Quoi de neuf à Genève ?

Dans cette rubrique, L’Essentiel propose aux Evêques des diocèses de Sion et de Lausanne-Genève-Fribourg, à l’Abbé territorial de Saint-Maurice et à leurs représentants de s’exprimer sur le sujet de leur choix. Ce mois, c’est l’abbé Pascal Desthieux qui prend la plume.

PAR L’ABBÉ PASCAL DESTHIEUX, VICAIRE ÉPISCOPAL
POUR LE CANTON DE GENÈVE | PHOTO : SH AGENCY

Les travaux de la future Maison d’Eglise viennent de commencer. Ravagé par un terrible incendie en juillet 2018, nous la construisons au Sacré-Cœur. En ajoutant un étage supplémentaire entre l’église et la salle des fêtes, nous la reconstruisons « plus belle qu’avant » : elle abritera dans deux ans le Vicariat épiscopal (que l’on appellera bientôt Région diocésaine) et les différents services actuellement disséminés dans les paroisses de Genève. Nous envisageons aussi un restaurant et toutes sortes de salles de conférences et de rencontres pour que la future Maison d’Eglise soit un lieu accueillant et convivial.

Un autre événement marquant de ces prochaines semaines sera la messe à la cathédrale. Une première historique depuis la Réforme, grâce à l’invitation réitérée de la paroisse Saint-Pierre ! Elle aura lieu le samedi 5 mars à 18h, à l’entrée du Carême. Nous voulons poser un geste œcuménique fort pour témoigner que la situation a bien changé depuis les tensions d’autrefois et que les
collaborations sont bonnes et multiples, à tous les niveaux.

Dimanches solidaires

J’aimerais aussi vous parler des « Dimanches solidaires » : ces repas organisés pour les sans-abris ont repris depuis le 9 janvier à Sainte-Clotilde. Vous vous souvenez de ces files interminables de gens qui venaient
récupérer un sac de vivre. Plusieurs paroisses se sont mobilisées, et voyant qu’il y a beaucoup moins de possibilités le dimanche pour un repas et un accueil, la paroisse Sainte-Clotilde a mobilisé des bénévoles et des ressources pour offrir une centaine de repas sur place et autant à l’emporter ainsi qu’un vestiaire social. Chaque fois que je le
peux, je me joins à la joyeuse équipe des bénévoles et je suis frappé par la diversité des personnes accueillies. « Il y a des gens qui attendent le dimanche pour pouvoir venir ici où on est si bien accueilli », me confiait un jeune homme pendant que je lui préparais son café. Voilà une bien
belle manière de sanctifier le « jour du Seigneur » !

Une femme médecin s’engage dans un hôpital au Bénin

Romaine Pouget est native d’Orsières. Durant 9 ans, elle a été médecin-chef à l’hôpital de Martigny. En 2020, elle a fait le choix de cesser momentanément sa carrière pour s’engager dans un hôpital de Cotonou au Bénin. Romaine est connue pour avoir les pieds sur terre, un caractère bien trempé, un sourire communicatif et une générosité jamais prise en défaut ! Entretien.

PAR MICHEL ABBET
PHOTOS : COLLECTION ROMAINE POUGET

Romaine, l’année dernière fut une année charnière…

Oui et non. Je sentais intérieurement qu’il fallait changer, donner une autre orientation à ma vie. L’épuisement professionnel guettait, il fallait dire stop.

Et vous avez démissionné du poste de médecin-chef de l’hôpital de Martigny, que vous occupiez depuis neuf ans. Vu de l’extérieur, c’était surprenant !

Certainement, puisque je n’avais pas d’autre poste en vue. Toutefois quand on s’épuise dans une situation et qu’il n’y a pas de développement possible malgré tous les efforts fournis, je crois qu’il faut savoir se retirer, quitter. J’ai longtemps hésité avant de prendre cette décision, notamment par souci de ce que cela allait impliquer pour le site de Martigny. J’ai confié mon avenir professionnel à la vierge Marie et finalement il m’est paru clair qu’il fallait aller « plus loin », même si on ne sait pas d’emblée « où » cela va nous mener. Maintenant, avec le recul, je me dis que c’était une « décision inspirée ». Mais cela n’a pas été tout seul.

Vous avez « galéré » quelque peu ?

Disons que dans ma vie, j’ai l’habitude de répondre à un Appel… Et là, à part l’appel à quitter, je n’entendais pas l’Appel avec A majuscule, donc ça me stressait forcément un peu. C’est comme quand on marche en montagne dans le brouillard et qu’on voit un piquet après l’autre mais pas le but. J’avais depuis un moment l’idée de m’octroyer une année sabbatique pour prendre de la distance et donner de ma personne autrement et ailleurs. Des séjours en Argentine, au Togo et au Vietnam étaient envisagés… mais tous ces projets ont été systématiquement contrariés par la pandémie… rien de ce que je programmais ne se concrétisait. Comme je suis peu patiente de nature, je n’ai pas trouvé ça très confortable sur le moment !

Les piquets ?

Un des piquets a été par exemple « Notre Dame du Mont-Carmel ». Mon père Gaspard avait fait l’AVC (qui a conduit à son décès) le 16 juillet 2019, jour de Notre Dame du Mont-Carmel, alors que j’étais précisément à Lourdes (c’est aussi le dernier jour des apparitions). Par la suite, de façon assez incroyable (cf. suite…), je me retrouvais sans l’avoir prémédité très souvent dans des lieux qui lui étaient dédiés.

Et…

En septembre 2020, alors que le « plan Argentine » devenait une nouvelle fois très incertain, le Seigneur a soufflé à ma sœur Bénédicte d’aller demander au prêtre béninois Gildas Chibozo (en poste dans le secteur Entremont) de « prendre Romaine au Bénin ». Il lui a répondu : « Oui, bien sûr, c’est une très bonne idée on va demander au père Théophile Akoha »… qui a dit : « Qu’elle vienne et on verra ! » Une fois de plus il a fallu attendre… La deuxième vague du Covid est arrivée en automne. Evidemment il fallait aider, j’ai repris provisoirement du service à l’hôpital de Martigny pour six mois, pour passer le gros de la crise.

Finalement…

Finalement la situation sanitaire s’est calmée et j’ai enfin pu « mettre les voiles ». Je suis partie pour Cotonou le lundi de Pâques 2021 et y suis restée presque trois mois. La semaine je travaillais à l’hôpital Saint-Luc (qui est le deuxième plus grand hôpital de Cotonou en termes d’affluence et qui dépend de l’archidiocèse de Cotonou), m’occupant surtout de la médecine interne et de la réanimation. J’étais logée à la résidence des prêtres, près de l’institut Jean-Paul II (Institut de formation notamment en pastorale de la famille où les diocèses d’Afrique de l’Ouest envoie des prêtres, agents pastoraux se former pour 2-3 ans), ce qui m’a permis d’avoir la messe quotidienne et de faire communauté avec eux.

Et… j’ai découvert après deux semaines que la statue de l’oratoire qui est dans cour de l’hôpital Saint-Luc est… Notre Dame du Mont-Carmel !

On voit vos yeux briller !

Oh oui ! Rien ne m’a coûté ! J’ai très rapidement réalisé que j’allais devoir longtemps dire merci pour cette Afrique. C’est comme si le Seigneur m’avait mise globalement en été. Je n’avais qu’à soigner les personnes, à prier, à découvrir des frères et sœurs aux magnifiques valeurs humaines et un nouveau pays. Grande joie intérieure de partager avec eux cette simplicité de vie, de découvrir une autre culture, de chanter et prier avec eux et de prendre soin d’eux comme ils ont si bien pris soin de moi.

Magnifiques valeurs humaines ?

