L’espérance face aux crises

Où puiser des raisons d’espérer encore, envers et contre tout ? L’ensemble du dynamisme évangélique s’inscrit dans cette perspective de « résilience spirituelle ». Dieu fait tout concourir au bien de ceux qui l’aiment, affirme Paul (Romains 8, 28). Le mystère pascal de mort et de résurrection du Christ a des retombées sur les crises que nous traversons. Soyons dans la joie et l’espérance, avec le pape François : le meilleur est à venir.

PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT
PHOTOS : PXHERE, PIXABAY, DR

Un moment décisif

Le terme « crise », du grec krinô juger, veut dire « moment décisif où prendre des options fondamentales ». Dans les diverses crises que nous expérimentons, sanitaire, écologique, économique, affective, ecclésiale, le paradoxe du mystère pascal se manifeste en une trajectoire qui se rapproche de la dynamique de la résilience. En effet, c’est au moment où nous sommes contraints d’abandonner une réalité qui nous est chère (liberté de mouvement, santé, biens, profession, activité sportive ou musicale, amitié ou amour, fonctionnement pastoral) que nous découvrons au plus profond de nous-mêmes cette énergie de l’Esprit Saint qui nous permet de surmonter l’épreuve, de voir les éléments sous un jour nouveau, de dévoiler les dimensions les plus essentielles de notre être, auparavant cachées mais que notre vulnérabilité assumée nous donne de manifester.

L’én-ergie de l’Esprit

L’action « théologale » de l’Esprit active en nous les puissances de notre cœur profond, telles les capacités de rebondir et de vivre, plutôt que de simplement « sur-vivre ». Elle les travaille de l’intérieur, leur donnant de se tourner vers la Transcendance.

Pour cela, il convient de nous exposer à l’Esprit dans la prière silencieuse, dans l’adoration et la lecture de la Parole. Peut-être que la privation des eucharisties paroissiales, en période de pandémie, nous a conduits à développer de nouvelles formes de liturgies familiales et domestiques ou à prendre davantage de temps pour la méditation en présence du Seigneur. Continuons donc de les pratiquer !

Le don de nous-mêmes

Modifier son emploi, perdre un proche, renoncer à son couple, est certes rude. Néanmois cela peut constituer étonnamment la possibilité de trouver un élan revi­goré dans une occupation nouvelle, avec d’autres connaissances ou par la recomposition d’une famille. Cela implique cependant de nous donner totalement dans cette situation inédite. C’est paradoxalement en allant jusqu’à l’offrande de lui-même sur la croix que le Fils de Dieu est entré dans la vie en plénitude. En livrant son existence par amour, il met à mort la mort et libère toute vie en abondance. C’est la « résilience » par excellence et celle-ci s’ouvre à la Résurrection, c’est-à-dire à la vie qui ne finit pas, sur les rives du Paradis. Comme le grain de blé mis en terre, « il faut mourir pour vivre » (cf. Jean 12, 26) !

La contemplation du Christ, en prenant notre croix et en plaçant nos pas dans les siens, débouche sur un surcroît d’espérance, dès maintenant : par notre baptême, nous sommes déjà ressuscités et nous pouvons mener une vie nouvelle (cf. Romains 6, 4). C’est de cette « vie vivante » que l’Eglise est porteuse et qu’elle est toujours davantage appelée à transmettre. Sinon elle ne « sert » plus à rien.

Un retournement

Prière en famille, oraison, lecture de l’Ecriture, sacrements, suite du Christ, vie en Eglise : il est souhaitable de puiser au trésor de notre tradition, afin de trouver des ressources insoupçonnées pour notre conversion. Car il convient de laisser tomber la carapace de ce qui est limité, terrestre et fini en nous, afin de parvenir à nous ouvrir à ce qui est illimité, incorruptible et infini en notre être intérieur. Théologiquement, l’apôtre des nations parle de passage du « psychique » au « surnaturel » (1 Corinthiens 15, 44). Spirituellement, c’est la transition de l’éphémère au définitif. Existentiellement, c’est l’abandon de notre pesanteur charnelle, avec ses étroitesses, afin de révéler notre être renouvelé, capable de bienveillance et de compassion.

