La chevelure bouclée ainsi que le front haut sont des marqueurs de l’époque.
Par Amandine Beffa | Photo : Jean-Claude Gadmer
Quel est le rapport entre une statue du XVIe siècle et un compositeur néo-classique défenseur de l’avant-garde ?
La réponse se trouve à Blonay.
Sous ses apparences de chapelle ancienne, l’église Sainte-Croix date en réalité des années 1960. En quelques années, le nombre d’habitants catholiques ayant fortement augmenté, un lieu de culte était nécessaire. Il était toutefois impératif que l’église ne dénote pas avec le château, ce qui explique son style, à une époque où l’architecture était plus audacieuse.
En 1968, une statue de la Vierge à l’Enfant rejoint le chœur. Elle a été offerte par Gertrud Hindemith (décédée en 1967).
L’épouse du compositeur allemand Paul Hindemith est chrétienne, mais ses racines juives lui imposent de fuir la guerre. Le couple se réfugie en Valais, puis aux Etats-Unis. Il ne rentre en Europe qu’en 1953 et s’installe alors à Blonay.
Toute l’Europe ne connaît pas simultanément les mêmes courants artistiques. Alors qu’en Italie la Renaissance entraîne la réalisation d’œuvres d’une finesse sans pareille depuis le XIVe siècle, la France et notamment la Champagne proposent encore des sculptures de style gothique au XVIe siècle.
La chevelure dorée et légèrement bouclée ainsi que le front haut sont des marqueurs de l’époque. Les émotions ne sont pas l’affection ou la joie d’une mère. On lui trouverait presque quelque chose de triste, ce qui est très fréquent à la période gothique.
L’Enfant porte une grande grappe de raisin (disproportionnée par rapport à sa taille à lui). Cet attribut est fréquent dès le XIVe siècle. Le fruit évoque bien évidemment l’Eucharistie. On pourrait mentionner que dans l’Evangile selon saint Jean, c’est Marie qui – d’une certaine manière – provoque le premier miracle lors du mariage à Cana. Alors que les mariés n’ont plus de vin, c’est elle qui invite son Fils à faire quelque chose.
En regardant la photo – ou la statue – de près, on remarque les traces de polychromie. Elles nous rappellent les couleurs chatoyantes qui recouvraient les statues alors.
Le règne de l’Esprit malin. Tel est le titre d’un roman que Ramuz écrit entre 1914 et 1917. Le travail sur ce roman accompagne donc « l’apocalypse » de la Première Guerre mondiale ; c’est le récit d’une catastrophe touchant un village valaisan dans lequel on reconnaît Lens.
Assise devant son bureau de Saint-Maurice, Emmanuelle Bessi avoue d’emblée : « Je suis bavarde. Très bavarde même. » Puis, levant un sourcil en même temps que ses mains, elle commente : « Je suis née comme ça. »
Faut-il y voir une relation de cause à effet ? En janvier 2022, elle est la première femme laïque à avoir été instituée au ministère du Lectorat dans le diocèse de Sion… voire en Suisse. « Et peut-être même en Francophonie ! Le journal La Croix m’avait même interviewée à l’époque. »
Cette mission, elle en dessine rapidement les contours. « Cela ne consiste pas seulement à aller lire à la messe. A l’origine, le Lectorat et l’Acolytat étaient les premiers pas que faisaient les futurs prêtres avant d’être ordonnés dans leur ministère. Cela implique de transmettre la parole de Dieu, par l’écrit, par l’oral, mais aussi dans la vie de tous les jours. »
Catholique en terre vaudoise
Née au Togo – « mes parents y travaillaient pour une ONG » – en 1973 d’un père d’origine italienne et d’une mère valaisanne, Emmanuelle revient en Suisse à l’âge de 14 mois. « Mes grands-parents m’ont fait grandir dans la foi. Toute petite déjà, je ne dépassais guère de l’ambon, j’allais lire à Saint-Guérin à Sion. Alors que j’avais à peine trois ans, je demandais de m’expliquer ce qu’est la Trinité. J’ai sans doute traumatisé mes catéchistes, rigole-t-elle franchement. Puis, nous avons déménagé juste en-dessus d’Ollon. Une catholique en terre vaudoise… »
Une soif d’absolu
