Eglise de Rougemont, Vaud

Par Amandine Beffa | Photo : Jean-Claude Gadmer

Une fois n’est pas coutume, c’est l’église même que nous considérons comme une œuvre d’art sacré. Bien sûr, comme c’est le cas presque partout au Moyen Age, nous ne savons pas qui étaient le maître d’œuvre et les artisans.

Ce que nous savons, c’est qu’au XIe siècle, Guillaume premier, comte de Gruyère, confie la construction d’un prieuré aux moines de Cluny. L’église est à l’origine consacrée à saint Nicolas de Myre. 

Contrairement à d’autres lieux du réseau clunisien, il n’y a jamais eu que deux à quatre moines à Rougemont (à titre de comparaison, l’abbaye de Cluny en a compté jusqu’à 250).

475 ans plus tard, Michel de Gruyère accumule les dettes et provoque la faillite de sa Maison. En 1555, le Pays-d’Enhaut et le Saanenland deviennent bernois et passent à la Réforme. 

L’église subit quelques modifications. Le toit est repris pour atteindre une inclination plus profonde, permettant l’évacuation de la neige. La tour carrée qui se trouvait à la croisée du transept est remplacée par un clocher de style oberlandais. Mais l’intérieur garde son atmosphère caractéristique.

A un moment de son histoire, comme beaucoup d’autres églises, l’édifice est badigeonné de blanc. Toutefois, une restauration effectuée entre 1919 et 1926 permet de retrouver le style d’origine. Si vous avez en tête les restaurations datant du XIXe siècle et leurs couleurs criardes (on peut citer par exemple la chapelle des Macchabées dans la cathédrale de Genève), vous ne pouvez que noter l’excellent travail effectué par le peintre Correvon. Loin de moi l’idée de critiquer le passé, je suis fascinée par le travail des pionniers comme Eugène Viollet-le-Duc. Mais le résultat de la restauration de l’église de Rougemont montre à quel point les connaissances et les compétences ont évolué en moins d’un siècle. Le visiteur non averti qui pousse aujourd’hui la porte croit pénétrer dans un pur exemple de l’architecture romane clunisienne. Et tant de siècles après sa construction, elle offre toujours une parenthèse de beauté et de paix.

Sources : Pierre-Yves Favez : « Rougemont (prieuré) », in Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 21.12.2009.



L’Intelligence Artificielle générative

L’IAG représente une opportunité inédite de repousser les limites de la créativité.

Par Pierre Guillemin | Photo : DR

« N’ayons pas peur ! » (Marc 6-50, Jean Paul II 22.10.1978, Benoît XVI 24.4.2025, François 6.8.2023).

Au début de cette année 2025, le Saint-Siège a publié le document « Antiqua et nova » dont l’objectif est de nous expliquer la position et les préoccupations de l’Eglise sur l’Intelligence Artificielle (Générative en particulier). De quoi parlons-nous ?

L’Intelligence Artificielle générative (IAG) désigne des systèmes capables de produire et de générer du contenu original à partir de données existantes : textes, images, musiques, vidéos ou encore codes informatiques. Elle s’appuie principalement sur des modèles d’apprentissage profond, comme les réseaux de neurones (voir L’Essentiel octobre 2024), qui « apprennent » à imiter les structures et les styles des données qu’ils ont dû utiliser pour générer des réponses appropriées aux questions posées.

Les outils bien connus comme ChatGPT, DALL·E, Midjourney ou encore Gemini sont des exemples concrets et actuels de cette IAG.  Capables de rédiger des articles, créer des illustrations ou même produire des films de manière autonome ou semi-assistée, ces IAG transforment de nombreux secteurs : l’éducation, la publicité, la recherche, la production industrielle, le contrôle qualité, le diagnostic médical, le développement logiciel ou encore la création artistique.

Cependant, cette évolution soulève des questions éthiques, juridiques et sociétales : comment en effet distinguer entre création humaine et production algorithmique, posant la question de la propriété intellectuelle ? Les risques de désinformation, de plagiat ou d’exploitation biaisée des données sont également réels. De plus, comme toute nouvelle technologie, l’automatisation de certaines tâches suscite des inquiétudes quant à l’avenir de nombreux métiers : rappelons-nous de la crise des luddites (ouvriers textiles), au début du XIXe siècle, qui ont cassé les métiers à tisser par peur que ceux-ci n’entrainent la fin du métier de tisserand. Ceux qui ont cassé les métiers à tisser ont perdu leur travail alors que les tisserands indépendants ou les entreprises qui ont commencé à s’en servir, eux, non seulement ont gagné, mais ont gardé leur travail et ont même embauché.

Ce document « Antiqua et nova » nous dit donc que si l’IAG représente une opportunité inédite de repousser les limites de la créativité et de l’innovation, tout en exigeant de la part de l’utilisateur une expertise profonde du sujet traité afin de garantir une réponse correcte, il précise aussi que cela constitue le grand défi des prochaines années pour ces IAG : citons Mgr Paul Tighe (secrétaire du dicastère pour la Culture et l’Education) : « Il y a une compréhension plus large de l’intelligence, qui concerne notre capacité humaine à trouver un but et un sens à la vie. »


«Apprendre pour toujours avancer»

Membre du Conseil de paroisse et de l’équipe pastorale de Notre-Dame de Vevey, Catherine Blanchon a une double casquette. « Je voulais vraiment mettre mes compétences professionnelles en matière d’organisation et de prise de décision au service de l’Eglise », souligne cette retraitée hyperactive.

Par Véronique Benz | Photos : DR

« J’ai fait des études passionnantes de pharmacie. J’ai travaillé dans le domaine pharmaceutique, puis dans l’agroalimentaire chez Nestlé », relève Catherine Blanchon. C’est ainsi que cette Française est arrivée en Suisse et qu’elle y est restée. « J’ai eu la chance d’avoir des postes internationaux techniques variés. Je changeais pratiquement d’affectation tous les trois ans. Ce qui m’a toujours fait avancer c’est d’apprendre et de découvrir autre chose. Dans une société telle que Nestlé, il y a des possibilités fabuleuses. »

Catherine Blanchon a fait des audits d’usines dans le monde entier, ce qui lui a donné l’opportunité de rencontrer des collaborateurs sur tous les continents avec lesquels elle a gardé des contacts. « Travailler dans le domaine international est difficile, mais c’est très gratifiant. J’ai découvert la richesse des cultures et des religions. J’ai eu la possibilité de discuter avec des collègues juifs ou musulmans. »

Catherine était déjà investie au service de l’Eglise catholique lorsqu’elle vivait en France. Son engagement dans l’unité pastorale Grand-Vevey a débuté par la chorale la Cécilia. Puis en 2013, Mgr Slawomir Kawecki lui a proposé d’entrer au Conseil de paroisse de Notre-Dame de Vevey, dont elle est la secrétaire. A la retraite, en 2017, l’abbé Bernard Sonney lui demande de faire partie de l’équipe pastorale. « Nous avons mené à bien de gros projets, dont la restauration de la cure. J’étais dans un groupe de travail de recherche de fonds et de financement avec un cabinet de consultants en matière de communication. Nous avons pu accompagner le chantier grâce aux compétences techniques et architecturales que nous avons trouvées parmi les paroissiens. »

Catherine Blanchon est également engagée à la clinique de la Providence. Chaque semaine, il y a une célébration religieuse animée à tour de rôle par un pasteur, un prêtre et un laïc. « C’est en Suisse que j’ai découvert cette pastorale œcuménique présente dans le travail, la santé et la solidarité. Je trouve cela merveilleux. » Elle s’occupe aussi de l’accueil à Notre-Dame. Elle s’étonne du peu d’enfants qui viennent aux messes.

