeunes fiancés ou non qui désirent s’engager dans une relation durable, avec ou sans projet de mariage.

Le but :

Nourrir, enrichir, approfondir notre relation, réévaluer notre projet de vie, vivre en couple dans la durée.

La session débute le vendredi soir et se termine le dimanche : elle est animée par des couples et un prêtre qui alternent apports théoriques et témoignages concrets. Les participants sont invités ensuite à une réflexion personnelle puis à des échanges dans l’intimité du couple.

Les thèmes abordés sont : connaissance de soi, connaissance de l’autre, l’écoute, la confiance, le pardon, la communication, la sexualité et la place du couple dans la société.

Après le week-end : pour ceux qui désirent approfondir la démarche, il existe des soirées de partage en petit groupe de 4-5 couples, pour s’entraider les uns les autres.

Une session Vivre et Aimer, c’est un magnifique cadeau à faire à soi-même, à son couple et à son entourage. Prochaine session en Valais, du 10 au 12 novembre 2017.

Pour plus d’information : www.vivre-et-aimer.org

Avec le vicaire épiscopal et les sœurs

La communauté de la Colombière a vécu dimanche 27 août une messe festive. Les paroissiens accueillaient la communauté espagnole, le vicaire épiscopal, l’abbé Christophe Godel, et une vingtaine de sœurs Servantes du Seigneur et de la Vierge de Matara, une congrégation argentine.

Par Geneviève de Simone-Cornet
Photo : Christiane GanguinUne église pleine, des lectures et des prières en français, mais aussi en espagnol, des chants en latin : dimanche 27 août, la messe dominicale à la Colombière avait un air de fête. L’animation était assurée par les Servantes du Seigneur et de la Vierge de Matara (SSVM), venues en nombre donner une note joyeuse à la célébration (voir encadré). Elles étaient présentes à la demande du vicaire épiscopal, l’abbé Christophe Godel, qui avait tenu à les accueillir – peut-être certaines vont-elles bientôt s’engager sur l’unité pastorale Nyon-Terre sainte et y implanter une communauté.

Connaître par la foi
La messe, concélébrée par l’abbé Godel, le Père Emilien et le Père Jésus Garcia, a alterné le français et l’espagnol, à l’image de l’homélie du vicaire épiscopal. En ouverture, celui-ci a souligné que l’évangile du jour propose deux manières de connaître le Christ en réponse à la question qu’il pose aux disciples : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » : « Une connaissance externe, caractérisée par l’opinion commune », et une connaissance de l’intérieur, par la foi.

La première considère le Christ « comme un personnage religieux supplémentaire qui s’ajoute aux personnages connus », la seconde est « la capacité à saisir le mystère de la personne du Christ dans sa profondeur ». Par la foi, qui « a son origine dans l’initiative de Dieu, qui nous dévoile son intimité et nous invite à participer à sa vie divine ». Elle « suppose une relation personnelle avec lui, l’adhésion à Dieu de toute la personne avec son intelligence, sa volonté et ses sentiments ».

Stimulation réciproque
« Comme elle suppose de suivre le Maître, a ajouté l’abbé Godel, la foi doit se consolider et croître, devenir profonde et mûre à mesure que s’intensifie et que se fortifie la relation avec Jésus, l’intimité avec lui. » Pour les apôtres, pour nous aussi, à qui le Christ pose la même question. A nous de répondre « avec générosité et courage ».

Plus loin dans l’évangile de ce dimanche, Jésus dit à Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ». Soulignant le terme « mon », l’abbé Godel a affirmé : « L’Eglise n’est pas une simple institution humaine, comme n’importe quelle autre, bien plus elle est étroitement unie à Dieu. […] On ne peut pas séparer le Christ de l’Eglise comme on ne peut pas séparer la tête du corps ». L’Eglise « vit par le Seigneur. Il est présent au milieu d’elle et lui donne vie, aliment et force ».

On ne suit pas Jésus en solitaire, a ajouté le vicaire épiscopal, sinon le risque est grand «de ne jamais le rencontrer ou de finir par suivre une image fausse de lui» : c’est en Eglise qu’on le reconnaît et « qu’on s’appuie les uns sur les autres pour dire et approfondir sa foi : c’est une stimulation réciproque ». Qui nous fait témoins de Dieu au cœur du monde.

A la fin de la célébration, l’abbé Godel a remercié le Père Emilien, qui quitte notre unité pastorale pour la région de Moudon, pour « sa disponibilité et sa sagesse ». Les applaudissements nourris de l’assemblée lui ont dit la joie d’avoir pu, quinze ans durant, travailler avec lui.

A l’issue de la célébration, un apéritif a été servi sur le parvis. Accompagnées d’une guitare, les religieuses ont improvisé un concert avec des chants entraînants. Le courant a passé entre elles et les paroissiens.

Evangéliser la culture

Par GdSC

L’Institut des Servantes du Seigneur et de la Vierge de Matara (SSVM) a été fondé le 19 mars 1988 à San Rafael, en Argentine, par le Père Carlos Miguel Buela. Avec l’Institut du Verbe incarné – un institut de prêtres – et le tiers-ordre séculier, il forme la famille religieuse du Verbe incarné. Les deux instituts religieux ont des branches actives et contemplatives. Leurs membres prononcent quatre vœux : chasteté, pauvreté, obéissance et consécration à Marie – la Vierge est leur modèle et leur guide, sur les pas de saint Louis-Marie Grignion de Montfort. Les fondements de leur spiritualité sont Jésus crucifié et Marie. Ils ont un amour particulier pour l’eucharistie, Marie et le pape.

