Votre paroisse, ce sont eux
JMJ Lisbonne 2023
Près de 500 jeunes Romands, dont plus de 80 Fribourgeois, ont participé aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) à Lisbonne. Petit retour sur les moments forts de cette rencontre.
Par Véronique Benz et João Carita | Photos : J. Carita
Fête nationale
Après une nuit plus ou moins reposante dans les familles ou les lieux de logement collectifs de Colares, les jeunes Romands se sont déplacés vers le nord de Lisbonne pour rejoindre les jeunes venus de Suisse alémanique et de Suisse italienne. Ensemble ils ont célébré le 1er août par des chants de louange, des témoignages ainsi qu’une catéchèse de Mgr Pierre Bürcher, évêque émérite du diocèse de Reykjavik. Pendant la matinée, le groupe a aussi accueilli de manière chaleureuse plus de 40 pèlerins qui ont fait le trajet depuis la Suisse à vélo.
Les catéchèses
Les rencontres « Rise Up » se substituent à la catéchèse traditionnelle des JMJ. Elles proposent à travers une méthode synodale une expérience de foi et de rencontre avec le Christ dans un climat de communion et de participation.
Accueil du pape
Plus d’un million de personnes étaient présentes le jeudi 3 août à la colline de la Rencontre (Parc Eduardo VII) pour la cérémonie d’accueil du pape François. La célébration était animée par l’Ensemble23, un groupe de 50 jeunes de 21 nationalités différentes. Sur scène il y avait aussi le chœur et l’orchestre des JMJ, composé de 210 chanteurs et 100 musiciens provenant de tous les diocèses du Portugal, sous la baguette de Joana Carneiro. Sous la direction du chef d’orchestre Sérgio Peixoto, une chorale composée de 6 personnes sourdes était au service des malentendants.
Le chemin de croix
Lors du chemin de croix qui a eu lieu au parc Eduardo VII, le pape François a demandé aux jeunes : « Est-ce qu’il vous arrive de pleurer de temps en temps ? Y a-t-il des choses dans la vie qui me font pleurer ? Nous pleurons tous dans la vie et Jésus pleure avec nous. » « Jésus, avec sa tendresse, essuie nos larmes cachées. Jésus espère combler notre solitude par sa proximité. Comme sont tristes les moments de solitude », a-t-il souligné. Le pape a parlé des peurs « sombres » qui affectent les personnes, invitant chacun à « prendre le risque d’aimer ».
Veillée de prière
L’un des moments les plus intenses de ces JMJ a été la veillée de prière à Campo da Graça.
À travers la danse et le théâtre, les pèlerins ont été invités à réfléchir sur la manière de rencontrer Dieu dans leur quotidien. L’adoration eucharistique a suivi avec l’exposition du Saint-Sacrement d’une manière simple et profonde, au son d’un orgue. Le silence s’est alors installé dans Campo da Graça, traduisant une communion totale entre les jeunes.
Messe d’envoi
Le pape a exhorté les jeunes à « ne pas avoir peur » de la vie. Il s’adressait aux 1,5 million de participants aux JMJ 2023 au cours de la messe d’envoi, le dernier événement du rassemblement.
« Jésus est la lumière qui ne s’éteint pas, la lumière qui brille là où il fait nuit », a-t-il ajouté. Le pape François a averti : « Personne ne devient lumineux en se mettant sous les projecteurs ou en présentant une image parfaite, forte. »
« Nous brillons lorsque, accueillant Jésus, nous apprenons à aimer comme lui. Aimer comme Jésus nous rend lumineux et fait de nous des œuvres d’amour », a-t-il déclaré. Le pape a également parlé du verbe « écouter », estimant que l’écoute de Jésus représente « tout ce que l’on doit faire dans la vie ». Il a recommandé à chaque jeune de prendre l’Évangile pour y trouver « des paroles de vie éternelle ».
Les prochaines JMJ auront lieu à Séoul en Corée du Sud en 2029. Vous trouverez toutes les informations sur le site : www.jmj.ch
Jeux, jeunes et humour – septembre 2023
Par Marie-Claude Follonier
Question jeune
Qu’est-ce que le temps pour la Création ?
