J’étais en prison…

Et vous êtes venus me visiter. » Les familiers des évangiles et de la liturgie ont bien en tête ces quelques mots du chapitre 25 de l’évangile de Matthieu, mais peu d’entre nous avons franchi les portes d’une prison pour visiter un prisonnier… Jeff Roux, aumônier de prison, vient de publier un troisième livre : « Rencontres en prison, au cœur de leur nuit ». La lecture de cet ouvrage m’a profondément touchée, cet article en est l’écho.
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Caté connecté

Texte et photo par l’Abbé Frédéric Mayoraz

Voilà deux mots qui ont beaucoup en commun. Après la Bible, le catéchisme – qui est l’enseignement de la foi aux enfants et qui nourrit encore celle les adultes – est un outil très important et primordial dans l’Eglise. Il nous permet de rester connecté à Dieu et aussi à l’ensemble de la communauté à laquelle nous appartenons. Il est le lien qui nous permet de construire notre vie dans la connaissance de Dieu et d’assurer l’existence d’une communauté qui se veut être une même famille, sous le regard du Christ.

Quand j’ai commencé à enseigner le caté dans les classes, on se servait de livres, de feuilles volantes qu’on agrafait soigneusement dans un classeur après avoir fini de colorier de jolis dessins qui nous racontaient l’histoire de Jésus, de ses disciples, des grands personnages bibliques… et certains moyens mis à disposition pour illustrer toutes ces aventures étaient des diapos, un rétroprojecteur, une cassette vidéo… des outils qui nous paraissent aujourd’hui bien désuets à l’aire du « tout numérique » et des réseaux sociaux. 

Mais l’objectif du caté n’a pas changé : transmettre la foi et surtout en vivre. Le grand danger, dans l’utilisation de ces nouveaux moyens, est parfois l’oubli de marquer l’importance et la vérité du message évangélique et de s’égarer dans la « beauté de la technique ». Une phrase qui me trotte souvent dans la tête, quand je prépare des rencontres de caté, est celle que j’ai entendue une fois lors d’une formation : « Si vous n’avez rien à dire, faites-le bien… mais avec PowerPoint ! » 

Les réseaux sociaux, les sites Internet et les moyens pédagogiques actuels sont des moyens précieux pour transmettre la foi, mais ils risquent parfois de nous faire dévier du but premier du caté : être connecté à la Tête du Corps, que nous formons tous, depuis le jour où nous avons été baptisés.

Alors oui, au-delà des livres, des parcours de catéchèse, des vidéos, des directs, des conférences, des célébrations, des grands rassemblements médiatisés… restons toujours connectés à la source même de nos vies : le Christ.

Pas d’(év)angélisme!

Certes, évangéliste et évangélique ont une racine commune, celle de l’Evangile. Or, s’ils portent en eux cette « bonne nouvelle » communiquée dans le catéchisme, les deux termes ne sont pas interchangeables !

Par Myriam Bettens
Photo : DR

Ah, ces évangélistes qui se multiplient au gré des publications de presse ! Jésus aurait été heureux d’apprendre combien il est facile d’accroître le nombre des dits apôtres – non des douze – au XXIe siècle… tandis que les évangéliques se voient assimilés (presque) systématiquement aux auteurs des Evangiles. Certes, évangéliste et évangélique ont une racine commune, celle de l’Evangile. Or, s’ils portent en eux cette « bonne nouvelle » communiquée dans le catéchisme, les deux termes ne sont pas interchangeables !

Mais me voilà commettant la même hérésie que celle épinglée plus haut… si les dits apôtres étaient en fait douze, moins un (suivez mon regard), les évangélistes n’étaient, eux, que quatre ! Rangez donc votre calculette catéchétique, je récapitule. Deux paires de deux. Non, ils n’étaient pas gendarmes, mais rédacteurs des Evangiles. Matthieu, Marc, Luc et Jean, ça vous rappelle quelque chose ? Apparemment pas à tout le monde. Dans les médias, je constate que les évangéliques se transforment, grâce à la magie du langage, en évangélistes. Là y’a un « hic », ou plutôt il manque un « ique ». Ben voyons, le Christ multiplie les pains et les journalistes les évangélistes. Heureuse époque où, d’un côté, les églises se vident et, de l’autre, les zélateurs de la foi se multiplient. Le « moins » des uns fait le « plus » des autres. De là à parler de miracle…

Un groupe d’ados a vu le jour à Sierre!