De manière naturelle, la recherche des réponses à ses questions l’a conduite à faire des études de théologie. « J’ai toujours eu une soif d’absolu. A Huémoz, je racontais que je voulais devenir religieuse. Mes copines d’école se tordaient de rire… » Mais la vocation était là. « J’ai voulu entrer à l’Abbaye de la Maigrauge, mais des problèmes de santé m’en ont empêchée. C’est alors que j’ai découvert la vocation de Vierge consacrée. Je me suis dit que ça correspondait parfaitement à mon style de vie. Une religieuse en liberté en quelque sorte ! »
Ce qui lui permet aujourd’hui de donner des cours d’histoire de l’Eglise en Ardèche, mais aussi de travailler, à temps partiel, pour la congrégation des Sœurs de Saint-Augustin à Saint-Maurice. « J’y organise et reconditionne les archives. J’aimerais poursuivre cette tâche et montrer tout ça aux Sœurs d’Afrique, basées au Togo. » Une manière de boucler la boucle ? « Peut-être un nouveau départ… »
Emmanuelle Bessi • Née au Togo en 1973. • En janvier 2022, première femme laïque à avoir été instituée au ministère du Lectorat dans le diocèse de Sion, voire en Suisse.
Candice Udressy a fait sa première communion lors de la récente veillée pascale à Collombey. Aux côtés des trois nouveaux baptisés, elle portait aussi fièrement son vêtement blanc en rappel du baptême. Suite à sa première communion, nous l’avons revue à la messe et lui avons posé quelques questions.
La question du lien des mathématiques et de la foi est ancienne : les mathématiques nous fournissent les outils nécessaires à la compréhension de notre Univers. Citons trois réflexions sur le sujet qui, sans être exhaustives, nous éclairent sur cette interrogation des mathématiciens eux-mêmes.
Lorsque Galilée publie « L’Essayeur » (Il Saggiatore) en 1623, il nous livre sa vision des mathématiques et de leurs liens avec la Création de l’Univers : « La philosophie est écrite dans cet immense livre qui continuellement reste ouvert devant les yeux (je dis l’Univers), mais on ne peut le comprendre si, d’abord, on ne s’exerce pas à en connaître la langue et les caractères dans lesquels il est écrit. II est écrit dans une langue mathématique et les caractères en sont les triangles, les cercles, et d’autres figures géométriques, sans lesquels il est impossible humainement d’en saisir le moindre mot ; sans ces moyens, on risque de s’égarer dans un labyrinthe obscur. »
Albert Einstein déclare : « N’importe qui de sérieusement impliqué dans la poursuite de la science devient convaincu qu’un esprit est manifeste dans les lois de l’Univers. Un esprit largement supérieur à celui d’un homme et en face duquel nous, avec nos modestes pouvoirs, devons nous sentir humbles. »
Laurent Lafforgue, mathématicien contemporain lauréat de la médaille Fields en 2002, mais aussi fervent catholique, nous donne sa vision des mathématiques et en particulier leurs liens avec la foi. « Avec le langage auquel elles sont intimement liées, les mathématiques font partie du propre de l’Homme, de ce dont Dieu l’a rendu capable, seul parmi ses créatures. Ceci ne doit pas manquer d’interroger les croyants que nous sommes. Il est écrit que l’Homme est créé à l’image de Dieu et aussi que tout ce qui existe a existé par le Verbe, parole éternelle de Dieu. Donc, le désir de connaître Dieu ne peut ignorer les mathématiques. […] Je me dis à la réflexion qu’il existe, pour caractériser l’activité du mathématicien […], un mot plus juste et beaucoup plus profond […], un mot pleinement biblique aussi, un mathématicien est un serviteur. […] Il est, selon le mot du Christ, un « serviteur inutile » : […] ce qu’il fait, un autre aurait pu le faire à sa place. »
Patricia Granger et Thierry Fournier ont reçu récemment leur mandat d’auxiliaire de l’Eucharistie, respectivement à Collombey (le samedi 23 mars, lors de la messe du Dimanche des Rameaux) et à Muraz (le dimanche de Pâques, 31 mars). Qui sont-ils ? Qu’est-ce qui a motivé leur démarche ? … en voici un petit compte-rendu, sous forme d’une interview.