L’Eglise a pour habitude de dédier chaque mois à des intentions particulières de prière. Dimitrios, le patriarche de Constantinople, avait proposé en 1989 le 1er septembre comme journée internationale de prière pour la création. L’Eglise a suivi en élargissant ce temps jusqu’au 4 octobre, fête de saint François d’Assise, patron des écologistes.
par Pascal Ortelli
Humour
J’ai visité un hôpital psychiatrique et j’ai demandé au directeur :
– Comment faites-vous pour savoir qu’une personne a besoin d’être internée ?
– C’est simple, on remplit une baignoire d’eau, on leur donne une petite cuillère, une tasse ou un seau et on leur demande de vider la baignoire.
– Ha je vois, donc une personne normale choisirait le seau parce que c’est plus rapide, c’est ça ?
– Non, elle retirerait le bouchon. Vous voulez une chambre avec ou sans fenêtre ?
par Calixte Dubosson
Chemins de communion à Charrat
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Portrait du docteur Jean-Blaise Tudisco
Médecin et chrétien. C’est tout trouvé ! C’est avec joie que je fais le portrait de notre cher docteur Jean-Blaise, qui a ouvert son cabinet de médecin généraliste à Sierre en 2015.
Texte et photos par Marie-Françoise Salamin
Un peu d’histoire
Jean-Blaise Tudisco est né à Sierre en 1981, à la Clinique Sainte-Claire. A l’époque où il était étudiant, je l’ai connu à la cure Sainte-Catherine car il était là tous les samedis matin, avec les « Déjeune qui prie » (ou Des Jeunes qui prient). C’est un groupe de jeunes qui se réunissent d’abord à l’église pour prier (chez nous c’était à Notre-Dame-des-Marais), puis viennent déjeuner à la cure. Une sacrée équipe d’ailleurs, ouverte et généreuse, composée essentiellement d’étudiants doctorants et de jeunes porteurs d’un handicap mental. Ensemble ils baignaient la cure d’une joyeuse ambiance !
Jean-Blaise a commencé ses études comme futur dentiste, puis il a bifurqué vers la médecine. Il devient médecin en 2008 et médecin FMH en 2013. Il a choisi la médecine générale, à l’exemple du docteur Jean-Paul Frochaux, pour le contact avec les patients, la proximité, le suivi, la vision globale.
Un médecin croyant
Le fait d’être chrétien donne sens à son choix de la médecine générale. « C’est un métier très social, tourné vers les autres, où les valeurs chrétiennes peuvent être appliquées tous les jours. Je m’occupe des aspects physiques, psychologiques et sociaux. Car souvent, je fais aussi des démarches administratives pour aider mes patients, ou des médiations dans des conflits de famille ou de voisinage, ou des conseils pour orienter les enfants de mes patients vers des spécialistes. C’est un des beaux côtés de mon métier. »
Un jour, une religieuse a remarqué qu’il n’avait pas de crucifix dans son bureau. Elle lui en a donc proposé un. Il lui a répondu : « Si c’est vous qui me l’amenez, je lui trouverai une place. » Ce qui fut fait.
Les priorités
Les temps ont changé. De nos jours, les médecins ne travaillent plus 24 h sur 24, 7 jours sur 7. Mais le docteur Jean-Blaise Tudisco a des semaines d’au moins 50 heures. Ce qui lui permet de consacrer du temps à sa famille : son épouse, Maryline, qui travaille au secrétariat un jour par semaine, leurs deux filles Anaïs et Amélia, dont les dessins et les portraits ornent son bureau. Une vie équilibrée pour le plus grand bien de chacun.
Entre deux mondes
Lieu de passage privilégié entre l’Italie et l’Europe, l’Hospice du Grand-Saint-Bernard, avec sa vocation d’accueil millénaire, vient d’ouvrir une année jubilaire pour fêter le centenaire de son saint patron, protecteur des alpinistes et des habitants de la montagne. Interview alpestre avec le nouveau prévôt, Jean-Pierre Voutaz.
Par Myriam Bettens | Photos : Jean-Claude Gadmer
Votre nomination en tant que nouveau prévôt coïncide avec le jubilé de la proclamation de saint Bernard. Que nous réservez-vous en termes de festivités ?
Jean-Pierre Voutaz – Le jubilé concerne à la fois le 900e anniversaire de la canonisation de saint Bernard et le centenaire de sa proclamation en tant que protecteur des habitants et voyageurs des Alpes. Chose assez exceptionnelle pour l’époque, il est le premier saint patron d’une activité touristique. Les festivités seront en rapport avec les gens qui passent sur le col : botanistes, guides, etc. Nous prévoyons aussi des conférences d’histoire ou encore des spectacles. Quelque chose de totalement déjanté qui ne correspond pas à l’idée que l’on se fait d’une communauté religieuse. (rires)
Bientôt millénaire, comment l’hospice a-t-il dû se réinventer au fil de l’histoire ?