« Les difficultés que je rencontre se situent bien évidemment dans les relations humaines. Malgré tout, nous arrivons à avancer ensemble. Nous dialoguons beaucoup. Autant dans l’équipe pastorale que dans le Conseil de paroisse, il y a une intense richesse dans les échanges. Nous participons aux joies et aux peines des uns et des autres. Je ressens vraiment une grande fraternité. » Elle constate qu’elle reçoit plus qu’elle ne donne.

Base de départ de cette grande voyageuse : Vevey.

Un souvenir marquant de votre enfance
Je n’ai pas de souvenirs marquants. J’avais un père qui dirigeait des usines. Par conséquent, nous déménagions tout le temps. 

Votre moment préféré de la journée ou de la semaine
Je ne peux pas dire que j’ai un moment préféré dans la journée ou la semaine. J’ai beaucoup d’activités. Je bouge tout le temps. Ma vie c’est le mouvement. 

Votre principal trait de caractère
Je dirais impatience, curiosité, hyperactivité.

Un livre que vous avez lu plusieurs fois
Récemment, j’ai lu un livre sur les anges. Il s’agissait d’une enquête sur les histoires des anges. Ce livre m’a tout à fait rassurée par rapport à la mort.

Une personne qui vous inspire
J’ai toujours voulu ressembler à mon père. C’était un ingénieur, un intellectuel avec beaucoup d’autorité. Il m’a énormément appris. Il me disait que la curiosité n’était pas un vilain défaut, mais une grande qualité. 

Votre prière préférée ou une citation biblique qui vous anime
J’aime le « Je vous salue Marie » et le Credo de Nicée. J’apprécie cette prière, car elle contient un grand paragraphe sur l’Esprit Saint.

Catherine Blanchon

• Elle est d’origine française. Elle a 71 ans, mais toujours 20 ans dans sa tête.

• Avec son compagnon français Philippe, elle voyage beaucoup entre la France, la Suisse et la Nouvelle-Zélande.

• Elle est passionnée de botanique.

• Elle suit tous les MOOC (Massive open online course ou cours en ligne ouvert et massif) du collège des Bernardins. Il s’agit de cours de niveau universitaire gratuits et libres d’accès.

En librairie – octobre 2025

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Lieux de pèlerinage en Suisse
Jacques Rime

Qu’il s’agisse de chapelles isolées de plaine et de montagne, d’ermitages de forêts, de couvents, d’églises villageoises ou encore de sanctuaires au cœur des villes, la Suisse possède de nombreux lieux de pèlerinage souvent empreints d’une grande beauté.
Pour la réalisation de cet ouvrage particulièrement bien documenté, l’auteur, qui en a visité et inventorié plus de cinq cents, convie le lecteur à autant d’itinéraires qui le conduiront de Genève à Saint-Gall et de Bâle à Chiasso en passant par tous les cantons suisses. L’ouvrage se veut avant tout une description succincte des sanctuaires et propose plusieurs parcours pour les rejoindre, les découvrir et pourquoi pas, s’y recueillir.

Editions Cabédita

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Sur les chemins de Jérusalem
Philippe Martin 

Que l’on soit croyant ou non, le pèlerinage est un phénomène mondial. A côté de Saint-Jacques-de-Compostelle ou Assise, un sanctuaire demeure essentiel : Jérusalem. En une vingtaine de portraits d’une écriture vivante, Philippe Martin nous emmène à la rencontre de celles et ceux qui, de l’Antiquité à nos jours, ont fait cette expérience. Il nous raconte ce qu’ils vivent : leurs sentiments, leurs prières et le rapport qu’ils entretiennent avec les autres communautés. Depuis des millénaires, Jérusalem, la ville trois fois sainte, ne cesse de fasciner ceux partis à sa découverte pour transformer leur vie.

Editions Tallandier

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Les nouveaux pèlerinages
Valérie Germain

Partir en pèlerinage en ce début de XXIe siècle, quelle idée ! Le mot fleure bon l’époque médiévale ou bien encore une tradition religieuse un peu désuète qui se pratiquait de façon discrète et pieuse, à l’ombre des paroisses. Pour Valérie Germain, l’auteure de cet essai, psychologue clinicienne et passionnée de nature et de développement spirituel, le pèlerinage s’est, en effet, enrichi de vertus nouvelles, plus modernes et plus laïques. Jadis, voyage de dévotion vers un sanctuaire, le pèlerinage correspond aujourd’hui à un besoin nouveau d’accomplissement personnel et spirituel. Vers quoi, vers qui vont ces nouveaux pèlerins ? Que viennent-ils rechercher ? Pourquoi choisissent-ils de marcher en pleine nature, à l’heure des avions et des TGV ?

Editions Larousse

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Ce silence entre nous
Alison Gervais

Maya est une battante. Elle a toujours surmonté les épreuves de la vie, même quand elle a perdu l’audition à la suite d’une maladie : Maya est sourde et fière de sa différence ! L’arrivée dans un nouveau lycée, qui plus est un lycée pour entendants, est encore un challenge, mais Maya est prête et déterminée. Son objectif : rester concentrée sur ses études pour intégrer le programme dont elle rêve depuis toujours. Rien ne saura l’en détourner. Pas même les fossettes de Beau Watson, le président du conseil des élèves, qui s’est mis en tête d’apprendre la langue des signes afin de pouvoir lui parler et mieux la connaître. Il est mignon. Il semble sincère, bien qu’un peu maladroit. Mais il est entendant. Jamais Maya ne pourra avoir de sentiments pour un garçon entendant… n’est-ce pas ?

Editions Mame

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Pour commander

Sortir! 

Par Thierry Schelling | Photo : DR

Sortir de nos sacristies et de nos églises, pour montrer et partager ce qui nous habite au travers de gestes et paroles – le rituel – qui peuvent intéresser les curieux, refroidir les puritains, réjouir les « osants », celles et ceux qui osent… « Oser le changement », leitmotiv de notre synode LGF à la suite de celui de l’Eglise romaine. A quoi bon si on ne met rien en pratique ! 

Sortir de nos routines, même si la religion est aussi constituée de rites répétitifs, de gestes et paroles « copiés-collés » (enfin, plus ou moins…), qui donnent – à sonder le paroissien de base – une sécurité dans une société mouvante, un amarrage dans un milieu liquide comme nos biotopes actuels.

Sortir du déjà-vu et du « on a déjà fait ! », pour vivre le déplacement intérieur, synonyme (parfois) de dérangement. Mais l’Esprit de la Pentecôte n’a-t-pas fait bien plus que déranger Paul, les apôtres et disciples ? Si non, si elles et eux n’étaient pas sortis du Temple, de Jérusalem, du Lévitique, pour rejoindre Antioche, Ephèse, Alexandrie, Athènes et même Rome, Jésus serait vraiment mort en quelque sorte : car la Résurrection a décoincé les bien-religieux et fait sauter les verrous de la tombe !

LE modèle de sortie, c’est bien le Christ : sorti de son bled de naissance, de son village de pêcheurs insignifiants, de son bout de terre minuscule à l’échelle des empires de l’époque, pour friser les frontières géographiques (Césarée de Philippe au nord, la Samarie, la Phénicie…) et humaines (lépreux touchés, femmes et enfants accueillis à bras ouverts, étrangers reconnus croyants…).

Alors oui, osons : une procession en terre genevoise, et alors ? des prédications par des collègues agents pastoraux formés et non ordonnés, et alors ? des jeunes qui donnent la communion, entonnent le Credo, et alors ?

