Dieu Père et Mère ?

Conformément au Décalogue (Exode 20, 4), les juifs ne se font aucune représentation de Dieu, contrairement à nous. Pourquoi avons-nous choisi de représenter souvent Dieu comme un vieillard barbu ? Ne pourrait-il aussi présenter des traits plus féminins ? Voyons ce que la Bible nous en dit…

TEXTE ET PHOTO PAR ISABELLE VOGT

« Me plonger en Toi comme dans les eaux maternelles. Comme un fœtus, grandir et naître de Toi ; chaque jour, à chaque heure, tirer de Toi l’existence et l’être. Joyeusement tout recevoir de Toi à chaque seconde, dans l’émerveillement et l’adoration. 1»

Un Dieu maternel

Ce cri du cœur illustre bien notre sujet du mois. Pourquoi avoir « masculinisé » à ce point un Dieu qui pourtant, à bien des égards, présente des côtés très maternels ? Ne le voit-on pas souvent « ému aux entrailles » ? Il s’agit du mot hébreu rahamim ou grec splanchnon qui exprime le sein maternel, la matrice, le cœur, les entrailles. En Jérémie 31, 20, le Seigneur dit : « Voilà pourquoi, à cause de lui [Ephraïm], mes entrailles frémissent. 2» Saint Paul reprendra cette expression de tendresse maternelle en Philippiens 1, 8 : « Oui, Dieu est témoin de ma vive affection pour vous tous dans la tendresse de Christ Jésus. »

Les symboles féminins du divin dans l’Ancien Testament

En Osée 11, 9, Dieu déclare : « … car moi, je suis Dieu, et non pas homme… » Rien ne nous empêche donc de chercher dans la Bible des symboles féminins du divin pour élargir notre vision. Commençons par la Genèse où dès le début, la présence et l’intervention de Dieu s’expriment par le mot hébreu féminin rouah, l’Esprit, le souffle, le vent. C’est donc le souffle de L’Esprit, féminin, qui est à l’origine de la Création.

La Sagesse occupe une place toute particulière dans l’Ancien Testament. Or en hébreu, tout comme en français,
il s’agit encore d’un mot féminin,
hokmah, de même qu’en grec (sophia) et en latin (sapientia). Ce n’est pas simplement une question de genre des mots, mais
il est important de relever que la figure de la Sagesse est toujours féminine.
C’est le cas également de la Shékinah
(Ex 25, 8 et Es 8, 18), expression de la présence de Dieu, « représentation du Divin féminin telle que conçue dans la tradition mystique juive […]. La Shékinah révèle à la fois Dieu comme Mère et est représentée comme la Sagesse incarnée 3 ». Saint Augustin, dans son traité sur la Trinité, parle du Père, du Fils et de l’Esprit formant une seule Sagesse.

Dieu Père et Mère

Irmtraud Fischer résume bien cette ambiguïté : « S’il n’y a plus désormais qu’une Divinité unique, elle doit réunir en elle tout […]. D’une telle Divinité, on doit pouvoir parler sous toutes les images parce qu’elle transcende toutes les catégories humaines, spécialement celles des pôles opposés. D’autre part, seule une telle Divinité, qui réunit en elle le masculin et le féminin, peut créer l’humain « à notre image », homme et femme. 4»

Pour conclure, une petite réflexion un brin provocatrice : puisqu’au fil des six jours qu’a duré la Création dans les premiers chapitres du Livre de la Genèse, Dieu a progressivement amélioré son œuvre jusqu’à créer l’homme tiré de la poussière du sol (Gn 2, 7), pourquoi ne pas imaginer qu’en créant en dernier la femme, il ait enfin atteint la perfection ?

1 Lydie Michelet-Mariéthoz, Le Visage de Dieu, 1983, Imprimerie Valprint SA, Sion.

2 Toutes les citations bibliques, © AELF.

3 Elisabeth Parmentier, Pierrette Daviau
et Lauriane Savoy (dir.), Une bible des femmes, 2018, Genève, Labor et Fides, p. 17.

4 Parmentier, Une bible des femmes, p. 20.

Au-delà des mots et du genre

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTO : DR

Ma mère n’a jamais vraiment été féministe, mais elle m’a toujours parlé de Dieu avec toutes les caractéristiques que nous pourrions attribuer (à tort ?) à une maman.

J’ai donc depuis toujours fait connaissance avec un Dieu protégeant jalousement de son aile ses petits, qui ressentait dans ses « entrailles » mes propres souffrances et reflétait tout ce que j’étais en tant que fille et ensuite femme, puisque selon les mots de ma mère «j’étais faite à son image».

Je n’ai donc jamais ressenti d’incompatibilité entre prier le « Notre Père » et concevoir un Dieu aux caractéristiques classiquement féminines, c’est-à-dire plein de tendresse et de sollicitude pour moi.

Plus que les référentiels et le langage, parfois étriqués, qui me servent à dire Dieu, l’éducation puis la relation que j’entretiens avec Lui m’ont fait découvrir qu’il est Tout Autre. Au-delà des cases que nous souhaitons (trop ?) Lui attribuer, tout en se faisant semblable à nous.

Réveiller l’espérance

Franchir le cap des angoisses, chercher un emploi, discerner la direction à donner à sa carrière professionnelle ou simplement retrouver le sens du «faire».
La Pastorale du Monde du Travail se définit comme un lieu pour réveiller l’espérance. Rencontre avec Brigitte Mesot.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : BRIGITTE MESOT,
PASTORALE DU MONDE DU TRAVAIL

«Certaines personnes viennent ouvrir leur courrier ici, car c’est devenu trop anxiogène », révèle Brigitte Mesot. Face à un marché de l’emploi de plus en plus compétitif, le chômage, la perte du sens dans l’accomplissement d’une tâche professionnelle ou des difficultés à discerner la trajectoire à donner à sa carrière, certains se sentent démunis et ne savent vers qui se tourner.
«Ces personnes nous approchent, car elles ont entendu parler de nous en paroisse, par une connaissance ou par le site web de l’ECR», détaille la responsable de la Pastorale du Monde du Travail (PMT). Les demandes sont très diverses, mais con­cernent en grande partie des questions de discernement et de sens: «Elles ne sont pas heureuses dans ce qu’elles font, et se demandent si elles pourraient l’être ailleurs…»

Brigitte Mesot décrit la mission principale de la PMT comme une vocation d’écoute et d’accompagnement. «La demande peut être soit d’ordre administratif, spirituel ou psychologique (isolement, harcèlement). Dans ce que nous proposons, il y a toujours un aspect individuel et collectif.» Pour ce faire, la PMT va, au niveau individuel, orienter les personnes dans son vaste réseau de contacts, rencontrer des spécialistes de la migration, de l’emploi, ou de l’aide sociale. Sa responsable a, par exemple, accompagné des personnes lors de rendez-vous avec des instances étatiques. Au niveau collectif, «nous proposons un groupe « Emploi »: lieu d’écoute et de partage pour des personnes en recherche d’emploi et des activités qui correspondent à une demande particulière. En ce moment, nous avons un atelier d’écriture pour retrouver la joie de rédiger. C’est toujours dans une optique de renouer avec le plaisir, quelquefois avec la prière, de discerner où l’on ressent de la joie et de retrouver du sens dans ce que l’on fait. Cela permet ensuite d’aller rechercher du travail, d’écrire des lettres de motivation ou tout autre chose de la vie courante».