A cet égard, la fraternité sociale, dont parle vigoureusement l’encyclique Fratelli tutti, au niveau local, avec nos voisins du quartier, du village ou les membres des groupes dont nous faisons partie, comme sur le plan global avec les frères et sœurs en humanité, s’avère indispensable. Pour établir une « ligne de cœur » ecclésiale et spirituelle à l’écoute les uns des autres, dans la quête de sens et de bien commun qui nous préoccupe tous.

Avec la création

Notre planète elle-même, que nous violentons par nos excès, « gémit dans les douleurs de l’enfantement. Elle attend la révélation des fils de Dieu » (Romains 8, 19-22). Nous sommes solidaires avec elle. C’est comme si l’Ecriture nous criait : soignez la création que le Seigneur vous a confiée, tout n’est pas perdu, ce sont des cieux nouveaux et une nouvelle terre qui vous sont promis (Apocalypse 21, 1) ! L’histoire humaine a un sens, une direction. La Parole les révèle (apokalyptô, dévoilement) !

A la base de tout mouvement pascal d’espérance, se situe l’acceptation de notre fragilité. C’est ce qu’exprime la parole puissante du lutteur Paul : « C’est quand je suis faible que je suis fort » (2 Corinthiens 12, 10). C’est quand j’acquiesce à ma vulnérabilité et ma détresse que je laisse agir le Christ en moi. C’est l’« Evangile de la fragilité » : prendre conscience que seul, je ne puis rien, m’amène à ne plus tabler que sur la grâce. Alors l’Esprit me remet debout et me re-suscite.

Au bout de la nuit, de l’hiver, du trépas, il n’y a pas les ténèbres, le froid, le néant, mais la lumière, le printemps, la vie. C’est la loi de la nature, de la résilience et du mystère pascal *.

* Voir mon livre Le mystère pascal. Aller au cœur de la foi, Cabédita, 2019.

Energie : un terme chrétien

« Au cœur de ce monde, le souffle de l’Esprit met à l’œuvre aujourd’hui des énergies nouvelles », chante le cantique de Jacques Berthier.
Le mot « énergie », mis à toutes les sauces « New Age » ou orientales, est en réalité un grand terme de la tradition chrétienne, déjà depuis les Pères de l’Eglise. Il signifie en grec (en-ergon), le travail à l’intérieur de nous-mêmes, l’activité de la grâce, capable de nous transformer et de déployer à la fine pointe de notre âme nos potentialités les plus propres. Employons-le donc !

Le Seigneur est lumière

A tour de rôle, des jeunes de divers cantons romands profiteront de cet espace de liberté pour évoquer un sujet qui les intéresse. La jeune Vaudoise Audrey Boussat ouvre les feux.

PAR AUDREY BOUSSAT
PHOTOS : DARREN IRWIN, AUDREY BOUSSAT

Je m’appelle Audrey Boussat et ai 23 ans. J’ai grandi et vis encore sur les rives du lac Léman, au cœur de l’Unité pastorale (UP) de Nyon-Terre Sainte. Cela fait d’ailleurs quelques années que je suis rédactrice responsable pour L’Essentiel de mon UP et c’est une grande joie pour moi que de rédiger quelques lignes dans ce cahier romand.

Me concernant, l’année 2021 a été particulière : non seulement pour les raisons que nous connaissons tous, mais aussi parce que j’ai fini mes études de droit au mois de février. Incertaine de la manière dont j’allais mettre en œuvre ces connaissances nouvellement acquises, je me suis tournée vers Dieu et L’ai prié de me guider pour que je trouve un poste où je pourrais me mettre à son service et à celui des autres. Bilan : quelques mois plus tard, ma prière a été entendue.

Période de transition

Cette période de transition, comme on en rencontre à chaque étape de nos existences, m’a permis d’en apprendre davantage sur moi-même et de fortifier ma relation avec le Seigneur. J’ai pris conscience qu’en me cantonnant à mes propres perceptions, je passais à côté de l’essentiel. Je risquais de devenir insensible à la lumière de Dieu, trop enfoncée dans mes sombres incertitudes.

En fait, il suffit de laisser ses yeux s’habituer à l’obscurité pour prendre conscience des multiples bénédictions qui éclairent nos chemins. Qu’elles clignotent timidement ou nous éblouissent de bonheur, ces bénédictions sont tout autant de cadeaux de Dieu. Un soleil qui brille dès notre réveil, une discussion agréable avec un proche ou encore un repas savoureux sont tout autant de raisons de se réjouir. Chaque journée qui passe est une occasion nouvelle de vivre pleinement et d’être reconnaissant envers le Seigneur.