Religieux et religieuses sont plus de 1500, présents sur les cinq continents. Leur charisme ? « Prolonger l’Incarnation du Verbe dans toutes les manifestations de l’homme avec pour fin spécifique l’évangélisation de la culture » : ils veulent pénétrer tous les aspects de la vie de l’homme de la force de l’Evangile. Pour cela, ils sont présents notamment dans la pastorale, l’éducation et les médias. Ils prêchent les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola et des missions paroissiales selon la méthode de saint Alphonse-Marie de Liguori. Ils dirigent des foyers pour personnes âgées et enfants abandonnés ou confrontés à des problèmes familiaux.

Les religieuses portent un habit bleu et gris, le bleu (le ciel sans nuages) représentant la divinité du Christ, le gris (la terre) l’humanité. Elles portent la croix de Matara, symbole de l’évangélisation de la culture.

«Sauf en cas d’union irrégulière»

Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR
Dans son chapitre 19, où Jésus affirme l’indissolubilité du sacrement de mariage – d’après la conception catholique – « Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni » (19, 6), Matthieu ajoute une incise (ou clausule) qui ne se retrouve pas dans les passages parallèles chez les deux autres évangiles synoptiques (Marc 10, 11-12 ; Luc 16, 18) ni chez Paul (1 Co 7, 10-11).

Sans doute est-ce dû au fait que le premier évangéliste s’adresse surtout à des chrétiens venant du judaïsme et que le cas pouvait se produire dans le contexte juif : « Quiconque répudie sa femme – sauf pour « union irrégulière ou prostitution » – et en épouse une autre commet l’adultère. » (Matthieu 19, 9) Selon les Eglises orthodoxes et réformées, le terme grec ici utilisé (porneia, qui donne pornographie) désignait l’adultère ou la « fornication » hors du mariage, ce qui légitimerait un divorce dans une pareille situation où l’un des conjoints trompe l’autre.

Pour l’interprétation majoritairement en vigueur du côté catholique, il devait plutôt s’agir des unions rendues incestueuses par un degré de parenté proscrit par l’Ancien Testament (Lévitique 18). Des mariages de ce type, contractés chez les païens ou même tolérés chez les prosélytes se préparant à embrasser la foi juive, ont dû faire problème lorsque ces personnes se convertissaient au christianisme dans les milieux judéo-chrétiens attachés à la Loi. D’où la possibilité ouverte de rompre de semblables unions reconnues comme irrégulières au nom de la supériorité de la Parole du Christ qui, au fond, rendait ces mariages nuls par eux-mêmes.

D’autres interprétations considèrent que le passage permettait non pas le divorce, mais la séparation des époux, sans remariage. A partir de la première lettre aux Corinthiens (7, 12-16) – d’où le nom de privilège paulin –, le Code de droit canonique (canons 1141-1150) prévoit que, pour le bien de la foi, le mariage conclu par deux non-baptisés, dont l’un des deux se convertit et veut épouser un(e) autre catholique, puisse être dissous.

Ensemble autour du Christ

«Le plus difficile dans la vieillesse, c’est d’accepter la dépendance. Alors je pense au Christ qui est mon Tout ; il a été si dépendant dans la crèche de Bethléem, sur la Croix. Ainsi je me rapproche de lui, je prends du temps pour essayer d’approfondir cette attitude de dépouillement.» 1 (Une sœur ursuline, 101 ans)

Par Nicole Andreetta
Photo : ISRF, Cte d’IngenbohlPendant des siècles, les congrégations religieuses ont pris en charge, elles-mêmes, leurs membres âgés et malades, répondant à leurs besoins vieillissants. Aujourd’hui, la chute du nombre de vocations liée au prolongement de l’espérance de vie ne permet plus aux communautés d’assurer les soins et l’accompagnement auxquels leurs sœurs âgées ont droit.

Dans le canton de Fribourg, depuis cinq ans, trois congrégations, les Sœurs d’Ingenbohl, les Ursulines et les Sœurs de l’Œuvre de Saint-Paul, ont unis leurs forces et créé l’ISRF, l’Institution de santé pour religieuses et religieux de Fribourg. L’ISRF dispose ainsi de trois unités de soins situées dans trois maisons religieuses différentes. Cette institution est reconnue par l’Etat et bénéficie d’une convention avec les caisses maladie.

Sœur Louise-Henri Kolly est supérieure de la maison provinciale romande des Sœurs d’Ingenbohl et membre du Conseil d’administration de l’ISRF : « Concernant le vieillissement de la population, nous connaissons les mêmes soucis que la société.

