Pour renforcer le sentiment de communauté et, peut-être, agir comme un remède
aux épreuves que certaines personnes traversent, la Pastorale de la santé est présente dans les milieux de santé et de vie pour répondre aux besoins spirituels.
Ces accompagnements offrent la possibilité d’aller puiser les ressources nécessaires
pour affronter une nouvelle étape de vie.
PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : PASTORALE DE LA SANTÉ
« L’accompagnement spirituel, pour moi, c’est oser se laisser rejoindre par l’autre dans sa propre vulnérabilité comme " Jésus et la samaritaine au bord du puits de Jacob ", d’humain à humain par la nourriture commune de la parole de Dieu ou pas. Ensemble accompagner " le souffle de vie ", le don gratuit de Dieu », témoigne Ami Satchi. Elle est l’une des nouvelles Référentes Régionales Santé (RRS) qui officient au sein de plusieurs EMS genevois. Depuis septembre 2020, ces nouveaux engagements sont venus renforcer l’équipe de bénévoles et d’aumôniers de la Pastorale de la santé. Ils visent à développer encore l’accompagnement spirituel prodigué dans différents lieux d’hospitalisation et de vie.
« La Pastorale de la santé est un grand et dynamique service de l’Eglise Catholique romaine à Genève. Il offre présence, soutien, accompagnement spirituel dans le respect de la personne fragilisée par la maladie ou la vieillesse », détaille Cathy Espy-Ruf, sa responsable. « Sans le concours d’une équipe compétente et expérimentée, les milliers de visites auprès de patients des HUG et de résidents des EMS, les nombreuses messes, célébrations œcuméniques, sacrements, cérémonies du souvenir ou encore funérailles, ne pourraient pas avoir lieu », rappelle-elle également. Les aumôneries œuvrent avec un vrai souci d’œcuménique, dans le respect des convictions de la personne rencontrée et dans un dialogue interreligieux.
Une collaboration soutenue avec le personnel soignant permet d’identifier plus aisément les souffrances morales et spirituelles. Des outils sont mis à disposition des aumôniers et des soignants permettant d’intervenir de la manière la plus appropriée. Deux petites brochures ont, par exemple, été publiées. L’une pour aider le personnel hospitalier à comprendre ce qu’est l’accompagnement spirituel et lui expliquer qu’il n’est pas exclusivement dévolu aux aumôneries, l’autre fournit des indications au sujet de dix-sept confessions chrétiennes et non chrétiennes en matière de pratique religieuse et de soins.
Au service, mais comment ?
Une chose que la Pastorale de la santé accomplit et dont on ne se rend pas compte ?
Cathy Espy-Ruf : On est présents et je pense que les gens ne réalisent pas le nombre de prestations que nous accomplissons. Nous sommes également en lien avec les paroisses au cœur de ce volet
de diaconie. Je remercie vraiment le vicariat de nous donner les moyens d’être sur le terrain.
Toute l’équipe de bénévoles, aumôniers et RRS est motivée. Leurs compétences, ainsi que la diversité de leurs personnalités offrent des prestations de qualités. Je considère toutes ces personnes comme les visages de l’Eglise.
Quel « service » apportez-vous aux Genevois de manière générale ?
CER : Le nombre de personnes qui sont rencontrées dans un moment de fragilité lié à une hospitalisation ou une entrée en EMS est considérable. Cela représente des milliers de visites ! Il y a aussi l’accompagnement des familles, parfois jusqu’aux funérailles. Je pense que nous sommes vraiment un service en interface avec la société, car tout le monde un jour ou l’autre est concerné par la santé, ou sa perte partielle. Nous avons aussi un rôle très important à jouer au niveau social. La santé fait partie des questionnements existentiels. On s’interroge souvent sur la vie et son sens au moment d’un problème de santé.
Le chanoine Klaus Sarbach réagit à sa façon au thème du dossier romand, au centre de votre Magazine, et qui traite du patrimoine immobilier de l’Eglise.
La cité médiévale de Romont possède un riche patrimoine d’art religieux. On peut penser à sa célèbre Collégiale dotée de magnifiques vitraux qui témoignent en style, les diverses époques de la vie religieuse en ces lieux. Durant l’année, de nombreuses visites guidées sont organisées en lien avec le Vitromusée de la ville. Aujourd’hui encore, la pastorale se poursuit dans ces vénérables bâtiments chargés d’histoire. Pour ce qui est de la Collégiale, il a fallu des réadaptations pour mener à bien la vie liturgique dans l’esprit de Vatican II. Des transformations ont été nécessaires. Il revient donc au Conseil de paroisse de veiller à ces transformations et à l’entretien de ces bâtiments qui, à Romont, sont quasi tous classés monuments historiques. Ainsi, nous proposons quelques questions au président du Conseil de paroisse M. Benoît Chobaz.
Pouvez-vous nous dire en quoi consiste votre responsabilité quant à la gestion de ce patrimoine ?
En consultant les Statuts des corporations ecclésiastiques catholiques du canton de Fribourg, parmi les tâches et responsabilités qui sont attribuées au Conseil de paroisse, deux font directement référence au patrimoine paroissial : gérer les biens paroissiaux (art. 32 al. 2 let b) et constituer des archives et veiller à leur conservation et à leur gestion (art. 32 al. 2 let. h).
L’ampleur de la tâche des Conseils de paroisse qui se succèdent dépend, d’une part, de la richesse patrimoniale de la paroisse ; celle de Romont est justement dépositaire d’une histoire et d’un patrimoine hors du commun. D’autre part, la grandeur de la tâche dépend du dynamisme des conseillers en cours de législature, des projets qu’ils rêvent de réaliser et qu’ils portent à maturité.
