Jeunesse-Lumière

A tour de rôle, des jeunes de divers cantons romands profitent de cet espace de liberté pour évoquer un sujet qui les intéresse. Au tour de la Valaisanne Viviane Gay-des-Combes de prendre la plume.

PAR VIVIANE GAY-DES-COMBES | PHOTOS : DR

Je m’appelle Viviane, j’ai 27 ans, je viens de Martigny et j’ai terminé mes études d’assistante en pharmacie. L’année dernière, j’étais à Jeunesse-Lumière, une école de prière et d’évangélisation. C’est une école catholique qui accueille des jeunes entre 18 et 30 ans pour vivre ensemble une expérience de foi et de charité fraternelle.

Cette année, nous étions 23 jeunes de huit pays différents à vivre ensemble dans une grande maison dans le sud de la France, à deux heures de Toulouse. Notre année s’est articulée autour de quatre piliers. La vie de prière, la vie fraternelle, la vie de mission et la vie de formation. Cette expérience m’a beaucoup apporté sur le plan spirituel et humain. Construire une vie de prière m’a aidée à mieux démarrer mes journées et m’a permis de les vivre plus sereinement. Je me sentais apaisée les jours où j’avais prié le matin.

Les différents cours donnés par des laïcs ou des prêtres de la région portaient sur la bible, l’oraison ou encore la vie consacrée ou le mariage. Ces cours m’ont permis d’apprendre davantage sur ma foi et de poser toutes mes questions pour pouvoir mieux comprendre en quoi je crois et pourquoi. Le dernier pilier était la mission. Nous sommes partis à la rencontre de jeunes étudiants dans des collèges privés catholiques. Nous leur avons partagé notre joie de croire, comment on vivait notre foi au quotidien et qu’est-ce que cela nous apportait. Nous leur avons aussi transmis notre témoignage de vie.

Ce qui m’a le plus touchée, c’est la vie fraternelle. Apprendre à connaître d’autres jeunes, vivre avec eux, partager les joies et les peines ensemble, se découvrir à travers les autres, apprendre à s’aimer, se pardonner sont toutes des expériences que j’ai vécues cette année. Elles m’ont permis de grandir et de mieux me connaître. J’ai tissé de beaux liens d’amitié avec eux et je me réjouis de les revoir. Pour la suite, j’ai le désir de partir fonder l’école Jeunesse Lumière à l’île Maurice avec trois autres jeunes de mon année.

Se lancer dans une nouvelle aventure, participer à la fondation de l’école, découvrir une nouvelle culture et un nouveau pays sont des éléments qui m’ont motivée à me lancer dans ce nouveau projet.

Je suis en attente du visa et dès que possible, je m’envole là-bas. Si vous le souhaitez, vous pouvez me soutenir dans la prière ou financièrement.

Merci de votre soutien et en Union de prière !
(CH95 0076 5000 C088 6684 1).

Festival

L’art sacré a son festival. A Sion. Le FAS !

 

Initialement nommé Festival de Musique Sacrée, essentiellement consacré à cet art majeur, le rendez-vous annuel proposé par la Maîtrise de la Cathédrale est devenu le Festival d’Art Sacré, permettant ainsi la découverte de nouvelles réalités artistiques : architecture, peinture, etc.

LILIANE VARONE ET JEAN-HUGUES SEPPEY | PHOTOS : CC-CAHINAC

Le 17e FAS se décline donc à nouveau en musique et en peinture. Les façades majestueusement habillées par les reproductions de tableaux du Caravage, vous accueillent, de messe en messe, de concert en récital. Bienvenue !

Les concerts

Donné par l’Ensemble vocal de la Maîtrise ainsi que par le prestigieux ensemble Les Sacqueboutiers de Toulouse, le concert du 4 décembre est construit autour du Caravage et en lien avec l’exposition. Il se veut varié, jouant sur les contrastes à la manière du grand peintre et incluant des pièces de l’époque ainsi que d’autres œuvres musicales en lien avec le peintre milanais.
Dimanche 4 décembre à 17h – Aux couleurs du Caravage

Place aussi aux artistes locaux pour le concert du 11 décembre avec un trio valaisan: l’excellente soprano Franziska Heinzen chante des airs baroques, accompagnée de la dynamique violoncelliste Lina Luzzi et de l’organiste Jean-David Waeber. Franziska et Jean-David sont deux musiciens employés de la Maîtrise à qui est confiée le joyau qu’est l’Ecole Maîtrisienne, rassemblant une trentaine de jeunes en formation.
Dimanche 11 décembre à 17h – Caprices d’Amour

Le chœur Novantiqua, avec son nouveau chef, Sylvain Jaccard, vous propose, le lendemain de Noël 26 décembre, une (re)découverte de la Messe en Sol majeur de Francis Poulenc que le compositeur a dédiée à la mémoire de son père, grâce auquel il estime avoir « etrouvé la foi». Novantiqua vous propose aussi une interprétation renouvelée de ses Quatre motets pour le temps de Noël.

Deux pièces récentes entourent les œuvres de Poulenc: le Lark Ascending de Ralph Vaughan Williams ainsi que The Ancient Prairie du compositeur letton Ēriks Ešenvalds.
Lundi 26 décembre à 17h – La Découverte

Dimanche 8 janvier, Les Jeunes à l’Unisson, Ecole Maîtrisienne, Singschule Oberwallis et Chœur d’Hommes de la Schola (à découvrir dans L’Essentiel de janvier).

 

Les récitals d’orgue

L’organiste titulaire Edmond Vœffray et l’organiste adjointe Catherine Gremaud-Babel font résonner les grandes orgues de la Cathédrale, les mardis 20 décembre (M. Vœffray) et 3 janvier (Mme Gremaud-Babel) à 19h30. A l’issue de chaque récital, vous avez la possibilité de monter à l’orgue pour une visite de l’instrument.

 

 

L’événement Caravage

photo : Domaine public
Dans la Cathédrale, l’exposition de reproductions grandeur nature de tableaux du peintre italien Le Caravage. A ne pas manquer !

« L’art, voie royale vers Dieu »

PAR THIERRY SCHELLING | PHOTO : DR

Recevant les mécènes des Musées du Vatican quelques mois après son élection (2013), pape François leur a déclaré : « A chaque époque, l’Eglise a fait appel aux arts pour exprimer la beauté de sa foi et proclamer le message évangélique de la magnificence de la création de Dieu, de la dignité de l’homme créé à son image et ressemblance et du pouvoir de la mort et de la résurrection du Christ pour apporter rédemption et renaissance à un monde marqué par la tragédie du péché et de la mort. »

Tout est bien résumé : l’art exprime la foi d’une époque de l’Eglise. Il parlait jadis et ne peut ne plus parler aujourd’hui, mais chaque époque produit son art, devrait produire son art, exprimant la foi des contemporains. L’important est ce qu’il provoque dans le cœur de celle ou celui qui regarde : « Contempler le grand art, expression de la foi, aide à retrouver ce qui compte dans la vie », dira-t-il en 2018.