«Avec ma connaissance du terrain, je me suis rendu compte que nous pouvions être complémentaires de l’Etat, en étant disponibles comme nous avons la chance de pouvoir l’être grâce à l’ECR. Pour moi, l’Eglise est là, dans cette complémentarité et cette présence. Toutefois, elle doit être présente pour ce qu’elle est. C’est-à-dire afin que chacun trouve sa place et soit reconnu. Lorsqu’on accepte que ce que chacun ressent est vrai, sans le remettre en question, qu’il est seul à pouvoir discerner ce qui est bon pour lui, alors on lui permet de reprendre sa place au sein du groupe et de la Vie.»

Au service, mais comment ?

Une chose que la Pastorale du Monde du Travail accomplit et dont on ne se rend pas compte ?
Brigitte Mesot :
Elle est là ! Un prêtre de Saint-Joseph, Thierry Schelling, parlait de la discrétion de la PMT. Il y a quelque chose de l’ordre d’une présence. Nous incarnons la certitude d’une issu de vie toujours possible ! Ce que je dis souvent, c’est que nous sommes là pour réveiller l’espérance.
Et si nous accomplissons vraiment quelque chose ? C’est par le Seigneur !
Il nous donne l’énergie d’être là, trait d’union là où il y avait rupture…

Quel « service » apportez-vous aux Genevois de manière générale ?
BM :
Une écoute et des propositions à des demandes face à des problématiques professionnelles. Ce sera peut-être d’orienter les personnes vers d’autres ressources, car le travail en réseau est crucial. L’idée qui m’est aussi vraiment chère est de pouvoir accueillir toute personne, quelle que soit sa sensibilité, du point de vue de son vécu ou de son expérience de la foi.

Dieu est-Il homme ou femme ?

PAR MARIE-FRANÇOISE SALAMIN
PHOTO : LDD

Après de longs débats sur le sexe des anges, nous voici devant une nouvelle question: Et si Dieu était une femme?
La première phrase de la Bible se traduit ainsi: Au commencement, Dieu enfanta.
Dans les Evangiles, Jésus nous parle de Dieu en disant Notre Père. Mais dans la béatitude Heureux les miséricordieux il emploie le terme Rahamim, qui suggère les entrailles maternelles de Dieu. Dieu est miséricorde, c’est sa nature d’être maternel.

Plutôt que de se creuser les méninges pour élucider ce mystère, je suggère de chercher une ébauche de réponse dans le secret de notre cœur. Dieu est Amour. Voilà notre Credo. Pour nous, qui sommes des hommes et des femmes sur terre, il y a plusieurs sortes d’amour : amour matrimonial, amour paternel, amour maternel, amour filial, amour fraternel, amitié… Cela dépend de notre situation dans une famille, de nos rencontres, de nos choix. Ces diverses sortes d’amour s’inscrivent dans un projet. La mère donne la vie, elle protège, veille, soigne, nourrit, rassure son enfant. Elle désire de tout cœur l’aider à grandir et écarter tout ce qui pourrait lui nuire…

Le père aussi veut le meilleur pour son enfant. Il représente l’autre, celui qui va élargir le couple fusionnel mère-enfant, celui qui lui donne un nom, une place dans une famille, qui va l’ouvrir au monde… Il en va de même pour toutes les sortes d’amour. Le projet d’un frère ou d’une sœur est différent de celui qui se tisse avec un ami. On pourrait en parler longuement.

Eh bien, justement ! Dieu est pur amour. Il rassemble tous ces projets que nous expérimentons, et bien d’autres encore, dans son amour pour chacun de nous. Il ne peut pas se restreindre à une seule façon d’aimer. Il est à la fois infiniment père, mère, ami et bien plus encore ! Il nous aime d’une façon totale et parfaite. Il désire le bien, le meilleur, le bonheur infini, la vie éternelle pour chaque être humain.

Un jour, mon fils alors âgé de 8 ans, me demanda comment c’était le ciel. Je ne sais plus bien ce que je lui ai répondu, mais j’ai tenté de lui parler de l’amour infini de Dieu et de son désir de bonheur pour chacun. Et mon petit homme a conclu ainsi: Ce sera plein de bonnes surprises ! Plein de bonnes surprises ! Je me réjouis !

Avec la même confiance, la même joie, ouvrons-nous à toutes les bonnes surprises qui nous attendent…

Dieu au féminin : cinq témoignages

En complément au dossier de la Rédaction romande de L’Essentiel sur le thème «Dieu au féminin» (lire au centre de ce journal), nous avons demandé aux représentantes féminines de l’équipe pastorale et de notre rédaction paroissiale de dire en quoi le fait d’être une femme influençait leur façon d’agir en Eglise. Cinq femmes ont accepté de s’exprimer. Leurs témoignages ci-dessous et ci-contre.
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Dieu au féminin

Récemment dans l’Eglise évangélique-réformée de Genève, le débat autour de la question du genre de Dieu s’est envenimé.

Il suffit de coupler ces deux mots pour, souvent, déchaîner l’ire des uns, le rictus des autres. Quand on ne nous traite pas de «féministe» ou, au contraire, de «misogyne». C’est bien que le bât blesse quelque part… Posons quelques arguments, calmement.

PAR THIERRY SCHELLING | PHOTOS : DR

Qu’il soit bien clair : le Dieu révélé par Jésus-Christ n’est ni homme ni femme, mais à la fois tous les deux, et, mieux, les deux ensemble, sans être réductible ni à l’une ni à l’autre ! Car Dieu est Dieu… mais pas éloigné ou indifférent à sa création : l’univers, le minéral, le végétal, l’animal, dont l’expression chérie par Dieu est ce vis-à-vis tant désiré et intime : l’être humain, à qui Dieu a tout confié de sa création, et qui est chemin vers Dieu 1.

Sacré Zeus !