L’aventure commence toujours par des personnes passionnées et convaincues du projet à réaliser, par des conseillers / ères qui y croient et qui osent se lancer parfois contre vents et marées.
Pour illustrer ces propos, parlons de Notre-Dame de l’Assomption, cette belle dame qui demande beaucoup de soin ! De 1976 à 2011, il a fallu 35 ans et 14 étapes de rénovation pour lui redonner son aspect extérieur actuel sous la direction de l’architecte romontois Aloïs Page. Ensuite, s’est enchaînée la rénovation intérieure avec la mise en place d’un nouveau chauffage sous la baguette de l’Atelier d’architectes Antoine Vianin, puis la rénovation de l’orgue de la Collégiale par les soins de la manufacture d’orgues alsacienne Quentin Blumenroeder. Finalement, l’assemblée de paroisse vient d’accepter, il y a un mois, une dernière étape de rénovation des façades extérieures et un rafraîchissement global des pierres soumises aux constantes intempéries.
Si la Collégiale est le joyau de la ville de Romont, le patrimoine paroissial s’étend au-delà de ce majestueux édifice religieux. Il suffit de penser aux bâtiments de la Maison Saint-Charles, construits en partie au XIXe siècle et dans un deuxième temps à partir de 1928 par l’architecte Ferdinand Duma, qui abritent un véritable bijou artistique, la chapelle dédiée à saint Charles Borromée, embellie par des artistes célèbres tels qu’Alexandre Cingria, Gaston Favarel et Marcel Feuillat.
Actuellement, des études sont élaborées pour une rénovation du site de Saint-Charles. Une première étape est déjà en cours avec les travaux de restauration des peintures de Ferdinand Dumas dans certains locaux de l’aile de 1928.
La bibliothèque du clergé et les archives paroissiales représentent également une mémoire historique remarquable, qui s’étend du Moyen-Age au vingtième siècle. Durant dix ans, le Conseil de paroisse a défendu, fait mettre en valeur et cataloguer ses archives et sa bibliothèque du clergé par Florian Defferrard de la maison Passeurs d’archives. Le conseil a également soutenu l’édition de son livre « Des clercs et des livres. Le catalogue de la bibliothèque du clergé de Romont (1478-1900) ». Ce fonds contient des documents concernant le temporel de l’Eglise de Romont et les activités de son clergé. S’y retrouvent aussi les séries concernant les cures dépendant du Clergé de Romont telles que Cudrefin, Attalens, Siviriez et Villaz-Saint-Pierre. Ce travail de recensement et de catalogage met en lumière plus de 1’000 parchemins, 1’189 papiers, 300 cahiers et 146 registres.
La paroisse de Romont est également propriétaire de la cure à la rue de l’Eglise, également monument protégé, d’une ferme au pied de la cité et de nombreuses parcelles de terrain, en particulier sur le versant côté Alpes de notre colline ronde. L’entretien et la gestion de ces immeubles est également sous la responsabilité du Conseil de paroisse.
Comme président de paroisse, il faut parfois être un chef d’orchestre pour coordonner les projets, pour rassembler les bonnes compétences, pour constituer des dossiers, prendre les bonnes décisions collégiales avec le Conseil de paroisse. On y apprend la polyvalence, on y acquiert beaucoup d’expériences. Pour réaliser ces projets et ces tâches, le conseil est en lien avec des mandataires (architectes, ingénieurs), avec de nombreux corps de métier, avec des services financiers et juridiques, avec les services de l’Etat, avec la corporation ecclésiastique, avec des experts, etc.
Mais la conservation du patrimoine ne s’arrête pas à la conservation des pierres et des vieux documents. Les chrétiens sont des pierres vivantes, c’est le patrimoine le plus précieux de l’Eglise.
Certes, des traces remarquables sont inscrites dans le patrimoine architectural et dans celui des archives de la paroisse. Cependant, la vie communautaire ne s’arrête pas au passé, le présent est lui aussi pétri de croyances et de traditions vivantes ancrées dans l’histoire des croyants. Pensons à la procession des pleureuses, aux liturgies, au chant choral, aux fidèles venant prier à Notre-Dame du Portail, à la procession de Notre-Dame de Fatima et tant d’autres événements qui scandent aujourd’hui encore la vie romontoise et manifestent que les femmes et les hommes ont toujours les mêmes aspirations transcendantes, les mêmes préoccupations humaines face à la vie, la même espérance face à la maladie et à la mort. Le Conseil de paroisse est responsable des conditions matérielles pour que cette foi puisse se vivre et s’incarner selon la tradition de l’Eglise.
Pouvez-vous nous donner quelques chiffres concernant l’entretien de ces bâtiments ?
Il m’est arrivé à plusieurs reprises d’être interpellé par des paroissiens / nes et même des professionnels / elles engagés dans l’Eglise qui me reprochaient de dépenser des millions pour la rénovation des pierres : « Vous ne faites rien pour la pastorale. » Ce à quoi, je rétorque toujours : « Venez aux Assemblées de paroisse pour vous opposer démocratiquement aux investissements liés aux bâtiments, et prendre conscience, peut-être par vous-mêmes, que votre affirmation n’est pas tout à fait correcte. » Il faut se rendre compte qu’investir, c’est s’enrichir !