Nous avons choisi la voie de la solidarité, du partage et du vivre ensemble afin que nos aînées puissent poursuivre, jusqu’à la fin, une vie communautaire, spirituelle et religieuse. Malgré l’âge et la maladie, elles demeurent à l’écoute de l’actualité. Elles y répondent avec générosité par la prière et l’offrande. »

« Le sens de ma vieillesse, c’est prier pour les jeunes, pour le monde, pour la paix » (une sœur ursuline, 92 ans). 2

Sœur Louise-Henri conclut : « Nous accueillons des religieuses, des religieux et des prêtres de divers charismes, spiritualités et expériences de vie. Ces différences sont richesses. Elles proviennent de la même Source et trouvent leur unité dans le Christ, l’Evangile et l’attente sereine du Passage sur l’Autre Rive. »

1 Paroles tirées de l’exposition « Nos sœurs aînées : une leçon de vie ».
2 Ibidem.

La joie de transmettre…

Par Sabrina Faraone avec Karin Ducret
Photo : Pascal Voide
Qui es-tu ?
Je m’appelle Sabrina Faraone et j’habite dans la commune de Chêne-Bourg depuis 28 ans.

Je pratique le yoga depuis mon plus jeune âge. Aujourd’hui professeure diplômée, j’enseigne cette pratique. Intéressée par la médecine douce, j’ai achevé aussi une formation en massage thérapeutique et en  naturopathie.

Et ton engagement en Eglise ?
Depuis de nombreuses années j’étais catéchiste bénévoles dans la paroisse Saint-Pierre (Thônex) et Saint-François de Sales (Chêne). Il y a deux ans et demi on m’a proposé de coordonner la catéchèse. Suite à cette proposition, que j’ai acceptée avec grande joie, j’ai commencé plusieurs formations en Eglise qui m’apportent beaucoup, non seulement en connaissances mais approfondissent encore ma foi. Le 3 septembre 2017, lors d’une célébration festive, j’ai été nommée officiellement par l’évêque collaboratrice de la catéchèse, faisant partie à ce titre de l’équipe pastorale de l’UP La Seymaz.

Que fais-tu pratiquement ?
J’anime plusieurs groupes d’enfants qui suivent le catéchisme – ce sont des moments précieux d’échanges, de rires, des prières… Par ailleurs je m’occupe de leurs inscriptions et j’accueille et renseigne les parents, tout en m’accordant et en collaborant avec les autres catéchistes.

J’organise aussi dans notre paroisse les messes en famille pendant l’année scolaire. Les préparations si riches en partages se font toujours avec des parents et le prêtre – à chaque fois nous nous sentons encore plus nourri-e-s de la Parole.
La messe en famille propose une animation simple, adaptée aux enfants, pour faire  retentir la Parole de Dieu dans une tonalité joyeuse et parents et enfants
se sentent portés par la chaleur de la communauté qui célèbre son Seigneur.

Que retiens-tu de ton engagement en Eglise ?
Je me sens vraiment bien dans ce que je fais. J’aime les contacts, les échanges, les partages… et trouver des solutions… et je m’efforce de donner le meilleur de moi.

Le mariage, une vocation?

Par Thierry Schelling
Photo : Ciric
Le mot « nullité » apparaît deux fois (numéro 244) dans Amoris Laetitia, pour démontrer comment le pape François l’a facilitée canoniquement par des allègements de procédures et une plus grande responsabilité portée par l’évêque vis-à-vis des couples de son diocèse 1. Le mot mariage, lui, revient plus de 200 fois ! Cependant, Amoris Laetitia n’est pas une exhortation sur le mariage mais, comme le dit le titre, sur l’amour dans la famille. On l’aurait presque oublié au vu de son traitement dans les comptes rendus des médias, les polémiques entre cardinaux ou même les propositions diocésaines pour mettre en pratique cet énième texte du magistère…

Une phrase clé du texte, mais également de la pensée du magistère, et de sa tradition semper reformanda (toujours à réformer), ancre et détermine tout à la fois ce que devraient être (à l’avenir ?) les mariages catholiques : « La décision de se marier et de fonder une famille doit être le fruit d’un discernement vocationnel » (n. 72). Tout est là : un fruit, d’abord. C’est-à-dire la conséquence, la maturation d’un vécu confronté graduellement à l’altérité de l’autre, et élagué par la « petite mort » (sic) de bien des phantasmes, rêves et chimères de la vie à deux, pour accueillir le « vrai réel » et « faire avec ». De fait, les couples qui se présentent à la cure pour demander le mariage vivent ensemble avant, à 99 % ! Ils se connaissent, donc. Mais alors pourquoi la demande de passer devant l’autel ? Sentent-ils qu’il leur manque quelque chose, quelqu’un ? Dans cette cohabitation pré-mariage, ont-ils les outils nécessaires pour faire naître le fruit de ce vécu en une vocation ? Car le pape parle de discernement vocationnel. Pour ce faire, et selon l’école ignatienne, il convient de remplir certaines conditions : mettre le Christ au cœur et devant tout ; ciseler une envie et une volonté personnelles à vouloir ce que Dieu veut pour moi, pour nous ; se prêter à la relecture de vie, dans toute sa « quotidienneté », et ce, avec un-e accompagnateur/-trice ; s’extraire du présent pour, comme dans le cadre d’une retraite, se concentrer sur la Parole de Dieu, etc. Nos CPM 2 y ressemblent-ils ?

