Les fiançailles

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), juillet-août 2021

Le mot « fiançailles » évoque pour beaucoup un rite désuet ou alors une demande en mariage romantique officialisée par une bague. Pourtant, ce temps de discernement est une étape qui mériterait d’être revalorisée dans le cheminement vers le mariage. Il s’agit d’une période déterminée durant laquelle les fiancés mûrissent leur projet commun tout en restant libres de s’engager ou non dans le mariage, c’est une voie pour faire grandir et mûrir l’amour dans un couple en approfondissant la connaissance mutuelle.

PAR ADELINE WERMELINGER | PHOTOS : PIXABAY, ISTOCK

À l’image de l’Alliance de Dieu avec son peuple (Osée 2, 16-25), le temps des fiançailles est un temps d’« apprivoisement » réciproque, où les futurs époux bâtissent et consolident la relation en apprenant la confiance, en prenant le temps de la formation et du discernement. Si l’engagement dans le mariage peut faire peur, une relation nécessite des étapes pour avancer. La célébration des fiançailles permet aux couples qui se posent la question du mariage de marquer concrètement leur désir, sans s’engager encore définitivement, mais en faisant déjà un pas de plus. L’Église catholique propose un rituel de bénédiction qui peut également se dérouler dans l’intimité des familles. C’est l’occasion de mettre son couple sous le regard de Dieu, de le remercier pour le chemin parcouru et de lui confier la suite.

Sans être un « pré-mariage », le temps des fiançailles pose les bases de cette vie nouvelle inaugurée par le mariage. La promesse de s’aimer pour la vie se prépare, elle ne peut être tenue que si les futurs époux savent à quoi ils s’engagent et le choisissent librement. Cela n’est possible que s’ils ont laissé ce désir mûrir en eux et entre eux. Quelqu’un pour qui la fidélité n’est pas une nécessité durant les fiançailles aura certainement de la peine à aimer exclusivement la même personne tout le reste de sa vie. Les fiançailles sont également un temps de découverte de l’engagement à venir. Il commence à être vécu durant cette période et prendra son sens plénier avec le sacrement du mariage.

Un sacramental

La célébration des fiançailles est un sacramental et non un sacrement comme le mariage. « Les sacramentaux ne confèrent pas la grâce de l’Esprit Saint à la manière des sacrements, mais par la prière de l’Église ils préparent à recevoir la grâce et disposent à y coopérer. » (Catéchisme de l’Église catholique – CEC 1670) Cette célébration, du fait de la prière des fiancés qui se mettent en chemin sous le regard du Christ, les « prépare à recevoir la grâce » du sacrement de mariage et les « dispose à y coopérer » par la préparation pratique et spirituelle et l’accompagnement dont ils bénéficient de et au sein de l’Église. Les deux parties que comprend la célébration vont dans ce sens. En premier lieu, la bénédiction comme signe sacré. La démarche des fiancés s’inscrit dans un projet commun, avec Dieu. Cela sera signifié par la lecture de la Parole de Dieu. Nous l’avons relevé, l’alliance de Dieu avec son peuple peut être mise en parallèle avec la démarche des fiançailles. Pour le peuple d’Israël, les années de « fiançailles » ont été un temps de bénédiction. La célébration des fiançailles s’inscrit donc dans la logique de l’Alliance que Dieu renouvelle avec son peuple à travers l’amour des fiancés. Dans un second temps, les fiancés feront monter vers Dieu leur action de grâce. Le temps des fiançailles est un temps joyeux ; cependant, les obstacles font partie du chemin.

Une formation humaine et spirituelle

Dans l’exhortation apostolique Amoris Laetitia, le pape François rappelle l’importance de la préparation au mariage en tant que formation humaine et spirituelle, pour « faire grandir l’amour réciproque » (AL,
n° 208) et « découvrir la valeur et la richesse du mariage » (AL, n° 205). C’est également un lieu de « nouvelle évangélisation » : l’amour qui unit les futurs époux reflète l’Amour de Dieu pour eux. Il s’agit certainement là d’un enjeu pastoral de notre temps, et l’année « Famille Amoris Laetitia » nous y rend attentifs. Cela implique un accompagnement des couples durant leur préparation au mariage mais aussi après la célébration et un investissement de la part de la communauté ecclésiale tout entière. Le temps des fiançailles renforce les liens entre les futurs époux, rend leur couple plus fort, leur donne de s’aimer davantage, les prépare au don total d’eux-mêmes qu’ils manifesteront dans les consentements, leur fait découvrir la beauté des sacrements – et en particulier de celui qui les unira – leur permet de vivre dans la joie, la tendresse et la sérénité leur préparation au mariage et de mettre leur cheminement entier sous le regard bienveillant de Dieu.

 

Amoris Laetitia, la joie de l’amour

Le 19 mars 2016, le Pape nous offrait Amoris Laetitia. Cinq ans plus tard, l’année de la famille voulue par François est une invitation à découvrir ou approfondir ce document qui rejoint de manière très concrète les couples et les familles au cœur de leur vécu.

Mercredi 22 septembre 2021, de 20h à 21h au Boulevard de Pérolles 38 à Fribourg.

Animation : Adeline Wermelinger et Bertrand Georges.

Renseignements : pastorale.desfamilles@cath-fr.ch, 026 426 34 84.

 

Une foi en mouvement

Souvent mal aimés, car méconnus, les Yéniches, Sinti et Manouches ont subi nombre de discriminations durant des siècles. En 2016, afin de vaincre les préjugés, le Conseil fédéral leur a promis d’être reconnus en tant que minorités nationales sous leurs appellations correctes et non plus en tant que « gens du voyage ». Mais la route reste longue pour cette population empreinte d’une piété hors du commun.

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTOS: VERA RÜTTIMAN, VERONIQUE BADER, DR, CIRIC

« Il est réellement présent avec nous tous les jours. C’est une lumière d’espoir qui nous fait avancer. » Vivre sans Dieu est impensable pour Patrick Birchler et la majorité des membres de sa communauté. Une constatation que partagent Christoph Al­-
brecht et sa collègue Aude Morisod, tous deux engagés dans l’Aumônerie catholique suisse des gens du voyage. Qui fut créée en 2003 par la Conférence des évêques suisses en tant que « paroisse non territoriale », afin de s’adapter au mode de vie des voyageurs. L’aumônerie propose des formations bibliques pour adultes, des parcours catéchétiques – selon leur culture, qui fait naturellement des liens –, offre une
présence sur les aires de stationnement, organise les traditionnels pèlerinages annuels et s’occupe de maintenir un lien vivant avec les paroisses sédentaires. « L’expérience de coexistence et d’accueil dans de nombreuses paroisses de Suisse est très positive », affirme Christoph Albrecht. Il note néanmoins que cette intégration dans la vie paroissiale reste très souvent associée aux liens d’amitié noués avec le prêtre du lieu.