Risque de stagnation

Reprenant le thème du chant sacré, en 2017, il rappelle : « D’un côté, il s’agit de sauvegarder et valoriser le patrimoine riche et multiforme, hérédité du passé, en l’utilisant avec équilibre aujourd’hui et évitant le risque d’une vision nostalgique et archéologique ; d’autre part, il est nécessaire de faire en sorte que la musique sacrée et le chant liturgique soient pleinement inculturés aux langages artistiques et musicaux d’aujourd’hui. »

De même, avec le rite tridentin, qui est une « liturgie morte pour quelques vivants », qui souffre d’« indietrismo »1 et qui est déconnecté de l’esprit du Concile Vatican II, notamment son ecclésiologie. C’est plus qu’une question de goût – ce que l’art est aussi – car par l’art, on catéchise : et certaines images fausses sont tenaces (Dieu est-il un vieillard aux cheveux chenus ?) mais nécessitent un balayage…

Au cirque !

Jongleurs et clowns sont parfois présents aux audiences du mercredi et François ne manque pas de les remercier pour leur « travail de beauté qui fait du bien à tous ». N’est-ce pas le but de toute forme d’art dans le fond, qui plus est de l’art religieux ?

1 Mot italien, littéralement « en-arriérisme » ou « retour en arrière », récurrent chez François pour décrire cette nostalgie de certains Catholiques à croire que « c’était mieux avant »…

La Beauté dans l’art chrétien

PAR L’ABBÉ LÉONARD BERTELLETTO,
CURÉ-DOYEN
PHOTO: RAPHAEL DELALOYE

A son origine, ces paroles de la Genèse, au premier soir de la création du monde: «Et Dieu vit que cela était beau.» Dieu est beauté. Des siècles durant, belles étaient les œuvres des hommes inspirés pour rendre gloire au Créateur de toutes choses. Figurez-vous, mes frères, si vous le pouvez, quelle est la Beauté. Tous ces belles choses que vous voyez, que vous aimez, c’est Lui qui les a faites. Si elles sont belles, combien Beau est-il lui-même?» (Saint Augustin) Contemplant la beauté des choses visibles, bien pensées, réalisées avec talent, nous cheminons vers celui qui est la Beauté même.

La Création Nouvelle, née de la résurrection du Christ, incite le chrétien à se passionner pour une culture de la beauté. Malheureusement, nous connaissons un cancer qui ronge l’Eglise de l’intérieur d’elle-même: la culture du moche. Un grand nombre d’éléments très moches défigurent la vie de l’Eglise d’aujourd’hui. Dans sa liturgie, dans sa musique, dans son architecture, nous sommes loin de l’intelligence et de la splendeur des temps passés. La laideur n’évangélise personne, elle conduit à l’indifférence, au mépris de la religion, et finalement, à son abandon complet.

Au contraire, il importe beaucoup pour nous d’apprécier des œuvres d’art authentique qui nous rapprochent de Dieu: davantage que les paroles, la communication non verbale de ce qui fait du bien à voir et à entendre joue un rôle primordial dans la transmission et dans l’accueil du message du Christ.

Une bonne pâte

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTOS: DR

Gritti-quoi? Gri-tti-bänz! Mais oui, vous savez… cette préparation en pâte sucrée que l’on mange à l’approche de la Saint-Nicolas. Un bonhomme en pâte, quoi! Fallait le dire plus tôt…

Disponible de la mi-novembre à la fin décembre sur tous les étals de boulangeries, ce petit bonhomme en pâte ou Grittibänz est très étroitement lié au 6 décembre, jour de la Saint-Nicolas. Le terme en lui-même est composé de deux mots. Gritti, provient de Gritten et se traduit par «écarter les jambes». Bänz, quant à lui, est la forme abrégée du prénom «Benedikt» qui, en raison d’une occurrence fréquente, est utilisé de manière générale pour désigner un «homme». Par corrélation, il désignait le Schmutzli, personnage païen aux manières austères qui devint le sujet du bienveillant évêque Saint-Nicolas.

L’un des plus anciens témoignages d’une figure de pâte en forme d’homme, le jour de la Saint-Nicolas, se trouve dans la maxime de Saint-Nicolas du réformateur zurichois Heinrich Bullinger datant de 1546. Il est à souligner que la figurine en question est un Grittibänz féminin. Il semblerait donc que pendant longtemps, les pâtisseries en forme de femmes n’étaient pas aussi rares qu’aujourd’hui… Par ailleurs, la vénération de Saint-Nicolas s’étant implantée au nord des Alpes dès le XIe siècle, différentes coutumes en ont découlé au fil du temps. L’une d’entre elles trouve son origine dans le nord de la France et consiste à élire parmi les élèves, le jour de la Saint-Nicolas, un enfant-évêque qui dirige le monastère et l’école le temps d’une journée. La plus ancienne source rapporte une telle coutume à Bâle au XIVe siècle: les enfants traversaient la ville avec à leur tête un enfant-évêque déguisé. Tous recevaient un Wecken – un petit pain – à base de farine blanche. Puis, à partir du XIXe siècle, les sources commencent à indiquer que l’on mangeait des Teigmännli – bonshommes en pâte – le 6 décembre. C’est ainsi que la première référence au nom actuel de Grittibänz fait son apparition.

Les petits Romands, eux, ne découvrent cette spécialité qu’à partir de la deuxième moitié du XXe siècle. Avant cela, ils devaient se «contenter» des biscômes et des mandarines de Saint-Nicolas et des anailles – noix et noisettes – du Chalande genevois.

Recette: Grittibänz – Bonhomme en pâte de la Saint-Nicolas

Temps de préparationTemps de reposTemps de cuisson
40 minutes sur deux jours2 heures25

Le Grittibänz est de retour! Annonciateur de la proche venue du Saint-Nicolas, mais aussi de son acolyte le Père Fouettard… Si votre soulier contient un morceau de charbon au lieu de la friandise tant attendue, cela ne signifie qu’une chose: il faudra être plus sage l’année prochaine!

Ingrédients pour la pâte

  • 500 g de farine pour tresse
  • 1 ½ cc de sel
  • 3 ½ cs de sucre
  • ½ dé de levure (env. 20 g) émiettée
  • 80 g de beurre en morceaux, ramolli
  • 3 dl de lait tiède

Ingrédients pour le façonnage

  • 8 raisins secs
  • 1 œuf battu
  • 2 cs de sucre en grains
Le Grittibänz est lié au 6 décembre.

