Le Chemin néocatéchuménal

De nombreuses communautés composées de religieux ou de laïcs sont présentes en Suisse romande, comme autant de témoins de la vitalité et de la diversité de l’Eglise. Ce mois-ci, cap sur le Chemin néocatéchuménal, un itinéraire diocésain d’initiation chrétienne, suscité par le Concile Vatican II au service de la nouvelle évangélisation.

PAR PASCAL ORTELLI | PHOTO : DR

Nom officiel: Chemin néocatéchuménal.

Fondateur: Francisco José Gomez Argüello (dit Kiko), peintre espagnol et Carmen Hernández, rejoints par le prêtre italien Mario Pezzi.

Dates clés:
1964: première communauté dans les bidonvilles de Palomeras Altas à Madrid.
1968: arrivée du Chemin à Rome et début de l’expansion internationale.
1990: Jean-Paul II explicite le charisme du néocatéchuménat dans sa lettre Ogniqualvolta.
2008: approbation définitive des statuts par le Saint-Siège.

Organisation: une équipe internationale qui a entre autres la responsabilité de maintenir des rapports réguliers avec le Vatican, les évêques diocésains et les itinérants de chaque nation. Le Chemin est présent dans 134 pays avec 21’300 communautés de laïcs réparties dans 6’270 paroisses, 1’668 familles en mission et 125 séminaires diocésains missionnaires.

Mission: le terme « néocatéchuménal » renvoie au catéchuménat, soit au parcours traditionnel d’initiation que suivent les adultes demandant le baptême. Ces communautés ne font pas vie commune, mais se réunissent pour célébrer et revivre par étapes l’initiation chrétienne reçue durant l’enfance : de l’accueil de la Bonne Nouvelle au renouvellement des promesses baptismales. Ne présupposant pas la foi, elles sont donc ouvertes à tous.

Présence en Suisse: à Lausanne, Genève et Fribourg, d’où essaiment des communautés dans les différentes paroisses de Romandie.

A Fribourg, via le séminaire Redemptoris Mater érigé par Mgr Morerod en 2018 et formant des prêtres diocésains issus du Chemin.

Une particularité: l’envoi en mission d’un prêtre accompagné de 4-5 familles dans des zones déchristianisées avec le souci d’aider les cabossés de la vie à se reconstruire.

Pour aller plus loin: neocatechumenaleiter.org

 

« Le Chemin néocatéchuménal, c’est… »

Famille Daniel et Sara Borrego, Genève

« Pour nous, le Chemin néocatéchuménal a été la porte d’entrée dans l’Eglise qui est le salut de notre vie. Expérimenter que Jésus Christ nous a aimés et nous aime même là où on n’arrive pas à le faire, cela donne une nouvelle dimension à notre vie. Nous apprenons ainsi à découvrir le baptême pas à pas, de manière adulte, vivant la foi en communauté où l’on apprend à s’aimer les uns les autres tels que nous sommes, avec nos défauts et nos vertus, non parce que nous sommes surhumains, mais parce que l’Esprit Saint est au milieu de la communauté. »

En librairie – février 2022

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Deux petits pas sur le sable mouillé
Anne-Dauphine Juilland

Tout commence sur une plage, quand Anne-Dauphine remarque que sa fille marche d’un pas hésitant. Après une série d’examens, les médecins découvrent que Thaïs est atteinte d’une maladie génétique orpheline. Elle vient de fêter ses deux ans et il ne lui reste que quelques mois à vivre. L’auteur lui fait alors une promesse : « Tu vas avoir une belle vie. Pas une vie comme les autres, mais une vie dont tu pourras être fière. Et où tu ne manqueras jamais d’amour. » Ce livre raconte l’histoire de cette promesse et la beauté de cet amour. Tout ce qu’un couple, une famille, des amis, une nounou sont capables de mobiliser et de donner. Il faut ajouter de la vie aux jours, lorsqu’on ne peut pas ajouter de jours à la vie.

Editions J’ai lu

Acheter pour 15.30 CHF

Le bonheur dans tes yeux
Agnès Hittin

Héroïne du film « De Gaulle », la jeune Clémence a bouleversé la France. Dans ce témoignage exceptionnel, sa maman raconte ici comment la trisomie de Clémence a bouleversé la vie de leur famille mais comment elle a également été la source d’un véritable bonheur. Un livre d’une immense tendresse et d’une grande sincérité pour apporter du réconfort et donner des clés pour aider les parents d’enfants en situation de handicap.

Editions Mame

Acheter pour 27.10 CHF

Ignace de Loyola
Quentin Denoyelle
Etienne De Forges

21 mai 1521, Ignace de Loyola est blessé à la jambe au siège de Pampelune. Pendant la longue convalescence qui s’ensuit, le gentilhomme espagnol découvre sa vie intérieure. Vingt   ans plus tard, à Rome, Ignace et ses compagnons fondent la Compagnie de Jésus, dont il est élu premier supérieur général. Entre-temps, c’est par des renoncements successifs qu’il s’exercera à voir Dieu en toute chose et fera l’apprentissage de la liberté intérieure.

Editions Fidélité

Acheter pour 26.80 CHF

Le cœur contenté
Hélène Greffard

Plus que jamais, il est nécessaire de nous rappeler l’existence et l’impact de la bonté dans notre monde. Les actes bons ont le pouvoir de guérir, de stimuler, de réjouir, d’ouvrir à plus grand que soi. Nous en avons grandement besoin pour percevoir la douceur de la vie, en ces temps où les mauvaises nouvelles font la manchette. L’auteure de ce livre est partie à la recherche de témoignages de personnes envers qui un geste de bonté a été décisif. Au fil de ces histoires vraies, la bonté prend des visages insoupçonnés. Leur évocation nous aidera à reconnaître les actes de bonté posés envers nous dans notre propre vie et nous inspire à cultiver la graine de bonté qui repose en nous.

Editions Médiaspaul

Acheter pour 28.40 CHF

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Messie malgré lui ?

Pas de Tik Tok, ni d’Instagram, mais des millions de followers. Tout le monde connaît son histoire, ou presque ! La nouvelle série de Zep, La vie de J.C., croque un Jésus pétri de défauts. Un messie… terriblement humain.
Entretien (presque) sérieux avec le bédéiste genevois.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER

Pourquoi avoir choisi de présenter un Jésus maladroit avec des apôtres pas très futés ?

Cela m’intéressait de parler de l’aspect humain de Jésus plus que de sa divinité. Et puis un personnage humoristique doit avoir des failles, sinon il n’est pas drôle. Jésus est animé d’une envie de changer le monde, il se rend compte qu’il possède des dons particuliers. Il entend Dieu et porte un message et une vision pour la société, mais il n’est pas très bon communicant. En plus, il est entouré de copains qui le suivent surtout parce qu’il est sympa et qu’il fait des tours de magie. Nous ne sommes certainement pas très loin de ce qui a dû se passer dans la réalité. Lui doit se battre contre cette image. Il se trouve sans arrêt face à cette incompréhension. Le Christ a un discours ultrarévolutionnaire pour l’époque, je me posais la question du comment le réactualiser.