On dit que l’Eglise catholique n’a pas une théologie du mariage, mais de sa célébration, canonique et rituelle… Cette exhortation veut ranimer l’amour en famille. Et ouvre plus de questions qu’elle n’en solutionne. Tant mieux. Mais une ultime invitation de François nous met en garde : « Rien de tout cela n’est possible si l’on n’invoque pas l’Esprit Saint, si l’on ne crie pas chaque jour pour demander sa grâce, si l’on ne cherche pas sa force surnaturelle, si l’on ne lui demande pas [de] consolider, […] orienter et […] transformer [l’amour conjugal] » (no 164). Eh bien, il y a matière à discerner !

1 Mitis Iudex Dominus Iesus et Mitis et misericors Iesus, datant du 15 août 2015.
2 CPM : Cours ou Chemin de préparation au mariage.

Que faire de nos églises?

Pour des lieux de culte adaptés à une pastorale contemporain

Il existe, dans la manière d’aborder la question du sort des églises qui ne répondent plus aux besoins actuels, des parallèles entre les Eglises évangélique réformée et catholique suisses, l’organisation territoriale locale de l’institution étant, dans les deux cas, liée à des stratégies immobilières supra-communales. Ces nouveaux concepts ont été développés suite au recul considérable de l’effectif des deux Eglises nationales. Il convient d’ajouter notamment que, au sein de l’Eglise catholique, le regroupement des  paroisses en unités pastorales (UP) a mis en évidence la problématique des églises « surnuméraires ». Ce thème a fait l’objet d’un dossier très complet dans le n° 1 / 2016 de la revue Art + Architecture en Suisse (K + A) publié par la Société de l’histoire de l’art en Suisse (SHAS), à Berne.Actuellement, souligne Nathalie Annen, étudiante en histoire de l’art à l’Université de Lausanne, dans un article intitulé « Eglise cherche affectation, pas sérieux s’abstenir – Transformations de temples en Suisse romande depuis 1960 » et paru dans la revue citée supra, « avec le désengagement croissant de la population dans une activité religieuse, phénomène perceptible dans plusieurs pays occidentaux, les conséquences de changements profonds de nos sociétés se font sentir dans nos églises… Les habitudes sont fortement bousculées et les communes ou paroisses se retrouvent avec plus d’espaces cultuels que de fidèles pour les remplir. La Suisse romande protestante semble la plus touchée, comme en témoignent des réaffectations et des démolitions d’églises depuis une cinquantaine d’années déjà. » Les églises catholiques malheureusement n’échappent pas non plus à cette tendance.

« Le poids accordé à la dimension sacrée d’un édifice, l’importance attachée à sa valeur historique et l’estimation de sa valeur économique sont autant d’interrogations qui mettent en évidence la tension entre la valeur d’usage – le monument est pleinement utilisable, sans mettre en danger ses occupants –, souci principal de la paroisse et de ses membres, et la valeur historique – le monument est conservé dans son état initial », fait-elle valoir.

C’est pourquoi, ajoute-t-elle, « certaines paroisses romandes s’interrogent aujourd’hui sur le devenir de leurs lieux de culte ».

A Genève, plusieurs paroisses ont des projets de remplacement de leur église par une nouvelle, modulable et adaptée à notre temps. Notamment deux, qui pour l’heure n’ont pas encore obtenu une autorisation : Sainte-Jeanne-de-Chantal, à l’avenue d’Aïre, Genève, et Saint-Pie-X, au carrefour du Bouchet, sur la commune de Vernier.

Sainte-Jeanne-de-Chantal.
Sainte-Jeanne-de-Chantal.

Sainte-Jeanne-de-Chantal a été bâtie dans les années 1968-1969. « A l’époque, face à l’importante immigration catholique issue de cantons comme Fribourg et le Valais, ainsi que de pays comme l’Espagne, l’Italie et le Portugal, il était communément admis que chaque commune devait bénéficier d’une église, au même titre que d’une école », faisait valoir le conseil paroissial dans un courrier du mois de mai 2016 adressé au Département de l’aménagement, du logement et de l’énergie du canton. Il était également rappelé que cette église, comme tant d’autres, avait été prévue pour un nombre important de fidèles et de prêtres, ainsi que pour des manifestations de grande ampleur comme des premières communions, des confirmations, de grandes célébrations annuelles ou encore des fêtes paroissiales. Entretemps, le bâtiment est devenu trop vaste pour une communauté qui ne compte aujourd’hui qu’une centaine de personnes pratiquantes. Parallèlement, la situation financière de la paroisse s’est considérablement dégradée, ce qui a conduit, à ce jour, à l’impossibilité de faire face tant aux charges courantes (chauffage, électricité, nettoyage) qu’à l’entretien et aux réparations du bâtiment et encore moins à celles d’une rénovation d’ensemble. « Au rythme actuel du déficit que présentent nos comptes, nous serons en faillite dans trois ans », était-il souligné dans ce courrier. Il était par ailleurs précisé que le bâtiment avait été conçu et réalisé avant le premier choc pétrolier, c’est-à-dire sans isolation, avec des vitrages simples, des volumes immenses ainsi que des installations de chauffage peu performantes. Au fil du temps, des infiltrations d’eau provenant de la toiture se sont manifestées, la carbonatation et les fissurations du béton sont apparues, sans compter le décollement des étanchéités et la problématique de l’amiante. Malgré ce constat plutôt sombre, il est apparu que la présence d’un lieu de prière et de culte était ressenti comme nécessaire dans le quartier. Aussi, la paroisse, avec l’aide de l’ECR-GE, a souhaité adapter le bâtiment en taille et en qualité au nombre des fidèles. Par ailleurs, la réalisation d’un immeuble de logements et d’activités a été envisagée pour financer durablement le fonctionnement de la paroisse dans le futur.