Préparation

  1. Préchauffer le four à 180°.
  2. Dans un récipient, mélanger la farine, le sel, le sucre et la levure.
  3. Ajouter le beurre et le lait puis pétrir le tout en une pâte souple et lisse. Couvrir et laisser lever à température ambiante pendant env. 2 h jusqu’à ce que la pâte double de volume.
  4. Couper la pâte en 4 morceaux et former des rouleaux avec. Découper env. ¼ dans chacun d’eux pour la tête.
  5. Pour les jambes, entailler le tiers inférieur de chaque rouleau. Pour les bras, entailler en biais le tiers supérieur de chaque rouleau. Avec les bouts de pâte découpés, former des boules ovales et les replacer sur les corps. Représenter les yeux à l’aide de raisins secs. Mettre les bonshommes en pâte sur une plaque chemisée de papier cuisson et les laisser lever pendant encore 30 min. env.
  6. Les badigeonner d’œuf et saupoudrer de sucre en grains. Faire cuire env. 25 min. dans le bas du four préchauffé. Sortir et laisser refroidir sur une grille.

La beauté du Temple

PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT | PHOTO : DR

Si le pape François nous invite, dans La joie de l’Evangile (n. 167), à emprunter en pastorale et catéchèse la voie de la beauté (via pulchritudinis), c’est que la personne du Christ incarné comble notre vie d’une splendeur nouvelle et d’une joie profonde.

L’art sacré, soit dans la richesse du patrimoine passé, soit dans la floraison des productions actuelles, est ainsi à même d’offrir un langage symbolique, dans la ligne des paraboles du Nouveau Testament. Car le corps du Christ manifeste pleinement la présence de Dieu, ainsi que le signifiait déjà le Temple d’Israël chanté par le prophète Ezéchiel (chapitre 47). Comme l’eau vive s’échappait du côté droit du sanctuaire pour faire fleurir la nature sur son passage et assainir la Mer Morte, ainsi Jésus sur la croix laisse couler de son sein l’eau et le sang qui transmettent l’Esprit à l’humanité à travers les siècles. C’est en son corps ressuscité, rebâti en trois jours (Jean 2, 19), que le Christ fait habiter la plénitude de la divinité qui se répand sur l’univers.

La magnificence du Temple ancien d’Ezéchiel rejaillit sur le Temple Nouveau que constitue le Crucifié-Transfiguré au Calvaire. Les ennemis de son dessein d’amour n’ont pas réussi à défigurer la beauté du Serviteur souffrant, car son cœur ouvert englobe l’ensemble de l’humanité dans le salut généreusement offert. Si bien que l’Agneau immolé devient lui-même le Temple glorieux de la Jérusalem céleste descendue du ciel (Apocalypse 21, 22). Il est tellement rayonnant de la beauté de sa gloire qu’il sert de flambeau à la Cité parfaite, sa Fiancée et son Epouse (Apocalypse 21, 9), flanqué de douze portes formées d’autant de perles (Apocalypse 21, 21), au cœur de laquelle prennent place les multitudes des nations. Et cette Ville sainte, illuminée par l’Agneau victorieux, « resplendit telle une pierre très précieuse, comme un jaspe cristallin » (Apocalypse 21, 11).

Les assises de son rempart brillent des mille feux des bijoux les plus fascinants (Apocalypse 21, 18-21) et couronnent de ce fait toutes les disciplines artistiques humaines. Puissions-nous tous nous y retrouver pour en admirer l’éclat !

Le langage de l’art sacré

L’art sacré, en Suisse romande, est riche en époques et styles. Aujourd’hui, il nous parle de ce qui habitait le cœur de nos ancêtres.

A l’époque romane (XIe–XIIe), la réorganisation de la vie religieuse entraîne le renouvellement de la construction. On bâtit pour rendre visible la présence du Pape ou celle des ordres religieux comme Cluny qui connaissent un extraordinaire rayonnement. Ainsi que l’écrit Raoul Glaber, un moine bénédictin (v. 985 – 1047) : « Dans tout l’univers… on reconstruit les églises à neuf… il semblait que la terre, se secouant, dépouillait ses vieux vêtements et revêtait çà et là un blanc manteau d’églises. »1

Les édifices sont désormais orientés : le chœur se trouve à l’est. En entrant, le croyant quitte l’ouest, côté du soleil couchant, symbole de mort, pour progresser vers le côté du soleil levant, symbole de Résurrection.

La trace des siècles

En Suisse romande, il n’y a plus d’église en pur style roman. Les siècles y ont laissé leur trace. L’abbatiale de Romainmôtier, l’église de Saint-Pierre-de-Clages ou le temple de Saint-Sulpice témoignent de ce qui nous reste principalement de la période :
une forme de sérénité et de sobriété.

A partir du XIIIe siècle, l’église devient monumentale. La verticalité est une métaphore du désir d’élévation vers Dieu.

C’est une période de renouveau qui combine prospérité, innovation et ferveur. L’art roman est progressivement remplacé par un nouveau style venu du nord de la France.

Le thème du Jugement dernier est certes très présent, mais ce n’est pas le mal qui domine. L’angoisse est accompagnée de l’espérance du salut. Lorsque l’on regarde les œuvres, le paradis prend souvent plus de place que l’enfer. La présence de saints en prière montre une confiance dans
l’intercession.

Langage symbolique

Si l’on a beaucoup dit que l’art est nécessaire parce que le peuple ne savait pas lire, cela ne signifie pas qu’il était inculte. Bien au contraire, il comprend un langage symbolique qui nous échappe parfois aujourd’hui.

L’art vitrail connaît son apogée. Suger, l’abbé de Saint-Denis, parle du « mystère de la lumière comme révélateur divin ».2

Les murs ne sont pas aussi sobres qu’ils le sont aujourd’hui. Le portail latéral de la cathédrale de Lausanne garde quelques traces des peintures qui recouvraient alors les sculptures. La chapelle des Maccabées, dans la cathédrale de Genève, nous donne une idée (certes imparfaite) de ce à quoi les églises pouvaient ressembler.

Catholicisme triomphant

Au XVIe siècle, après l’ébranlement de la Réforme, le Concile de Trente tente
de réagir à ce qui est alors perçu comme la « menace protestante ». L’art joue un rôle majeur, il est utilisé pour tenter de reconquérir les fidèles hésitants. Face à l’austérité réformée, on fait appel aux artistes de premier plan pour faire éclater la beauté. Le catholicisme est présenté comme une religion triomphante qui célèbre la gloire de Dieu.

En ville de Fribourg, le retable de l’église des Augustins ou l’église des Cordeliers nous permettent de goûter au style baroque. C’est Outre-Sarine que l’on retrouve les plus beaux témoignages de l’époque, avec notamment l’abbatiale d’Einsiedeln ou l’église des Jésuites de Lucerne.