Jésus, ce n’est pas tellement un sujet à la mode…

C’est un personnage qui, aujourd’hui, est encore connu
par tout le monde. Du moins, un ou deux épisodes de son histoire telle qu’elle est racontée. Notre société vit encore sur l’apport du Christ, sur ses idées.

Le public comprend-il encore les références que vous utilisez ?

Je suis curieux de le savoir. Le principe des paraboles est d’être compris aussi en rapport à la vie d’aujourd’hui. Les gens comprennent assez vite que cet homme a une mission, qu’il ne sait pas très bien comment l’annoncer à ses proches. Un apprenti Jésus en quelque sorte. Mon but n’est pas de faire de l’éducation biblique. Je dresse ici une espèce de portrait en creux de Jésus. D’ailleurs, il s’appelle J.C. et non pas Jésus. Ce n’est pas forcément le même personnage.

Quelle influence Jésus a-t-il (ou a-t-il eu) dans votre vie ?

Lorsque j’étais adolescent, l’étude biblique m’a vraiment passionné. J’y ai passé beaucoup de temps.
Je me suis inscrit pendant deux ans à la faculté de théologie de Genève en tant qu’auditeur libre. Je trouve toujours ces textes passionnants. Croire à la nature divine de Jésus est un choix, moi j’ai choisi de ne pas croire. Mais j’ai beaucoup de respect pour ceux qui y croient. Ça n’a jamais été mon intention de blesser les croyants avec cette série. Par ailleurs, je pense que nous avons le droit de rire de tout. Une société qui ne sait pas rire de ses dogmes ne va pas très bien.

Dans quelle mesure les religions manquent-elles d’autodérision ?

Je ne crois pas que cela soit les religions, mais les gens. Je ne dis pas que tous les gens doivent rire de ce que je fais et je n’en ai pas la prétention. Umberto Eco décrivait dans Le nom de la rose un Dieu qu’il fallait craindre et les inquisiteurs condamnaient le rire, car il bannit la crainte. Pour moi, le Dieu tel qu’il est raconté dans l’Evangile n’est pas un dieu de crainte. Je ne me moque pas de Dieu, mais c’est de l’humain dont je ris.

 

 

 

 

« Se battre pour la liberté d’expression »

Commentaire de myriam bettens

Des croyants ont été peinés, voire offensés dans leur foi par la série La vie de J.C. Pour avoir fait une rencontre personnelle avec Jésus, il est vrai que je ne partage pas la même vision qu’en a Zep. Suis-je pour autant heurtée par cette représentation ? Il me (nous) fait part ici de sa compréhension de Jésus, pas de la mienne, donc non ! D’ailleurs, son personnage principal se nomme J.C., ce n’est certainement pas pour rien. Ce choix rédactionnel ne fait certainement pas l’unanimité. Malgré cela, je considère qu’il est crucial, si ce n’est vital, de se battre pour que la liberté d’expression reste garantie sous toutes ses formes. Et vital est à mon sens le terme. L’actualité nous a maintes fois offert la démonstration de ce qu’un argumentaire par les armes peut produire. Pour mémoire, le film Sìrìrì dépeint très bien la manière dont le conflit entre groupes armés chrétiens et musulmans s’est enlisé en Centrafrique. Exemple criant d’une rhétorique expéditive, mais qui a fait ses preuves. Je suis cynique à dessein. Car écouter pour comprendre demande du temps et de la disponibilité. Celle d’être questionné et parfois ébranlé dans ses convictions : tout comme Jésus l’a lui-même fait avec moi et continue de le faire encore aujourd’hui.

Martine Hayoz, une maman proche-aidante…

Martine Hayoz, de Châtillon, est «proche-aidante» pour l’un de ses fils, âgé de 21 ans, et ceci depuis une dizaine d’années. Grigori souffre d’un handicap mental occasionnant des retards à différents niveaux. Cela ne l’empêche pas d’être passionné de littérature fantastique, de mythologie grecque et de BD d’aviation.
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L’Evangile de la fragilité

PAR GAËTAN STEINER, RESPONSABLE DE LA PASTORALE SPÉCIALISÉE DU DIOCÈSE DE SION ET DU TERRITOIRE ABBATIAL DE L’ABBAYE DE ST-MAURICE
PHOTO : BERNARD HALLET, CATH.CH

Comment accueillir la fragilité comme une bonne nouvelle en notre société tou-jours plus compétitive et élitiste ? Voici une question qui habite le quotidien des personnes engagées dans le service de la pastorale spécialisée de notre diocèse !

Chaque rencontre est un mystère ! Mys-tère de Dieu et mystère de l’être humain ! Oui, il s’agit essentiellement « d’être » plei-nement présent pour découvrir la Bonne Nouvelle que le Seigneur nous révèle.

A travers notre activité, nous nous effor-çons de mettre en lumière une reconnais-sance intégrale de la personne en situa-tion de handicap ainsi que ses nombreux et profonds besoins spirituels. Nous aimons, nous nous laissons aimer, nous construisons de solides amitiés, nous prions avec l’ensemble de notre corps à l’aide de différentes approches senso-rielles, nous creusons la Parole de Dieu et ensemble, nous accueillons l’Evangile de nos propres fragilités.

N’est-ce pas là le cœur de l’Evangile ? N’est-ce pas là le cœur de la mission du Christ qui montre à quel point la fragilité, assumée et aimée est source de salut pour le monde ! N’est-ce pas là le cœur de notre église ?

Alors, comment accueillons-nous dans nos assemblées paroissiales les membres de nos communautés plus fragiles, avec un handicap ? Comment accueillons-nous et soutenons-nous les familles, les parents, frères et sœurs ou encore amis ? Comment pouvons-nous enrichir notre vie terrestre au contact des plus petits qui ont tant d’enseignements à nous partager pour notre propre vie de « valides » ?

Chacune et chacun pourra trouver une bribe de réponse dans son cœur et qui sait, peut-être qu’un jour nous prendrons part, tous ensemble, au festin des invités au repas du Seigneur !

Aujourd’hui la moisson est abondante, mais peu nombreux sont les ouvriers. Aussi, si vous souhaitez, donner un peu de votre temps, 2-3 heures par mois, afin de vivre une fraternité avec nos amis por-teurs de handicap et d’approfondir votre foi, n’hésitez pas à nous contacter ! Nous recherchons ardemment des bénévoles pour nous aider dans cette belle mission au service du royaume de Dieu.

« Nous sommes dans l’être, avant d’être dans le faire »

Pour les aumôniers, l’Equipe romande œcuménique de pastorale spécialisée est un organe essentiel à l’exercice de leur ministère. Au-delà des questionnements et des échanges d’expériences, elle leur permet d’affiner leurs approches sensorielles liées aux handicaps, les bénéficiaires n’ayant pas tous accès au langage.
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Gaëtan et la pastorale spécialisée

PAR FLORENCE CHERUBINI, ANIMATRICE PASTORALE DU SECTEUR D’AIGLE
PHOTOS : STÉPHANIE LABANTI

Approcher et accompagner les familles des personnes handicapées dans le parcours de pré-paration aux sacrements (baptême, communion, confirmation), en paroisse ou en institu-tion, est le ministère diocésain auquel Gaëtan Steiner a répondu par un grand OUI il y a quatre ans déjà. La catéchiste du secteur pastoral d’Aigle a bien voulu nous partager l’article paru dans son journal paroissial.

