Dieu est-Il homme ou femme ?

PAR MARIE-FRANÇOISE SALAMIN
PHOTO : LDD

Après de longs débats sur le sexe des anges, nous voici devant une nouvelle question: Et si Dieu était une femme?
La première phrase de la Bible se traduit ainsi: Au commencement, Dieu enfanta.
Dans les Evangiles, Jésus nous parle de Dieu en disant Notre Père. Mais dans la béatitude Heureux les miséricordieux il emploie le terme Rahamim, qui suggère les entrailles maternelles de Dieu. Dieu est miséricorde, c’est sa nature d’être maternel.

Plutôt que de se creuser les méninges pour élucider ce mystère, je suggère de chercher une ébauche de réponse dans le secret de notre cœur. Dieu est Amour. Voilà notre Credo. Pour nous, qui sommes des hommes et des femmes sur terre, il y a plusieurs sortes d’amour : amour matrimonial, amour paternel, amour maternel, amour filial, amour fraternel, amitié… Cela dépend de notre situation dans une famille, de nos rencontres, de nos choix. Ces diverses sortes d’amour s’inscrivent dans un projet. La mère donne la vie, elle protège, veille, soigne, nourrit, rassure son enfant. Elle désire de tout cœur l’aider à grandir et écarter tout ce qui pourrait lui nuire…

Le père aussi veut le meilleur pour son enfant. Il représente l’autre, celui qui va élargir le couple fusionnel mère-enfant, celui qui lui donne un nom, une place dans une famille, qui va l’ouvrir au monde… Il en va de même pour toutes les sortes d’amour. Le projet d’un frère ou d’une sœur est différent de celui qui se tisse avec un ami. On pourrait en parler longuement.

Eh bien, justement ! Dieu est pur amour. Il rassemble tous ces projets que nous expérimentons, et bien d’autres encore, dans son amour pour chacun de nous. Il ne peut pas se restreindre à une seule façon d’aimer. Il est à la fois infiniment père, mère, ami et bien plus encore ! Il nous aime d’une façon totale et parfaite. Il désire le bien, le meilleur, le bonheur infini, la vie éternelle pour chaque être humain.

Un jour, mon fils alors âgé de 8 ans, me demanda comment c’était le ciel. Je ne sais plus bien ce que je lui ai répondu, mais j’ai tenté de lui parler de l’amour infini de Dieu et de son désir de bonheur pour chacun. Et mon petit homme a conclu ainsi: Ce sera plein de bonnes surprises ! Plein de bonnes surprises ! Je me réjouis !

Avec la même confiance, la même joie, ouvrons-nous à toutes les bonnes surprises qui nous attendent…

Dieu au féminin : cinq témoignages

En complément au dossier de la Rédaction romande de L’Essentiel sur le thème «Dieu au féminin» (lire au centre de ce journal), nous avons demandé aux représentantes féminines de l’équipe pastorale et de notre rédaction paroissiale de dire en quoi le fait d’être une femme influençait leur façon d’agir en Eglise. Cinq femmes ont accepté de s’exprimer. Leurs témoignages ci-dessous et ci-contre.
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Jeux, jeunes et humour – mai 2022

Par Marie-Claude Follonier

Question d’enfant

Pourquoi fête-t-on l’Ascension un jeudi ?
Tout simplement parce qu’elle est célébrée 40 jours après Pâques qui tombe sur un dimanche. Je vous laisse faire le calcul ; on arrive forcément sur un jeudi. Derrière cela, il y a toute la symbolique du nombre 40, temps d’attente et de rencontre avec Dieu au désert – pensons au Carême ou à Moïse – revivifié ici par la Résurrection de Jésus qui apporte du neuf dans notre relation à Dieu.

par Pascal Ortelli

Humour

Un handicapé sur chaise roulante conversait avec ses amis d’infortune au sujet d’une innovation dernier cri rajoutée sur sa chaise roulante électrique. Elle était en effet équipée d’un GPS. 
– Vous voyez, dit-il, si je me trompe de rue, automatiquement, comme pour les voitures, j’entends une voix qui me dit : « Faites demi-tour, dès que possible. »
– Génial ! répartit l’un d’eux.
Quelque temps plus tard, un ami rencontre l’heureux propriétaire de cette chaise révolutionnaire et lui lance : 
– Alors, ton GPS, toujours au point ?
– Non, je l’ai enlevé !
– Ah bon, pourquoi ?
– Chaque fois que je passais devant le cimetière, j’entendais : « Vous êtes arrivé, vous êtes arrivé… »

par Calixte Dubosson

En librairie – mai 2022

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Je me suis laissé aimer…
Brigitte Bédard

« Nous n’incarnons en rien l’image du bon chrétien, si cela signifie être parfait, sans faille et marcher droit. Hugues et moi, nous nous savons profondément pécheurs – la lecture de ce livre vous en convaincra – incapables d’aimer et de se laisser aimer, comme Dieu nous y invite. Ce que nous savons cependant, et qui fait que, finalement, nous sommes de bons chrétiens, dans le vrai sens du terme, c’est l’expérience d’être au quotidien démesurément et infiniment aimés de Dieu. En voici les preuves… » Avec une joie de vivre et un humour débordants, Brigitte Bédard nous entraîne dans le ménage à trois que forme son couple avec le Seigneur. 

Editions Artège

Acheter pour 27.80 CHF

Pourquoi Padre ?
Les prêtres de Padreblog

Qu’arrivera-t-il aux non-croyants après leur mort ? Pourquoi les prêtres ne sont-ils pas mariés ? Comment parler de la Providence de Dieu avec tout le mal qui arrive en ce monde ? Toutes ces questions et bien d’autres, les prêtres de Padreblog (des prêtres actifs sur les réseaux sociaux) y répondent de façon claire et précise chaque semaine sur KTO, avec un succès d’audience qui ne se dément pas. Nombreux sont ceux qui souhaitaient voir ces questions-réponses mises à l’écrit. C’est chose faite : voici un formidable outil de formation personnelle et d’évangélisation !

Editions Artège

Acheter pour 26.20 CHF

Zita, courage et foi d’une impératrice
Gaëtan Evrard

Le destin de la dernière impératrice d’Autriche, qui, à la suite de son mari, pourrait être béatifiée est conté avec bonheur dans cette BD. Traversant tout le XXe siècle avec un courage édifiant, Zita seconda d’abord son époux l’empereur Charles d’Autriche dans son combat pour sortir l’Europe du premier conflit mondial. Veuve à 30 ans, pauvre et exilée, elle se voua à l’éducation de ses huit enfants et soutint la résistance antinazie lors du second conflit mondial. Après un très long exil, le retour de Zita en Autriche, en 1982, fut un triomphe. Une figure de femme à la foi exemplaire qui peut susciter des actions héroïques en ces temps troublés par la guerre.

