Raconte-moi ton Eglise !

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), octobre 2021

PAR VÉRONIQUE DENIS | PHOTOS : JULIEN VERGÈRE ET PIERRE-YVES MAILLARD

Selon la définition du dictionnaire, raconter signifie « faire le récit d’une histoire ou relater les faits » ! Loin de moi l’idée de retracer l’histoire de l’Eglise qui dure depuis plus de 2000 ans.

J’aimerais plutôt nous inviter à nous arrêter au présent et à nous projeter sur l’avenir.

L’Eglise d’aujourd’hui n’est plus celle d’hier. Mais faut-il s’en émouvoir ? ou s’en réjouir ?

Pour ma part, j’y vois plutôt un signe d’espérance, ouvert sur l’avenir.

Car le Christ n’abandonnera jamais son Eglise. Ce que nous vivons en ce moment, est certes difficile et la situation du COVID ne joue pas en notre faveur. Et l’apôtre Pierre nous invite à garder confiance : « Mais vous, vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut, pour que vous annonciez les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. » (1P 2, 9)

L’Eglise, mon Eglise, votre Eglise est le reflet de ce que je veux et peux offrir. Je ne vais pas énumérer la longue litanie des manques ou des critiques qu’on relate malheureusement trop souvent. Je nous invite à raconter les signes positifs : les parents qui s’engagent dans le cheminement de la foi de leurs enfants, les anciens qui veillent et prient pour les plus jeunes, des jeunes qui misent tout sur le Christ, des couples qui font le pari de la fidélité, des paroissiens qui s’engagent pour embellir nos églises, nos chapelles, animer nos célébrations avec les chants et la musique, aider les prêtres dans le service de l’autel, veiller sur les plus fragiles et les plus faibles, visiter les malades et leur offrir le Pain de vie, proclamer les lectures, les laïcs engagés et les prêtres du secteur qui portent le souci de l’unité et accompagnent chaque baptisé dans leur cheminement spirituel, …

Chacune et chacun peut continuer cette énumération et il faudrait plus qu’une page pour raconter tout ce qui est vécu.

Rendons grâce à Dieu pour notre Eglise et demandons au Christ le courage pour continuer sa mission. Avec la force de l’Esprit Saint, notre témoignage débordera ainsi en torrent de lumière.

S’abonner à L’Essentiel en mode numérique, c’est possible !

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral de Martigny (VS), octobre 2021

En lien avec les Editions Saint-Augustin, la rédaction de votre magazine préféré vous propose un nouveau type d’abonnement, numérique, à un prix très intéressant durant cette première année.

TEXTE ET PHOTO PAR PASCAL TORNAY

Fruit d’une collaboration avec les Editions Saint-Augustin, cette nouvelle offre numérique sera disponible dès le 1er octobre 2021. Dès lors, il sera possible de s’abonner à L’Essentiel, votre magazine paroissial, par le biais de vos petits écrans et de le recevoir, 9 fois par an, sous une forme numérique, consultable sur tous les supports connectés. Il sera possible de régler votre abonnement directement en ligne avec une carte bancaire.

Pour les lectrices et lecteurs déjà abonnés, rien de changé ! Si ce n’est que vous avez un accès privilégié, pour le même prix et si vous le souhaitez, à la version numérique. Pour cela, il vous suffit de vous enregistrer. Pour ce faire, rendez-vous sur la page L’Essentiel du site de votre paroisse.

Nous proposons cet accès numérique à un tarif promotionnel de Fr. 30.– pour un an pour tout nouvel abonnement conclu et ce, jusqu’au 30 septembre 2022.

POUR VOUS ABONNER, rendez-vous également sur la page L’Essentiel du site de votre paroisse.
En outre, vous avez toujours le loisir de soutenir votre paroisse par un don complémentaire. Vous pouvez payer par carte de crédit ou par facture ou par Twint.

[newsletter-subscription-form magazin= »martigny » title-level= »2″ list-ids= »14″]

Depuis les Actes, l’histoire de la Parole

PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT | PHOTO : DR

Dans le prolongement des évangiles, le livre des Actes des Apôtres présente la Parole de Dieu comme l’acteur principal de l’histoire du salut: «La Parole de Dieu croissait et se multipliait», affirme l’auteur au terme des deux premières séquences de la narration. (Actes 12, 24)

Dans la première, l’Esprit Saint, promis par le Père, se répand en abondance comme des langues de feu sur le groupe des douze et les rend capables d’annoncer l’Evangile dans toutes les langues de la terre, lors de l’événement fondateur de la Pentecôte (2, 1-13). De discours en guérisons, de comparutions en emprisonnements et en libérations miraculeuses, les apôtres déploient les potentialités de la Bonne Nouvelle à Jérusalem et constituent la première communauté chrétienne (2, 42-47 ; 4, 32-35). Après chaque persécution, ils reviennent auprès des leurs et rapportent les merveilles réalisées en eux et à travers eux par le Seigneur, si bien qu’une nouvelle Pentecôte leur advient pendant leur prière commune (4, 23-31). Puis, en un dynamisme irrésistible, la force de l’Esprit multiplie les fruits de la Parole dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre, ainsi que le Christ l’avait annoncé avant son Ascension auprès du Père (1, 8).

Les voyages de Paul

Dans la deuxième séquence (6 à 12), les sept diacres sont institués, avec Etienne et Philippe. Puis Saül est mis à bas de sa monture lors de sa vocation. Ensuite, Pierre baptise le centurion Corneille et tous les siens. Enfin l’Eglise d’Antioche se fonde là où « pour la première fois les disciples reçurent le nom de « chrétiens » » (11, 26).

Par la suite, la question de l’accès des païens, à la foi, sans avoir à passer par la circoncision et la loi juive une fois réglée (par le concile à Jérusalem en Actes 15, 3e séquence), s’ouvre la dernière partie du récit avec les multiples voyages de Paul et ses plantations d’Eglises sur tout le pourtour de la Méditerranée, jusqu’à son dernier trajet vers Rome (16-28).

Depuis, c’est l’Esprit du Seigneur qui continue de manifester la fécondité de son message de libération, entre ombres et lumières, dans l’histoire de l’Eglise. A nous d’écrire les actes des témoins du XXIe siècle !