Une voie vers Dieu

Il faut attendre le XIXe siècle pour voir apparaître la notion de préservation du patrimoine. On prend alors conscience de sa richesse. Il n’est plus question d’innovation, mais de classification et de conservation. Pour Eugène Viollet-le-Duc : « Restaurer un bâtiment n’est pas le préserver, le réparer ou le reconstruire, c’est le replacer dans un état complet qui a pu ne jamais exister à une époque donnée. »3

Alors qu’à la période baroque, on faisait appel aux plus grands noms, il est demandé à l’artiste de s’effacer. L’œuvre doit mener à Dieu. 

C’est le style néo-gothique qui prédomine. La période médiévale est prise comme exemple de la chrétienté parfaite. La basilique de Genève est un exemple de l’architecture de l’époque.

Alexandre Cingria publie en 1917 La décadence de l’art sacré. Il dénonce un art qui laisse indifférent et passe ainsi à côté de sa mission. L’artiste est en effet convaincu que l’art permet de mener à Dieu qui est la source de la Beauté. L’homme n’est pas pure intelligence. « Si idéaliste qu’on soit, en effet, il est impossible lorsqu’on est homme, de juger, d’aimer, de prier, d’adorer en pur esprit. Tous les rapports de l’homme à Dieu procèdent toujours des sens. »4

Parmi les nombreuses critiques énoncées par Cingria se trouve la suivante : « Et à cause de ce divorce entre l’art et l’art sacré, les esprits religieux deviennent ennemis de la beauté. La Beauté, quand elle se révèle à leurs yeux dans l’art moderne, représente pour eux le péché. »5 Il est vrai que les résistances sont nombreuses. Mais, comme l’énonce le Père Marie-Alain
Couturier, o.p. : « Il vaut mieux s’adresser à des hommes de génie sans la foi qu’à des croyants sans talent […] Tout art véritable est sacré. »6

Le temps de la contemplation

Et aujourd’hui ? Le Concile Vatican II disait : « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. Leur communauté, en effet, s’édifie avec des hommes, rassemblés dans le Christ, conduits par l’Esprit Saint dans leur marche vers le Royaume du Père et porteurs d’un message de salut qu’il faut proposer à tous. »7 Est-ce que les bâtiments églises sont toujours le lieu des joies et des espoirs des tristesses et des angoisses des hommes de ce temps ? Est-ce que le langage de l’art sacré nous parle encore aujourd’hui ?

Il est certain que l’art continue à parler aujourd’hui, la Beauté n’a pas perdu son attrait. Le comprendre implique peut-être une initiation, ou simplement de prendre le temps de la contemplation.

1 Cité par communautés d’accueil dans les sites artistiques, CasaQuid Lexico, Paris 2019, p. 57.
2 Cité par Mgr Doré in Doré Joseph, Symbolique des cathédrales, Les Editions du Palais,
Paris 2012, p. 98.

3 Cité par communautés d’accueil dans les sites artistiques, CasaQuid Lexico, Paris 2019, p. 44.
4 Cingria Alexandre, La décadence de l’art sacré, 1917, p. 4.
5 Ibid, p. 64.
6 Couturier Marie-Alain, La leçon d’Assy, 1950.
7 Gaudiumet Spes, no 1.

Le langage de l’art sacré

 

TEXTE ET PHOTOS PAR L’ABBÉ FRANÇOIS ROTEN

Si l’art a été, dès le début du christianisme, considéré comme important dans la vie de l’Eglise, c’est parce qu’il nous parle de Dieu et nous rapproche de lui. A travers le beau, le bien et le vrai, le croyant distingue la présence du Créateur, de Celui qui, devant la beauté de ses œuvres au commencement des temps, «vit que cela était très bon» (Genèse 1, 31).

Au-delà de la simple recherche esthétique, l’art sacré veut être un chemin qui dit Dieu, qui signifie sa présence, qui permet à l’homme de s’approcher de lui.

Cela est particulièrement remarquable dans l’élaboration des églises et des objets destinés au culte divin qui, selon les mots du Concile Vatican II, doivent être «dignes, harmonieux et beaux, capables de signifier et de symboliser les réalités surnaturelles» (Sacrosanctum Concilium no 122). Ainsi l’art est comme une porte ouverte vers l’au-delà.

Dans ce contexte nos églises paroissiales et cathédrale sont tout sauf des bâtiments quelconques: leur nom même – ekklêsía en grec – signifie littéralement «la communauté rassemblée». Les églises de pierre sont donc signe des communautés vivantes que nous sommes, chacun étant appelé par vocation baptismale à devenir une pierre vivante de l’édifice spirituel qui est le Corps du Christ (1P 2, 5).

La liturgie souligne cette symbolique lorsqu’au début de la célébration du baptême, elle invite le futur baptisé à «entrer dans la Maison de Dieu afin d’avoir part avec le Christ pour la vie éternelle»: l’entrée dans le bâtiment-église étant signe de l’entrée dans le peuple-église, communauté rassemblée des croyant qui célèbrent leur Dieu.

 

Le symbolisme de l’art sacré

PAR SŒUR CATHERINE JERUSALEM | PHOTO: FLICKR

Ambon, chœur, aube, sacré… Ces mots me sont familiers depuis l’âge de 10 ans. Mon papa était sacristain et je passais beaucoup de temps avec lui dans l’église paroissiale.

Le langage du sacré, quelle que soit la tradition, est toujours de nature symbolique. Comme le dit René Guénon, « l’homme qui n’est pas de nature purement intellectuelle a besoin d’une base sensible pour s’élever vers les sphères supérieures ». Pour comprendre le sens caché des œuvres sacrées, il faut apprendre à les décoder. Ce n’est pas chose facile, car, au cours des siècles, l’homme a développé de très nombreux langages symboliques à partir de ce qui lui était familier. Afin de protéger la Sagesse que ces images renfermaient, il a souvent refusé d’en livrer les clefs, ne les transmettant qu’à des membres du clergé ou à d’autres initiés.

Symbole : le mot nous vient du grec (syn-ballein : jeter ensemble), reprenant l’image du tesson de poterie brisé dont les morceaux servent à l’origine de signe de reconnaissance entre les partenaires d’un contrat. Depuis Pythagore, on utilise ce mot pour désigner un moyen d’accès à un niveau supérieur et caché de description de la réalité. La symbolique nous invite à trouver la réalité supérieure cachée derrière sa forme visible.

Le langage de l’art sacré

TEXTE ET PHOTO
PAR BLAISE RODUIT

De tout temps, l’art sacré nous a entourés dans nos églises et chapelles et dans d’autres lieux à caractère hautement religieux comme, entre autres, les monastères et les couvents. Partout dans le monde et aussi en Suisse romande en particulier, il a pu s’exprimer de manière très variée, à travers le temps et des styles fort différents. Nous en voulons pour preuves des endroits magnifiques comme l’abbatiale de Payerne ou l’abbaye de Saint-Maurice.