JPV – Déjà sa fondation est une refondation. La première communauté assiste ceux qui transitent par les Alpes depuis Bourg-Saint-Pierre. Puis tout le monde est liquidé au Xe siècle…Au XIe siècle, avec l’expansion du commerce, il faut trouver comment aider les gens à ne pas mourir en montagne. L’idée est de fonder une maison au sommet de l’endroit le plus dangereux du monde à l’époque et d’y habiter. La communauté a pour devise : « Ici Christ est adoré et nourri » et celle-ci a constamment été réadaptée au cours de l’histoire afin de poursuivre la mission première de rencontre et de dialogue avec les gens qui passent.
La situation géopolitique de l’hospice était également essentielle et très disputée au cours des siècles…
JPV – L’hospice se trouve dans une zone tampon entre la papauté et l’empire et il y a eu quantité de tensions au cours des siècles. Un point de frontière entre l’Eglise, le monde et les différentes mentalités. Malgré les changements dans la politique et la religion, il y a toujours eu un dialogue actif avec le monde et ses intérêts. Je pense que c’est parce que nous sommes, d’une part, de droit pontifical [ndlr. dépendance directe du Pape] et, d’autre part, le danger que représente la montagne offre une liberté de dialogue qui rend les convictions « secondaires ».
Entre le col du Grand-Saint-Bernard et celui de Latza au Tibet, sur lequel la congrégation possédait aussi un hospice, peut-on vous considérer comme un ordre attaché à la montagne ?
JPV – Oui, il y a vraiment un attachement à la montagne et dans cette difficulté à transiter, mais aussi à ce lieu où l’on perd la carapace, les apparences. On se met à transpirer, à sentir des pieds et quelle que soit la classe sociale, on arrive tous dans le même état de fatigue. (rires)
De quelle manière le saint-bernard (le chien) a-t-il contribué à la création du mythe ?
JPV – Les chiens du Saint-Bernard sont à l’hospice depuis la fin du 17e et commencent à être connus durant la Révolution française. Quand vous êtes poursuivis par des corps d’armée qui veulent votre peau pour toutes sortes de raisons, mais que vous êtes accueillis dans une maison ou non seulement vous êtes chez vous du point de vue des humains et même des animaux, il y a une expérience existentielle tellement forte qu’elle s’est propagée dans le monde entier. Nous sommes sur cette frontière entre l’Eglise et le monde depuis bientôt mille ans… Un lieu où la dignité humaine est une expérience et non pas de la théorie.
A livre ouvert
Jean-Pierre Voutaz est né le 4 avril 1973 à Sembrancher, il a obtenu une maturité scientifique au collège de Saint-Maurice avant d’intégrer la congrégation des Chanoines réguliers du Grand-Saint-Bernard. Il poursuit sa formation en théologie à l’Université de Fribourg, puis auprès des Archives apostoliques du Vatican. Depuis 2015, il est responsable de la formation religieuse pour la congrégation. Il est également l’auteur de plusieurs publications sur l’histoire de l’Eglise et celle du Grand-Saint-Bernard.
Cheminer avec Maurice Zundel
Par Jacqueline Allet et Colette Sierro Chavaz | Photos : DR
« Mystique d’origine suisse. Maurice Zundel (1897-1975) fut un prêtre atypique. Souvent incompris et mis à l’écart par sa hiérarchie, il nous invite, à travers son œuvre, au dépouillement de nous-mêmes afin de nous rendre transparents à la lumière divine intérieure. » mauricezundel.com
A partir de certains textes de Maurice Zundel, nous vous proposons d’entrer dans cette spiritualité qui bouleverse les images que nous avons pu avoir de Dieu. Ces textes nous invitent à changer notre regard en libérant un espace de désappropriation pour tenter d’accueillir Celui qui est plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes.
Le Père Luc Ruedin, jésuite, nous introduira à la pensée de Zundel lors de notre première rencontre qui aura lieu mercredi 27 septembre à 19h30 à la Maison de la Visitation (salle Saint-Bernard) à la Rue de l’Hôtel-de-Ville 3 à Martigny.