La première chose qui m’a sauté aux yeux quand je suis arrivée au Bénin, c’est la vie ! La joie, la relation avec Dieu, avec les autres, en toute simplicité. Je me suis sentie d’entrée bien, dans une société où les valeurs essentielles vont de soi. Les gens parlent naturellement de Dieu par exemple et ceci quelle que soit leur religion. On « rend grâce » parce que l’on a bien dormi, on « bénit » le Seigneur d’être en vie, on demande une « pluie de bénédictions » pour celui qui a son anniversaire, on lui demande de nous soutenir dans tous les passages difficiles, bref, Dieu fait partie du « quotidien ». Le contexte fait que l’on a vraiment conscience que la vie est passagère et qu’elle peut basculer à tout moment.

Et par rapport à nos valeurs ?…

Par rapport aux « couleurs et à la chaleur » africaines, une impression un peu de « gris et de froid » au niveau de l’humanité occidentale, comme si l’on s’était mis un peu en hypothermie générale… Peut-être parce que de ce côté-ci, pour le moment, on a mis de côté la Source de la Vie… en pensant être des sources nous-mêmes et en éludant au maximum les questions existentielles essentielles… en courant dans tous les sens…

Au niveau médical…

Bien sûr, c’est un peu un « désert » au niveau des moyens techniques et il faudra vraiment les aider pour ceci. On peut aussi parfois imaginer une meilleure organisation pour sauver des vies, mais les qualités humaines des soignants sont remarquables, de même que l’attitude des malades et de leurs proches qui se plaignent rarement. Beaucoup de malades relativement jeunes ne peuvent être sauvés, mais quand on a fait « tout ce qu’on a pu » on le confie à Dieu. Il y a très peu de révolte par rapport au départ d’une personne.

Vous allez donc retourner au Bénin ?

Grace à Dieu, oui ! A mon retour, j’ai vraiment ressenti le désir de pouvoir donner un peu de mon temps et de mes compétences à cette chère terre africaine qui me fait d’ailleurs tant de bien. Comme le Seigneur nous fait toujours désirer ce qu’Il veut nous donner, Il m’a trouvé un super plan professionnel « africo-compatible ». Je suis engagée dès septembre comme médecin-chef adjoint dans le service d’urgences de l’hôpital du Jura ce qui me permet de partir deux fois deux mois par an au Bénin, ce qui me permettra, entre autres, de contribuer au développement des soins aigus de l’hôpital Saint-Luc et de former les médecins sur place. La proposition écrite des ressources humaines m’est arrivée…le 16 juillet (jour de Notre Dame du Mont-Carmel)…

Alors, pour en parler, on prend rendez-vous pour un prochain entretien ?

Volontiers. A Cotonou ?

Merci beaucoup Romaine, bon vent et que Dieu vous accompagne !

Accompagner un frère ou une sœur…

Voici, à travers mon vécu, les multiples facettes de mon ministère. Une fois par mois, je rejoins le groupe des aînés (retraités) et celui « des ateliers » pour vivre des animations spirituelles reliées par un thème et un objet évolutif ; par exemple, l’ami de Dieu est comme l’arbre avec des boîtes empilables contenant des images, objets et couleurs… pour rejoindre les sens et la compréhension. Je partage régulièrement leurs repas pour vivre des moments informels où ils peuvent se dire en toute simplicité.
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« Tu reçois plus que ce que tu donnes ! »

En mai 1968, je suis entré au Séminaire de Martigny sans aucune expérience de vie avec des personnes handicapées. Un jour, deux éducatrices de l’Ecole La Bruyère m’ont dit : « Vous devez venir faire le catéchisme chez nous ! » Après la première leçon, dans trois classes un enfant trisomique m’a dit : « Nicolas, ça va la tête toi ? » J’avais réussi « mon examen d’entrée » !
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Les personnes handicapées…

… Sont-elles une chance pour l’Eglise ?

… Quelle est leur place dans nos communautés chrétiennes ?

PAR L’ABBÉ THEOPHIL MENA | PHOTOS : JUTTA FASEL

Nous entendons beaucoup de choses sur la situation des personnes porteuses de handicap dans l’Eglise. Il est vrai, même si tout n’est pas encore parfait, que les personnes handicapées ont leur place dans l’Eglise. En effet, nous savons combien dans l’histoire de l’accueil des personnes handicapées, l’Eglise a longtemps joué un rôle essentiel et très important. Mais quelle est aujourd’hui celle que nous leur donnons ? Comment les accueillons-nous ? Comment leur transmettons-nous la Bonne Nouvelle ? Quelle idée nous faisons-nous de leur capacité à accéder à la vie de foi, d’accéder aux sacrements, y compris lorsque le handicap est majeur ? Plus le handicap est global et sévère, plus on est tenté d’en douter. Ces personnes ont-elles une place particulière dans le dessein de Dieu ? Donc quelle devrait être leur place parmi nous dans nos communautés chrétiennes ?

En Suisse, plus particulièrement dans le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, plusieurs études et enquêtes officielles récentes consacrées à la place des personnes en situation de handicap mettent en lumière qu’il y a une prise de conscience. Cependant des progrès restent à faire en matière d’accessibilité,
d’accueil et de participation à la vie de l’Eglise.

Le bilan est encourageant. Les catholiques pensent en majorité que les personnes handicapées « commencent à être mieux accueillies dans l’Eglise ». Toutefois, cet accueil est perçu différemment selon le handicap et la paroisse n’apparaît pas encore assez comme un lien d’inclusion.

Nous sommes l’Eglise

A l’occasion de la journée internationale des personnes en situation de handicap, le pape François, s’adressant directement à ces dernières, disait : L’Eglise est notre maison. Tous ensemble nous sommes l’Eglise parce que Jésus a choisi d’être notre Ami. Le baptême fait de chacun et chacune de nous un membre à part entière de la communauté ecclésiale et donne à chacun, sans exclusion ni discrimination, la possibilité de s’exclamer : « Je suis l’Eglise. »

Pour un meilleur accès aux sacrements des personnes handicapées, le pape François plaide en faveur de l’accueil des personnes au sein de nos paroisses, de nos associations et de nos mouvements ecclésiaux. Beaucoup a déjà été fait, mais il faut continuer à aller de l’avant. Il demande que soit reconnu leur faculté apostolique et missionnaire et la valeur de leur présence dans le corps ecclésial. Dans la faiblesse et la fragilité dit-il, se cache des trésors capables de renouveler nos communautés chrétiennes.

Sur la question de l’accès aux sacrements, laquelle occupe une place dans l’inclusion de personnes handicapées, le pape François regrette profondément qu’il y ait encore des doutes, des résistances et même des refus. Ceux qui adoptent une telle attitude souligne-t-il, n’ont pas compris le sens authentique des sacrements. La communauté chrétienne est appelée à faire en sorte que tous les baptisés puissent faire l’expérience du Christ dans les sacrements.

Autre défi à relever : la place et la participation active des personnes handicapées aux assemblées liturgiques. Il insiste pour développer une mentalité et un style qui mette ces personnes à l’abri des préjugés, de l’exclusion, de la marginalisation et de favoriser une réelle fraternité dans le respect des diversités appréciées en tant que valeurs.

Oui, beaucoup de chemin à parcourir

Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour un réel accueil et une intégration des personnes en situation de handicap dans nos communautés paroissiales. Il ne s’agit pas de mettre ces personnes handicapées au premier rang et de leur donner la priorité. Il s’agit de les mettre au milieu de nos communautés chrétiennes comme le Christ mettait les enfants au milieu de ses disciples en ayant conscience qu’on a, sans doute, au moins autant à recevoir des personnes fragiles, qu’on espère pouvoir leur donner. Nos expériences pastorales avec les personnes avec handicap, nous montrent qu’une paroisse qui sait accueillir et faire place à une personne en situation de handicap ou à des gens fragiles, est une paroisse qui est toujours plus humaine, plus accueillante, plus fraternelle, plus spirituelle et aussi que, paradoxalement, elle est davantage apte à se réjouir.