Regard ce mois-ci sur la médaille de sainte Rita. Fêtée le 22 mai et patronne des causes désespérées, elle nous apprend la patience et nous rappelle qu’il n’y a pas de situation sans issue positive possible.
Le mois de mai est traditionnellement appelé aussi le « Mois de Marie ». En ce mois de mai, les fleurs s’épanouissent et rivalisent de couleurs chatoyantes, en diffusant leurs parfums subtils et odoriférants. Marie n’est-elle pas comparée justement à la « reine des fleurs », à une rose (« Rose mystique » dans les litanies) dont la beauté spirituelle avec ses vertus cultivées à l’excellence, a ravi le cœur de Dieu ?
Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin
Des livres
Le deuil invisible Jessica Brazeau
Le deuil d’un enfant à naître est très complexe à vivre. En effet, comment faire le deuil d’un être que l’on a peu connu, voire pas du tout ? Comment traverser cette expérience douloureuse, en tant que mère ou père, alors que l’entourage peut avoir tendance à la dédramatiser, à la sous-estimer ? Coécrit par la psychologue Lory Zephyr et la journaliste Jessika Brazeau, cet ouvrage rassemble une foule d’informations et de ressources précieuses, des réflexions ainsi que plusieurs témoignages touchants pour aider les mamans et les papas à ne plus se sentir seuls dans cette épreuve. Un livre tout en douceur pour soutenir les peines et guider pas à pas toutes les familles sur le chemin de l’acceptation.
Qui aurait pu imaginer que le chanteur Vianney logerait avec des sans-abri ? Ce livre raconte comment l’appel du Christ a bouleversé la vie d’une vingtaine de témoins ou de saints. Curieux comme Djibril Cissé, décomplexé comme Gad Elmaleh ou tout simplement chrétiens engagés, ils ont été touchés intérieurement, ont vécu un réveil dans la foi ou ont dépassé leurs préjugés sur l’Eglise. Chaque lecteur pourra, à la suite de ces témoins, se laisser inspirer et bousculer par l’expérience concrète du salut que Dieu apporte dans les moments de découragement, de doute, de difficulté ou de tiédeur. Un ouvrage qui renouvelle notre foi.
La jeune Marie apprend qu’elle attend un enfant. Pendant huit mois, elle tient un journal dans lequel elle note scrupuleusement les émotions et les sensations qui l’agitent avant cette naissance si particulière. Ses questionnements, ses rêves et ses peurs sont semblables à ceux que partagent nombre de futures mères. A travers un récit dominé par la joie, Sophie Chauveau donne à voir une Marie forte et instruite et nous dévoile, au-delà du mythe, des aspects méconnus de l’histoire qui changera la face du monde
Pier Giorgio Frassati M. & O. Malcurat – Marco Greselin
Lorsque Pier Giorgio Frassati meurt à l’âge de 24 ans, le 4 juillet 1925, des gens de toutes conditions se pressent devant la maison familiale, à Turin, pour lui rendre hommage. Emporté par une poliomyélite contractée en visitant un malade, ce jeune étudiant italien, sportif, membre du tiers ordre dominicain, rayonnait d’une charité brûlante, puisée dans une foi ardente. Béatifié en 1990 par Jean-Paul II qui le donne en modèle aux jeunes, Pier Giorgio Frassati est proclamé patron des montagnards, des sportifs et des Journées mondiales de la Jeunesse. Sa vie tout entière racontée ici en BD était guidée par sa devise : Verso l’alto, vers le haut.
L’homme est né avec l’espérance. Il est habité par un intense désir de bonheur, de joie et d’achèvement. Il y a toutes sortes d’attentes. Mais derrière toutes ses attentes partielles que sont l’argent, le prestige, la prospérité, la santé, l’amitié, il y a une attente fondamentale, une unique espérance : celle d’être aimé pour vivre.
En ce mois de mai ou mois de Marie, nous avons voulu aller à la rencontre de personnes qui vivent une relation « forte » avec Marie. Merci à Michel Derivaz et Delfa Nevistic de nous partager leur témoignage à ce sujet.