Au premier plan, l’immeuble de logements construit par la paroisse de Sainte-Clotilde, à Plainpalais-La Jonction, achevé en 2017. A l’arrière-plan, l’église.
Au premier plan, l’immeuble de logements construit par la paroisse de Sainte-Clotilde, à Plainpalais-La Jonction, achevé en 2017. A l’arrière-plan, l’église.

C’est ce qui d’ailleurs vient d’être réalisé par la paroisse de Sainte-Clotilde, à Plainpalais-La Jonction, où sur deux terrains attenants utilisés comme parkings, le premier appartenant à la paroisse et le second à la Ville de Genève qui a accordé un droit de superficie à la paroisse, vient d’être édifié un immeuble de 46 logements et une surface commerciale destinée à abriter, au rez, une structure du Service de la petite enfance de la Ville de Genève. A Sainte-Jeanne-de-Chantal, l’opportunité serait de réaliser 80 logements, un centre paroissial avec une nouvelle église et un lieu de vie ouvert, au centre du quartier et de ses activités. Ce projet passe par la démolition de l’église existante, puisque vétuste et obsolète. En dépit du fait que l’on déplore très régulièrement un manque drastique de logements dans le canton et qu’on invoque par ailleurs les impératifs d’aménagement du territoire édictés par la Confédération qui préconisent une densification de la ville, le projet reste en souffrance, une ouverture de procédure d’inscription de l’église à l’inventaire ayant été la réponse du  Service des monuments à  la demande de démolition du bâtiment.

Saint-Pie-X.
Saint-Pie-X.

A Saint-Pie-X, l’avenir ne s’annonce pas sous de meilleurs auspices car elle vit aussi principalement des dons de ses paroissiens. La vétusté de l’église et de ses locaux, son surdimensionnement par rapport aux besoins actuels rendent nécessaire la réalisation d’une nouvelle église avec un nouvel espace modulable. Un nouvel espace qui permettrait également à la paroisse de repartir sur des bases financièrement saines dans la mesure où la construction d’un immeuble de 80 logements est prévue dans le projet de réaménagement du bâti. Mais là encore, il se trouve que le Service des monuments et des sites a jugé, à ce jour, l’église « intéressante », compromettant ainsi les chances de donner un nouvel élan à une paroisse en grande difficulté.

Ces exemples illustrent la nécessité de créer de nouveaux lieux de culte pour à la fois répondre aux besoins d’une pastorale qui a profondément évolué depuis plusieurs décennies et offrir aux paroisses les moyens de pérenniser leur mission en les affranchissant des soucis générés par des charges financières qui ne sont
plus supportables.

Bien entendu, la fermeture ou la suppression de lieux de culte ne doit constituer qu’un ultime recours, et c’est pourquoi l’ECR-GE apporte tout son soutien aux paroisses qui n’ont d’autres solutions pour poursuivre leur mission dans les quartiers et à proximité de la population que de faire preuve à la fois de créativité et de pragmatisme.

Dans l’article précédemment cité, Nathalie Annen remarque que « les résistances émotionnelles peuvent être vives face aux changements, et la première recommandation pratique de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) met l’accent sur le lien des paroissiens avec leur église, appelant une démarche inclusive et participative en vue d’une réaffectation ».

Mais, poursuit-elle, « s’il est incontestable que des éléments patrimoniaux de valeur doivent être sauvegardés, les experts s’accordent sur la nécessité de faire preuve de pragmatisme et de faire le deuil d’objets à seule vocation cultuelle… Quand il s’agit de monuments protégés, l’essentiel est d’y apporter uniquement des modifications réversibles, suivant les recommandations de la Charte de Venise de 1964 sur la conservation et la restauration des monuments et des sites. »

Et de conclure « qu’il serait souhaitable, voire nécessaire, d’établir des critères et des procédures permettant une approche plus objective en la matière » car « la dichotomie entre la valeur d’usage… et la valeur historique… trouve aujourd’hui sa résolution dans un climat prudent, pour ne pas dire frileux… »

De l’importance de la conception moderne des églises pour l’actuel débat sur leur reconversion

« Les réflexions aujourd’hui menées sur l’utilisation ou la réaffectation des églises sont directement influencées par la conception qui a présidé à la réalisation des édifices religieux durant les six dernières décennies. A l’heure où les églises ont de plus en plus tendance à se vider, il n’est pas inutile de prendre conscience de cette influence. L’importance attachée par l’architecture moderne à la fonction reste aujourd’hui un aspect déterminant du projet architectural, même dans la construction d’églises. Lorsqu’un bâtiment perd sa fonction initiale, il est souvent transformé en vue d’une autre utilisation bien précise. Or, le choix de cette dernière ne devrait pas constituer le seul et unique point de départ, surtout dans le domaine de l’architecture religieuse. Si l’on entend en effet réaffecter une église pour la conserver durablement, il convient d’anticiper toutes les conséquences que cela aura pour l’édifice et ses abords – et pas seulement en termes architecturaux. »

Eva Schäfer, « Studium des Architektur an der ETH Zürich und an der Tu Delft », Art + Architecture en Suisse, k+a, n°1 2016, publié par la Société de l’histoire de l’art en Suisse (SHAS), Berne.