Faire place aux personnes handicapées : ce n’est pas seulement les accueillir et les intégrer au sein de nos communautés chrétiennes, mais c’est la mission de l’Eglise, un combat à mener pour toute l’Eglise pour que ces personnes fragiles prennent pleinement part à la vie de l’Eglise.

Valentines et Valentins sur la sellette

Le 14 février, les fleuristes ont fort à faire ! Et d’où cela vient-il ? D’un certain Valentin, un grand absent du calendrier liturgique romain actuel. Mais quelle est donc cette date si révérée des amoureux ?

PAR PASCAL TORNAY
PHOTO : PIXABAY

L’encyclopédie participative Wikipédia nous apprend que le 14 février correspondait, dans la religion romaine, aux Lupercales, c’est-à-dire à des fêtes faunesques 1 qui se déroulaient du 13 au 15 février à Rome. On apprend aussi que « l’origine réelle de cette fête est attestée au 14e siècle dans la Grande-Bretagne encore catholique où le jour de la Saint-Valentin était fêté comme une fête des amoureux car on pensait que les oiseaux choisissaient ce jour pour s’accoupler. Restée vivace dans le monde anglo-saxon, comme Halloween, cette fête s’est ensuite répandue à travers le continent à une époque récente ».

Dans l’Eglise catholique, au moins trois Valentin « se sont disputé » les honneurs du 14 février. Cependant, Valentin de Terni – un évêque martyrisé au 3e siècle – prend le dessus sur les autres en 1496. En effet, dès cette date, le pape Alexandre VI l’ancre dans le calendrier romain et lui attribue le titre de « patron des amoureux ». Cela n’a pas empêché l’Eglise de combattre la tradition du valentinage… 2.

Et ceci fut en vigueur… jusqu’en 1969, juste après le Concile Vatican II. C’est à ce moment que Paul VI décide premièrement de faire le ménage dans le calendrier liturgique général et – entre autres – deuxièmement d’y rayer Valentin ! Bien que certains diocèses aient maintenu sa mémoire, on y trouve aujourd’hui en lieu et place les compagnons Cyrille et Méthode, deux frères évêques connus pour avoir apporté l’Evangile chez les peuples slaves d’Europe centrale.

C’est au courant du 20e siècle que la fête liturgique de saint Valentin devient la fête commerciale que l’on connaît aujourd’hui : La Saint-Valentin. Cette récupération commerciale, il va de soi, continue d’en agacer certains et d’en réjouir d’autres. Il n’en reste pas moins qu’au-delà de pratiques commerciales un peu convenues, ce peut être l’occasion d’un geste qui manifeste à l’être choisi et aimé qu’il l’est véritablement (quoique).

Wikipédia nous apprend encore que la fête a pu être « associée plus étroitement à l’échange mutuel de  » billets doux  » ou de  » valentins  » illustrés de symboles tels qu’un cœur ou un Cupidon ailé. A l’envoi de billets au 19e siècle a succédé l’échange de cartes de vœux. Cependant, en Amérique du Nord, les échanges de cartes ne se font pas selon la conception européenne où la carte de Saint-Valentin est envoyée à une personne unique. Il n’est pas rare qu’une personne envoie une dizaine de cartes et même que des élèves d’écoles primaires en envoient à leur maîtresse d’école ».

A l’heure actuelle, offrir à son épouse, le 14 février de chaque année, un nombre impair de roses rouges – entre 1 et 9 et plutôt 9 évidemment – reste un must très apprécié… des commerçants ! D’une manière générale pour les épouses, je n’en sais rien. Mais peut-être, me dis-je par expérience, préféreraient-elles parfois, un peu plus souvent, un bon coup de main pour le ménage…

1 « La fête des Lupercales est une fête de purification qui avait lieu à Rome. Les Lupercales ou Lupercalia sont, dans la Rome antique, des fêtes annuelles célébrées par les prêtres romains (luperques) en l’honneur de Faunus, dieu de la forêt et des troupeaux.

2 « Coutume médiévale par laquelle, une fois l’an, les épouses pouvaient avoir des relations sexuelles hors mariage. » On parle plus généralement d’un « espace ponctuel de liberté, où les règles pouvaient être transgressées ».

La gratuité face à la souffrance

PAR LÉONIDAS UWIZEYIMANA
PHOTOS : MP | PATRICK DISIÈRE, HOSPITALIER

De tout temps, notre société a été marquée par tant de souffrances physiques ou psychiques. Toute personne humaine, durant sa vie, doit avoir éprouvé l’une des variantes de ces souffrances ou maladies. Une des conséquences positives est que la personne reconnaît ses limites, sa dépendance devant les autres et même devant Dieu. Elle perçoit qu’elle a besoin de la présence et de l’écoute attentive de l’autre pour l’aider en des situations délicates.

Le 11 février – Fête de Notre-Dame de Lourdes – journée mondiale du malade, nous invite à penser aux malades, aux souffrants, à tous les handicapés en prenant le Christ comme modèle. Sous l’impulsion de l’Esprit, nous pouvons exercer la miséricorde et la compassion et cheminer davantage dans l’esprit du service qui est un élément central de la vie de l’Eglise. En effet la présence des hommes et des femmes auprès des souffrants rend visible la véritable présence de l’Eglise auprès des malades, au milieu du monde.

Le dévouement et la générosité qui se déploient à travers tous les bénévoles et les professionnels constituent la manifestation de l’Eglise dynamique et agissante du Christ. Rappelons-nous combien la mission de l’Eglise est de pouvoir rejoindre les souffrants en différents milieux dans la confiance et dans la dignité de chacun. Cette mission implique l’accueil des grâces divines afin de les déployer en différentes situations. A toutes et tous, un bel apostolat auprès des malades et des souffrants.

Oser le défi de la rencontre

A l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapées 2020, le pape François a relevé, dans son message, trois points : la menace de la culture du déchet, le roc de l’inclusion et le roc de la participation active. Trois pistes valables non seulement pour la société, mais indubitablement pour l’Eglise, peuple rassemblé en un seul corps à partir de ses diversités, de toutes ses diversités.

PAR THIERRY SCHELLING
PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER, DR, CATH.CH/GRÉGORY ROTH, FLICKR

« La vulnérabilité appartient à l’essence de l’homme », écrivait le pape François en 2017. Concept fondamental non seulement pour l’Eglise, mais aussi pour la société humaine en général. Et le Pape de dénoncer la culture du déchet, de l’exclusion et de l’assistanat – on pense alors bien « gérer » la différence que représente le handicap… – au détriment de la collaboration avec les personnes concernées : « L’attachement de ces personnes, la différence vécue dans le respect, l’amitié dans les relations m’ont touché », partage l’abbé Giovanni Fognini, prêtre collaborateur à la COPH (Communauté œcuménique des personnes handicapées à Genève).

Sur les sites de nos diocèses romands, l’expression employée pour parler du travail d’aumôniers auprès de personnes handicapées est « pastorale spécialisée ». En effet, il convient non seulement d’être formé comme aumônier mais également d’apprendre à communiquer, évangéliser, faire participer, collaborer avec les personnes ciblées.

Se former

Nicolas Baertschi a terminé sa formation comme agent pastoral auprès du CCRFE (Centre catholique romand de Formation en Eglise). Ancien ingénieur du son, il a rebondi en ministère d’Eglise en se consacrant… aux malentendants et malvoyants de nos paroisses : « J’ai à cœur de sensibiliser les paroisses à porter une attention particulière aux personnes souffrant de surdité et de malvoyance – on parle de surdicécité – car il est nécessaire de s’adapter à leur handicap en dialoguant avec elles », souligne-t-il.