« Montre-moi tes résistances, et je te dirai qui tu es »… en t’invitant à SORTIR dans la confiance : Dieu est partout, le bon sens est en toi et une once d’espièglerie ne font de mal à personne. Octobre, mois de la mission, de la moisson…

Sortons! 

Une première à Puplinge : jeudi 19 juin dernier, une procession en bonne et due forme, avec 4 stations, une par évangéliste, 4 chants à la louange de Dieu, encens et 3 prêtres qui se relaient pour porter le Saint Sacrement.

Suite à une remarque de notre Maire, Gilles Marti, qu’en Roumanie, patrie de son épouse, les processions se succèdent au cours de l’année attirant foule, Etienne, notre animateur du Conseil Pastoral, lui a dit : « Chiche si tu m’y autorises, j’en fais une à Puplinge ! » et nous voilà décidé à célébrer la Fête-Dieu, en public et le jeudi, jour de la Solennité au contraire de ce qui se fait à Genève où cette célébration est reportée au dimanche.

Et discrètement, nous ouvrons les portes de notre église en grand, servants en aube blanche, un tenant le reposoir sur lequel sera posé l’ostensoir, l’autre l’encensoir ; nos prêtres en chasuble et une cinquantaine de fidèles, sur le parvis. Et en avant !

L’abbé Karol, dans une courte introduction, explique le geste et comment il va se dérouler, lecture d’un évangile, chant, encensement et nous prenons le chemin pour la deuxième station ; elle, sur le terrain communal. Le servant qui déplace l’échelle qui nous sert de reposoir a rempli son office. Départ pour la troisième station, c’est bien rodé. A partir de ce moment, les enfants qui jouaient à proximité, sous la surveillance des parents, commencent à s’intéresser à l’événement : ils regardent, les yeux émerveillés, ce qui se passe et s’asseyent par terre en silence. Ils ne vont plus nous quitter jusqu’à la fin. Quatrième et dernière station, toujours le même rituel, suivi d’une bénédiction finale et les langues se délient. Qui d’un « C’était formidable, je n’aurais jamais cru que cela soit possible ! » et d’autres surenchérissent.

Les fidèles sont satisfaits, les prêtres sont enchantés, l’organisateur lui se tait, range, mais écoute : s’il n’y a pas de remarque du côté de l’autorité, eh bien, il est prêt à remettre ça le 4 juin 2026, jumelé avec la soirée mariale !

Une proposition… pour recharger ses batteries sur la pause de midi

Par Myriam Bettens | Photo: ECR

Des moments de recueillement et de prière sont ouverts pour vous permettre de vous ressourcer en toute simplicité sur la pause de midi. Hors vacances scolaires et événements spéciaux (seule la prière de Taizé se poursuit durant l’été), à l’Eglise du Sacré-Cœur, Boulevard Georges-Favon 25bis. 

• Lundi
Quoi ? : Temps de louange. Chants a cappella et lecture de l’Evangile du jour.
Quand ? : 12h15
Contact : Alessandra Macri – alessandra.macri@ecr-ge.ch

• Mardi
Quoi ? : Messes en français. Chaque célébration est conduite par un prêtre différent.
Quand ? : 12h15
Contact : Mercedes Lopez – mercedes.lopez@ecr-ge.ch

• Mercredi
Quoi ? : Prière de Taizé animée par la Pastorale des Jeunes de Genève (PJGE).
Quand ? : 12h30
Contact : Miles Fabius – miles.fabius@ecr-ge.ch

• Jeudi
Quoi ? : Adoration Silencieuse du Saint-Sacrement.
Quand ? : 12h15 à 14h
Lieu : Chapelle de l’église du Sacré-Cœur (entrée Bd Georges Favon)

• Vendredi  
Quoi ? : Prière du milieu du jour accompagnée à la Kora (instrument traditionnel africain). Psaumes chantés selon les mélodies du monastère bénédictin de Keur Moussa et d’autres compositions spirituelles.
Quand ? : 12h15 à 13h
Contact : Armel Ayegnon – ayearmel@yahoo.fr

Pèlerinage de Lourdes: témoignage d’un père et d’un accompagnant

Le départ.

Par Edouard Crestin-Billet, président du Conseil de paroisse de Sainte-Thérèse | Photos : DR

Jeudi 1er mai 2025, notre famille est animée par l’effervescence d’un jour très attendu, le départ pour Lourdes. Pour la troisième fois, je vais vivre avec notre fille, Marie, cinq jours privilégiés et de Grâce au pèlerinage de Lourdes, organisé par le Service Hospitalier de l’Ordre de Malte (SHOMS). Lorsque nous partons en vacances, nous sommes habituellement tous les quatre avec Sophie, mon épouse, mère de Marie. Comme notre entourage et surtout Marie peut en témoigner, Sophie est beaucoup plus qu’une mère. Elle est sa référente pour un grand nombre d’activités, qu’elles soient médicales, professionnelles, culturelles ou religieuses. Elle est aussi son proche-aidant. Lourdes est un autre temps, au cours duquel, dans une confiance absolue et une plénitude partagée, nous nous retrouvons fille et père, à la fois pèlerins, malade pour l’un et accompagnant pour l’autre. Cette confiance que Sophie n’accorde que très rarement, ne nous est pas réservée, elle est accordée à l’ensemble de l’encadrement procuré par le SHOMS. Pour comprendre l’importance de cette confiance, il est nécessaire de savoir que Marie exige, en raison de son handicap physique important, des soins particulièrement minutieux. Ne pouvant se déplacer qu’en fauteuil roulant, elle a besoin d’une assistance dédiée pour tous les actes ordinaires de sa vie. 

Année du jubilaire, chaque Pèlerin pourra, selon le thème pastoral du Sanctuaire de Lourdes, s’immerger dans l’infinie miséricorde de de Dieu. Pour nous, 2025 est aussi une année particulière. Après avoir été un de ses accompagnants lors de nos deux premiers pèlerinages, Marie se réjouit de pouvoir être prise en charge par Elena, Isabelle, Olympia et Alexandra, dont elle fait connaissance chez elle lors d’une première rencontre préparatoire au cours de laquelle chacune d’entre elles a pu se familiariser aux soins et aux manipulations qu’il fallait pratiquer. Quant à moi j’aurai le privilège de m’occuper d’un autre malade, Claudio, avec trois autres accompagnants, Ralph, François et Federico. Ce changement était une source de joie tout autant pour Marie que pour moi. Alors que pour la majorité d’entre nous, la dépendance vis-à-vis d’autrui représente une contrainte, aux yeux de Marie, il n’en est rien. Sa dépendance se mue dans la confiance à l’autre et s’enrichit du dévouement et de l’affection que chaque accompagnante lui témoigne à travers des actes quotidiens.

Vendredi 2 mai, le jour tant attendu se trouve chamboulé. Marie est atteinte d’une escarre. Son départ semble compromis. Marie pleure, comprenant qu’elle ne pourra pas se rendre à Lourdes. Je me rends seul à l’aéroport et contacte directement un des médecins présents. Il accepte que Marie puisse partir malgré son escarre. 30 minutes plus tard, accompagnée de Sophie, elle nous rejoint avec ses accompagnantes. Ses pleurs se sont transformés en joie (1re photo). Après avoir atterri à l’aéroport de Tarbes, nous nous rendons tous à Saint-Frai, lieu de Résidence des malades. Samedi 3 mai, nous assistons à la messe d’ouverture en la Basilique Saint-Pie X et à la Procession du Saint-Sacrement. Le dimanche 4 mai a lieu, le matin, la messe pontificale internationale. Lors du déjeuner, Marie, très touchée, bénéficie du soutien de la grand-mère d’Eva et de Marie, ses accompagnantes lors du précédent pèlerinage. A 15 heures, nous nous retrouvons sous une pluie battante pour la lecture du Chapelet. Le soir, Véronique, l’infirmière m’annonce avec un large sourire que l’escarre de Maire est en voie de guérison. Lundi 5 mai, nous allons à la Grotte pour assister à une messe trilingue, présidée par Mgr de Raemy. A la suite du dîner, nous participons à la Procession Mariale aux Flambeaux. Mardi 6 mai, le pèlerinage arrive à sa fin. A Cointrin, nous prenons congé de nos malades dans l’espoir de nous retrouver très prochainement. Pour Marie, ce sont les embrassades, les éclats de rire et la joie de se retrouver prochainement, mais aussi le pouvoir d’exprimer à ses accompagnantes son immense reconnaissance pour ces instants de bonheur, de prière et d’affection qu’elle a pu partager. 