Le groupe Liberidei en camp scout près de Saint-Léonard.

Depuis bientôt une année, le groupe d’ados du secteur de Sierre se retrouve une fois par mois pour vivre une soirée FUN & FOI. Entre leur engagement lors de l’action des « Christmas Box » (cadeaux de Noël pour les personnes plus défavorisées), les week-ends au Simplon ou en forêt « à la scout », les jeunes sont très motivés.

Entretien avec Flavy Naoux, une jeune du groupe | Photos : Jeunes de Liberdei 

Qu’est-ce que le groupe Liberdei ?
Le groupe Liberidei est un groupe de jeunes croyant âgés de plus ou moins
13 ans. Tous les jeunes dès la confirmation sont les bienvenus. 

Pourquoi ce nom « Liberidei » ?
Nous avons discuté pendant longtemps au sein du groupe pour trouver un nom. Une jeune du groupe apprenait le latin en 1re année du collège et nous a proposé ce nom qui signifie « enfants de Dieu », c’est ce que nous sommes !

Qu’est-ce que tu aimes dans ce groupe ?
J’aime bien l’ambiance amicale et joyeuse. Il y a eu plusieurs moments marquants, mais il y a une activité que j’ai spécialement appréciée, c’est la montée vers Pâques. Nous l’avons vécue avec un autre groupe de jeunes de la Noble et Louable Contrée qui s’appelle Fun and God. Avec eux, nous avons passé de bons moments.

Que dirais-tu à un jeune qui hésite à rejoindre le groupe ?
S’il y avait un nouveau jeune qui hésitait à entrer dans le groupe, je lui dirais de venir car plus on est de fous, plus on rit et que ce serait amusant aussi pour lui. 

Soirée crêpes à la paroisse de la Sainte Croix.

Flavy, qui es-tu ?
Je m’appelle Flavy, j’ai 15 ans. 

Qu’est-ce que tu aimes dans l’Eglise ?
J’aime bien l’Eglise pour l’ambiance amicale. 

Une parole biblique ou un Saint qui t’inspire ?
J’ai une parole biblique que j’aime bien, cette parole c’est : « Il redonne des forces à celui qui en manque, il rend courage à celui qui est épuisé. » Esaïe 40.29

Si toi aussi tu veux faire partie du groupe de Flavy ou tu veux simplement venir pour une rencontre, rejoins-nous à la soirée pour les nouveaux, le 11 novembre à 16h à l’église Saint-Catherine. Bienvenue à tous les jeunes entre 11 et 16 ans ! 

Caté connecté!

Personne ne doit être laissé sur le bord du chemin technologique emprunté par la société.

Le fond reste, les moyens changent. Une Lapalissade qui vaut pour le domaine de la catéchèse qui s’est lancé à cor et à cri dans les technologies de communication nouvelles pour transmettre la foi. Paroisses, diocèses et ordres religieux offrent de multiples ressources pour le ou la catéchiste lambda. Et on passe du livre aux jouets et à l’image animée, du quiz à l’interactif, du présentiel au virtuel ; on privilégie le narratif et le participatif.

Thierry Schelling
Photos : DR

Très souvent, un jeune adulte me demandera : « Où est-ce que je peux trouver une Bible ? » – « En librairie » serait la réponse immédiate, mais je renchéris aussitôt : « Sur Internet, voyons, vous avez tout ! », laissant souvent pantois mon interlocuteur… Si le réflexe pour commander son plat du soir ou sa paire de chaussures via les sites est acquis, celui de se nourrir religieusement, pas encore… De fait, l’illimité accès aux prières fondamentales du christianisme, aux grands textes (Catéchisme de l’Eglise catholique, Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise, encycliques, sermons du prédicateur de dimanche dernier, livres spirituels entièrement lisibles sur le web, etc.) est encore souvent ignoré par le grand public, même catholique…

Témoins et répétition

Mais aujourd’hui, la catéchèse nécessite plus que la présentation de l’enseignement du Christ ; il lui faut des témoins qui l’explicitent et le contextualisent, pour ne pas tomber dans un totalitarisme idéologique. C’était l’intuition par exemple de Cavaletti et Montessori avec leur méthode intitulée « La Catéchèse du Bon Berger »1.