Histoire des papes

PAR THIERRY SCHELLING
PHOTO : DR

On dit de Jean XXIII qu’en connaisseur de l’histoire de l’Eglise et des Conciles, il aurait pris deux décisions en conséquence: s’appeler Jean (pour contrecarrer l’interruption, à cause d’un antipape, des papes légitimes nommés Jean) et convoquer Vatican II…

Nombreuses sont les « Histoires des papes », de von Pastor (16 volumes de 1886 à… 1961 !) à Rendina (2020) rééditée 6 fois depuis 1983 ; la papauté racontée décline maintes formes de gouvernement, du « paterfamilias » au césaro-papisme 1, moults développements du génie humain dans toutes les disciplines (arts, politique, économie…); elle est à l’origine d’incomparables atlas de cartographies en lien avec la colonisation des terres (pardon, l’évangélisation !)… Mais le Pape, c’est l’Eglise ?

Histoire de l’Eglise

Oui, du lui à Elle, il n’y a souvent qu’un pas (ou deux !) : de la tendancieuse Histoire de l’Eglise, de Daniel-Rops à la Nouvelle Histoire de l’Eglise de Daniélou et Marrou (notez l’adjectif !), en passant par le rigoureux Handbuch der Kirchengeschichte par Jedin, on culmine en termes d’exhaustivité objective, peut-être, dans les 13 volumes de Histoire du christianisme de Mayeur et cie. Tout ce développement en quelques décennies, de 1948 à 2000 pour les auteurs cités ! Mais on s’écarte du Pontife pour se concentrer sur les communautés locales (diocèses, paroisses…).

Sacrée histoire !

« Une fois que tu connais cette histoire papale, il n’y a pas grand-chose qui se passe dans la curie du Vatican et dans l’Eglise d’aujourd’hui qui puisse te choquer » 2, confesse le pape François qui raconte que dans son exil de Córdoba, il avait lu les 37 volumes de Histoire des papes de von Pastor. « C’était comme si le Seigneur me préparait avec un vaccin » ! Croyait-il si bien dire ?

1 L’étude de la coiffe papale est à ce titre révélatrice !
2 Un temps pour changer, Paris-Flammarion, p. 69.

Le « cordon de prière » de frère Nicolas

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), octobre 2021

PHOTO : DR

Le « Bätti » de frère Nicolas est une imitation du « cordon de prière », comme on peut le voir sur la représentation la plus ancienne de frère Nicolas. Le tableau de 1492 laisse à penser que frère Nicolas possédait un cordon de prière avec 50 perles de bois, sans division en dizaines. Au lieu de la croix habituelle, il y avait un anneau.

Nous ne savons pas exactement comment frère Nicolas a utilisé ce cordon de prière. Dans la biographie de Witwyler de 1577, il est écrit : « Il avait l’habitude d’avoir en main le signe chrétien que nous appelons « Paternoster » ou « Bätti ». Il n’avait pas honte de prier avec cela. »

La prière du Rosaire, telle que nous la connaissons aujourd’hui, est née au début du XVe siècle et s’est répandue lentement. Il est peu probable que frère Nicolas ait connu cette forme de prière. Mais il y avait à l’époque d’autres coutumes pour prier avec un cordon de prière. Le nom « Nöschter » pour ce cordon a été conservé dans certaines régions jusqu’à aujourd’hui. Il se réfère à la coutume de prier un « Notre Père » pour chaque perle. Ceux qui savaient lire priaient 3 fois 50 psaumes ; les autres priaient 3 fois 50 « Notre Père ». Souvent, on priait aussi 50 « Je vous salue Marie » ou 50 fois « Notre Père » avec le « Je vous salue Marie ».

Dans une biographie du XVIe siècle, il est dit que frère Nicolas avait l’habitude de prier ensemble le « Notre Père » et le « Je vous salue Marie ». Le « Je vous salue Marie », à ce moment-là, ne consistait qu’en la première partie. Ce sont des versets des Evangiles (Luc 1, 28-42), auxquels on a rajouté les noms de Jésus et de Marie.

D’autres formes de prière semblable au chapelet que frère Nicolas connaissait vraisemblablement sont : La « Grande Prière » (Méditation de l’Histoire du Salut en 92 méditations, auxquelles s’ajoutent des « Notre Père » et des « Je vous salue Marie »), l’« Admonition du Christ » (qui consiste en 15 « Notre Père » intercalés de textes de prières), et les « Cent contemplations de la Passion du Christ » du Mystique Heinrich Seuse. Il y avait encore d’autres coutumes de prière, pour lesquelles le cordon de prière était une aide utile.

 

La croix, au cœur de la pandémie

Le pape François a accepté de mettre autour de son cou une petite croix en bois d’olivier. Une belle avancée
dans le soutien au projet de Daniel Pittet. Bien avant le geste significatif du pontife, plus de cent mille croyants l’avaient déjà effectué, une initiative visant à soutenir les chrétiens de Bethléem privés du tourisme à cause de la pandémie. Un bout de Terre sainte à porter sur soi.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER

Pouvez-vous me raconter la genèse du projet de cette croix ?

Je passe de temps en temps à la Fille-Dieu pour rendre visite au père Benoît-Marie. Je le connais depuis toujours. Nous nous sommes rencontrés lorsque j’étais pensionnaire à Einsiedeln. Nous discutons un peu, bien entendu de la pandémie, et là, il me dit : « Tu connais les Pestkreuz ? »
[Voir encadré]. Cela me disait vaguement quelque chose. Ensuite il ajoute : « Nous pourrions faire des croix avec, comme inscription, O Crux Ave et les distribuer aux gens. » Nous avons donc lancé la production des premières dix mille croix. Puis j’ai écrit aux paroisses catholiques de Suisse pour en faire la promotion. Un pasteur m’a ensuite conseillé de prospecter du côté protestant, mais avec un autre slogan. Depuis, les commandes ne cessent d’affluer. Du côté catholique, cela a mis plus de temps.

Les croix peuvent être commandée sur le site www.croix-bethlehem.ch.

Vous attendiez-vous  à un tel engouement ?

Pas tellement, mais je suis habitué aux histoires folles ! J’ai aussi beaucoup prié pour obtenir le feu vert de Dieu. Et puis, je suis plutôt bon pour trouver des solutions afin que cela fonctionne.