Cadeau de chaque instant

En me rapprochant de Dieu, j’ai également pris conscience que nous ne voyons pas tout ! Nos yeux perçoivent uniquement ce qui est, et non pas ce qui sera. Nous vivons au présent, ce cadeau de chaque instant ; mais le Seigneur, Lui, sait où nous allons. Rien ne sert de s’inquiéter, Il est avec nous à chaque étape de nos vies. Il éclaire notre chemin et réchauffe nos cœurs, même là où nous nous croyons dans le noir.

Il est notre phare et Il illuminera toujours nos existences de sa grâce. Consolidons notre foi et continuons d’avancer avec ce flambeau de certitude qui saura éclairer nos vies et celles de nos proches. Laissons-nous éblouir par la grandeur de Dieu !

Les dominicains

De nombreuses communautés composées de religieux ou de laïcs sont présentes en Suisse romande, comme autant de témoins de la vitalité et de la diversité de l’Eglise. Chaque mois, L’Essentiel dresse le « pedigree » de l’une d’entre elles, en mettant en évidence son charisme et en donnant la parole à l’un de ses membres.

PAR PASCAL ORTELLI
PHOTO : DR

Pour ouvrir cette nouvelle année, zoom sur les dominicains dont l’un de leurs illustres représentants, le théologien saint Thomas d’Aquin (1226-1274) est fêté le 28 janvier.

Nom officiel : Frères Prêcheurs.

Fondateur : Dominique de Caleruega (~ 1170-1221).

Date de fondation : autour de 1217.

Sigle : O.P. pour Ordo Pradicatorum.

Habit : tunique et scapulaire blancs accompagnés d’un capuce et occasionnellement d’une chape noire.

Organisation : ordre mendiant (comme les franciscains) formant une grande famille internationale composée de religieux-prêtres, de moniales contemplatives, de sœurs apostoliques et de laïcs.

Mission : annonce de l’Evangile au moyen d’une prédication nourrie par l’Eucharistie et la liturgie des Heures, l’étude contemplative et le rosaire et soutenue par une vie communautaire non cloîtrée guidée par la Règle de saint Augustin et des constitutions propres.

Présence en Suisse : Fribourg, via la communauté de Saint-Hyacinthe, couvent de formation de la province suisse et celle de l’Albertinum, couvent international placé directement sous la juridiction du maître de l’ordre à Rome, qui accueille les frères enseignants et doctorants de la faculté de théologie.
Zurich, via la mission catholique de langue française.
Genève, via la paroisse Saint-Paul en lien avec la délégation de l’ordre à l’ONU.

Particularité : mode de gouvernement très démocratique en Eglise.

Pour aller plus loin : Saint Dominique, neuf jours pour le découvrir (Ed. Saint-Augustin, 2021), le livre de frère Alexandre.

« Etre dominicain c’est… »

Frère Alexandre Frezzato, Fribourg

« Pour moi, frère prêcheur, c’est louer, bénir et prêcher le salut de Dieu offert en son Fils Jésus-Christ. Louer Dieu par la prière communautaire des offices quotidiens en communion avec l’Eglise dans le monde entier. Bénir notre Seigneur par la célébration des sacrements et l’étude théologique de la Vérité dans la Révélation de sa Parole et de la Tradition. Enfin, prêcher la justice et la miséricorde de Dieu à la suite des apôtres pour préparer les chemins du Seigneur en vue du salut des âmes. »

« Un temps pour changer »

PAR THIERRY SCHELLING 
PHOTOS : DR

On dirait Qohelet : un temps pour tout… François est régulièrement attaqué par ses détracteurs sur le fait… qu’il « nous change la religion » ! Critique facile et qui prouve que si changement il y a, il est justement dans l’esprit des évangiles : il doit gêner, râper aux encornures, déranger notre confort…

En temps de crise, un rebond de spiritualité oscille entre apocalypse et… espérance, justement, l’une des trois grandes vertus chrétiennes (avec la foi et la charité). La moins cernable, peut-être… mais depuis l’extraordinaire célébration du Vendredi saint 2020 (le Pape seul sur la place Saint-Pierre sous la pluie), ainsi que ses Angélus lors du pic de la pandémie, l’espérance n’a-t-elle pas pris corps plus concrètement ? Une des réponses du Pape est la publication d’un ouvrage, « Un temps pour changer » justement…

Un livre

Son livre, édité chez Flammarion en 2020, est une compilation des « conversations avec Austen Ivereigh », journaliste britannique et féru d’histoire de l’Eglise contemporaine (membre du Campion Hall d’Oxford). On y trouve des perles, qui « répondent » – dans le sens de « font écho » – à la situation actuelle du monde et de l’Eglise. Aperçu.