« Nous faisons appel aux cinq sens, c’est vital pour une personne souffrant d’un handicap », explique Catherine Ulrich, animatrice pastorale de la COPH (Communauté œcuménique des Personnes en situation de handicap) à Genève. « Il y a aussi le langage non verbal, dans la rencontre, qui est également évangélisateur », précise-t-elle. « J’ai un groupe whatsApp avec des personnes en situation de handicap qui a amélioré l’interaction entre nous », sourit-elle. Personne ne doit être laissé sur le bord du chemin technologique emprunté par la société…

De plus, une bonne catéchèse est itérative pour permettre une « conversion de fond » tout au long de la vie du croyant – et pas juste en bas âge, au rythme des sacrements de l’initiation ; cela implique le choix d’outils adaptés aux générations, aux cultures, aux sensibilités. Les parcours Siloé 2 ou AOT, pour adultes en mal d’approfondissement de leur foi restée en plan, sont un succès diocésain.

La narration, clef de voûte

« Je suis très favorable à une catéchèse narrative du style Godly-Play 3 », explique Martine Bulliard, responsable de la Pastorale des chemins 4 à Genève, « car cela permet aux enfants et aux adultes d’entendre et de visualiser les récits. Le temps de questionnement après la narration est très important, car il permet, grâce à des questions ouvertes, de pouvoir entrer simplement dans le texte en accueillant tout ce qui est dit. » 

Initiative œcuménique, ce type de catéchèse narrative « [nous] met en contact avec notre intériorité, avec l’étincelle divine qui habite au cœur de chacune et de chacun. Le questionnement nous permet de comprendre que ce texte parle aussi de nous aujourd’hui ». C’est un échange qui s’enracine dans celle ou celui qui « fait de la catéchèse » et qui se partage – l’étymologie du mot catéchèse, catekeo, ne signifie-t-elle pas « faire résonner » ?

Donner de soi

« Dieu nous rejoint dans notre vie telle qu’elle est, dans un monde tel qu’il est et il ne s’agit pas de dire ce qui est bon ou mauvais », explique Fabienne Gapany, représentante de l’évêque du diocèse LGF pour la catéchèse et le catéchuménat. « Bien sûr, le numérique, c’est « pratique », ludique, bien fait, facile et courant d’accès… mais c’est peut-être ici le piège, parce que je ne suis pas sûre que ces derniers adjectifs désignent aussi la foi et la relation au Christ ou aux autres », relève-t-elle. « Je pense que nous avons à favoriser en catéchèse des dispositions intérieures ou relationnelles qui ne sont pas celles du numérique. » Conclusion lucide qui rappelle le fond de toute démarche catéchétique : créer du lien. « En catéchèse, j’aime de moins en moins ce qui nous retient de mettre quelque chose de nous-mêmes, car ce don de soi, de notre vision des choses est une façon de témoigner de ce qui nous anime, de montrer nos charismes et nos faiblesses, aussi. » 

Une quiche au saumon !