Par la suite, nous vous proposons de nous retrouver environ toutes les 6 semaines à Martigny pour un groupe de paroles ouvert à toutes et tous autour de la pensée et de la spiritualité de Maurice Zundel. Les dates et horaires seront fixés en fonction des disponibilités des personnes intéressées.
Intéressé ?
Contactez les responsables :
alletjacqueline@gmail.com ou cosie@netplus.ch
Une rentrée Essentiel(le) !
Par Denis Fornerone
Photo : Astrid belperroud
Même si tous ne sont pas partis en vacances et que septembre a déjà sonné le tocsin de la rentrée, la période estivale nous berce encore de son tempo lent et chargé du parfum des journées qui s’étirent au soleil.
Temps propice à la jouissance du moment présent où le superflu de la vie perd de sa superbe au profit de l’essentiel. Cet essentiel, souvent étonnamment simple, nous invite à nous recentrer sur les choses qui font vraiment sens.
Ainsi, tels les subtils parfums de la terre qui remontent après un orage d’été, laissons insidieusement remonter en nous questions et réflexions sur le bien-fondé de nos choix de vie, de notre manière d’être, des directions prises ou que nous envisageons de prendre.
Pourquoi ne pas nous laisser inspirer par les valeurs redécouvertes pendant cette période estivale ?
Le temps passé avec nos familles, nos amis, n’a-t-il pas réchauffé nos cœurs ? Alors, pourquoi ne pas continuer à leur accorder de l’importance et cultiver ces relations tout au long de l’année ?
Ce paroissien, cette paroissienne avec qui l’on a enfin échangé, ne serait-ce pas une invitation à aller à la rencontre d’autres personnes qui forment notre communauté paroissiale ?
Et si nous nous laissions toucher par un appel à donner gratuitement de notre temps dans une activité qui apportera un bien à notre prochain !
Se recentrer, revenir à l’essentiel, c’est aussi et surtout se recentrer sur le divin pour en faire notre essentiel.
Si nous cherchons dans la Parole de Dieu un guide qui puisse nous inspirer dans nos choix, je vous propose de suivre saint Paul quand il nous dit : « Quoi que vous puissiez dire ou faire, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus. » (Col 3 ; 17) Cette parole s’applique à nos choix, mais également à la manière dont nous faisons les choses.
Ainsi, sans nécessairement ajouter de nouvelle tâche à notre liste, pourquoi ne pas déjà simplement essayer d’être vraiment présent à celles que nous accomplissons déjà, mais avec une conscience renouvelée de la présence du Christ avec nous, en nous ?
Vitraux de la chapelle de la Pelouse à Bex (Vaud)
Par Amandine Beffa | Photo : Jean-Claude Gadmer
La chapelle de la Pelouse accueille de grandes baies à hauteur de regard qui permettent au visiteur de méditer sur un chemin de croix lumineux.
Au centre de l’œuvre, attribuée à Emma Segur Dalloni, se trouvent trois femmes. Il s’agit en effet de la huitième station. Le Christ, ici symbolisé par le bois de la croix, déclare : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants. » (Luc 23, 27-31)
Quel est donc ce « moi » et ce « vous » que Jésus pose devant les femmes ? On considère traditionnellement que le Christ les invite à pleurer sur leur péché. Mais, est-ce une simple mise en garde avant le Jugement ?
L’artiste a choisi de ne pas inscrire les phrases qui accompagnent cette station, mais de leur préférer la deuxième béatitude (Mt 5, 4). Il y a là plus que le lien entre des versets qui parlent de pleurs.
Certains courants psychologiques définissent les émotions selon l’action qu’elles entraînent. La colère pousse à l’approche, la peur à la fuite, mais la tristesse stoppe tout élan.
Se mettre en mouvement
Dans sa traduction de l’Evangile, Chouraqui préfère l’expression : « en marche » au plus habituel : « bienheureux ». La clef est peut-être cette invitation à se mettre en mouvement. En effet, le Christ n’est pas dans le jugement qui enferme. Il invite constamment à un pas supplémentaire.
Ainsi, nous pourrions entendre Jésus demander aux femmes de Jérusalem que la douleur qu’elles ressentent les mette en mouvement. Là où Il va, elles ne peuvent pas Le suivre, mais elles peuvent poser un autre regard sur leur vie pour, à leur tour, aimer jusqu’au bout.