La mythologie grecque s’en est donné à cœur joie pour personnifier le panthéon des divinités sous les traits d’hommes, de femmes et d’animaux, pour les rendre visibles (efficaces ?). Ces anthropomorphismes sont inévitables, car on ne peut pas parler de Dieu sans utiliser un langage… humain, qui peut prendre moult formes : parabolique (les fameux « comme » dans les évangiles, Dieu est comme une femme qui, comme un homme qui), métaphorique (Dieu est un semeur, « Notre Père », une mère qui rassemble ses petits), etc.

Problème de langue

Le langage est un inévitable moyen pour visualiser… l’invisible. Tout le monde comprend le mot « courage » mais comment le définir si ce n’est par une périphrase : « le courage, c’est quand on ressent que, c’est comme… » ? Comme tout moyen, le langage est partiel et partial ; il est à apprendre et à utiliser pour communiquer et il est relatif: au vu des milliers de langues dans le monde, comment prétendre qu’une seule d’entre elles – le latin, le grec, le chinois ? – saurait épuiser ce que l’on pourrait dire de Dieu ? Les traducteurs émérites le savent bien : il y a des mots intraduisibles… Et traduttore traditore 2 !

L’art chrétien a figé la représentation de Dieu comme un homme barbu et grisonnant.
La Mère de Dieu et l’enfant, à Istanbul. Mais la Vierge n’est pas le pendant féminin de Dieu.

De plus, l’art chrétien a exclusivement figé la représentation de Dieu comme un homme barbu et grisonnant : tout le monde a en tête le « Jugement dernier » de la chapelle Sixtine. A relever en passant une certaine confusion visuelle de ce Dieu-là avec les images de… saint Joseph !

De plus, la mariolâtrie – le culte excessif rendu à Marie – a exposé une femme à notre vision, compensant quelque part la « phallocentrie » de Dieu par l’abondante illustration de la Vierge – mais Marie n’est pas son pendant féminin 3 !

Dieu est humain

Il n’empêche, et homo factus est, affirme le dogme chrétien : « Dieu s’est fait être humain », Mensch, diraient les germanophones. Même si nous affirmons que le Christ est le Fils de Dieu, donc un mâle – et il y a peu de doute sur cela ! –, Dieu devint homo (sic !), être humain que Dieu a créé « mâle et femelle… à son image et à sa ressemblance » selon Genèse 1. C’est bien que les deux sexes, chacun pour soi et ensemble, sont les représentations les plus proches de ce qu’est Dieu, sans rivalité entre eux, mais plutôt en dialogue.

Deux articles

Au contraire de l’allemand, nos langues latines ont abandonné l’article neutre des origines, pour ne garder que le masculin et le féminin. En hébreu, l’appellation Elohim pour parler de Dieu est… plurielle ! Il y a donc une variété d’usages due à la grammaire, mais en français, on ne peut dire que « il » ou « elle » pour parler de Dieu, depuis que cette langue a été reconnue comme vernaculaire (sous François Ier, roi de France de 1515 à 1547). Et une société patriarcale a vite fait son choix !

Une Bible en version inclusive.

Option des sexes

Récemment 4 dans l’Eglise évangélique-réformée de Genève, le débat autour de la question du genre de Dieu s’est envenimé de manière impressionnante, voire écœurante… avant même d’avoir commencé la réflexion sur les arguments de tout bord. Cette virulence est-elle l’effet post-Covid où l’impatience est à bout après avoir trop tiré sur nos cordes existentielles depuis deux ans ? Gageons que non. Car les « détracteurs » déraillent avant même que le train ne soit parti de la gare, en exprimant une véhémence qui nécessite de s’interroger paisiblement sur leurs raisons. Pourquoi ? « Cela me gêne à l’oreille », entend-on dire de qui peine avec le féminin utilisé pour Dieu. Est-ce un problème auditif par inhabitude ?

Dieu est belle

Et pourtant, Dieu est aussi femme, Elle est « Notre Mère qui es aux cieux », Elle est féminine, car matricielle 5. Et l’on peut lister nombre de métaphores pour « émasculer », l’espace d’une réflexion, le Dieu mâle qui caractérise notre société et nombre d’Eglises chrétiennes. Car le christianisme est la religion de l’Incarnation humaine par excellence, « Et le Verbe s’est fait chair ». C’est que tout l’humain traduit, transmet, illustre, véhicule le Dieu de Jésus-Christ.

Femme tout simplement…

Alors, on relit d’une part la Bible – compilation de 10 siècles d’écritures tout de même ! – et de l’autre, l’histoire de nos sociétés humaines et notamment de la place de la femme dans celles-là 6. Et on peut découvrir des pistes, des icônes, des témoins, des narratifs où Dieu est aussi… féminin ! N’est-ce pas leur non-usage ou leur oubli qui les a fait passer à la trappe ? Par exemple, le féminin rouah, notre Esprit saint ; l’intriguante présence au côté du Créateur de hokmah, la Sagesse dans le Livre du même nom ; la shekinah, présence de Dieu au milieu de son peuple tout au long de son Exode ; Dieu qui accouche de son peuple dans le Psaume 127… Il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas accorder à ces métaphores leur part féminine intrinsèque, en parfaite équivalence des « Notre Père » et autre « Seigneur des armées » bien testostéronés !

Témoins

Des femmes mystiques ont prié Dieu au féminin : Dieu ma Mère véritable (Christina de Markyate), Dieu est tout autant notre Mère que Dieu est notre Père (Julienne de Norwich). Ont-elles été excommuniées ? Non. Et le bienheureux Jean-Paul Ier de conclure : « [Dieu] est papa, plus encore, Il est mère » (Angélus du 10 septembre 1978). So what ?

Dans l’Eglise anglicane, les femmes peuvent devenir prêtres et évêques.

Selon le titre d’un ouvrage de G. Daucourt (et al.), Dieu, chemin vers l’homme ; l’homme, chemin vers Dieu, Parole et Silence, Paris, 2006, qui relit le document du Concile Vatican II Gaudium et Spes.
Proverbe italien : un traducteur est un traître !
C’est un point dénoncé dans le Coran quant à notre « hérésie trinitaire » !
Article de L.Vuilleumier dans Le Temps, 16 janvier 2022.
Dans la Bible, la compassion de Dieu s’image par le mot rahamim, les entrailles maternelles.
Cf. A.-M.Pelletier, L’Eglise et le féminin. Revisiter l’histoire pour servir l’Evangile, Paris: Editions Salvator, 2021.

Stabat Mater

PAR THIERRY SCHELLING

L’œuvre de Pergolesi chantée dans notre église. Emouvante et tellement… actuelle !