L’étincelle divine

Luc de Raemy, prêtre à Payerne, en témoigne. « J’ai noué une amitié avec une famille yéniche lorsque j’étais jeune curé. C’était il y a vingt-cinq ans. Depuis, ils m’ont suivi dans chacune de mes affectations. Aujourd’hui, ils fréquentent la messe dominicale et m’appellent pour des sacrements ou des funérailles. » Mais ce n’est un secret pour personne, la relation entre la communauté yéniche de Suisse et l’Eglise demeure lestée d’un passif « douloureux et honteux », selon Christoph
Albrecht. Jusque dans les années 1970, les autorités ont tenté d’éradiquer la culture nomade, en utilisant massivement la violence et les placements forcés. « Retirés systématiquement de leurs familles (les enfants) étaient placés dans des institutions catholiques, des ordres […] qui travaillaient étroitement avec l’œuvre d’entraide des Enfants de la grand-route », mentionne la fondation « Assurer l’avenir des gens du voyage suisses ». Malgré cela, Patrick Birchler porte un tout autre regard sur ces événements. « L’Eglise est faite d’êtres humains. Ils sont fautifs, mais pas Dieu. L’Eglise reste ce qu’elle est. Il y a des moments où elle nous plaira et d’autres moins. Par contre, la foi restera la même. La confiance en Dieu persistera. Elle est l’étincelle qui brûle tout au long de votre vie et qui nous fait sentir que nous sommes accompagnés, quoi qu’il se passe. »

En chemin avec le Christ

En effet, pour Ludovic Nobel, prêtre et enseignant à l’Université de Fribourg, l’Eglise reste toujours perçue positivement. Lui-même originaire de la communauté yéniche, il réaffirme la centralité de la pratique de foi dans leur quotidien, avec toutefois quelques différences. « La spontanéité occupe une place prépondérante. Lors d’une demande de baptême, il est toujours sous-entendu que cela doit se faire rapidement. » Les signes et rituels revêtent aussi une grande importance. Luc de Raemy présume que cela tient au fait que la communauté a conservé les traditions qui avaient cours pour tous les catholiques, mais qui se sont perdues avec la sécularisation.

Vincent Roos, ancien prêtre de Versoix et actuel curé d’Ouchy, dont les contacts avec les gens du voyage étaient réguliers, avance une autre supposition. « Ces signes sont des balises sur la route. Ils constituent une stabilité dans un quotidien toujours en mouvement. » Il poursuit le fil de sa pensée : « Les horizons qui sont les leurs changent à tout instant. Avancer signifie aussi changer ses horizons. Ces itinérants sont proches de la marche dont parle Jésus. Ils sont dans le mouvement, dans cette dynamique de l’inattendu. Et qu’est-ce que la résurrection du Christ si ce n’est de l’inattendu ! Les voyageurs sont perpétuellement sur la route, et qui mieux que le Christ nous parle du chemin ? Il le personnifie même, en disant : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. » Je crois que nous avons bien des choses à apprendre d’eux. »

« Nous faisons partie de l’Eglise »
Une des préoccupations de la communauté des voyageurs concerne l’offre d’aires de séjour et de passage. Comme en témoignent les enquêtes réalisées par la fondation « Assurer l’avenir des gens du voyage suisses », le nombre de places s’est massivement réduit. Cela surtout en Suisse romande, en Suisse orientale et en Suisse italienne. Et Patrick Birchler ne manque pas de le souligner : « Nous faisons partie intégrante de l’Eglise et souhaitons trouver des emplacements stables. Cela nous permettrait d’y vivre et aussi de nous rassembler au nom de notre foi et de notre Eglise. » Déjà soutenu dans cette démarche par Mgr Lovey, évêque accompagnateur des gens du voyage au sein de la CES, le voyageur réitère son appel à la population : « Si des gens nous lisent et possèdent un terrain à louer avec un accès à l’eau et à l’électricité, ils peuvent prendre contact avec l’aumônerie. Cela nous serait d’une aide précieuse. » Une manière d’une part, d’aller à la rencontre de cette communauté et d’autre part, de leur donner les moyens de pérenniser leur culture.

Lexique terminologique
Yéniches, Sinti, Roms, Tsiganes, Manouches, Kalé, Gitans, voyageurs, sont autant de termes pour définir les personnes qui se rattachent à la grande famille « tsigane ».
Yéniche : ils constituent un groupe en soi parlant sa propre langue et vivent dans toute l’Europe, principalement en Allemagne, en Belgique, en Hollande, en Suisse, en Autriche et en France.
Sinti et Manouches : les Manouches (régions d’Europe francophones) et les Sinti (dans les régions germanophones et italophones) sont les descendants des Roms qui ont émigré en Europe centrale au XVe siècle.
Kalé et Gitans : présents en Espagne, au Portugal, dans le Sud et le Sud-Ouest de la France.
Roms : les Roms sont originaires d’Inde, qu’ils quittent au Xe siècle environ, puis ils émigrent principalement vers l’Europe. La langue romani a des racines sanskrites.
Tsiganes : terme générique désignant l’ensemble de ces familles de peuples.
Voyageurs : synonyme employé pour « gens du voyage ».

Qui sont les « gens du voyage » ?
En Suisse, la population d’origine yéniche est estimée à 35’000 personnes, dont la plupart sont sédentaires. Depuis la fin du XIXe siècle, les autorités, avec parfois la complicité de l’Eglise, ont tenté de réprimer leur mode de vie itinérant en les contraignant à se sédentariser. Ce n’est qu’en 1995 que la Suisse a reconnu les Yéniches, les Sinti et Manouches en tant que minorités nationales. Aujourd’hui, environ 5000 personnes ont conservé ce mode de vie itinérant. Cependant, le nomadisme joue un rôle identitaire essentiel pour ces communautés. La plupart de ceux qui se déplacent encore passent l’hiver sur une aire de séjour, leurs enfants vont à l’école du lieu et les familles sont enregistrées à la commune. Au retour de la belle saison, ils parcourent la Suisse pour rencontrer leurs clients. Les Yéniches, les Sinti et Manouches suisses exercent souvent des métiers traditionnels à titre indépendant. Toutefois, la fondation « Assurer l’avenir des gens du voyage suisses », souligne que la crise du coronavirus a affecté durement ces communautés : le manque de travail « ne leur permet plus de garantir suffisamment de revenus pour couvrir leurs frais courants ».