Après sa Résurrection, le Seigneur demande d’ailleurs à Marie-Madeleine de ne pas Le retenir parce qu’Il doit aller vers le Père (Jn 20, 17).
La béatitude citée ici invite ceux qui pleurent à se mettre en mouvement grâce à la certitude qu’ils seront consolés.
Le chemin de croix est une méditation en mouvement. C’est une invitation à marcher pour contempler l’amour du Christ pour nous. Après la pause de l’été, laissons-nous donc déplacer.
Aux confins de la terre du cœur
Médecine et éthique chrétienne
Ce paroissien de Saint-Joseph, médecin, nous partage ses réflexions…
Par Pierre Chatelanat | Photo : DR
Le message du Christ et les propositions qu’il nous offre pour notre bonheur devraient inspirer les comportements de ceux qui s’y réfèrent, dans la pratique de la médecine comme dans tous les actes de nos vies.
Les règles de base en sont simples : voir l’autre avec le regard que Jésus aurait porté sur lui, celui de l’Amour, reflétant celui de Dieu pour l’homme, en cherchant pour lui et avec lui comment le guérir de tout mal, physique, moral ou spirituel.
La médecine doit soulager
La médecine ne saurait se comporter comme un pouvoir ou une idéologie qui ne tiendrait pas compte des fonctionnements et des besoins individuels des patients et qui dispenserait des soins principalement en fonction de diagnostics ou de traitements déterminés par des arbres décisionnels, voire des considérations économiques. Elle se doit avant tout de soulager toutes les souffrances de quelque nature qu’elles soient. Les temps sont heureusement révolus où une certaine doctrine chrétienne leur prêtait des vertus salvifiques et invitait, comme le dit encore le Catéchisme de l’Eglise catholique, à « accepter comme une grâce ces peines temporelles du péché » ! Jésus non seulement n’a rien prôné de tel, mais au contraire. a tout fait pour les combattre !
La médecine, attention à l’autre en entier
L’attention à l’autre devrait être une règle fondamentale des soins médicaux. Ceux-ci demandent, outre des compétences professionnelles, une démarche visant à comprendre le patient et ses besoins propres et à trouver des solutions qui le respectent dans son être et sa personnalité. Toute relation thérapeutique implique une confiance qui se construit au fur et à mesure que peuvent être vérifiés la compétence et la fiabilité du médecin. Il convient surtout que celui-ci soit présent lorsqu’on en a besoin, qu’il soit à l’écoute du patient et lui montre de la sollicitude ! La confiance est une condition fondamentale pour l’efficacité des soins prodigués ! Jésus ne disait-il pas « Ta foi t’a sauvé » ? Et tel le Bon Samaritain, le médecin devrait se sentir responsable du patient dès qu’il a entendu son appel et l’accompagner jusqu’à ce qu’une solution ait été trouvée au problème dont il souffre.
La médecine, écoute de l’autre
Le souci de l’autre doit également s’exercer aux deux extrêmes de la vie : l’interruption de grossesse et l’acharnement thérapeutique ou encore l’aide à terminer la vie. Dans tous ces cas, comment justifier d’imposer sans compromis l’obligation de préserver la vie ? Il est vrai que l’enfant à naître est une vie en devenir qui mérite d’être protégée tant que faire se peut. Mais peut-on faire fi des souffrances physiques ou mentales des femmes qu’entraînent certaines grossesses et les leur imposer ?
Pour la fin de vie, si les directives anticipées d’éviter l’acharnement thérapeutique et de soulager la douleur sont largement acceptées dans le corps médical et les Eglises, l’aide au suicide en revanche est moins consensuelle. Mais là encore, de quel droit imposerait-on à ceux qui n’en peuvent plus de souffrir, sans perspectives d’améliorer leur situation, de continuer à subir une vie qu’ils ne supportent plus et qu’ils n’ont pas le courage ou la capacité de terminer par eux-mêmes ?
Et si le suicide est généralement compris et accepté, pourquoi l’aide à ceux qui ne pourraient le réaliser par eux-mêmes ne le serait-elle pas, à condition bien sûr de s’assurer que la décision ait été prise de manière lucide et qu’effectivement il n’y ait guère d’espoir d’un changement de leur état ? En quoi le message du Christ, qui se veut libération de l’homme de toute souffrance, empêcherait-il qui que ce soit de décider librement de la manière de disposer de sa vie biologique, dont le Créateur lui a fait don ?