Editions du Triomphe

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Je ne les ai pas laissés seuls
Nicole Gillouard

Dans ce lieu de soins tendu vers l’efficacité qu’est l’institution hospitalière, Nicole Gillouard tente de faire entendre sa note discrète. Elle n’est ni soignante ni prêtre. Sa mission est d’être là, sans objectif, disponible pour celles et ceux qui le souhaitent, à l’écoute de leur demande et de leurs capacités. Avec pudeur et tact, elle dévoile les visages de celles et ceux qu’elle a accompagnés pendant ses dix années de mission au sein du CHU de Rennes. Une expérience humaine intense au contact de la fragilité et de la souffrance, mais aussi teintée d’instants d’une beauté lumineuse.

Editions Nouvelle Cité

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Chrétien dans un monde qui ne l’est plus ?

La société de consommation, les nouvelles technologies, mais surtout le relativisme font qu’il est de plus en plus difficile de diffuser la vérité chrétienne. Dans un monde gouverné par l’émotion, le chrétien peut-il proposer une sagesse qui demande du recul par rapport au vécu?

PAR CALIXTE DUBOSSON | PHOTOS : PIXABAY, PXHERE, FLICKR, DR

«Etre dans le vent: une ambition de feuille morte!» Cette métaphore de Gustave Thibon, écrivain et philosophe français, signifie qu’être informé de la dernière mode et la suivre est une recherche, un désir de quelqu’un vide et sec intérieurement. Autre citation, celle de Sören Kierkegaard, écrivain, poète et théologien danois: «Qui épouse l’esprit du temps sera vite veuf!» Enfin: «A force d’être dans le vent, on finit par attraper des rhumes», ajoute l’écrivain français Jean Dutourd.

Ces auteurs me sont venus à l’esprit en voyant l’évolution des phénomènes sociétaux dans le monde et en Suisse. Lors des votations qui concernent les mœurs (solution des délais, fécondation in vitro, mariage pour tous), il apparaît que l’Eglise ou ses représentants sont systématiquement désavoués. Ce qui donne l’impression que le chrétien qui suit les orientations et les recommandations des autorités de son Eglise vit dans un monde étranger à la société actuelle. Il se sent désorienté et tombe souvent dans un profond désarroi. Est-il en phase avec les réalités du moment? Est-il dans l’erreur quand il affirme ses convictions qu’une étude attentive de la Bible et de la tradition lui ont léguées? Malgré les désillusions et les déconvenues, aurait-il raison contre tous?

Toutes ces questions taraudent l’esprit de celles et ceux qui vont à l’encontre des idées reçues, ce qui fait dire à un paroissien: «L’opinion publique majoritaire regarde les choses de façon superficielle. Prenez l’exemple du mariage pour tous. Il est évident que les gens ne se sont posé qu’une seule question: doit-on permettre aux couples homosexuels de se marier civilement? Bien sûr que oui. Comment répondre non dans un monde qui veut l’égalité à tous les niveaux? Par contre le droit de l’enfant, la PMA et bientôt la GPA demandaient une vraie réflexion que peu ont entreprise.»

«Un abîme plutôt qu’un fossé»

Commentaire de calixte dubosson

Souvent dans mes allées et venues au village, je rencontrais une jeune fille fraîchement majeure. Un jour, nous avons bu un café ensemble au bistrot du coin. La conversation nous amena à parler de la gestation pour autrui.

Je lui parlai de l’animateur français Marc-Olivier Fogiel qui s’est marié avec son compagnon et qui a «commandé» deux enfants nés aux Etats-Unis, d’une mère porteuse, pratique illégale en France. Avant que je puisse dire ma totale réprobation de la GPA, elle m’adressa cette parole qui me laisse sans voix encore aujourd’hui: «C’est inadmissible que la France interdise cette pratique!» J’ai immédiatement compris que nous n’étions plus du même monde et que le fossé qui me séparait d’elle était plutôt un abîme.

Le courage d’être chrétien

«Défendre les principes fondamentaux demande aujourd’hui du courage.»

Mgr Jean-Marie Lovey

«Défendre les principes fondamentaux demande aujourd’hui du courage. Ce n’est pas parce que le vent souffle dans telle direction que toute la barque doit suivre le mouvement»: ainsi s’exprimait Mgr Jean-Marie Lovey lors d’un entretien au Nouvelliste1. Le chrétien serait-il donc un être courageux? Si l’on prend pour modèle le Christ, la réponse ne fait pas de doute. L’épisode de la femme adultère, par exemple, où il fait front contre toute l’intelligentsia de l’époque. Plus encore quand le Seigneur met les pieds dans le plat : « Au temps du prophète Elie, il y avait beaucoup de veuves en Israël. Pourtant, Elie n’a été envoyé vers aucune d’entre elles mais bien à une veuve étrangère de la ville de Sarepta, dans le pays de Sidon. A ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d’eux, alla son chemin.»
(Lc 4, 25-28)

A la suite de son maître, le chrétien est amené à défendre des valeurs. Mais il faut d’abord dire qu’il y a une distinction essentielle à faire avant d’aller plus loin. Le chrétien d’aujourd’hui est très divers. Il y a celui qui se rend à l’église pour baptiser ses enfants ou pour se marier, mais qu’on ne revoit plus dans les autres évènements de la vie ecclésiale. Il y a celui qui s’informe sur les valeurs du christianisme en développant une conscience chrétienne éprouvée. Il y a celui qui s’engage sur le plan social ou sur le plan politique et qui vit sa foi dans un rapport direct avec Dieu sans médiation ecclésiale. Il y aurait encore tant d’autres catégories que l’on ne peut évoquer dans un si bref article. Il semble toutefois que d’après les statistiques, les opinions minorisées par les résultats des votations se trouvent dans le camp des pratiquants réguliers compris ici en tant que fidèles à la messe du dimanche et aux sacrements. Nous ne sommes plus à l’époque où le curé dictait les intentions de vote aux fidèles et c’est tant mieux. Ce n’est donc pas de lui que viendrait l’inspiration principale. D’ailleurs, une de mes connaissances m’a reproché mon silence en vue de la votation du mariage pour tous. Je lui ai répondu que dans mes conversations, j’ai clairement affirmé mon opinion, mais que le faire du haut d’une chaire serait pour moi une sorte de violation des consciences en profitant d’une audience qui n’est pas faite pour ça. Ce serait d’ailleurs plus contre-productif qu’autre chose.

