Une église consacrée par l’évêque

Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, viendra consacrer l’église de Gland
dans quelques semaines. Dans l’intervalle, il a accepté de nous expliquer la signification et les implications
d’un tel évènement.

PROPOS RECUEILLIS PAR AUDREY BOUSSAT | PHOTOS : DR

Le 13 février, vous serez dans la nouvelle église de Gland pour la consacrer. Que signifie le mot «consécration»?

Mgr Charles Morerod : – On parle de «consécration» à la première bénédiction d’une église. Le terme de «bénédiction», quant à lui, est utilisé plus largement et s’étend aux personnes, aux bâtiments et aux objets.

Que veut dire le terme «bénédiction»?

«Bénédiction» vient du latin «benedicere», dire du bien. Quand Dieu dit du bien, il le fait aussi – à commencer par la création. Nous devons à Dieu de bénir une personne ou une chose, donc de lui faire du bien. Pour les lieux et les objets, on demande à Dieu qu’ils soient particulièrement aptes à nous relier à lui («relier» étant une des étymologies traditionnelles de «religion»). Ces bénédictions matérielles sont donc orientées vers le bien des personnes, qui sont capables de répondre à l’amour de Dieu.

Lors de la consécration de l’église de Gland, quels gestes allez-vous effectuer et quelle est leur signification?

– J’aspergerai l’autel d’eau bénite (en lien avec notre baptême), ferai brûler de l’encens autour (notre prière monte vers Dieu en bonne odeur) et l’oindrai de saint chrême, cette huile bénite et parfumée utilisée aussi au baptême, à la confirmation et dans les ordinations. Tous ces signes montrent que Dieu prend au sérieux le monde matériel (songeons à l’incarnation du Fils de Dieu et à la Résurrection) et que nos sens jouent un rôle crucial dans notre connaissance et nos relations.

Comment se fait-il que l’on puisse célébrer des messes dans une église non consacrée?

– On anticipe simplement ce qui va arriver, et on le fait pour favoriser la prière sans attendre. J’ai participé à la consécration de la cathédrale orthodoxe russe de Genève, construite en 1863…

Pourquoi est-ce l’évêque qui consacre les églises de son diocèse?

– Il revient à l’évêque de veiller sur la prière dans le diocèse qui lui est confié (de la soutenir, de la susciter, de veiller à ce qu’elle favorise la communion). Une église est un lieu de prière central. L’évêque peut déléguer cette responsabilité si les consécrations sont nombreuses, mais chez nous le nombre reste limité. En ce qui me concerne, j’ai béni plusieurs églises restaurées et deux nouvelles chapelles (de plus petites dimensions).

Vous êtes souvent amené à vivre des évènements uniques et solennels. Comment vous préparez-vous?

– Je prie pour les communautés concernées et je vérifie comment me rendre sur les lieux. Vu mon sens de l’orientation, ce dernier point est assez déterminant, et j’ai reçu plusieurs fois une aide émouvante lorsque mon GPS montrait des signes de faiblesse. C’est évidemment une joie de participer à une célébration qui montre clairement la vie de l’Eglise!

Vous serez présent à Gland le 13 février pour consacrer la nouvelle église. Que ferez-vous après?

– Je commencerai par rester sur place pour rencontrer la communauté, l’Eglise de cette église. Avant d’aller célébrer la messe à la cathédrale Saint-Nicolas à Fribourg, qui est la mère des églises du diocèse.

Rendez-vous le 13 février à 10 heures à la nouvelle église de Gland pour sa consécration.

Qui finance la nouvelle église ?

L’édifice qui a été construit a demandé un investissement en temps et en réflexion, mais aussi financier. Le montant nécessaire est important, 4,35 millions de francs et les moyens mis en œuvre pour le récolter le sont tout autant. Pourtant, nous sommes encore à la recherche de fonds.

PAR GILLES VALLAT, PRÉSIDENT DE LA PAROISSE DE NYON | PHOTO : AUDREY BOUSSAT

Comment la nouvelle église de Gland est-elle financée ? Essentiellement par des dons et des contributions des communes.

Il faut savoir que dans le canton de Vaud, les paroisses ne prélèvent pas d’impôts. Si l’Etat subventionne les salaires des personnes engagées professionnellement au sein de l’Eglise (prêtres et agents pastoraux laïcs), il n’intervient aucunement dans la gestion du patrimoine ou dans un investissement immobilier des paroisses catholiques. Quant aux communes, elles financent l’entretien et la rénovation des lieux de culte. C’est donc à la paroisse qu’il appartient de trouver les fonds pour construire une nouvelle église ou des salles de réunion. Et ce sont les dons et les quêtes auprès des fidèles qui y pourvoient.

Le projet de la nouvelle église de Gland, dont le coût est estimé à 4,35 millions de francs, a bénéficié de subsides des trois communes faisant partie de la communauté : Gland, Vich et Coinsins. Mais l’essentiel de la dépense est à la charge de la communauté et de la paroisse de Nyon. Une commission a été constituée pour prospecter auprès de privés, d’associations, de fondations, d’entreprises, de communes, de paroisses,… Elle a créé un comité de soutien qui appuie le financement du projet et la met en relation avec de possibles donateurs.

Des dons bienvenus

C’est ainsi que des dizaines de dossiers ont été adressés à des donateurs potentiels depuis 2016. Plusieurs tous-ménages sont parvenus aux habitants des trois communes faisant partie de la communauté de Gland ainsi qu’à tous les catholiques des paroisses de Nyon et de Founex, rassemblées au sein d’une unité pastorale. A noter que la communauté de Gland a organisé des repas, des expositions et des manifestations pour récolter des fonds. Les paroisses de Nyon et de Founex, les communautés locales de Begnins, Crassier et Saint-Cergue ainsi que les Eglises sœurs de Gland ont également contribué au financement du projet.

Grâce à ces efforts, environ 2,3 millions de francs de dons et de subsides ont été récoltés mi-octobre, soit un peu plus de la moitié du coût de la construction. A cela s’ajoute un prêt sans intérêt d’un million accordé par la Fondation des constructions paroissiales catholiques du canton de Vaud et un prêt de la Mission intérieure de 200’000 francs. Il manque donc à ce jour quelque 850’000 francs pour financer entièrement la nouvelle église. Il faut souligner que la situation sanitaire n’a pas facilité la récolte de fonds.

Vos dons sont les bienvenus. Vous pouvez les faire parvenir à l’Association paroissiale catholique de Notre-Dame, Nyon, communauté de Gland, IBAN CH58 0900 0000 1541 7070 8. Vous pouvez aussi utiliser Twint. D’avance, un très grand merci pour votre générosité.

La symbolique du mobilier liturgique

Pour célébrer selon le rite catholique romain, il ne suffit pas d’un autel, d’un ambon, d’un tabernacle, d’un siège de la présidence, d’une croix et d’une statue de Marie dans l’église. Ces objets doivent avoir du sens et se répondre; voici le cheminement qui a mené au choix du mobilier de cette nouvelle église.

PAR FRANÇOISE MERLO, AU NOM DE LA COMMISSION LITURGIQUE
PHOTOS : IMAGES DE SYNTHÈSE DU BUREAU CORETRA

En décembre 2019, une nouvelle commission, menée par Jean-Claude Dunand, est créée pour réfléchir au mobilier liturgique. Elle tient compte des propositions et réflexions des paroissiens, mais doit aussi travailler à partir de la structure circulaire du bâtiment, qui impose certains choix. Cette église ronde permet bien des possibilités ; il serait dommage de rester dans une disposition classique, les fidèles les uns derrière les autres, avec le célébrant en frontal.