La famille dans tous ses états

Une approche biblique

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), juillet-août 2021

Ce que nous vivons dans nos familles nous met parfois dans tous nos états, nous agite, nous déplace, nous dépasse, nous fait souffrir. C’est alors que l’on peut s’ouvrir à l’inattendu, à l’autre, au Tout Autre.

PAR MONIQUE DORSAZ | PHOTOS : PIXABAY

Le terme « famille »

Dans la Bible, on ne trouve pas exactement le mot « famille ». On parle plutôt de maison, clan ou tribu. La famille biblique est une entité plus large que la famille nucléaire à laquelle nous pensons spontanément aujourd’hui. Dans les Écritures, la famille est une réalité concrète et ouverte qui évoque la cohabitation et la mise au monde.

Diversité des situations et états de vie

Dans la Bible on trouve beaucoup de diversité. Dieu intègre toutes sortes de situations familiales dans son projet. Les prophètes de l’Ancienne Alliance, ou même les ascendants de Jésus ne sont pas toujours dans une situation « normale » ou « idéale » : stérilité (Genèse 18), veuvage (Ezéchiel 24,
15-27), infidélité (Osée 1-3), manipulation (2e livre de Samuel 11), prostitution
(Josué 2) sont finalement des situations assez communes. Et c’est peut-être ce que l’on peut retenir en premier : la famille dans la Bible n’est pas un idéal, mais plutôt le réel de situations alambiquées, souffrantes, et en fait assez ordinaires. Justement, Dieu vient à la rencontre de ces réalités, il fait avec et se révèle au travers. Dieu assume nos plans B ! Souvent même c’est dans les épreuves que tout se joue, que Dieu se dit, se laisse rencontrer et peut agir.

Intérêt de la Bible pour la relation

homme-femme

Dès le début et jusqu’à la fin, la Bible s’intéresse de façon très particulière à la rencontre entre l’homme et la femme et à leur relation. « Dieu créa l’homme à son image, homme et femme il les créa » (Genèse 1, 27). Dieu dit encore : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul, je vais lui faire un secours, comme un vis-à-vis. » (Genèse 2, 18) Une rencontre homme-femme, c’est mystérieux : elle dit quelque chose de Dieu, comme témoigne saint Paul (Epître aux Éphésiens 5, 22-23). Ça c’est l’objectif, le plan d’ensemble. Reste que dans la réalité concrète des histoires des personnages bibliques, c’est moins évident : Abraham peine à reconnaître que Sara est sa femme (Genèse 12, 20), Jacob est fou amoureux de Rachel, mais se retrouve avec deux femmes (Genèse 9, 18ss), la femme de Potiphar tombe amoureuse de Joseph (Genèse 39, 7ss), Elqana aime sa femme qui est stérile (1er livre de Samuel 1, 5), Abigaïl est mariée avec un fou puis rencontre David (1er livre de Samuel 25, 3). David commet l’adultère avec Bethsabée (2e livre de Samuel 11, 2-4), Joseph le juste est invité à épouser une femme enceinte et la Samaritaine que Jésus rencontre et qui évangélise tout son village a déjà eu plusieurs maris… Dieu assume même les plans C !

Les parents et les enfants

Dans la Bible, on parle aussi volontiers de « fécondité ». C’est d’ailleurs la première Parole que Dieu adresse à l’homme et à la femme : « Fructifiez et multipliez-vous » (Genèse 1, 28). Mais quand on lit la suite, on voit que cela se passe difficilement. Les matriarches sont presque toutes stériles. Qu’y a-t-il à apprendre à travers toutes ces histoires de stérilité ? Peut-être que Dieu veut venir remplir nos incapacités humaines et leur donner une perspective que lui seul peut donner.

On voit aussi des parents qui luttent pour la vie de leur enfant. Hagar doit fuir au désert et pleure pour son fils Ismaël (Genèse 21). La Cananéenne lutte pour sa fille malade (Matthieu 15, 21-28), le Centurion pour son enfant-serviteur (Matthieu 8, 5-13). Jésus dira d’eux qu’ils ont une grande foi. Avoir la foi ce serait donc lutter pour la vie de l’autre et laisser Dieu en placer une ! La Bible nous montre comment les parents font tout pour leur enfant et aussi comment ils doivent les laisser aller. Nous trouvons à répétition la scène d’un père qui « envoie » son fils : Abraham renvoie Ismaël (Genèse 21, 10 ss), Isaac envoie Jacob (Genèse 28, 5), Jacob envoie Joseph (Genèse 37, 13), Jessé envoie David (1er livre de Samuel 17, 17).

La relation avec nos propres parents est aussi un défi ; Joseph, par exemple, va prendre soin du vieux Jacob pendant 17 ans
en Égypte (Genèse 37, 2 ; 47, 28). Ruth s’occupe de sa belle-mère et Tobie de son père âgé. Les parents, il faut aussi s’en détacher, ceci est affirmé depuis le texte de la création : « l’homme abandonnera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme » (Genèse 2, 24). Jésus lui-même aura des paroles difficiles par rapport aux personnes de sa famille et aux parents (Luc 14, 26). Quant à avoir des frères, on voit bien que là aussi, c’est parfois compliqué, et ce depuis le début avec Caïn et Abel, mais encore avec Isaac et Ismaël, Jacob et Esaü, Joseph et ses frères, David et ses frères,… Quant à Jésus, il pose la question de « qui sont mes frères ? » (Matthieu 12, 48)… et il nous dit ensuite que nous sommes tous frères (Matthieu 23, 8).

Dans la Bible, il y a un parti pris pour la réalité. Les relations homme-femme, les relations entre frères sont considérées dans leur complexité et dépeintes avec réalisme. On n’a pas peur d’évoquer ces réalités difficiles, c’est justement là que Dieu devra être convoqué. Dans les Évangiles, Jésus va au-devant des uns et se laisse aborder par les autres quelle que soit leur situation matrimoniale et familiale. Il offre un accueil inconditionnel aux personnes blessées par la vie. Dieu veut venir à notre rencontre pour nous sauver. Il vient là où l’on pourrait avoir envie qu’il ne vienne pas, ces lieux que l’on penserait indignes de Dieu. C’est justement là qu’il veut aussi nous rejoindre.

Les mêmes mots sont utilisés pour parler de Dieu

Si les mêmes mots sont utilisés pour dire la réalité des relations humaines, « père », « fils », « époux-épouse », « frères » et les réalités de Dieu, c’est parce que tout amour humain trouve en Dieu sa source et sa deuxième naissance. Les choses humaines sont habitées par ce qui se vit en Dieu. Celui qui écoute la Parole est amené à comprendre encore plus profondément ce que signifie être fils, être père, mère, épouse, etc.

– Que la relation parent-enfant soit belle ou difficile, elle nous ouvre à un autre Père qui veille sur nous.