« Le silence est la clé de voûte de la vie chrétienne » déclare Maurice Zundel.
Pourtant, la Nature est remplie de bruits. Ils font partie intégrante de la Création : la terre regorge de bruits générés par les animaux, les végétaux (on parle actuellement de langage des plantes et des arbres). L’Univers, considéré comme vide, est parcouru de bruits dits cosmiques. Le bruit de fond émis par de gigantesques trous noirs, que les astronomes traquaient depuis 25 ans, a été identifié depuis 2015 grâce à une technique de détection des ondes gravitationnelles.
Le silence qu’évoque Maurice Zundel est une invitation à faire silence pour mieux recevoir et accueillir la Parole de Dieu : « Il s’agit de devenir une parole vivante de Dieu. »
« Ce silence n’est pas une consigne, mais un rayonnement », il s’oppose aux bruits que nous générons dans nos actes, nos paroles et nos attitudes. Il n’est pas l’absence totale de bruit, mais une invitation à ne pas perturber notre environnement humain, animal, végétal par des bruits sans fondements. Exactement comme en physique où les bruits parasites se superposent au signal que l’on cherche à identifier et constituent une gêne pour la compréhension de l’information que le signal transporte.
Le silence ou plutôt l’absence de bruit parasite, c’est l’attitude de Dieu : « Dieu regarda les fils d’Israël et Dieu sut. » (Exode 2, 25)
Le nouveau film biographique consacré au célèbre abbé se classe 19e du box-office français 2023 1. Un joli succès auprès d’un public varié qui évite l’écueil de l’apologie, montrant l’homme derrière l’icône, ses colères, ses doutes. Pourquoi Henri Grouès fait-il encore recette 17 ans après sa mort ?
Dans le silence je viens vers toi, Seigneur. Accorde-moi un esprit de prière et d’adoration. Que ce temps en ta présence me soit un moment de grâce et de paix. Dans ce silence du désert, ne laisse pas le péché me parler, ni le tentateur me distraire.
Dès leur plus jeune âge, nos enfants nous questionnent sur l’amour, le corps humain, les différences garçon-fille. Plus tard, ils se posent des questions sur les changements à la puberté, la sexualité, les relations, etc. Parents, éducateurs, nous n’avons pas toujours les bons mots pour leur parler de ces sujets si importants. Quelles ressources pour eux ? Avec quels mots leur parler ? Quels objectifs leur proposer et quels chemins prendre ? Comment les « équiper » pour se préparer à vivre l’amour ?
Par Myriam Bettens | Photo : DR
La pastorale des familles de Genève propose un café / échange sur la manière d’accompagner nos enfants dans les grandes étapes de leur croissance (puberté, adolescence, devenir adulte …), de parler à nos adolescents d’amour, de sexualité, car « il n’est pas toujours facile pour les parents d’aborder les sujets sur l’affectivité et la sexualité avec leurs enfants, ni pour eux d’en parler à leurs parents ».
Chaque 1er mardi du mois entre octobre et juin 2024, de 12h30 à 14h30, à la salle paroissiale de la cure de Notre-Dame, 3 rue Argand, 1201 Genève.
Prochaines dates : le 7 mai et le 4 juin 2024
Des ressources (livres, DVD, etc.) sont également à disposition, à la consultation ou à l’emprunt, dans les bureaux de la Pastorale des familles de Genève.
Renseignements et inscriptions sur le site web de la pastorale des familles sur pastorale-familles-geneve.ch ou au 079 259 51 33
Le maître mot de notre monde actuel, c’est le débat. Il faut débattre de tout. Les chaînes TV, les journaux, les réseaux sociaux nous inondent de personnes aux idées contradictoires qui ne s’écoutent pas et qui se coupent sans cesse la parole. Chacun semble détenir la vérité, mais pour finir, c’est le flou complet. Il faudrait soi-disant suivre ces logorrhées pour se forger une opinion. N’y aurait-il pas d’autres voies pour discerner ce qui est bon pour chacun et pour la collectivité?