Gaëtan vient succéder au diacre Eddy Travelletti, responsable de la pasto-rale spécialisée du diocèse de Sion. La pastorale multiple, qui s’adresse à tous les âges, en proposant des temps d’animation spirituelle dans des ins-titutions ou des écoles spécialisées. La préparation aux sacrements, à la demande de familles, de paroisses ou d’institutions, et l’accompagnement au deuil, soit auprès des familles, soit auprès des personnes handicapées pour leur permettre de mettre des mots sur la souffrance et la mort. « Dans ces cas-là, je suis un « grand frère » dans la foi, qui accompagne quand les psychologues, les éducateurs sont démunis… »

Cette pastorale, variée, est un grand défi pour Gaëtan, commercial de formation ! Mais, il reçoit ce nouveau mandat comme « un beau cadeau pour ma propre foi ». Même si, au début, il se sent démuni : « Que pouvais-je faire pour eux ? Comment accepter ma propre vulnérabilité en touchant la vulnérabilité de l’autre ? Comment accepter ces injustices, ces vies si cabossées ? » …

Mais, Gaëtan accepte de surmonter sa sensibilité et se met à l’œuvre. Et, il apprend à s’adapter à chaque handicap car « en Pastorale spécialisée, les concepts cognitifs n’existent pas et ma catéchèse doit permettre de faire expérimenter l’amour de Dieu par le corps ». Pour cette pastorale, construite sur le langage symbolique, un immense matériel que Gaëtan invente, détourne, crée est nécessaire : une couverture toute douce permettra à l’un de sentir la tendresse de Dieu, des pictogrammes inviteront une autre à participer à une célébration, la lumière d’une bougie rendra visible la présence du Christ parmi nous …

Pour chaque rencontre, un immense temps de préparation, aussi, est nécessaire car le message donné ne doit pas être infantilisé mais il doit rendre visible l’essentiel.

Comme « Le Petit Prince », Gaëtan voit donc avec son cœur : « Je rencontre des personnes, pas des handicaps. J’ai beaucoup de déplacements à faire pour me rendre d’un lieu à l’autre. Ces moments sont des temps de prière où j’invoque l’Esprit-Saint pour recevoir de lui le geste, le regard de Jésus qui sera présent à chaque fois. Quand j’arrive dans le lieu, je ne me préoccupe plus de ce que je vais dire. Les gestes, les regards, les paroles viennent. Et, même si parfois il m’arrive de ne pas savoir quoi dire, Dieu est présent ! C’est une grande grâce qui fait grandir ma propre foi et ma confiance en l’Esprit Saint. Je m’approche de Dieu avec eux et c’est une révélation mutuelle. »

Cette belle confiance en l’Esprit aide Gaëtan à vivre sereinement son ministère malgré une grande charge de travail « car c’est un rendez-vous avec Dieu de chaque instant ».

Mais Gaëtan, qui est heureux papa de trois petites filles, sait aussi que sans le « oui » de sa famille qui l’accompagne chaque fois que cela est possible, il ne pourrait pas manifester toutes ces capacités que Dieu a mises en lui pour être au service des « Bénis de Dieu ».

Pour en apprendre plus sur cette pastorale : www.pastorale-specialisee.jimdosite.com

Pastorale des handicapés

PAR JUDITH BALET HAECKENMEYER
PHOTOS : JUDITH BALET HAECKENMEYER, PIXABAY

Dans les temps anciens, les personnes différentes en raison de soucis physiques ou mentaux étaient mises de côté, rejetées en quelque sorte de la société.

De nos jours heureusement, des efforts d’inclusion, d’acceptation des différences sont mis en œuvre, dans les écoles déjà. Cela ne simplifie probablement pas la tâche des enseignants, mais agrandit le cœur de tous. Me revient en mémoire les années où un enfant différent fréquentait la classe d’un des miens et de la richesse que ça avait amené à tous : écoute, bienveillance, colère parfois aussi, et surtout une plus grande ouverture aux différences, une plus grande ouverture du cœur.

Lorsqu’on regarde la vie d’Alexandre Jollien, quelle perte cela aurait été si on avait continué de cantonner cet homme merveilleux à son handicap! Plus près de chez nous, c’est Marie-Madeleine qui nous époustoufle, qui nous tire en avant. Ce sont ces voisins de la rue de la Taure ou du Home Pierre-à-voir qui nous saluent, timidement ou plus franchement. Comme nous a accueillis Dominique lorsque nous sommes arrivés dans ce village: ces «comme je suis content de te voir» accompagnés d’une franche accolade faisaient si chaud au cœur! Même si parfois les enfants étaient un peu gênés car il serrait fort! Certains de nos voisins sont plus timides, plus réservés. Mais au fait, qu’ils soient bien portants ou non!

Pourquoi dans ce cas parler de pastorale des handicapés ? N’est-ce pas une forme de condescendance de la part des «bien-portants»? Car au fond, nous sommes tous handicapés d’amour ! Ne serait-ce pas ce handicap-là qui serait à mettre en exergue dans la pastorale, plutôt que de marquer encore une fois une différence physique ou mentale ? Et là en toute humilité les bergers n’ont que quelques millimètres d’avance.

Mais l’important n’est-il pas de s’entraider à ouvrir nos cœurs? A tenter d’accueillir tous ces handicapés d’amour que nous sommes, et nous-mêmes en premier?

A l’école de la vie

Yasmine Richon a 44 ans et est domiciliée à Vouvry. Depuis l’âge de 3 mois, elle vit avec une différence appelée hémiplégie. Assez solitaire, elle partage son temps entre des visites chez ses parents – Françoise et Jean – à Martigny-Croix et l’écriture, un art qui la passionne depuis plus de 20 ans. Son souhait le plus cher, c’est de profiter de la vie pour grandir: «à l’école de la vie», comme elle aime à dire.
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Saint Joseph…

… chapelle de Posat (Fribourg)

PAR AMANDINE BEFFA
PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

L’actuelle chapelle de Posat date du XVIIe siècle. Elle abrite une statue de la Vierge Marie auprès de laquelle on vient en pèlerinage depuis le XVIIIe siècle. C’est toutefois un étonnant tableau de saint Joseph qui nous intéresse.

On reconnaît Joseph à l’établi du charpentier, mais aussi au bâton fleuri. Certains évangiles apocryphes racontent que Marie avait été confiée au temple dans son enfance afin de se préparer à être la Mère de Dieu. Lorsque vint le temps de la marier, on convoqua plusieurs hommes pour choisir celui qui serait son époux. Chacun d’entre eux avait reçu l’ordre d’apporter un bâton et de prier pour que Dieu le fasse fleurir, indiquant que c’était le candidat qu’il avait choisi. C’est celui que tenait Joseph qui a bourgeonné
et c’est ainsi qu’il a été désigné. Le lys a plusieurs significations. Il est entre autres symbole de chasteté, désignant ainsi que l’enfant que Joseph tient dans ses bras n’est pas le sien.