1 NF 08.09 2021.

Le monde actuel

Maintenant que nous avons mieux défini l’adjectif de chrétien, il convient de le situer dans la perspective qu’il vit dans un monde qui ne l’est plus. La philosophe française Chantal Delsol n’y va pas par quatre chemins. Pour elle, nous assistons à la fin de la chrétienté. Le constat est sans appel. Et pourtant, il est teinté d’espoir ou d’espérance pour les chrétiens. Je ne parle pas du christianisme, qui n’est pas une religion perdue et qui continue à se déployer. La chrétienté, c’est la civilisation dans laquelle le christianisme apporte ses lois et ses mœurs. Et c’est ça qui est effacé depuis les années 50… D’après elle, au fil des ans, la chrétienté aurait été remplacée par le cosmothéisme: «Il s’agit d’une nouvelle croyance. Lorsque la chrétienté s’efface, elle n’est pas remplacée par rien. Il reste un pourcentage non négligeable de chrétiens. Mais les autres ne tombent pas dans le néant, ils se mettent à croire en d’autres choses. C’est une adoration du monde. C’est ce qui se développe avec l’écologie, qui est en train de devenir une religion. Cela fait partie des nombreuses tendances qui tendent à remplir le vide.»2

Ce constat semble se vérifier dans les conversations du «Café du commerce». J’entendais mes voisins de table disserter sur l’écologie. Aujourd’hui, ce n’est plus les dix commandements qui nous aident à faire un examen de conscience. Il faudra s’examiner sur le nouveau dogme qui a lui aussi ses règles: tu ne voyageras plus en avion, tu ne laisseras plus couler l’eau quand tu te laves les dents, tu n’imprimeras plus tes documents numériques, etc. Voilà les nouveaux péchés et pour ceux-là il n’y aura aucune absolution. Par contre, tricher, mentir, tromper son conjoint deviennent des péchés secondaires!

2 Chantal Delsol, La fin de la Chrétienté, octobre 2021.

«La chrétienté est finie en tant que civilisation. Je ne parle pas du christianisme, qui n’est pas une religion perdue et qui continue à se déployer. La chrétienté, c’est la civilisation dans laquelle le christianisme apporte ses lois et ses moeurs.»

Chantal Delsol

Relativisme et émotion

Selon le philosophe Zygmunt Bauman, il n’y plus de bien commun, ce qui gouverne la politique est désormais l’émotion.

Un autre constat est posé par Rod Dreher, journaliste et écrivain américain dans son livre Comment être chrétien dans un monde qui ne l’est plus?3 L’auteur affirme que le monde n’est plus chrétien à cause de l’avènement de la société de consommation, des nouvelles technologies et du relativisme. «Tout cela fait qu’il est de plus en plus difficile de vivre avec la vérité chrétienne dans le monde. Dans une société de plus en plus individualiste coupée de la tradition, la seule autorité qui apparaisse comme justifiée est le moi. C’est ce que le philosophe Zygmunt Bauman appelle la société liquide. Il n’y a plus de bien commun, ce qui gouverne la politique est désormais l’émotion.»

Combien de fois n’entendons-nous pas dans les interviews, le mot relativement? «Le taux de probabilité est relativement faible. La tendance est relativement en hausse. » Et la réponse aux questions est souvent: «Oui et non.» Difficile dans ces conditions de faire émerger une vérité! Pourtant, si l’on prend la question de l’existence de Dieu, il faudra dire oui ou non. L’un aura tort, l’autre raison. Il n’y aura pas de juste milieu.

Rod Dreher affirme que le monde n’est plus chrétien à cause de l’avènement de la société de consommation.

Rod Dreher ajoute: «Je crois que les chrétiens doivent aller dans le monde. Mais dans un monde postchrétien, hostile au christianisme, je crois qu’il faut avoir une foi solide, appuyée sur une formation intellectuelle. On ne peut pas aller au combat désarmé!»

«Soit on est dans le vent, soit on crée le courant», disait souvent le regretté Mgr Joseph Roduit. N’y a-t-il pas ici un
vent d’optimisme que tout baptisé conscient de sa responsabilité dans l’avènement d’un monde plus juste et fraternel est invité à faire souffler? Comme le dit le psaume 36, 3-4: «Fais confiance au Seigneur, agis bien, habite la terre et reste fidèle; mets ta joie dans le Seigneur : il comblera les désirs de ton cœur.»


3 Artège.

Chrétien dans un monde qui ne l’est plus?

Catholique pratiquant, Martin, 16 ans, témoigne pour nous de son vécu dans notre société déchristianisée.

TEXTE ET PHOTO PAR MARIE-PAULE DÉNÉRÉAZ

En tant que jeune chrétien, ressens-tu un décalage dans certains milieux ?

Oui, quotidiennement et un peu partout : à l’école, dans les transports publics, sur les réseaux sociaux. Dans le sport, c’est un peu moins marqué.

Comment ce décalage se manifeste-t-il ?

J’entends beaucoup de moqueries et de clichés sur l’Eglise, par exemple sur les prêtres pédophiles. Des jeunes qui disent : « Je crois en la science, pas au christianisme » ; « Aller à l’église, c’est faire partie d’une secte ». Dans les transports publics et ailleurs, je suis témoin de blasphèmes proférés par des groupes sataniques comme : « C’est Satan qui fait des miracles, pas Dieu. » Je vois des jeunes qui ont un look inspiré du rock sataniste et qui proclament : « Le satanisme c’est notre religion ! » ou « Satan est dans l’Eglise ! ». Ce genre de provocations est très courant sur les réseaux sociaux. Ces outrages au sacré et à l’Eglise me font mal au cœur.

Qu’est-ce qui t’aide à tenir face à cette réalité ?

Ma relation personnelle avec Dieu dans la prière. Mes hobbies : le basket, le vélo, sont des activités qui me permettent d’échapper à cette réalité et de faire de nouvelles rencontres. Je pratique volontiers le ski et la marche en montagne où je peux rencontrer de bonnes personnes.

Dans quels groupes te sens-tu soutenu ou encouragé ?

Les membres de ma famille sont croyants et pratiquants et j’ai confiance en eux, je sais que je peux leur poser des questions en cas de doutes. Dans ma paroisse, j’apprécie les homélies de notre curé qui m’apprennent beaucoup et je peux servir la messe. Dans ces moments-là, je ressens une grande joie dans le cœur. Par ailleurs, je fais partie de l’association du Scoutisme européen suisse. Le but de ce mouvement est l’éducation du corps, de l’âme et de l’esprit. Je m’y sens libre et bien entouré. J’apprends à vivre des valeurs telles que la discipline, l’autonomie et la solidarité. Nous y pratiquons des activités de découverte et d’endurance dans le respect les uns des autres et en accord avec le nature. Je suis aussi membre du groupe OAFJ (Tout pour Jésus) lié à la fraternité Eucharistein. J’y approfondis ma foi avec des jeunes de mon âge. Nous y apprenons à mieux connaître Jésus.

Qu’espères-tu pour l’avenir de l’Eglise ?

Que les églises se remplissent, aussi de jeunes, comme à la soirée de louange du 19 février. Que les chrétiens soient moins tièdes et vraiment pratiquants.

Merci Martin. Bon vent dans le souffle de l’Esprit Saint.

Comment se réjouir de Pâques ?