Votre notoriété a-t-elle favorisé  le succès du projet ?

Ma vie est très connue dans la région. A vrai dire, mon histoire est très proche de la croix. Sans elle, il n’y a pas de Jésus. Et comme tout le monde, je porte ma croix. Ce projet représente beaucoup pour moi.

Ces croix ont pour optique de pousser les gens à prier plutôt que de se lamenter. Est-ce que notre société n’est pas  suffisamment priante ?

Nous avons perdu ce côté simple. En Europe, on pense d’abord à se faire du pognon, quoi qu’il arrive. Jésus, ça sera pour une autre fois. A cela s’ajoute la recommandation, durant la pandémie, de regarder les messes à la télévision, en expliquant que la communion subsiste dans le cœur. Les fidèles se sentent abandonnés et finissent par ne plus croire. Ces croix sont arrivées et j’ai réalisé que quelque chose manquait. Je crois vraiment que le côté missionnaire fait défaut ici.

Certaines personnes ont-elles retrouvé le chemin de la prière grâce à ces croix ?

Ceux qui l’ont retrouvé sont surtout ceux qui ne croyaient pas à grand-chose. C’est un peu dur à dire (silence)… mais certaines personnes prennent ces croix comme une sorte de grigri que l’on garde au fond de sa poche. D’un autre côté, de magnifiques témoignages nous sont revenus suite à leur distribution.

Plus qu’une prière, ces croix redonnent espoir et travail à toute une population…

Ces gens pleurent littéralement, car ils ne possèdent rien. Et ce projet a été providentiel pour toute une population.

Vous avez obtenu une audience auprès du Pape. Porte-t-il une de vos croix ?

Je voulais absolument qu’il mette la croix afin d’encourager les gens qui travaillent à Bethléem. Il a été d’accord de poser pour la photo. Cela a aussi donné un nouvel essor au projet. Le Pape a vraiment compris combien la pandémie fait souffrir et surtout, que le domaine spirituel n’est pas toujours bien pris en compte.

Vous fourmillez de projets. Etes-vous déjà en train de penser au suivant ?

J’ai un tas d’idées, mais je désire aller jusqu’au bout de celui-ci. L’objectif ? Produire des croix pour les JMJ. Il faut donc réunir suffisamment d’argent pour en faire fabriquer environ un million ! Et puis je prie beaucoup.
Je dis à Jésus : « Bah, si tu veux pas, on s’arrête et le tour est joué ! »
Je n’ai pas besoin d’être reconnu, je le suis déjà trop (sourire).

Un bout de Terre sainte pour redonner espoir

Sitôt l’idée soufflée par son ami prêtre, l’auteur de Mon Père, je vous pardonne prend contact avec George Handal, directeur de Caritas Jérusalem. Lors des JMJ de Panama, il avait déjà fait fabriquer des chapelets en bois d’olivier par des artisans de Bethléem. Durement affectée par la pandémie, cette région peine à se relever.

L’initiative offre donc à de nombreuses familles chrétiennes la possibilité de percevoir un revenu plutôt que de vivre de l’aide d’urgence. Quant à la famille Pittet, tout le monde participe. Sa femme et sa fille préparent les croix pour l’expédition et le processus est bien rodé ! Emballées dans un sachet avec une carte sur laquelle figure une prière, elles se veulent des Pestkreuz (croix de peste) modernes. Ces dernières existent depuis le Moyen Age. On les donnait aux fidèles lors de graves épidémies pour demander à Dieu la fin du fléau.

Les grâces de l’engagement au service de la paroisse

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), octobre 2021

PAR ANNE-MARIE COLANDREA
PHOTO : EDOUARD CRESTIN-BILLET

Edouard Crestin-Billet a accepté la charge de président du Conseil de paroisse, nommé et élu par l’assemblée générale des paroissiens en juin 2021. Comme il l’exprime lui-même: «Je suis président, non pas parce que je l’ai voulu, mais parce que j’ai été porté et appelé.» En y réfléchissant, n’est-ce pas ainsi que s’engage toute action, tout bénévolat dans l’Eglise ? Tout commence par une proposition, un appel, une amitié.

Comment se vivent ces premiers mois à la présidence du CP ?

« Ça se passe et c’est une grâce » *, dit-il avec un grand sourire et un vif enthousiasme.

Edouard n’est pas nouveau dans ce bénévolat, il participe depuis 15 ans au CP. Plus récemment, il a été vice-président aux côtés de Benoit Caron, son prédécesseur, pendant une période de renouvellement et d’intérim depuis l’automne 2020, dans la vague des confinements et autres adaptations aux mesures sanitaires.

Il précise qu’au sein du conseil chacun a un rôle particulier, apporte ses compétences tant personnelles que professionnelles. Le président aide à coordonner les actions, répondre aux besoins de présence, être en quelque sorte une personne référente, en particulier auprès des salariés de la paroisse. Il tient à se rendre disponible. Toutefois, c’est en pleine collégialité que se conçoivent les tâches au sein du conseil. Une paroisse, c’est comme une petite entreprise, ajoute-t-il, il est important de veiller à ce qu’elle fonctionne bien sinon cela peut porter préjudice à la vie pastorale.

C’est bien ainsi que les membres du Conseil de paroisse – comme d’ailleurs ceux du Conseil de communauté – entendent offrir de leur temps. Ils se mettent avant tout au service de la pastorale en étroite collaboration avec le curé, et plus largement avec les membres de l’équipe pastorale des trois communautés de l’unité pastorale. Ce sont avant tout des paroissiens qui coopèrent au cœur de la communauté paroissiale.

Edouard Crestin-Billet a toujours été un paroissien de l’UP ; résidant sur le territoire de Sainte-Thérèse, il fut baptisé à Saint-Joseph. Son parcours de vie, comme ses engagements révèlent un « cœur vibrant en Christ, en Eglise ». Après une scolarité auprès des Chanoines de Saint-Maurice en Valais, il revient à Genève pour ses études supérieures, à l’Uni en Sciences économique. Ses expériences professionnelles lui font découvrir que même dans les milieux de la finance, de la banque ou du conseil en entreprise, de vraies questions se posent : telles que l’attention à l’environnement, ou encore la sensibilisation aux thèmes de la Doctrine sociale de l’Eglise, la solidarité, la centralité de la personne humaine… Autant de facteurs qu’il retrouve en qualité de membre de la Direction de Caritas.