Et Fabienne Gapany de donner la métaphore de… la quiche au saumon : « J’aurais pu l’acheter toute faite. Cela aurait été pratique (pas besoin de prendre du temps pour préparer les choses), ludique (aller dans une boulangerie est plus amusant que de peler des carottes ou couper des poireaux !), bien fait (avec un aspect tout bien doré, tout bien régulier, alors que quand c’est moi qui la fais, elle est parfois un peu plus cuite d’un côté, les bords ne sont pas toujours réguliers, etc.), facile (pas besoin de lever le petit doigt, c’est prêt)… Mais qu’est-ce que j’y aurais mis de moi ? Parce qu’en faisant ma tarte, je peux tenir compte des goûts des gens de la maison, laisser parler une certaine créativité, être dans l’attente « joyeuse » portée par des signes (fumet…) de ce qui va arriver… »

Diaconie

Comme l’a dit le pape François (Regina Caeli du 7 mai 2023) : « La foi en Christ n’est pas un « paquet d’idées » à croire, mais une route à parcourir, un voyage à accomplir, un chemin avec Lui » et inexorablement vers autrui. Et quoi de mieux que de vivre la diaconie, le service de l’autre 5 : pauvres, personnes handicapées, migrants, étrangers, rejetés de la société ; y est inclus le soin à l’environnement, comme construire un jardin pour herboriser un parc d’église, nourrir du lien interculturel, remplir des sacs de provisions le Samedi du partage… mille et une initiatives gratuites qui « catéchisent » en actant l’amour du prochain dans son quotidien – et qui, de par leur gratuité, rappelle que la foi est un don gratuit…

1 Il s’agissait de permettre aux enfants de passer d’une catéchèse purement livresque, intellectuelle et basée sur le savoir, à une forme interactive et expérientielle pour entrer en relation avec le Christ, le Bon Berger ; cf. cbbfrance.org/ 
2 Cf. cath-vd.ch/formations/cheminer-en-eglise/ et aotge.ch/
3 Inspirée de Montessori, cette forme de catéchèse utilise des objets pour raconter une histoire biblique, interpeler l’auditoire et évangéliser en s’adaptant à l’âge des participant.e.s ; cf. ligue.ch/godlyplay 
4 Elle regroupe la catéchèse, le catéchuménat, la formation de l’Eglise catholique à Genève.
5 Avec la liturgie et la formation continue, la diaconie est tout de même l’un des trois piliers de l’Eglise, on l’oublie souvent…

Des actions comme Le Samedi du partage « catéchisent » en actant l’amour du prochain.
Pour certain(e)s catéchistes, favoriser les dispositions relationnelles qui ne sont pas numériques est nécessaire. 

Connexion

Par l’abbé Jean-François Luisier
Photo : CC Linnaea Mallette

« Je connais des gens qui ont traversé les évangiles mais n’ont pas été traversés par l’Evangile ! »

Le journal d’octobre nous laisse émerveillés au milieu des couleurs d’un bel automne. Colorée tout autant, la délégation des jeunes du Valais qui sont allés aux JMJ : ils sont revenus, eux aussi, avec des couleurs plein la tête. Celles des drapeaux et des bannières qui ont symbolisé toutes les nations réunies en Dieu. « Nous sommes catholiques, nous sommes universels ! », répétaient nos évêques.

Le quotidien de ce pèlerinage planétaire était, pour les groupes de jeunes parsemés dans tout Lisbonne, de chercher le matin la nourriture de l’âme et celle du corps : trouver la catéchèse dans la bonne langue et puis le bon resto où la queue ne serait pas trop longue. Bel enthousiasme et belle parabole pour notre nouvelle année pastorale : chercher les bonnes nourritures du corps et de l’âme. Un évêque là-bas nous disait : « Je connais des gens qui ont traversé les évangiles mais n’ont pas été traversés par l’Evangile ! »

Le dossier du mois d’octobre nous rappelle les perpétuelles mises à jour de la catéchèse dans ses moyens pour que les enfants et les familles se laissent saisir par de belles conversations avec Dieu. Serons-nous traversés dans le cœur par la Parole du Christ ? Traverserons-nous nos week-ends à l’écoute de ce que Dieu nous dit par la liturgie ? Vivrons-nous nos repas du dimanche, la nourriture du corps et de l’esprit de famille en goûtant d’abord à l’antipasto : la liturgie de la parole et du pain offerte par l’Eglise à l’église la plus proche ?

« Vous devez savoir en quoi vous croyez ; vous devez connaître votre foi avec la même précision avec laquelle un spécialiste en informatique connaît le système d’exploitation d’un ordinateur, vous devez la comprendre comme un bon musicien connaît sa partition. » (Benoît XVI)

Bon courage pour balayer les feuilles d’automne… Bonne route dans ce magazine pour se reconnecter à L’Essentiel !