Le véritable miracle de Lourdes ne serait-il pas l’expression de l’amour du Christ par l’intercession de la Vierge Marie que les pèlerins offrent aux malades ? Pour nous, parents d’un enfant handicapé, participer au pèlerinage de Lourdes, c’est aussi vivre le handicap à la lumière de l’Evangile. Selon la parabole des talents, ce que Marie n’a pas pu recevoir, elle permet à d’autres de le lui donner en quantité plus abondante. Ce bien, le plus important qu’elle a reçu tout au long du pèlerinage, est celui que nous recherchons tous, c’est d’être aimé et d’aimer.

Depuis le banc du fond

Une journée caniculaire s’annonce, mais ce matin, sous un parasol déjà déployé, la température est encore agréable pour partager un café avec Damien. Je l’écoute me parler de son parcours et de ses réflexions. Finalement, il rédigera lui-même le très beau texte ci-dessous, merci Damien ! En le regardant partir, je me dis joyeusement que la canicule peut aussi se déployer dans les Cœurs…

Texte recueilli par François Riondel
Linographie : Raphael Beffa

Le fond de l’église est-il réservé à des publicains ?
Ne faudrait-il pas inviter certains pharisiens à venir s’asseoir sur les bancs du fond ?
Je pose cette question à ce Dieu de miséricorde qui Lui invite ses brebis égarées à venir à Lui.

Dans une église, ce n’est pas comme dans un palais de Justice. On n’est pas convoqué pour être condamné et recevoir une sentence. Bien entendu, Dieu fera justice, mais pour ici-bas, Dieu nous tend d’abord sa main et vient sonder les cœurs ! Certes, le péché est ce qui nous sépare de Dieu, mais son amour est toujours là pour accueillir sa brebis perdue et la relever. Pourquoi se cacher au fond de l’église dans l’obscurité et douter de sa Parole de réconciliation ? 

Si l’on se réfère au dialogue d’Abraham avec Dieu pour Lui demander : « Vas-tu vraiment supprimer le juste avec le coupable de la ville de Sodome ? Non, je ne la détruirai pas même à cause de dix justes ! »
Sa miséricorde est donc grandissime !

Choisir le Christ, c’est choisir la vie, la vérité et l’amour.
« Demandez, vous obtiendrez ; cherchez, vous trouverez ; frappez, la porte vous sera ouverte » disait Jésus.
Tout en ayant conscience de nos fragilités, est-ce que le Christ nous attend vraiment au fond de l’église ? Dans cet esprit de confiance et de foi, ne serait-ce pas au pécheur que nous sommes d’ouvrir notre cœur et de venir en tout humilité et contrition Lui adresser cette même intercession pour le publicain que nous sommes peut-être au fond de l’église ?

Aujourd’hui, c’est la démarche que je poursuis chaque fois que j’entre dans une église. Plus j’avance vers l’avant, plus je sens Sa présence (Oh bien sûr, j’oublie trop souvent qu’Il est à côté de moi !).

Autrefois, après avoir reçu une instruction religieuse étant enfant, puis arrivé à l’âge adulte, je me suis égaré sur des chemins sans issue. Plus de pratique religieuse et le souvenir lointain d’un Dieu « voltairien », éloigné de tout lien avec le monde terrestre !
Plus tard, et tout à fait par hasard, j’assiste à une messe un peu spéciale dans l’église de ma commune.
Cet office dominical proposait une « messe partage et eucharistie ». Il s’agissait d’écouter le texte de l’évangile du jour et ensuite, par petits groupes, les paroissiens participaient à une réflexion sur cette Parole. L’échange terminé, les paroissiens se réunissaient autour de l’autel et partageaient l’eucharistie.
Cette formule m’a plu et de pharisien que j’étais advenu, je suis devenu peu à peu publicain repenti.

Je crois fermement que c’est LUI, mon Seigneur, qui est venu rechercher cette brebis perdue dans l’obscurité. Et maintenant je n’hésite pas à m’asseoir au premier rang comme un publicain rempli d’amour et de conviction, exaucé, car Dieu efface tout quand on a à cœur de venir à sa rencontre !

Des ténèbres à la lumière : donc, en avant les publicains !

Le pardon de Sodome m’avait jeté patiemment cette Lumière qui s’est répandue peu à peu sur une longue marche enténébrée d’apostasie absconse.

Pèlerinages du quotidien

Par Myriam Bettens
Photo : unsplash

Religieux ou profanes, promenades de santé ou chemins de croix, nous accomplissons tous des pèlerinages sous différentes formes. Partout et tout le temps. Pas de coquillages à ma besace, ni de saints enluminés dans mes pérégrinations.

Liste de courses en main – Bible de toute bonne ménagère – j’avale la route pour me rendre en de plus laïques « stations ». Quoique… certains parlent de ces endroits aussi comme de « temples ». Alors que mes pieds me guident pour répondre à l’appel du frigo, je Lui parle et Il m’écoute. Nous échangeons et Il me fait parcourir un chemin autre que celui des roulettes de mon chariot. Il m’accompagne dans ces pèlerinages du quotidien lorsque je prie « avec mes pieds ».

Saisie par l’Esprit Saint au rayon « confitures »… je mets mes écouteurs. Peut-être qu’ainsi, les badauds penseront que je suis en communication avec quelqu’un d’autre que… Dieu.

Jusque dans les détails

La démarche représente les joies, les espoirs, les attentes, mais aussi les craintes, les difficultés, tout ce qui habite le cœur des écoliers à la rentrée.

Par Emmanuelle Mayoraz (Animatrice pastorale pour le secteur de Saint-Maurice)
Photo : Emmanuelle Roduit

Notre Dieu est un Dieu de bénédiction, nous ne le dirons et ne le manifesterons jamais trop dans notre pastorale ! Il est bon de se rappeler à quel point le Seigneur nous aime et aime nos familles ; combien il s’intéresse au réel de ce que nous vivons, jusque dans les plus petits détails… Nous n’annonçons pas un Etre divin lointain qui ne se pencherait sur nous que lorsque nous sommes sagement assis dans une église ! Il me semble que c’est une des dimensions les plus importantes de cette démarche de bénédiction des sacs d’école que nous avons pris l’habitude de vivre dans notre secteur pastoral. Ces sacs représentent les joies, les espoirs, les attentes, mais aussi les craintes, les difficultés, tout ce qui habite le cœur des écoliers – et de leurs parents – à la rentrée. C’est sur tout cela que la main de Dieu se pose et répand sa miséricorde. 

Nous croyons aussi que, lors de ces eucharisties célébrées ensemble dans la joie, le Seigneur Jésus nous comble de lui, puis qu’il nous envoie tous l’annoncer là où nous vivons : à l’école, en famille, dans notre milieu de travail. Il compte sur nous, et particulièrement sur les enfants, pour être ses témoins, témoins de paix, de joie et d’espérance !