Stabat Mater, «la mère se tient debout». Marie au pied de la croix, comme ces mères et ces épouses et ces fiancées et ces petites amies et ces filles qui tiennent debout malgré les outrages des hommes, les ravages de la guerre, la honte du mariage forcé ou de l’infibulation, le désastre du viol, la plaie de la misogynie… Oui, Stabat Mater dolorosa.

Iuxta crucem lacrimosa, « à côté de la croix, pleurant ». Marie pleure à côté de son Fils moribond, comme ces mères et ces sœurs qui ont vu leurs maris, leurs frères, leurs époux, leurs amis mourir, l’arme à la main, dépérir parce qu’en prison, disparaître parce que cherchant un avenir meilleur ailleurs. Et ils n’en reviennent pas vivants, entiers, apaisés… Oui, iuxta crucem lacrimosa.

Dum pendebat Filius, « pendant que le Fils pendait [au bois de la croix] ». Marie contemple l’ineffable, l’impensable, l’irréel, presque : la chair de sa chair, le fruit de ses entrailles, l’expression de son amour de Dieu et pour Joseph, l’héritier de sa douceur et fermeté… son Fils qui se meurt, cloué alors qu’innocent. Un parent ne devrait pas voir sa progéniture mourir, et pourtant : les enfants abusés, ou malades, ou accidentés à vie, ou handicapés, ou orphelins, ou soldats, ou prostitués de force… Oui, dum pendebat Filius.

Victoire, le Christ mort est ressuscité, le Christ est vivant… grâce à une femme, Marie, et à une autre, première témoin, Marie-Madeleine…

Chez elles au Castel…

Elles visitent les habitants, leur apportent la communion, les accueillent à la chapelle, les saluent lorsqu’elles les croisent dans la maison que leur congrégation a fondée en 1954. Mais qui sont donc les Sœurs du Castel Notre-Dame? Petites mains de l’âme, nos sœurs: Anne-Françoise, Verena ont accepté de partager ce qui les anime et les grands traits du chemin qui les a conduites jusqu’au Castel!
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Les femmes de la Bible

La Bible est un ensemble de textes racontant l’action de Dieu dans l’histoire de son peuple et dans l’Eglise. Nous y rencontrons la destinée de très nombreuses personnes – des hommes célèbres mais aussi des femmes connues ou moins connues.

PAR EMMANUELLE BESSI | PHOTOS : LDD

Esther
Esther Image tirée de: Esther (Bible) – Wikipédia (wikipedia.org)

Parmi les femmes les plus connues de l’Ancien Testament, il y a bien entendu Eve – première femme mentionnée dans la Bible (Gn 2-4). Nous trouvons aussi les femmes légitimes des patriarches : Sarah, la femme d’Abraham (Gn 12-23), Rebecca, la femme d’Isaac (Gn 24-27), ainsi que Léa et Rachel, les femmes de Jacob (Gn 28-36). D’autres épouses moins connues sont citées, comme Asnath, la femme de Joseph (Gn 41,45) ou encore Cippora, la femme de Moïse (Ex 2, 21). En dehors des « épouses de », on trouve des femmes intéressantes comme Rahab, prostituée de Jéricho qui protège les espions des Hébreux et facilite la prise de la ville et du pays par Josué et ses combattants (Josué 2), ainsi que Déborah, prophétesse et juge d’Israël qui mène les armées à la guerre et vainc l’ennemi (Jg 4-5).

La rencontre de Marie de Magdala et de Jésus au tombeau
La rencontre de Marie de Magdala et de Jésus au tombeau. Image tirée de: Marie de Magdala – Wikipédia (wikipedia.org)

Trois livres bibliques portent d’ailleurs des noms féminins. Il y a le livre de Ruth où Ruth (jeune veuve de Moab et sa belle-mère Noémie rentrent à Bethléem) devient l’épouse de Booz. Dans le livre de Judith, Judith (jeune et belle veuve de Béthulie) arrive à éviter une invasion en séduisant le Général Holopherne assiégeant sa ville ; elle profite de l’ivresse de ce dernier pour le décapiter et libérer ainsi la Judée des Babyloniens. Quant au livre d’Esther, Esther (jeune juive exilée avec le peuple juif à Babylone et qui devient la favorite du roi Assuérus) parvient à faire annuler le décret d’extermination des juifs. D’autres femmes sont encore mentionnées dans l’Ancien Testament comme : Anne la mère de Samuel (1 S 1-2), ou Sara la maudite, qui perd tous ses maris lors de ses nuits de noces (Tobie 3 et 7-8).

Dans le Nouveau Testament, les femmes sont aussi très nombreuses. La figure la plus connue est, bien entendu, Marie la mère du Christ, présente dans les quatre Evangiles et au début des Actes des Apôtres. La seconde femme dont il est question dans les Evangiles est Elisabeth (Lc 1, 39-80), puis on trouve Anne, qui prophétise sur l’enfant Jésus venant d’être présenté au Temple (Lc 2, 36-38). Nous y rencontrons aussi Marthe et Marie, les sœurs de Lazare (Lc 10, 38-42 / Jn 11, 1-44), Marie de Magdala – la femme la plus citée du Nouveau Testament, qui resta auprès de Jésus durant son ministère public, à la croix (Mc 15, 40-47) et lors de sa résurrection (Jn 20, 11-18).

On trouve encore des femmes dont le nom n’est pas connu, comme la Samaritaine (Jn 4, 4-29), la fille de Jaïre que Jésus ramène à la vie (Lc 8, 40-56), la femme adultère (Jn 8, 1-11), la pécheresse qui verse un parfum précieux sur les pieds de Jésus (Lc 7, 36-50).

Femmes de la Bible, les Cahiers de l’ABC-9, Edition Saint-Augustin, 2021, 387 p.

N’oublions pas les femmes présentes dans le reste du Nouveau Testament comme Tabitha, que Pierre ressuscita (Ac 9, 36-43), Marie mère de Jean surnommé Marc, qui mit sa maison à disposition de l’Eglise (Ac 12, 12), Priscille, épouse d’Aquila qui a soutenu Paul, (Ac 18) ou Evodie et Syntché, deux femmes ayant eu une querelle dans l’Eglise de Philippe (Ph 4, 2-3).

La liste n’est assurément pas exhaustive, mais si vous voulez en savoir davantage sur quelques grandes figures féminines de la Bible, je vous suggère la lecture de l’ouvrage ci-dessous :

Covid: une «expérience» mondiale pour quel avenir?