Les travaux de rénovation extérieure de la collégiale de 1976 à 2011 ont coûté Fr. 6’160’000.–. Les travaux de rénovation intérieure et pose d’un nouveau chauffage en 2017-2018 s’élèvent à un montant total de Fr. 2’100’000.–. Le catalogage des archives et leur mise en valeur ont été réalisés pour un montant total de Fr. 150’000.–, réparti sur dix années de travaux.
Lors de gros projets tels que ceux-ci, la paroisse fait appel habituellement à des emprunts. La paroisse, au 31 décembre 2021, est endettée pour un montant de Fr. 2’200’000.–. Elle paie des intérêts et des amortissements financiers pour un montant global de Fr. 91’000.– par année.
Les charges des comptes 2021 s’élevant à Fr. 1’340’000.–, les charges liées aux investissements décrits ci-dessus représentent donc 6.8% des charges de la paroisse en 2021.
D’une façon globale, les charges pour les assemblées, les conseils, l’administration, les salaires et l’entretien de tous nos bâtiments se montent à 50% des charges des comptes annuels, l’autre 50% est utilisé pour honorer les frais de culte, de célébrations, du ministère pastoral et d’entraide.
Rencontrez-vous de la satisfaction dans l’exercice de cette fonction ?
Prendre la présidence d’une telle paroisse a été et est encore un labeur, un grand et beau défi. Dès lors, il y a naturellement de grandes satisfactions. Parfois même, l’expérience est grisante. Je pense au jour de la bénédiction de l’orgue après sa rénovation. A cet instant, vous vous souvenez de toutes les étapes qu’il a fallu traverser pour arriver à ce jour, à l’énergie mise à convaincre, à toutes les séances ardues, aux devis à défendre et surtout à tenir, aux problèmes administratifs et juridiques réglés, à tous les procès-verbaux interminables à composer et relire, à toutes les coordinations nécessaires, à tous les doutes qu’il a fallu dépasser, à tous les problèmes qui ont trouvé une solution, et surtout au florilège des belles personnes et à leurs compétences qui ont contribué à une telle réussite. Finalement, telle une pièce de musique, chaque note a trouvé sa place pour créer et découvrir l’harmonie. A ce moment, vous êtes très satisfaits, fiers d’avoir servi !
Pourquoi y a-t-il des militaires à la Fête-Dieu ? La Fête-Dieu a été instituée au XIIIe siècle seulement, à une époque où il convenait de rappeler la présence réelle du corps du Christ dans l’hostie. Pour marquer cela, de grandes processions sont organisées où le prêtre porte l’hostie dans un ostensoir. Très vite, militaires, gardes suisses ou grenadiers y ont participé en signe d’hommage et de protection offerte à Jésus. La Fête-Dieu, en associant les autorités politiques et militaires, nous rappelle que la religion n’est pas qu’une affaire privée.
par Pascal Ortelli
Humour
Un grand footballeur aborde son curé au sortir de l’office et lui pose cette question : – Mon Père, y a-t-il des matches de foot au Paradis ? – Question délicate que je soumettrai au Seigneur dans ma prière. Le dimanche suivant, le curé apporte la réponse. Il est quelque peu contrarié. – J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour vous. – Commencez par la bonne, M. le Curé. – Il y a en effet des matches tous les dimanches au Paradis. – Et la mauvaise ? – Vous jouez dimanche prochain !
L’anagramme de saveur est « sauver ». La saveur est ce qui nous sauve. Sans saveur nous sommes perdus. Si nous méprisons le réel, au final, nous perdons la saveur qui fait notre vie. La Bible fait référence à la saveur : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi va-t-on le saler ? Il ne sert plus qu’à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes. » (Mt 5, 13) En tant qu’êtres humains créés par Dieu, partageons la saveur du sel de la Parole vivifiante.
Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin
Des livres
Jésus revient… en Suisse Philippe Le Bé
Ce 8 novembre 2024, personne ne l’attend. Discrètement, Jésus a choisi la Suisse pour un retour sur notre planète, toujours plus chamboulée par des pandémies qui n’en finissent pas, un climat qui se détraque et une biodiversité qui s’effondre. L’Envoyé a quelques semaines pour dénicher douze nouveaux disciples, de Genève au Jura, qui pourront témoigner qu’un autre monde est possible sur Terre.
Décoder un tableau religieux (Nouveau Testament) Eliane et Régis Burnet
Comment différencier une Annonciation d’une Assomption ? Que signifie le bleu du manteau de la Vierge Marie ? Pourquoi les premiers chrétiens ont-ils représenté le Christ sous la figure d’un berger ? Nous sommes entourés de tableaux religieux, mais savons-nous encore les lire. A partir d’éléments facilement reconnaissables – un ange à genoux, une corbeille de pain ou une barque de pêcheurs –, Eliane et Régis Burnet élaborent une grille d’identification des épisodes de l’Evangile et décodent pour nous les symboles du christianisme. Sans dogmatisme ni a priori, ce guide offre les clés de lecture indispensables pour apprécier les plus belles œuvres de notre patrimoine.
Toujours la tête dans les nuages, le petit Jacques grandit à l’aube du XXe siècle. Deux rencontres vont sceller le destin de ce jeune élève, turbulent et artiste, d’un collège jésuite : d’abord sa rencontre avec Jésus, qui guidera son chemin spirituel, puis sa rencontre avec Baden-Powell, l’inventeur du scoutisme en Angleterre. Il met toutes ses qualités au service des jeunes : pédagogie, enseignement biblique, animation, chanson, écriture, peinture, sculpture. Il est l’homme de toutes les situations, toujours en mouvement pour aller à la rencontre de l’autre. Il a marqué durablement ceux qui ont croisé sa route, par sa profonde intelligence et sa grande humilité. Cette BD vous le fera découvrir.