Citations

« J’ai toujours pensé que le monde semblait plus net depuis les marges… » ; « Il vaut mieux mourir après une courte vie au service des autres, qu’après une longue vie passée à résister à cet appel » ; « Chaque fois que, dans le monde, tu trouves une réponse claire, immédiate, personnelle et consolante qui propose une solution, Dieu est là. C’est là que son Esprit est présent » ; « Le signe que nos consciences ont été déformées par la technologie est notre mépris de la faiblesse » ; « J’ai appris l’importance de voir ce qu’il y a de grand dans les petites choses et de considérer ce qu’il y a de petit dans les grandes choses » ; « Notre plus grand pouvoir ne réside pas dans le respect que les autres ont pour nous mais dans le service que nous pouvons offrir aux autres »…

De quoi espérer qu’un lendemain meilleur est réalisable si on se laisse… changer, non ?

Jeux, jeunes et humour – janvier 2022

Par Marie-Claude Follonier

Question d’enfant

Qui est saint Sylvestre ?
Evêque de Rome et 33e pape, il a eu la lourde de tâche d’organiser l’Eglise à l’époque de l’empereur Constantin. Mort le 31 décembre 335, il a donné son nom au réveillon précédant le Nouvel An. L’origine de la fête remonte cependant à Jules César qui a fixé la date de la nouvelle année au 1er janvier. Les fêtes de la veille étaient appelées « Sigillaires » et clôturaient les Saturnales de décembre.

par Pascal Ortelli

Humour

Un fermier valaisan se rend chez son curé et lui demande s’il peut célébrer une cérémonie de sépulture pour son chien qui vient de mourir. Le prêtre lui répond que ce n’est pas possible chez les catholiques et l’invite à aller trouver le Pasteur qui entrera certainement en matière. Le fermier lui pose alors la question : « Pensez-vous qu’en lui donnant Fr. 10’000.– cela contribuerait à le décider ? » Le curé se reprenant : « Mon bon monsieur, pourquoi ne pas m’avoir dit plus tôt que votre chien était catholique ! »

par Calixte Dubosson

Vitraux d’Edmond Bille, Basilique de Saint-Maurice

PAR AMANDINE BEFFA
PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

Conçus comme une tapisserie lumineuse, les vitraux d’Edmond Bille nous racontent l’histoire de saint Maurice et de ses compagnons. L’artiste suisse a réalisé une série de treize vitraux que l’on a qualifiés de « beau poème de pierre ».

Plusieurs versions

S’il existe plusieurs versions de la raison ayant poussé l’Empereur Maximien à ordonner la mort des soldats et de leurs chefs, Bille retient celle du refus de sacrifier aux dieux romains.

Au premier registre (la partie du bas), saint Maurice se détourne de l’Empereur, monté sur un cheval. De ses mains, le saint indique le refus de suivre l’ordre qui lui est donné. Il regarde vers le sol où sont déposés son épée et son casque. Il indique ainsi que sa loyauté ne va pas à Rome.

Au second registre (la partie du haut), la légion est décimée. Cette pratique impliquait de faire tuer un soldat sur dix par ses camarades. Ceux qui périssaient servaient d’exemple aux autres.

Dans la partie arrondie de la lancette, on peut voir les palmes, symboles des martyrs. En effet, nous le savons, saint Maurice et ses compagnons ont choisi de rester fidèles jusqu’au bout à la foi chrétienne.

La scène est surmontée d’un veau d’or qui renvoie à l’Exode (Ex 32). Perdant courage et se mettant à douter, le peuple avait choisi la facilité d’un dieu qu’il pouvait voir et toucher.

Au bout de la confiance

On peut se demander si choisir un vitrail représentant un martyre est ce qu’il y a de plus joyeux pour commencer l’année. Mais, ce qui est mis en valeur avec les martyrs n’est pas leur souffrance, mais leur fidélité. Ils sont allés jusqu’au bout de la foi, jusqu’au bout de la confiance, même dans la peur et le doute. Ce que nous rappelons, c’est la façon dont, à l’image du Christ, ils ont aimé jusqu’au bout (Jean 13, 1).