Dieu le Père veille depuis les nuages. La scène est surprenante : l’artiste a osé peindre Dieu. L’Ancien Testament est pourtant formel : « Tu ne te feras pas de statue, ni aucune forme de ce qui est dans le ciel. » (Ex 20, 4) Il faudrait bien plus que quelques lignes pour répondre à cette question. Je préfère vous recommander l’excellent article du Professeur Philippe Lefebvre, o.p., sur la question 1.

Il demeure que saint Joseph se trouve représenté au milieu d’un échange entre la Trinité. Le Fils tend les bras vers l’Esprit alors que le Père bénit toute la scène. Joseph est comme illuminé et il semble que l’Esprit souffle sur lui.

Le jaune du manteau est éclatant. C’est la couleur de la révélation de la sagesse et de l’amour de Dieu. Et quel plus beau signe de la sagesse et de l’amour de Dieu que l’Incarnation ?

 

Article disponible sur internet: LEFEBVRE Philippe, « Peut-on représenter Dieu ?
Un questionnement dans la Bible », Etudes, 2016/3 (Mars), p. 63-72. DOI : 10.3917/etu.4225.0063. URL : https://www.cairn.info/revue-etudes-2016-3-page-63.htm

Portrait de Daniela Sebrié

TEXTE ET PHOTOS PAR DANIELA SEBRIÉ

Rencontre

Je m’appelle Daniela Sebrié, suis mariée à Gaëtan et maman de trois filles. D’origine argentine, j’habite à Vétroz. Je suis dans la troisième année du Parcours Théodule du diocèse de Sion et effectue mon stage pastoral à la Castalie de Sierre.

Pourquoi t’es-tu engagée dans la pastorale spécialisée ?

Je me suis sentie appelée par Dieu à le suivre et le servir dans la personne en situation de handicap. C’est pour cela que je me suis engagée dans la pastorale spécialisée. Peut-être, aussi parce que depuis mon enfance j’ai créé des liens d’amitié très riches avec des gens handicapés. Des relations qui m’ont beaucoup apporté et donné du sens à ma vie personnelle et spirituelle.

Aujourd’hui je mets mes pas sur ce chemin pastoral avec des craintes, certes, car j’expérimente beaucoup de respect pour ce monde étonnant et fascinant du handicap. Aussi avec confiance, car je sais que le Seigneur est là pour m’inspirer, me soutenir et m’accompagner.

Que signifie pour toi la pastorale spécialisée ?

Pour moi la pastorale spécialisée c’est :

– Une révélation car je découvre, caché dans le signe visible du handicap, dans toute sa vulnérabilité, une sagesse de vie qui m’interroge et me renouvelle.

– Une invitation à me mettre à l’écoute de la parole de Dieu et me rendre disponible pour qu’elle puisse agir et combler le cœur de ses enfants.

– Un apprentissage qui me demande : de la créativité pour pouvoir trouver le geste, les mots qui conviennent pour m’approcher de la personne, et surtout, beaucoup d’humilité pour accepter mes propres handicaps et limites, laissant Dieu faire son œuvre

A quoi ressemble une rencontre d’animation spirituelle avec des personnes en situation de handicap ?

Alors, elle se propose comme un lieu fraternel de rencontre, un espace de communion, où chacun a sa place. Une à deux fois par mois, par petit groupe ou même individuellement, on se rencontre pour vivre un moment de partage autour de la Parole de Dieu. Nous allumons une bougie, c’est le moment le plus précieux pour les personnes. Nous chantons, nous confions des êtres chers ou des situations difficiles au Seigneur.

Nous sommes également disponibles pour accompagner soit dans les paroisses, soit à domicile, soit dans les institutions, un parcours de préparation aux sacrements adapté à la personne. Sur demande, nous intervenons aussi dans l’accompagnement du deuil.

Finalement, nous vivons différentes célébrations tout au long de l’année et particulièrement lors des temps forts que sont Noël et Pâques.

Pour en apprendre plus sur cette pastorale ou nous contacter :

https://pastorale-specialisee.jimdosite.com/notre-travail/

Une foi à déplacer les tuiles (Marc 2, 1-12)

PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT
PHOTO : DR

Nombreuses sont, dans les quatre évangiles, les guérisons par Jésus de personnes souffrant d’un handicap physique ou psychique. Les raisons de cette abondance sont multiples et belles. Cela vient d’abord du fait que le Fils de Dieu bat en brèche les conceptions de l’époque d’une soi-disant «théologie de la rétribution»: si un homme est né aveugle, ce n’est pas parce que lui ou ses parents auraient péché – quelle horreur ! – mais pour qu’en lui comme en chacun·e se manifeste l’œuvre de Dieu (cf. Jean 9, 1-7).

Une solidarité évocatrice et réjouissante

Puis, parce qu’autour de la personne atteinte d’un handicap peut se vivre une solidarité très évocatrice et réjouissante. C’est grâce à l’inventivité des quatre porteurs du paralytique, en déplaçant les tuiles du toit
(Marc 2, 1-12), que celui-ci peut être descendu en présence du Christ, alors que le Maître est enserré de toutes parts dans la maison où il fait halte. « Voyant leur foi, affirme le 2e évangéliste, Jésus dit au paralytique : « Mon enfant, tes péchés sont remis. » (verset 5)

Ensuite, c’est dû à ce que la foi des femmes et des hommes, rencontrés et guéris, impressionne le Rabbi de Nazareth comme les foules qui les entourent. Ainsi, en est-il de l’aveugle Bartimée à la sortie de Jéricho, dont Jésus vante l’enthousiasme plus fort que la populace qui voulait le faire taire : « Fils de David, aie pitié de moi ! », crie-t-il à plusieurs reprises sur le chemin (cf. Marc 10, 46-52).

La source d’un engendrement mutuel

C’est toujours une libération totale qu’offre le Fils du Père à ceux et celles qu’il guérit, autant spirituelle que physiologique. La délivrance de la paralysie advient dans le récit marcien comme le signe attestant du pardon des péchés par le Fils de l’homme (Marc 2, 10-11).

Ainsi donc, même si notre pastorale n’a pas la promesse de pouvoir opérer de tels miracles à profusion, l’écoute des personnes handicapées dans nos communautés est source d’un engendrement vraiment mutuel, selon lequel tous et toutes ont à se laisser libérer par l’Esprit.

Service de la Pastorale du Réseau la Santé Glâne (RSG)

« J’étais malade et vous m’avez visité. » Mt 25, 36 b

PAR LE PÈRE FRANCIS BASANI | PHOTOS : JEAN-PAUL CONUS, PÈRE FRANCIS BASANI

Chers paroissiens, chères paroissiennes,

Notre unité pastorale compte trois EMS : le home de Billens, le foyer de Vuisternens ainsi que celui de Siviriez.