Si on lui demande de tirer les traits caractéristiques de la paroisse Sainte-Thérèse, il rappelle qu’elle est « jumelée » en unité pastorale avec la paroisse Saint-Joseph des Eaux-Vives, ce qui souligne les différences et les complémentarités entre les deux communautés. La situation géographique est le reflet de ces nuances : Champel est plus en périphérie du centre-ville, comme en zone résidentielle, alors que les Eaux-Vives sont au cœur même de l’activité citadine.

Edouard tient aussi à souligner la longue histoire d’œcuménisme avec l’Eglise réformée du quartier Champel-Malagnou, des relations qui perdurent au fil des gestes communs, des rencontres, des liturgies, et enracinent les liens d’amitié.

La communauté paroissiale de Sainte-Thérèse, c’est aussi les liens plus étroits avec la communauté polonaise du Grand Genève dont Sainte-Thérèse est le port d’attache : c’est une richesse et un défi d’intégration réciproque sans cesse renouvelés.

Edouard souligne que cette réalité chrétienne aux multiples visages est toute aussi importante pour lui et sa famille ; son épouse et leur fille sont orthodoxes, et pour la petite histoire, la famille compte parmi leurs aïeux un prêtre orthodoxe.

Quels sont les souhaits du président pour cette reprise d’une nouvelle année pastorale ?

Les chamboulements de cette longue « période covid » portent à redécouvrir ce que signifie « vivre en paroisse », notre attachement, ce qui nous lie. Ainsi, il souhaite être à l’écoute des besoins, des propositions, de la vie pastorale en générale. Il souhaite aussi renforcer les liens avec la communauté polonaise. Etre membre du Conseil de paroisse, c’est certes répondre aux exigences de l’administration, de la gestion, de veiller à l’équilibre des finances, mais c’est aussi participer concrètement à la vie de la paroisse comme tout collaborateur et bénévole. Edouard souhaite également que cette reprise se conjugue avec la mise en valeur des talents : aller de l’avant avec les collaborateurs, encourager les initiatives, déployer le goût du beau notamment grâce à la richesse artistique dont bénéficie la paroisse avec des « maestros » comme Humberto Salvagnin à l’orgue et Steve Dunn à la direction du Chœur mixte et de la Maîtrise.

Les chevaux de Notre-Dame

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : MARSTALL EINSIEDELN

Lorsqu’on évoque Einsiedeln, on pense à la « Vierge noire » et son importante dévotion ou encore au pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Saviez-vous que le terme «Einsiedeln» est aussi utilisé pour qualifier une lignée de chevaux exclusivement élevés dans le couvent de cette commune? Visite guidée du haras d’Einsiedeln… au grand galop!

Des écuries millénaires

Le lieu retiré dans la « sombre forêt » dont saint Meinrad rêvait pour y fonder un ermitage n’a cessé de rayonner alentour. Aujourd’hui, la renommée de la gracieuse Madonne couronnée n’est plus à faire. D’aucuns lui préfèrent pourtant le profil chevalin des quelques compagnons équins de l’arrière-cour de l’abbaye. Là aussi, la notoriété de la sainte femme a laissé son empreinte. D’abord appelés Cavalli della Madonna (chevaux de Notre-Dame), le cheval de l’abbaye est aujourd’hui connu sous le nom d’Einsiedler. Les écuries de l’abbaye sont les plus vieilles d’Europe encore en exploitation (depuis 934). Dès la fondation, les moines provenant principalement de la noblesse et de la chevalerie amènent leurs montures avec eux. Les bêtes étaient d’abord élevées pour leurs propres besoins : voyager ou transporter des marchandises. Vers 1500, le marché des chevaux se développe, les écuries du monastère prospèrent et vendent des centaines de montures à travers l’Europe.

Un patrimoine vivant

à préserver

A partir de 1655, l’élevage se systématise. On répertorie la population de chevaux présente à l’abbaye. Une heureuse idée, car en 1798 les écuries sont pillées par les armées révolutionnaires françaises qui s’arrogent les plus belles bêtes. Un nouvel élevage est mis sur pied dans
les écuries du monastère sur la base des anciennes lignées
Einsiedeln. Le Marstall (écurie) d’Einsiedeln peut se vanter de posséder les plus anciens arbres généalogiques de chevaux d’Europe. Pour pérenniser cette tradition entamée il y a plus de 1000 ans, une importante rénovation du haras a eu lieu en 2001. Dans le même temps, la stratégie d’exploitation a été repensée. Les bâtiments du Marstall ont donc été loués par le monastère à la Marstall Kloster Einsiedeln Sàrl afin de poursuivre l’élevage traditionnel, gérer l’écurie et offrir des cours d’équitation.

Thônex a mille ans…

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), octobre 2021

PAR KARIN DUCRET
PHOTOS : ARCHIVES PAROISSE THÔNEX

Le premier texte mentionnant la localité de Thônex remonte déjà au XIIe siècle. Signé de la main du pape Eugène II, il indique que le Monastère de Saint-Jean-Les-Grottes possède quelques biens sur ce territoire. Il faut cependant attendre le début du XVe siècle pour voir apparaître l’église de Thônex dans les écrits. En effet, le 22 mai 1412, Jean de Bertrand, évêque de Genève, effectue une visite dans cette paroisse et le compte-rendu de cette dernière est conservé aux archives de l’Etat de Genève. En 1707, l’église est entièrement reconstruite sous sa forme actuelle dans un style baroque savoyard qui lui vaudra d’être classée par le Conseil d’Etat, en décembre 1921.

Les fouilles archéologiques ont permis d’étudier plus précisément le terrain sur lequel a été bâtie l’église. Sous une épaisseur variable de terre végétale dans laquelle sont conservé les vestiges, apparaissent des strates de gravier meuble reposant sur un terrain argileux compact, témoin de la dernière glaciation (il y a 110’000 à 10’000 ans). Des fragments de tessons découverts se rattachent à une occupation du site dès la fin de l’époque romaine (IVe-Ve siècles). Toutefois, on ne saurait dire à quel type d’installation ils correspondent ; peut-être des constructions légères dont les traces ont disparu au fil des siècles.