Le Covid et sa cohorte de restrictions me sont apparus comme une expérimentation mondiale d’étude des comportements face à une menace. Cela peut conduire à plus de soumission à une autorité sous le contrôle «scientifique» d’experts ou, au contraire, réorienter notre avenir vers plus d’humanité. Jusqu’où tiendra notre monde?
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Les visages féminins de la Bible

Dieu au féminin. Les figures féminines de la Bible. Quelle femme des récits bibliques vous a marqués? Etonnés?Voilà la question posée à plusieurs personnes. La variété de leurs réponses nous invite à nous replonger dans ce livre saint pour redécouvrir ces femmes du peuple de Dieu.

PHOTOS : MARIE-PAULE DÉNÉRÉAZ, DISTANT SHORES MEDIA/SWEET PUBLISHING,
CC BY-SA 3.0 VIA WIKIMEDIA COMMONS, EVANGILE-ET-PEINTURE.ORG,
PEINTURE DE BERNA, DISTANT SHORES MEDIA / SWEET PUBLISHING,
CC BY-SA 3.0 VIA WIKIMEDIA COMMONS

Illustration biblique du Livre d’Esther

Par Méloée, 10 ans

Parmi les femmes de la Bible, c’est à Marie que je pense tout de suite, mais il y en a beaucoup d’autres que j’admire, comme Esther qui est vraiment un modèle. Elle est très croyante et très sage et même si elle se marie à un roi perse, elle n’oublie pas le cousin qui l’a élevée, ni ses origines juives. Elle est rusée et intelligente et sauvera les Juifs du complot d’Haman qui voulait les exterminer. Elle est très discrète mais aussi très courageuse, comme beaucoup de femmes de la Bible. En fait, on en parle moins que des hommes mais elles ont énormément de qualités et surtout, j’ai l’impression qu’elles font confiance à Dieu alors que les hommes doutent beaucoup et veulent toujours des preuves.

Par Marlyse, env. 60 ans

Marie-Madeleine est chère à mes yeux car elle est la témoin de la Passion du Christ, elle était présente au pied de la Croix. Elle est témoin aussi de sa Résurrection, elle était au tombeau avec l’autre Marie, lorsque l’ange prit la parole et dit aux femmes : « Ne craignez point, vous : je sais bien que vous cherchez Jésus, le Crucifié. Il n’est pas ici, car il est ressuscité… toutes émues et pleines de joie, elles coururent porter la nouvelle à ses disciples. » (Mt 28, 5-8) Jésus, en lui accordant le privilège de la vision, lui a donné une connaissance parfaite du kérygme 1 et permis ainsi non seulement d’entrer elle-même dans le mystère mais d’y inviter les autres.

Kérygme: mot issu du grec ancien qui signifie proclamation, message. Pour les chrétiens, c’est le contenu essentiel de la foi en Jésus-Christ annoncée et transmise aux non-croyants par les premiers chrétiens.

Par Hélène, 40 ans

Marie-Madeleine a souvent été réduite à une femme pécheresse repentie, mais elle est bien plus que cela. Jésus ne stoppe pas son désir brûlant d’amour infini, mais il le réoriente. Elle est pure ouverture à Dieu. Elle est là au milieu des disciples, elle est là au pied de la Croix, elle est là comme premier témoin de la résurrection. Quel privilège pour elle, à qui Jésus demande d’être missionnaire : « Va trouver mes frères. » (Jean 20, 17) Le Seigneur, loin d’avoir peur d’elle, est proche d’elle par le cœur, et il la révèle comme une femme de lumière, de foi, de fidélité aimante. Il fait d’elle l’apôtre des apôtres, « sentinelle de l’invisible » (saint Jean-Paul II). Elle incarne pour moi une femme inspirée, initiatrice, qui brûlait d’un tel feu que rien ne l’apaisait ; sauf la source de l’Amour.

Marie-Madeleine au pied de la croix, église de Chamoson.
Illustration biblique du Livre de Ruth.

Par Régis, 57 ans

«Tu entends, n’est-ce pas ma fille? Ne va pas glaner dans un autre champ, ne t’éloigne pas d’ici, mais attache-toi à mes servantes.»

Ce passage est tiré du livre de Ruth, chapitre 2, v. 8-9. Voici une femme qui vit hors d’Israël, comme moi d’ailleurs, et qui va se déplacer sur Israël.

Ne suis-je pas moi aussi loin des chemins de Dieu? Dois-je être si loin, pour que Dieu me visite? Fais-je souvent un acte qui plaît à Dieu, et encore, lequel! Combien de fois vais-je vers Dieu chercher des réponses! De quelle humilité suis-je fait? D’un instant ou de 40 ans? Suis-je fidèle à Dieu, ou bien est-ce que je reste attiré par le monde? Ce monde dont Jésus dira: «Je ne suis pas de ce monde.»

Par Greg, 47 ans

Parler d’une figure féminine de la Bible ? Deux me viennent spontanément à l’esprit : Elisabeth et Marie. L’image d’une famille solidaire et aimante. Apprenant la grossesse et pensant au besoin d’aide de sa cousine Elisabeth, Marie s’élance sur les chemins de Palestine pour la rejoindre, l’aider et la soutenir. Elisabeth devient la confidente du secret de Marie, beau témoignage de confiance entre les deux femmes. J’aime l’image de ces deux cousines qui, au-delà de leur différence d’âge, partagent la joie de leur grossesse et se réjouissent ensemble de ce beau projet de Dieu pour elles.

Marie rend visite à Elisabeth

Le dynamisme de Crossfire

A tour de rôle, des jeunes de divers cantons romands profitent de cet espace de liberté pour évoquer un sujet qui les intéresse. Au tour du Fribourgeois Matteo Antunno de prendre la plume.

PAR MATTEO ANTUNNO | PHOTO : DR

Je m’appelle Matteo Autunno et j’ai 21 ans. J’étudie les mathématiques à l’EPFL et j’habite à Grolley, dans le canton de Fribourg. J’ai été servant de messe et sacristain dans la paroisse de mon village et désormais je suis animateur pour le parcours de confirmation dans l’unité pastorale Sainte-Trinité. Aujourd’hui, je souhaite vous parler d’un projet qui me tient tout particulièrement à cœur : le festival Crossfire de Belfaux.

Il s’agit d’un mini-festival lancé par des jeunes confirmés de l’unité pastorale Sainte-Trinité qui a eu lieu pour la première fois en juin 2018. Une deuxième édition était initialement prévue en 2020, mais elle a été reportée deux fois à cause du Covid ; elle aura finalement lieu le samedi 11 juin 2022. Je fais partie du comité d’organisation depuis 2019 et je suis aujourd’hui le coordinateur adjoint de cet évènement. A quelques mois de cette nouvelle édition, une tournée de messes Crossfire a débuté dans différentes unités pastorales du canton de Fribourg, l’occasion de donner un léger avant-goût du festival.