– Les relations fraternelles ou de cousinage ne constituent pas le tout de notre vie, nous pouvons être amenés à découvrir des liens de fraternité plus forts que les liens du sang. C’est une réalité très présente dans le Nouveau Testament. Nous avons une multitude de « plus que frères ».

– Si nous accordons tant de prix aux « noces humaines », c’est parce qu’elles sont habitées par un projet plus grand. Elles s’intègrent dans le grand projet des noces de Dieu avec l’humanité. Jésus le célibataire s’est souvent présenté comme « l’époux », nous sommes faits pour entrer avec lui dans ces noces éternelles auxquelles tous sont largement invités : « Heureux les invités aux noces de l’agneau .» (Apocalypse 19, 9)

 

Une quête Dieu point zéro

Fini de fouiller ses poches à la recherche de pièces à glisser dans le panier de la quête. La paroisse Saint-François de Sales, à Genève, propose à ses ouailles de dégainer leurs smartphones durant la messe… pour faire un don. Depuis cette proposition innovante, le paiement sans contact est devenu « monnaie courante » !

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTO : DR

Pionnière en Suisse romande, la paroisse Saint-François de Sales s’est appuyée sur une application développée par une start-up française. L’application La Quête, disponible en version Androïd ou Iphone compte déjà soixante diocèses et plus de 12’000 paroisses à son actif. En Suisse, l’application intéresse d’autres paroisses mais demande plus de temps pour s’implanter qu’en France. A la différence de notre voisin, où la totalité des dons sont gérés par le diocèse, chaque Eglise romande doit faire une demande d’adhésion individuelle destinée à la récolte de ses propres dons.

Les paroissiens de Saint-François de Sales sont encouragés à sortir leurs téléphones durant la messe. Une hérésie ? Que nenni ! Le smartphone sert, depuis l’été 2018, une juste cause : la diversification des moyens de dons. Gregory de Foy, trésorier de la paroisse, en dresse d’ailleurs un bilan plutôt encourageant : « Les paroissiens ont réalisé que l’application est facile à installer et à utiliser. Nous sommes passés d’une quinzaine de familles qui l’utilisent de manière régulière à une trentaine. » Autre point positif, « nous avons aussi amorcé un réel dialogue avec les paroissiens sur l’état des finances de la paroisse », clarifie Gregory de Foy. Il ajoute, « parler d’argent reste souvent un tabou et cette application nous a donné l’opportunité d’aborder ce sujet ouvertement ». Aujourd’hui, outre la quête via smartphone, la paroisse propose aussi de faire des dons par le bais d’un module online permettant d’utiliser une carte de crédit. « Cette révolution numérique a vraiment facilité l’accès aux dons. En plus, les donateurs peuvent, comme avec le traditionnel panier, rester totalement anonymes », avance le trésorier de Saint-François de Sales. Pour ceux, au contraire, ne sollicitant pas l’anonymat, il est possible de déduire de la déclaration fiscale l’obole faite à la paroisse. « Cette nouveauté a donné une réelle impulsion à la récolte de dons. »

Des vacances ressourçantes?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), juillet-ao û t 2021

PAR L’ABBÉ ALEXIS MORARD, DOYEN
PHOTOS : PIXABAY, AM

Comment abordons-nous ces deuxièmes vacances d’été sous l’ère Covid? Avons-nous fait émerger une liberté qui s’épanouit en dépit des contraintes? Un philosophe romain, qui n’est autre que l’empereur Marc Aurèle, a des paroles de sagesse qui nous font redire que tout n’est pas dans la plage ou la balade : c’est un pèlerinage en direction du cœur qui nous ressourcera…

Nulle part l’homme ne trouve de retraite plus tranquille que dans sa propre âme.

« Ils se cherchent des retraites, chaumières rustiques, rivages des mers, montagnes : toi aussi, tu te livres d’habitude à un vif désir de pareils biens. Or, c’est là le fait d’un homme ignorant et inhabile, puisqu’il t’est permis, à l’heure que tu veux, de te retirer dans toi-même. Nulle part l’homme n’a de retraite plus tranquille, moins troublée par les affaires, que celle qu’il trouve dans son âme, particulièrement si l’on a en soi-même de ces choses dont la contemplation
suffit pour nous faire jouir à l’instant du calme parfait […]. Donne-toi donc sans cesse cette retraite, et, là, redeviens toi-même. Trouve-toi de ces maximes courtes, fondamentales, qui, au premier abord, suffiront à rendre la sérénité à ton âme et à te renvoyer en état de supporter avec résignation tout ce monde où tu feras retour. » *

Bel été !

* Marc Aurèle, Pensées, in Les Stoïciens, trad. E. Bréhier, Paris, La pléiade, Gallimard, 1962, IV.

Une année avec saint Joseph

Il y a quelques mois, le Pape a ouvert une année consacrée à saint Joseph, patron des familles et des travailleurs. Méconnu, ce grand saint est un soutien particulier pour traverser les périodes troublées.

PAR BÉNÉDICTE DROUIN-JOLLÈS | PHOTO : DR

Le Pape veut « dépoussiérer » saint Joseph ; sa décision de le remettre à l’honneur est le fruit d’une méditation mûrie pendant le premier confinement. Il nous la partage dans la lettre Patris corde. Beaucoup comme Mgr Alain de Raemy l’ont remarquée et saluée. « Comme toutes les lettres, elle pourra être lue et relue, ce ne sera pas du temps perdu, je n’ai jamais vu en si peu de pages un si grand condensé de sagesse chrétienne… Il est tout sauf compliqué, écrit aux jeunes l’évêque auxiliaire du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg. »

Le pape François présente Joseph, un peu comme un grand-père livre ses trésors à ses enfants et petits-enfants. « Chaque malade, chaque pauvre, chaque père de famille soucieux, chaque époux inquiet est un enfant dont Joseph se préoccupe… » Il est tellement discret qu’on peut l’oublier. « Il nous rappelle que tous ceux qui sont apparemment en « deuxième ligne » jouent un rôle inégalé dans l’histoire du salut. » Joseph, père adoptif du fils de Dieu est aussi l’époux et protecteur de la Vierge Marie. Dommage d’aller vers l’un ou l’autre sans le rencontrer.

A une époque où la paternité est parfois difficile à assumer sereinement, le Pape propose celle de cet homme qui reçoit sa force et sa tendresse de Dieu. Malgré les contrariétés, il avance confiant et obéissant et les surmonte avec un « courage créatif ». A l’heure où les relations entre hommes et femmes sont parfois tourmentées, le Pape montre en exemple cet homme empreint de respect et de délicatesse, fidèle et présent malgré les difficultés. Tout comme Marie à l’annonciation, il croit à l’appel reçu de Dieu. Qu’il nous aide à avancer avec la même confiance au cœur de nos familles.