Un symbole : la colombe de l’Esprit Saint

Un concours d’artistes est organisé en juillet 2020 pour le mobilier. Les projets des artistes devront s’inspirer du chemin de réflexion élaboré par notre commission avec le soutien de Jean-Marie Duthilleul, architecte dont l’expertise est de grande valeur. Il a redessiné l’emplacement des chaises et des allées dans l’église pour donner plus d’importance à l’autel, à l’ambon et au siège de la présidence. Ces éléments sont placés en triangulation sur les lignes de force pour évoquer la Trinité.

Il confirme notre choix de chaises disposées en cercle et non de bancs, car cela permet de les orienter suivant les célébrations. Un banc circulaire est prévu sur le pourtour de l’église pour les jours de grande affluence. Notre commission adhère à cette phrase forte de
M. Duthilleul : « Eglise, lieu de mise en relation : relation entre les objets, entre les personnes et entre les personnes et les objets… pour dire le Mystère. »

Le jury, très touché de la qualité du travail des quatre artistes sélectionnés, choisit à l’unanimité le projet d’Alain Dumas. Les qualités principales du projet retenu :

  • Noble simplicité,
  • Conformité au chemin de réflexion,
  • Intégration au projet architectural,
  • Beau travail de la matière,
  • Potentiel de développement.

M. Dumas a taillé le mobilier liturgique dans le marbre bleu de Savoie, un marbre cristallin à l’aspect lumineux. En homme de Foi, il veut associer l’Esprit Saint à tous nos gestes liturgiques et a choisi comme symbole la colombe : elle est gravée dans la pierre du baptistère, ainsi que dans la porte en bronze du tabernacle et sur la face avant de la table de l’ambon.

En marche vers Dieu

L’église n’est pas d’abord le lieu de la piété personnelle, mais celui où le peuple de Dieu devient Corps du Christ. Pour construire ce Corps, le peuple doit se mettre en marche et vivre une conversion permanente. L’aménagement de cette nouvelle église devra faire sentir cette marche : avancer vers le Christ, lumière du monde. L’autel, pièce maîtresse, représente le Christ qui rassemble, pour le partage. En principe fixe et en pierre, il rappelle la table du sacrifice ainsi que la table de la dernière Cène.

Nous avons choisi de placer le baptistère dans le narthex, première étape de la marche, car le baptême est le premier sacrement, signe de l’entrée dans la communauté des chrétiens. La marche se poursuit sur un horizon ouvert puis offre un passage par l’ambon, le siège de la présidence et l’autel, jusqu’à la croix et la lumière.

Nous avions à cœur de relier les personnes de la communauté, aussi dans le temps. Les anciens seront heureux de retrouver le Christ en croix et la statue de la Vierge, ainsi que le patronat de saint Jean-Baptiste. La statue de Marie sera très visible, placée dans un lieu privilégié entre le narthex et l’intérieur de l’église. Depuis le narthex, elle nous montre la direction à prendre : avancer vers son Fils. Bonne marche à tous !

Des lieux de rencontre interculturels

Trois salles ont été construites sous la nouvelle église de Gland. Leur gestion a été confiée à l’Association culture et rencontre de Gland et environs. Visite des lieux avec son président Thierry Bocion.

PAR THIERRY BOCION
PHOTOS : IMAGES DE SYNTHÈSE DU BUREAU CORETRA

L’Association culture et rencontre de Gland et environs a été fondée le 25 février 2021 sous l’impulsion du comité de pilotage de la nouvelle église. Lorsqu’il a envisagé la gestion des salles situées sous l’église, il est tombé d’accord avec la municipalité de Gland sur le fait qu’elles avaient un potentiel exploitable au-delà de la communauté catholique. Dès lors, des personnes de tous horizons ont été contactées pour faire partie de la nouvelle association, qui compte actuellement 25 membres comité compris. Celui-ci assure la gestion des réservations des trois salles de manière autonome tout en collaborant avec la communauté catholique de Gland.

Partage, Léman et Anciennes vignes

Les salles sous l’église sont accessibles de manière totalement indépendante. Elles disposent d’un mobilier permettant un large choix d’activités, d’une cuisine moderne et équipée, de sanitaires et d’un parking.

Ces trois salles pourront être louées à l’unité ou en lot pour des mariages, des repas d’anniversaire ou familiaux ainsi qu’à d’autres associations. Après consultation de ses membres, le comité a nommé les trois salles, ayant des capacités d’accueil maximales différentes, comme suit :

– la salle Partage, en référence au but de l’association, pouvant accueillir jusqu’à 150 personnes ;

– la salle Léman, par rapport à la région, 50 personnes ;

– la salle Anciennes vignes, en souvenir des vignes qui entouraient l’ancienne église, 30 personnes.

Quel fonctionnement ?

Pour louer les salles, l’association dispose d’un site internet qui indique les tarifs des salles avec leur capacité maximale et leurs disponibilités ainsi que le règlement d’utilisation. Les salles et toutes les annexes intérieures sont des zones non-fumeurs. Un contrat de location et plusieurs moyens de paiement sont à disposition sur le site.

Toute personne majeure vivant dans les environs peut faire une demande de location. Pour les personnes qui voudraient louer l’église et les salles, un lien sur le site permettra de consulter le site internet de la communauté catholique pour connaître les disponibilités et effectuer une demande.

Tous les membres de l’Association culture et rencontre de Gland et environs se réjouissent de vous accueillir pour vous permettre de passer d’agréables moments dans les salles sous la nouvelle église de Gland.

Encourager la rencontre

L’Association culture et rencontre de Gland et environs est une association à but non lucratif, apolitique et confessionnellement neutre. Elle a pour objectif d’encourager et de favoriser le vivre ensemble au travers d’événements culturels et sociaux intergénérationnels.
Ses buts principaux sont d’améliorer la cohésion sociale dans la région, de favoriser la rencontre entre populations linguistiques et de faciliter l’intégration des différentes cultures. Pour ce faire, l’association projette d’organiser des rencontres pour les jeunes, les adultes et les seniors habitant Gland et ses environs. Au programme : concerts, jeux, conférences, permanence d’aide et d’action sociales, réunions d’information, événements, loisirs,…

Construire une église, un défi de société

PAR BERNARD CHEVALLAY, PRÉSIDENT DU COMITÉ DE PILOTAGE, ET GILLES VALLAT, PRÉSIDENT DE LA PAROISSE DE NYON | PHOTOS : DR

Edifier une nouvelle église constitue un véritable défi, une folie même. Pensez : nous vivons dans une société qui se déchristianise, une société fortement matérialiste, individualiste et en grande partie agnostique. A l’heure où les lieux de culte se vident ou sont désaffectés et transformés en musées ou en salles de théâtre, pourquoi construire une nouvelle église à Gland en 2021 ?

Pour plusieurs raisons. La chapelle actuelle, construite en 1972 avec des matériaux de récupération provenant d’un baraquement de chantier, est devenue vétuste et elle est parfois trop petite pour accueillir les fidèles de la région. Une rénovation lourde n’était pas envisageable et le bâtiment n’est plus conforme aux normes actuelles de construction. Ensuite, il y a l’évolution démographique de Gland et de sa région, en pleine expansion : notre communauté connaît une bonne fréquentation, notamment des nouvelles familles, nombreuses à s’établir dans la région.

Confrontés à ces faits, les responsables de la communauté et de la paroisse ont dû se rendre à l’évidence: agrandir et restaurer l’édifice aurait coûté fort cher et n’aurait pas résolu la question de la structure déficiente de la chapelle. Il ne subsistait donc qu’une possibilité : édifier un nouveau bâtiment pour répondre aux besoins à long terme des catholiques de la région de Gland.