Par Calixte Dubosson Photos: DR, Flickr, Pixabay
Un monde de bruit
Dans cette vie moderne, nous avons la possibilité, si nous le souhaitons, de ne jamais être en silence. Il y avait déjà la télévision, les publicités… Et maintenant il y a aussi Internet et les réseaux sociaux, accessibles partout depuis notre poche, prêts à remplir les moindres interstices de nos existences. Une question, un doute ? Google a la réponse. Un sentiment de vide ? Vite, remplissons-le avec des vidéos YouTube ! Il est de plus en plus habituel de croiser dans nos rues des personnes coiffées avec des écouteurs ou de petits objets qui remplissent leurs oreilles. Ainsi, elles sont constamment à l’écoute de leur musique ou groupe préféré. Le bruit est familier et rassurant, il nous évite de nous confronter à ce grand vide qu’est le silence. Mais le silence, est-ce vraiment le vide ? Pas vraiment, en fait. J’y répondrai plus tard.
Un jeune me dit : « J’aime bien écouter ma musique lors de mes temps libres, car elle me permet de m’évader de ce monde qui me fait peur et qui, chaque jour, déverse sur moi un flot de mauvaises nouvelles telles que les guerres et les catastrophes. » Un autre me confie : « Avec mon smartphone qui me permet de choisir toutes les musiques que j’aime, je peux oublier quelques instants tous mes problèmes et j’en ai beaucoup ! »
La parenthèse du Covid
Au début de 2020, la pandémie du Covid est venue frapper à nos portes. Nous voici confinés, le travail mis à distance, la famille et les amis au loin, les églises vidées, les rencontres numérisées. Les moteurs s’étaient tus. Les avions restaient au sol, les engins de chantier au hangar et la plupart des voitures au garage. Les citadins redécouvraient dans leurs rues devenues étrangement silencieuses, le chant des oiseaux, persuadés pour certains que ces derniers étaient revenus en ville alors qu’ils étaient toujours là. Seulement, à ce moment-là, leur chant parvenait enfin à leurs oreilles. Les moteurs s’étaient tus, mais les hommes ? « Très vite, l’air s’est révélé saturé d’informations, d’annonces, de débats, de protestations. Les chiffres annoncés chaque soir, les déclarations officielles, les oppositions, les contre-pieds… Jour après jour, et de plus en plus avec les vagues successives, l’angoisse, la peur, la colère et l’incompréhension ont pris le pouvoir, et ce fut à grand bruit », commente Anne Le Maître1.
Les débats pour se forger une opinion
Le maître-mot de notre monde actuel, c’est le débat. Il faut débattre de tout. Les chaînes TV, les journaux, les réseaux sociaux nous inondent de personnes aux idées contradictoires qui ne s’écoutent pas et qui se coupent sans cesse la parole. Chacun semble détenir la vérité, mais pour finir, c’est le flou complet. Il faudrait soi-disant suivre ces logorrhées pour se forger une opinion. Quotidiennement, les chaînes d’info en continu (Cnews, LCI), mais aussi BFM TV diffusent des heures de débats sur l’actualité, en fin de journée. Les plateaux de télévision sont précisément conçus pour mettre en scène un débat contradictoire : l’animateur, au centre de l’image, distribue la parole et arbitre entre des invités qui se font face. Une sorte de deux contre deux ou de trois contre trois, avec au bas de l’image, un bandeau mentionnant le thème du jour afin que le téléspectateur puisse prendre le débat en cours de route.
La mise en scène est donc pensée pour susciter le débat. A priori, celui-ci doit être équilibré. Par exemple, sur les sujets politiques, les chaînes essaient de donner la parole aux différentes tendances politiques, en invitant soit des responsables de partis politiques, soit des journalistes ayant des opinions politiques différentes. Mais est-il possible de s’assurer que le profil des intervenants choisis garantisse cet équilibre ? De plus, le téléspectateur peut-il vraiment se convaincre que derrière les arguments énoncés avec un tel aplomb et une telle assurance, se dégage une vérité qui met tout le monde d’accord ? Pourtant, chacun de nous a soif de savoir quelle est la vérité des choses. On reste sur notre faim avec ce sentiment désagréable d’avoir perdu notre temps et un bon moment de sommeil qui nous aurait fait autant de bien que ces débats stériles souvent émaillés de remarques pas très évangéliques envers les intervenants. N’y aurait-il pas d’autres voies pour discerner ce qui est bon pour chacun et pour la collectivité ? Le silence, celui de la nature et des ordres monastiques, par exemple ?