Ainsi, des solutions existent : boucle magnétique, bon éclairage, micro cravate plutôt que micro pomme ; mais avant tout ouvrir le dialogue avec les concernés, et donc, parfois, aider à délier les langues entre les paroissien(ne)s et le curé. Pour que tous et chacun se sentent membres de la même communauté : « J’aime à favoriser la possibilité, de part et d’autre, d’exprimer ses propres besoins », explique-t-il ; il convient de privilégier les petits groupes de parole, pour que celle-ci s’exprime, et les binômes pour travailler ensemble, comme les ateliers et autres activités en paroisse qui nécessitent l’usage des mains et des yeux.

Participer

Le pape François l’a rappelé : « Des personnes souffrant de handicap devraient pouvoir avoir accès au ministère de catéchiste » 1. Il lutte contre une tendance à exclure et cacher la faiblesse humaine. « Car lorsque je suis faible, alors je suis fort », pour paraphraser saint Paul. Et l’Eglise est le lieu par excellence où l’on prend soin – devrait prendre soin ! – de la faiblesse humaine. Pas uniquement morale (confession) mais sous toutes ses formes… « Un hôpital de campagne »,
précisait le pape François.

Sofia, 10 ans, atteinte du syndrome de la trisomie 21, fait son parcours catéchétique avec son frère et ses collègues de kt. Avec enthousiasme – « j’aime bien venir avec Duncan (son frère) » – et fidélité : « Elle ne manque aucun mercredi », sourit sa catéchiste Marianne. Interrogés, ses parents n’auraient simplement pas imaginé une autre façon de procéder quant à son
éducation religieuse : « Déjà son école est spécialisée, ses loisirs sont arrangés. Alors il nous a paru nécessaire de lui proposer au moins quelque chose comme tout le monde… de nous proposer », précise la maman. « Notre infinie gratitude va à la coordinatrice en catéchèse de notre paroisse, Anne-Marie, qui a su y faire avec elle… avec nous. »

Adaptations

« A mon âge, je n’ose plus monter les marches à l’ambon pour y lire les lectures, ce que j’ai fait pendant tant et tant d’années », confie un jour, un peu dépitée, sœur Janine au groupe des lectrices. Et si on installait une main courante ? L’église est-elle classée ? Le coût des travaux ? Ces questions concrètes se posent non seulement au bénévolat – respiration essentielle de toute vie paroissiale – mais aussi au Conseil de paroisse pour ce qui est de la gestion du patrimoine… et de ses adaptations aux nécessités de nos usagés… âgés.

Le handicap est visible et invisible, atteint les sens mais aussi l’entendement (cerveau) ainsi que les mouvements. Il peut être graduel (Alzheimer…), soudain (tétraplégie à la suite d’un accident de la route…), ou inexpliqué : « Du jour au lendemain, j’ai perdu la vue ! », raconte Daniel. Devenu quasi aveugle, père de famille, employé dans une succursale bancaire, sportif, le voilà dépendant de tant de bonnes volontés… et obligé de tout réorganiser sa vie : « Je me suis inscrit auprès de l’Association des Aveugles de Genève, pour y apprendre à voir avec les doigts (braille), avec les oreilles et le nez ! Oui, renchérit-il, je vois avec le nez ! » Cocasse rebondissement : « L’encens me manque tellement », susurre-t-il. Cette marque de vénération à la messe lui complétait sa participation. Sa canne blanche lui permet de signaler son handicap, à la messe, dans l’église ; il se met devant, tient à s’avancer dans la file pour recevoir la communion : « Mes jambes ne sont pas impotentes », répète-t-il, « je compte sur la patience de la personne qui me suit à la communion, car je suis un peu plus lent que les autres, mais tout aussi recueilli ! »

Espoir

« J’ai entendu dire que le train Paris-Lourdes de nuit allait être remis en service », fanfaronne Marie-Claire. Cette habituée des pèlerinages à Lourdes, pour les malades, en a été privée depuis 2015 lorsque la SNCF avait décidé de supprimer les convois ambulances. « Peut-être qu’avec l’après-pandémie, je pourrai y retourner une dernière fois… » Le 12 décembre 2021 est réinstaurée la ligne Paris-Lourdes de nuit pour « valides ». Marie-Claire avait vu juste. Peut-elle espérer plus ? Ancienne pétanqueuse, elle s’est rabattue sur la boccia qui lui ressemble, mais surtout peut se jouer ensemble entre valides et handicapés : « Diminués, corrige Marie-Claire. Je suis diminuée mais pas incapable. Il faut juste s’adapter à moi ! » La boccia est en effet, avec le goalball, le seul sport uniquement paralympique (sans équivalent aux Olympiques).

Partenaires

« Relever le défi de la rencontre, oser s’ouvrir et être soi-même, bannir la peur et la crainte, se laisser rejoindre dans ses propres fragilités », voilà les conseils de l’abbé Giovanni. Des attitudes au cœur
de l’évangélisation en somme, tout comme Jésus jadis et maints témoins de l’apostolat auprès des personnes souffrant d’un handicap. « Ce que tu fais pour moi, si tu le fais sans moi, tu le fais contre moi » : maxime de Gandhi à méditer…

1 cf. Le Pape a dit page 4.

 

 

L’amour est si important dans ce monde

PAR L’ABBÉ PIERRE-ANDRÉ GAUTHEY
PHOTO : PAG

«Lamour fait vivre, il gonfle les bourgeons de soleil pour qu’ils s’ouvrent au monde et à la vie. Il accueille l’abeille, puis se transforme en fruit. Un fruit qui transmettra son goût, sa saveur, à qui voudra bien le cueillir. La nature nous montre l’abandon à l’amour. Je désire suivre son exemple, et m’ouvrir à la vie, à ma vie intérieure.»

C’est Caroline qui «ouvre les feux» de cet éditorial du mois de février sur les personnes «en situation de handicap».

Caroline, au-delà de son polyhandicap, est une femme formidable et hors norme… Elle témoigne des possibles et ouvre de nouvelles voies, grâce à ce que l’on nomme «la communication facilitée», une technique qui permet à une personne privée de parole, de s’exprimer. Caroline est unique ! Mais avec les autres  cabossés» de la vie, comme elle le dit souvent, elle apporte sa contribution, pour que, dans ce monde, il y ait davantage d’amour, de solidarité, de respect les uns envers les autres.

Dans notre diocèse, sur le territoire Abbatial de Saint-Maurice, comme en bien d’autres endroits, il existe un service de la pastorale spécialisée… Y sont engagés des gens formidables, compétents et vrais: … pour «écouter et accueillir, accompagner et proposer, découvrir et aider» et j’ajouterais « aimer avec ». Les uns et les autres, nous formons une grande et belle famille !

L’Essentiel de ce mois nous en dira plus, donc… à lire sans modération, parce que, sans aucun doute, comme le disent Caroline et bien d’autres amis en situation de handicap: «L’amour fait vivre.»

Citations:

Caroline Short, Habiter ma vie au-delà des apparences, Editions Saint-Augustin.

 

Assis dans les pentes

Pèlerin des montagnes, Olivier Taramarcaz partage la parole de vie sur les chemins. Auteur d’une quinzaine d’ouvrages poétiques, il rassemble textes, croquis de terrain et gravures, dans les carnets de l’atelier art et foi. Il publie aujourd’hui un nouveau « psaume alpin » comme il aime à le dire. Il nous invite à accueillir dans la paume de nos cœurs, la lumière du Ressuscité.