Dans cette rubrique, L’Essentiel propose aux Evêques des diocèses de Sion et de Lausanne-Genève-Fribourg,
à l’Abbé territorial de Saint-Maurice et à leurs représentants de s’exprimer sur le sujet de leur choix. Ce mois, c’est Céline Ruffieux qui prend la plume.

PAR CÉLINE RUFFIEUX, REPRÉSENTANTE DE L’ÉVÊQUE À FRIBOURG
PHOTO : CATH.CH

A peine sortis de la pandémie, nous voilà confrontés à une autre violence, celle de la guerre, à deux pas de chez nous. Des temps de désert qui semblent se superposer les uns aux autres, qui semblent s’éterniser, sans porte de sortie. Que faire alors du Carême, cet autre temps de désert? Comment se réjouir de Pâques?

Notre foi et nos rites sont notre essentiel, c’est ce qui nous «reconnecte» à ce qui fait de nous des femmes et des hommes debout, capables de laisser passer la lumière de Dieu à travers soi, capables de vivre chaque nouveau jour comme une Pâques où la vie l’emporte sur la mort. Face à la peur et aux angoisses, face à la violence des hommes, nous sommes pleins d’Espérance et d’Amour. La force de la solidarité, de la prière et de la compassion sont forces de vie toujours renouvelées.

Jour après jour, pas après pas sur ce chemin vers Pâques, nous pouvons changer le monde. Par un regard plein de bienveillance, posé sur cet autre qui pense ne rien mériter, par un sourire gratuit à ce passant ou ce collègue, par un mot qui va relever celui qui est tombé. Changeons le monde! Le Carême ne se comprend qu’en regard de Pâques. Rappelons-nous: «La joie de l’Evangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ, la joie naît et renaît toujours.»1

Malgré les violences du monde et les difficultés de la vie, nous avons reçu ce don ineffable de pouvoir se laisser sauver par le Christ. Qu’en faisons-nous alors? Pouvons-nous en témoigner dans chacun des actes que nous posons, dans chaque décision que nous prenons? Savons-nous être dans la gratitude et l’émerveillement?

«Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés, pour une espérance vivante, par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts.» (1 Pierre 1, 3)

Pape François. La joie de l’Evangile – Exhortation apostolique. 2013.

Comment être chrétien dans un monde qui ne l’est plus?

PAR LE CHANOINE PHILIPPE AYMON
PHOTO : BENOIT BRUMMER

Ne faudrait-il pas d’abord se poser la question: ce monde n’est-il vraiment plus chrétien? Qu’il y ait des régions qui ne l’ont jamais été, c’est une évidence. Mais sommes-nous bien d’accord pour dire que l’Occident, l’Europe, le Valais ne sont plus chrétiens? Ne pensons-nous pas que les reliquats culturels du christianisme font encore de notre société «un monde chrétien»?

En décembre, j’ai commis un sermon qui abordait justement cette question et dont le refrain était : « Le christianisme est mort, mais il ne le sait pas encore. » Le christianisme non pas comme foi et conviction personnelle, mais comme phénomène social. Mort, comme l’était le communisme du début des années 80, alors que l’URSS avançait par la force de l’inertie avant de s’écrouler complètement. Une inertie qui est certainement le « moteur » du catholicisme d’aujourd’hui.

Chantal Delsol, Professeure de Philosophie, a publié un livre intitulé : « La fin de la chrétienté » (Le Cerf 2021), qui dresse un tableau douloureux du fait religieux dans nos sociétés. Guillaume Cuchet, dans une interview qui traite du même sujet, a cette phrase terrible : « Les petits-enfants dans la nef, en enterrant leurs grands-parents, enterrent les derniers chrétiens de la famille. » N’oublions pas qu’il est inutile de s’en prendre à l’infirmière et de casser le thermomètre, sous prétexte que l’on refuse de reconnaître que l’on a de la fièvre !

Pour notre diocèse, la lettre pastorale de Mgr Brunner : « Rencontrer le Christ aujourd’hui », publiée en 2003, nous interpellait sur le même sujet. Comment avons-nous répondu aux réflexions de l’ancien évêque de Sion ? Vingt ans plus tard, force est de constater que la fièvre n’a pas baissé et que le malade attend toujours un remède…

N.B. : Pour aller plus loin dans la réflexion, on trouvera sur le site des paroisses de Sion (https://paroisses-sion.ch), à la page Cathédrale :

– La lettre pastorale de Mgr Brunner.

– Une brève vidéo qui est une interview de Mme Chantal Delsol.

– Une interview de Guillaume Cuchet intitulée : « Quel avenir pour le catholicisme ».

Et alors ?

PAR THIERRY SCHELLING | PHOTOS : CATH.CH / GRÉGORY ROTH, DR

«Un changement d’époque», plutôt qu’«une époque de changement», voilà le constat du pape François. L’écroulement – accéléré par le tsunami de la révélation (enfin !) des abus par le clergé – de l’institution Eglise et de ses codes est bien visible dans notre hémisphère: logiquement, moins de prêtres (même en Pologne qui s’en lamente !).

Alors soit on rafistole à coup d’«Année du prêtre», de veillées de prière pour des vocations sacerdotales et religieuses, de cybercurés (à la gamme de pertinence fort discutable d’ailleurs…), soit on change de lunettes, voire de «logiciel intérieur», et on relit: alentour (par les périphéries d’abord), le monde entier (et pas juste notre nombril centre-européen), et… l’Evangile. Et c’est plus que réjouissant!

«Le monde nouveau» promis par l’Apocalypse est déjà en route, avec le timonier François: ces milliers de jeunes engagés pour la défense des humains, des migrants, des bannis de la société, de la nature, des animaux, de la mer… ; ces milliers de femmes qui gouvernent, décident, commandent, rassemblent, bénissent, prêchent au sein de maintes communautés spirituelles et pas que chrétiennes ; etc. Ces fameux « signes des temps » invoqués déjà par Jean XXIII en 1958: ils sont là, bien visibles, inexorables! L’Eglise, c’est le «laios tou theou», le Peuple de Dieu – les laïcs! – au service du monde.

Dans quel monde vivons-nous ?

PAR L’ABBÉ JEAN-MICHEL MOIX
PHOTO : EXTRAIT DE LA REVUE CATÉCHÉTIQUE

«À LA RENCONTRE DE DIEU», TRANSMETTRE, ANNÉE 3, 2016, PP. 8-9

Nous vivons dans une société en pleine mutation, où les progrès technologiques changent notre mode de vie et promettent un avenir enchanteur… où l’homme est défini désormais comme un «objet interconnecté», où l’on parle de l’homme «augmenté».