Béni soit mon cartable!

Le cartable fait le lien entre l’école et la maison. C’est toute la vie chrétienne de l’enfant qui est habitée par l’espérance.

Lancée à la rentrée 2023, l’initiative pastorale de la bénédiction des sacs d’école ou des cartables pour les élèves de 3H à 8H connaît un grand succès en Suisse romande. Il s’agit de bénir les enfants et de confier à Dieu leur nouvelle année scolaire. Cette année, plus de 12’000 badges seront distribués aux écoliers des cantons de Genève, Vaud, Neuchâtel, Valais et Fribourg. 

Par Véronique Benz | Photos : Catherine Soldini, Marcel Julmy, René Delley, Christelle Gaspoz-Donnet, DR

Sur le chemin de l’école, je rencontre deux élèves que je connais. Ils sont très fiers de me montrer leur sac tout neuf et spécialement le badge qui y est accroché. Je leur demande ce qu’il signifie. « Nous l’avons reçu à la bénédiction des cartables », me dit Noah. « Nous sommes témoins d’espérance », répond son camarade Léo en me désignant le slogan inscrit sur le badge. Chemin faisant, les deux comparses m’expliquent la démarche qu’ils ont vécue le dimanche précédent. 

« C’était la messe de la rentrée pastorale, tous les enfants de l’école étaient invités. Nous avons déposé nos sacs au pied de l’autel. Presque à la fin de la messe, M. le curé nous a demandé de venir devant. Il a fait la prière de bénédiction. Puis, il nous a aspergés d’eau. Ensuite, la catéchiste nous a distribué les badges et les livrets. » J’ai appris dans la discussion que les élèves du village voisin avaient vécu cette célébration de bénédiction des cartables dans le cadre de la catéchèse. 

Le badge reçu lors de la bénédiction montre que le sac a été béni.

« Le badge montre que notre sac a été béni et que nous avons une mission », relève Léo. Quelle est cette mission ? « Cette année, nous devons être témoins d’espérance. » Très bien ! Et en quoi cela consiste-t-il ? Parler d’espérance a été un peu difficile à mes deux compagnons. Ils m’ont expliqué que, pour remplir leur mission, ils devaient chaque mois relever un défi. « Tu vois, me dit Noah, notre premier défi pour ce mois de septembre c’est d’offrir de la joie avec une colombe. » « En janvier, le défi sera de transmettre une bénédiction et une parole de paix », renchérit Léo. 

J’apprends qu’en plus du défi mensuel, il y a les défis bonus que les élèves peuvent faire quand ils le souhaitent, comme ramasser des déchets au bord du chemin en rentrant de l’école ou aider un camarade à faire quelque chose qui lui demande un effort. Les défis peuvent être préparés et vécus en famille, ce qui a l’air de contrarier Noah et d’enchanter Léo. 

« C’est vraiment trop cool ! exulte Noah. En plus, cette année, nous avons un calendrier de l’Avent et pour le Carême. » Du 1er au 24 décembre, les enfants sont invités à accomplir chaque jour un défi comme s’ils ouvraient une porte d’un calendrier de l’avent. Durant le temps du Carême, du mercredi des Cendres au dimanche de Pâques, la démarche leur propose de petits défis pour se rapprocher de Dieu. En écoutant leurs explications, je dois avoir l’air sceptique, car Léo me dit, plein d’entrain : « Je passerai chez toi te montrer mon livret. »

En les écoutant parler, je découvre que la mission se déroule sur toute l’année pastorale. Il y a une célébration d’envoi en début d’année et une de clôture, en fin d’année scolaire. Les deux garçons échangent sur la fabrication de leur boîte. « Vous avez besoin d’une boîte ! J’ai plusieurs jolies boîtes en fer chez moi, je peux vous en passer une. » « Tu n’as rien compris ! s’exaspère Léo. Nous devons la faire nous-mêmes, c’est pour déposer les étiquettes de chaque défi que nous aurons relevé. » Noah complète : « La catéchiste a insisté sur le fait que nous devions prendre la boîte à la célébration de clôture, ainsi on verra tous les défis qu’on a faits et l’on pourra remercier Jésus. »

Il poursuit en m’expliquant : « En plus nous pouvons inventer nos propres défis. » « Je vais mettre notre discussion comme défi », réplique Léo : « Non, je ne crois pas qu’expliquer à Véronique notre démarche soit un défi ! » « Moi, je te dis que si ! » Arrivés devant l’école, les deux camarades n’avaient pas réussi à se mettre d’accord. Est-ce un défi d’expliquer ce qu’est la bénédiction des cartables ? Je n’en sais rien, mais pour moi, écrire cet article en fut un !

Témoin d’espérance

La bénédiction des cartables est une initiative des pastorales des familles de Suisse romande. Après avoir été « porteurs de joie » et « porteurs de lumière » les années précédentes, les écoliers sont cette année « témoins d’espérance ». Dans le cadre de l’année jubilaire durant laquelle les catholiques sont conviés à devenir des pèlerins d’espérance, les enfants sont invités à partager cette espérance par de petits gestes. 

« Le cartable fait le lien entre l’école et la maison. C’est toute la vie chrétienne de l’enfant qui est habitée par l’espérance », relève Anne-Claire Rivollet, responsable de la pastorale des familles dans le canton de Genève et représentante de l’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg pour la pastorale des couples et des familles. « Cette proposition clef en main s’adresse autant aux paroisses qu’aux groupes de catéchèse. », souligne Adeline Wermelinger, de la pastorale des familles dans le canton de Fribourg.

Toutes les informations pour les défis se trouvent sur le site prierenfamille.ch

prierenfamille.ch

Ce site des pastorales des familles de Suisse romande offre des ressources spirituelles et créatives pour dynamiser la relation entre Dieu et la famille. Vous y trouverez les défis de l’action de bénédiction des cartables, mais aussi des prières, des chants, des célébrations pour vivre un temps fort en famille, des propositions en lien avec le temps liturgique. Vous pourrez également commander les deux livrets réalisés par la pastorale des familles de Suisse romande : « Vivre la prière en famille » et « Comment dire à-Dieu à une personne que j’aime ».

Bénir

Les bénédictions font partie de la vie de l’Eglise. Il en est question lors de la messe, au moment de la célébration des sacrements ou lors des temps forts de la vie. On fait bénir les objets que l’on rapporte de pèlerinage, son logement lorsqu’on emménage ou son cartable à la rentrée des classes ! Bénir vient du latin bene dicere, « dire du bien ». Il nous rappelle que bénir, c’est aussi louer Dieu et recevoir de lui ses bienfaits. La bénédiction n’est pas unilatérale : elle appelle une réponse humaine, à un acte de foi. Elle relie Dieu aux hommes et les hommes à Dieu. Bénir quelqu’un est une manière de reconnaître la présence du Seigneur dans la vie de cette personne. Lorsqu’on bénit un objet, ce n’est pas tant l’objet que l’on bénit que la personne qui le possède ou qui va le recevoir. Attention, un lieu ou un objet béni ne doit pas faire l’objet de superstition : l’Eglise rappelle que ces bénédictions ont pour but la sanctification des personnes qui en feront usage.

A l’école de Jésus (Matthieu 11, 28-30)

Par François-Xavier Amherdt | Photo : DR

Le plus beau cartable, la plus passionnante école, c’est celle de Jésus « doux et humble de cœur » (Matthieu 11, 29). Elle n’est pas réservée aux sages et aux intelligents, à ceux qui obtiendraient par leurs efforts et leurs compétences le « doctorat du salut ». Elle est ouverte « aux tout petits, selon le bon plaisir du Père, le Seigneur du ciel et de la terre » (11, 25).