A toutes les époques de l’histoire chrétienne, il a servi à transmettre aux hommes du moment le Message d’Amour de Dieu. Même les œuvres les plus anciennes nous parlent encore à nous, êtres humains d’aujourd’hui. Elles restent toujours d’actualité, même si elles sont intimement liées à une théologie spécifique ou à ce qui faisait vibrer ceux dont nous sommes les descendants.

Vitraux, statues, sculptures, peintures, fresques ou encore icônes, textes illustrés et chants, ce sont autant de formes par lesquelles l’art sacré peut nous dire l’essentiel de Dieu: sa Parole. Non seulement ces œuvres à caractère divin sont capables de nous toucher par leur beauté, mais également de nous parler, et cela au quotidien. Elles constituent, à travers les images de foi qu’elles représentent, de puissants véhicules du langage du Christ, venu nous annoncer à quel point son Père nous aime. Ne nous lassons donc pas de les admirer, mais également d’essayer d’y capter la pensée de Dieu s’adressant à nos cœurs d’hommes.

Jeux, jeunes et humour – décembre 2022

Par Marie-Claude Follonier

Question jeune

Pourquoi à Noël Jésus est-il appelé Emmanuel ?
Lorsque l’ange Gabriel demande à Joseph d’appeler du nom de Jésus – qui signifie sauveur – l’enfant qui va naître, l’Evangile de Matthieu rapporte aussi une parole du prophète Isaïe : « Voici que la Vierge concevra un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel qui se traduit par Dieu-avec-nous. » Et ce, pour souligner le réalisme de l’Incarnation, sens de la fête de Noël.

par Pascal Ortelli

Humour

Un couple visiblement très amoureux est assis à une table de restaurant. Soudain l’homme glisse de la banquette et disparaît sous la table. 
Voyant que la jeune femme semble ne s’être aperçue de rien, le maître d’hôtel s’approche et lui dit :
– Madame, je crois que votre mari est tombé sous la table.
– Non, vous faites erreur. Mon mari c’est le Monsieur en gris qui vient d’entrer dans votre restaurant.

par Calixte Dubosson

Les ursulines filles de Marie Immaculée

De nombreuses communautés religieuses sont présentes en Suisse romande, comme autant de témoins de la vitalité et de la diversité de l’Eglise. Ce mois-ci, cap sur les ursulines filles de Marie Immaculée.

PAR PASCAL ORTELLI | PHOTO : DR

Origines : la congrégation a été fondée par le bienheureux Zéphyrin Agostini en 1860 dans le but de créer une école pour les filles à Vérone. Aujourd’hui, elle compte plus de 400 sœurs réparties dans une soixantaine de maisons principalement en Italie et à Madagascar, mais aussi en Amérique du Sud et en Afrique de l’Ouest.

Comme mère et modèle de vie, il leur propose sainte Angèle Mérici qui a créé en 1535 l’ordre de Sainte-Ursule à Brescia. Son originalité réside dans le fait que ce nouveau mode de vie religieuse rassemble des sœurs non cloitrées qui, initialement, ne vivaient pas en communauté. Aujourd’hui, plus de quarante familles religieuses se réclament d’Angèle Mérici.

Mission : faire tout le bien possible avec un zèle inlassable pour l’éducation humaine et chrétienne de la jeunesse.

Dates clés

1923: Approbation diocésaine

1940: Approbation pontificale définitive

1960: Ouverture d’une première maison en dehors de l’Italie à Madagascar

2000: Arrivée à Genève

Présence en Suisse romande : les sœurs sont installées au Grand Saconnex où elles s’occupent des enfants de la Garderie (Villa Margherita) gérée par la Mission catholique italienne. A Genève, dans le foyer Villa Clotilde, elles gèrent une pension pour étudiantes et sont engagées dans différentes activités paroissiales et en aumônerie.

A noter que les ursulines des maisons de Fribourg, Sion et Brigue proviennent d’une autre branche d’inspiration jésuite, fondée en 1606 à Dole en Franche-Comté par Anne de Xainctonge.

Une particularité : un style de vie religieuse non cloitrée novateur pour l’époque.

Pour aller plus loin : upnsj.ch/la-communaute-des-soeurs-ursulines/

Etre ursuline pour moi c’est…

Par sœur Rossana Aloise, Villa Clotilde Genève

« Cultiver un accueil inconditionnel et une attention à la personne, des attitudes qui me renvoient au Christ, à sa proximité pour apporter la vie et la liberté. Dans le simple partage de la vie quotidienne, la prière, l’activité apostolique, je me suis sentie chez moi et mon désir est de faire en sorte que chaque personne que le Seigneur me donne à rencontrer se sente chez elle et puisse retrouver un reflet du visage du Christ accueillant et bienveillant. »

En librairie – décembre 2022

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Retrouver le goût de la vie
Anselm Grün

Lorsque nous nous heurtons à la frustration et à l’impuissance, quand le chemin que nous avons pris ne nous a finalement menés nulle part, nous nous sentons vidés, épuisés et sans désirs. C’est le burn-out de l’âme. Anselm Grün nous montre comment faire face à ces moments de vide, d’angoisse, voire d’effondrement, qui peuvent être autant d’opportunités de revenir sereinement à soi. En effet, ces grandes fatigues ont la capacité insoupçonnée de nous mener vers l’essentiel de notre vie : le rythme de notre âme et de notre corps, afin de retrouver la source de vie au plus profond de nous.

Editions J’ai lu

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S’élever dans la lumière du vitrail
Martial Python

Le vitrail a cette belle vocation consistant à transfigurer l’atmosphère qui règne dans les sanctuaires la rendant ainsi plus immatérielle. La poésie des couleurs se réfractant dans leurs espaces étreint jusqu’à faire vibrer notre âme, nous élevant ainsi à la contemplation des grands ailleurs. Pour vivre cette démarche, sont proposées plusieurs églises et chapelles du pays de La Glâne, une terre ayant beaucoup inspiré les artistes et spécialement ceux qui ont fait chanter la lumière avec l’art du vitrail. Martial Python nous en dévoile plusieurs facettes dans un style simple et accessible.

Editions Cabédita

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L’Eglise brûle
Andrea Riccardi

Les flammes qui ont dévoré Notre-Dame de Paris sont le signe, nous dit Andrea Riccardi, de l’incendie que connaît l’Eglise. Recul de la pratique, des vocations, de l’influence publique et culturelle : partout, en France, en Europe, sur les autres continents, l’inquiétude monte. Le christianisme traverse-t-il une des épreuves qui l’ont fortifié hier ou court-il vers un irrésistible déclin demain ? Et si, plutôt que de se lamenter ou de se raidir, il s’agissait de vivre la crise ? D’entrer en lutte, non pas contre les ennemis supposés du dedans ou du dehors, mais en combattant ces deux fléaux que sont le discrédit et l’indifférence ? Il fallait le fondateur de Sant’Egidio pour nous montrer comment l’Eglise qui brûle peut être l’Eglise qui, renaissant de ses cendres, annoncera comme jamais l’Evangile.