Ces messes Crossfire sont des rencontres vécues dans l’esprit du festival : une messe dynamique et animée musicalement, des moments de convivialité à la sortie de l’église, voire une partie dansante avec le DJ du festival pour une soirée festive. Rejoignez-nous à ces différentes messes pour découvrir une partie de l’ambiance du festival !

Bien entendu, le principal est le festival Crossfire lui-même. Un festival ouvert à toutes et tous, organisé par les jeunes et pour les jeunes. L’esprit festif et convivial régnera durant toute la journée, dès l’après-midi et jusqu’à tard dans la nuit. Une journée qui fera écho avec ce qui est vécu en partie lors des messes Crossfire. Diverses animations ludiques, un témoignage et la messe célébrée par Mgr Alain de Raemy, l’évêque des jeunes, marqueront la première partie du festival. Ensuite, il y aura la possibilité de se restaurer à des food-trucks, puis des animations par des artistes locaux tant en danse qu’en chant et en musique. Enfin, en soirée, il y aura le concert du groupe français de pop-louange Hopen, suivi par DJ The Docteur. Un programme idéal pour se rassembler autour des valeurs humaines et spirituelles, pour vivre la joie chrétienne !

Il ne me reste plus qu’à vous dire : rendez-vous à Belfaux le samedi 11 juin prochain !

La compétitivité : un broyeur pour la jeunesse actuelle ?

Dès l’école primaire, les enfants comprennent qu’être performant n’est pas facultatif. Il semble qu’exiger des enfants et des jeunes le meilleur d’eux-mêmes soit insuffisant! A l’image de notre société et du monde économique et professionnel actuels dont les milieux éducatifs sont l’antichambre, la formation serait-elle devenue un lieu de torture? Et au service de qui, de quoi? Les souffrances semblent être énormes autant que méconnues. Certains étudiants décident parfois de mettre fin à leurs études et à changer complètement de voie.
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Lorsque Dieu parle au féminin

PAR DANIÈLE CRETTON-FAVAL | PHOTO : DR

Lorsque Dieu parle au féminin, c’est le retour à l’émerveillement de cette relation géniale, cette force oubliée, qui est en chaque femme. Oui, la femme est la préférée de Dieu, c’est là qu’il se dévoile le mieux. Il l’a nommée «femme» et appelée toutes les fois que Sa Création en avait un urgent besoin, au risque d’être anéantie.

Une vraie rencontre avec Dieu permet de creuser en nous des possibilités dans la complémentarité. N’est-elle pas la « femme » celle qui donne vie, celle en qui Dieu a confié le devenir de sa Création, sa co-créatrice.

Première rencontre : Eve, à qui il a confié un rôle magistral de mère de tous les humains. C’est énorme comme responsabilité. Et tout au long de la vie, déjà dans l’Ancien Testament où Dieu fait appel à la « femme » lorsque son peuple en a besoin. Pensons, ici, à Sarah, qui malgré son grand âge, donne naissance à Isaac étayant la descendance d’Abraham. Voyons, ici, la mère de Moïse, qui, en sauvant son fils Moïse de la mort, sauve le peuple hébreu voué à l’extermination.

Et n’oublions pas Esther et Judith et tant d’autres survenues, là où il fallait pour éloigner la catastrophe, la destruction de son peuple juif, lorsque tout était perdu. Et tout au long de l’histoire biblique, que ce soit dans l’A.T. et le N.T., on comprend la valeur de la rencontre de la « femme » envoyée par Dieu pour assainir une situation désespérée, en insufflant à sa co-créatrice des chemins inattendus, audacieux et salvateurs.

D’ailleurs, les Evangiles nous exposent la relation respectueuse qu’avait Jésus avec les femmes. Il les considérait comme des partenaires d’égal à égal, capables de croire et de suivre sa Parole et d’exécuter avec amour leur mission. Chaque fois que Dieu entend la misère et les cris angoissés de son peuple, il confie le sauvetage à la « femme ».

Dans les Evangiles, nous pouvons suivre pas à pas des femmes aux moments clés de la vie de Jésus, et faire des découvertes qui nous permettent de creuser en nous des possibilités oubliées. Regardons Marie, la première en chemin, la mère du Fils de Dieu, Jésus, qui par son oui, a été à ses côtés tous les jours, et plus tard, avec Marie-Madeleine, fidèles et confiantes au pied de la croix. Elles ont cru subito à sa Résurrection, tandis que les apôtres étaient anéantis devant l’ampleur de la Croix.

Poursuivons avec la Samaritaine, on comprend la valeur de cette rencontre, qui créa des chemins d’évangélisation chez les siens. Avec la Cananéenne, nous apprenons qu’il faut persévérer dans la prière, et ne pas avoir peur de casser les oreilles du Seigneur pour lui confier ceux que l’on aime. Et avec le message de la pauvre veuve qui glisse dans le tronc, ses deux sous. Pour Jésus, le cœur de cette femme est plus précieux que tout.

Avec Marthe et Marie de Béthanie, les amies de Jésus, qui l’ont accompagné dans sa marche vers sa passion à venir.

Dans la Bible, il y a un nombre impressionnant de femmes qui ont œuvré pour Dieu. Il faudrait des pages pour développer ces chemins au féminin. Mais le plus surprenant, c’est Marie mère de Jésus, qui est venue des milliers de fois, par ses apparitions, nous annoncer L’INOUï de l’amour de son Fils pour nous son peuple. Oui, la « femme » est bien la préférée de Dieu. Ne n’oublions pas qu’IL créa l’homme et la femme complémentaires pour le bien de l’Univers. Dieu ne serait-il pas le premier féministe ?

Les carmélites

De nombreuses communautés composées de religieux ou de laïcs sont présentes en Suisse romande, comme autant de témoins de la vitalité et de la diversité de l’Eglise. Ce mois-ci, cap sur les carmélites de Develier.

PAR PASCAL ORTELLI | PHOTO : DR

Nom officiel : Ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel.

Sigle : O.C.D. pour ordre des Carmes déchaux.

Date de fondation : 1562 pour la réforme de l’ordre menée par sainte Thérèse d’Avila (1515-1582) et saint Jean de la Croix (1542-1591). Pour marquer leur différence avec les carmes de l’antique observance (O. Carm), ils allaient pieds nus dans leurs sandales, d’où leur nom de déchaux.

Origine : Vers la fin du XIIe siècle, en Palestine, des ermites se regroupent sur le Mont Carmel à l’instar du prophète Elie. Au retour des croisades, le carmel se répand en Occident avec une branche féminine attestée dès le XVe siècle.