Le souffle du Saint-Esprit

L’Essentiel propose aux Evêques des diocèses de Sion et de Lausanne-Genève-Fribourg, à l’Abbé territorial de Saint-Maurice et à leurs représentants de s’exprimer sur le sujet de leur choix.

Par Fabienne Gigon, représentante de l’évêque à Genève
Photo: DR

En lien avec le thème de ce cahier, permettez-moi de vous parler de pneumatologie. 

Du grec ancien pneuma signifiant « souffle », il s’agit de l’étude du Saint-Esprit et de ses œuvres.

J’aime cette science, car il me semble parfois que l’Esprit Saint est, sans mauvais jeu de mot, « le parent pauvre » de la Trinité. Alors que le souffle est vital…

Trois paradigmes

En catéchèse, donc, et il y a 20 ans déjà, Denis Villepelet 1 parle de trois paradigmes (modèles) catéchétiques. En très bref et suivant une chronologie historique, le premier modèle est caractérisé par un enseignement magistral, une pédagogie déductive centrée sur le Père et s’adresse à une société traditionnaire. 

Le second modèle propose une pédagogie participative christocentrée, pour une société évolutionnaire. 

Le dernier modèle, enfin, offre à une société complexe une pédagogie d’initiation (itinéraires de cheminement, graduel) pneumocentrée, où le contenu à transmettre n’est pas seulement un message, mais l’expérience d’une vie ecclésiale. L’auteur continue la réflexion : « Ce monde indécis […] est sans direction privilégiée. Cet état de relative errance est pour ainsi dire l’état d’équilibre « normal » de ce plurivers multiréférentiel dans lequel nous séjournons actuellement. […] La pratique catéchétique est un espace frontière dans lequel s’opère un métissage entre la fides qua et la fides quae2, l’Eglise et le monde, la théorie et la pratique. […] Une diversité de formes catéchétiques correspond bien à la nécessité de diversifier les manières de proposer aux individus « de se tenir dans la vérité de la foi qui fait vivre ». »3  

« Un ressuscité exécuté sur une croix qui donne la vie par sa mort et exerce sa maîtrise en épousant la condition d’esclave, ça ne va vraiment pas de soi et requiert une bonne dose de conversion du regard pour être accueilli comme une bonne nouvelle. […] L’initiation catéchétique conçue comme un incessant appel, éveil et approfondissement, passe par l’immersion dans la Parole, la Liturgie, le Service et la Communion fraternelle. On privilégie l’épreuve de la relation expérientielle au Dieu de Jésus Christ et on considère cette épreuve comme la source et la ressource d’un travail de révélation »4.

Il y a donc plus qu’une méthode à suivre. C’est soufflant, non ?

1 Laïc directeur de l’Institut supérieur de Pastorale catéchétique de l’Institut catholique de Paris. VILLEPELET, Denis, L’avenir de la catéchèse, Paris ; Bruxelles, Les Ed. de l’Atelier ; Lumen vitae, 2003, p. 87‑1116.
2 Selon saint Augustin, père de la réflexion sur la catéchèse, fides quae creditur et fides qua creditur doivent tenir ensemble. Le premier, la foi qu’on croit, représente les contenus de la Révélation. Le second, la foi par laquelle je crois, la conversion, le désir de rencontre du Christ.
3 VILLEPELET, Denis, Les défis de la transmission dans un monde complexe – Nouvelles problématiques catéchétiques, Paris, Desclée de Brouwer, 2009, p. 449.
4 Ibidem, p. 456‑7.