L’idée d’une nouvelle église a été passablement critiquée, y compris au sein de la communauté de Gland. En entreprenant une telle construction, les responsables paroissiaux ont fait un pari sur l’avenir : oui, malgré les vicissitudes de notre époque, nous pensons que dans plusieurs décennies, voire un siècle, il y aura toujours des chrétiens qui se réuniront ici pour célébrer le Christ. Oui, nous avons foi dans le futur de l’Eglise même si nous reconnaissons ses faiblesses. L’histoire ancienne et récente nous a montré que le christianisme a connu des hauts et des bas. Nombreux ont été ceux qui ont annoncé sa mort. Mais il s’est toujours relevé.

Et notre foi s’est traduite par une démarche folle : bâtir une nouvelle église pour continuer à annoncer l’Evangile. Pour dire aussi qu’une église est un lieu essentiel à la dynamique d’une cité telle que Gland. Et qu’elle demeure un centre de rassemblement non seulement religieux, mais aussi social et culturel, puisque trois salles complètent le projet.

Notre église, résolument moderne, n’a pas été simple à réaliser. Il a fallu convaincre, répondre aux opposants. Mais après dix ans d’efforts, elle se dresse fièrement à
côté de la chapelle, qui sera démolie. Elle sera consacrée dimanche 13 février par notre évêque, Mgr Charles Morerod.

Ce numéro de L’Essentiel est dédié à cet événement historique. Vous y découvrirez notamment les raisons du choix architectural, les symboles du mobilier liturgique qui habillera l’église, des témoignages
sur cette réalisation et une interview de Mgr Morerod.

Bonne lecture.

Célébrer ensemble autrement !

Pour les prêtres de l’Unité pastorale, célébrer la messe dans une église ronde sera un défi qu’ils se réjouissent de relever. L’abbé Jean-Claude Dunand, curé modérateur, souligne la signification et les implications de cette disposition liturgique.

PAR JEAN-CLAUDE DUNAND | PHOTOS : CECILIA NIZZOLA ET IMAGE DE SYNTHÈSE DU BUREAU CORETRA

En pénétrant dans le nouveau bâtiment abritant des salles et un lieu de culte à Gland, de la place de parc nous cheminons vers un espace liturgique en gravissant quelques marches se rétrécissant dans la pénombre. Puis les fonts baptismaux, sur lesquels est gravée une colombe, marquent une étape : ils nous rappellent notre baptême et nous orientent vers l’espace où le peuple de Dieu rassemblé est invité à chanter la louange de Dieu, à se mettre à l’écoute de sa Parole et à se nourrir du pain eucharistique.

Cette disposition s’inspire de la constitution sur la liturgie de Vatican II « Sacrosanctum Concilium » (SC). Elle signifie que la liturgie eucharistique est célébration du peuple de Dieu : « La participation pleine et active de tout le peuple est ce qu’on doit viser de toutes ses forces dans la mise en valeur de la liturgie. » (SC, n° 14) L’aménagement liturgique « doit consister à organiser les textes et les rites de telle façon qu’ils expriment avec plus de clarté les réalités saintes qu’ils signifient, et que le peuple chrétien, autant qu’il est possible, puisse facilement les saisir et y participer par une célébration pleine, active et communautaire ». (SC, n° 21)

Le peuple saint réuni

La forme de la nouvelle église de Gland donne une dimension communautaire à l’action liturgique. Les acteurs liturgiques (assemblée, lecteurs et chanteurs) font corps, reprenant la thématique biblique de l’Eglise Corps du Christ (1 Co 12). L’autel, la table de la Parole et le siège de la présidence forment un triangle équilatéral au milieu d’un espace circulaire donnant un mode plus communautaire pour célébrer et permettant une participation plus active de l’assemblée. Cette disposition des lieux et des personnes signifie que c’est toute l’assemblée qui célèbre sous la présidence d’un ministre ordonné, un prêtre pour l’eucharistie. Comme le dit la constitution sur la liturgie, les actions liturgiques ne sont pas des actions privées, mais des célébrations de l’Eglise qui est « le sacrement de l’unité », c’est-à-dire le peuple saint réuni. « C’est pourquoi elles appartiennent au Corps tout entier de l’Eglise, elles le manifestent et elles l’affectent ; mais elles atteignent chacun de ses membres de façon diverse, selon la diversité des ordres, des fonctions, et de la participation effective. » (SC, n° 26/2)

Cette nouvelle disposition signifie davantage que c’est l’assemblée qui célèbre puisque l’autel est au centre et que la prière de chacun se nourrit de la vision de la communauté rassemblée. Il y a correspondance entre l’assemblée et la géométrie de l’église non pas pour l’œil, mais pour une communion entre l’Eglise de chair et l’église de pierre.

 

Alain Dumas, le sculpteur derrière le mobilier liturgique

Lauréat du concours pour le mobilier liturgique de la nouvelle église de Gland, l’artiste français Alain Dumas s’est engagé avec joie dans ce projet. Rencontre avec le sculpteur qui a réalisé les éléments du mobilier liturgique.

PHOTOS : BRIGITTE BESSET, CECILIA NIZZOLA, DR
PAR BRIGITTE BESSET

Une étroite collaboration

Après avoir remporté le concours d’artistes en février 2021, Alain Dumas s’est rendu à Gland. Quittant son atelier auvergnat les 24 et 25 avril, il a participé à l’assemblée générale de la communauté de Gland et y a présenté ses œuvres. Durant ces deux jours, il a rencontré le curé, l’abbé Jean-Claude Dunand, des paroissiens et les architectes ; des idées ont germé pour l’intérieur de la future église. Deux jours plus tard, Alain Dumas écrivait à la Commission liturgique : « Merci pour votre accueil ! Votre présence habite maintenant mon atelier et rend plus douce la poussière de marbre et les courbatures aux épaules. »

Plusieurs membres de la communauté de Gland ont également rendu visite à l’artiste entre juillet et octobre pour découvrir son atelier.

Autant de moments forts de convivialité et de marche vers un objectif commun. La qualité du dialogue, le respect de l’engagement des uns et des autres et la disponibilité de chacun pour se mettre à l’écoute de l’Esprit Saint ont marqué aussi bien l’artiste que les membres de la Commission liturgique.

 

Des échanges stimulants

Confectionner le mobilier liturgique de la nouvelle église de Gland fut une belle aventure de création et de collaboration. André Dumas l’évoque avec joie.

 

Pour le concours, vous avez reçu un chemin de réflexion et un cahier des charges. Ces documents vous ont-ils inspiré ?

Alain Dumas : Plus que le cahier des charges, c’est la rencontre avec la Commission liturgique qui a nourri ma réflexion et a fait naître en moi plusieurs intuitions qui n’ont pas toutes été retenues. J’ai retravaillé certains éléments ; la recherche s’est faite petit à petit. Il y a eu un cheminement dans la construction de l’église, mais aussi un cheminement tout au long de mon travail : des choses à élaguer, à modifier, à retravailler.

Aviez-vous déjà réalisé de tels projets ?

Oui. Ma première réalisation date de l’an 2000, mais elle n’avait pas la même ampleur. Il s’agissait de construire le nouveau centre diocésain à Clermont-Ferrand, mais c’était créer quelque chose à l’intérieur de ce qui existait déjà. A Gland, j’ai été associé au projet en amont, alors que le bâtiment était encore en construction. La collaboration se vit sur le chantier en cours, d’où l’importance de rencontrer la paroisse.

Vous accordez une grande importance au dialogue avec la communauté. Pourquoi ?

L’œuvre à créer n’est pas pour moi, mais pour une communauté. Mon talent et ce que je ressens, je les mets au service de cette communauté. Le résultat final n’est pas ce que je désire, il doit répondre aux attentes et souhaits des porteurs du projet et correspondre au résultat du cheminement commun de l’artiste et de la communauté.