En ce début d’année, ils peuvent donc nous interroger sur nos petits reniements quotidiens, et nous inviter, pourquoi pas, à prendre la bonne résolution de la confiance pour 2022.

Science et Religion

Aucune institution n’a fourni autant de moyens à l’étude de l’astronomie, liée d’ailleurs à celle des mathématiques, que l’Eglise catholique entre le XIIe et le XVIIIe siècle. Jusqu’au XIXe siècle, la Science ne se distinguait pas de la «philosophie naturelle».

PAR PIERRE GUILLEMIN | PHOTOS : DR

« L’histoire de la pensée scientifique est étroitement liée à celle de la religion et comporte bien plus de continuités que de discontinuités », écrit Tom McLeish, physicien de l’université de York. Rappelons l’histoire de l’évêque de Lincoln Robert Grosseteste qui, au XIIIe siècle, en Angleterre, recueillait les enseignements d’Aristote des savants arabes, faisant figure de pionnier, puisqu’il eut l’intuition du big-bang. On trouve même dans ses écrits l’idée du multivers : une série de fluctuations parallèles à notre propre univers, régies par d’autres lois, d’autres constantes…

Le Collège romain est créé en 1551 à Rome par Ignace de Loyola, une dizaine d’années après la fondation de la Compagnie de Jésus. Ouverte comme école de grammaire, l’institution se développe rapidement et devient, dès la fin du XVIe siècle, une institution académique d’enseignement supérieur couvrant tous les champs du savoir scientifique et scolastique et servant de scolasticat jésuite tout en étant université ecclésiastique. En hommage de reconnaissance au pape Grégoire XIII qui en fut un insigne bienfaiteur, le Collège romain prend plus tard le nom d’Université grégorienne. Sur le mur extérieur de l’édifice, on lit : « Grégoire XIII : pour la religion et la connaissance. » On ne peut écrire mieux combien Science, Connaissance et Religion ne sont pas contradictoires.

Pourtant, nous nous souvenons de Galilée jugé par le Tribunal de l’Inquisition pour avoir remis en cause la théorie selon laquelle la Terre serait le centre de l’univers et forcé à abjurer sa théorie héliocentrique. L’Eglise de cette époque (première moitié du XVIIe siècle) s’appuie sur les travaux du mathématicien grec Ptolémée (Ier siècle après Jésus-Christ) qui décrit les mouvements célestes en considérant que les astres tournent autour de la Terre. Il faudra donc quatorze siècles pour que Copernic d’abord, puis Galilée ensuite, remettent en question cette théorie et élaborent à partir des mathématiques et des observations astronomiques une nouvelle vision de l’univers. Viendront ensuite Képler et Newton (tous deux mathématiciens, physiciens, philosophes) qui décriront les lois de la mécanique classique et de l’attraction des corps entre eux.

Mais ce n’est pas tant la Science contre laquelle l’Eglise s’est opposée mais plutôt la remise en cause éventuelle de la place qu’occupe notre monde dans l’univers et par conséquent pour l’Eglise des XVIe et XVIIe siècles le rôle et la place de Dieu dans ce même univers.

Pourtant, l’Evangile ne rejette pas la Science. Il la transcende par les miracles que Jésus accomplit sans pour autant condamner celui ou celle qui cherche et s’interroge. Deux exemples parmi tant d’autres, illustrent cette attitude d’ouverture de Jésus : la Nativité et la Résurrection.

Selon l’évangile de l’apôtre Matthieu, des voyageurs viennent de très loin lui rendre hommage et le reconnaître. Qu’ont-ils fait pour trouver leur chemin ? Ils ont suivi une étoile apparue dans le ciel pour les guider vers Bethléem. L’apparition de l’étoile est miraculeuse en soi (les astronomes modernes ne sont toujours pas d’accord pour expliquer avec certitude ce qu’était cet objet céleste) mais la décision de la suivre est une démarche scientifique : elle répond en effet à des questions précises pour ces lointains visiteurs comme : quel est le message ? Pourquoi cet enfant ? Quel est cet endroit ? Où allons-nous ?