En tant que délégué de l’équipe pastorale auprès du Réseau Santé Glâne, je vous informe que Melchior et Benjamin se sont retirés de leurs engagements dans la pastorale de la santé il y a maintenant trois mois pour prendre leur retraite. Les membres de l’unité pastorale Sainte Marguerite Bays et moi-même, adressons à cette occasion nos chaleureux remerciements à Melchior et à Benjamin pour leur précieuse collaboration et nous leur présentons tous nos meilleurs vœux pour l’avenir.

Aujourd’hui, à travers ce bref article, j’ai la joie de vous présenter les personnes mandatées dans la pastorale de la santé et de la solidarité qui sont engagées depuis le 1er septembre 2021 pour les remplacer. Je souhaite la cordiale bienvenue à Marie-France Aeby et à Chantal Vogler dans notre unité pastorale et leur souhaite beaucoup de joie dans leur nouvelle mission.

Questions à Marie-France Aeby et Chantal Vogler

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

C : Originaire de la vallée de l’Intyamon, en Gruyère, où j’ai grandi, je suis mariée à Dominique et maman de trois filles âgées de 20 à 14 ans. Après des études en sciences naturelles et quelques années de travail, je me suis consacrée à ma famille durant une vingtaine d’années. J’ai souhaité alors me diriger vers une activité plus orientée vers les relations humaines et, après quelques années dédiées au bénévolat et à ma formation, me voilà auprès des résidents du Réseau Santé Glâne.

MF : Je m’appelle Marie-France et j’ai 54 ans. Nous avons eu la joie d’avoir trois enfants qui sont jeunes adultes maintenant mais toujours bien présents à la maison. J’habite en Gruyère où j’ai été engagée en paroisse durant 20 ans. Il y a 10 ans j’ai suivi la formation d’aumônier en milieu hospitalier au CHUV. J’aime être dehors en nature avec notre chien par n’importe quel temps. Et depuis le 1er septembre je découvre les beautés de la Glâne !

Combien y a-t-il de personnes engagées dans les EMS du Réseau Santé Glâne ?

C : Nous sommes donc les deux aumônières mandatées par le Service solidarités de l’Eglise catholique et nous nous appuyons sur une bonne quinzaine de personnes qui œuvrent bénévolement. Il faut relever que sans ces personnes au grand cœur, le service
ne pourrait jamais offrir toutes les prestations qui existent actuellement. Nous collaborons également avec Mme Florence Blaser, pasteure, qui vient régulièrement donner du temps aux résidents réformés.

MF : Et si certains d’entre vous ont le goût de la rencontre avec les aînés, qu’ils n’hésitent pas à nous contacter pour nous rejoindre.

Quel regard portez-vous sur les résidants ?

C : Ils sont tous tellement uniques et attachants ! Chacun et chacune a quelque chose à m’apporter et à apporter à la vie de son foyer. Chacun a sa personnalité, son vécu, son présent et ses perspectives. C’est toujours un plaisir de les rencontrer, que ce soit dans le couloir, lors d’une célébration ou pour un temps de rencontre personnelle.

MF : J’ai été élevée par ma grand-maman et mon premier poste de travail à 20 ans était au Foyer de Bouleyres à Bulle. Je me sens proche des résidents tout en ayant un regard rempli de respect pour leur parcours de vie et leur expérience face aux vicissitudes et aux changements.

Quelle aide spirituelle peut apporter la présence des aumôniers ?

C : Pour certains résidents, la notion de foi est importante et la participation aux célébrations est essentielle. Nous proposons donc des messes et temps de prière. Le fait de pouvoir prier individuellement avec nous compte aussi pour certaines personnes. Mais l’élément le plus important est peut-être le temps que nous pouvons leur consacrer, temps de présence, d’écoute et de partage, notamment lors de rencontres individuelles. Ce temps offert peut aider à avancer sur le chemin de la vie avec tout ce qu’il comporte de difficultés ou de questionnements dans cette phase délicate de l’existence. Certains résidents souffrent aussi de solitude, et notre visite peut leur apporter un moment agréable et déboucher en même temps sur de nouvelles perspectives.

Il ne faut pas oublier non plus que nous sommes au service de toutes les personnes de la maison, croyants ou non, résidents ou membres du personnel.

MF : Il me semble important d’accompagner la personne dans toutes ses dimensions. Que cela soit par les soins, la cuisine, l’animation et aussi la spiritualité. C’est un tout à mon avis. Prendre en compte la spiritualité permet de mobiliser les ressources de la personne pour traverser les étapes de la vie. Plus particulièrement encore lorsque c’est plus difficile pour eux en raison de la maladie et de la perte.

Quelles sont vos joies dans votre travail auprès des résidents ?

C : La principale est la joie de la rencontre : joie d’être ensemble, de partager le moment présent, d’évoquer la vie qui se déroule, d’aller y chercher des élans pour poursuivre le chemin. Joie d’être parfois simplement aux côtés d’une personne, même si c’est dans le silence.

MF : Celle d’être une présence, en toute simplicité. Je fais partie de la maisonnée comme eux et nous partageons joies, peines et attentes au quotidien. Je pense que les personnes que nous rencontrons, ce n’est pas du hasard. Jusqu’à notre dernier souffle, nous sommes au monde unique et porteur d’être là ici et maintenant.

Quelles sont vos peines dans vos engagements ?

C : Toute rencontre ne débouche pas sur un élan de vie ni même parfois sur un échange. Il faut pouvoir accepter que le temps de l’autre ne soit pas forcément accordé au mien ou que ma présence ne soit pas appréciée à tel moment. La liberté et l’agir du résident sont primordiaux. Il faut donc parfois passer sur une déception passagère et accepter de n’avoir pas su répondre aux attentes d’une personne.

MF : Je n’ai pas eu moi-même de la peine. Mais, j’ai partagé celle des personnes qui ont perdu de l’autonomie, qui souffrent dans leur corps ou leur intériorité. Etre là à leur côté est pour moi le cœur même de ma raison d’être engagée dans le service d’aumônerie.

 

Assis dans les pentes

Pèlerin des montagnes, Olivier Taramarcaz partage la parole de vie sur les chemins. Auteur d’une quinzaine d’ouvrages poétiques, il rassemble textes, croquis de terrain et gravures, dans les carnets de l’atelier art et foi. Il publie aujourd’hui un nouveau « psaume alpin » comme il aime à le dire. Il nous invite à accueillir dans la paume de nos cœurs, la lumière du Ressuscité.

PAR OLIVIER TARAMARCAZ | PHOTOS : DR

La terre est un poème. Je lis dans le paysage la lettre d’amour de son Auteur. Son nom est gravé dans mon cœur. Je suis né pour connaître mon Créateur. Je comprends ma vie quand je marche dans sa lumière. A perte de vue je vois le jour effacer la nuit. Connais-tu Celui qui arrose le myrtillier, et aussi l’églantier, le cirse laineux et la pulmonaire ? Son baume t’a-t-il déjà rafraîchi-e ?