Nous pouvons toutes et tous nous y inscrire, puisque le Christ nous y invite et nous en montre l’entrée. Certes, il convient de prendre sur nous, à sa suite, le joug de notre existence, de nous charger de la croix qu’il nous remet, de nous oublier nous-mêmes et de passer par les souffrances et les épreuves inévitables. Mais ce fardeau est véritablement léger, nous promet-il, et nous y trouverons soulagement pour nos âmes, consolation pour notre esprit, repos pour notre cœur et bien-être pour notre corps. Car Jésus-Christ porte notre fardeau avec nous, il ne nous laisse jamais seuls quand nous peinons et ployons sous le poids des difficultés, des déceptions, des crève-cœur.

Avec, en guise de maître et d’instituteur, l’Esprit Saint, nous acquérons toutes les « connaissances » dont nous avons besoin pour atteindre la « vérité », nous empruntons le bon « chemin » et gagnons la maison de la « vie ». En effet, au sein de la Trinité, le Père a tout remis dans l’Esprit à son Fils et celui-ci nous a fait entrer dans le mystère (c’est notre « mystagogue ») : il nous a « révélé » toutes choses nouvelles, il nous y a « initiés ». Ces secrets d’amour ne sont pas cantonnés à un « groupe ésotérique d’illuminés », ils ne se gagnent pas au bout de « parcours d’initiation » longs et complexes, en vertu d’une hiérarchie exigeante.

Il suffit que nous lui ouvrions notre être et son Sacré-Cœur verse en nous l’eau et le sang de la joie, actuelle et éternelle. 

Le cartable, c’est la Bible, le livre, c’est l’Ecriture, le bâtiment scolaire c’est notre famille, notre paroisse, notre village, notre chambre. Le Père nous y attend, dans le secret.

Education et Eglise missionnaire

Le pape Léon XIV a reçu en audience les frères des écoles chrétiennes, en salle Clémentine du Palais apostolique, le 15 mai dernier.

Par Thierry Schelling | Photo : Vatican News

Trampolines

Parmi les tout premiers groupes reçus en tant que nouveau Pape, Léon XIV a accueilli les Frères des Ecoles Chrétiennes, le 15 mai, à l’occasion des 300 ans de leur reconnaissance par le Saint-Siège.

Et Léon de commencer son œuvre épiscopale « préposé à la charité » en décrivant l’éducation des jeunes comme suit : « Comme saint Jean-Baptiste de La Salle, nous pouvons créer tellement de trampolines de lancement pour explorer des voies, élaborer des instruments et adopter des langages nouveaux par lesquels continuer à toucher le cœur des élèves en les aidant et les encourageant à affronter avec courage toute forme d’obstacle, pour donner dans la vie le meilleur de soi, selon  les plans de Dieu. »

A relever que saint Jean-Baptiste a promu la place du laïc comme catéchiste, une réalité complètement nouvelle alors, et devenue la règle dès lors dans quasi 100 % des paroisses du monde catholique. Pour un ancien missionnaire au Pérou comme Léon, nul besoin de rappeler que l’éducation par des laïcs pour des laïcs est une composante essentielle de l’Eglise missionnaire.

Aux urgences !

Dans la droite ligne de Papa Francesco, Léon rappelle son discours aux mêmes Frères, de 2022, où son prédécesseur avait souligné « une urgence éducative […]. Le pacte éducatif a été rompu, il est rompu, et maintenant l’Etat, les éducateurs et la famille sont séparés. Nous devons chercher un nouveau pacte qui soit communication, travail ensemble ». Et d’orienter la profession d’enseignant : « En éduquant à passer d’un monde fermé à un monde ouvert ; d’une culture du jetable à une culture du soin ; d’une culture du rebut à une culture de l’intégration ; de la recherche d’intérêts partisans à la recherche du bien commun. »

Léon de cadrer cet élan : « Construire un monde nouveau où règne la paix ! », a-t-il lancé le 18 mai à la messe d’inauguration de son Pontificat, donnant à l’ensemble de l’Eglise un mandat éducatif probant : « Une Eglise missionnaire, qui ouvre les bras au monde, annonce la Parole, se laisse interpeller par l’histoire et devient un levain d’unité pour l’humanité. » A suivre, donc.

Une vie qui vaut la peine d’être vécue

Chaque mois, L’Essentiel propose à un ou une représentant(e) d’un diocèse suisse de s’exprimer sur un sujet de son choix. Mgr Charles Morerod, évêque du diocèse de LGF, est l’auteur de cette carte blanche. 

Par Mgr Charles Morerod, évêque du diocèse de LGF
Photo  : cath.ch

Cette année, nous avons eu l’occasion de beaucoup parler de plusieurs Papes. Je vais en citer un autre. En 1984 Jean-Paul II est venu rencontrer les jeunes à Fribourg. J’en faisais partie… J’ai été fortement frappé par une phrase : « Je suis venu vous annoncer une vie qui vaut la peine d’être vécue ! » Je me suis dit : « Mais qui d’autre nous dit ça ? »

Cette phrase me revient durant une année de l’espérance voulue par le pape François en lien avec les inquiétudes de notre temps. Nous connaissons les motifs d’anxiété, qui frappent plus particulièrement les jeunes : beaucoup ne veulent plus avoir d’enfants dans un monde qui se réchauffe et sombre dans la violence. Le pape François parlait d’une troisième guerre mondiale déjà commencée.

Certes, il y a un décalage entre l’Eglise et notre société. En tant qu’Eglise, nous avons à nous interroger sur notre responsabilité : masquons-nous la bonne nouvelle en la rendant opaque ? Un aspect du décalage est cependant aussi une bonne nouvelle. A nos contemporains qui se demandent si la vie vaut la peine d’être vécue, et qui ne voient pas dans notre société de paravent à leur angoisse, nous pouvons donner une réponse positive, qui est Jésus-Christ vivant et présent. Nous ne nous contentons pas de parler de Jésus-Christ, nous sommes rassemblés autour de sa présence. L’Evangile signifie toujours et encore Bonne Nouvelle. Dès lors, il incombe à l’ensemble des membres de l’Eglise de manifester que « l’Eglise, c’est l’Evangile qui continue ».

Tout au long de ma vie, j’ai vu une Eglise en rétrécissement progressif et je suis resté convaincu que le Seigneur peut nous renouveler. Maintenant, je vois aussi la joie de nouveaux croyants (en trois ans le nombre de confirmés adultes a triplé dans le canton de Vaud, par exemple). Je lis et rencontre ces nouveaux croyants, aux parcours étonnamment variés. Je prends un exemple qui m’a marqué. Une confirmande a décrit son passage d’un matérialisme absolu à une forme de spiritualité (ayant constaté qu’elle n’était pas comme une pierre, elle a envisagé une autre dimension). Au cours de cette découverte de la spiritualité, elle a éprouvé le choc fondamental quand elle a découvert la prière : cette « force spirituelle » est en fait personnelle et nous pouvons même avoir un dialogue !

Nous avons une Nouvelle et elle répond à une attente radicale !

Jeunes, humour et mot de la Bible – septembre 2025

Par Marie-Claude Follonier

Mot de la Bible

Mettre sous le boisseau

Dissimuler ce qui mérite d’être connu. 
Dans une de ses nombreuses paraboles, Jésus compare les hommes et les femmes à de véritables exhausteurs de goût (« Vous êtes le sel de la terre ! ») et à d’authentiques luminaires pour rayonner (« Vous êtes la lumière du monde ! »). Il insiste sur le fait que la lumière, placée au milieu de la salle commune de la maison, se met sur un lampadaire pour éclairer tous ceux qui sont présents. Ladite lumière ne se met pas sous le boisseau (récipient cylindrique destiné à mesurer les matières sèches) car elle serait inutile si elle était cachée.