Vivez-vous un tel projet comme un chemin de foi ?

Je me mets au service d’une communauté, je lui offre les talents que le Seigneur m’a donnés. Il m’inspire dans chacune de mes créations. C’est une manière de vivre ma foi. Il y a une harmonie entre ce que je vis intérieurement et ce que je mets en œuvre.

Ce projet apporte-t-il quelque chose à votre parcours d’artiste ?

Oui : l’unité de cette création. Aménager cet espace circulaire, unifié, neuf, qui se crée en même temps que je crée est un rêve qui se réalise. C’est un souhait qui est venu comme un cadeau, comme quelque chose de providentiel. Je n’avais pas de gros chantiers, j’étais disponible. De mi-novembre 2020 à mi-janvier 2021, je me suis consacré entièrement à l’étude de ce projet.

Quel lien avez-vous essayé de créer entre les objets liturgiques que vous avez réalisés ?

Ce qui est intéressant pour un sculpteur, c’est l’équilibre et l’unité. Chaque élément (autel, ambon, fonts baptismaux) a une fonction particulière; il doit donc avoir son identité. J’ai à cœur, en tant qu’artiste, que chaque élément ait son originalité. Ensuite il faut une cohérence et une unité entre tous. Ce qui a eu un écho très fort en moi, c’est le cheminement évoqué par Jean-Claude Dunand lors de nos premières rencontres. L’idée de cheminer des fonts baptismaux à la Parole et à l’autel, je suis heureux de la concrétiser, de mettre en œuvre cette dynamique.

Qu’avez-vous vécu pendant la confection du mobilier liturgique ?

J’ai apprécié la collaboration constructive avec l’équipe paroissiale et le cabinet d’architecture Coretra, notamment la disponibilité et l’efficacité de ses employés face à mes questions techniques. Bravo à ces architectes qui réalisent là un chef-d’œuvre.

Je me suis senti reconnu dans mon travail d’artiste ; mes propositions et mes suggestions ont été écoutées. Je remercie toutes les personnes qui portent ce projet pour la qualité de leur accueil et de nos dialogues et leur disponibilité à se mettre à l’écoute de l’Esprit Saint.

Un beau cadeau du Créateur a été la découverte du bloc de marbre bleu de Savoie. J’avais choisi un bloc brut à l’atelier de la marbrerie Yelmini, dans le Jura. Mais lorsqu’il est arrivé scié dans mon atelier, une des faces de l’autel offrait une magnifique veine diagonale. Située sur la face avant
de l’autel, elle symbolise la fraction de l’hostie.

J’ai rencontré quelques difficultés face au délai de réalisation de l’autel et de la cuve baptismale, que j’ai dû terminer avant la coulée de la chape de finition. J’ai été soulagé que tout se soit bien passé début septembre 2020 lors de leur installation compte tenu de leur poids : trois tonnes. J’ai pu savourer le bonheur de contempler l’autel en place au milieu du chantier.

Pour finir, la joie de sentir que l’œuvre est appréciée est source d’action de grâce. Mais le travail est toujours en cours… Lorsque tout sera en place, je pourrai témoigner de l’ensemble de ce cheminement qui sera célébré par la fête de la dédicace de l’église et la consécration de l’autel.

La joie de l’amour

Pour se rendre présente auprès des couples et des familles tout au long de la vie, tant dans les moments de joie que de difficulté, l’Eglise Catholique Romaine à Genève propose un lieu d’accueil, d’écoute et d’accompagnement ouvert à tous. Rencontre avec la pastorale familiale.

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTO : DR

Le pape François a initié dès le début de son pontificat une importante réflexion concernant les familles dans l’Eglise d’aujourd’hui. De cet examen émane une exhortation apostolique parue en 2016, connue sous le nom d’Amoris Laetitia. Le pontife a réactualisé cette intuition en instituant une année de la famille qui a débuté le 19 mars dernier. L’intention étant de pousser les paroisses, les communautés et les églises locales à prendre soin en priorité des familles, quelles que soient les formes qu’elles prennent.

« Nous avons comme mandat de favoriser la présence de l’Eglise auprès des familles, notamment celles qui sont en chemin avec Dieu et qui ne se retrouvent peut-être pas dans une communauté paroissiale » précise Anne-Claire Rivollet. Un des grands axes de cette pastorale se situe autour de la préparation au sacrement du mariage pour les fiancés. « Nous avons également développé des propositions pour les personnes divorcées, car il existe encore des gens qui pensent, à tort, que s’ils ont rompu le lien du mariage, ils ne peuvent plus venir à l’église », développe la responsable de la pastorale des familles. Ainsi il est proposé des espaces de parole qui offrent à « toutes ces personnes la possibilité de venir déposer leurs soucis et discerner la présence de Dieu dans leur vie. »

Depuis le printemps dernier, la pastorale a ouvert un service d’un genre nouveau : Et si on se réconciliait ? Derrière cet intitulé se cache une proposition d’accompagnement, d’accueil et d’écoute pour la communauté LGBTIQ+ et leurs familles. « Parce que l’homosexualité et l’Eglise sont des réalités qui ont besoin de se réconcilier. Les uns avec les autres, mais aussi avec eux-mêmes, puisque Dieu a un projet d’amour pour chacun, quelle que soit sa situation matrimoniale ou familiale. L’Eglise se doit d’être présente auprès de tous.

De manière plus globale, « la société s’occupe du lien au niveau administratif, au niveau civil. Mais comment alimente-t-on ce lien pour en saisir la teneur ? Comment permettre à la famille de dépasser les temps de tension ou de difficulté ? » Anne-Claire Rivollet pointe la question du sens des relations aujourd’hui et affirme que « l’Eglise voit naitre pour elle une véritable vocation pour aujourd’hui : offrir des repères et l’espérance nécessaire pour développer une vie de couple, de famille qui soit porteuse pour la société ».

 

Au service, mais comment ?

Une chose que la pastorale familiale accomplit et dont on ne se rend peut-être pas compte ?
Anne-Claire Rivollet : Il y a un vrai travail intra-ecclésial autour de la question de l’homosexualité et nous venons de le débuter, à un niveau local. Pendant longtemps, l’Eglise a condamné certaines identités de genre. Aujourd’hui ce n’est plus possible de nier notre corps sexué. La pastorale des familles a initié ce travail-là : aider chacun à s’accueillir comme une personne, avec une identité sexuelle, des désirs, tout en sachant qu’il / elle est entièrement aimé de Dieu.

Quel « service » apportez-vous aux Genevois de manière générale ?
A-CR : Nous espérons pouvoir contribuer à un changement d’image de l’Eglise, qu’elle soit perçue non comme un lieu d’exclusion ou de moralisme, mais comme un lieu-source pour vivre ensemble.
La réconciliation est l’enjeu de cette quête : que dans tous les lieux de relations, en particulier ceux de la famille et du couple, nous puissions favoriser une pastorale du lien. Et que chacun se sente aimé de Dieu et reconnu par l’Eglise.

Noël dans l’Eglise ukrainienne

TEXTE ET PHOTOS PAR SVIATOSLAV HORENTSKYI

En Ukraine, l’Eglise gréco-catholique suit le calendrier julien (l’ancien calendrier), par conséquent, la fête de Noël tombe le 7 janvier. Cependant, certaines communautés de la diaspora ont adopté le calendrier grégorien ou même le calendrier julien révisé qui combine en quelque sorte l’ancien et le nouveau calendrier. Par exemple, nous fêtons Noël le 25 décembre à Genève, tandis que nous le célébrons le 7 janvier à Lausanne. Hormis cette différence de date, nous fêtons la Nativité du Christ comme tous les Chrétiens du monde, mais il est vrai que nos traditions lui confèrent une saveur toute particulière.