Emaux de la Création, Jean Prahin…

…église Saint-Victor, Ollon

PAR AMANDINE BEFFA | PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

« Au commencement, Dieu créa… »

Ces quelques mots ouvrent le champ de tous les possibles. Et ce sont eux qui ont guidé Jean Prahin : l’œuvre qu’il a réalisée pour l’église d’Ollon est un extraordinaire hymne à la création. Elle nous invite à ouvrir notre Bible et à méditer le récit fondateur.

Tourné vers l’extérieur

Le deuxième jour, Dieu sépare les eaux du dessus et les eaux du dessous. Ces eaux du ciel et de la terre sont représentées par les bandes bleutées en haut et en bas.

Le troisième jour, Dieu fait paraître la terre ferme et fait pousser les arbres et les buissons. A première vue très similaires, les végétaux de Prahin révèlent peu à peu leurs différences.

Le quatrième jour, Dieu crée les grands luminaires qui rythment les jours et les années. Ils sont fixés à gauche et à droite dans la bande de ciel.

Le cinquième jour, Dieu remplit le ciel et la mer d’une myriade d’êtres vivants. Poissons, coquillages, étoiles de mer pour les eaux de la terre ; oiseaux pour les eaux du ciel. L’œuvre de Prahin commence à prendre vie.

Le sixième jour, Dieu crée ceux qui habitent la terre ferme : les animaux et l’être humain. L’être humain est au cœur de l’œuvre, comme il est au cœur de la création. Le mouvement n’est pas égocentrique, mais tourné vers l’extérieur. Il semble que la vie part du centre pour se répandre dans chaque coin, réponse à l’invitation du Créateur : « Remplissez la terre. » (Gn 1, 28) L’être humain est béni pour bénir à son tour.

Harmonie des origines

Le cercle qui entoure les êtres vivants semble symboliser cette harmonie des origines, lorsque chacun avait sa place et son rôle à jouer. Mais il résume aussi le mouvement Créateur, partant de la main de Dieu pour y retourner. Tel le souffle qui planait sur les eaux (Gn 1, 2), souffle qui ne retourne pas au Père sans avoir porté du fruit.

« Cela était beau »

En hébreu, le même mot signifie à la fois beau et bon. « Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici : cela était très bon. » (Gn 1, 31) Et l’artiste vit que cela était beau.

Une interview virale

Le dernier ouvrage de Shafique Keshavjee, La Couronne et les virus – Et si Einstein avait raison ? propose un autre éclairage sur la crise actuelle en convoquant les trésors de sagesse des grandes religions. A cette occasion, le pasteur et théologien, nous livre aussi son regard sur la pandémie, la grâce divine et la fin du (d’un) monde.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER

Ce que nos contemporains demandent «c’est une spiritualité universelle soft», selon vos propos. N’est-ce pas un peu ce que vous proposez avec ce livre?
Une « spiritualité soft » met toutes les convictions sur un plan d’égalité. Tel n’est pas mon propos. Je cherche à rejoindre des personnes en recherche constatant qu’il existe des éléments de sagesse dans toutes les traditions. Mon intention n’est pas de faire un peu de taoïsme, un peu de Jésus et un peu d’hindouisme. L’affirmation très claire qui traverse tout le livre, c’est la centralité du Christ !

Il est beaucoup question de virus (péché) et de couronnes (grâce) dans votre livre, mais vous dites détester les discours sur une «grâce à bon marché».
Cette grâce, critiquée par le théologien Bonhoeffer, est celle d’un Dieu qui aime tout le monde, pardonne tout, accepte tout sans aucune exigence. Il n’y a là aucun appel à dire que la grâce nous met en route. Je crois profondément que le Christ nous accueille tels que nous sommes, et que cette grâce nous entraîne dans un processus radical de changement.

Vous revenez dans cet ouvrage sur les propos tenus dans L’Islam conquérant, ce qui vous a valu beaucoup de critiques virulentes…
Il y a eu des critiques très virulentes, surtout de réformés libéraux et de certains acteurs du dialogue interreligieux. Par ailleurs, j’ai reçu beaucoup plus de soutien que ce que les médias laissent penser. Le sujet me tient à cœur. Je continue de penser qu’un des très grands défis à venir pour l’Occident, parmi d’autres, concerne l’islam politique et je persiste à croire que beaucoup de personnes ne le voient pas encore.

La pandémie nous a donné le souci des plus faibles. Vous évoquez la sélection surnaturelle comme étant la réussite des plus fragiles. C’est-à-dire?
Dans une perspective darwi­nienne, les plus forts gagnent, donc aucune raison de sauver les plus faibles. Notre société est tiraillée entre cette logique et la tradition judéo-chrétienne qui dit tout autre chose. Il y a un renversement des valeurs dans la tradition biblique. Dans la Bible, Dieu choisit les plus faibles pour confondre les forts et il protège les plus faibles pour les rendre forts.

Quels sont selon vous, aujour­d’hui, les virus qui détruisent l’Amour et la Vie?
L’autocentrement est un virus très dangereux. Nous peinons à nous décentrer pour aller vers plus grand que soi, ou vers autre que soi. Concernant l’Occident, le plus grave danger serait de perdre le trésor qu’est la foi chrétienne. L’héritage judéo-chrétien a fait vivre l’Occident et, bien vécu, il peut guérir nos sociétés. Cette intuition d’Einstein a inspiré ce livre.

Biographie express

Les dates qui ont marqué Shafique Keshavjee.

1955 : Naissance au Kenya dans une famille indienne ismaélienne.

1963 : Arrivée en Suisse.

1974 : Adhésion au Christ lors d’un voyage en Inde.

1983 : Mariage avec Mireille, puis naissance de quatre garçons.

1991 : Consécration comme pasteur à la cathédrale de Lausanne.

1993-2010 : A côté de l’engagement pastoral (ministère œcuménique
et interreligieux), enseignement dans divers milieux universitaires.

1998-2021 : Travail d’écriture.

La pandémie, signe de fin du (d’un) monde ?