Pierre-Yves Maillard

Il court du matin au soir, son agenda donne le vertige et pourtant il est toujours souriant et disponible. Suivre Pierre-Yves Maillard, vicaire général pour la partie francophone du Diocèse de Sion, durant une journée tient du marathon. Reportage dans les pas d’un prêtre heureux!

Propos recueillis par Claude Jenny
Photos : Jean-Claude Gadmer

Durant la prière des laudes, avec les chanoines du chapitre de la cathédrale.
Durant la prière des laudes, avec les chanoines du chapitre de la cathédrale.

Il y a trois ans, à son arrivée à la tête du Diocèse de Sion, Mgr Lovey est allé à Fribourg demander à celui qui dirigeait le Séminaire diocésain de bien vouloir venir le seconder à Sion. « J’ai été tellement heureux lorsque j’ai appris la désignation de Mgr Lovey. Quelle chance nous avons de l’avoir comme évêque ! Mais je ne m’attendais pas du tout à ce qu’il m’appelle à l’Evêché ! J’ai vite pu constater qu’il nous donne du souffle, nous invite à oser avancer sur le chemin d’une Eglise plus fraternelle », confie-t-il.

Porté par cet élan, celui que les personnes du sérail appellent affectueusement PYM, arrive à assumer un cahier des charges qui donnerait la migraine à d’autres… « Ça va, dit-il, même si, c’est vrai, j’ai rarement un jour entier de libre. »

Depuis l’aube jusqu’à…

Pour le suivre une journée, il faut se lever tôt ! Il rejoint souvent l’évêque qui débute chaque journée par un temps de prière à 6h30 à la chapelle de l’Evêché. A 7h, il s’en va rejoindre ses collègues chanoines à la cathédrale pour la messe, suivie des laudes. Le temps d’un p’tit-déj’, et voilà que commence le carrousel des séances. Ce jour-là, quatre réunions sont à son programme. D’abord les calendes du Chapitre de la cathédrale. « J’ai rejoint l’équipe des chanoines parce que le vicaire général en est automatiquement membre. Je suis le cadet et j’ai beaucoup d’amitié pour mes confrères plus âgés », commente Pierre-Yves Maillard.  Puis départ à Notre-Dame du Silence pour partager le repas de midi avec l’équipe du Parcours Théodule, suivi d’une séance de travail. Il enchaîne avec la commission diocésaine de formation continue. Et le soir, il s’en va dialoguer avec un groupe de jeunes en faisant preuve d’une fraîcheur communicative qui va emballer son auditoire.

Toujours disponible pour la rencontre

Journée ordinaire d’un vicaire général au vaste champ d’action. Outre qu’il siège dans quasiment tous les services diocésains de la partie francophone, comme une courroie de transmission entre l’évêque et les responsables de la pastorale dite catégorielle (catéchèse, santé, etc.), il est également chargé, toujours sous la responsabilité de l’évêque, de la pastorale dite territoriale, donc de l’ensemble du personnel pastoral – une cinquantaine de prêtres et environ 150 laïcs – éparpillé dans tout le Valais romand et le décanat d’Aigle.

C’est donc souvent lui qui doit aller au front lorsque surgissent des problèmes, qui ficelle les dossiers pour les mutations et qui soigne une multitude de « bleus à l’âme ». « Je donne toujours la priorité à la rencontre car c’est mon rôle d’écouter. » Ce sont ainsi des dizaines d’entretiens personnels qu’il accorde avec ce souci de permettre aux agents pastoraux de se sentir écoutés et compris.

Comme l’évêque, il se rend fréquemment dans les paroisses pour des confirmations ou pour les visites pastorales. « Quelle belle initiative de Mgr Lovey d’aller visiter chaque secteur durant une semaine ! Ce sont de beaux moments de mon ministère », avoue-t-il.

Le jeudi est une journée spéciale. L’évêque célèbre la messe dans la chapelle de l’Evêché. Tout le personnel y est convié. Puis, l’évêque, le vicaire épiscopal, les deux vicaires généraux et le chancelier s’enferment dans la bibliothèque pour tenir la séance hebdomadaire du Conseil épiscopal. S’il doit moins se déplacer hors du canton que l’évêque, le vicaire général est néanmoins membre de divers organismes. Il aime notamment retourner à Fribourg enseigner au Centre catholique romand de formations en Eglise (CCRFE).