D’abord, la période de l’Avent est pour nous importante, puisque l’on se prépare à accueillir le Sauveur par la prière et un jeûne de quarante jours.

La veille de Noël, la tradition ukrainienne veut que l’on partage un repas composé de douze plats sans ingrédient laitier ni animalier. Le soir, les familles se rendent à l’église pour prier les grandes complies et ainsi entrer dans le mystère de la Nativité. De retour à la maison, elles s’attablent, allument une bougie, signe de la présence de Dieu, et commencent le dîner par une prière. Puis le chef de famille partage la « Koutia », un plat incontournable de Noël composé de blé bouilli, de graines de pavot, de noix, de raisins secs et de miel. Chacun doit également goûter aux douze plats de Noël qui symbolisent les douze apôtres. Puis, l’on entonne généralement les « koliadky », des chants traditionnels de Noël.

Le jour de Noël, les enfants ne déballent pas leurs cadeaux puisqu’ils l’ont déjà fait à la Saint-Nicolas. Les gens vont de nouveau à l’église pour vivre la Divine Liturgie de la Nativité du Christ. Tout le monde se salue joyeusement en disant « Christ est né » et en répondant « Glorifions-le » (et nous nous saluons ainsi jusqu’à la fête de la présentation de Jésus au Temple). La journée se poursuit ensuite en famille autour d’un repas festif.

Nous avons également une tradition très répandue qui consiste à former des crèches vivantes ambulantes. Des familles entières ou des groupes d’amis inventent ou empruntent des scénarios, endossent les costumes de personnages bibliques et vont de porte en porte pour annoncer et raconter la naissance de Jésus et chanter les koliadky. Ainsi, l’esprit de Noël nous accompagne encore durant plusieurs semaines.

L’espoir face à la pandémie

PAR LE FRÈRE ANIEDI OKURE OP, DÉLÉGUÉ PERMANENT DE L’ORDRE DES PRÊCHEURS AUPRÈS DES NATIONS UNIES, PROMOTEUR GÉNÉRAL DE JUSTICE ET PAIX (OP)

Lorsque Jésus a commencé son ministère public, les foules étaient remplies d’espoir, l’espoir d’être libérées de l’oppression, de l’occupation coloniale, de la taxation forcée, de la pauvreté. Aussi, lorsque Jésus a proclamé que Dieu l’avait oint pour apporter la Bonne Nouvelle aux pauvres, la liberté aux captifs, la vue aux aveugles, la délivrance aux opprimés… (Lc 4, 8-9), il a dû attirer l’attention de ses auditeurs qui espéraient un libérateur de la puissance des ténèbres (Ac 10, 38).

La pandémie de covid a jeté un trouble sur nos vies, nous faisant aspirer à la libération des incertitudes qui nous affligent. Cependant, elle a également mis à nu le voile de ténèbres qui obscurcit les lignes d’exclusion et fait éclater au grand jour une injustice structurelle. Elle a révélé un monde marqué par de subtils programmes nationalistes et d’exclusion, par une mentalité grandissante du « nous et eux ». Même l’effort de collaboration pour s’attaquer à la pandémie a donné la priorité à des segments du monde plutôt qu’à d’autres, exposant davantage l’idéologie qui façonne notre perception de certains segments de la famille humaine.

Malgré les incertitudes auxquelles nous sommes confrontés, ce dévoilement est une bonne chose, car il a réveillé chez beaucoup un véritable esprit humain et une reconnaissance de notre interconnexion en tant que membres d’une même famille humaine. Il est réconfortant de constater que les gens s’impliquent de plus en plus dans la promotion de la justice et de la paix.

Afin de canaliser ces prises de conscience dans la bonne direction pour un plus grand impact, nous devons reconnaître que nous sommes intimement membres de notre société dont l’environnement social s’insinue dans notre pensée et notre comportement. Cela nous permettra de contrer les idéologies qui mettent à mal une approche intégrale de la vie : justice et charité, vie de prière et action publique en faveur des plus vulnérables, foi chrétienne et plaidoyer pour changer les structures de l’injustice. Cela nous aidera à réconcilier l’état d’esprit qui oppose un pan de la société à un autre et un ministère de l’Eglise à un autre, comme si le Christ était divisé (1 Co 1, 12-13) et contribuera à créer un monde meilleur que nous espérons.

Un tel état d’esprit nous permettra de surmonter ce qui semble être un schisme clandestin au sein de l’Eglise qui, à y regarder de près, trouve ses racines dans les divisions de la société. Il nous donnera les moyens de vivre notre mission de contre-culture, d’édifier la société avec les valeurs de l’Evangile afin que tous puissent vivre en sœurs et frères, qui découvrent le visage du Christ dans chaque personne rencontrée et dans chaque femme une sœur et dans chaque homme un frère ; de travailler activement à amener les membres de la famille humaine relégués aux « marges de la vie et de la société » dans le cercle familial du peuple de Dieu.

Genève, symbole de l’« unité mondiale » des Nations Unies, centre de promotion et de défense des droits de l’homme dans le monde, témoigne des efforts des frères dominicains de Salamanque qui ont pris l’initiative de défendre les droits des peuples indigènes des Amériques en appliquant les lois espagnoles au-delà des frontières de l’Espagne et en faveur des personnes abusées. Leurs efforts ont jeté les bases de la Société des Nations (ONU). La Délégation de l’Ordre auprès de l’ONU – Dominicains pour la Justice et la Paix poursuit cette tradition. La Divine Providence a voulu que la paroisse confiée aux Dominicains à Genève soit placée sous le patronage de saint Paul, le premier apôtre à dépasser la communauté fermée pour atteindre les « exclus » en dehors de Jérusalem. Puissions-nous travailler ensemble pour façonner un monde meilleur !

Espérer contre toute espérance

TEXTE ET PHOTO PAR CLAUDE AMSTUTZ

Avec Noël, la vie divine s’unit à la vie humaine. L’arbre de Noël évoque donc la renaissance, le don de Dieu qui s’unit à l’homme pour toujours, qui nous donne sa vie. Les lumières du sapin rappellent celles de Jésus, la lumière de l’amour qui continue de briller dans les nuits du monde. C’est par ces mots que notre pape François, recevant en décembre dernier les délégations péruvienne et italienne, rappelait le sens profond de ces symboles de Noël, porteurs d’espérance dans le secret de nos cœurs, de nos familles, de nos communautés.

Ce message a été entendu, comme chaque année – sauf en 2020 en raison de la pandémie – lors de la célébration œcuménique à la Résidence EMS des Bruyères, avec le pasteur Joël Stroudinsky et les animateurs du lieu, auprès des plus fragiles, mais aussi des plus attachants de nos proches, ces autres visages de Dieu.

Célébration de la Parole avec l’annonce de la Bonne Nouvelle dans saint Luc, des chants traditionnels rappelant nos origines, nos racines ; nos souvenirs de jeunesse dissipant pour un temps les brumes environnantes de la pandémie et les parasites des temps actuels, avec leur cortège de mauvaises nouvelles dont les médias et les réseaux sociaux sont si souvent les multiplicateurs.

Eteignons, pour quelques instants, nos portables, nos radios, nos téléviseurs et ouvrons nos yeux sur le monde qui nous entoure avec le regard aimant de la Vierge Marie sur son Enfant. Alors, peut-être, découvrirons-nous que les miracles petits ou grands ont lieu tous les jours comme au temps de Jésus et que les moments heureux – comme le Noël à la Résidence EMS des Bruyères – sont une histoire qui commence, loin de la confusion ambiante qui veut nous voler notre espérance.