L’évangile dans le sable Mgr Jean-Claude Boulanger
Le 1er décembre 1916, Charles de Foucauld est assassiné à Tamanrasset. Sa mort parle plus que toute sa vie. Non loin de son corps recroquevillé se trouvent à même le sable, l’Hostie que Frère Charles a tant contemplée et l’Evangile qu’il a tant médité. Mgr Boulanger relit la vie de Frère Charles à la lumière de cet événement. Celui qui sera canonisé à Rome le 15 mai 2022, par sa pauvreté, sa douceur, son désir de paix et de fraternité, son acceptation de la souffrance et de la persécution, est devenu l’homme des Béatitudes, le Frère universel.
Laurence Bender est artiste peintre. Les mots prudents qu’elle emploie pour parler de sa peinture sont comme des phares qui jalonnent une côte déchirée. Sa peinture, c’est sa vocation, son destin, sa vie. Cet univers intérieur à partir duquel elle s’exprime et qui relie l’art et la spiritualité, lui colle à la peau depuis son plus jeune âge. Le 15 avril dernier, elle a présenté
à l’église de Martigny-Ville, lors de la célébration de la Passion, les quatorze stations d’un Chemin de Croix qu’elle a mis près de deux ans à réaliser.
En 2021, dans le travail de transparence exigé par le pape François quant aux finances de l’Eglise, l’Administration du Patrimoine du Saint-Siège (APSA), sorte de trésorerie du Vatican, a publié pour la première fois une série d’informations sur son immobilier : plus de 5’000 propriétés dans le monde… dont 80 % en Italie quand même !
Un peu d’histoire…
Qui sait ce qui s’est passé le 20 septembre 1870 ? La suppression des Etats pontificaux, la relégation du Pape dans ses 0,44 hectares intra muros Vaticani, et le transfert à l’Etat italien d’immeubles et de terres d’une large bande de terre transversale allant en gros du Latium et de sa capitale, Rome, à la Romagne.
Et le 11 février 1929 ? Les Accords du Latran sont signés entre Mussolini et le cardinal Gasparri, Secrétaire d’Etat, garantissant une quantité des bâtiments dans Rome et banlieue sous extraterritorialité (hors pouvoir italien)… et en compensation des pertes de 1870 ! Du coup, il a fallu gérer, et apprendre à le faire avec les règles du XXe siècle… Pour des clercs exclusivement italiens – jusqu’au fameux Marcinkus ! –, l’amateurisme, le népotisme, le favoritisme et l’à peu près ont souvent défrayé la chronique… jusqu’à récemment, avec l’affaire du cardinal Becciu et d’un bel immeuble à Londres…
Assainissement
Dès 2014, tant le changement des personnes que de statuts a déjà permis… qu’un cardinal soit mené devant les tribunaux, qu’un Secrétariat et un Conseil pour l’Economie soient érigés (2014), qu’un Réviseur des comptes soit nommé (2015) et qu’une mise au pas organisationnelle soit décrétée par la Lettre apostolique I beni temporali (2016). Son incipit : « Les biens temporels que l’Eglise possède ont comme fin le culte divin, le soutien honnête du clergé, l’apostolat et les œuvres de charité spécialement au service des pauvres… » Rome ne s’est pas bâtie en un jour…
A tour de rôle, des jeunes de divers cantons romands profitent de cet espace de liberté pour évoquer un sujet qui les intéresse. Au tour de la Valaisanne Laura Pellaud de prendre la plume.
Par Laura Pellaud | Photos : Raphael Delaloye, DR
Nous sommes tous des pierres vivantes et créatives.
Laura Pellaud.
L’année dernière, j’ai eu la chance de me former à l’Ecole Pierre et c’est de cette expérience que j’ai décidé de vous parler.
L’Ecole Pierre est une école créative pour l’Eglise. Elle propose deux cursus d’étude : la communication et la louange. Ce choix de filière émane du fait que la philosophie de ce lieu est la suivante : « Le message d’amour du Christ est le plus beau message du monde. Il ne faut sous aucun prétexte le modifier. Cependant, pour le partager au plus grand nombre, il peut être intéressant de réfléchir à une forme attrayante de le transmettre. »
C’est pour cette raison que la créativité a une place si centrale et majeure dans ces études. En effet, l’année d’enseignement est rythmée par des projets concrets et artistiques qui permettent aux étudiants de développer leurs compétences créatives et professionnelles. Comme par exemple, la réalisation de clips musicaux, de vidéos pour des communautés religieuses et des festivals chrétiens ou encore la participation à des émissions de radio.
Cependant, comme je l’ai évoqué précédemment, la communication innovante est vaine si le message est désincarné. C’est pour cela qu’une grande partie des cours sont des cours de théologie. Ils aident à en apprendre plus sur le Christ et à se concentrer sur l’essence du message que nous avons tous à partager en tant que baptisés.
Une des forces de cette école est qu’elle se vit en colocation. En effet, tous les étudiants habitent ensemble. Cela permet la création de liens fraternels très forts et d’une vie de prière commune et quotidienne. Cet aspect est vraiment très important, car il permet de nous enrichir de nos diversités, de nous épauler dans les moments plus complexes mais surtout de faire Eglise.
J’aimerais conclure en vous disant que nous sommes tous des pierres vivantes et créatives remplies de dons et de talents donnés par Dieu. Nous sommes tous appelés à participer à la construction du royaume de Dieu en suivant son plan d’amour pour nos vies. Dans la beauté et la simplicité de nos quotidiens, nous sommes appelés à refléter Jésus.