«Ta parole éclaire mon chemin.»

Psaume 119, 105

Ce que je vois de mes yeux ne me suffit pas pour marcher là où je désire marcher. Ce que je vois de mes yeux n’éclaire pas avec une précision suffisante le chemin que je désire emprunter. Je cherche une lumière qui puisse me guider dans la nuit la plus sombre, une lumière indépendante du rythme du jour et de la nuit, une lumière en mesure d’éclairer la nuit là où le soleil ne parvient pas. Cette lumière, où la trouverai-je ?

Je ne la porte pas en moi. Je ne parviens pas à la produire. Mais je sais que là où tu es Seigneur, là est la lumière. Je désire marcher vers la lumière, non comme je marche parfois vers un refuge éloigné, que j’espère rejoindre avant la nuit, que je découvre après des heures, lové au milieu des rochers. Je désire marcher non seulement à la lumière du jour, en en étant privé à la nuit tombante. Je désire respirer l’éternité dans le cœur, vivre dans le présent éternel de sa présence.

Je désire marcher dans la lumière de l’Eternel, l’éternelle lumière que rien n’altère. Ta lumière éclaire la nuit du jour, la nuit de la nuit de ma nuit. Je désire m’y plonger, m’y baigner entièrement, pas seulement y tremper les pieds, ou la frôler du bout des doigts, en gardant mes distances, en portant mon regard ailleurs. Dans ta lumière, je m’accorde au « la » de la vie, je prends le pouls de ma vie intérieure. Ta lumière est ma boussole.

Etre dans ta lumière, voilà mon seul désir : danser dans ta lumière, ivre de ta présence. Etre éclairé non seulement de l’extérieur, être illuminé par toi Jésus, à l’intérieur de ma peau, dans mon être intime, au cœur de mes pensées, dans l’ordinaire de mon quotidien, de mon histoire, immergé dans l’océan de ton amour. Inondé par ta lumière, l’incandescence de ton être répand en moi le goût de l’éternité.

Je me laisse regarder par toi. Je me tiens tout entier au cœur du souffle de ta parole. Au cœur du battement de ton cœur. En toi se trouvent la vie et l’être.
En toi sont cachés tous les trésors. De toi rayonne la sagesse. De toi la connaissance coule comme du miel. Ta présence transforme mon esprit. Tu crées en moi un cœur pur. Ta parole renouvelle mes pensées. Tu me touches et rafraîchis mes muscles. Ton Esprit fortifie mes os. Dans ta lumière je vois la lumière.

«Dans ta lumière, je vois la lumière.»

Psaume 36, 10

Je reconnais le son de ta voix, la fragrance de ton parfum. Tu me demandes : « M’aimes-tu ? » « Oui, je t’aime mon bien-aimé. » Tu as insufflé dans mon cœur le désir de demeurer près de ton cœur. Tu m’as créé pour vivre dans ta présence. Toi, le Ressuscité, tu m’as ressuscité. Pour moi tu t’es donné. Je me livre à toi. Tous mes désirs se portent vers toi. Tu es le roi de mon cœur. Reçois mon sentiment amoureux pour toi. Tu es mon bon ami, je m’abandonne entre tes bras.

La parole vivante, la parole respirante, je ne l’attends pas d’un autre que toi. Avant même qu’elle soit prononcée par tes lèvres, je reconnais la parole de ton cœur. J’écoute ta voix de l’intérieur, dans le mouvement même des pulsations de mon âme. Dans le silence du silence, j’accueille les paroles que tu me donnes. Instant par instant, je les médite, m’en nourris. Assis à tes pieds, dans ton jardin, je me tiens devant toi.

A l’horizon du silence, ta parole a jailli : « Je t’aime d’un amour éternel. » Ta parole s’imprime en moi. Ta déclaration d’amour m’invite à te déclarer mon amour. Porté vers l’appel de la rencontre, je me tourne vers toi le Ressuscité. Tu es la lumière de ma vie. Je me réjouis de tout ce que tu es. Par ta parole tu as créé les cieux et la terre. Tu es l’alpha et l’oméga. Aucun nom n’est comme le tien, Jésus ! J’aime ta présence. Je t’aime.

Tu désires te révéler à moi dans un cœur à cœur. C’est là que tu déposes le trésor. C’est là que j’accueille ta parole. Tu m’attires à toi dans tes pâturages. Tu ouvres un chemin devant moi, jusqu’à la tente de la rencontre. Je médite ta parole. Elle parfume mon être. En elle je reçois ton souffle. Quand je tourne mon regard vers toi, je suis tout ému. Mon cœur bat au rythme de ton cœur. Silence, silence, il pleut de l’amour.

«Quand je tourne vers toi les regards, je rayonne de joie.»

Psaume 34, 6

Demandez-la

La nouvelle brochure d’Olivier Taramarcaz vous est offerte sur demande au secrétariat par téléphone, par e-mail ou directement sur place.

Laurine Moulin: «Dieu, c’est la Beauté dans ma vie»

A 21 ans, Laurine Moulin est directrice de chœur et future chanteuse professionnelle. Sa foi en Dieu repose sur «la beauté des choses aussi inutiles qu’essentielles» – tels que le chant et l’art sacré. C’est ce qui donne du sens et de la cohérence dans sa vie.

PAR CATH.CH
PHOTOS : GRÉGORY ROTH, THÉOPHILE BLOUDANIS

Amoureuse de la musique classique et chorale

Née à Martigny en 1999, Laurine Moulin baigne dans le chant depuis son plus jeune âge. Elle prend ses premiers cours d’orgue vers quatre ans déjà. « Ma maman était organiste amateur, précise-t-elle. A quatorze ans, je suis partie étudier l’allemand dans le Haut-Valais. Et c’est dans une école de chant à Brigue que j’ai eu un énorme déclic : je suis tombée amoureuse de la musique classique et chorale. La musique, c’est mon truc, et c’est cela que je vais faire. Sans vraiment savoir si j’allais en faire de ma vie. »

A ce moment-là, elle arrête l’orgue, parce qu’elle débute le Collège à Saint-Maurice. Parallèlement, elle s’inscrit au Conservatoire de Sion. Elle joue du violon pendant quelque temps, mais se concentre surtout sur le chant et la direction. Ces années de Collège, de 2014 à 2019, sont pour elle une période assez intense, avec une formation en tous points : intellectuelle, musicale, mais aussi humaine et spirituelle.

« Cela m’a permis d’évoluer et de grandir dans ces domaines-là. Mais il était de plus en plus clair que je voulais faire de la musique mon métier, même si je me rendais bien compte que c’est un « choix dangereux ». » Après le Collège, Laurine s’inscrit donc en cours pré-professionnel à Sion, une année de formation pour se préparer aux examens d’entrée aux Hautes écoles d’art.