Devise : « Je suis rempli d’un zèle jaloux pour le Seigneur Sabaot ! Il est vivant le Seigneur devant qui je me tiens. » (selon les mots d’Elie tirés du Premier livre des Rois).

Habit : Une tunique et un scapulaire de couleur marron avec un voile noir.

Mission : Etre prophète de feu à la suite d’Elie, c’est-à-dire mettre Dieu au centre de sa vie en accordant une grande place à l’oraison, prière silencieuse où on lui parle comme à un ami.

Présence en Suisse romande : 
Le carmel de Develier est le plus jeune couvent de Suisse. Après une histoire mouvementée allant de Marseille à Middes (FR), les moniales se sont établies dans le Jura en 1980. 
Il existe une autre communauté de carmélites au Pâquier.

Une particularité : A Develier, un couvent à l’architecture résolument moderne dédié
à Notre-Dame de l’Unité, tout un symbole pour le Jura !

Pour aller plus loin : visitez leur site web mocad.ch

« Un carmel, c’est… »

par une carmélite de Develier

« Un espace de liberté où l’Esprit Saint façonne une communauté de sœurs appelées à s’aimer dans la joie, en grandissant dans l’amitié du Christ, sous le manteau de la Vierge Marie. Filles de l’Eglise, désireuses de voir le Seigneur connu et aimé de tous, leur vie de prière qui se déploie dans une existence des plus ordinaires (travail, solitude, rencontres fraternelles, détente…), rejoint par sa nature même, le cheminement de tous les hommes en quête de vie et de bonheur. »

La difficile gestion des abus en Eglise

PAR JEAN-PASCAL GENOUD | PHOTO : DR

On croyait ce genre d’épreuves réservées aux autres. On a vu récemment l’Eglise de France, ou encore le diocèse de Fribourg, en être profondément ébranlés. Et nous voici tout à coup touchés de près. L’affaire concerne notre Congrégation de chanoines et nos paroisses, impliquant des personnes que nous avons pu connaître et même hautement apprécier. J’ai entendu beaucoup de réactions critiques : « Pourquoi faire remonter ces affaires au grand jour ? N’y a-t-il pas un travail de sape d’une presse qui serait intéressée à ternir l’image de l’Eglise ? »

Je trouve pour ma part beaucoup plus intéressant le point de vue contraire de notre prévôt Jean-Michel Girard, déclarant, non sans une étonnante audace : « Malgré les profondes blessures causées par ces révélations, je suis content que la lumière puisse être faite. » Il fallait oser le dire !

En fait, on n’y comprend rien dans cette affaire si l’on ne prend pas ce virage pris en Eglise, sous l’impulsion du Pape lui-même, qui consiste à partir des victimes de ces cas tragiques d’abus spirituels ou sexuels. C’est en accueillant le long et exigeant travail intérieur, souvent sur plusieurs décennies, d’accès à la parole que notre point de vue peut changer du tout au tout. « La vérité vous rendra libres. » (Jn 8, 32)

A partir de là, reste ouverte la question de savoir comment réagir. Entre un premier temps de refus de ce qui nous paraît impossible ou invraisemblable et un deuxième temps de sidération devant ce qui s’impose comme un mal inconcevable, il nous faut pourtant faire face au réel avec toutes les ressources de la foi et de l’humanité. La foi, avec ce qu’elle nous donne comme certitude de la victoire du Christ sur le mal. L’humanité, avec la conscience humble de notre compréhension partielle de choses qui nous dépassent et avec la confiance qu’à force de paroles vraies, cette épreuve nous purifiera et nous simplifiera. Que toute l’Eglise en sera transformée pour être mieux à l’image de son Sauveur et Seigneur.

Notre P∙M-ère qui es au C.iel…

PAR L’ABBÉ DAVID RODUIT
PHOTO: GETTYIMAGES VINCENZO PINTO

En ce temps où certains veulent combattre le patriarcat jusque dans le langage et l’écriture, convient-il encore d’appeler Dieu notre Père, comme nous l’a enseigné Jésus ? Le christianisme ne se montre-t-il pas affreusement sexiste, machiste?

Il faut affirmer d’emblée que Dieu n’est bien sûr pas sexué… Il n’est ni homme ni femme. Ajoutons également que les mots n’arriveront jamais à contenir entièrement le mystère du Dieu vivant qui déborde ce que nous pouvons penser et dire de Lui.

En s’adressant à son Père, Jésus a repris un des attributs que le peuple de la Première Alliance conférait à son Dieu, même s’il est utilisé chez lui de manière très intime, absolument inhabituelle : « Abba, papa ! » Relevons également que le Christ qui s’est fait notre frère se reçoit quant à son origine d’une mère humaine, la Vierge Marie, ainsi que d’un Père des Cieux.

Mais, dans la Première Alliance, Dieu se révèle aussi comme mère. Ainsi peut-on lire par exemple chez le prophète Isaïe : « La femme oublie-t-elle son nourrisson, oublie-t-elle de montrer sa tendresse à l’enfant de sa chair ? Même si celles-là oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas ! »
(Is 49, 15)

Sans parler du fameux terme « rahamim » qui évoque le sein maternel, l’utérus, et qui est employé en lien avec Dieu, notamment chez le prophète Jérémie : « Ephraïm est-il donc pour moi un fils si cher, …, que mes entrailles s’émeuvent pour lui, que pour lui déborde ma tendresse ? » (Jr 31, 20)

Cet amour de Dieu qui le touche là où il a porté son enfant et qui désire lui redonner vie se retrouve aussi dans le Nouveau Testament, par exemple dans la parabole du fils prodigue où se dévoile la Miséricorde du Père. Rembrandt l’a très bien compris, peignant le visage du Fils appuyé sur le sein du Père, et attribuant à ce dernier une main masculine et une main féminine.

Pas besoin de vous peindre un autre tableau : Dieu est un Père qui nous aime comme une mère !

Les différents visages de l’Amour

Dans cette rubrique, L’Essentiel propose aux Evêques des diocèses de Sion et de Lausanne-Genève-Fribourg, à l’Abbé territorial de Saint-Maurice et à leurs représentants de s’exprimer sur le sujet de leur choix. Ce mois, c’est Michel Racloz qui prend la plume.