Des mails comme un jardin… »

Il aime aussi faire son footing ou se consacrer à la lecture dans son petit « chez lui » à l’Evêché puisque, comme l’évêque, il loge dans le bâtiment épiscopal. Le vicaire général doit aussi traiter une avalanche de mails. S’il communique beaucoup par courrier électronique, il le fait avec un soin tout particulier, bannissant les formules usitées pour y glisser des petites phrases personnalisées. Une recherche de l’attention aux autres qu’il cultive comme un jardin ! Un vicaire général visiblement épanoui car, dit-il, « nous œuvrons avec de petits moyens mais nous avons la chance de pouvoir le faire avec un évêque qui nous encourage et nous soutient et des équipes pastorales dont je peux constater qu’elles affichent un beau dynamisme ».

Biographie

Né en 1969 à Sierre.
Ordonné prêtre le 9 juin 1996 à Sion.
Prêtre auxiliaire à Sierre de 1996 à 1998.
Aumônier du Service diocésain de la jeunesse de 1998 à 2003.
Direction du Séminaire de Sion de 2003 à 2014.
Vicaire général du Diocèse de Sion depuis 2014.

Son meilleur souvenir récent

« Sans aucun doute le pèlerinage diocésain à Rome en octobre 2016 dans le cadre de l’Année de la miséricorde. Un tout beau moment ! »

Notre-Dame de Miséricorde

Par Pascal Bovet
Photo : Jean-Claude Gadmer 

Fresque du XIe ou XIIe siècle dans le narthex de l’abbatiale de Payerne, dédiée à la Vierge Marie (auteur inconnu).
Fresque du XIe ou XIIe siècle dans le narthex de l’abbatiale de Payerne, dédiée à la Vierge Marie (auteur inconnu).

Le terme de miséricorde a traversé les siècles avec des nuances. Appliqué en premier à Jésus, il a servi également à désigner l’attention de Marie pour les petits et spécialement les pécheurs… « Priez pour nous pauvres pécheurs… »

L’iconographie nous a ainsi livré une image souvent rencontrée : Marie, grande et souveraine, vêtue d’un ample manteau, sous lequel viennent s’abriter riches et pauvres, clercs et laïcs… Il y a de la place pour tout le monde !

Si l’on reproche parfois à la spiritualité d’avoir été austère et sévère, il est bon de mettre dans son répertoire cette image de tendresse et de confiance.

L’appellation « de Miséricorde »  est parfois remplacée par « de Grâce » dans différents lieux de pèlerinage.

Dans l’abbatiale de Payerne, l’une près de l’autre, deux images : celle du Père soutenant son Fils crucifié, à côté de Marie, rassemblant ceux qui comptent sur la miséricorde de Dieu, têtes couronnées ou va-nu-pieds, évêques et rois au premier rang.

Visites restreintes

Depuis le mois d’octobre 2014, l’abbatiale de Payerne est partiellement en travaux. Actuellement, l’édifice est fermé au public et sa réouverture est prévue pour 2019. Le site se révèle durant les travaux avec plusieurs thématiques et options. Profitez de cette période particulière pour le comprendre autrement. Des visites du chantier sont possibles en se renseignant auprès de l’Office du tourisme Estavayer-Payerne, tél. 026 662 66 70 – e-mail : tourisme@estavayer-payerne.ch

Mariage nul?

Le pape François, le 16 juin 2016, a jeté un pavé dans la mare en disant tout haut ce que beaucoup pensent tout bas : une majorité des mariages religieux célébrés sont «nuls». Simplement parce que les mariés ne savent pas, ou mal, à quoi ce sacrement les engage. Ce n’est pourtant pas compliqué. Eclairage.

Par Vincent Lafargue
Photos: Ciric
Un sacrement
Le mariage religieux est, pour les catholiques, un sacrement. C’est-à-dire un signe. Comme le rappelle Mgr Jean-Marie Lovey, « tout signe renvoie à autre chose, à ce qui est signifié. Et cette “autre chose”, ici, n’est rien moins que notre Dieu Trinité ». Un sacrement, c’est aussi un cadeau de Dieu qu’on ne peut donc pas lui « rendre », à l’instar des six autres sacrements (on ne peut pas se « débaptiser » comme nous le suggèrent parfois certaines affiches, aucun sacrement ne peut être rendu à Dieu).

Une belle définition
Le dossier de mariage que remplissent les fiancés et le curé de leur paroisse (normalement, mais plus souvent le prêtre qui va célébrer leur mariage), comporte cette belle définition du mariage : « Le mariage entre baptisés est une communauté sacramentelle de vie et d’amour entre un homme et une femme. » Communauté : le couple est une petite église domestique, comme le rappelait saint Jean-Paul II en 2000 à Rome dans un rassemblement de couples ; … sacramentelle : parce qu’elle est fondée sur un sacrement, un signe qui dit Dieu et qui vient de lui ; … de vie et d’amour : parce que c’est pour toute la vie et que cela suppose l’amour total de ces deux êtres.

Quatre piliers

Ce sacrement demande, de la part des fiancés, quatre engagements, quatre « oui » (parfois condensés en un dans la célébration) : fidélité, fécondité, indissolubilité, liberté. Ce sont ces quatre piliers qu’il convient d’expliquer toujours mieux aux fiancés pour éviter un mariage nul.

FIDELITE : ce n’est pas seulement la fidélité au conjoint, mais aussi la fidélité à soi-même ainsi qu’à Dieu, à notre foi, à nos valeurs.