Mais reprenons. «Hier» une révolution industrielle s’est opérée lorsque l’on a réussi à convertir de la vapeur d’eau bouillante en énergie pour faire fonctionner des trains ou des bateaux à vapeur… Par la suite, une seconde révolution industrielle s’est opérée lorsque l’on a produit une nouvelle source d’énergie : l’électricité, à partir d’une chute d’eau ou d’un moteur à explosion (pour les voitures). Puis, vint la 3e révolution industrielle avec le développement de l’informatique, des ordinateurs. A présent, nous sommes entrés dans une 4e révolution industrielle : celle de l’intelligence artificielle, celle de la numérisation, celle de la nanotechnologie (avec le développement notamment de nouveaux « vaccins »…).

Bref ! La tentation est grande de demander à la technologie ce que la foi nous faisait demander à Dieu : parvenir à l’immortalité, accéder à un bonheur (terrestre) qui rappelle l’Eden de nos premiers parents Adam et Eve…

Mais n’est-ce pas la grande illusion, le grand mensonge de notre temps ? Se passer de Dieu, vivre comme si Dieu n’existait pas, reléguer la foi dans le domaine privé, définir soi-même ce qui est bien et ce qui est mal ? N’est-ce pas une utopie vouée à la ruine, à l’échec ? Sous couvert de société parfaite ou de race supérieure, le nazisme ou le communisme s’y sont essayés et ils ont échoué… Est-ce que l’humanité a appris de ses erreurs ?

Dans la conception chrétienne du Moyen Age, il y avait la conscience que le monde dans lequel nous vivions était issu de Dieu, était Sa création, l’homme y compris. Il y avait la foi que si Dieu avait créé le monde pour l’homme, l’homme devait ensuite rapporter toute chose à Dieu. Aujourd’hui, dans un monde qui a perdu la foi, dans un monde qui se veut être connecté à tout, le drame c’est que l’homme s’est « déconnecté » de Dieu. L’homme renie son état de créature vis-à-vis de Dieu. L’homme nie ainsi sa dépendance à Dieu, oublie qu’il a besoin d’entrer en relation avec Dieu, pour l’aimer, pour le prier, pour l’adorer. L’homme contemporain qui vit comme si Dieu n’existe pas réalise ainsi la parole que Dieu adresse à l’église de Laodicée, dans le livre de l’Apocalypse : « Tu dis : – je suis riche, je me suis enrichi, je ne manque de rien – et tu ne sais pas que tu es malheureux, pitoyable, pauvre, aveugle et nu ! » (Ap 3, 17)

La tendresse du Père

Elisabeth Parmentier a pris ses fonctions de doyenne de la faculté de théologie de Genève en juillet dernier. Rencontre avec la première femme nommée à la tête de cette vénérable institution depuis sa création.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER

Elisabeth Parmentier

En tant que première doyenne de la faculté, quels sont les projets que vous souhaitez particulièrement mettre en œuvre?

Que la théologie devienne accessible et compréhensible par tous. C’est un concept que la plupart de nos contemporains ne comprennent plus, car ils ne savent pas ce que cela recouvre. Mon premier but et celui de tous les enseignants de la faculté est de montrer la pertinence de la théologie aujourd’hui dans les questions du monde. Toutes les questions qui «agitent» l’être humain touchent à la théologie.

Comment ramener la théologie au cœur de la société et ne pas la confiner aux auditoires universitaires?

On pense souvent que les facultés de théologie sont des lieux pour former des pasteurs ou des catéchètes, alors que nous nous adressons à un auditoire bien plus large. Les gens cherchent un sens au monde, à leur vie. Toute cette catégorie de personnes est en recherche de réflexion de qualité par rapport à la vie. Pour former les esprits à l’interprétation du monde d’aujourd’hui, nous proposons tout un éventail de disciplines pour montrer en quoi la théologie a toujours sa pertinence.

Pourquoi un tel besoin de sacré, aujourd’hui, dans nos sociétés laïques?
Le monde de plus en plus rationalisé, tourné vers la réflexion cartésienne et technologique, pousse l’être humain à rechercher quelque chose de plus profond. Cette quête spirituelle habite l’être humain. Les religions traditionnelles ont souvent été décevantes du fait de leur institutionnalisation. Malheureusement, ce besoin de spirituel étant souvent identifié aux Eglises, il y a rejet. Les gens pensent alors qu’il n’y a plus rien d’intéressant à rechercher dans cette direction. Les Eglises sont comme les êtres humains, avec leurs limites, mais cela n’amoindrit pas la qualité de leur message.

En tant que spécialiste de théologie féministe, quel est le rôle de la théologie dans la place accordée aux femmes ?

La théologienne a pris ses fonctions de doyenne en 2018.

La transmission du christianisme a été adaptée aux cultures en place. Pour être accepté, le christianisme a coupé le côté nouveau et révolutionnaire du message de Jésus-Christ. Dans la plupart des sociétés dans lesquelles le christianisme s’est développé, les hommes étaient dans la vie active et les femmes au foyer et il s’est accommodé à cela. Les lectures féministes des textes bibliques essaient de les relire au-delà de ce que la tradition a «enrobé» autour. En regardant vraiment les mots et les expressions utilisées, le texte est réellement plus ouvert que ce que la tradition en a fait. Elle a polarisé sur un seul aspect alors que les textes, dans leur sens premier, brisent les stéréotypes.

Que pensez-vous de l’idée de l’Eglise protestante de Genève de «démasculiniser» Dieu ?
Je pense que la question centrale est mal comprise du grand public. En réalité, il ne s’agit pas de caser Dieu dans un attribut masculin ou féminin. Dès le début de la tradition chrétienne et de l’Ancien Testament, il a toujours été clair qu’Il est au-delà de toutes les images. Ce qui se trouve derrière cette demande, du côté catholique comme protestant, est d’insister sur la relation aimante de Dieu avec les humains, avec des analogies comme la miséricorde et la tendresse, classiquement attribuées au féminin, peut-être à tort. Certaines femmes expliquent qu’être absentes du langage condamne à l’invisibilité. Il est important qu’il n’y ait pas de polarisation entre le féminin et le masculin, mais que cette diversité de langage soit présente. Et cette diversité est nécessaire, car aucune comparaison ne veut «décrire» Dieu, mais est langage de relation. Malheureusement avec des titres comme «démasculiniser Dieu» nous nous trouvons en plein dans les clichés.

Biographie express

Née en 1961 à Strasbourg, Elisabeth Parmentier est une théologienne protestante française et professeure de théologie pratique à l’université de Genève. Spécialiste d’œcuménisme et de théologie féministe, elle a pris ses fonctions de doyenne en 2018.