Par Véronique Benz

Humour

Un paysan un peu pingre sur les bords, croyant et pratiquant, se plaignait dans sa prière de la piètre qualité et de l’insuffisance du lait de ses vaches. Dieu entendit son appel. Il lui donna des pâturages aux herbes excellentes. Il envoya ensuite un ange qui lui dit :
– Etes-vous maintenant satisfait de la qualité du lait de vos vaches ?
– Oui, Seigneur, il est maintenant excellent. Vous voulez goûter ?
– Volontiers. Il est bon en effet. Vous désirez autre chose avant que je remonte dans mon ciel
– Oui, Seigneur, un franc pour le verre de lait !

Par Calixte Dubosson

Le temps du repos

Mgr Lovey a toujours vécu son ministère dans l’ici et maintenant, sans vouloir planifier sa retraite.

Après plus de dix ans d’épiscopat, Mgr Jean-Marie Lovey s’apprête à remettre sa charge pour prendre une retraite bien méritée. Retour sur cette décennie passée à la tête de l’Eglise valaisanne.

Pour Mgr Lovey, « la miséricorde est plus grande que tout ».

Par Myriam Bettens | Photos : Jean-Claude Gadmer

Au moment d’accepter votre nomination, aviez-vous conscience de l’ampleur de la charge qui allait vous incomber ?
A vrai dire, je me faisais un certain nombre d’illusions ! J’imaginais les choses en fonction des évêques que je connaissais et parfois même au-delà de ce qu’était la réalité…

Vous parlez d’illusions. Quelles étaient-elles par rapport au quotidien d’un évêque ?
Je cernais bien le ministère de coordination, de communion et de faiseur d’unité d’un évêque. Une tâche essentielle à mes yeux, tout en étant colossale vu la multiplicité et la diversité des personnes, fidèles et confrères ! Toutefois, vus de l’extérieur, les évêques me semblaient souvent entre eux à Rome et me donnaient l’image d’un univers à part dont j’avais peine à circonscrire vraiment les contours.

Devenir évêque vous semble-t-il aujourd’hui une tâche plus exigeante qu’elle ne l’était pour vos prédécesseurs ?
Je ne sais pas s’il a vraiment existé des périodes plus tranquilles. Objectivement, il me semble toutefois que nous vivons un temps compliqué et pour de nombreuses raisons. La première, me semble-t-il, est que notre milieu social n’est plus porté par des valeurs chrétiennes partagées universellement. Cela rend donc la tâche plus délicate, la mission plus exigeante, mais aussi plus dynamique. Les défis de l’Eglise locale sont importants, car les valeurs de l’Evangile ne vont plus de soi et, de fait, sa transmission non plus. Cela alors que les attentes sont bien réelles. La seconde raison tient évidemment dans toute la question des abus, qui a ébranlé autant l’Eglise que les consciences. Cela a exigé des compétences dont on ne dispose pas forcément lorsque l’on est nommé évêque.

Justement, lors de votre mandat à la tête de l’Eglise valaisanne, vous avez souvent dû éteindre des incendies… Etiez-vous préparé à cela ?
Franchement, non. Je n’étais absolument pas préparé, ni à l’ampleur des faits, ni à la gestion, ni même à la mal gestion de ces faits ! J’ai découvert beaucoup de choses auxquelles je ne m’attendais pas.

De quelle manière, en tant que Jean-Marie Lovey, ressortez-vous de tout cela ?
Le socle sur lequel je m’appuie demeure tout de même l’espérance que la miséricorde est plus grande que tout. La conversion de chacun – la mienne en premier – est possible à tout moment et toujours. Je n’ai à désespérer ni des personnes ni de l’avenir, puisque le Dieu sur lequel j’appuie ma vie est un Dieu de miséricorde et d’espérance. Ces points sont pour moi de réels ancrages.

La remise de votre charge d’évêque est-elle une forme de soulagement pour vous ?
Oui, d’une certaine façon. J’ai toujours vécu mon ministère dans l’ici et maintenant, sans vouloir planifier cette retraite. Or, vu la lourdeur des dossiers dont nous avons parlé, j’espère tout de même trouver une forme « d’allègement ». Comprenez-moi bien, il ne s’agit pas simplement de passer cette charge à quelqu’un d’autre, mais il y a un temps pour tout et je pense avoir fait mon temps.

Même si vous ne souhaitez pas la « planifier », avez-vous des souhaits quant à cette retraite ?
Cela m’a coûté de quitter ma famille [ndlr. communauté du Grand-Saint-Bernard] pour être évêque. Je me réjouis vraiment à la perspective de la retrouver (sourire).

Bio express

Jean-Marie Lovey est né à Orsières (VS), le 2 août 1950. Il intègre le noviciat des Chanoines du Grand-Saint-Bernard après l’obtention de sa maturité fédérale. Il étudie la théologie à l’Université de Fribourg et est ordonné prêtre en 1977. Il exerce le ministère d’aumônier jusqu’en 1989, date à laquelle il est nommé maître des novices et supérieur du séminaire de la congrégation du Grand-Saint-Bernard. De 1995 à 2001, il est formateur au séminaire diocésain qui est alors un lieu de formation commun avec sa communauté. De 2001 à 2009, il est prieur de l’hospice du Grand-Saint-Bernard. Elu prévôt en 2009, il occupe ce poste jusqu’à sa nomination à la tête de l’évêché de Sion en 2014.

Vitraux d’Albert Chavaz, église Saint-Etienne, Granges (VS)

En 1958, un chemin de croix est réalisé avec une quinzième station : Jésus est ressuscité.

Par Amandine Beffa | Photo : Jean-Claude Gadmer

Ce mois-ci, nous nous arrêtons sur une des stations du chemin de croix en vitrail qu’Albert Chavaz a réalisé pour l’église Saint-Etienne de Granges. 

Traditionnellement, les chemins de croix ornent les murs des édifices. Il fut même une époque où la norme imposait qu’ils soient composés de croix en bois et d’images fixés sur un mur ou un meuble stable. Le choix du vitrail peut donc surprendre. On peut toutefois y voir un sens très fort : la lumière est un symbole de résurrection. En représentant chaque station sur des baies traversées par la lumière, l’artiste fait passer symboliquement la Résurrection à travers la Passion. Notre regard sur la Passion du Christ n’est pas un regard doloriste, Passion et Résurrection sont inséparables. Nous qui vivons en 2025 ne pouvons pas lire la mort du Christ autrement qu’à la lumière de sa Résurrection.

Alors que la quatorzième station est normalement celle de la mise au tombeau, Albert Chavaz a aussi représenté la Résurrection. La partie haute de la baie figure en effet le Christ en gloire. 

En 1958, pour le centenaire des apparitions, un chemin de croix est érigé à Lourdes avec une quinzième station : Jésus est ressuscité. Nous pouvons nous demander si l’artiste s’en inspire lorsqu’il réalise ce vitrail en 1959. Quoi qu’il en soit, nous croyons que la mise au tombeau n’est pas la fin de l’histoire, que la mort n’a pas le dernier mot, que l’amour est plus fort. Et c’est précisément ce que cette œuvre symbolise.

Dans la partie basse de la baie se trouvent deux femmes et un homme. Nous pouvons supposer qu’il s’agit de Joseph d’Arimathie et des deux Marie comme dans l’Evangile selon saint Matthieu (Mt 27, 57-61).