PAR OLIVIER TARAMARCAZ | PHOTOS : DR

La terre est un poème. Je lis dans le paysage la lettre d’amour de son Auteur. Son nom est gravé dans mon cœur. Je suis né pour connaître mon Créateur. Je comprends ma vie quand je marche dans sa lumière. A perte de vue je vois le jour effacer la nuit. Connais-tu Celui qui arrose le myrtillier, et aussi l’églantier, le cirse laineux et la pulmonaire ? Son baume t’a-t-il déjà rafraîchi-e ?

«Ta parole éclaire mon chemin.»

Psaume 119, 105

Ce que je vois de mes yeux ne me suffit pas pour marcher là où je désire marcher. Ce que je vois de mes yeux n’éclaire pas avec une précision suffisante le chemin que je désire emprunter. Je cherche une lumière qui puisse me guider dans la nuit la plus sombre, une lumière indépendante du rythme du jour et de la nuit, une lumière en mesure d’éclairer la nuit là où le soleil ne parvient pas. Cette lumière, où la trouverai-je ?

Je ne la porte pas en moi. Je ne parviens pas à la produire. Mais je sais que là où tu es Seigneur, là est la lumière. Je désire marcher vers la lumière, non comme je marche parfois vers un refuge éloigné, que j’espère rejoindre avant la nuit, que je découvre après des heures, lové au milieu des rochers. Je désire marcher non seulement à la lumière du jour, en en étant privé à la nuit tombante. Je désire respirer l’éternité dans le cœur, vivre dans le présent éternel de sa présence.

Je désire marcher dans la lumière de l’Eternel, l’éternelle lumière que rien n’altère. Ta lumière éclaire la nuit du jour, la nuit de la nuit de ma nuit. Je désire m’y plonger, m’y baigner entièrement, pas seulement y tremper les pieds, ou la frôler du bout des doigts, en gardant mes distances, en portant mon regard ailleurs. Dans ta lumière, je m’accorde au « la » de la vie, je prends le pouls de ma vie intérieure. Ta lumière est ma boussole.

Etre dans ta lumière, voilà mon seul désir : danser dans ta lumière, ivre de ta présence. Etre éclairé non seulement de l’extérieur, être illuminé par toi Jésus, à l’intérieur de ma peau, dans mon être intime, au cœur de mes pensées, dans l’ordinaire de mon quotidien, de mon histoire, immergé dans l’océan de ton amour. Inondé par ta lumière, l’incandescence de ton être répand en moi le goût de l’éternité.

Je me laisse regarder par toi. Je me tiens tout entier au cœur du souffle de ta parole. Au cœur du battement de ton cœur. En toi se trouvent la vie et l’être.
En toi sont cachés tous les trésors. De toi rayonne la sagesse. De toi la connaissance coule comme du miel. Ta présence transforme mon esprit. Tu crées en moi un cœur pur. Ta parole renouvelle mes pensées. Tu me touches et rafraîchis mes muscles. Ton Esprit fortifie mes os. Dans ta lumière je vois la lumière.

«Dans ta lumière, je vois la lumière.»

Psaume 36, 10

Je reconnais le son de ta voix, la fragrance de ton parfum. Tu me demandes : « M’aimes-tu ? » « Oui, je t’aime mon bien-aimé. » Tu as insufflé dans mon cœur le désir de demeurer près de ton cœur. Tu m’as créé pour vivre dans ta présence. Toi, le Ressuscité, tu m’as ressuscité. Pour moi tu t’es donné. Je me livre à toi. Tous mes désirs se portent vers toi. Tu es le roi de mon cœur. Reçois mon sentiment amoureux pour toi. Tu es mon bon ami, je m’abandonne entre tes bras.

La parole vivante, la parole respirante, je ne l’attends pas d’un autre que toi. Avant même qu’elle soit prononcée par tes lèvres, je reconnais la parole de ton cœur. J’écoute ta voix de l’intérieur, dans le mouvement même des pulsations de mon âme. Dans le silence du silence, j’accueille les paroles que tu me donnes. Instant par instant, je les médite, m’en nourris. Assis à tes pieds, dans ton jardin, je me tiens devant toi.

A l’horizon du silence, ta parole a jailli : « Je t’aime d’un amour éternel. » Ta parole s’imprime en moi. Ta déclaration d’amour m’invite à te déclarer mon amour. Porté vers l’appel de la rencontre, je me tourne vers toi le Ressuscité. Tu es la lumière de ma vie. Je me réjouis de tout ce que tu es. Par ta parole tu as créé les cieux et la terre. Tu es l’alpha et l’oméga. Aucun nom n’est comme le tien, Jésus ! J’aime ta présence. Je t’aime.

Tu désires te révéler à moi dans un cœur à cœur. C’est là que tu déposes le trésor. C’est là que j’accueille ta parole. Tu m’attires à toi dans tes pâturages. Tu ouvres un chemin devant moi, jusqu’à la tente de la rencontre. Je médite ta parole. Elle parfume mon être. En elle je reçois ton souffle. Quand je tourne mon regard vers toi, je suis tout ému. Mon cœur bat au rythme de ton cœur. Silence, silence, il pleut de l’amour.

«Quand je tourne vers toi les regards, je rayonne de joie.»

Psaume 34, 6

Demandez-la

La nouvelle brochure d’Olivier Taramarcaz vous est offerte sur demande au secrétariat par téléphone, par e-mail ou directement sur place.

Laurine Moulin: «Dieu, c’est la Beauté dans ma vie»

A 21 ans, Laurine Moulin est directrice de chœur et future chanteuse professionnelle. Sa foi en Dieu repose sur «la beauté des choses aussi inutiles qu’essentielles» – tels que le chant et l’art sacré. C’est ce qui donne du sens et de la cohérence dans sa vie.

PAR CATH.CH
PHOTOS : GRÉGORY ROTH, THÉOPHILE BLOUDANIS

Amoureuse de la musique classique et chorale

Née à Martigny en 1999, Laurine Moulin baigne dans le chant depuis son plus jeune âge. Elle prend ses premiers cours d’orgue vers quatre ans déjà. « Ma maman était organiste amateur, précise-t-elle. A quatorze ans, je suis partie étudier l’allemand dans le Haut-Valais. Et c’est dans une école de chant à Brigue que j’ai eu un énorme déclic : je suis tombée amoureuse de la musique classique et chorale. La musique, c’est mon truc, et c’est cela que je vais faire. Sans vraiment savoir si j’allais en faire de ma vie. »

A ce moment-là, elle arrête l’orgue, parce qu’elle débute le Collège à Saint-Maurice. Parallèlement, elle s’inscrit au Conservatoire de Sion. Elle joue du violon pendant quelque temps, mais se concentre surtout sur le chant et la direction. Ces années de Collège, de 2014 à 2019, sont pour elle une période assez intense, avec une formation en tous points : intellectuelle, musicale, mais aussi humaine et spirituelle.

« Cela m’a permis d’évoluer et de grandir dans ces domaines-là. Mais il était de plus en plus clair que je voulais faire de la musique mon métier, même si je me rendais bien compte que c’est un « choix dangereux ». » Après le Collège, Laurine s’inscrit donc en cours pré-professionnel à Sion, une année de formation pour se préparer aux examens d’entrée aux Hautes écoles d’art.