Editions du Cerf

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Don Bosco
Guri Suzuki

Dans cette bande dessinée japonaise, deux adolescents d’aujourd’hui, Riku et Mana, se retrouvent en Italie à l’époque de la fondation de l’Oratoire par Don Bosco. Entourés des jeunes accueillis à l’Oratoire, de Dominique Savio, de Maman Marguerite, ils vivent avec eux des moments qui les font grandir, sous le regard bienveillant et juste de saint Jean Bosco. A la fin, ils reviennent à leur époque, transformés et grandis. Don Bosco, par sa vie exemplaire et son amour pour les jeunes, ne cesse d’être une source d’inspiration encore aujourd’hui.

Editions Mame

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Missionnaire de la « charité »

A Renens, les personnes confrontées à la faim, au froid, qui se retrouvent sans toit ou sans emploi ont certainement croisé la route de Jean de Dieu Rudacogora. Aumônier pour la pastorale sociale et de rue de l’Eglise catholique vaudoise, celui qui a le souci de cette précarité porte un prénom bien programmatique.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER

Jean de Dieu, c’est un prénom programmatique. On peut dire que vous avez pris à la fois le patronyme et la vocation du saint du même nom ?

J’ai participé récemment aux 20 kilomètres de Lausanne. Comme mon prénom n’est pas très courant en Suisse, ils ont cru que mon prénom était « Jean » et mon nom de famille « de Dieu ». Sur le dossard il était donc inscrit « Dieu » et lorsque je courais à travers Lausanne les gens criaient : « Allez Dieu ! » Je suis né au Congo dans une famille très catholique. A ma naissance, il était alors interdit de donner des prénoms chrétiens. Mes parents ont choisi un prénom rwandais qui signifie « j’appartiens à Dieu ». Lorsque les prénoms chrétiens ont été à nouveau acceptés, le saint le plus proche de mon prénom était Jean-de-Dieu. J’ai été renommé ainsi. Ce saint m’inspire dans tout ce que je fais. Son engagement envers les malades et les pauvres me parle particulièrement dans mon ministère.

Dans un pays « propre en ordre » comme la Suisse, c’est paradoxalement le non-respect du droit des individus (droit du bail et du travail) qui les conduit vers vous…

On voit la Suisse comme un pays où il y a peu de pauvreté, organisé et dont les lois et règlements protègent les citoyens. On pense donc que ce type de situations n’existent pas. Dans mon ministère, je côtoie bien des précarités, mais cachées. Pour vous donner un exemple, une dame est arrivée en Suisse avec la promesse d’un emploi. Depuis, elle travaille pour trois francs par jour de 8h du matin à 20h. Ces gens sont exploités et en dehors du système.

Comment faites-vous pour que cette aide ne soit pas perçue comme de la charité ?

L’idée est vraiment de les aider à trouver la solution eux-mêmes afin qu’ils soient autonomes. Ici, c’est un endroit où l’on peut souffler un moment. Un cadre de confiance où les gens trouvent une écoute, un accompagnement et des pistes pour stabiliser leur situation.

Qu’est-ce que la perspective de la fin d’année et des fêtes amène comme inquiétudes supplémentaires ?

Ceux qui disposent d’un permis de travail s’inquiètent de n’avoir personne avec qui partager ce moment festif et de l’impossibilité financière d’offrir un petit cadeau à leurs proches. Les personnes sans-papiers, quant à elles, ont tout laissé pour essayer d’améliorer le quotidien de leur famille restée au pays, mais aujourd’hui, elles se retrouvent dans une situation pire encore et ne peuvent ni envoyer d’argent, ni même espérer rentrer pour les fêtes.

La Pastorale sociale et de rue de Renens, le Collectif vaudois de soutien aux sans-papiers (CVSSP) et le service de la Cohésion sociale de la ville de Renens ont obtenu en 2020 des fonds de la Chaîne du Bonheur pour venir en aide aux victimes des mesures prises pour endiguer la pandémie du COVID-19… De quelle manière ?

Nous avons mis en place une permanence. Une fois par semaine, ces personnes « inconnues du système » venaient nous voir et nous regardions en premier lieu s’il y avait une possibilité de trouver un soutien ailleurs, comme par exemple des subsides aux assurances maladie, une aide sociale ou même le chômage. Dans le cas contraire, nous apportions une aide financière directe par le paiement des factures d’assurance maladie ou de loyer. Même si ces personnes disposent de papiers en règle, elles ne demandent pas d’aide par peur de perdre leur permis. De plus, il n’y avait pas toute la bureaucratie qui effraie les bénéficiaires.

Les organisations qui ont mis en place ces permanences ont mandaté la Haute école de travail social de la santé Lausanne (HES-SO) pour documenter cette action. Qu’est-ce que cette enquête a révélé ?

Grâce à ce rapport, nous avons pu montrer et documenter cette réalité. Cela va lentement, mais cela a tout de même essaimé. Des associations et des personnes individuelles m’appellent pour demander de quelle manière elles peuvent aider concrètement. Grâce à cette action, les communes alentour ont également débloqué une aide pour ces personnes qui existent et vivent des situations difficiles en marge de notre société.

Biographie express

Jean de Dieu Rudacogora est marié et papa de trois enfants. Il est né le 12 janvier 1973 en RDC. Après trois ans de philosophie au Congo, d’une année de noviciat en Zambie et deux ans d’insertion pastorale en Tanzanie, il entame une licence en théologie à Londres. Depuis 2011 dans la pastorale sociale et de rue à Renens, il considère que « l’accueil, l’écoute et l’accompagnement des personnes vivant toutes sortes de précarité [le] ramène [aux siennes] » et ce cheminement lui apporte beaucoup plus qu’il n’apporte lui-même.

L’aumônier est marié et papa de trois enfants.

Se prendre une châtaigne

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTOS: DR

Les bogues c’est toujours embêtant, à moins d’être tombés d’un arbre. Mais pour ces bogues-là, pas besoin d’être un as du décodage pour les distinguer de leurs cousins. On vous raconte tout sur cette piquante surprise automnale, histoire de pas vous faire gauler (sic) en les ramassant.

Il n’y a pas que les amateurs de «castagne» qui les apprécient. A l’automne venu, de petites cahutes fleurissent çà et là dans nos villes. La harangue du vendeur vous promet des «chauds… marrons… chauds». Mais détrompez-vous, ce qui se trouve dans le petit cornet de kraft qu’il vous tend n’a rien à voir avec son cousin de la Promenade de la Treille, annonciateur du printemps et dont les fruits servent aux enfants pour réaliser leurs sculptures «cure-dentesques», ni même avec le marronnier tant apprécié des journalistes en mal de «scoops».