Certains croyants entrevoient dans la pandémie les signes de fin du monde décrits dans l’Apocalypse. Une position que Shafique Keshavjee peine à partager complètement. « Il y a certes un processus similaire à ce qu’on trouve dans l’Apocalypse, mais il demeure toute la question de son interprétation. Nos sociétés ont vécu de nombreux bouleversements (guerres mondiales, crises), mais de là à dire qu’un nouveau monde a réellement commencé après eux… Des prises de conscience fortes ont lieu dans de multiples milieux. Cela dit, le mystère de la liberté humaine subsiste : dès que le monde ira mieux, retournerons-nous à nos travers ou entendrons-nous l’appel à respecter la sainteté de la vie ? Les crises sont toujours un appel à nous arrêter et à revenir à la Source de la vie. » Quant à l’Apocalypse, le « mystère de Dieu s’y exprime. A la fois dans son amour et la mise en lumière de nos dysfonctionnements. D’une certaine manière, Dieu se retire pour laisser à l’humanité le loisir d’aller jusqu’au bout de ses orientations déviantes. Cela afin de mieux révéler le vide qui appelle sa Présence ». Le théologien relève que ce processus de mise en lumière de nos péchés (virus) comporte toujours un horizon de libération et de révélation de la grâce de Dieu (la Couronne).

La traditionnelle sortie des servants de messe…

… de l’UP Saint-Barnabé retrouve la « normalité »

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Saint-Barnabé (VD), juillet-août 2021

TEXTE ET PHOTO PAR LAZARE PRELDAKAJ

Depuis des années (à l’exception de 2020, fortement perturbée par le COVID-19), la fête de l’Ascension a été privilégiée par l’unité pastorale Saint-Barnabé comme une bonne occasion pour dire MERCI à tous les servants de messe qui s’engagent dans nos quatre paroisses.

Ce 14 mai, nous étions 49 participants pour la sortie (43 servants et 6 accompagnateurs). Les quatre paroisses étaient bien représentées et nous les remercions pour leur participation. La sortie a été harmonieusement organisée en trois temps : ludique, spirituel et historico-culturel. Le ludique, très apprécié par les enfants, a eu lieu dans le grand parc de jeux d’Evionnaz (Labyrinthe aventure) suivi par le pique-nique ; le spirituel a culminé avec la célébration de la messe à l’abbaye de Saint-Maurice et enfin le troisième temps, soit l’historico-culturel, a eu lieu dans cette même abbaye moyennant une visite autoguidée.

Chers servants, merci à tous d’être là pour S-ervir E-nsemble l’Eglise et la communauté, de nous aider à R-encontrer le vrai V-isage du Christ dans l’eucharistie qui se donne sans cesse pour chacun chacune d’entre nous, à A-ccueillir et accompagner les N-ouveaux venus qui désirent servir à la table du Seigneur et à T-émoigner par votre présence de l’image d’une église jeune et S-aine.

Avec tous les servants de messe, nous remercions la paroisse de Surpierre pour l’organisation, et en particulier Mme Ludmilla Bongard qui a su harmoniser en une seule journée le ludique, le spirituel et l’historico-culturel. Merci également à toutes les accompagnatrices et accompagnateurs de nos paroisses qui ont répondu présent et donné de leur temps pour accompagner les jeunes et vivre avec eux cette belle sortie.

 

Fratelli tutti…

PAR THIERRY SCHELLING | PHOTO : CIRIC

e sorelle, cela va sans dire. Dans sa dernière encyclique sur la fraternité et l’amitié sociale (2020), François liste parmi les ombres d’un monde fermé le mauvais traitement des migrants, considérés comme « second class ». Or, « une personne et un peuple ne sont féconds que s’ils savent de manière créative s’ouvrir aux autres » (n. 41). C’est le leit­motiv du Pape dans toutes ses prises de position, lui le fils de migrants italiens hébergés en Argentine…

Droits et devoirs

Et de rappeler notre tâche en tant que chrétiens vis-à-vis des migrants : « accueillir, protéger, promouvoir et intégrer » (n. 129) en visant la notion de citoyenneté pour ces personnes, leur donnant la dignité de « donneur » et « receveur », c’est-à-dire respectant leurs droits et devoirs selon le droit à migrer pour une vie meilleure…

« Inter-rencontre » fructifère

Dans la rencontre interculturelle qui suit l’accueil d’un migrant, il faut y « faire jaillir quelque chose de nouveau […] (pour ne pas risquer) de se retrouver victime d’une sclérose culturelle » (n. 134).

La peur du migrant, du voyageur, de l’allophone, peut en partie s’expliquer par le non-enracinement dans un substrat local : « Il n’est possible d’accueillir celui qui est différent et de recevoir son apport original que dans la mesure où je suis ancré dans mon peuple, avec sa culture. » (n. 143) Un appel à mieux se connaître, pour mieux (re)connaître l’autre…

Renaissance de la Jeunesse de Cressier

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Haut-Lac (FR), juillet-ao û t 2021

TEXTE ET PHOTO PAR PIERRE-CLÉMENT SCHMIDT

La société de Jeunesse de Cressier est un groupe de jeunes dès l’âge de 16 ans. Son but est de permettre aux jeunes Cressiacois de rester en contact alors que leurs études ou apprentissages tendent à les éloigner. C’est pourquoi la Jeunesse se retrouve tous les jeudis soir dans son local mis à disposition gracieusement par la commune. Ce local est appelé La Cave et se situe dans le bâtiment de l’école primaire.

En plus de se voir chaque semaine, les jeunes de Cressier organisent une fois par an une sortie de jeunesse et participent aux rencontres des Jeunesses Fribourgeoises.

La société de Jeunesse tente de briser la monotonie du quotidien en organisant diverses manifestations telles que, selon les années, la tournée du Premier mai, le pique-nique villageois, la soirée-pizza, la Bénichon, la Saint-Nicolas, le service de la soupe de Carême et celui du thé après la messe de minuit.

Elle ouvre également son local à la population à différentes occasions.

Après les actions solidaires suite au Covid-19, proposées aux personnes à risque ou dans le besoin, la Jeunesse est malheureusement restée en stand by.

Malgré la pandémie qui n’est pas encore terminée, elle désire se remobiliser pour organiser différentes manifestations au village dès que l’autorisation sera donnée.

Un nouveau président sera élu ; il souhaite que les jeunes de Cressier le rejoignent pour former une joyeuse équipe dans une belle et dynamique société.

Pour tout renseignement : Tristan Deiss, route de la Pâla 33, tél. 079 896 29 01, courriel : tristan.deiss@gmail.com

 

Tous·tes en itinérance (Hébreux 13, 14)

PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT | PHOTO : DR

« Car nous n’avons pas ici-bas de cité permanente, mais nous recherchons celle de l’avenir. » (Hébreux 13, 14) Dans la récapitulation inscrite dans son Appendice final, l’auteur de l’épître aux Hébreux nous invite à suivre le Christ grand-prêtre, à « sortir » de notre habitat confortable et de la maison de notre monde, à l’exemple de Jésus qui a souffert sa Passion hors de la porte et des murailles de Jérusalem (13, 12).