Et si c’était cela le plus grand et le plus précieux patrimoine immobilier de l’Eglise ? Les pierres uniques et à l’image de Dieu qui, mises ensemble, peuvent former des choses impactantes pour faire rayonner l’amour de Dieu.
Notre rubrique « Vu d’ailleurs » vous propose régulièrement de petites réflexions à partir d’un fait de vie. Aujourd’hui, un matou et une chatonne en viennent « aux griffes » dans le jardin où la famille Pianta est réunie… Mais où cette histoire va bien pouvoir mener ?
Le pape François a donné la place à des femmes dans la curie comme aucun de ses prédécesseurs : directrice des Musées du Vatican, secrétaire du Gouvernorat du Vatican (l’organisme qui gère la Cité du Vatican), sous-secrétaire du Synode…
Il a également institué lectorat et acolytat pour les deux sexes ; chez nous, cela passe presque inaperçu, mais dans des milliers de diocèses dans le monde, c’est une occasion bénie d’institutionnaliser la place des femmes en Eglise de manière non plus exceptionnelle, circonstanciée ou opportuniste, mais réellement habituelle.
« L’Eglise est femme »
A la messe du 1er janvier 2022, le Pape s’est écrié : « Que de violence il y a à l’égard des femmes ! Assez ! Blesser une femme, c’est outrager Dieu qui a pris l’humanité d’une femme… » Et de rappeler qu’il faut les protéger comme devoir premier de la société et de l’Eglise, car « l’Eglise est femme ». Dans le contexte de la révélation des abus psychosexuels, c’est sûr que cela sonne… pour le moins rassurant de le souligner. Mais avec modestie…
« Experte en humanité », vraiment ?
Paul VI parlait de l’Eglise comme « experte en humanité »… Le cataclysme des rapports Sauvé de divers pays (France, Allemagne…), ainsi que les enquêtes en cours (Espagne, Suisse…), a fait sauter en éclats cette présomptueuse appellation de soi pour l’Eglise, « experte en humanité »… Désormais, l’Eglise doit incarner le service concret de cette même humanité, comme savent le faire, depuis des millénaires, les femmes, les filles, les mères… Et malgré les adversités, les cruautés, les crimes dont elles sont victimes depuis des siècles dans les sociétés patriarcales sur tous les continents, elles tiennent encore debout, comme Marie au pied de la croix ; elles accueillent et offrent le meilleur, comme Marie dans la crèche ; elles repèrent et encouragent le service d’autrui comme Marie à Cana… Et le Pape de conclure : « Au début de la nouvelle année, mettons-nous sous la protection de cette femme… » ; mettons-nous sous la protection de toutes les femmes, oui !
Au-delà de la réflexion assez étonnante lancée par la compagnie des pasteurs et des diacres de l’Eglise réformée évangélique de Genève à propos du «genre de Dieu» (voir le dossier), nous pouvons constater que la Bible affirme clairement la part féminine de notre Seigneur.
Dès les premiers versets de la Genèse (1, 2), la Ruah Yahweh, son Esprit, au féminin en hébreu, est dit planer sur les eaux. De plus, l’un des attributs principaux du Seigneur, sa miséricorde, s’engendre dans ses entrailles matricielles, comme il l’affirme lui-même à Moïse en Exode 34, 6, lorsqu’il remet à son prophète sa « carte de visite » : « Le Seigneur passa devant Moïse sur le mont Sinaï et il cria : « Yahweh, Yahweh, Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité » ». La bienveillance divine s’exprime dans la langue de l’Ancien Testament par le mot féminin pluriel rahamin,la matrice de la femme qui porte la vie. Le terme est repris en grec à propos du Christ, lorsque l’Evangile dit qu’il est « pris aux tripes » en présence des foules qui étaient comme des brebis sans berger (Matthieu 9, 36).
En outre, le troisième Isaïe (chapitre 56-66) nous promet d’être allaités, portés sur la hanche, caressés sur les genoux et consolés par le Seigneur lui-même, comme une maman le fait pour son nourrisson (Isaïe 66, 12-13). Quand la paix coulera vers Jérusalem et que la gloire des nations se portera au-devant d’elle, tel un torrent débordant, ainsi notre cœur sera dans la joie et nos membres reprendront vigueur comme l’herbe, grâce à la tendresse maternelle de Dieu envers ses serviteurs.
Pas besoin donc de transiger sur les pronoms à attribuer au Seigneur. Ils peuvent être sans autres féminins et Dieu peut être invoqué comme « notre mère qui est aux cieux », afin que sa volonté d’aimer soit réalisée sur la terre comme au ciel, que son règne de bonté et de justice advienne, que son pardon se répande en nous en abondance, de sorte que nous le transmettions autour de nous et que le mal soit ainsi vaincu. En Ukraine comme en Romandie.
De nombreuses communautés composées de religieux ou de laïcs sont présentes en Suisse romande, comme autant de témoins de la vitalité et de la diversité de l’Eglise. Ce mois-ci, cap sur les carmélites de Develier.
PAR PASCAL ORTELLI | PHOTO : DR
Nom officiel : Ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel.
Sigle : O.C.D. pour ordre des Carmes déchaux.
Date de fondation : 1562 pour la réforme de l’ordre menée par sainte Thérèse d’Avila (1515-1582) et saint Jean de la Croix (1542-1591). Pour marquer leur différence avec les carmes de l’antique observance (O. Carm), ils allaient pieds nus dans leurs sandales, d’où leur nom de déchaux.