Caté-connecté

Le thème central (pp. 16 et 17) s’intitule « Caté connecté » et il traite de l’emploi des nouvelles technologies dans le domaine de la transmission de la foi. Quant à nous, nous avons voulu aller à la rencontre de personnes engagées en Eglise et qui ont recours à ces nouveaux moyens de communication.
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Connexion par encycliques

Par François-Xavier Amherdt | Photo : DR

A l’époque de l’Eglise primitive, c’est par des lettres faisant le tour de la Méditerranée que Paul et ses collaborateurs restaient constamment en contact à distance avec les communautés qu’ils avaient plantées. C’est par ces « circulaires », selon le sens étymologique du terme grec « en-cyclique », « faire le tour », que l’apôtre des nations traitait les problèmes en cours, afin de vivre la fidélité au Fils du Père.

Les en-têtes de plusieurs épîtres en conservent la trace explicite. Ainsi le début de la lettre aux Philippiens : « Paul et Timothée, serviteurs du Christ Jésus, à tous les saints dans le Christ Jésus qui sont à Philippe, avec leurs épiscopes et leurs diacres. A vous grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus-Christ. »

Certes, la connexion ainsi établie était moins immédiate que de nos jours avec le web. Mais elle était véritablement efficace. Preuve en soit le fait que certaines épîtres, telle la deuxième aux Corinthiens, semblent être constituées de la compilation de plusieurs lettres, envoyées à différentes occasions. 

Le ton change entre la célébration de la réconciliation dans les chapitres 1 à 9 et la vigoureuse et sévère admonestation des chapitres 10 à 13, s’en prenant au tort fait à l’Eglise par de faux apôtres (2, 1-11).

D’une communauté à l’autre

Cela montre bien que la circulation fonctionnait, que le treizième apôtre recevait régulièrement des nouvelles, y compris lui faisant part de la détérioration de la situation. Ces missives pauliniennes étaient ensuite transmises largement d’une communauté à l’autre, de manière à leur permettre de régler des problèmes similaires, comme celui de la consommation des viandes sacrifiées aux idoles
(voir 1 Corinthiens 8-10).

Les Papes continuent de nos jours d’adresser des encycliques, non seulement à l’Eglise catholique, mais à tous les hommes et femmes de bonne volonté. Et comme Paul en Philippiens 1, 1, ils ne se contentent pas comme destinataires de leurs frères dans l’épiscopat : ils élargissent le spectre de leurs interlocuteurs à l’ensemble des baptisés (les « saints »). La synodalité était déjà bien en marche.

Les questions de Gabriel Le Bras

Gabriel Le Bras (1891-1970).

Par Pierre Guillemin
Photo : DR

Gabriel Le Bras (1891-1970) est un universitaire, juriste, sociologue des religions et en particulier sociologue de la religion catholique.

La sociologie catholique étudie la place du catholicisme dans les sociétés avec des méthodes scientifiques en y associant un objectif partiellement spirituel ou pastoral.

Gabriel Le Bras publie ses objectifs et ses interrogations autour de la question de la pratique de la religion catholique au début des années 1930. Mais la sociologie catholique ne prend son essor qu’après 1945, avec le concours d’hommes d’Eglise, au premier rang desquels figure Fernand Boulard. 

Outils modernes

La sociologie catholique peut se caractériser par une démarche et la production de connaissances à partir de l’enquête de terrain et non par simple spéculation. Elle utilise des outils modernes d’investigation comme les sondages, le recours aux statistiques en cherchant à donner une vision la plus objective possible aux travaux menés. Mais c’est aussi une intention, car elle souhaite fournir les éléments scientifiques permettant d’infuser les principes du catholicisme dans l’espace social.

Dans son article fondateur de 1931, Gabriel Le Bras nous donne le fil directeur de sa pensée au travers des questions suivantes :

1) Qui (où, combien) sont les conformistes saisonniers qui viennent à l’église pour les grandes étapes de la vie ?

2) Qui (où, combien) sont les pratiquants qui assistent à la vie religieuse ?

3) Qui (où, combien) sont les personnes engagées dans des associations confessionnelles ?

4) Qui (où, combien) sont les personnes étrangères à la vie religieuse catholique ?

De nos jours, la sociologie catholique telle que pratiquée précédemment n’est plus en vogue. Si elle décrit les phénomènes, elle est incapable par ses méthodes d’expliquer ces mêmes phénomènes. Le sujet de la déchristianisation des sociétés occidentales en est un parfait exemple. 