C’est à cette « sortie en Eglise » que nous convie sans cesse le pape François, notamment dans son exhortation apostolique La joie de l’Evangile (n. 20-24). Ainsi, nous pourrons offrir le véritable sacrifice en tout temps, le fruit des lèvres et du cœur qui confessent le nom du Fils, avec la mise en commun des ressources terrestres pour les partager avec l’ensemble de nos frères et sœurs (cf. Hébreux 13, 15-16 ; l’encyclique Fratelli tutti).

Notre vraie patrie « se trouve dans les cieux », précise Paul (Philippiens 3, 20), là où l’ancre du salut a pénétré, au-delà du voile du saint des saints, dans le temple définitif, que notre précurseur Jésus a solidement établie et plantée sur le rivage de la vie éternelle (cf. Hébreux 6, 19-20).

Celles et ceux dont l’existence est une perpétuelle itinérance nous rappellent ainsi à tous, par leur mode de vie paradoxal, que même si la terre est splendide (voir Loué sois-tu du pontife argentin), nous y sommes en exil. Notre vraie demeure est dans le sein du Père, avec l’Esprit (cf. Hébreux 11, 11.14-16). Nous pouvons déjà anticiper cet état ultime en demeurant dans le Fils, par l’amour, la prière et l’observation de sa Parole, pour que le Père et le Fils viennent faire leur demeure en nous (Jean 14, 23).

Mais rien ne sert d’accumuler des richesses, des villas et des Rolls Royce : nous ne les emporterons pas au-delà de notre trépas (cf. Luc 12, 13-21). Quand nous réfléchissons à la condition des gens du voyage, nous constatons qu’ils emmènent avec eux, dans leurs humbles roulottes, tous leurs biens et leurs possessions. Et que leur fortune est constituée par leurs compétences, leur esprit de famille et leurs enfants. De pays en pays, de place en place, jusqu’en la ville éternelle.

Puissent les voyages estivaux – s’ils peuvent avoir lieu – nous exhorter à y tendre !

Un groupe missionnaire actif

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), juillet-août 2021

En ces temps troublés, il est plus que jamais important que le groupe missionnaire mène à bien ses projets. Du Liban au Congo en passant par Haïti, nous vous invitons au voyage et à la découverte.

PAR MARTINE DEBLUË | PHOTO : DR

En 2020, nous n’avons pas pu organiser nos habituelles manifestations pour renflouer nos caisses et en faire profiter nos protégés. Mais nous avons pu compter sur de généreux donateurs qui ont versé 18’900 francs sur notre compte.

Les rares événements organisés nous ont permis de récolter de beaux montants. La vente de couronnes de l’Avent, animée par Elisabeth Hauser, a rapporté 3000 francs. La vente de biscuits de Noël confectionnés par les enfants de la catéchèse et organisée par Jill Monney a rapporté 1330 francs. Le solde du compte du groupe de jeunes de la paroisse que Walter Hauser nous a remis s’élève à 682 francs.

Des enfants dans le besoin

En Haïti, les Sœurs de la charité de Saint-Vincent-de-Paul sont présentes dans les petits villages de montagne pour distribuer du lait en poudre aux enfants et des médicaments. L’an dernier, Victoria et Lucien Ferrari les ont rencontrées et leur ont apporté
6000 francs. Nous espérons qu’ils pourront retourner en Haïti cette année pour leur remettre la même somme. Les sœurs sont aussi soutenues par les entrepreneurs solidaires, association représentée dans notre paroisse par Pierre Boppe.

Au Liban, nous aidons l’orphelinat des Sœurs de Notre-Dame du Bon service à Jabboulé. Proche de la Syrie, il accueille de plus en plus d’enfants orphelins à cause de la guerre. Par l’intermédiaire d’un ami d’André Moser, nous avons pu faire parvenir
3000 francs aux religieuses.

Une école en Ouganda

A Kyotera, en Ouganda, nous avons construit une école secondaire catholique et des dortoirs. L’école de la divine miséricorde, aujourd’hui reconnue, permet aux enfants de poursuivre leurs études partout dans le monde. Chaque année il faut construire de nouveaux bâtiments, améliorer les structures et les réparer. Nous avons financé des barrières de sécurité autour de l’école, l’installation de moustiquaires, les réparations du toit, la construction de douches et un réfectoire.

En 2020, nous avons versé 16’462 francs et dernièrement 2600 francs pour un dallage. Françoise Belmont, amie de la famille qui a donné le terrain, est en contact avec la directrice, Béatrice Bulwa ; Jill Monney reçoit régulièrement des nouvelles d’un professeur, Charles. Il reste à réaliser le dallage extérieur pour éviter les infiltrations d’eau et d’autres finitions pour assurer la sécurité et l’hygiène des élèves. Ceux-ci ont toujours besoin de soutien pour leurs frais de scolarité.

Former des apprentis

Au Congo, nous soutenons l’association Kimpangi, basée à Fribourg et créée par les abbés Giraud Pindi et Jean-Claude Dunand. L’abbé Pindi est retourné dans son pays comme vicaire général du diocèse de Matadi ; il est maintenant administrateur diocésain et remplace l’évêque, qui a donné sa démission pour raison de santé.

Nous avons soutenu une menuiserie qui doit permettre aux habitants de confectionner leurs meubles et de former des apprentis. Nous avons offert des machines à coudre et 500 francs au départ de l’abbé Pindi pour la création d’un atelier de couture. Dernièrement, nous avons versé à l’association 2000 francs pour une Jeep qui doit servir au transport des matériaux. L’association nous a chaleureusement remerciés pour ce geste de solidarité.

De nouveaux projets

Aujourd’hui, grâce à nos ventes et à plusieurs dons, nous avons récolté 16’718 francs. Nous avons de nouveaux projets pour soutenir des enfants en Côte d’Ivoire. Des membres de la famille de Monika Gardet qui vivent à Abidjan nous ont mis en contact avec les Sœurs missionnaires de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Installées en Côte d’Ivoire depuis 1994, elles y ont construit un centre de santé, une maternité, une école et une cantine scolaire. Elles nous ont fait part de leurs difficultés à nourrir les 120 enfants dont elles prennent soin et à prendre en charge leur scolarité.

Le Père spiritain Lucien Favre, missionnaire au Congo-Brazzaville, nous a adressé une demande par l’intermédiaire de Françoise Belmont pour des parrainages d’étudiants ne pouvant plus payer leur formation : 120 francs par élève. Merci à chacun pour son précieux soutien.