Origine : Vers la fin du XIIe siècle, en Palestine, des ermites se regroupent sur le Mont Carmel à l’instar du prophète Elie. Au retour des croisades, le carmel se répand en Occident avec une branche féminine attestée dès le XVe siècle.
Devise : « Je suis rempli d’un zèle jaloux pour le Seigneur Sabaot ! Il est vivant le Seigneur devant qui je me tiens. » (selon les mots d’Elie tirés du Premier livre des Rois).
Habit : Une tunique et un scapulaire de couleur marron avec un voile noir.
Mission : Etre prophète de feu à la suite d’Elie, c’est-à-dire mettre Dieu au centre de sa vie en accordant une grande place à l’oraison, prière silencieuse où on lui parle comme à un ami.
Présence en Suisse romande : Le carmel de Develier est le plus jeune couvent de Suisse. Après une histoire mouvementée allant de Marseille à Middes (FR), les moniales se sont établies dans le Jura en 1980. Il existe une autre communauté de carmélites au Pâquier.
Une particularité : A Develier, un couvent à l’architecture résolument moderne dédié à Notre-Dame de l’Unité, tout un symbole pour le Jura !
Pour aller plus loin : visitez leur site web mocad.ch
« Un carmel, c’est… »
par une carmélite de Develier
« Un espace de liberté où l’Esprit Saint façonne une communauté de sœurs appelées à s’aimer dans la joie, en grandissant dans l’amitié du Christ, sous le manteau de la Vierge Marie. Filles de l’Eglise, désireuses de voir le Seigneur connu et aimé de tous, leur vie de prière qui se déploie dans une existence des plus ordinaires (travail, solitude, rencontres fraternelles, détente…), rejoint par sa nature même, le cheminement de tous les hommes en quête de vie et de bonheur. »
On croyait ce genre d’épreuves réservées aux autres. On a vu récemment l’Eglise de France, ou encore le diocèse de Fribourg, en être profondément ébranlés. Et nous voici tout à coup touchés de près. L’affaire concerne notre Congrégation de chanoines et nos paroisses, impliquant des personnes que nous avons pu connaître et même hautement apprécier. J’ai entendu beaucoup de réactions critiques : « Pourquoi faire remonter ces affaires au grand jour ? N’y a-t-il pas un travail de sape d’une presse qui serait intéressée à ternir l’image de l’Eglise ? »
Je trouve pour ma part beaucoup plus intéressant le point de vue contraire de notre prévôt Jean-Michel Girard, déclarant, non sans une étonnante audace : « Malgré les profondes blessures causées par ces révélations, je suis content que la lumière puisse être faite. » Il fallait oser le dire !
En fait, on n’y comprend rien dans cette affaire si l’on ne prend pas ce virage pris en Eglise, sous l’impulsion du Pape lui-même, qui consiste à partir des victimes de ces cas tragiques d’abus spirituels ou sexuels. C’est en accueillant le long et exigeant travail intérieur, souvent sur plusieurs décennies, d’accès à la parole que notre point de vue peut changer du tout au tout. « La vérité vous rendra libres. » (Jn 8, 32)
A partir de là, reste ouverte la question de savoir comment réagir. Entre un premier temps de refus de ce qui nous paraît impossible ou invraisemblable et un deuxième temps de sidération devant ce qui s’impose comme un mal inconcevable, il nous faut pourtant faire face au réel avec toutes les ressources de la foi et de l’humanité. La foi, avec ce qu’elle nous donne comme certitude de la victoire du Christ sur le mal. L’humanité, avec la conscience humble de notre compréhension partielle de choses qui nous dépassent et avec la confiance qu’à force de paroles vraies, cette épreuve nous purifiera et nous simplifiera. Que toute l’Eglise en sera transformée pour être mieux à l’image de son Sauveur et Seigneur.
PAR L’ABBÉ DAVID RODUIT
PHOTO: GETTYIMAGES VINCENZO PINTO
En ce temps où certains veulent combattre le patriarcat jusque dans le langage et l’écriture, convient-il encore d’appeler Dieu notre Père, comme nous l’a enseigné Jésus ? Le christianisme ne se montre-t-il pas affreusement sexiste, machiste?
Il faut affirmer d’emblée que Dieu n’est bien sûr pas sexué… Il n’est ni homme ni femme. Ajoutons également que les mots n’arriveront jamais à contenir entièrement le mystère du Dieu vivant qui déborde ce que nous pouvons penser et dire de Lui.
En s’adressant à son Père, Jésus a repris un des attributs que le peuple de la Première Alliance conférait à son Dieu, même s’il est utilisé chez lui de manière très intime, absolument inhabituelle : « Abba, papa ! » Relevons également que le Christ qui s’est fait notre frère se reçoit quant à son origine d’une mère humaine, la Vierge Marie, ainsi que d’un Père des Cieux.
Mais, dans la Première Alliance, Dieu se révèle aussi comme mère. Ainsi peut-on lire par exemple chez le prophète Isaïe : « La femme oublie-t-elle son nourrisson, oublie-t-elle de montrer sa tendresse à l’enfant de sa chair ? Même si celles-là oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas ! »
(Is 49, 15)
Sans parler du fameux terme « rahamim » qui évoque le sein maternel, l’utérus, et qui est employé en lien avec Dieu, notamment chez le prophète Jérémie : « Ephraïm est-il donc pour moi un fils si cher, …, que mes entrailles s’émeuvent pour lui, que pour lui déborde ma tendresse ? » (Jr 31, 20)
Cet amour de Dieu qui le touche là où il a porté son enfant et qui désire lui redonner vie se retrouve aussi dans le Nouveau Testament, par exemple dans la parabole du fils prodigue où se dévoile la Miséricorde du Père. Rembrandt l’a très bien compris, peignant le visage du Fils appuyé sur le sein du Père, et attribuant à ce dernier une main masculine et une main féminine.