Lorsque Jésus ressuscite, l’apôtre Thomas refuse de croire, avant d’avoir vu les preuves de la Crucifixion : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous et si je mets ma main dans son côté, je ne croirai pas. » Jésus répond : « Avance ici ton doigt et regarde mes mains ; avance aussi ta main et mets-la dans mon côté ; ne sois pas incrédule mais sois croyant. » Puis : « Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru ! » (Jean, 24-29).

La question fait partie de la démarche scientifique : quand, pourquoi, comment… sont typiques des questions des scientifiques. Pour mémoire, la démarche scientifique se base sur quatre règles fondamentales :

• La neutralité.

• La prise en compte des échecs.

• Le doute.

• L’expérience pratique doit confirmer la théorie.

Ainsi, l’apôtre Matthieu adopte une démarche scientifique dans ses questions. Jésus ne rejette pas Matthieu et lui répond sans colère, mais en l’invitant à « voir » au-delà et à croire. Galilée n’est pas en contradiction avec la Religion lorsqu’il écrit : « La philosophie est écrite dans ce vaste livre qui constamment se tient ouvert devant nos yeux (je veux dire l’Univers) et on ne peut le comprendre si d’abord on n’apprend pas à connaître la langue et les caractères dans lesquels il est écrit. Or il
est écrit en langue mathématique et ses caractères sont les triangles, les cercles et autres figures géométriques, sans lesquelles il est humainement impossible d’en comprendre un seul mot, sans lesquelles on erre vraiment dans un labyrinthe obscur. » (Galileo Galilei, « L’Essayeur », 1623)

Deux questions scientifiques actuelles, parmi tant d’autres, faisant écho au message religieux : « C’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire pour les siècles des siècles » ou encore « son règne n’aura pas de fin ». La Science actuelle répond que l’univers que nous connaissons n’est pas éternel, notre Soleil mourra (dans quelques milliards d’années), notre galaxie mourra et l’Univers tel que nous le connaissons ou le percevons aujourd’hui a une durée de vie finie. Contradiction avec la Religion ? Non ! L’univers de Dieu n’est pas celui que nous voyons, que nos instruments scientifiques analysent et notre Foi nous invite, comme Jésus le fit pour saint Matthieu, à croire en l’éternité de Dieu ce qui n’empêche pas la recherche ni la découverte afin de mieux comprendre la magnificence de l’univers et de la nature.

Dieu existe-t-il ? Dr Christoph Benzmüller, professeur à l’université de Berlin et mathématicien, est le premier à pouvoir l’affirmer avec certitude dans sa récente publication « A (Simplified) Supreme Being Necessarily Exists, says the Computer : Computationally Explored Variants of Godel’s Ontological Argument », 2020 : « Dieu, dans sa définition la plus répandue en métaphysique, existe nécessairement. On ne peut penser un monde dans lequel il n’existerait pas. » Cette assurance, ce chercheur de l’université de Berlin la tire des mathématiques et de leur cœur même, la logique. Mieux : il la fonde sur la capacité de l’informatique à valider sans erreur possible les démonstrations. Son logiciel a vérifié la justesse de l’argument ontologique selon lequel l’existence de Dieu est nécessaire à tout système de pensée logique. Et l’ordinateur a parlé : « L’énoncé « Dieu existe » est une proposition vraie au sens logique et mathématique », assène Christoph Benzmüller.

Finalement, laissons à saint Thomas d’Aquin le soin de réconcilier Science et Religion en écrivant : « La raison est capable de saisir Dieu dans ses œuvres ; car l’existence de Dieu est révélée par ses effets : on voit Dieu invisible dans ses effets visibles. »

Science et foi font bon ménage

PAR SERGE LILLO
PHOTO : LDD

Ce numéro de L’Essentiel est consacré à la relation entre la science et la foi. Si nous entendons souvent que ce sont deux mondes qui s’opposent, que nous ne pouvons pas croire en Dieu et en même temps nous appuyer sur la science, l’Eglise et bien des scientifiques affirment le contraire.