Le monde tient debout par ce réseau d’amour que nous créons, vous et moi, chaque jour, et tous ces êtres qui, en cet instant, sont en train de faire quelque chose, des actes d’amour dans le monde, un regard de tendresse pour la terre qui nous entoure, pour la création. Cela tient le monde debout. Il ne s’agit pas de se détacher du monde, mais de le rencontrer à partir d’une autre force… (Christiane
Singer, Du bon usage des crises, Albin Michel / 1996).

Comme les Rois mages…

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTOS : DR

Frangipane ! Non, non, détrompez-vous, ce n’est pas une insulte, mais une crème à base d’amandes qui entre dans la composition de la galette des rois. Entre les fervents partisans de la version avec et celle sans, la controverse pointe à l’horizon. Nulle disputatio ici pour démêler la- quelle des deux versions mérite le qualificatif d’hérésie…

La première mention d’un gâteau contenant une fève (le légume, donc!) remonte à la fin du Moyen Age. On trouve cette attestation dans une charte de Robert de Fouilloy, évêque d’Amiens en 1311. Mais il s’agit d’un témoignage tardif rapporté par Legrand d’Aussy, un historien ayant vécu cinq siècles plus tard. On situe vraisemblablement l’origine de cette pratique bien plus tôt dans l’histoire, car elle rappelle les Saturnales romaines, où il était coutume d’élire un roi du jour par tirage au sort. Les convives devant obéir à ce « roi » sous forme de gages.

La fève des avares

Dans une illustration du Livre d’heures d’Adélaïde de Savoie (XVe), on retrouve la représentation d’un enfant sous la table, désignant le bénéficiaire de la fève. Le modèle en porcelaine remonte au XIXe siècle en Saxe. Celui qui la trouvait devait offrir une tournée générale. Or, certains avares auraient avalé la fève pour ne pas bourse délier. La date, traditionnellement déterminée au 6 janvier a été fixée par le concile Vatican II au premier dimanche qui suit le 1er janvier. Concrètement on peut fêter l’Epiphanie soit le 6 janvier, soit le dimanche suivant le jour de l’An, soit les deux…

Une tradition issue du marketing

En Suisse, le marché du pain avait besoin de renouveau. L’As- sociation suisse des boulangers voit l’occasion d’introduire un nouveau produit sur le mar- ché. Ils créent donc une recette à cet effet. Mais cette tradition n’a véritablement pris son envol qu’avec un vol… en hélicoptère plus précisément. Quoi de mieux que de mettre trois rois mages dans un hélico et de les déposer, face caméra, dans le village de Chandolin, le plus haut village d’Europe habité toute l’année ? S’ensuit une petite distribution de brioches pour bien marquer les esprits. Bref, depuis les années 60, les Helvètes mangent… de la couronne briochée. N’en déplaise aux partisans de la frangipane !

Recette: Couronne des rois en pâte briochée et morceaux de chocolat

Temps de préparationTemps d’attentePortions
20 minutes2 heures8

Ingrédients

  • 500 g de farine panifiable (type 550)
  • 75g de sucre
  • 20 g de levure fraîche (environ un demi-cube)
  • 300 ml de lait
  • 75 g de beurre mou en cubes
  • 1 poignée de mini-cubes de chocolat
  • 1 jaune d’œuf (taille moyenne)
  • 1 cuillère à soupe de lait • 1 poignée d’amandes effilées ou de sucre grêle (gros grains)

La fève

  • 1 amande entière sans peau OU
  • 1 fève (le légume) OU
  • 1 pièce de monnaie emballée dans du papier alu

Préparation

  1. Mettez la farine, le sucre et la levure émiettée dans un bol. Mélanger le tout à la main ou au robot.
  2. Faites chauffer le lait et le beurre à feu doux jusqu’à ce qu’ils tiédissent. Ne les laissez pas bouillir.
  3. Ajoutez ensuite le lait au mélange de farine et pétrissez jusqu’à former une pâte lisse, élastique et souple. Elle doit se détacher du bord du bol.
  4. Couvrez la pâte d’un film alimentaire ou d’un torchon propre et laissez le tout à température ambiante. La pâte va lever pendant environ 90-120 minutes jusqu’à ce qu’elle ait doublé de volume.
  5. Retirez ensuite la pâte du bol et incorporez-y les mini-cubes de chocolat.
  6. Retirez un cinquième de la pâte pour façonner la boule centrale. Placez-la au centre d’une plaque de cuisson recouverte de papier sulfurisé.
  7. Divisez le reste de pâte en 8 parts égales. Formez des boules. Cachez la fève dans l’une d’elles. Accolez ces boules au plus grand pâton pour former une fleur. Couvrez à nouveau la couronne de pâte d’un torchon et laissez-la lever pendant encore 20 à 30 minutes.
  8. Pendant ce temps, préchauffez le four à 180°C sur le programme «voûte et sole».
  9. Fouettez le jaune d’œuf et la cuillère à soupe de lait, badigeonnez-en la pâte et saupoudrez-le d’amandes effilées ou de sucre grêle.
  10. Faire cuire la couronne durant environ 30 minutes. Tapoter la brioche, si elle est cuite cela doit sonner creux.

N.B: Il est préférable de préparer la couronne le jour où elle doit être mangée.

Espérer contre toute espérance

PAR CHRISTOPHE ANÇAY
PHOTO : MP

L’histoire du peuple hébreu est faite de crises 1. Elles ont nourri l’attente utopique d’un monde meilleur, une espérance eschatologique. D’un autre côté, c’est la nostalgie, les lamentations sur la terre promise et perdue. Ces mêmes réactions se retrouvent aujourd’hui. L’attente des « lendemains qui chantent » cohabite avec les regrets d’un monde idyllique dans lequel tout allait mieux.

Entre ces deux réactions, une troisième émerge : essayer de comprendre la crise sans vouloir immédiatement en sortir par un retour à un passé mystifié ou un saut dans un avenir rêvé.

Aujourd’hui, c’est peut-être aussi cette attitude que nous devons chercher. Face aux crises n’attendons pas un sauveur qui viendrait résoudre nos problèmes. Refusons aussi le repli dans la nostalgie du passé mais regardons le visage du Christ. Il y a peu, nous célébrions Dieu qui se donne à nous comme un petit enfant et bientôt, nous commémorerons ce même Dieu mort sur une croix. Voilà l’espérance du chrétien : un petit bébé et un condamné à mort. Ou alors, un Dieu qui prend toute notre humanité et qui transcende la mort par sa résurrection. C’est ici et maintenant que Dieu est avec nous pour que nous soyons debout, comme le Christ Ressuscité. « Espérant contre toute espérance, il a cru. » (Rm 4, 18)

1 Cf. Thomas Römer, LAncien Testament – une littérature de crise, 1995, Revue de Théologie et de Philosophie, vol. 127, n° 4, pp. 321-338.

 

« Cet équilibre précaire fait de lucidité et de réalisme a conduit des auteurs de l’Ancien Testament à reconnaître la prééminence de Dieu au cœur même des crises. Comme si l’exil n’était pas un accident mais le lieu même de la Révélation. »

En temps de crises, l’espérance

PAR L’ABBÉ LÉONARD BERTELLETTO
PHOTO : RAPHAËL DELALOYE

En ces temps de crises (sanitaire, politique, climatique, ecclésiale…), c’est le contraire de l’espérance qui anime le cœur de beaucoup : le désespoir est au rendez-vous. L’humanité semble condamnée à ne vivre que des jours sombres, et ne voit pas, dans l’immédiat, d’issues favorables aux drames qui l’enserrent. L’angoisse est le lot quotidien de nombreux jeunes dont l’avenir semble obstrué.