Pour des millions d’Européens, l’importance historique du châtaignier – «l’arbre à pain» – est comparable à celle des céréales ou de la pomme de terre. En Suisse, son fruit occupait jadis une place à part dans l’alimentation de base, surtout dans le sud du pays, en Valais et dans la région du lac des Quatre-Cantons. Divers noms de localités, tels que Kastanienbaum (LU) ou Kestenholz (SO), témoignent de l’importance et de l’ancrage de ce fruit dans la tradition helvétique. Au Tessin, la châtaigne était déjà devenue l’aliment de base au VIe siècle et constituait la principale monnaie de paiement des redevances seigneuriales ou ecclésiastiques. Surnommé «le pain du pauvre», le fruit conférait à la population l’unique source de survie durant plusieurs mois lors de périodes de disette.

Traditionnellement, sa consommation débute entre le 1er novembre et la Saint-Martin. La fourrure que l’on découvre en ouvrant la bogue évoque celle du manteau que saint Martin a partagé alors avec un mendiant et rappelle, outre la générosité du saint, celle de l’arbre. Gare toute- fois : les fruits des châtaigneraies tessinoises – même tombés au sol – appartiennent à leur propriétaire jusqu’à la Saint-Martin. Ensuite, libre à vous de gauler l’arbre…

Recette: Le gâteau des anges

Temps de préparationTemps de cuissonPortions
45 minutes sur deux jours60 minutes sur deux jours12

La châtaigne est une école de persévérance et ne récompense que ceux qui ont le courage de surmonter tous les obstacles qui précèdent sa dégustation: bogue piquante et peau adhérente. Les fins gourmets devront être encore plus patients pour goûter à cette douceur très prisée de la fin d’année: les marrons confits (ou glacés).

Ingrédients et ustensiles

  • 1 panier de cuisson
  • 1 pèse-sirop ou densimètre en degré Baumé (°Bé)
  • 1 kg de marrons
  • 1 c. à s. de sel
  • 1,5 l d’eau
  • 1 kg de sucre en poudre
  • 4 sachets de sucre vanillé
  • 1 gousse de vanille
Les fins gourmets apprécient cette douceur de fin d’année: les marrons confits.

Pelage des marrons

Commencez par pratiquer une incision dans chaque marron. Faites bouillir une marmite d’eau avec une cuillère à soupe de sel. Plongez les marrons 5 min dans l’eau bouillante. Sortez et égouttez-les. Il vous sera plus facile de les peler en ôtant les deux peaux. Rincez les marrons à l’eau froide.

Cuisson des marrons

Placez les marrons dans une marmite et recouvrez-les d’eau froide. Portez l’eau à frémir mais sans la faire bouillir. Laissez cuire les marrons 30 min. Surveillez bien cette cuisson, car les marrons sont fragiles et ne doivent pas casser.

Préparation du sirop

Dans une marmite large, mélangez le litre et demi d’eau, le sucre blanc, le sucre vanillé et la gousse de vanille fendue dont vous aurez préalablement gratté les grains dans l’eau. Portez à ébullition et laissez bouillir pendant 5 min. Le sirop est prêt quand vous mesurez 20°Bé avec le pèse-sirop. Coupez le feu.

Réalisation des marrons confits

Placez les marrons dans un panier de cuisson puis plongez-le dans le sirop bouillant. Laissez cuire à feu très doux jusqu’à ce que le sirop atteigne les 25°Bé (environ 10 min). Puis ôtez du feu et laissez refroidir l’ensemble jusqu’au lendemain (pendant 20 à 24h). Le lendemain, ôtez avec précaution les marrons du sirop. Portez le sirop à ébullition. Puis replongez les marrons dedans et prolongez la cuisson à feu très doux jusqu’à ce que le sirop monte à 35°Bé. Otez les marrons du sirop et laissez-les sécher sur une grille.

Conservation

Une semaine dans le bas du réfrigérateur. A sortir au moins une heure avant la dégustation.

Revivre les gestes de convivialité paroissiale: de l’eucharistie aux agapes

Cela semble une banalité aujourd’hui – voire anachronique – de dire que nous reprenons peu à peu conscience du plaisir des gestes de convivialité au sein de nos communautés.
Le repas des bénévoles et la fête patronale à Sainte-Thérèse en sont les illustrations les plus enthousiastes de ce début d’automne 2022.

PAR ANNE-MARIE COLANDRÉA | PHOTOS : DR

Le repas des bénévoles est l’occasion de retrouver toutes les personnes qui offrent de leur temps et de leurs talents: des enfants et jeunes de la Maîtrise, des membres du chœur mixte, aux personnes de l’accueil lors des messes dominicales, des lecteurs, des ministres de l’eucharistie aux personnes engagées dans le service de la sacristie, des catéchistes et toute autre personne œuvrant pour la vie paroissiale. Tous et toutes ont partagé, avec gourmandise, les agapes aux goûts et couleurs ukrainiennes. Ce repas offert aux bénévoles de Sainte-Thérèse est aussi l’occasion de soutenir une communauté sœur par les liens caritatifs : ainsi l’amitié née des relations pastorales avec le Père Sviatoslav ont permis cette rencontre.

La fête patronale est à la fois l’expression de l’attachement à la Petite Thérèse, avec gratitude, et de l’émerveillement face à la beauté des expressions de la foi. Cette beauté s’exprime dans la liturgie, dans les nombreux bouquets de roses – symbole cher à Thérèse – dans l’église comme dans les locaux avec toute l’attention offerte pour recevoir les paroissiens qui ont pu participer au buffet. C’est aussi l’occasion de se retrouver avec la communauté polonaise qui réside à Sainte-Thérèse. Plus que les mots ce sont les sourires sur les visages rayonnants, les rencontres qui se tissent entre fidèles de longue date et les nouveaux arrivés et l’enthousiasme des enfants qui donnent le ton de cette fête aux cultures multiples, en communion sous le patronage de la sainte. Les enfants ayant fait connaissance avec la Petite Thérèse au caté, sont venus nombreux, entrainant leur famille, pour venir fêter celle qui est comme eux. Ils ont manifesté leur joie en honorant pleinement chaque étape de cette journée avec les jeunes bénévoles venus les accompagner du déjeuner à l’animation des jeux.

Un grand merci à tous les participants et à tous ceux et toutes celles qui contribuent à la réalisation de ces moments de communion.

Mieux ou pas ?

PAR JEAN-CHRISTOPHE CRETTENAND
PHOTOS: JEAN-CHRISTOPHE CRETTENAND, MONIQUE CHESEAUX

A la lecture du thème central du présent numéro « Fin du monde, une histoire sans fin » ce n’est pas l’Apocalypse qui m’est venue à l’esprit, ni même la foule de perspectives peu réjouissantes se profilant dans le sillage du réchauffement climatique. Non. Rien de cela. La première phrase qui a fait écho à cette question dans mon esprit était « C’était mieux avant ».