FECONDITE : ce n’est pas le fait de vouloir des enfants, ou la possibilité d’en avoir. En effet, l’Eglise célèbre parfois le mariage religieux de personnes qui ne sont plus en âge de procréer. C’est un terme beaucoup plus large qui pourrait se résumer ainsi : porter du fruit. Procréer en fait partie, mais adopter, fonder une association, créer quelque chose ensemble et l’offrir au monde, voilà d’autres façons de porter du fruit.

INDISSOLUBILITE : cela signifie qu’on a conscience que cet engagement est pour la vie (et seulement pour la vie, non pour la vie éternelle : le conjoint entré dans la vie éternelle vit les noces du même nom avec Dieu, raison pour laquelle le veuf ou la veuve peut alors se marier religieusement une nouvelle fois avec quelqu’un d’autre).

LIBERTE : c’est sur ce point que porte la majorité des déclarations de nullité de mariage aujourd’hui. Est-on libre de poser cet acte ? Non, on n’est pas libre si on le fait par convention familiale, pour le regard de tel ou tel, pour la robe blanche (dont on n’a, en plus, pas forcément compris le sens, voir encadré). Non, on n’est pas libre si on le fait « parce que mon conjoint y tient, mais pour moi ce n’est pas important ». Non, on n’est pas libre si on colore cette alliance de questions financières (la « dot » de jadis pouvait rendre nul le mariage auquel elle était associée, l’Eglise a souvent oublié de le dire). Non, on n’est pas libre si on se marie « parce qu’un bébé se présente ». Non, on n’est pas libre si on le fait « parce que ça se fait ». Non, on n’est pas forcément libre si l’on n’est pas mûr affectivement, et l’on sait que cette maturité vient de plus en plus tardivement dans nos sociétés occidentales. Non, on n’est pas libre, par ailleurs, si l’on est soi-même sous l’emprise de quelque chose qui diminue notre liberté d’action, qui empêche notre don total: une drogue, une influence, une profession ou une activité annexe qui prend toutes nos soirées, voire même un animal. « L’un des procès en nullité que j’ai menés, disait un juge ecclésiastique, nous a vus examiner comme pièce à conviction la photo de mariage où l’on voyait l’épouse, son chien, un espace vide et le marié plus loin. Ce dernier n’avait pas imaginé la place – au propre et au figuré – que prenait l’animal de compagnie de son épouse. »

NULLITE ou ANNULATION ?

Ainsi, si l’on ne peut « annuler » un mariage (puisque c’est un cadeau qui ne peut être rendu à Dieu), on peut cependant le déclarer « nul ». La nuance est de taille. Cela revient non pas à « rayer » un mariage mais à déclarer qu’il n’a jamais existé. Il n’y avait pas « mariage » au sens sacramentel – même si on y a tous cru, à commencer par les fiancés – parce que l’un des piliers était absent ou partiellement mais sérieusement manquant.

PROCEDURE SIMPLIFIEE

Pour faire reconnaître cette nullité, il convient alors de s’adresser au diocèse, et plus spécifiquement à l’officialité diocésaine. L’« official » est la personne chargée notamment d’étudier et d’instruire les cas de nullité de mariage au travers d’une procédure jadis coûteuse et compliquée. Pour Lausanne, Genève et Fribourg, le Père Hubert Niclasse relève que le pape François a promulgué, le 8 décembre 2015, une procédure simplifiée qui a fait exploser le nombre des demandes. Au nom de l’officialité du diocèse de Sion, l’abbé Laurent Ndambi, juge ecclésiastique, rappelle que la procédure – même simplifiée – dure au minimum six mois et demande l’intervention d’un certain nombre de personnes. Un procès en nullité fait notamment appel à un « défenseur du lien », qui est en quelque sorte l’avocat du sacrement ; c’est lui qui va défendre le mariage face à la demande de nullité.

Il ne faudrait pas considérer l’accès plus large à ces procédures comme un blanc-seing ou un appel à la séparation. Au contraire ! L’Eglise, par ce biais, rappelle la beauté du sacrement et entend offrir la possibilité d’en vivre un « vrai » à celles et ceux qui n’en avaient pas perçu toute l’étendue et avaient célébré un peu vite un mariage qui s’est avéré problématique parce que manquaient certains éléments essentiels.

Mariage en blanc

Se marier en blanc a un sens.
Se marier en blanc a un sens.

Le mariage se célèbre en blanc. C’est d’abord la couleur liturgique que revêt le célébrant (et non le rouge « couleur de l’amour », comme le font faussement certains prêtres : le rouge, liturgiquement, est la couleur du martyre, du sang, et de l’Esprit Saint, en aucun cas celle du mariage).

La robe blanche de la mariée ne dit aucunement sa virginité affichée ou supposée – il faut le rappeler à nos anciens qui y croient encore dur comme fer et qui s’offusquent devant leur petite-fille qui se marie en blanc alors qu’elle vit « à la colle » depuis des années avec son fiancé. Non ! La robe blanche de la mariée et la couleur blanche que le marié est invité à porter lui aussi, au moins en partie, sont le rappel de leur BAPTêME. Ainsi, seul le cas d’une personne non baptisée dans la foi chrétienne, épousant un catholique, supposerait que sa robe ne soit pas blanche.

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