Se rendre proche et faire du bien

« Pendant cette année-là, mon idée était aussi de me rendre proche des gens et de leur faire du bien. Pas très étonnant : à la maison, on m’appelle le Saint-Bernard. Il y a de nombreuses anecdotes à ce sujet : depuis toute petite, j’ai toujours eu le souci des autres, avant de me soucier de moi-même souvent. Je suis très sensible à ce que ressentent les autres, et j’ai souvent envie de décharger les autres de leur fardeau. »

Elle effectue des stages en soin dans des homes de la région. « J’ai été marquée par l’histoires de vie des résidents. Parfois, ils en avaient les larmes aux yeux. Dans leur histoire, ils finissent souvent par parler de Dieu. C’était vraiment beau, même s’il ne m’était pas toujours possible de mettre une barrière émotionnelle. L’expérience fut belle, mais c’est la musique qui m’appelle, et je ne peux pas faire autrement. »

En 2020, elle réussit les examens à la Haute école de Berne, mais faute de places, elle commence des études de musicologie et d’histoire à l’Université de Fribourg, tout en prenant des cours de direction avec Jean-Claude Fasel et des cours de chant avec Jean-Luc Waeber. En 2021, elle est prise à la Haute école de Genève et va démarrer son cursus professionnel en
septembre. Son objectif est de faire de l’opéra.

La foi: une question de cohérence

Laurine redécouvre le sens de la foi, pendant sa préparation à la confirmation. Elle commence à se poser des questions de cohérence. « Pourquoi est-ce que je fais ma confirmation ? Pourquoi vais-je à la messe ? Parce que j’y ai trouvé du sens et de l’importance. Même si, comme tout le monde, j’ai eu des détours dans ma foi, des hauts et des bas. »

Pour la Valaisanne, la foi n’est pas un ensemble de règles et d’impératifs. Mais pour savoir qui elle est vraiment, la chanteuse a eu besoin de faire le lien entre ce qui se passe dans sa vie et ce qui fait sens. « Pourquoi fais-je de la musique ? Est-ce que ce n’est pas simplement me faire du bien parce que j’aime chanter ? Et j’ai fini par trouver : Dieu, pour moi, c’est la Beauté. Et la Beauté, c’est l’œuvre de Dieu. C’est ce patrimoine invisible, qui est plus qu’essentiel dans nos vies. Il est dans la beauté de la musique, de l’art, des langues, la littérature, le théâtre, etc. A plus forte raison pour moi qui fais du chant : un art invisible et éphémère. L’Amour du Christ, aussi, est invisible, mais c’est ce pourquoi je veux travailler. »

L’importance de l’inutile et de la beauté

« Je me bats pour que les autres comprennent l’importance de l’inutile et de la beauté. Nous avons été créés avec des sens : c’est pour pouvoir s’émerveiller. Si tout était gris et que nous enlevions l’art et tout ce qui est abstrait, nous serions vides. Il faut donner le goût de la beauté : faire connaître le patrimoine que tous les artistes et compositeurs ont porté siècles après siècles. Ma foi se repose sur l’inutile de la beauté. Le compositeur suisse Frank Martin résume très bien ce propos : « Chercher à créer de la beauté est un acte d’amour. » Chanter, c’est bien un acte d’amour. »

En août 2019, le Chœur des jeunes de Martigny se reforme et Laurine en prend la direction. L’ensemble compte aujourd’hui 25 membres, de 14 à 30 ans, et anime huit messes par an et quelques représentations. Elle chante aussi une fois par mois la messe baroque avec l’Ecole Maîtrisienne de la Cathédrale de Sion et fait partie d’un quatuor de chant sacré.

Une terre de mission

Durant l’été 2021, elle s’est mise en route sur la Via Francigena, jusqu’à Rome. Ce fut pour elle également une occasion de découvrir la beauté, dans les échanges avec les pèlerins et les hôtes, mais aussi en arrivant dans cette vaste basilique Saint-Pierre, qu’elle qualifie « de véritable œuvre de Dieu faite de mains d’hommes ».

Laurine note que l’Eglise en Occident est en plein changement. « A l’avenir, l’Eglise en Europe ressemblera de plus en plus à une terre de mission. Les chrétiens seront appelés à découvrir la foi autrement, à se recentrer sur l’essentiel. Et l’Eglise devra se renouveler. Cela ne veut pas dire de changer son discours de fond, son Evangile et ses fondements, mais de changer son organisation et ses structures, afin d’être davantage missionnaire. »

Un patrimoine culturel et millénaire

Malgré les crises et les scandales que traverse l’Eglise, Laurine continue à croire. Pourquoi ? « Parce que Dieu nous a donné son Fils. S’Il a fait ce grand sacrifice, nous pouvons bien faire de petits sacrifices. Cet homme qui a donné sa vie pour nous et nos péchés. Si cela s’est passé il y a deux mille ans et que les gens ont continué à croire ; si tout ce patrimoine culturel et spirituel, cette tradition millénaire, ce chant sacré ont subsisté, ça ne peut juste pas être du vent. »

Témoignage d’Alexandra !

Bonjour Alexandra,
Nous t’avons invitée à te présenter aux lecteurs du magazine paroissial de notre secteur, ce que tu as gentiment accepté en nous proposant ces quelques lignes. MERCI du fond du cœur !
Nous nous réjouissons de mieux te connaître et, lorsque nous aurons l’occasion de te rencontrer, nous aurons le plaisir de te saluer par ton joli prénom !

PAR ARLETTE ANTONY | PHOTO : STÉPHANIE BERTHOUD

Je m’appelle Alexandra Berthoud, j’habite à Troistorrents.

Je suis née avec un handicap, la trisomie 21.

J’ai été adoptée quand j’avais 11 mois et j’ai grandi dans ma famille adoptive avec un frère et quatre sœurs qui m’ont donné beaucoup d’amour ainsi que mes parents.

J’ai commencé l’école au village et puis à Monthey dans une école spécialisée. J’ai toujours eu de gentils chauffeurs de bus.

J’ai aussi été à la Castalie puis j’ai travaillé à la Coop.

Maintenant, je vis à Fribourg au foyer de l’Arche, le « Grain de sel ». C’est ma deuxième famille. Les assistants s’occupent bien de moi. Je travaille dans un atelier protégé et je fais du tissage (des linges de cuisine) et de la broderie (des livres pour les bébés). J’ai un diplôme parce qu’il y a 10 ans que je travaille à la FARA.* J’ai aussi des activités en dehors du travail.

J’ai eu quand même des moments difficiles et parfois, aujourd’hui encore, lorsque je me sens mise à l’écart ou quand on me regarde avec insistance.

Dans mon village, on me connaît parce que j’ai fait ma première communion et ma confirmation. J’aime beaucoup prier pour les prêtres et les personnes qui ont besoin de prière.

J’aime la vie dans la main de Dieu !

* FARA: Fondation Ateliers Résidences Adultes
Boutique FARA – Rue de Lausanne 57
1700 Fribourg : on y vend de magnifiques objets, dont ceux confectionnés par Alexandra.