Les sépultures antérieures à l’église primitive : un groupe de tombes dégagé dans le sous-sol de l’église actuelle témoigne d’une première utilisation funéraire du site. La position anatomique des ossements de plusieurs squelettes particulièrement bien conservés prouve que les défunts ont été déposés directement dans la terre, le corps peut-être enveloppé dans un linceul, sur le dos avec les jambes étendues, les bras allongés contre le corps et les avant-bras croisés sur le ventre – une position considérée par certains auteurs comme un indice de christianisation de la population. L’analyse à l’aide de carbone 14 a démontré avec 72% de probabilité que la date est comprise entre 525 et 695 de notre ère.

Les sépultures aménagées entre le Xe et le XIIIe siècle : aucune sépulture ne paraît avoir été enterrée à l’intérieur du sanctuaire, ce qui correspond bien aux ordonnances promulguées à cette époque. Les tombes contemporaines de ce premier édifice religieux sont installées dans un cimetière s’organisant autour du sanctuaire ; elles diffèrent de l’inhumation antérieure par leur orientation conforme à celle de l’église : position allongée sur le dos avec la face tournée vers le ciel…

Le plan de l’église de Thônex est modifié au cours d’un important chantier de reconstruction dans le courant du XIIIe siècle. A la suite de ces travaux, le tracé de la nef reste inchangé et la façade du nouvel édifice est posée sur les fondations du sanctuaire précédent.

Caveau funéraire de la chapelle Notre-Dame : la chapelle Notre-Dame apparaît pour la première fois dans les textes du XVe siècle.

Caveau funéraire de la chapelle Sainte-Catherine : la première mention de la chapelle Sainte-Catherine est relevée dans le procès-verbal de la visite pastorale du 28 mai 1443. Lorsque le culte catholique est rétabli dans l’église de Thônex après la Réforme au début du XVIIe siècle, les chapelles sont dans un état de délabrement avancé. En 1631, un autel y est établi par la confrérie du Rosaire qui semble désormais se charger de l’entretien du sanctuaire et apparaît sous le vocable du « Rosaire » à partir de 1693. En 1707, la chapelle du Rosaire est démolie lors du chantier de reconstruction de l’église et agrandie ; elle est vraisemblablement détruite au cours de la période révolutionnaire, car elle ne figure plus sur le cadastre français relevé en 1812.

Caveau funéraire de la chapelle Saint-François de Sales : la construction de la chapelle Saint-François de Sales est terminée peu avant 1682. Comme la chapelle Sainte-Catherine, elle est détruite lors du chantier de 1707, puis rebâtie contre le mur nord de la nouvelle nef.

Les sépultures aménagées entre le XIIIe et le XVIIe siècle : un grand nombre de sépultures se rattache à cet ensemble chronologique qui recouvre une longue période d’inhumations. Dans cette série, plusieurs groupes de tombes peuvent être datés plus précisément, en fonction de leur emplacement à l’intérieur du bâtiment ou de leur mention dans les registres de décès conservés dès le début du XVIIe siècle.

Selon les registres de décès, trente et une personnes sont enterrées dans l’église Thônex entre 1707 et 1783. La répartition entre les hommes et les femmes est égale et on a découvert un seul enfant lors des fouilles à l’intérieur de l’édifice. La majorité des tombes se situe dans les deux premières travées de la nef et dans les chapelles. Trois sépultures – dont deux appartiennent à des ecclésiastiques – sont placées dans la troisième travée, près de la barrière du chœur.

Dimanche 20 novembre 2016 a eu lieu une émouvante cérémonie : 140 squelettes, prélevés lors des fouilles archéologiques et entreposés depuis sous ses combles de l’église, ont trouvé une dernière demeure dans une crypte à l’entrée de l’église Saint-Pierre. Feu l’abbé Marc Passera, assisté par Imad Maouad, prêtre de l’église maronite, a prié sur ces ossements et les a bénis.

 

L’église de Thônex a été entièrement restaurée dans les années 1987-1990. Pour préserver

les vestiges conservés dans le sous-sol des dégradations, les archéologues ont pris la décision de relever la totalité des structures anciennes mises à jour par les fouilles archéologique entreprises de mai 1987 à juin 1988 par le Service cantonal d’archéologie 1.

 

1 Les informations, photos et plans sont tirés de l’ouvrage « L’église Saint-Pierre de Thônex », Service archéologique, 1994.

 

Médaillons, église Saint-Julien de Matran (FR)

PAR AMANDINE BEFFA | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER

L’église de Matran accueille d’exceptionnels médaillons en huile sur bois. Ils sont les témoins de l’art pictural du XVIIIe siècle en Suisse. Gottfried Locher est un des principaux peintres rococos de Romandie. Il décore la voûte avec ses fils, si bien qu’il est difficile de reconnaître précisément l’auteur de chaque œuvre. Aucun dessin préparatoire n’a été décelé, ce qui donne à l’ensemble un caractère d’autant plus remarquable.

Les médaillons représentent les quatre évangélistes. Ils sont accompagnés de leurs attributs : l’ange (ou l’homme), le lion, le taureau et l’aigle. Cette tradition viendrait de saint Jérôme et repose sur deux textes : une vision d’Ezéchiel (Ez 1, 1 – 14) et une de l’Apocalypse (Ap 4, 7 – 8).

L’Evangile selon saint Matthieu commence par une généalogie. C’est celui qui raconte l’enfance de Jésus et il rapporte plusieurs rencontres avec des anges. Pour saint Jérôme, Matthieu est l’évangéliste qui présente le plus le Christ dans son humanité. Pour cette raison, on le représente accompagné de l’ange (ou d’un homme).

Dans les premiers versets de l’Evangile selon saint Marc, retentit une voix dans le désert. Elle est associée au lion qui rugit. Jérôme considère que c’est l’évangéliste qui met le plus en avant la majesté du Christ. Le lion est le roi des animaux, c’est donc lui qui est aux côtés de Marc.

Saint Luc raconte le sacrifice de Zacharie. C’est l’évangéliste qui, selon saint Jérôme, insiste le plus sur la mort du Christ comme sacrifice. Le taureau est l’attribut de Luc.