Ce tombeau est celui que Joseph avait fait creuser pour lui-même (Mt 27, 60). Autrement dit, Jésus prend sa place dans la tombe. La symbolique est forte, le Christ prend notre place pour que notre mort ne soit pas définitive.


Johann Gregor Mendel

Johann Gregor Mendel est aujourd’hui considéré comme le fondateur de la génétique.

Par Pierre Guillemin
Photo : DR

La Science fait partie de l’Eglise. Comprendre l’Univers, la Nature sont des recherches acceptées et voulues par l’Eglise. Johann Gregor Mendel (1822-1884) est un très bon exemple de cette quête de la compréhension de la Nature. C’est un moine austro-hongrois dont les travaux sur l’hérédité ont jeté les bases de la génétique moderne. Né dans une famille modeste en Silésie (aujourd’hui en République tchèque), Mendel entre dans les ordres* et poursuit des études en sciences naturelles à l’Université de Vienne. Passionné par la biologie et les mathématiques, il devient enseignant et consacre son temps libre à des expériences minutieuses sur les plantes.

Entre 1856 et 1863, dans le jardin de son monastère à Brno, Mendel cultive des milliers de plants de pois. Il choisit des caractères facilement observables (couleur, forme, hauteur) et contrôle rigoureusement les croisements. A travers ces expériences, il découvre que les traits héréditaires ne se mélangent pas de façon aléatoire, mais obéissent à des lois précises : les gènes se transmettent selon des ratios prévisibles.

En 1866, il publie ses résultats qui passent inaperçus. Son travail ne sera redécouvert qu’au début du XXe siècle, soit plus de trente ans après sa mort. Les biologistes comme de Vries, Correns, Tschermak, Cuenot reconnaîtront alors leur importance fondamentale pour comprendre l’hérédité.

Il se passionne également pour la météorologie qui sera le domaine qu’il aura le plus longtemps étudié, de 1856 jusqu’à sa mort en 1884, faisant des relevés systématiques à partir des résultats des stations météorologiques de son pays. Il sera d’ailleurs plus connu par ses contemporains pour son apport à cette matière que pour sa contribution à la génétique naissante.

Johann Gregor Mendel est aujourd’hui considéré comme le fondateur de la génétique. Ses expériences simples, mais rigoureuses, ont permis de révéler l’existence des gènes bien avant leur identification physique. Son approche scientifique, mêlant observation, expérimentation et analyse mathématique, a marqué un tournant décisif dans l’histoire des sciences du vivant.

* Il devint augustin, comme le pape Léon.


«L’amour de Dieu est premier»

« Je suis heureuse de la fidélité du Seigneur. Il ne promet pas une vie rectiligne et facile, mais que son alliance de paix demeurera toujours. Dans les épreuves, j’ai expérimenté sa présence à mes côtés », souligne Carol Beytrison. Vierge consacrée depuis le 28 juin dernier, elle travaille à 40 % comme coresponsable de l’aumônerie des prisons et à 60 % comme adjointe de la représentante de l’évêque pour la Région diocésaine de Genève.

Par Véronique Benz
Photos: DR

« J’ai vécu des choses fortes avec le Seigneur durant mon enfance, explique Carol Beytrison. A l’âge de neuf ans, j’ai fait la promesse à Jésus de l’aimer pour tous ceux qui ne l’aiment pas. » Tout de suite, Carol pense à la vie religieuse. A l’adolescence, elle rencontre un groupe de jeunes issus du renouveau charismatique. A dix-sept ans, elle participe à un forum des jeunes à Paray-le-Monial. « Lors de l’adoration du Saint Sacrement, j’ai compris que l’amour de Dieu était premier. Chacun répond à sa manière à cet amour. Pour moi, il a été suffisamment fort pour que j’aie envie de lui consacrer ma vie. » 

A vingt ans, Carol tombe amoureuse. « L’amour humain, c’est quelque chose de magnifique, mais, en fréquentant ce garçon, j’ai réalisé que j’étais en train de perdre quelque chose dans ma relation au Christ. Ayant goûté à un autre amour, il y avait une dimension qui allait me manquer. » Elle entre au Verbe de Vie. « J’y suis restée vingt ans, j’y ai été très heureuse. Les cinq dernières années, comme économe général, j’ai pris conscience des dysfonctionnements de la communauté. » Lorsque la communauté s’arrête, elle pense en rejoindre une autre, mais elle comprend qu’elle doit d’abord se confronter à nouveau à la réalité du monde. Carol revient à Genève auprès de sa famille. « Au Verbe de Vie, j’ai vécu une expérience au côté de jeunes en difficulté qui m’avait interpellée. En présentant mes services à l’Eglise, j’ai demandé s’il y avait un poste auprès des populations marginales, mais l’Eglise cherchait quelqu’un pour la pastorale des prisons. J’ai accepté cet engagement, comme une évidence. » 

Une nouvelle forme de vie consacrée

« Le travail dans l’aumônerie de la prison a été un élément déclencheur de ma vocation de vierge consacrée. J’ai gardé mon rythme de prière et j’ai un engagement qui correspond à ce que
je portais en moi depuis des années. » Après deux ans de discernement et de formation, Carol vit une nouvelle forme de vie consacrée en étant membre de l’Ordre des vierges consacrées. « Dans cette consécration, je deviens épouse du Christ, c’est une vraie joie. »

A l’aumônerie, Carol est membre d’une équipe œcuménique de cinq personnes. Elle intervient dans toutes les prisons de Genève, mais principalement à celle de Champ-Dollon. « L’essentiel de notre travail consiste en entretiens individuels avec les personnes. Nous animons des célébrations tous les dimanches. Nous proposons aussi des activités comme des soirées bibliques ou des soirées ciné-débat. »

Carol est heureuse de pouvoir offrir aux détenus un espace où ils peuvent être simplement eux-mêmes et acceptés tel qu’ils sont. « Nous rencontrons des êtres humains au parcours de vie très différent, mais il y a des souffrances qui nous relient. »

Un souvenir marquant de votre enfance
Mes parents n’ont jamais fait de grand discours sur la charité, mais ils la vivaient en actes. J’avais une amie, qui vivait dans le même immeuble que nous, dont la mère était dépressive. Le père avait quitté le foyer. Ma maman, lorsqu’elle préparait les repas, en faisait toujours un peu plus. Puis elle demandait, à mon frère ou à moi, d’aller le porter chez mon amie. 

Votre moment préféré de la journée ou de la semaine
J’aime aller à la messe spécialement en semaine. Lorsque je reviens de la prison, j’ai un bout de chemin que je fais à pied au bord d’une rivière. Je prends ce petit sas dans la nature pour me remémorer les rencontres de la journée.

Maximilien Marie Kolbe.

Votre principal trait de caractère
Je m’émerveille facilement. Je vois le bon côté des choses. 

Un livre qui vous a marqué
Maximilien Kolbe – Le saint d’Auschwitz de Patricia Treece. 

Une personne qui vous inspire
Maximilien Marie Kolbe. J’ai été interpellée par l’histoire de cet homme qui a fait don de sa vie à Auschwitz. 

Votre prière préférée ou une citation biblique qui vous anime
J’aime la prière de saint Nicolas de Flüe. Ma citation biblique préférée est celle que j’ai choisie comme devise pour mes vœux : « Il faut que lui grandisse et que moi je décroisse. » (Jean 3, 30)

Carol Beytrison

• Elle est née et a grandi à Genève, au sein d’une famille catholique. Elle est originaire du Valais. 

• Elle a fait des études de mathématiques et a enseigné quelques années les maths avant de rentrer au Verbe de Vie.

• Elle a longtemps pratiqué le ski. Elle aime beaucoup le football et supporte le FC Sion.

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