Dimanche des Laïcs: un dimanche pour tisser des liens

La Suisse romande foisonne de mouvements d’Eglise qui témoignent à la fois d’une grande diversité et d’une unité réelle. Certains mouvements se consacrent à la prière et à l’oraison, d’autres guident leurs membres dans leur vie spirituelle ou proposent des relectures de vie, d’autres encore sont au service des couples et des familles ou s’engagent aux côtés des personnes en situation de deuil, des malades ou des personnes handicapées; plusieurs se consacrent à l’entraide et au partage.
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Le cardinal Schwery: un pionnier

Ce qui a frappé les personnes présentes lors de la conférence donnée à l’occasion du 1er anniversaire de la naissance au ciel du cardinal Henri Schwery, à l’église de Saint-Léonard le dimanche du baptême du Christ 9 janvier 2022, c’est combien il avait été pionnier dans la mise en œuvre du Concile Vatican II (1962-1965) pour le diocèse de Sion.
Il a agi en pasteur visionnaire, enthousiaste (rempli de Dieu, au sens étymologique grec), amoureux du Seigneur et de son peuple, passionné pour les rapports entre la foi, le monde, la science, la musique et la beauté.

PAR L’ABBÉ FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT, ANCIEN VICAIRE ÉPISCOPAL DU CARDINAL
PROFESSEUR DE THÉOLOGIE À L’UNIVERSITÉ DE FRIBOURG
PHOTO: PIERRE PISTOLETTI

En témoigne son ouvrage daté de 1988, Sentiers pastoraux, qui rassemble la plupart de ses orientations et intuitions durant ses 18 années d’épiscopat (1977-1995). C’est le terme «nouveauté» qui revient comme un leitmotiv dans son action de pasteur, dans la visée de la «nouvelle évangélisation» souhaitée par les papes Paul VI et Jean-Paul II. Voici les accents principaux qu’il a mis en œuvre: la collaboration de tous les baptisés à l’apostolat des laïcs, notamment dans les conseil pastoraux de paroisses; le déploiement de la pastorale selon les secteurs territoriaux, confiés chacun à une équipe pastorale et les services diocésains comme ceux de la catéchèse, du couple et de la famille, de la jeunesse, de la santé, de l’information, du tourisme, des questions économiques, de la diaconie, de la pastorale spécialisée pour personnes en situation de handicap; la formation d’hommes et de femmes laïcs (parcours cantonal de la FAME, désormais Théodule, formations au Centre catholique romand de formations en Eglise et à la Faculté de théologie à Fribourg) pour l’exercice de ministères dans les paroisses, les mouvements et les domaines spécialisés ; la fondation du Séminaire diocésain à Givisiez, devenu la Maison des Séminaires ; la relance du diaconat permanent, plutôt en milieu professionnel.

Une de ses grandes entreprises consistait dans le « Triennat de famille », trois années autour de la préparation au mariage, l’accompagnement des couples et la présence auprès des conjoints en difficultés, avec des billets publiés dans les quotidiens et rassemblés dans ses deux volumes de Sentiers épiscopaux.

Ses successeurs, Mgr Norbert Brunner et Jean-Marie Lovey, se sont inspirés de ces initiatives et les ont prolongées. Elles servent de base à la démarche synodale voulue par le souverain pontife François pour toute l’Eglise catholique, dans un esprit d’écoute mutuelle, de délibération et d’avancées dans la communion universelle.

Témoignage en milieu hospitalier

Je m’appelle Karen Rapin, je vais avoir 29 ans et je vis à Val-d’Illiez. Educatrice de l’enfance de profession, j’ai ensuite entamé une formation théologique. Actuellement, je conjugue ma dernière année de cours avec mon engagement à temps partiel dans l’équipe d’aumônerie de l’hôpital Riviera-Chablais.

TÉMOIGNAGE TRANSCRIT PAR F. PREMAND | PHOTO : K. RAPIN

Le rôle de l’aumônier est un rôle d’écoute. C’est se mettre à disposition et aussi en disposition ; j’essaie d’y parvenir de mon mieux, grâce à un mélange de disponibilité intérieure, de techniques apprises et d’expériences. Mon quotidien à l’hôpital est fait de rencontres avec des personnes inconnues, ce qui n’est jamais facile. Au début, j’arrivais toute « seule » vers la personne et cela se passait moins bien. Puis, peu à peu, je suis venue habitée par la foi, en ayant la conviction que Jésus m’accompagnait. La rencontre se déroule vraiment plus concrètement. S’il m’arrive de débuter une visite en ayant eu un souci ou une contrariété auparavant, je laisse ces sentiments devant la porte, afin d’être bien à l’écoute de la personne. J’en ressors apaisée et même ressourcée.

Au moment où je frappe à la porte de la chambre, je fais cette petite prière intérieure : « Sois avec moi et Tu sauras ce dont cette personne a besoin » ; j’ai aussi des entretiens réguliers avec le personnel soignant ; tout cela m’aide à poser les bons mots durant cet échange. Je rencontre tous les patients hospitalisés, peu importe leur foi, leurs croyances et bien sûr, en tant qu’aumônier, je termine assez régulièrement par une prière avec eux. Ce moment-là me semble assez important parce que c’est l’occasion de confier tout ce qui s’est dit au Seigneur.

Certaines visites restent davantage en mémoire. Je pense à un patient d’une vingtaine d’années. Je vais à cette visite pleine d’a priori par rapport à son âge. Je me dis que peut-être cela va lui faire peur quand je vais parler d’aumônier, d’accompagnante spirituelle. D’autant plus que je suis une jeune fille. Il ne va peut-être pas avoir envie de se confier, etc. On a entamé la discussion puis son repas est arrivé. J’ai pensé pour clore le laisser manger tranquillement. Je lui ai juste demandé de quoi il aurait le plus besoin pour les prochains jours et là, une brèche s’est ouverte. Les émotions sont montées en lui, il a commencé à pleurer ; on a laissé le temps nécessaire. C’est à cet instant que l’échange profond a commencé. Durant ce moment fort, j’ai fait cette prière intérieure : « Merci Seigneur pour ce que Tu me donnes de vivre parce que je ne m’étais pas attendue à partager de telles choses ! ». Cette rencontre m’est restée en mémoire parce qu’elle m’a servi de leçon par rapport à mes préjugés. Je suis aussi extrêmement touchée de la confiance qui m’est témoignée, ainsi qu’au personnel soignant.

Lors des discussions avec mes proches ou mes collègues, on me dit souvent que cela doit être difficile d’écouter toutes ces souffrances. Oui, c’est sûr que je suis touchée. Mais ce qui me frappe le plus, c’est de voir la souffrance. Là aussi, une image me reste en tête. Je me préparais à rencontrer un très jeune patient atteint d’un cancer. Au moment d’entrer la chambre, je découvre un enfant amaigri et souffrant. Cette rencontre est restée gravée en moi.

Pour maintenir cette foi en moi, j’ai vraiment besoin qu’elle soit vivifiée. Je peine à prier seule, mais je trouve de l’aide dans les moments de prières en communauté, soit lors d’une messe ou d’une animation de messe avec les jeunes où j’éprouve beaucoup de plaisir. L’écoute de la musique et le chant me permettent aussi de laisser sortir mes émotions.

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