Pour saint Jérôme, l’aigle est un symbole de ce qui vient d’en haut. Le dernier évangile débute avec un prologue théologique qui développe le thème de la venue de Dieu sur la terre. On croyait que l’aigle avait la capacité de renouveler complètement son plumage chaque année en volant vers le soleil avant de plonger dans l’eau. On associait cette idée au baptême. C’est dans l’Evangile selon saint Jean que l’on trouve la rencontre entre Jésus et Nicodème au cours de laquelle le thème du baptême est développé.

Trois questions à… Marie-Thérèse Pictet-Althann

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), octobre 2021

PAR THIERRY SCHELLING
PHOTO : MARIE-THÉRÈSE PICTET-ALTHANN

Mme Pictet-Althann, depuis de nombreuses années vous êtes présidente du Chœur Mixte de Saint-Joseph. Qu’est-ce qui vous y a amenée ?

Lorsqu’en 2007 le Chœur ne comptait plus qu’une quinzaine de choristes, j’ai répondu à un appel des curés avec l’intention de m’engager brièvement. Toutefois, l’annonce de messes télévisées en 2008 m’a fait réaliser qu’il fallait rapidement recruter des choristes, consolider le répertoire et œuvrer au renouveau de notre Chœur. En redécouvrant ainsi la joie de chanter avec l’émotion et le bonheur que cela procure, j’ai décidé d’intégrer pleinement le Chœur. Ce beau et gratifiant ministère qu’est le chant sacré permet de proclamer musicalement nos louanges et prières à Dieu et d’embellir ainsi les célébrations liturgiques en rendant les rites sacrés plus solennels. http://choeur-saint-joseph.ch/

Ambassadeur de l’Ordre Souverain de Malte, pouvez-vous nous dire quelle est sa mission principale et comment elle se concrétise pour vous ici à Genève ?

La mission de l’Ordre de Malte se résume dans les deux principes fondamentaux qui expriment son charisme : « tuitio fidei et obsequium pauperum » – défendre la foi et servir les pauvres et les malades. Ordre religieux et laïc de l’Eglise catholique depuis 1113 et sujet de droit international, il exerce des fonctions de souveraineté lui permettant de déployer son action humanitaire partout dans le monde à travers ses propres institutions et ses représentations diplomatiques. Centre du multilatéralisme et capitale humanitaire, la participation de l’Ordre de Malte à Genève aux consultations mondiales des Nations Unies et de ses agences spécialisées lui permet de présenter sur la scène internationale ses positions et de définir des coopérations dans les domaines humanitaires, médicaux, sociaux et des droits de l’homme. Cette diplomatie multilatérale contribue au renforcement de ses relations avec les gouvernements des pays dans lesquels l’Ordre est opérationnel. http://unmissionge.orderofmalta.int./en/#

Que souhaiteriez-vous dire à la communauté paroissiale de Saint-Joseph ?

Que la paroisse soit toujours au service de notre Seigneur et de notre Eglise, vivante et ouverte, rayonnant la joie chrétienne ; que sa communauté reste fidèle à la participation aux offices et que ses célébrations contribuent à approfondir notre foi ; qu’elle soit à l’écoute des préoccupations des personnes. J’exprime aussi le souhait que la tradition de la belle musique sacrée soit maintenue selon les consignes du Concile Vatican II : « Le chant sacré lié aux paroles, fait partie nécessaire ou intégrante de la liturgie solennelle. »

Quand l’enfant différent nous transforme

Il est des difficultés que ceux qui ne sont pas concernés peinent à imaginer, dont celle d’être parent d’un enfant différent, à cause du handicap ou de la maladie.

PAR BÉNÉDICTE DROUIN-JOLLÈS | PHOTO : FLICKR / CLAUDE PISCITELLI

Comment oublier le jour terrible où la vie a basculé suite à l’annonce d’un diagnostic médical, ou encore les nuits blanches et les rendez-vous de spécialistes plus ou moins décevants qui ont suivi ? Quand ce n’est pas le regard de l’entourage embarrassé ou craintif. Un vrai séisme ! Le handicap ou la maladie heurte autant le couple que la fratrie, chacun faisant face comme il peut. Certes, l’inquiétude, la honte, la jalousie et la colère les habitent parfois, mais avouons aussi que les enfants différents nous réapprennent l’essentiel de la vie loin de la course au succès et à l’efficacité. Ils vivent par les valeurs du cœur : la tendresse, la patience, la capacité d’adaptation au-delà des schémas et conventions parfois plus ou moins sensés : « Claire, ma fille trisomique, a été la grande épreuve de ma vie. Elle m’a aussi fait bouger intérieurement comme personne d’autre », avoue Martine sa maman âgée de 70 ans. Entre familles d’enfants différents existent une complicité et une compréhension immédiate qu’il faut encourager. Et quand nos paroisses leur réservent une place de choix, c’est très vite gagnant-gagnant. Musique, service de l’autel ou de l’assemblée, chorale… il y a mille façons d’inclure ces jeunes…

Bon à savoir

L’Office chrétien des personnes handicapées accueille  et conseille les parents d’enfants différents : och.fr

Quarante ans du Centre écologique Albert Schweitzer

Le Centre écologique Albert Schweitzer, du nom du médecin, pasteur et théologien qui reçut le prix Nobel de la paix en 1952, un homme qui s’est mis au service de son prochain, célèbre 40 ans de lutte en faveur du développement durable en Suisse et en Afrique ! Mais le connaissez-vous ?

PAR CHANTAL SALAMINPHOTOS : DR

Ses 40 ans

Vous êtes conviés à une série de manifestations pour cet anniversaire dont les dates seront confirmées en fonction de la situation sanitaire (voir site internet ceas.ch) : une exposition photos Vivre de sa terre à Madagascar, une pièce de théâtre inédite dédiée à Hélène et Albert Schweitzer, etc.

Sa vision et sa mission

Les membres du CEAS « rêvent d’un monde où chacune et chacun, à sa mesure, puisse apporter une pierre à l’épanouissement de la société, au développement économique et à la préservation de l’environnement ».

Fondée en 1980, sa mission sera dès lors de « générer des dynamiques sociales et économiques positives en Afrique, grâce à la co-création et au partage de solutions innovantes et respectueuses de l’environnement, pour contribuer à l’autosuffisance alimentaire et à la promotion des énergies renouvelables ».