Se rendre proche et faire du bien

« Pendant cette année-là, mon idée était aussi de me rendre proche des gens et de leur faire du bien. Pas très étonnant : à la maison, on m’appelle le Saint-Bernard. Il y a de nombreuses anecdotes à ce sujet : depuis toute petite, j’ai toujours eu le souci des autres, avant de me soucier de moi-même souvent. Je suis très sensible à ce que ressentent les autres, et j’ai souvent envie de décharger les autres de leur fardeau. »

Elle effectue des stages en soin dans des homes de la région. « J’ai été marquée par l’histoires de vie des résidents. Parfois, ils en avaient les larmes aux yeux. Dans leur histoire, ils finissent souvent par parler de Dieu. C’était vraiment beau, même s’il ne m’était pas toujours possible de mettre une barrière émotionnelle. L’expérience fut belle, mais c’est la musique qui m’appelle, et je ne peux pas faire autrement. »

En 2020, elle réussit les examens à la Haute école de Berne, mais faute de places, elle commence des études de musicologie et d’histoire à l’Université de Fribourg, tout en prenant des cours de direction avec Jean-Claude Fasel et des cours de chant avec Jean-Luc Waeber. En 2021, elle est prise à la Haute école de Genève et va démarrer son cursus professionnel en
septembre. Son objectif est de faire de l’opéra.

La foi: une question de cohérence

Laurine redécouvre le sens de la foi, pendant sa préparation à la confirmation. Elle commence à se poser des questions de cohérence. « Pourquoi est-ce que je fais ma confirmation ? Pourquoi vais-je à la messe ? Parce que j’y ai trouvé du sens et de l’importance. Même si, comme tout le monde, j’ai eu des détours dans ma foi, des hauts et des bas. »

Pour la Valaisanne, la foi n’est pas un ensemble de règles et d’impératifs. Mais pour savoir qui elle est vraiment, la chanteuse a eu besoin de faire le lien entre ce qui se passe dans sa vie et ce qui fait sens. « Pourquoi fais-je de la musique ? Est-ce que ce n’est pas simplement me faire du bien parce que j’aime chanter ? Et j’ai fini par trouver : Dieu, pour moi, c’est la Beauté. Et la Beauté, c’est l’œuvre de Dieu. C’est ce patrimoine invisible, qui est plus qu’essentiel dans nos vies. Il est dans la beauté de la musique, de l’art, des langues, la littérature, le théâtre, etc. A plus forte raison pour moi qui fais du chant : un art invisible et éphémère. L’Amour du Christ, aussi, est invisible, mais c’est ce pourquoi je veux travailler. »

L’importance de l’inutile et de la beauté

« Je me bats pour que les autres comprennent l’importance de l’inutile et de la beauté. Nous avons été créés avec des sens : c’est pour pouvoir s’émerveiller. Si tout était gris et que nous enlevions l’art et tout ce qui est abstrait, nous serions vides. Il faut donner le goût de la beauté : faire connaître le patrimoine que tous les artistes et compositeurs ont porté siècles après siècles. Ma foi se repose sur l’inutile de la beauté. Le compositeur suisse Frank Martin résume très bien ce propos : « Chercher à créer de la beauté est un acte d’amour. » Chanter, c’est bien un acte d’amour. »

En août 2019, le Chœur des jeunes de Martigny se reforme et Laurine en prend la direction. L’ensemble compte aujourd’hui 25 membres, de 14 à 30 ans, et anime huit messes par an et quelques représentations. Elle chante aussi une fois par mois la messe baroque avec l’Ecole Maîtrisienne de la Cathédrale de Sion et fait partie d’un quatuor de chant sacré.

Une terre de mission

Durant l’été 2021, elle s’est mise en route sur la Via Francigena, jusqu’à Rome. Ce fut pour elle également une occasion de découvrir la beauté, dans les échanges avec les pèlerins et les hôtes, mais aussi en arrivant dans cette vaste basilique Saint-Pierre, qu’elle qualifie « de véritable œuvre de Dieu faite de mains d’hommes ».

Laurine note que l’Eglise en Occident est en plein changement. « A l’avenir, l’Eglise en Europe ressemblera de plus en plus à une terre de mission. Les chrétiens seront appelés à découvrir la foi autrement, à se recentrer sur l’essentiel. Et l’Eglise devra se renouveler. Cela ne veut pas dire de changer son discours de fond, son Evangile et ses fondements, mais de changer son organisation et ses structures, afin d’être davantage missionnaire. »

Un patrimoine culturel et millénaire

Malgré les crises et les scandales que traverse l’Eglise, Laurine continue à croire. Pourquoi ? « Parce que Dieu nous a donné son Fils. S’Il a fait ce grand sacrifice, nous pouvons bien faire de petits sacrifices. Cet homme qui a donné sa vie pour nous et nos péchés. Si cela s’est passé il y a deux mille ans et que les gens ont continué à croire ; si tout ce patrimoine culturel et spirituel, cette tradition millénaire, ce chant sacré ont subsisté, ça ne peut juste pas être du vent. »

Témoignage d’Alexandra !

Bonjour Alexandra,
Nous t’avons invitée à te présenter aux lecteurs du magazine paroissial de notre secteur, ce que tu as gentiment accepté en nous proposant ces quelques lignes. MERCI du fond du cœur !
Nous nous réjouissons de mieux te connaître et, lorsque nous aurons l’occasion de te rencontrer, nous aurons le plaisir de te saluer par ton joli prénom !

PAR ARLETTE ANTONY | PHOTO : STÉPHANIE BERTHOUD

Je m’appelle Alexandra Berthoud, j’habite à Troistorrents.

Je suis née avec un handicap, la trisomie 21.

J’ai été adoptée quand j’avais 11 mois et j’ai grandi dans ma famille adoptive avec un frère et quatre sœurs qui m’ont donné beaucoup d’amour ainsi que mes parents.

J’ai commencé l’école au village et puis à Monthey dans une école spécialisée. J’ai toujours eu de gentils chauffeurs de bus.

J’ai aussi été à la Castalie puis j’ai travaillé à la Coop.

Maintenant, je vis à Fribourg au foyer de l’Arche, le « Grain de sel ». C’est ma deuxième famille. Les assistants s’occupent bien de moi. Je travaille dans un atelier protégé et je fais du tissage (des linges de cuisine) et de la broderie (des livres pour les bébés). J’ai un diplôme parce qu’il y a 10 ans que je travaille à la FARA.* J’ai aussi des activités en dehors du travail.

J’ai eu quand même des moments difficiles et parfois, aujourd’hui encore, lorsque je me sens mise à l’écart ou quand on me regarde avec insistance.

Dans mon village, on me connaît parce que j’ai fait ma première communion et ma confirmation. J’aime beaucoup prier pour les prêtres et les personnes qui ont besoin de prière.

J’aime la vie dans la main de Dieu !

* FARA: Fondation Ateliers Résidences Adultes
Boutique FARA – Rue de Lausanne 57
1700 Fribourg : on y vend de magnifiques objets, dont ceux confectionnés par Alexandra.

Dimanche des Laïcs: un dimanche pour tisser des liens

La Suisse romande foisonne de mouvements d’Eglise qui témoignent à la fois d’une grande diversité et d’une unité réelle. Certains mouvements se consacrent à la prière et à l’oraison, d’autres guident leurs membres dans leur vie spirituelle ou proposent des relectures de vie, d’autres encore sont au service des couples et des familles ou s’engagent aux côtés des personnes en situation de deuil, des malades ou des personnes handicapées; plusieurs se consacrent à l’entraide et au partage.
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Le cardinal Schwery: un pionnier

Ce qui a frappé les personnes présentes lors de la conférence donnée à l’occasion du 1er anniversaire de la naissance au ciel du cardinal Henri Schwery, à l’église de Saint-Léonard le dimanche du baptême du Christ 9 janvier 2022, c’est combien il avait été pionnier dans la mise en œuvre du Concile Vatican II (1962-1965) pour le diocèse de Sion.
Il a agi en pasteur visionnaire, enthousiaste (rempli de Dieu, au sens étymologique grec), amoureux du Seigneur et de son peuple, passionné pour les rapports entre la foi, le monde, la science, la musique et la beauté.