Le silence de la montagne
La vie est faite de contraintes, de stress, de monotonie. Elle a besoin de respirer, de se dégourdir, d’élargir son regard. La montagne est ce lieu privilégié pour vivre ce que les enfants des écoles appellent : récréation. Ces quelques minutes si précieuses pour libérer une énergie jusqu’ici contenue, rejoignent ces instants magiques vécus dans les décors de nos alpes majestueuses. Dans la vie, notre oreille recueille plus le bruit des catastrophes que le murmure des petits gestes de l’amour. Elle s’use et désespère à enregistrer le mal du monde. Elle n’entend plus la musique de l’espérance. En montagne, elle perçoit de nouveau la beauté du monde. Un aigle plongeant dans le bleu de l’azur, le soleil qui vient éclairer la marche silencieuse de l’aube, les oiseaux feignant de vous ignorer et qui se ruent sur les restes du pique-nique, les chamois baignés de lumière : tout cela aiguise le regard, le nourrit, enchante l’âme et ravive notre foi en la vie contrairement aux mauvaises nouvelles distillées chaque jour par les réseaux sociaux qui nous font désespérer de la vie.
Comment écouter si l’on ne se tait pas ?
Le silence monastique
Je vais régulièrement à l’Abbaye de Tamié pour me ressourcer. Entre les murs de l’Abbaye, des moines silencieux pour qui Dieu est le seul voyage valable. Des marcheurs d’éternité qui ont choisi pour chemin la voie du silence. « Ecoute », tel est le premier mot de leur règle, rédigée par saint Benoît qui encourage le moine à « incliner l’oreille de son cœur ». Et comment écouter si l’on ne se tait pas ? Et comment parler si l’on n’a pas pris le temps de réfléchir et de méditer ? « Le Christ ne parle pas fort, disait un jour une amie carmélite, expliquant à des jeunes son choix d’une vie sans paroles. Il faut faire silence pour l’entendre. »
Dans le cloître intérieur qu’est la vie intime des moines et des moniales, détachée du tumulte et de la superficialité, dans cet espace de contemplation qu’ils ont choisi, là se tient la Présence. La Présence devenue homme en Jésus. Je ne cesse de me remémorer l’image de cet homme silencieux face à la femme adultère, de ce Dieu dessinant sur le sable qui ne répond pas quand on l’interroge, cet homme gardant le silence face à ses contradicteurs. Le silence quand la foule acclame. Le silence quand la foule accuse. Le silence qui parle plus fort que tous les discours.
1 Anne Le Maître, « Un si grand désir de silence », Cerf, 2023, p. 32.
L’Abbaye de Tamié, lieu de ressourcement.
Des exemples parlants
Nous pouvons être témoins à longueur de journée de débats stériles, mais aussi pimentés ! Il suffit d’allumer son poste TV. En voici deux exemples très parlants :
Dialogue de sourds et débat TV – Je suis pour une baisse de l’impôt contrairement à mon vis-à-vis qui pense… – Je vous arrête tout de suite, car… – Laissez-moi parler, je vous ai laissé vous exprimer, alors ne me coupez pas. – On ne peut pas laisser dire n’importe quoi… – C’est vous qui dites n’importe quoi. Comment peut-on prétendre à de hautes fonctions publiques si l’on n’est pas capable de dire la vérité aux téléspectateurs ? – Vous ! Le détenteur de la vérité, laissez-moi rire !
Débat pimenté : l’exemple Chirac-Mitterrand • Chirac : « Permettez-moi juste de vous dire que ce soir, je ne suis pas le Premier ministre et vous n’êtes pas le président de la République… Nous sommes deux candidats, à égalité, et qui se soumettent au jugement des Français, le seul qui compte. Vous me permettrez donc de vous appeler Monsieur Mitterrand. » • Mitterrand : « Mais vous avez tout à fait raison, Monsieur le Premier Ministre. »
Les chaines d’info en continu diffusent des heures de débat, souvent stériles.