Livres

Yéniches les derniers nomades d’Europe

Christian Bader

Venus des pays de langue germanique, où leur présence est attestée depuis plusieurs siècles, les Yéniches ou « Tsiganes blonds » constituent aujourd’hui, en France, le groupe le plus nombreux au sein de la communauté des Gens du voyage. Pour autant, ils restent très peu connus du grand public, qui ignore parfois jusqu’à leur existence. Ils s’efforcent aujourd’hui d’en savoir davantage sur leurs origines mystérieuses et sur leur histoire, s’interrogent sur une spécificité qui les distinguerait autant des sédentaires que des Tsiganes, et cherchent à rassembler les vestiges de leur langue secrète, depuis longtemps vouée à l’oubli.

Ce livre est dédié au peuple yéniche, dont les questions trouveront ici, non pas tant des réponses définitives, mais des éléments susceptibles de conforter la démarche identitaire dont beaucoup de ses représentants, qui se disent volontiers intégrés mais non assimilés, se réclament aujourd’hui avec fierté. Il contient également le premier recueil, en français, de plusieurs centaines de mots yéniches encore employés de nos jours par les derniers Yéniches d’Allemagne, d’Autriche et de Suisse alémanique.

Contes nomades; sur les chemins des peuples nomades du monde entier

Mongols, Tsiganes, Touaregs ou Sioux, à cheval, en traîneau ou en
roulotte…
Voici 18 contes des peuples nomades, un jour ici, l’autre ailleurs,
glanés sur les chemins du monde entier.

6-9 ans
Catherine Gendrin

Un déplacement intérieur

PAR MGR JEAN-MARIE LOVEY, ÉVÊQUE DE SION

PHOTOS : VÉRONIQUE BADER ET CATH.CH

Les gens du voyage, comme on peut continuer aimablement de les appeler sont donc des itinérants. D’étape en étape ils établissent leur camp, à la merci de notre accueil. Mais leur vie est comme un mouvement perpétuel.

Chaque année, le pèlerinage est attendu comme une expérience spirituelle forte. Et, paradoxe, tandis que le terme pèlerinage renvoie à la notion de déplacement, de pérégrination, eux les itinérants s’arrêtent, une semaine durant à l’ombre de l’abbaye d’Einsiedeln. Le pèlerinage perdrait-il son sens en se figeant ainsi sur la prairie ? Certainement pas. C’est à un autre niveau que ça bouge. L’expérience habituelle de leurs déplacements leur a appris à organiser d’autres déplacements, tout intérieurs. Quand une démarche se substitue à la marche, on est en plein registre de pèlerinage. C’est la Parole de Dieu qui les met ainsi en route. Faudrait-il nous en étonner ? Comme nous ils sont enfants d’Abraham, l’itinérant ; fils d’un Dieu qui s’est fait voyageur à la merci de notre accueil.

Alors, quand ils frappent à la porte des municipalités, des cantons, pour une place de stationnement, savons-nous leur reconnaître le droit d’être accueillis ?

La liturgie pour les enfants rassemble

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), juillet-août 2021

PAR BRIGITTE BESSET | PHOTOS : CHANTAL ZAPHIROPOULOS

Lors de leur dernière séance, les membres du Conseil de communauté ne pouvaient que constater le petit nombre de paroissiens aux messes dominicales. Où étaient les familles et les habitués du dimanche matin ? Cela faisait des mois, voire une année, que nous ne voyions presque plus d’enfants.

Le carême arrivant, nous avons décidé d’organiser à nouveau une liturgie spéciale pour les enfants chaque dimanche de ce temps liturgique. Les conditions sanitaires étaient respectées puisque les enfants restaient dans les salles et ne montaient pas rejoindre l’assemblée comme à l’accoutumée.

Quelle ne fut pas notre surprise de réunir chaque dimanche matin un large groupe d’enfants et de parents pour une découverte de l’Evangile ! Toujours plus nombreux et heureux de se retrouver au sein de l’Eglise pour vivre ces temps de partage. « Il y avait longtemps. Cela fait du bien ! », ont-ils relevé.

A la fin du carême, pour le dimanche des Rameaux, la messe était diffusée dans les salles pour les enfants et leurs parents. Au moment de l’homélie, la retransmission s’est arrêtée pour un temps spécial pour les familles. Elle a repris au moment de la consécration. L’abbé Zbiniew Wiszowaty est allé rejoindre parents et enfants au moment de la communion. Merci pour cette belle initiative !

 

Icône pèlerine

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, décanat Sion (VS), juillet-août 2021

Les personnes recevant l’icône itinérante de la mère pèlerine à Uvrier et à Saint-Léonard se sont rencontrées pour un moment de prière au mois de mai en présence de sœur Marie-Angeline de la communauté de Schönstatt.
Marie-Renée Clivaz, responsable d’un des groupes, nous en parle.

PROPOS RECUEILLIS PAR L'ABBÉ DAVID RODUIT | PHOTO : MARIE-RENÉE CLIVAZ

Dans la démarche que vous vivez chaque mois, pourquoi parle-t-on de mère pèlerine ou de sanctuaire itinérant ?

Oui, c’est un sanctuaire itinérant, car l’icône de Marie va de famille en famille trois jours par mois.

Avec Marie, on apporte Jésus pour le faire connaître et aimer, pour prier et abandonner entre leurs mains nos joies et nos peines. Marie nous met en contact avec la prochaine famille qui reçoit l’icône et nous invite ainsi à la rencontre, à l’écoute et au partage.

Comment s’est passée votre rencontre de la mi-mai ?

Le Covid nous ayant freinés dans nos visites, nous nous sommes réunis le mercredi 19 mai avec tous les groupes de Saint-Léonard et d’Uvrier pour y vivre l’eucharistie et un temps de méditation avec sœur Marie-Angeline. A la veille de la Pentecôte, elle nous a introduits au moment de prière qui suivait la messe par des questions :

– Quel est mon désir personnel pour cette Pentecôte ?

– L’Esprit Saint est déjà à l’œuvre dans nos vies. Comment puis-je le remarquer ?

Ensuite, nous avons médité avec elle les mystères glorieux.

Voici sa réflexion pour le 5e mystère glorieux, celui du couronnement de la Vierge :

« Toi, l’humble servante de Nazareth qui t’en es allée à la fontaine chercher l’eau comme toutes les autres filles de ton temps, tu es maintenant élevée ! »

A partir du beau chant « Une porte ouverte sur le Ciel » que sœur Marie-Angeline a découvert ce jour-là, elle nous a conduits à une réflexion missionnaire :

– ouvrir les yeux pour voir où Dieu m’ouvre une porte et la franchir

– ouvrir la porte du cœur pour laisser entrer Dieu et le laisser agir en nous

– ouvrir la porte de la maison pour aller vers les personnes et vers le monde

Ce fut une soirée très riche en grâces ! Alléluia, merci Marie !

Lire aussi la page 12.

 

Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial
LinkedIn
Share
WhatsApp