MICHEL RACLOZ, REPRÉSENTANT DE L’ÉVÊQUE, RÉGION DIOCÉSAINE VAUD (LGF) | PHOTO : CATH.CH

Dans notre société, les relations entre les femmes et les hommes sont en redéfinition constante. Des avancées importantes ont été réalisées pour arriver à davantage d’équité et de respect. Mais, des « retours en arrière » très durs sont vécus. Je demeure choqué par le nombre de violence faite aux femmes dans tous les milieux. Pourquoi tant de paroles et de gestes blessants à l’égard des femmes ? Le récit de Caïn et d’Abel s’actualise encore trop. Mais la parole s’est libérée. Des femmes ont dénoncé l’inacceptable : l’atteinte à leur dignité et à leurs droits. La psychologie nous dit aussi qu’il y a une part de féminin et de masculin en nous. Chacun peut avoir peur et / ou croître.

A l’écoute de la Bible, nous découvrons que Dieu est une communion d’Amour, entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Cet Amour, tout ouvert vers l’ensemble de l’humanité et de la création, s’est manifesté de manière unique par la venue et la proximité de Jésus. J’ai envie de dire qu’il s’est dévoilé pleinement masculin et féminin, tout en se révélant Fils de Dieu. En effet, à la lecture de l’Evangile, ne percevons-nous pas des gestes et des paroles de sa part que nous attribuons spontanément à « l’homme » et / ou à la « femme » ? Une caractéristique les fonde : le service de la Vie.

Et si nous entrions davantage dans cette dynamique d’aimer la diversité des visages qui se présentent à nous ? Nous pouvons aimer, de manière différenciée, au sein de nos familles, nos collègues, nos amis, celles et ceux qui souffrent, des « prochains » bien plus éloignés. Des gestes et des paroles tant féminins que masculins font grandir la sororité et la fraternité. Le Ressuscité a pris le risque de ce chemin qui conduit au Bonheur tout en se confrontant au refus et à la mort. C’est un chemin délicat et exigeant qui nous ouvre des horizons inouïs. Oserons-nous poursuivre la marche avec Celui qui est tout Amour ?

Pour moi, Dieu est-il père, mère ou ni l’un ni l’autre ?

 

PAR CHARLES-PASCAL GHIRINGHELLI | PHOTO : LDD

La place des femmes et des hommes fait débat aujourd’hui dans de nombreux domaines, qu’ils soient domestique, professionnel, politique, culturel et forcément ecclésial. Faut-il donc «démasculiniser» un Dieu patriarcal et dominateur, question posée en ce début d’année par plusieurs organes de presse?

Relevons au passage qu’au sein de l’Eglise nous vouvoyons la Vierge Marie (« Je VOUS salue Marie… » et que nous tutoyons Dieu (« Notre père, qui ES aux cieux, que TON nom soit sanctifié… », ceci depuis Vatican II pour la seconde pratique 1. Voilà notamment l’un des signes de profond respect des femmes par l’Eglise.

Mais revenons au débat « femme – homme ». C’est, à mon avis et avant tout, une question posée au sein de notre monde occidental. Beaucoup d’intellectuels, lorsqu’il s’agit d’une préoccupation sur un mode de vie essentiellement en cours sur le quart Nord-Ouest de notre mappemonde, en font souvent un problème censé concerner la planète entière. Est-ce une nouvelle forme d’ethnocentrisme, voire de racisme ? Faut-il déboulonner, bille en tête, la première statue venue, car elle n’est plus en ligne avec nos opinions du moment ?

Il est, en effet, inquiétant de juger les faits historiques à l’aune de la morale, des valeurs peut-être, à la mode. Surtout de vouloir l’imposer à la terre entière. Le faire, n’est-ce pas devenir ainsi de nouveaux iconoclastes 2 qui n’auraient rien à envier aux talibans qui détruisirent les gigantesques Bouddha de Bâmiyân 3. Doit-on maintenant reprocher à Michel-Ange d’avoir reproduit sur les voûtes de la Chapelle Sixtine un Dieu blanc, âgé et barbu ?

Il n’en demeure pas moins que, chez nous, la question est compréhensible et qu’il s’agit certainement de donner aujourd’hui et à chacun, femmes et hommes, les places, rôles, missions, fonctions, professions les plus adéquats et respectueux des uns et des autres et en adéquation avec leurs aspirations naturelles réciproques. Et c’est heureux de voir des sages-hommes dans les maternités, des sapeuses-pompières dans nos casernes, etc. !

De manière plus concrète, Dieu, qui transcende toute détermination limitative, voit-il ombrage qu’une femme ou un homme le considère comme féminin, masculin, ou indéterminé ? Ne pouvons-nous pas penser qu’un Dieu d’Amour n’y voit aucun problème et accepte toute « orientation » de nos prières, aussi maladroites soient-elles ?

Plus fondamentalement, pour nous chrétiens, la Bible est la Parole de Dieu. C’est Lui qui a inspiré ses rédacteurs, prophètes, évangélistes. Ces derniers ont-ils subit un esprit « patriarcal », influencé par leur environnement ? Assurément non, puisque les religions pratiquées, hormis le judaïsme, en Terre Sainte à ces époques, par les Gréco-romains, les Cananéens, etc. étaient polythéistes avec autant de dieux que de déesses !

Dieu s’est-il soudain levé du mauvais pied pour inspirer ces textes en se présentant au travers de pronoms masculins, et encore plus en s’incarnant en Jésus-Christ qui n’était point femme ? Certains auteurs expliquent cela par le fait que Dieu crée « en dehors » de lui comme engendre un homme et non pas « en dedans » de lui comme engendre une femme. Ainsi le théologien réformé Paul Wells précise : La distinction « père » et « mère » à propos de Dieu dans le langage est celle qui existe entre le théisme biblique et le panthéisme. Dans le théisme biblique, le Dieu est transcendant, Créateur, instaure une séparation entre lui-même et le monde ; dans le panthéisme, le monde existe en dieu et dieu existe dans le monde et de conclure appeler Dieu « ma Mère » est une hérésie qui conduit au panthéisme païen 4.

Aussi, n’en déplaise aux zélotes d’un féminisme outrancier, je préfère que nous laissions la liberté aux chrétiens de voir en Dieu qu’ils prient un être masculin, féminin ou indifférencié en toute sincérité, humilité, voire maladresse !

1 Adopté pour cette prière liturgique (l’Ave Maria est une prière
de dévotion) par l’Eglise en janvier 1966, dans le sillage du concile Vatican II, tenu entre 1962 et 1965.

2 Du grec « eikonoklastês » : briseur d’icône, d’image. Qualifie une personne qui est contre les traditions et les habitudes du passé.

3 Haut-relief excavé dans une falaise située en Afghanistan,
(patrimoine mondial de l’UNESCO) détruit en mars 2001

4 Paul Wells, « Dieu : masculin et / ou féminin ? », La Revue réformée
no 217, Aix-en-Provence, mars 2002, pp. 31 et 33

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