Pas besoin de vous peindre un autre tableau : Dieu est un Père qui nous aime comme une mère !
Dans cette rubrique, L’Essentiel propose aux Evêques des diocèses de Sion et de Lausanne-Genève-Fribourg, à l’Abbé territorial de Saint-Maurice et à leurs représentants de s’exprimer sur le sujet de leur choix. Ce mois, c’est Michel Racloz qui prend la plume.
MICHEL RACLOZ, REPRÉSENTANT DE L’ÉVÊQUE, RÉGION DIOCÉSAINE VAUD (LGF) | PHOTO : CATH.CH
Dans notre société, les relations entre les femmes et les hommes sont en redéfinition constante. Des avancées importantes ont été réalisées pour arriver à davantage d’équité et de respect. Mais, des « retours en arrière » très durs sont vécus. Je demeure choqué par le nombre de violence faite aux femmes dans tous les milieux. Pourquoi tant de paroles et de gestes blessants à l’égard des femmes ? Le récit de Caïn et d’Abel s’actualise encore trop. Mais la parole s’est libérée. Des femmes ont dénoncé l’inacceptable : l’atteinte à leur dignité et à leurs droits. La psychologie nous dit aussi qu’il y a une part de féminin et de masculin en nous. Chacun peut avoir peur et / ou croître.
A l’écoute de la Bible, nous découvrons que Dieu est une communion d’Amour, entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Cet Amour, tout ouvert vers l’ensemble de l’humanité et de la création, s’est manifesté de manière unique par la venue et la proximité de Jésus. J’ai envie de dire qu’il s’est dévoilé pleinement masculin et féminin, tout en se révélant Fils de Dieu. En effet, à la lecture de l’Evangile, ne percevons-nous pas des gestes et des paroles de sa part que nous attribuons spontanément à « l’homme » et / ou à la « femme » ? Une caractéristique les fonde : le service de la Vie.
Et si nous entrions davantage dans cette dynamique d’aimer la diversité des visages qui se présentent à nous ? Nous pouvons aimer, de manière différenciée, au sein de nos familles, nos collègues, nos amis, celles et ceux qui souffrent, des « prochains » bien plus éloignés. Des gestes et des paroles tant féminins que masculins font grandir la sororité et la fraternité. Le Ressuscité a pris le risque de ce chemin qui conduit au Bonheur tout en se confrontant au refus et à la mort. C’est un chemin délicat et exigeant qui nous ouvre des horizons inouïs. Oserons-nous poursuivre la marche avec Celui qui est tout Amour ?
L’homme né de manière naturelle, soit d’un homme et d’une femme, porte la vie naturelle qu’il a reçue. Personne ne s’est créé tout seul. L’homme né de manière spirituelle, soit de l’Esprit de Dieu, porte la vie qu’il a reçue, qu’il ne peut pas produire par lui-même.
La place des femmes et des hommes fait débat aujourd’hui dans de nombreux domaines, qu’ils soient domestique, professionnel, politique, culturel et forcément ecclésial. Faut-il donc «démasculiniser» un Dieu patriarcal et dominateur, question posée en ce début d’année par plusieurs organes de presse?
Relevons au passage qu’au sein de l’Eglise nous vouvoyons la Vierge Marie (« Je VOUS salue Marie… » et que nous tutoyons Dieu (« Notre père, qui ES aux cieux, que TON nom soit sanctifié… », ceci depuis Vatican II pour la seconde pratique 1. Voilà notamment l’un des signes de profond respect des femmes par l’Eglise.
Mais revenons au débat « femme – homme ». C’est, à mon avis et avant tout, une question posée au sein de notre monde occidental. Beaucoup d’intellectuels, lorsqu’il s’agit d’une préoccupation sur un mode de vie essentiellement en cours sur le quart Nord-Ouest de notre mappemonde, en font souvent un problème censé concerner la planète entière. Est-ce une nouvelle forme d’ethnocentrisme, voire de racisme ? Faut-il déboulonner, bille en tête, la première statue venue, car elle n’est plus en ligne avec nos opinions du moment ?
Il est, en effet, inquiétant de juger les faits historiques à l’aune de la morale, des valeurs peut-être, à la mode. Surtout de vouloir l’imposer à la terre entière. Le faire, n’est-ce pas devenir ainsi de nouveaux iconoclastes 2 qui n’auraient rien à envier aux talibans qui détruisirent les gigantesques Bouddha de Bâmiyân 3. Doit-on maintenant reprocher à Michel-Ange d’avoir reproduit sur les voûtes de la Chapelle Sixtine un Dieu blanc, âgé et barbu ?
Il n’en demeure pas moins que, chez nous, la question est compréhensible et qu’il s’agit certainement de donner aujourd’hui et à chacun, femmes et hommes, les places, rôles, missions, fonctions, professions les plus adéquats et respectueux des uns et des autres et en adéquation avec leurs aspirations naturelles réciproques. Et c’est heureux de voir des sages-hommes dans les maternités, des sapeuses-pompières dans nos casernes, etc. !
De manière plus concrète, Dieu, qui transcende toute détermination limitative, voit-il ombrage qu’une femme ou un homme le considère comme féminin, masculin, ou indéterminé ? Ne pouvons-nous pas penser qu’un Dieu d’Amour n’y voit aucun problème et accepte toute « orientation » de nos prières, aussi maladroites soient-elles ?