Après deux siècles de présence en Vieille-Ville, l’Eglise catholique romaine à Genève (ECR) s’apprête à déménager son siège à la paroisse du Sacré-Cœur. Elle a organisé une après-midi portes ouvertes avant de quitter définitivement son site historique début mai.
Mgr Farine fut locataire de la Maison diocésaine pendant plusieurs années.
Texte et photos par Myriam Bettens
« Non, je ne vais pas faire la visite, je connais ! », lance Mgr Pierre Farine dès son entrée dans le bâtiment. C’est que l’ancien évêque auxiliaire du diocèse de Lausanne-Genève-Fribourg (LGF) s’y entend sur la question. Il a habité les lieux lorsqu’il était en poste. Or, pour les nombreux curieux qui patientent dans le petit hall déjà bondé, c’est peut-être bien la première fois qu’ils pénètrent à l’intérieur de la Maison diocésaine de l’Eglise catholique romaine à Genève (ECR), autrement dit le vicariat. Et en ce Mardi gras, l’occasion a été offerte au public d’en faire une visite guidée avant son déménagement en mai prochain dans la nouvelle Maison d’Eglise située à la paroisse du Sacré-Cœur, en contrebas de la Place de Neuve.
Les visiteurs se sont passé le mot, si bien que le premier tour guidé est déjà complet bien avant l’ouverture des portes. Pour les autres, ne reste plus qu’à patienter jusqu’au suivant en baguenaudant au gré des pièces de la bâtisse, ouvertes cet après-midi-là. Les plus hardis s’attaquent directement à la volée de marches les conduisant aux étages supérieurs tout en lisant les panneaux explicatifs disposés le long du parcours. Les autres se laissent d’abord tenter par les douceurs caractéristiques du mardi précédent le Carême, proposées aux visiteurs en guise de goûter, avant d’entamer leur visite.
Avant de s’atteler au remplissage des cartons en vue du proche déménagement, tous les membres du personnel de la Maison diocésaine, siège de la direction pastorale et administrative de l’ECR, ont été réquisitionnés afin d’accueillir les nombreux visiteurs. Une manière de donner à ces derniers la possibilité de rencontrer les personnes qui œuvrent dans les coulisses de leur Eglise. Les mains se serrent et les questions vont bon train. « Pour quand est prévu le déménagement ? », demande une visiteuse. « Qu’allez-vous faire de ce bâtiment une fois que vous aurez déménagé ? », s’interroge une autre. « Il sera proposé au marché de la location. Vous pouvez postuler », glisse innocemment Fabienne Gigon, la représentante de l’évêque à Genève, avec un sourire.
Pas sûr que la dame dépose son dossier, même si la maison de la Rue des Granges a partagé le pavé avec d’illustres voisins, tels que Yoko Ono, le pilote de Formule 1, Jean Alesi, ou encore l’Infante d’Espagne… Après deux siècles de présence sur la colline de la Vieille-Ville, site historique du pouvoir à Genève, l’institution descend en plaine, symbole de proximité avec l’ensemble des Genevois.
L’Eglise catholique romaine à Genève en quelques dates
1740-1744 : Date estimée de la construction du bâtiment de la Rue des Granges.
1798 : Accession des catholiques aux droits d’établissement durable et de pratique religieuse à Genève.
1819 : Constitution du diocèse de Lausanne et Genève : les catholiques passent de la juridiction de l’évêque de Chambéry à celle de l’évêque de Lausanne résidant à Fribourg.
1851 : Acquisition de la propriété du bâtiment de la Rue des Granges. L’immeuble devient la cure de l’église Saint-Germain, seul lieu de culte catholique romain à Genève.
1971 : Le Vicariat général est supprimé et remplacé par le Vicariat épiscopal
2022 : L’immeuble de la rue des Granges prend désormais le nom de « Maison diocésaine de Genève ».
2024 : Messe de dédicace de l’église du Sacré-Cœur par Mgr Charles Morerod. Le 31 mai 2024, à 18h30.
Les portes ouvertes de la Maison diocésaine ont fait le plein !
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