Que me dit mon espérance chrétienne face à ce constat amère ? D’abord, que l’espérance est une vertu. Elle est la force, le ressort dont j’ai besoin pour rebondir à chaque fois que le mal (moral, physique) semble tout détruire, tout écraser. Jadis, la vertu d’espérance était le principal tremplin de la foi d’Israël, qui entrevoyait déjà, au cœur de ses misères, les signes avant-coureurs de l’ère messianique : « Le loup cohabitera avec l’agneau […]. » « De leurs épées, ils façonneront de socs de charrues, de leurs lances, des serpettes ; les nations ne lèveront plus l’épée l’une contre l’autre, elles n’apprendront plus la guerre. » (Is 2)

Seule la présence du Christ qui restaure toutes choses dans la lumière de sa résurrection peut donner sens à ces propos. Sans Jésus, le Messie, ils ne seraient que la description d’une vaine utopie.

C’est pourquoi l’espérance des temps de crises est d’abord celle que je place dans l’avènement du Règne qui vient : un jour, ce devenir se fera Eternel présent, l’obscurité « qui s’étend à l’ombre de la mort » aura fait place au plein Jour du salut: «la lumière a resplendi» (cf. Is 9).

Dieu nous donne la ferme assurance de participer à la victoire du Christ glorieux : telle est notre espérance chrétienne, à toutes épreuves !

Je vous invite à la faire vôtre et à la cultiver, pour en recueillir tous les fruits.

L’espérance face aux crises

Les crises que nous traversons depuis quelques années remettent en question nos modes de vie, notre rapport à la nature, notre avenir. L’équipe de rédaction a choisi, pour ce premier magazine de l’année, de partager avec vous, chères lectrices, chers lecteurs, quelques paroles d’espérance appuyées par une citation biblique et une image inspirante.

Source de paix et de joie profonde.

TEXTE ET PHOTO PAR DAISY MAGLIA

Pour moi, l’espérance est source de paix et de joie profonde. Tout comme la foi et l’amour, elle est au cœur de l’enseignement du Christ. Il suffit d’ouvrir l’Evangile ou les Psaumes au hasard pour tomber sur des versets remplis d’espérance. Les paroles prononcées par le Christ avant qu’il retourne vers son Père nourrissent particulièrement mon espérance: «Que votre cœur cesse de se troubler ! Croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon je vous l’aurais dit; je vais vous préparer une place. Et quand je serai allé et que je vous aurai préparé une place, à nouveau je viendrai et je vous prendrai près de moi afin que, là où je suis, vous aussi, vous soyez. Et du lieu où je vais, vous savez le chemin.» (Jean 14, 1-4) Alléluia !

PAR AIME RIQUEN
PHOTO: MARIE-PAULE DENEREAZ

Comme il est écrit, ce sont des choses que l’œil n’a point vues, que l’oreille n’a point entendues, et qui ne sont point montées au cœur de l’homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l’aiment.
(1 Corinthiens 2, 9)

L’espérance est une vertu chrétienne par laquelle les croyants attendent de Dieu, avec confiance, sa grâce en ce monde et une vie éternelle après la mort, contrairement à l’espoir qui est un sentiment qui porte à espérer ici-bas.
Dans ce monde actuel bien chahuté, l’être humain a besoin d’espoir pour vivre sereinement et d’espérance pour un accompagnement spirituel motivant.
Le chrétien doit invoquer l’espérance comme un guide qui le conduit et lui donne le courage d’avancer sur le chemin de la vie, parfois tumultueux et difficile. Grâce à sa foi et au recours à l’Esprit-Saint, il reçoit la lumière qui éclaire ce chemin vers la porte de la vie éternelle que lui a ouvert le Christ.

Le chemin de vie.

TEXTE ET PHOTO PAR ISABELLE VOGT

J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. […]
Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité. (1 Co 13, 2.13)

Depuis que j’ai découvert cette déclaration dans le célèbre « Hymne à l’amour » de saint Paul (chapitre 13 de la première lettre aux Corinthiens) il y a bien des années, elle m’accompagne et me réconforte. Elle traduit une conviction ancrée au plus profond de mon cœur depuis toujours. Elle se fait plus présente en ces temps troubles que nous vivons, où il est difficile de garder espoir en l’humanité, la liberté et la justice.
Je place ainsi toute mon espérance en Celui qui a dit: «Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie.» (Jn 14, 6)

TEXTE ET PHOTO PAR LAETITIA WILLOMET

Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement auprès de Dieu. […]
Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous. (Jn 1, 1-2.14)

Ces versets sont depuis longtemps mes compagnons dans les moments difficiles de ma vie, dans les doutes et les angoisses. J’ai « ruminé » ces versets à de nombreux moments. Les récitant dans ma tête, les laissant prendre place dans mon cœur. Leur musicalité m’apaise. Les répétitions du mot « verbe » donne un rythme qui me plaît et m’aide à intérioriser cette belle réalité : le Verbe venait de Dieu et était Dieu et il a habité notre humanité. Il en a expérimenté les souffrances et les joies. Je peux déposer les miennes dans ses mains et lui faire confiance. J’aime les méditer devant l’icône de la Trinité qui me rappelle l’abondance d’amour de Dieu.

Icône de la Trinité
Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. (Jn 14, 6)

TEXTE ET PHOTO PAR MARIE-PAULE DENEREAZ

« Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ?
Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi.
Pour aller où je vais, vous savez le chemin. » (Jean 14, 2-4)

La perspective de voir revenir Jésus et de me faire un jour emmener auprès de lui pour être là où il est nourrit mon espérance. Si l’espoir est humain et peut être déçu, l’espérance ne s’éteint jamais car elle a une dimension transcendantale. Mon espérance est tournée vers les promesses de celui qui est l’alpha et l’oméga, celui qui est le chemin. Un chemin de patience et d’endurance, main dans la main avec Jésus, qui nous fera découvrir les mystères de l’au-delà où une place nous est préparée dans la maison du Père. Jésus, j’ai confiance en toi !

TEXTE ET PHOTO PAR NICOLE CRITTIN

Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles […]
Un autre signe apparut dans le ciel : un grand dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et, sur chacune des sept têtes, un diadème. […]
Or, elle mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les conduisant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place, pour qu’elle y soit nourrie pendant mille deux cent soixante jours. (Ap 12, 1-6)

Lors du retour de la promenade qui longe la crête de l’Ardevaz, je m’arrête un instant dans la chapelle des Mayens-de-Chamoson, pour méditer devant la mosaïque de la Vision de la femme et du dragon, tirée de l’Apocalypse 12, 1-6. Contrairement à ce que ce terme signifie de nos jours, l’Apocalypse (dont l’étymologie grecque signifie révélation) est une promesse de bonheur qui débouche sur la victoire définitive de Dieu sur le mal et sur la mort. La figure de la Femme couronnée d’étoiles est très connue, elle représente sûrement l’Eglise et pas d’abord la Vierge Marie. Quel magnifique message d’espérance…

Vision de la femme et du dragon

L’espérance face aux crises

PAR L’ABBÉ PHILIPPE AYMON
PHOTO : JHS

Que peut faire l’espérance chrétienne face aux crises ? Rien de plus et rien de moins que par temps calme, serein et heureux.