Eglises désertées, fidèles vieillissants, oh là là

PAR JEAN-CHRISTOPHE CRETTENAND
PHOTOS : BENOÎT GAILLARD (BENGAIL)

Au fil des messes dominicales, il m’arrive de me dire qu’il y a de moins en moins de monde à l’église, du moins que le noyau que j’étais habitué à rencontrer dans les bancs de mon église, devient de plus en plus petit. Je ne vous parle pas des messes en semaine, car à ce que j’entends il n’y a pas grand monde…

Cependant, affirmer cela sans plus de considération, c’est oublier un peu vite que depuis quelques décennies il est devenu de plus en plus courant de choisir sa célébration en fonction de son agenda. Selon les activités du week-end, les cases libres sont identifiées et on trouve alors à coup sûr un horaire de messe qui permet de satisfaire tout le monde au coup par coup. Ainsi, le noyau est dispersé, mais il n’en reste pas moins fidèle.

De même si lors d’une messe en semaine dans une paroisse voisine je me dis qu’il y a vraiment du monde ici, c’est que je ne suis pas dans ma paroisse pour faire monter le compteur.

Dernièrement, avec mon copain Xavier (Rémondeulaz pour ceux qui le connaissent), nous nous sommes fait la réflexion, à la sortie d’une célébration, que nous étions les deux plus jeunes paroissiens du jour. Si cette perspective que deux quadragénaires représentent la base de la pyramide des âges des fidèles n’avait déjà rien de réjouissant, c’est lorsque nous nous sommes rendu compte qu’à nos 20 ans nous nous faisions déjà la même réflexion que nous nous sommes dit : « Oh là là. »

Pour aller au bout de mes théories des églises désertées et des fidèles vieillissants, basées sur mes constats sporadiques, il en faut tout de même un peu plus… Afin que ces dernières soient véritablement solides, il faudrait que je sois plus régulier dans la fréquentation des célébrations de ma paroisse. De cette façon, mes statistiques personnelles seraient réellement fiables et ne m’amèneraient pas à de bien trop hâtives conclusions…

Le mouvement des Focolari

De nombreuses communautés composées de religieux ou de laïcs sont présentes en Suisse romande, comme autant de témoins de la vitalité et de la diversité de l’Eglise. Ce mois-ci, cap sur les Focolari.

PAR PASCAL ORTELLI | PHOTO: DR

Fondatrice: Jeune institutrice, Chiara Lubich (1920-2008) initie, en pleine guerre, un nouveau style de vie au service de l’unité et d’une fraternité universelle renouvelée, en s’inspirant des principes de l’Evangile, en écho avec les valeurs présentes dans d’autres religions et cultures.

Dates clés:
1943 : une première communauté démarre à Trente. Les habitants l’appellent focolare (de l’italien « foyer »), car l’amour y circule comme dans une famille. Le nom est resté;
1948 : l’écrivain et journaliste Igino Giordani devient le premier focolarino (sorte de laïc consacré) marié et un grand promoteur du mouvement à l’internationale;
1962 : le pape Jean XXIII reconnaît officiellement le mouvement;
1987 : les Focolari, par le biais de leur organisation « Humanité Nouvelle » sont reconnus comme ONG par l’ONU ;
1998 : Chiara Lubich reçoit le Prix européen des droits de l’homme.

Organisation: Le mouvement, présidé par une femme d’après ses statuts, est présent dans 182 pays. En Suisse, il compte environ 1000 membres et est en contact avec quelque 20’000 personnes. Les formes d’engagements sont variées (rassemblement de jeunes, journée de formation pour les familles et groupes locaux de partages, volontariat, etc.). Les focolarini s’engagent à maintenir le « feu » allumé et vivent en petite communauté de laïcs, tout en travaillant dans le monde et en mettant en commun ce qu’ils possèdent.

Mission: Vivre l’unité dans la diversité, en contribuant à davantage de fraternité dans le monde.

Présence en Suisse:
A Zurich s’ouvre un premier focolare en 1961 puis à Genève, Lugano et Berne.
A Baar démarre en 1975 un centre de formation qui regroupe aujourd’hui la cité pilote «Pierre angulaire».
A Montet, un centre international assure depuis 1981 la formation des jeunes qui souhaitent entrer dans un focolare.

Une particularité: En 1962, en voyant l’abbaye d’Einsiedeln, Chiara Lubich a l’idée de créer des cités-pilotes composées de maisons, lieux de travail et d’école témoignant de l’idéal d’unité du mouvement.

Pour aller plus loin: focolari.ch

« Le mouvement des Focolari, c’est… »

par Paul Legrand, focolarino à Montet

… répondre à l’appel du Christ : « Viens, suis-moi ! Laisse tout pour moi ! Vis ce que j’ai demandé : « là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » » (Mt 18, 20). Après l’avoir vécu en Italie, Belgique, Kenya, Congo, je le vis maintenant avec une centaine de personnes de 35 nations à Montet dont la moitié, des jeunes, porteront ce feu de l’Evangile vécu dans les différents continents au terme de leur année vécue ici.

La famille Williams: Ali, Dave, Abi, Jess et Ben

 

PAR ALI WILLIAMS
PHOTOS : FAMILLE WILLIAMS

Nous sommes originaires d’Angleterre et après une longue recherche afin de trouver l’endroit idéal pour notre maison de vacances, nous avons acheté un appartement à Grimentz en 2005.

A la suite de plusieurs séjours en famille ici à Grimentz, nous avons décidé de mettre de côté notre vie londonienne et nous avons déménagé de Londres à Grimentz pour une année sabbatique, en août 2008, avec nos deux filles : Abigail et Jessica, qui avaient 4 et 3 ans.

L’idée de l’année sabbatique était de passer plus de temps avec nos filles, d’avoir une vie plus calme et de réfléchir à ce qu’on allait faire dès notre retour à Londres.

Abigail a commencé tout de suite l’école enfantine à Grimentz et Jessica la crèche à Vissoie.

C’est après seulement 2 mois que nous avons réalisé que le Val d’Anniviers était l’endroit où nous voulions vivre le reste de notre vie. Nous adorions notre vie dans les montagnes. Alors, nous avons officiellement décidé de nous y établir et nous avons mis en place notre commerce « Valet d’Anniviers » – une entreprise qui offre une gamme complète de produits et de services pour les propriétaires et les vacanciers dans le Val d’Anniviers, comme le service traiteur, la gestion des résidences secondaire, etc.

En 2010, notre fils Ben est né à Sion. Notre appartement est devenu trop petit pour une famille de 5 personnes, donc nous avons loué un chalet dans le village et en même temps, nous nous sommes mis à la recherche d’un terrain pour construire une maison.

Pendant les années suivantes, nos enfants ont eu la chance de grandir dans un environnement magnifique. Ils ont pu profiter de faire diverses activités dans la région comme par exemple le ski club, le tennis, le badminton, la danse, la musique, le foot, le hockey… IIs ont tous été servants de messe, Ben l’est toujours et Jessica est lectrice ; ils ont reçu tous leurs sacrements ici, à Anniviers. Ben recevra le sacrement de la confirmation cette année. Récemment, nos enfants ont rejoint la jeunesse d’Annivers, ils ont aussi participé au camp Moyes et font partie du Team Avalanches.