Son action

Le CEAS gère en parallèle une trentaine de projets à Madagascar, au Sénégal et au Burkina Faso, et ce, par des partenaires locaux. Il se concentre dans quatre grands domaines d’activités : l’artisanat et les énergies renouvelables, les filères agricoles durables, l’assainissement des déchets et la sensibilisation. Des projets qui apportent des retombées positives pour les personnes : un forage pour tout un village, une vente de beurre de karité pour payer les soins médicaux, un kiosque solaire pour une école, la gestion durable de l’eau, etc.

En Suisse, l’important est que « la population et les décideurs comprennent que la pauvreté, le changement climatique, la sécurité alimentaire notamment sont des problèmes globaux qui ne connaissent pas de frontières ».

L’église d’Hérémence, de la pierre au béton

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Val d’Hérens (VS), octobre 2021

La paroisse d’Hérémence, qui fut érigée le 11 septembre 1438, va vivre une journée particulière dimanche 31 octobre: ce jour-là marquera les 50 ans, jour pour jour, de la consécration selon le rite catholique de son église, dédiée à saint Nicolas de Myre.

PAR YVAN DELALOYE | PHOTOS : ÉMILE MAYORAZ, YVAN DELALOYE, EVIDENCE PHOTOGRAPHY

L’ancienne église 1

La construction

L’abbé Antoine Clivaz, nommé curé d’Hérémence en 1760, constata rapidement que l’ancienne église était devenue trop petite en raison de l’accroissement important de la population de la commune. Suite au don de Jean-Baptiste Mayoraz, qui légua le champ de Chenevière (culture de chanvre), qui se trouvait en amont à l’ouest de l’édifice existant, la construction de la nouvelle église débuta en 1768 pour se terminer en 1788.

Pour parler de la générosité des paroissiens, qui permit la construction de l’église, l’abbé Clivaz se référa au miracle de la multiplication des pains relaté par l’évangéliste saint Jean, car à la fin de la construction il restait un solde de 1000 écus, montant évalué à 10’560 francs par l’abbé Antoine Gaspoz en 1925.

Le maître-autel

Le chœur de l’église d’autrefois était constitué par la chapelle existante. Lors de la démolition de l’église, en 1967, le maître-autel qui s’y trouvait fut vendu à la paroisse de Stalden qui l’installa dans son église paroissiale après y avoir remplacé la statue de saint Nicolas par une représentation de saint Michel, à qui elle est dédiée.

La nouvelle église

Le projet

Le projet de l’église actuelle remonte à 1960, date à laquelle l’abbé Marius Charbonnet, en charge de la paroisse, s’est vu confier la mission de bâtir un nouveau lieu de culte afin de remplacer l’église paroissiale fragilisée par le tremblement de terre du 25 janvier 1946.

C’est le rapport de l’architecte établi en 1961 qui se trouve aux archives cantonales qui éveilla l’attention des autorités religieuses et civiles d’Hérémence ainsi que celle des paroissiens. Dans celui-ci on pouvait notamment lire que « l’église se trouvait dans un état de vétusté avancée, les cloches ébranlaient un des murs de la nef et même l’arc qui dominait le chœur ».

Un concours est alors lancé et un règlement rédigé le 29 décembre 1961. Quinze projets sont déposés. Le jury choisit celui de l’architecte bâlois Walter Förderer appelé « Eglise » le 10 février 1963.

Pour expliquer son projet, l’architecte dira que, se trouvant face à une cuvette, il a imaginé un rocher qui y serait tombé dans lequel il a sculpté une église en tenant compte de la topographie.

La construction

La première pierre est posée et bénie le 22 septembre 1968. Durant l’hiver 1968-1969, les murs sont bétonnés et la voûte coffrée. Les travaux se poursuivent jusqu’en 1971. La nouvelle église, dédiée à saint Nicolas de Myre, est consacrée le 31 octobre par Mg Nestor Adam, évêque de Sion, en présence du curé, l’abbé Marius Charbonnet, et du vicaire, l’abbé Jean-Claude Favre.

L’ouvrage vu de l’extérieur

L’avis d’un architecte

Par Frédéric Dayer, architecte, Hérémence

« L’ouvrage est classé dans l’inventaire fédéral des sites construits d’importance nationale à protéger en Suisse (ISOS) avec comme objectif de sauvegarde  » A « , ce qui le désigne comme bâtiment à sauvegarder au niveau national.

L’édifice, qui s’inscrit dans le courant brutaliste, met en exergue l’audace des autorités qui, au vu du contexte historique, social et culturel de l’époque, firent un choix novateur et avant-gardiste.

Le centre paroissial, monumental, constitue une véritable plateforme de distribution qui met en relation, par tout un réseau d’escaliers et d’esplanades, les entités qui l’entourent. Les parcours menant à l’église préparent subtilement les différentes séquences d’entrée qui dévoilent un exceptionnel espace intérieur de culte.

En plus de son aspect sculptural et artistique, il faut souligner la qualité de la construction. La complexité de l’ouvrage relève d’un défi hors norme qui n’aurait pu être relevé sans les aptitudes, les compétences et la synergie entre toutes les personnes investies dans sa réalisation. »

L’ouvrage vu de l’intérieur

L’espace liturgique

L’espace liturgique est conçu pour répondre aux exigences de la nouvelle liturgie dont l’abbé Charbonnet disait : « L’Eglise vivait le concile Vatican II. La réforme liturgique était à l’étude. Elle allait dans le sens d’une participation de l’assemblée à la célébration eucharistique » 2.

La place des fidèles durant les célébrations telle que redéfinie par le concile Vatican II 3 a permis de renforcer leur participation. Les blocs de bancs en bois sont disposés en hémicycle. Ils sont séparés les uns des autres par des allées qui convergent toutes vers le sanctuaire. Au cœur de l’assemblée, un vaste espace où se trouve l’autel, représentation symbolique du divin où s’accomplissent les rites sacrés. L’hémicycle se termine par la place réservée à la chorale : elle permet aux fidèles de voir les chanteurs et à ceux-ci de participer pleinement à la célébration.

La symbolique

Chaque église matérialise la maison de Dieu. Ici, les éléments qui l’agencent ont chacun leur symbolique, à l’image des statues qui ont été disposées de façon à garder un lien avec l’église précédente. En plus du Christ et de la Vierge, on y trouve les statues de saint Théodule, de saint Nicolas, des évangélistes et des protecteurs des chapelles.