Il y a toujours dans l’Eglise une conception qui semble venir du temps des apôtres : le Christ et la foi peuvent et veulent changer le monde. « Ainsi réunis, les apôtres l’interrogeaient : Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? » (Act 1, 6)

Eh bien, non, Jésus ne vient rien restaurer du tout ! Il vient seulement appeler le cœur de l’homme et ses comportements, à une conversion qui trouve son origine dans l’espérance en la vie éternelle. « A l’attente du Royaume de Dieu on subsiste souvent l’attente des changements politiques, la marche vers la libération totale se confond avec la recherche du confort ou avec la consolidation d’avantages sociaux et économiques. »

L’espérance chrétienne est celle d’un visage, celui de Jésus Seigneur. « Espérer, dès lors, c’est attendre le Fils qui viendra des cieux (1 Th 1, 10). Car, en réalité, nous sommes appelés par le Père à une communion avec son Fils (1 Co 1, 9) […] ou de manière plus imagée d’aller prendre domicile près du Seigneur. » (2 Co 5, 8)

Ainsi en temps de crise, de guerre, de pandémie, de chômage, de deuil ou d’autre épreuve, l’espérance ne vient pas résoudre les problèmes des hommes et donner des solutions qui nous facilitent la vie. Dans les temps de paix et de bonheur, elle conserve sa place et sa force pour que nous ne nous égarions pas dans une béatitude terrestre, comme si cette dernière était le tout de l’homme.

Dans l’attente de la manifestation en Gloire du Seigneur, que l’espérance nous garde dans la confiance, vigilants et patients, avec un esprit de détachement de ce monde qui passe et ne craignant pas la pauvreté. Tout ceci afin de grandir dans l’amour fraternel.

N. B. Les citations que l’on trouve dans cet édito sont du chanoine Grégoire Rouiller, dans un texte intitulé : « En vue de l’espérance qui vous est réservée dans les cieux. » (Col 1, 5) Je vous invite à lire ces lignes. Vous les trouvez sur le site des paroisses : www.paroisses-sion.ch, sur la page de la paroisse de la Cathédrale.

« Cherchons ensemble »

Dans cette rubrique, L’Essentiel propose aux Evêques des diocèses de Sion et de Lausanne-Genève-Fribourg, à l’Abbé territorial de Saint-Maurice et à leurs représentants de s’exprimer sur le sujet de leur choix. Ce mois, c’est Pierre-Yves Maillard qui prend la plume.

PAR PIERRE-YVES MAILLARD, VICAIRE GÉNÉRAL DU DIOCÈSE DE SION 
PHOTO : CATH.CH

On raconte que c’était la réponse du Père Caffarel lorsqu’on lui demandait conseil. Quand des couples lui partageaient leur besoin d’accompagnement spirituel ou quand des veuves lui faisaient part de leur souhait de se réunir pour prier. « Cherchons ensemble », disait-il et c’est ainsi que sont nées les Equipes Notre-Dame ou les fraternités Notre-Dame de la Résurrection.

En vue du Synode des évêques qui se tiendra à Rome en automne 2023, le pape François vient de lancer une vaste consultation mondiale sur le thème de la synodalité. « Un synode, entend-on parfois, on ne sait pas trop ce que c’est. Quand il s’agit d’un synode sur la famille, on voit de quoi on va parler ; mais un synode sur la synodalité, c’est un peu comme un redoublement de l’abstraction : à quoi cela peut-il mener ? »

En grec, la synodalité évoque le fait de « marcher ensemble ». Comme il l’annonçait dès le début de son pontificat, le pape François souhaite une Eglise « en marche » et « à l’écoute ». Il vient de le rappeler dans son discours au diocèse de Rome : l’itinéraire du synode est conçu comme « un dynamisme d’écoute mutuelle, mené à tous les niveaux de l’Eglise, impliquant tout le peuple de Dieu ». Mais il ne s’agit pas d’une simple enquête d’opinion ou d’un sondage. Avant tout, il faut se mettre ensemble « à l’écoute de l’Esprit Saint… il s’agit d’entendre la voix de Dieu ».

La démarche du Synode se fonde sur la conviction que les projets pastoraux les plus féconds n’émanent pas de la volonté d’un seul, mais d’une communauté attentive à l’accueil toujours surprenant de l’initiative de Dieu. En Eglise, l’alliance précède le projet. C’est ainsi que le Père Caffarel a « cherché ensemble » avec les couples et discerné avec eux l’intuition des END. C’est ainsi qu’on en trouve aussi de nombreux exemples en Suisse romande.

Pour que la phase de consultation diocésaine soit fructueuse, il nous est surtout demandé maintenant une disposition spirituelle, une attitude d’écoute et d’accueil renouvelé de ce que Dieu veut pour nous, pour nos paroisses et nos diocèses. Si chacun cultive sincèrement cette docilité à l’Esprit, le Synode, j’en suis persuadé, portera du fruit.

Force créatrice

PAR SŒUR FRANZISCA
PHOTO : PXHERE

De manière différente de l’espoir, soumis à une notion de temps ou à un objet, l’espérance a d’autres couleurs.

Elle se vit au présent. Non, elle ne donne pas de solutions ni d’explications mais elle a une puissance transformatrice qui renverse les résistances des espoirs humains et égoïstes. Dans un monde cassé où la violence semble omniprésente, l’espérance devient force créatrice. Elle ouvre un passage, fait naître une vision plus large et un dynamisme au service du bien.

Oser espérer !

Oser espérer en une Eglise qui vacille, submergée par tant de scandales…
Oser espérer contre le mensonge et le consumérisme inutile.
Oser espérer avant tout en Celui qui nous appelle à la Vie même si nous ne voyons pas son visage !
Quand tous nos espoirs s’écroulent et que nos piètres résultats nous désolent, vivons l’espérance en l’Esprit de Dieu qui est présent partout, qui fait germer, pousser et naître l’inespéré, l’impossible.
« L’espérance ne déçoit pas… » (Rm 5, 5).

L’espérance : comme une ancre (Hébreux 6, 19)

PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT
PHOTO : PXHERE

Pour nourrir l’espérance, l’Ecriture nous fournit des métaphores évocatrices. Le beau symbole christologique de l’ancre provient de la proposition de la lettre aux Hébreux (6, 13-19). Notre père dans la foi, Abraham, qui répondit à l’appel du Seigneur par sa persévérance et sa patience, vit la promesse divine d’une descendance aussi nombreuse que les étoiles dans le ciel se réaliser. Dieu avait juré par lui-même et il a accompli sa parole.

Dans la fidélité à son dessein, le Seigneur, qui jamais ne ment ni ne se parjure, nous encourage en menant son projet à terme en son Fils. Il nous invite à « saisir fortement l’espérance qui nous est offerte. En elle, nous avons comme une ancre de notre âme, sûre autant que solide et pénétrant par-delà le voile, là où est entré pour nous, en précurseur, Jésus, devenu pour l’éternité grand Prêtre selon l’ordre de Melchisédech. » (6, 18b-20)

De même que Melchisédech, prêtre hors lignée sacerdotale juive, avait présenté le pain et le vin et prononcé la bénédiction pour Abraham (cf. Genèse 14, 17-20). De même, le Christ, inscrit dans sa succession, a traversé par sa mort et sa résurrection le voile du saint des saints au cœur du sanctuaire définitif. En Lui, le bateau de l’Eglise a pu jeter l’ancre sur le rivage d’éternité. Chacun d’entre nous hérite ainsi d’une espérance stable et fiable en laquelle il peut mettre toute sa confiance.

La traversée de l’existence, malgré les tempêtes et les turbulences, ne débouchera pas sur le néant. En Jésus, nous pourrons ressusciter corps et âme et entrer dans la Terre promise où pousse l’arbre de la vie qui jamais ne se flétrit, dont les feuilles servent de remède et qui fructifie douze fois l’an. Nous y dégusterons les fruits de vie et y prendrons part au festin des peuples rassemblés autour du Sauveur universel. Le Seigneur sera tout en tous, en ces cieux nouveaux et cette nouvelle Terre. La Jérusalem céleste sera ouverte à la foule innombrable des nations. Quelle somptueuse perspective !

Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial
LinkedIn
Share
WhatsApp