La médecine, un certain regard sur l’humain
En somme, l’éthique chrétienne propose à la pratique médicale de poser un regard de compassion sur les hommes et les femmes qui souffrent et de leur offrir une chance de vivre mieux, en tenant compte de leurs besoins propres. Ceci implique pour les médecins qui s’en inspirent de tendre au patient une main secourable quelles que soient leurs convictions, de se décentrer par rapport à eux-mêmes et à leurs préjugés et de faire des choix thérapeutiques avec discernement et beaucoup d’humilité ! Pour tout ceci, le Christ offre ses conseils et son amitié, qui transforment les relations et permettent d’aller au-delà de carcans théologiques souvent trop restrictifs.
Sa présence : tous les jours
Des jeunes de divers cantons romands profitent de cet espace de liberté pour évoquer un sujet qui les intéresse. Rencontre avec la Vaudoise Bénédicte Sahli.
Par Bénédicte Sahli | Photos : DR
Au fil des années en tant que catholique, je me suis rendu compte que je n’étais jamais aussi proche de Dieu que lorsque j’étais dans l’épreuve. C’est dans les évènements difficiles, quand tout me dépasse, que je place mon espérance dans le Seigneur et il est réconfortant de pouvoir m’en remettre à Lui, de Le laisser m’atteindre et m’aider. Toutefois, malgré le sentiment de proximité avec Dieu lorsque je souffre, une fois la tempête passée, il est difficile de maintenir un même engagement dans la relation que j’entretiens avec Dieu. En effet, dans la vie de tous les jours et avec les avancées qui permettent de contrôler chaque centimètre de sa vie, il est moins naturel de remettre les commandes au Créateur. Comment contrer cette tendance ?
C’est en me rendant en pèlerinage à Lourdes que j’ai réalisé que les piqures de rappel de l’existence de Dieu ne se trouvent pas seulement dans les moments de souffrance, mais aussi dans les retraites. En effet, loin de la routine, il est plus aisé de se mettre en communion avec l’Esprit Saint et de vivre jour après jour avec la présence du Seigneur. Un tel recueillement procure un nouveau souffle pour avancer au quotidien. Une seconde chose qui m’a particulièrement marquée à Lourdes fut de voir des foules s’amasser devant la grotte, à la messe ou pour le chapelet. Réaliser que chaque pèlerin vient déposer une intention, confier une personne, sa santé ou sa vie aux pieds de la Vierge nous invite d’une manière profonde et douce à en faire de même. Ce souvenir impressionnant marque et nous appelle à poursuivre sur le chemin de foi que nous avons vécu durant le pèlerinage. Vivre sa foi en communauté parmi d’autres croyants nous incite à voir l’action de Dieu sur nous et sur les autres au quotidien et à l’apprécier.
Seigneur, nous voici devant Toi !
Des «pierres» vivantes
Depuis plus d’un siècle, les communautés chrétiennes du Moyen-Orient sont confrontées à de nombreux défis. A l’occasion d’une conférence, au printemps dernier, la paroisse du Christ-Roi de Lancy a vécu un voyage exploratoire dans le berceau géographique de la chrétienté. Interview de l’orateur de la soirée, Pascal Maguesyan.
Par Myriam Bettens
Photos : Pascal Maguesyan
L’Association Chemin de solidarité avec les chrétiens d’Orient et les populations victimes des violences au Moyen-Orient (CSCO) a invité Pascal Maguesyan à venir s’exprimer sur la situation des chrétiens d’Orient et ce qu’il restait encore de leur patrimoine, dans une région où ils sont confrontés au défi de leur propre survivance. Le chargé de mission pour l’association Mesopotamia connaît sa partition, mais nous l’interpellons tout de même pour répondre à quelques questions en marge de son intervention.
Les attentats du Bataclan ont plus marqué les esprits que les perpétuels massacres des chrétiens d’Orient, pourquoi ?
Cela fait bien longtemps que les chrétiens d’Orient disent que l’islamisme progresse, aussi en Europe. Suite à l’attentat de la Cathédrale Sayidat al-Najat, en 2010, à Bagdad [préfigurant, par la violence et la méthode employées, l’attaque du Bataclan en 2015, ndlr.] il y a eu une vraie prise de conscience du drame que vivaient les chrétiens d’Orient. Mais nous étions encore loin d’imaginer que les actions criminelles de Daesh pourraient se porter également sur notre sol et de cette manière-là.