PAR L’ABBÉ FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT, ANCIEN VICAIRE ÉPISCOPAL DU CARDINAL
PROFESSEUR DE THÉOLOGIE À L’UNIVERSITÉ DE FRIBOURG
PHOTO: PIERRE PISTOLETTI

En témoigne son ouvrage daté de 1988, Sentiers pastoraux, qui rassemble la plupart de ses orientations et intuitions durant ses 18 années d’épiscopat (1977-1995). C’est le terme «nouveauté» qui revient comme un leitmotiv dans son action de pasteur, dans la visée de la «nouvelle évangélisation» souhaitée par les papes Paul VI et Jean-Paul II. Voici les accents principaux qu’il a mis en œuvre: la collaboration de tous les baptisés à l’apostolat des laïcs, notamment dans les conseil pastoraux de paroisses; le déploiement de la pastorale selon les secteurs territoriaux, confiés chacun à une équipe pastorale et les services diocésains comme ceux de la catéchèse, du couple et de la famille, de la jeunesse, de la santé, de l’information, du tourisme, des questions économiques, de la diaconie, de la pastorale spécialisée pour personnes en situation de handicap; la formation d’hommes et de femmes laïcs (parcours cantonal de la FAME, désormais Théodule, formations au Centre catholique romand de formations en Eglise et à la Faculté de théologie à Fribourg) pour l’exercice de ministères dans les paroisses, les mouvements et les domaines spécialisés ; la fondation du Séminaire diocésain à Givisiez, devenu la Maison des Séminaires ; la relance du diaconat permanent, plutôt en milieu professionnel.

Une de ses grandes entreprises consistait dans le « Triennat de famille », trois années autour de la préparation au mariage, l’accompagnement des couples et la présence auprès des conjoints en difficultés, avec des billets publiés dans les quotidiens et rassemblés dans ses deux volumes de Sentiers épiscopaux.

Ses successeurs, Mgr Norbert Brunner et Jean-Marie Lovey, se sont inspirés de ces initiatives et les ont prolongées. Elles servent de base à la démarche synodale voulue par le souverain pontife François pour toute l’Eglise catholique, dans un esprit d’écoute mutuelle, de délibération et d’avancées dans la communion universelle.

Témoignage en milieu hospitalier

Je m’appelle Karen Rapin, je vais avoir 29 ans et je vis à Val-d’Illiez. Educatrice de l’enfance de profession, j’ai ensuite entamé une formation théologique. Actuellement, je conjugue ma dernière année de cours avec mon engagement à temps partiel dans l’équipe d’aumônerie de l’hôpital Riviera-Chablais.

TÉMOIGNAGE TRANSCRIT PAR F. PREMAND | PHOTO : K. RAPIN

Le rôle de l’aumônier est un rôle d’écoute. C’est se mettre à disposition et aussi en disposition ; j’essaie d’y parvenir de mon mieux, grâce à un mélange de disponibilité intérieure, de techniques apprises et d’expériences. Mon quotidien à l’hôpital est fait de rencontres avec des personnes inconnues, ce qui n’est jamais facile. Au début, j’arrivais toute « seule » vers la personne et cela se passait moins bien. Puis, peu à peu, je suis venue habitée par la foi, en ayant la conviction que Jésus m’accompagnait. La rencontre se déroule vraiment plus concrètement. S’il m’arrive de débuter une visite en ayant eu un souci ou une contrariété auparavant, je laisse ces sentiments devant la porte, afin d’être bien à l’écoute de la personne. J’en ressors apaisée et même ressourcée.

Au moment où je frappe à la porte de la chambre, je fais cette petite prière intérieure : « Sois avec moi et Tu sauras ce dont cette personne a besoin » ; j’ai aussi des entretiens réguliers avec le personnel soignant ; tout cela m’aide à poser les bons mots durant cet échange. Je rencontre tous les patients hospitalisés, peu importe leur foi, leurs croyances et bien sûr, en tant qu’aumônier, je termine assez régulièrement par une prière avec eux. Ce moment-là me semble assez important parce que c’est l’occasion de confier tout ce qui s’est dit au Seigneur.

Certaines visites restent davantage en mémoire. Je pense à un patient d’une vingtaine d’années. Je vais à cette visite pleine d’a priori par rapport à son âge. Je me dis que peut-être cela va lui faire peur quand je vais parler d’aumônier, d’accompagnante spirituelle. D’autant plus que je suis une jeune fille. Il ne va peut-être pas avoir envie de se confier, etc. On a entamé la discussion puis son repas est arrivé. J’ai pensé pour clore le laisser manger tranquillement. Je lui ai juste demandé de quoi il aurait le plus besoin pour les prochains jours et là, une brèche s’est ouverte. Les émotions sont montées en lui, il a commencé à pleurer ; on a laissé le temps nécessaire. C’est à cet instant que l’échange profond a commencé. Durant ce moment fort, j’ai fait cette prière intérieure : « Merci Seigneur pour ce que Tu me donnes de vivre parce que je ne m’étais pas attendue à partager de telles choses ! ». Cette rencontre m’est restée en mémoire parce qu’elle m’a servi de leçon par rapport à mes préjugés. Je suis aussi extrêmement touchée de la confiance qui m’est témoignée, ainsi qu’au personnel soignant.

Lors des discussions avec mes proches ou mes collègues, on me dit souvent que cela doit être difficile d’écouter toutes ces souffrances. Oui, c’est sûr que je suis touchée. Mais ce qui me frappe le plus, c’est de voir la souffrance. Là aussi, une image me reste en tête. Je me préparais à rencontrer un très jeune patient atteint d’un cancer. Au moment d’entrer la chambre, je découvre un enfant amaigri et souffrant. Cette rencontre est restée gravée en moi.

Pour maintenir cette foi en moi, j’ai vraiment besoin qu’elle soit vivifiée. Je peine à prier seule, mais je trouve de l’aide dans les moments de prières en communauté, soit lors d’une messe ou d’une animation de messe avec les jeunes où j’éprouve beaucoup de plaisir. L’écoute de la musique et le chant me permettent aussi de laisser sortir mes émotions.

La paix… avec soi-même

Voilà quelque temps déjà, je m’étais arrêtée, un peu par hasard, sur cette réflexion d’Alexandre Jollien (ci-dessous). Elle m’avait en effet fortement interpellée tandis qu’une série de questions venaient tarauder mon esprit: «Ai-je fait le bon choix? Qu’est-ce qui m’a pris de…! Où en suis-je dans cet engagement? Ceci ou cela en vaut-il la peine? etc. J’imagine que ces crises de questions vous prennent aussi…
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Au coeur de la pastorale spécialisée

Marie-Claire, en formation au parcours THEODULE, en stage au sein de la pastorale spécialisée

 

 

PROPOS RECUEILLIS PAR VÉRONIQUE DENIS | PHOTOS : GAËTAN STEINER

Marie-Claire, mariée et maman de deux enfants, a accepté de se former au parcours THEODULE avec un stage en pastorale spécialisée. Elle a découvert cette pastorale particulière qui respecte le rythme et la situation de chacun des enfants en situation de handicap, au moment où son fils Rémi accomplissait son cheminement vers les sacrements. Elle a accepté de se former pour donner à d’autres parents la chance de vivre ces démarches avec leurs enfants différents. Au fil de l’entretien, j’ai découvert que la patience – le respect du rythme de chacun – les adaptations – les répétitions – les expressions corporelles – le recours aux expériences sensorielles, etc. Autant d’attitudes qui caractérisent cette pastorale spécialisée. L’utilisation des personnages bibliques – les chants gestués – l’utilisation de symboles et d’autres techniques inventées et sans cesse renouvelées par les catéchistes, permettent à chacun des enfants d’entrer dans le mystère de la foi qui est toujours à explorer et à vivre.