Plus fondamentalement, pour nous chrétiens, la Bible est la Parole de Dieu. C’est Lui qui a inspiré ses rédacteurs, prophètes, évangélistes. Ces derniers ont-ils subit un esprit « patriarcal », influencé par leur environnement ? Assurément non, puisque les religions pratiquées, hormis le judaïsme, en Terre Sainte à ces époques, par les Gréco-romains, les Cananéens, etc. étaient polythéistes avec autant de dieux que de déesses !
Dieu s’est-il soudain levé du mauvais pied pour inspirer ces textes en se présentant au travers de pronoms masculins, et encore plus en s’incarnant en Jésus-Christ qui n’était point femme ? Certains auteurs expliquent cela par le fait que Dieu crée « en dehors » de lui comme engendre un homme et non pas « en dedans » de lui comme engendre une femme. Ainsi le théologien réformé Paul Wells précise : La distinction « père » et « mère » à propos de Dieu dans le langage est celle qui existe entre le théisme biblique et le panthéisme. Dans le théisme biblique, le Dieu est transcendant, Créateur, instaure une séparation entre lui-même et le monde ; dans le panthéisme, le monde existe en dieu et dieu existe dans le monde et de conclure appeler Dieu « ma Mère » est une hérésie qui conduit au panthéisme païen4.
Aussi, n’en déplaise aux zélotes d’un féminisme outrancier, je préfère que nous laissions la liberté aux chrétiens de voir en Dieu qu’ils prient un être masculin, féminin ou indifférencié en toute sincérité, humilité, voire maladresse !
1 Adopté pour cette prière liturgique (l’Ave Maria est une prière de dévotion) par l’Eglise en janvier 1966, dans le sillage du concile Vatican II, tenu entre 1962 et 1965.
2 Du grec « eikonoklastês » : briseur d’icône, d’image. Qualifie une personne qui est contre les traditions et les habitudes du passé.
3 Haut-relief excavé dans une falaise située en Afghanistan, (patrimoine mondial de l’UNESCO) détruit en mars 2001
4 Paul Wells, « Dieu : masculin et / ou féminin ? », La Revue réformée no 217, Aix-en-Provence, mars 2002, pp. 31 et 33
L’église Saint-Hyppolite, au Grand-Saconnex, abrite quatre vitraux réalisés par frère Eric de Saussure. Fils de pasteur, l’artiste est né à Genève en 1925. Il a étudié les Beaux-Arts à Paris et Florence avant d’entrer dans la Communauté de Taizé parmi les huit premiers frères. Il crée alors un atelier de vitraux à l’origine de nombreuses œuvres dans le monde.
Les verrières que l’on peut observer dans la nef de l’église Saint-Hyppolite mettent en couleurs quatre grands personnages de l’Ancien et du Nouveau Testament : saint Jean l’Evangéliste, saint Pierre, le prophète Isaïe et Moïse.
Moïse tient dans ses mains les Tables de la Loi. A ses pieds, se trouvent un agneau et l’inscription : « Que ma loi soit toujours sur vos lèvres. » L’animal peut rappeler que Moïse a été berger avant que Dieu ne se révèle à lui à travers le buisson ardent.
La phrase semble inspirée du début du livre de Josué : « Ce livre de la Loi ne quittera pas tes lèvres ; tu le murmureras jour et nuit, afin que tu veilles à agir selon tout ce qui s’y trouve écrit : alors tu feras prospérer tes entreprises, alors tu réussiras. » (Jos 1, 8) Est-ce un choix étonnant alors que les épisodes concernant Moïse ne manquent guère ? Pas nécessairement. Ce sont les paroles par lesquelles le Seigneur s’adresse à Josué après la mort de Moïse. Le peuple d’Israël est désormais confronté à la délicate tâche de vivre sans celui qui l’a guidé hors du pays d’Egypte.
Mais, ce qui compte réellement, ce ne sont pas les personnes que le Seigneur peut choisir pour effectuer une mission particulière à un moment précis. Ce qui compte réellement, c’est ce que Moïse présente entre ses mains : la Parole. Nous n’avons peut-être pas la chance d’avoir côtoyé de grands prophètes, d’avoir eu une révélation divine dans un buisson ardent ou d’avoir pu rencontrer le Christ en personne. Mais c’est la même Parole qui nous est donnée aujourd’hui. Et cette parole, nous sommes invités à la garder sur nos cœurs et sur nos lèvres.
Gérer le consentement aux cookies
Pour offrir les meilleures expériences, nous utilisons des technologies telles que les cookies. En consentant à ces technologies, votre expérience sera meilleure. Sans ce consentement, ce que offre ce site internet peut ne pas fonctionner pleinement.
Fonctionnel
Toujours activé
Le stockage ou l’accès technique est strictement nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de permettre l’utilisation d’un service spécifique explicitement demandé par l’abonné ou l’internaute, ou dans le seul but d’effectuer la transmission d’une communication sur un réseau de communications électroniques.
Préférences
L’accès ou le stockage technique est nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de stocker des préférences qui ne sont pas demandées par l’abonné ou l’internaute.
Statistiques
Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement à des fins statistiques.Le stockage ou l’accès technique de données utilisées exclusivement dans des finalités statistiques sont anonymes et donc ne peuvent généralement pas être utilisées pour vous identifier.
Marketing
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire pour créer des profils d’internautes afin d’envoyer des publicités, ou pour suivre l’internaute sur un site web ou sur plusieurs sites web ayant des finalités marketing similaires.