Nous aimons être impliqués dans la vie de notre village et nous profitons de chaque opportunité qui nous est offerte pour y participer. Pendant les 13-14 dernières années, nous avons eu la possibilité de vendre des spécialités anglaises aux « Firongs » durant l’été mais aussi durant l’hiver aux « Fééries de Noël », nous avons aussi pu préparer le repas pour le village lors de la Fête-Dieu.

Je fais partie du Conseil d’administration du nouveau Indoor Park ainsi que du Conseil de communauté de la paroisse de Grimentz et mon mari fait partie de la chorale l’Echo de Moiry de Grimentz.

J’ai une passion pour la cuisine et j’organise des ateliers dans le cadre du Passeport vacances pour les enfants d’Anniviers. Depuis 2 ans, j’ai ouvert une petite école de cuisine pour les écoliers / écolières d’Anniviers. Mon mari m’aide souvent. Il aime le golf, les voitures et le bricolage.

Toute notre famille adore voyager. Nous profitons de vivre dans le milieu de l’Europe pour visiter des régions et des pays pas trop lointains.

Tous nos enfants sont allés à l’école de Vissoie. Ben est en dernière année de primaire tandis qu’Abi et Jess sont au lycée collège de la Planta, en 4e et 3e année.

Nous apprécions la chance que nous avons de vivre ici avec l’idée de rester ici pendant longtemps. Nous sommes en train de faire la naturalisation.

 

Jeux, jeunes et humour – avril 2022

Par Marie-Claude Follonier

Question d’enfant

Le lapin de Pâques, un symbole chrétien ?
Les mythologies de nombreux peuples ont une déesse du printemps et de la fertilité associée parfois au lapin dont la femelle peut avoir deux portées en même temps. Dans les pays germaniques, ce ne sont pas les cloches qui ramènent les œufs de Pâques, mais bien les lapins. Les enfants leur construisent un nid. Lapin, cloche ou colombe, tout se mélange et se confond pour rendre compte de l’abondance de Vie offerte par la Résurrection.

par Pascal Ortelli

Humour

Un évêque vient trouver un prêtre en mission au Cameroun. Il est très impressionné de ce que le prêtre a réalisé sur place : un immense hôpital, deux grandes écoles. Il lui demande où il a trouvé l’argent pour le financement. 
Le prêtre est gêné et préfère ne pas répondre. L’évêque, au nom de l’obéissance, lui somme de dire la vérité :
– Vous voyez ce château. Il est habité par un milliardaire qui m’a promis de payer les écoles et l’hôpital si je baptisais son chien.
– Et vous l’avez fait ? C’est inadmissible. La fin ne justifie pas les moyens !
Très en colère, l’évêque va se coucher. La nuit portant conseil, au déjeuner, Monseigneur, qui a aussi besoin d’argent pour son diocèse, s’adresse au prêtre :
– Pourriez-vous demander au milliardaire s’il envisage de confirmer son chien ?

par Calixte Dubosson

« Ni les premiers, ni les plus écoutés »

PAR THIERRY SCHELLING | PHOTO : PXHERE

Changement d’époque

Le pape François l’a répété: «Nous (L’Eglise catholique, ndlr) ne sommes plus en chrétienté, nous ne le sommes plus! Nous ne sommes plus les seuls aujourd’hui à produire la culture, ni les premiers, ni les plus écoutés.» Et cela requiert un changement de mentalité qui prend du temps et qui n’est jamais un acquis mais un devenir, un chemin. Seulement en connaissant et en aimant ce monde dans lequel nous vivons, alors nous pouvons évangéliser plus adéquatement sans faire ni les perroquets ni les bulldozers! Dans la sobriété. On est loin des ovins de Panurge!

Multiculturalité

Une deuxième caractéristique de ce monde : sa pluriculturalité, inéluctable et inhérente notamment à la vie urbaine, premier biotope où l’on constate la « déchristianisation » selon l’ancien modèle de lecture. Et François prône le dialogue avec cette diversité sous nos fenêtres, pour toucher les cœurs avant tout dans le témoignage sincère et modeste de notre foi. On est loin des processions tape-à-l’œil !

Religiosité du peuple

Enfin, François recommande une attention toute particulière à la religiosité populaire, à la façon qu’ont les gens d’exprimer spontanément leurs croyances, leur spiritualité, leur foi. Même si pas toujours correspondantes « aux normes », elles sont expressions premières et profondes dans leur cœur. C’est en les accueillant comme telles qu’on peut ensuite partir d’elles pour se (re)connecter à l’Evangile, ferment infini de conversion, même pour le plus grand mystique !

Cela rappelle un Jésus qui rencontra une Samaritaine…

La foi qui se met à l’œuvre

PAR SERGE LILLO
PHOTO : LDD

En voyant l’évolution de notre société, nous pourrions être inquiets face à l’ampleur de la mission d’être chrétien dans le monde actuel. Et pourtant, si nous nous replongeons dans le passé, nous voyons que la tâche des chrétiens a souvent été difficile; mais Dieu s’est toujours occupé de faire évoluer son peuple sous le souffle de son Esprit Saint; et comme il l’avait dit à saint Pierre: «Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle.» (Mt 16, 18)

Etre chrétien, c’est donc mettre son espérance dans le Seigneur, et avoir la foi que c’est bien Dieu qui dirige son Eglise et la fait évoluer contre vents et marées à chaque étape de l’histoire.

Mais être chrétien, c’est également agir et vivre dans ce monde en perpétuelle évolution, en imitant le Christ ; car comme le dit saint Jacques dans sa lettre : « Mes frères, si quelqu’un prétend avoir la foi, sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ? »
(Jc 2, 14)

Et imiter le Christ, c’est mettre en œuvre la loi qu’il nous a transmise : celle de l’amour ! L’amour pour Dieu et l’amour pour notre prochain. Suivre Jésus, c’est accueillir l’autre comme il est, en dépassant les divisions, les croyances ou les origines.

Le pape François nous envoie d’ailleurs ce message depuis le début de son pontificat : « Etre Peuple de Dieu, selon le grand dessein d’amour du Père, cela signifie être le ferment de Dieu dans notre humanité, cela signifie annoncer et apporter le salut de Dieu dans notre monde, qui est souvent égaré, qui a besoin d’avoir des réponses qui encouragent, qui donnent de l’espérance, qui donnent une nouvelle vigueur sur le chemin. » (Audience générale du 12/06/2013)

Bonne lecture !