De quelle manière se positionner entre un angélisme qui prévaut parfois dans les relations avec le monde musulman et une méfiance tous azimuts ?
Le dialogue est un processus très exigeant. Il existe, à mon sens, une troisième voie. Celle-ci repose sur l’intelligence collective dont la société est capable pour dépasser les clichés. Cette capacité est nourrie par un grand nombre de représentants de l’islam appelant à la modération tout en dissociant l’Islam de ceux qui l’instrumentalisent à des fins criminelles.
Quelle est aujourd’hui la situation des chrétiens d’Orient et leurs perspectives ?
Par chrétiens d’Orient, je pense aux communautés natives dans ce territoire « source » de l’Alliance, qui va du Nil au Tigre. Les chrétiens qui y vivent sont pour l’essentiel des populations autochtones de traditions et de langues copte, guèze, syriaque, grecque, hébraïque, arménienne, turque, perse et arabe. Leurs espaces territoriaux s’y réduisent drastiquement et le 20e siècle a précipité ce mouvement : destruction des communautés arméniennes, assyro-chaldéennes et syriaques de l’Empire ottoman (1915-1918), cession par la France de la Cilicie (1921) et du Golfe d’Alexandrette (1939) à la Turquie, guerre civile (1975) et exil incessant des chrétiens libanais. Le 21e siècle prolonge cette tendance avec une pression fondamentaliste-islamiste croissante, comme en Syrie (depuis 2011) et en Irak (2003-2017). A cela s’ajoute la politique de l’Azerbaïdjan, qui vise l’éradication de l’identité arménienne par le blocus et l’asphyxie des 120’000 habitants de l’Artsakh. En définitive, les chrétiens d’Orient sont des résistants. Ils luttent pour se maintenir sur leurs terres. Cependant, comme en Irak depuis 2017, un nouvel horizon d’espérance s’est ouvert, là où les chrétiens ont pu reprendre racine. C’est le cas dans la plaine de Ninive et dans le Kurdistan d’Irak.
Un héritage immémoriel
L’association Mesopotamia réalise des missions culturelles et patrimoniales au cœur de la Mésopotamie, notamment en Irak, où le patrimoine a subi des outrages révoltants.
Mesopotamia a notamment réalisé un inventaire du patrimoine des communautés fragilisées à l’extrême (chrétiennes et yézidies) au travers d’un site web qui recense aujourd’hui plus d’une centaine d’édifices emblématiques irakiens. Mesopotamia organise également des expositions et des conférences. L’association mène également des programmes de restauration. Elle met en place enfin un ambitieux programme de camion du patrimoine en Irak.
Ces initiatives contribuent à la revitalisation de ces communautés autochtones confrontées à des destructions massives, parfois irréversibles.
A consulter sur mesopotamiaheritage.org
Les questions de Gabriel Le Bras
Par Pierre Guillemin
Photo : DR
Gabriel Le Bras (1891-1970) est un universitaire, juriste, sociologue des religions et en particulier sociologue de la religion catholique.
La sociologie catholique étudie la place du catholicisme dans les sociétés avec des méthodes scientifiques en y associant un objectif partiellement spirituel ou pastoral.
Gabriel Le Bras publie ses objectifs et ses interrogations autour de la question de la pratique de la religion catholique au début des années 1930. Mais la sociologie catholique ne prend son essor qu’après 1945, avec le concours d’hommes d’Eglise, au premier rang desquels figure Fernand Boulard.
Outils modernes
La sociologie catholique peut se caractériser par une démarche et la production de connaissances à partir de l’enquête de terrain et non par simple spéculation. Elle utilise des outils modernes d’investigation comme les sondages, le recours aux statistiques en cherchant à donner une vision la plus objective possible aux travaux menés. Mais c’est aussi une intention, car elle souhaite fournir les éléments scientifiques permettant d’infuser les principes du catholicisme dans l’espace social.
Dans son article fondateur de 1931, Gabriel Le Bras nous donne le fil directeur de sa pensée au travers des questions suivantes :
1) Qui (où, combien) sont les conformistes saisonniers qui viennent à l’église pour les grandes étapes de la vie ?
2) Qui (où, combien) sont les pratiquants qui assistent à la vie religieuse ?
3) Qui (où, combien) sont les personnes engagées dans des associations confessionnelles ?