Mais les questions demeurent

En particulier, il sera intéressant de voir si l’évolution actuelle d’une partie de l’Eglise catholique, privilégiant, dans le sillage du pape François, une approche plus inductive sera à même de fournir les réponses qui nous manquent aux questions soulevées par la sociologie catholique. 

Rappelons-le, la méthode inductive est une méthode de travail scientifique qui part d’un fait avec des données brutes, réelles et observables pour expliquer un phénomène. 

L’intérêt de cette méthode est de trouver des explications grâce à des observations plus concrètes et moins théoriques des sociétés.

Un nouveau convoi!

Par Thierry Schelling
Photos : Sviatoslav Horetskyi

Quelle ténacité, quelle dévotion, quel enthousiasme même, malgré l’intolérable enlisement de cette guerre qui n’en finit pas – mais c’est malheureusement le propre d’une guerre, non ? Pas juste sa « perdurance » dans le temps, mais aussi parce qu’elle génère des solidarités, meut des personnes, agite des cœurs, réveille des générosités qui dormaient… Oui, au fond de l’humain se love un trésor de bonté. Et même le pire ne peut rien contre cette pugnace envie d’aider, d’aimer…

Le pèlerinage de Sviatoslav à Lourdes pour y rejoindre ses confrères des éparchies d’Allemagne et de France & Benelux a été l’occasion de déposer les fatigues au pied de Marie et de recevoir du Fils bien-aimé le sourire du devoir accompli. Dans l’humilité de nos faibles moyens. Mais avec l’arme de la foi…

La première des confessions pour les enfants de la communauté de Lausanne a été une autre façon de célébrer la vie… Sviatoslav est porteur de Celui qui est la Vie ! Merci à sa famille et aux paroissien.ne.s qui le soutiennent !

Un monument et un nom

Considérée comme sainte par beaucoup, Eva Calay ne sera probablement jamais officiellement canonisée. La religieuse belge a néanmoins reçu post mortem la plus haute distinction honorifique attribuée par l’Etat d’Israël et son nom est gravé sur le « Mur d’Honneur » dans le « Jardin des Justes » au mémorial de Yad Vashem de Jérusalem.

Eva Calay en 1931, à son entrée dans la congrégation.

Par Myriam Bettens | Photos : DR

Eva Calay s’oriente très tôt vers la vie religieuse et entre, en 1931, chez les Filles de la Croix, à l’âge de 23 ans. Son papa a néanmoins tenu à ce qu’elle achève des études avant son engagement dans la vie religieuse. Diplômée en littérature et en sténographie, elle est envoyée à Bèfve, dans la province de Liège, pour enseigner. La congrégation y dirige une école de filles avec pensionnat et une maison de repos pour personnes âgées. Durant la guerre, Eva et une de ses consœurs cachent des enfants juifs en les intégrant sous de faux noms au pensionnat. Elle restera à Bèfve jusqu’en 1955, date à laquelle elle retourne à Liège pour y prendre les fonctions d’économe, à la maison mère. 

En tant qu’économe générale, Eva a beaucoup de relations et se sent à l’aise partout. En 1965, la communauté la charge donc de mener à bien les travaux de construction et d’aménagement d’une nouvelle clinique gérée par les sœurs. Celle-ci sera ouverte en 1971. Or les médecins décident de la boycotter, car Eva s’attaque de front à leurs privilèges. Elle ne négocie pas, cette clinique destinée à soigner les gens dans le besoin n’est pas là pour enrichir les médecins. La faculté de médecine de Liège, désireuse de former ses stagiaires dans cette clinique d’avant-garde finit par accepter toutes les conditions d’Eva. La religieuse aura la gestion de cet hôpital pratiquement jusqu’à la fin de sa vie. Décédée en 1992 d’un infarctus, elle repose dans le caveau de la congrégation sous une dalle sans nom. En 2010, Eva est honorée du titre de « Juste parmi les Nations » pour avoir protégé et caché des enfants juifs dans le pensionnat de Bèfve, durant la guerre.

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