« Un peu de science éloigne de Dieu, mais beaucoup y ramène » disait Louis Pasteur. En effet, beaucoup de grands scientifiques sont convaincus que l’homme est créature de Dieu ; et ils travaillent toute leur vie pour comprendre Sa création. Ils sont en admiration, comme Thomas Edison, l’inventeur de l’ampoule électrique et qui disait : « J’admire tous les ingénieurs, mais surtout le plus grand d’entre eux : Dieu ! »

Plus proche de nous, Dembski, savant mathématicien renommé, souligne que la science est une tentative pour comprendre le monde : « Le monde est la création de Dieu, et les savants dans leur compréhension du monde reconstituent simplement les pensées de Dieu. Les savants ne sont pas des créateurs mais des découvreurs… La chose importante concernant l’acte de création est qu’elle révèle le Créateur. L’acte de création porte toujours la signature du Créateur. » (William Dembski, The Act of Creation). Ses paroles font écho au livre de la Sagesse : « La grandeur et la beauté des créatures font, par analogie, contempler leur Auteur. » (Sg 13, 5)

La foi en Dieu créateur alliée à notre intelligence nous permettent de nous émerveiller et de comprendre de plus en plus le monde qui nous entoure, comme le souligne Jean-Paul II dans son encyclique « Fides et Ratio » : « La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité. C’est Dieu qui a mis au cœur de l’homme le désir de connaître la vérité et, au terme, de Le connaître lui-même afin que, Le connaissant et L’aimant, il puisse atteindre la pleine vérité sur lui-même (cf. Ex 33, 18 ; Ps 27 [26], 8-9 ; 63 [62], 2-3 ; Jn 14, 8 ; 1 Jn 3, 2).

En d’autres termes, science et foi sont indissociables et complémentaires à la compréhension du monde qui nous entoure.

Bonne lecture !

Un contenu signé par des passionnés

L’équipe de la Rédaction romande de L’Essentiel est composée de journalistes professionnels et de prêtres et laïcs engagés dans les deux diocèses de Suisse romande. Ensemble, ils sont le garant d’une juste présentation de la réalité pastorale romande. Car c’est une évidence, la réalité de terrain n’est pas la même à Meyrin, Echallens, Marly, Neuchâtel ou au Val de Bagnes.

Rédacteur en chef
Nicolas Maury

L’Essentiel, votre magazine paroissial
C.P. 51
1890 St-Maurice
Tél +41 24 486 05 25
bpf@staugustin.ch

Rédaction Pfarrblatt
Soeur Catherine Jerusalem

NICOLAS MAURY

Journaliste RP, rédacteur en chef, Saint-Maurice

Sr CATHERINE JERUSALEM

Membre du conseil d’administration, responsable du Pfarrblatt, Saint-Maurice

PASCAL ORTELLI

Responsable des Editions livres et assistant universitaire en théologie à Fribourg

Abbé FRANCOIS-XAVIER AMHERDT

Abbé et professeur à l’Université de Fribourg

CALIXTE DUBOSSON

Chanoine de l’Abbaye de Saint-Maurice et prêtre en paroisse, Valais

Abbé THIERRY SCHELLING

Curé-modérateur de l’UP Renens-Bussigny, Renens

AMANDINE BEFFA

Assistante pastorale à Genève

MYRIAM BETTENS

Journaliste indépendante et théologienne

Jeux, jeunes et humour – décembre 2021

Par Marie-Claude Follonier

Question d’enfant

Pourquoi associe-t-on saint Nicolas aux enfants ? 
La fête de la Saint-Nicolas apparaît vers le XIe siècle sur la base d’une légende franco-allemande qui reprend des éléments revisités de la vie de Nicolas de Myre (IIIe siècle) et Nicolas de Sion (VIe siècle). Les trois innocents protégés par ces deux évêques d’Anatolie deviennent les trois enfants égarés chez le boucher Pierre le Noir qui les découpe en morceau pour les mettre dans son saloir. Pris sur le vif, le boucher avoue tout à saint Nicolas qui ressuscite les enfants et devient leur protecteur.

par Pascal Ortelli

Humour

A l’EMS Saint-Joseph, Nestor vient vers son ami Henri et lui annonce :
– Il y a Louis qui est décédé.
– Ah ! Et l’enterrement, c’est quand ?
Nestor retourne vers l’affichoir et revient en disant :
– C’est mercredi !
Soudain, pris d’un doute, il retourne consulter le faire-part.
– Non, c’est vendredi la sépulture.
– Ah, reprend Henri, Louis va mieux, alors !

par Calixte Dubosson

Création et évolution (Genèse 1-2)

PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT | PHOTO : DR

Parmi les dossiers où l’on oppose souvent, à tort, la science et la foi, se trouve la belle problématique de la création. Les jeunes y sont particulièrement sensibles, risquant de reléguer le langage biblique à de l’obscurantisme anachronique et de lui préférer le discours scientifique, apparemment plus adapté à notre âge postmoderne. Or les textes de la Genèse disent le « pour-quoi » du monde créé, sans empiéter sur le « comment » scientifique de l’évolution.