Du coup, en cherchant le rapport entre ces deux phrases (je me suis dit qu’il y en avait forcément un), je me suis rendu compte que mon état d’esprit du moment avait fait rebondir mes pensées sur « une histoire sans fin », avant de les faire ricocher sur un « c’était mieux avant ».

En effet, ayant eu, peu avant ma lecture, des discussions sur la situation générale des sociétés villageoises et des cycles de hauts et de bas que l’on y rencontre, j’étais forcément exposé à ce type d’association (plus ou moins naturelle je l’avoue). Je pense ici tout particulièrement aux groupes de bénévoles qui « quittent »
parfois, par vagues, la société dans laquelle ils s’étaient engagés durant plusieurs années et dont la participation active était devenue quelque chose d’acquis. Ce phénomène nous met a priori devant un constat pessimiste car tout à coup les chiffres, à qui l’on a donné tant d’importance, chutent. La société qui avait des bases solides, nous apparaît tout à coup en péril, au bord du crash. On fait alors juste abstraction du fait que les membres de ce groupe qui s’en vont étaient arrivés en même temps dans cette société, ou engagés les uns par les autres, les uns envers les autres, justement par la force de leurs liens et intérêts de l’époque.

Pour ma part, je ne vois pas dans ce phénomène un signe de fin, mais bien un signe de renouveau. Immanquablement, de nouvelles forces vont prendre le relais, avec de nouvelles idées, de nouvelles attentes, une énergie nouvelle. Evidemment, il y a parfois un « vide » (la reprise peut prendre plus ou moins de temps), bien souvent des « c’était mieux avant », mais au bout du compte l’essentiel doit rester de répondre aux besoins et attentes du moment en vivant pleinement chaque nouveau cycle.

Lumière de la Paix à Fribourg

Dimanche 11 décembre à 17h, la flamme de Bethléem sera accueillie à l’église Saint-Paul au Schönberg. Des adolescents ainsi que quelques chanteurs à l’étoile seront les ambassadeurs de cette chaîne de lumière, qui se répandra simultanément dans d’autres lieux d’accueil en Suisse et sur le continent européen.

PAR JEAN-MARC WILD ET PAUL SALLES
PHOTOS: FRIEDENSLICHT.CH

Une « Nuit des lumières » œcuménique et interculturelle avec des chants de Taizé nous rassemblera pour recevoir cette lumière qui voyage inlassablement, de main en main, de personne à personne – un cœur à cœur avec « Jésus le Christ, lumière intérieure ».

En ces temps où le bruit des armes fait l’actualité, la prière pour la paix se fait toujours plus pressante et nécessaire. Venez joindre votre prière à notre espérance du Royaume où la fraternité universelle est unie dans le Christ.

Et alors que nous nous préparerons à accueillir dans la crèche le « prince de la paix » (Is 9, 5), celui pour qui les anges chantent dans le ciel « Gloire à Dieu et paix sur la terre » (Lc 2, 14), que cette lumière allumée dans l’église de la Nativité à Bethléem puisse être accueillie dans nos foyers, nos quartiers, nos communautés et que nous soyons des artisans de paix.

Munissez-vous d’une lanterne ou d’une bougie fermée pour porter cette lumière dans vos familles, vos quartiers, vos paroisses et vos célébrations de Noël. Des bougies et lanternes seront également proposées sur place.

La Lumière de la Paix sera ensuite accessible dans la chapelle de Saint-Justin jusqu’au 2 février, fête de la Chandeleur.

Contact : Jean-Marc Wild (jmw@justinus.ch)
Informations : www.friedenslicht.ch/fr

Génial !

 

PAR THIERRY SCHELLING | PHOTOS : DIVERS

Ce n’est pas moi qui le dis, mais bien Delphine, Diane, Luca, Iris, Miaro, Gérome, Sviatoslav, Słavomir, Karol, Etienne, Odette, Françoise, Jonathan, Lorenzo, Lionel, Pierre et Astrid ! Ouf, cela fait une longue liste, mais pas aussi longue que celle des servant.e.s de messe célébrant, le soir à St-Jo, à 18h, avec les abbé Karol et Thierry ! Les photos sont à peine assez larges pour embrasser tout le monde, et le chœur de l’église est lui adéquat pour mettre chacune et chacun côte à côte, et ainsi face à l’assemblée qu’ils et elles servent si fidèlement à Champel, aux Eaux-Vives et ailleurs.

A cause du temps, c’est l’option B qui nous a retenus : Meinier, en campagne genevoise. Après quelques jeux à St-Jo’ pour « briser la glace », TPG, accueil église rénovée récemment pour ses 300 ans, présentation par l’aimable président de paroisse, quelques jeux avant le pique-nique, puis, soleil apparaissant, promenade d’une petite heure dans les alentours, retour à la salle, jus, jeux, joie !

Retour à l’église pour se préparer à la célébration, au grand ravissement des fidèles : Où sont-ils les jeunes ? Eh bien… là où elles et ils se sentent co-actrices et co-acteurs de l’animation, y compris de la liturgie ! ! !

 

 

This is the end ?

PAR CHRISTOPHE ANÇAY
PHOTO: MARIE-PAULE DÉNÉRÉAZ

«Au commencement», tels sont les premiers mots de la Bible. Dieu a créé le monde. Il a un début. Cela veut-il dire qu’il a aussi une fin ?

Dieu a créé le monde et y a placé l’homme et la femme. Et qu’avons-nous fait de cette création ? Notre façon de vivre nous conduit de façon assez certaine si ce n’est à la fin du monde, à la fin d’un monde – la Terre n’a pas besoin de l’humanité pour tourner ni le cosmos de la planète bleue. L’exploitation irraisonnée des ressources, la pollution et le réchauffement qui s’ensuivent auront des conséquences graves pour l’humanité. La domination de l’argent, qui conduit une partie de l’humanité à construire sa fortune sur la misère de l’autre, ne peut conduire à autre chose qu’à un effondrement.

« Dieu créa l’homme à son image. » (Genèse 1, 27) Dans les circonstances qui sont les nôtres, saurons-nous être à l’image de Dieu qui crée et saurons-nous créer un monde nouveau ? Ou serons-nous comme Adam et Eve qui, en voulant se prendre pour Dieu, ont causé la ruine de leur monde ?

La Bible aime parler d’accomplissement plutôt que de fin du monde. Saurons-nous être guidés par l’Esprit pour mettre le génie humain au service de l’accomplissement de la création ? La Bible s’achève par le Livre de l’Apocalypse. Pourquoi ce titre est-il si souvent associé à quelque chose de terrible alors qu’il signifie « révélation » et raconte, dans son langage imagé, la création qui atteint son apothéose en Dieu ?

Voici les mots de la fin dans la Bible : « Viens, Seigneur Jésus ! Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous ! » (Apocalypse 22, 20-21)

Toutes les citations bibliques, © AELF

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