4) Qui (où, combien) sont les personnes étrangères à la vie religieuse catholique ?
De nos jours, la sociologie catholique telle que pratiquée précédemment n’est plus en vogue. Si elle décrit les phénomènes, elle est incapable par ses méthodes d’expliquer ces mêmes phénomènes. Le sujet de la déchristianisation des sociétés occidentales en est un parfait exemple.
Mais les questions demeurent
En particulier, il sera intéressant de voir si l’évolution actuelle d’une partie de l’Eglise catholique, privilégiant, dans le sillage du pape François, une approche plus inductive sera à même de fournir les réponses qui nous manquent aux questions soulevées par la sociologie catholique.
Rappelons-le, la méthode inductive est une méthode de travail scientifique qui part d’un fait avec des données brutes, réelles et observables pour expliquer un phénomène.
L’intérêt de cette méthode est de trouver des explications grâce à des observations plus concrètes et moins théoriques des sociétés.
Quelles valeurs pour nos jeunes?
Un nouveau convoi!
Par Thierry Schelling
Photos : Sviatoslav Horetskyi
Quelle ténacité, quelle dévotion, quel enthousiasme même, malgré l’intolérable enlisement de cette guerre qui n’en finit pas – mais c’est malheureusement le propre d’une guerre, non ? Pas juste sa « perdurance » dans le temps, mais aussi parce qu’elle génère des solidarités, meut des personnes, agite des cœurs, réveille des générosités qui dormaient… Oui, au fond de l’humain se love un trésor de bonté. Et même le pire ne peut rien contre cette pugnace envie d’aider, d’aimer…
Le pèlerinage de Sviatoslav à Lourdes pour y rejoindre ses confrères des éparchies d’Allemagne et de France & Benelux a été l’occasion de déposer les fatigues au pied de Marie et de recevoir du Fils bien-aimé le sourire du devoir accompli. Dans l’humilité de nos faibles moyens. Mais avec l’arme de la foi…
La première des confessions pour les enfants de la communauté de Lausanne a été une autre façon de célébrer la vie… Sviatoslav est porteur de Celui qui est la Vie ! Merci à sa famille et aux paroissien.ne.s qui le soutiennent !
Un monument et un nom
Considérée comme sainte par beaucoup, Eva Calay ne sera probablement jamais officiellement canonisée. La religieuse belge a néanmoins reçu post mortem la plus haute distinction honorifique attribuée par l’Etat d’Israël et son nom est gravé sur le « Mur d’Honneur » dans le « Jardin des Justes » au mémorial de Yad Vashem de Jérusalem.
Par Myriam Bettens | Photos : DR
Eva Calay s’oriente très tôt vers la vie religieuse et entre, en 1931, chez les Filles de la Croix, à l’âge de 23 ans. Son papa a néanmoins tenu à ce qu’elle achève des études avant son engagement dans la vie religieuse. Diplômée en littérature et en sténographie, elle est envoyée à Bèfve, dans la province de Liège, pour enseigner. La congrégation y dirige une école de filles avec pensionnat et une maison de repos pour personnes âgées. Durant la guerre, Eva et une de ses consœurs cachent des enfants juifs en les intégrant sous de faux noms au pensionnat. Elle restera à Bèfve jusqu’en 1955, date à laquelle elle retourne à Liège pour y prendre les fonctions d’économe, à la maison mère.
En tant qu’économe générale, Eva a beaucoup de relations et se sent à l’aise partout. En 1965, la communauté la charge donc de mener à bien les travaux de construction et d’aménagement d’une nouvelle clinique gérée par les sœurs. Celle-ci sera ouverte en 1971. Or les médecins décident de la boycotter, car Eva s’attaque de front à leurs privilèges. Elle ne négocie pas, cette clinique destinée à soigner les gens dans le besoin n’est pas là pour enrichir les médecins. La faculté de médecine de Liège, désireuse de former ses stagiaires dans cette clinique d’avant-garde finit par accepter toutes les conditions d’Eva. La religieuse aura la gestion de cet hôpital pratiquement jusqu’à la fin de sa vie. Décédée en 1992 d’un infarctus, elle repose dans le caveau de la congrégation sous une dalle sans nom. En 2010, Eva est honorée du titre de « Juste parmi les Nations » pour avoir protégé et caché des enfants juifs dans le pensionnat de Bèfve, durant la guerre.