La croix du Christ

Le Christ roman du XIe siècle présente la particularité de ne pas être mort, car il a les yeux ouverts. Inséré dans le mur même de l’édifice, il représente Jésus pierre angulaire de l’Eglise. Un chapitre du livre des Actes des Apôtres l’évoque d’ailleurs de la manière suivante : « Ce Jésus est la pierre méprisée de vous, les bâtisseurs, mais devenue la pierre d’angle. En nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes qui puisse nous sauver. »

La colonne de la Vierge

Soutenant le grand plafond, la colonne de la Vierge symbolise l’aide de Marie. Elle est « celle qui, dans l’Eglise, tient la place la plus élevée auprès du Christ et est en même temps la plus proche de nous » 4. Son emplacement actuel ainsi que l’inscription « Hérémence est l’alleu (terre) de Notre Dame », qui figurait sur son socle dans l’ancien édifice, prouve bien la dévotion des paroissiens envers Marie.

Le témoignage d’une visiteuse de passage

Par Géraldine Kobel, Charmoille (JU)

« Bien sûr que dans mon Jura natal, j’avais entendu parler de cette église particulière, spéciale, bizarre. Bien sûr que j’en avais vu des photographies prises sous plusieurs angles. Mais quand j’ai eu la chance, par une fin de journée du mois d’août 2020, de visiter l’église Saint-Nicolas d’Hérémence, j’ai été impressionnée par cet énorme rectangle qui semble en décalage avec son environnement.

Un bâtiment moderne en béton, style « monolithe  » – on m’a dit que c’était voulu –, érigé au milieu d’un charmant village plutôt escarpé. Quelle audace et quelle ingéniosité ! Je me suis sentie minuscule au pied de cette église, mais également protégée.

L’intérieur m’a touchée par sa grandeur et sa simplicité. Tout y est à sa place, il n’y a ni trop ni trop peu de statues, de décorations,… La luminosité invite au recueillement. L’idée de disposer les bancs en arc de cercle me rappelle la souplesse et tous les arrondis que nous sommes invités à appliquer tout au long de notre vie en général et dans notre vie chrétienne. Dans la sacristie, j’ai découvert un beau message qui depuis lors m’accompagne :  » Un reflet de Dieu est présent dans chaque visage que tu vois.  » »

En guise de conclusion

« Espace concret de la mise en relation entre le monde visible qu’on appelle la Terre et le monde invisible qu’on appelle le Ciel » 5, l’église d’Hérémence, et plus particulièrement son espace liturgique, est véritablement à considérer comme l’instrument de la relation privilégiée que nous entretenons avec Dieu en étant un espace structuré pour la vivre activement.

L’église d’Hérémence, qu’il appelait sa « cathédrale » 6, est une œuvre à part dans la carrière de l’architecte. Cette cité de Dieu nous incite à la méditation grâce à l’eau qui coule goutte à goutte de la fontaine baptismale, rythmant le temps; et à l’extériorisation par la puissance de la voûte, construite de la main de l’homme, qui évoque la voûte céleste racontant la gloire de Dieu.

Chef-d’œuvre de l’architecture contemporaine, l’église est dotée d’un son et lumière qui permet aux visiteurs de comprendre les symboles qui y sont intégrés.

Une église tout entière espace liturgique

Par Mgr Jean-Marie Lovey, évêque de Sion

Ecrasé par le béton lors de ma première visite, touristique, je me suis retrouvé dans l’église d’Hérémence à concélébrer un ensevelissement qui avait attiré tous les habitants. De l’autel où je me trouvais, j’ai eu l’impression d’être élevé jusqu’aux occupants des galeries. Cette aspiration quasi physique élève l’âme jusqu’au ciel. De l’espace liturgique, l’assemblée peut être rejointe d’un regard et ramenée autour de l’autel, car en fait, c’est bien elle qui célèbre.

Notes

1 « Hérémence, Notices d’archives et souvenirs ».
2 « L’église d’Hérémence en Valais », témoignage de notre siècle, Marius Charbonnet.
3 « Présentation générale du Missel romain » publiée en 1970.
4 « Lumen gentium », constitution dogmatique sur l’Eglise de Vatican II.
5 « Espace et liturgie », Jean-Marie Duthilleul.
6 « L’église Saint Nicolas d’Hérémence », Guides d’art et d’histoire de la Suisse, octobre 2021.

Programme du 50e anniversaire

Samedi 30 octobre: vernissage du nouveau guide de la Société d’histoire de l’art en Suisse (SHAS)
15h Réception des invités et de la population. Début de la partie officielle
15h50 Concert d’orgue et chœur
16h30 Apéritif offert par la commune d’Hérémence et visites guidées de l’église
18h30 Clôture de la partie officielle

Dimanche 31 octobre: fête du jubilé
9h15 Réception des invités à la chapelle Saint-Quentin
9h30 Procession depuis la chapelle Saint-Quentin
10h Messe solennelle présidée par Mgr Jean-Marie Lovey, évêque de Sion
11h30 Apéritif offert par la commune d’Hérémence
13h Banquet officiel
17h Fin avec temps de prière et chants.

Sainte histoire

PAR PASCAL ORTELLI
PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER, DR

«Jésus était-il contemporain de Napoléon ?» La question m’a été posée lorsque j’enseignais la religion à des élèves de secondaire. Loin de moi l’idée de blâmer leur lacune chronologique ou leur audace faite dans le simple but de me provoquer. L’occasion m’était donnée d’aborder avec eux le rôle de l’histoire de l’Eglise. Replacer les faits dans leur contexte pour éviter de «canoniser» les fake news et d’absolutiser les particularismes locaux, voilà un défi stimulant à relever.

Il en va de même pour nos communautés. Face à la grande Histoire dont on rapporte souvent les pièces simplifiées qui nous arrangent (l’Eglise et les croisades, l’Inquisition, la colonisation, etc.), ne renonçons pas – sans pour autant minimiser les erreurs commises – à voir au-delà de notre « coin de paroisse ».

S’intéresser à l’histoire générale du christianisme permet de prendre de la hauteur et d’approfondir communautairement sa foi, et ce, en l’inscrivant dans une dynamique plus vaste où l’on voit comment elle est vécue dans le concret des âges.

Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial
LinkedIn
Share
WhatsApp