En librairie – avril 2022

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

L’esprit inversif du Christ
Marc Cholin

Et si on relisait les Evangiles en observant comment Jésus introduit une inversion radicale en percevant Dieu d’abord, puis les êtres humains ? Telle est la proposition de Marc Cholin. L’auteur revisite ainsi la bonne nouvelle du christianisme avec de nombreuses formules fortes sur des passages que l’on croit pourtant connaître par cœur. Le Notre Père, l’image et la ressemblance avec Dieu, la Genèse et l’histoire de la pomme, notre rapport au temps. Le chapitre sur le pardon propose de nouvelles façons d’envisager le sacrement de la confession, plus en adéquation avec notre époque. Ce livre est un vrai régal. A conseiller à tous ceux qui ronronnent dans leur foi.

Editions Salvator

Acheter pour 27.40 CHF

Résister au mensonge
Rod Dreher

Un beau programme de lutte contre ceux que Rod Dreher nomme les « saboteurs du royaume de Dieu », qui met le lecteur en haleine du début à la fin. Un bon antidote au marasme ambiant, capable de réveiller l’ardeur et la fougue des baptisés endormis, car, prévient l’auteur, « les dissidents chrétiens ne pourront organiser la résistance que si leurs yeux se dessillent et voient enfin la véritable nature et les méthodes de l’idéologie totalitaire ». Un ouvrage pour les soirées au coin du feu.

Editions Artège

Acheter pour 27.90 CHF

Devota
Allali – Bertorello – Stoffel

A la fin du IIIe siècle, sous le règne de Dioclétien, la persécution contre les chrétiens redouble d’intensité. Tandis qu’à Rome, les chrétiens ont peur, en Corse, dans son village de Mariana, vit une jeune fille sous la protection d’Euticus, un notable converti à la religion du Christ. Mais l’arrivée du préfet Barbarus marque la fin de cette existence tranquille : notre héroïne va être arrêtée, torturée et assassinée avant que miraculeusement, son corps n’arrive sur une barque jusqu’aux rivages de l’actuelle Principauté de Monaco. Cette BD retrace la vie de cette vierge et martyre qui est à la fois patronne de la Corse et de la Principauté de Monaco.

Editions Plein vent

Acheter pour 24.70 CHF

La vie profonde 
Jean-Guilhem Xerri

Psychanalyste et coach, ancien interne des Hôpitaux de Paris, Jean-Guilhem Xerri propose depuis plusieurs années de s’intéresser non seulement à la santé physique et psychique, mais aussi à la santé spirituelle. A l’occasion de la publication de son nouveau livre, il évoque comment vivre plus intensément, plus profondément et surtout plus librement, dans le quotidien parfois morose que nous traversons.

Editions Le Cerf

Acheter pour 30.60 CHF

Pour commander

Rendre compte avec douceur (1 Pierre 3, 15-16)

PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT
PHOTO : PIXABAY

A bien des égards, en ce début du 3e millénaire, nous nous retrouvons dans la situation des premières communautés chrétiennes immergées et perdues dans une société qui allie indifférence et hostilité face à la foi et qui donne l’impression de vouloir – et pouvoir – se passer de Dieu. La petite voix de l’Evangile paraît complètement noyée et le christianisme, totalement ex-culturé (exclu de la culture).

L’invitation de la première lettre de Pierre aux chrétiens de la Rome impériale du Ier siècle, puisque tel est le contexte de l’épître pétrinienne, résonne donc avec une particulière acuité à nos oreilles postmodernes du XXIe siècle: « Soyons toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui nous habite, devant quiconque nous en demande raison. » Mais, ajoute le texte, et cela vaut également pour notre situation contemporaine, «que ce soit avec douceur et respect, en toute bonne conscience, afin que, sur le point même où l’on vous interpelle – voire calomnie – soient confondus ceux qui décrient votre bonne conduite dans le Christ» (1 Pierre 3, 15-16).

Le cadre de l’époque est entièrement marqué par les persécutions dont les communautés ecclésiales étaient l’objet de la part des autorités de l’empire et des tenants des religions païennes, car les baptisés constituaient une menace pour eux. Ces velléités d’extermination n’ont hélas pas disparu de nos jours et dans bien des endroits sur la planète, revendiquer son appartenance au Christ équivaut encore à risquer sa vie.

Reste que dans nos contrées occidentales, «l’apologétique» – c’est-à-dire l’art de proposer la foi (apo logos) à ceux qui s’en détournent ou l’ignorent totalement – prend une particulière actualité. Le terme a mauvaise presse, car il est considéré comme un plaidoyer défensif et identitaire. En réalité, il correspond au témoignage positif de celles et ceux qui ont expérimenté que vivre avec Jésus n’est pas la même chose que vivre sans lui, ainsi que le proclame l’exhortation La joie de l’Evangile du pape François (n. 266) et donc qu’il s’agit d’offrir au monde, avec délicatesse et sans prosélytisme «la diaconie de la vérité», en faisant connaître l’espérance portée par la Bonne Nouvelle.

Les gros cailloux

 

TEXTE ET PHOTOS : FAMILLE DELÈTRE SYLVIANE ET GRÉGORY

Dimanche 10h55. Les accords tonitruants de l’orgue retentissent dans l’église. La messe est finie. Le petit dernier, endormi dans mes bras, ne bronche pas. Sous un soleil radieux, le prêtre nous accueille sur le parvis avec sa bonne humeur et sa bienveillance habituelles. Il bénit le petit dormeur et m’interpelle : « Serais-tu d’accord d’écrire un article pour L’Essentiel : comment vivez-vous votre foi au quotidien ? » Et là, un temps d’arrêt.

Je me repasse le fil de la matinée. Dès le réveil, cette urgence : arriver à caser en une seule journée tout ce qui est à faire aujourd’hui, la dispute avec le cadet pour négocier un pantalon non troué, le chaos dans la maison au moment de partir
pour la messe, l’arrivée en retard, la frustration de vivre la célébration sur le parvis en raison du chahut des enfants, la liturgie qu’on peine à suivre, trop occupée à surveiller le benjamin qui tente ses premiers pas dans l’allée, mon cœur lourd des disputes du matin et des soucis professionnels. Et au milieu de tout cela, quand même, quelques mots de l’Evangile qui percent : « Heureux les doux… heureux les artisans de paix. »

En ce dimanche mouvementé, c’est Jésus qui m’interpelle sur ce parvis : toi qui cours sans arrêt après le temps, comment vis-tu ta foi, en famille et en communauté ? Où sont tes priorités ?

Dans le tourbillon de notre quotidien, nous avons quand même quelques bonnes intentions : transmettre à nos enfants une colonne vertébrale pour affronter un monde qui perd ses repères ; rendre grâce pour les merveilles en nos vies ; placer d’abord les gros cailloux dans le bocal de notre existence : l’eucharistie, la prière, la relation à Dieu, la relation à l’autre. Les graviers et le sable se glisseront dans les trous. Si nous commençons par le sable et les graviers, nous n’aurons jamais la place pour les gros cailloux. Enfin et surtout, face à nos faiblesses et nos difficultés : aller toujours puiser à l’unique source qui ne tarit jamais, l’Amour du Christ.

 

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