Il est difficile pour Marie-Claire d’évoquer un souvenir en particulier. Chaque rencontre est un moment fort vécu simplement et en vérité. Elle souhaite évoquer le deuil récent de sa belle-maman. Marie-Claire a été touchée par le message reçu de son équipe qu’elle n’avait pas pu rencontrer en raison de l’enterrement.

En conclusion, elle formule un vœu : que la pastorale spécialisée soit de plus en plus connue : c’est une nécessité pour aujourd’hui pour permettre à tous les enfants et adultes différents, en situation de handicap de vivre leur foi, à leur rythme et en fonction de leur situation et vécu particuliers.

Pastorale spécialisée diocésaine

Propos recueillis par Véronique Denis auprès de Gaëtan Steiner,
responsable de la pastorale spécialisée diocésaine

La pastorale spécialisée diocésaine recouvre différents domaines d’activités :

  • Animations spirituelles dans les grandes institutions diocésaines : mise en œuvre des temps de célébrations tout au long de l’année.
  • Accompagnement spirituel des personnes en situation de handicap.
  • Propositions catéchétiques dans l’accompagnement des personnes vers les sacrements.
  • Accompagnement particulier lors des deuils ou dans les situations difficiles : écoute, accueil individuel selon les circonstances.
  • Soutien aux paroisses lorsque des enfants ou adultes en situation de handicap souhaitent cheminer vers les sacrements et être intégrés aux parcours paroissiaux.

Les lieux principaux accompagnés et suivis par la pastorale diocésaine :

  • Les lieux de vie et les institutions : La Castalie – la Fovahm – Cité Printemps – Foyer Anawim.
  • Les écoles : Institut Sainte-Agnès – Ecole de la Bruyère – Notre-Dame de Lourdes.
  • Les Associations : les Sourds et les Personnes malentendantes du Valais – Cérébral Valais – Foi et Lumière.

Foi et Lumière, un 50e perturbé sous «l’ère Covid»

 

PAR EDDY TRAVELLETTI, DIACRE

D’une souffrance…

1968, une famille, Gérard et Camille avec leurs deux fils lourdement handicapés sont à Lourdes devant la Vierge, ils sont seuls car leur paroisse a refusé de les inscrire au pèlerinage diocésain. Dans la ville, ils ont du mal à trouver un hôtel et sur la place du sanctuaire certains «bons pèlerins» rappellent que leur place n’est pas là: «Avec des enfants comme ça, on reste chez soi.»

La foi d’un peuple s’est éveillée…

En apprenant cette nouvelle Marie-Hélène Matthieu, elle qui allait consacrer la majeure partie de sa vie à la personne handicapée et à sa famille, se sent profondément offusquée. Les personnes handicapées mentales seraient-elles interdites de pèlerinage à Lourdes ? Avec le concours de Jean Vanier, elle se met au travail pour organiser un pèlerinage composé essentiellement de personnes en situation de handicap mental. Et le miracle se réalise durant le triduum pascal de l’année 1971. Plus de 12’000 personnes occupent Lourdes, parmi elles 4000 personnes handicapées mentales. Dans une ambiance tout autant amicale que stressante, les consignes ne sont plus trop respectées par ce peuple en fête. Marie-Hélène Matthieu en donne une anecdote dans son livre « Plus jamais seuls ». Un accompagnant fâché par cette indiscipline provoqua une personne trisomique très agitée en lui disant : « Alors tu attends Jésus ressuscité » « Oui, oui, répondit l’autre, on l’annonce d’une minute à l’autre ».

Et la Lumière a surgi…

Enthousiasmés par ce partage, les participants demandèrent aux deux initiateurs : Marie-Hélène et Jean, de donner une suite à cet évènement et c’est ainsi que le mouvement Foi et Lumière est né. Il s’est construit dans une vision trinitaire : mettre en relation amicale et spirituelle la personne handicapée avec ses parents et ses amis, ceci afin de répondre à la rupture sociale occasionnée par le handicap par « un être avec » dans la confiance, la spontanéité et la célébration.

Pour un enrichissement de l’Eglise

En Valais, le mouvement a aussi bourgeonné, il reste aujourd’hui 4 communautés francophones et une communauté germanophone. A Sion, il y a Notre Dame de Valère dont je fais partie.

« La fonction crée l’organe » disent certains adeptes de l’évolutionnisme. En plongeant dans le champ du religieux, on pourrait transformer cette boutade en disant, dans Foi et Lumière « le handicap crée la sainteté » ou du moins ouvre des chemins vers plus de vérité. Faites-en l’expérience, vous connaissez certainement des personnes handicapées dans votre environnement. Dans un premier temps, le handicap vous désarçonnera, il vous fera prendre conscience de vos manques, surtout de votre fragilité mais il vous comblera par la suite d’un renouveau intérieur construit sur l’esprit de pauvreté, sur la tolérance, sur la spontanéité : des chemins vers la joie intérieure.

 

 

Pour un contact
Eddy Travelletti,
diacre pastorale.sante@cath-vs.org
027 329 18 17 (mercredi)

La FCPMH

La Fraternité chrétienne des personnes malades et handicapées

 

 

PAR ANDRÉ CLIVAZ

Mouvement associatif dont les responsables bénévoles sont à l’écoute des personnes malades et handicapées.

Son slogan : Les malades responsables des malades.

Fondée en 1942 par le Père Henry François curé de la paroisse Saint-Victor de Verdun.

Le but de ce mouvement est de créer entre les personnes malades ou handicapées, des liens de fraternité, selon l’Evangile, afin de sortir de l’isolement et de développer le sens de la responsabilité réciproque.

 

Son histoire

1942 Formation d’un petit groupe de malades pour aider le curé à visiter les malades.

1957 La Fraternité est établie dans la moitié des diocèses de France.

1960 Naissance de la Fraternité catholique internationale des malades qui s’implante dans d’autres pays.

1966 Premier congrès international à Strasbourg. Extension en Amérique latine.

1972 2e congrès international à Rome. Paul VI reçoit les 400 congressistes.

1974 La Fraternité devient œcuménique lors de la rencontre du comité international à Vienne en Autriche. Elle devient Fraternité chrétienne des personnes malades et handicapés (FCPMH).

1980 Elle est reconnue par le Saint-Siège comme Mouvement d’évangélisation. La FCPMH est représentée au Conseil pontifical pour les laïcs.

1986 Décès du Père Henry François le
3 février.

1986-2000 La FCPMH est présente sur tous les continents.

2000 Elle est reconnue, sur le plan intercontinental, comme Association privée internationale de fidèles par le Conseil pontifical pour les laïcs, selon les normes canoniques.

 

OUI

La Fraternité Suisse romande a son propre journal le « OUI » qui fait le lien entre les membres quatre fois par an. Un thème annuel – généralement celui de l’Eglise universelle – est traité en trois phases dans le journal.

« Saint Joseph » est le thème de l’année en cours (2021-2022).

En Suisse la FCPMH existe dans les cantons de Fribourg, Vaud et Genève et Valais dès 1957-1958. A Sierre, à Martigny les sections locales existent depuis 1958. A Sion, depuis le 31 janvier 1960. L’aumônier est le R. P. Einard et la responsable est Mme Colette Comina de Sion.

Sur le plan romand c’est l’aumônier André Kohly qui a assuré la naissance et les premières années de fonctionnement.

En Valais la FCPMH est née en 1958. Depuis le début, différents aumôniers ont succédé au P. Einard, le chanoine Dominique Gross, curé de Leysin ; et depuis le 1er juillet 1999, le diacre André Clivaz.

Dès l’automne 2018, le diacre André Clivaz de Sion assure également la fonction d’aumônier national.

Le responsable na-­tional est M. Pierre-Alain Carrel de Pré-Vers-Noréaz.

Sur le plan européen et intercontinental, dans le comité responsable, siège M. Benoît Seppey de Lausanne.

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