Ce serait commettre un véritable contresens que d’opposer les deux regards : ils ne s’excluent pas, ils se complètent. C’est manquer de respect pour les Ecritures que de ne pas prendre en considération les genres littéraires des deux premiers chapitres de la Genèse : ce sont des récits théologiques et épiques et non descriptifs et informatifs.

La preuve que nous ne sommes pas appelés à faire une lecture littérale et « fondamentaliste » des pages inaugurales de la Révélation (contrairement à ce que préconisent certains frères et sœurs chrétiens évangéliques, notamment étasuniens, qui récusent faussement l’enseignement de la théorie de l’évolution dans les écoles), c’est que, précisément, nous avons deux présentations de l’acte créateur divin : Genèse 1 le met en scène comme une grande liturgie par séparations successives, culminant dans l’apparition de l’homme et de la femme à l’image du Seigneur (Genèse 1, 27) et dans le repos sabbatique. En Genèse 2, nous avons l’impression que l’écrivain inspiré « reprend les choses à zéro », qu’il propose la création de l’homme seul (2, 7), puis du grand jardin dont celui-ci est dépositaire responsable, avant de parvenir au couple, avec la femme tirée de la côte de l’homme (2, 23).

Essayez d’en faire le scénario d’un film : c’est impossible. Précisément parce que le texte scripturaire se place sur un autre registre : celui du « sens » des réalités, telles que voulues par Dieu. Quant au langage de l’évolution, plus les sciences dévoilent la splendeur de l’infiniment grand et petit, plus elles chantent l’immensité de celui qui a présidé à leur mise en ordre cosmique !

Croyons de manière intelligente et scientifique, de manière à rendre les approches scientifiques toujours plus humaines et spirituelles !

Coupe du Monde : oui – Exploitation des travailleurs : non

L’ACAT Suisse * lance sa pétition annuelle à l’occasion de la Journée mondiale des Droits de l'Homme le 10 décembre. La pétition demande aux autorités de l’Emirat arabe du Qatar, organisateur de la Coupe du Monde de football 2022, de respecter les droits humains des travailleurs migrants.

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Via Jacobi: Coppet – Genève

Texte et photos par Pascal Ortelli

Le mythique chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle traverse la Suisse romande, de Fribourg à Genève. Au-delà dLe mythique chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle traverse la Suisse romande, de Fribourg à Genève. Au-delà des sentiers battus, la Via Jacobi regorge de curiosités. Chaque mois, L’Essentiel prend son bâton de pèlerin et en réalise un tronçon sous forme d’une balade familiale à faire sur la journée. Aujourd’hui, cap sur Genève pour une dernière étape tout urbaine.

Départ depuis la gare de Coppet, 5h aller simple, 20,15 km

1. Depuis la gare CFF, montez en direction de Commugny et prenez sur la gauche à la 4e intersection le chemin Sous-Gay qui vous permettra de traverser Tannay et Mies.

2. Après avoir atteint le complexe sportif d’Ecogia, descendez sur la gauche pour franchir le Nant de Braille. Vous arriverez alors à Versoix où vous longerez un joli petit « bisse » sur un chemin très apprécié par les enfants. Au bout de la localité, descendez pour rejoindre la voie ferrée et le pont sur la Versoix

3. Le tracé qui vous conduira sans grande difficulté à la gare de Genthod-Bellevue offre d’intéressants coups d’œil sur la rade. Longez la voie ferrée en ne manquant pas de saluer le taureau au regard inquisiteur.

4. Grimpez ensuite à Chambésy-Village où vous entrerez de plein fouet dans la Genève internationale. Villas, châteaux et ambassades se succèdent à un rythme fou. Au
niveau du domaine de Penthes, piquez du nez sur le jardin botanique.

5. Il vous reste alors à rejoindre la gare Cornavin par les quais puis de vous rendre à Bel-Air pour atteindre la vieille-ville.

6. Après une halte obligée à la cathédrale pour contempler le vitrail de saint Jacques, libre à vous de poursuivre en direction de Saconnex-d’Arve jusqu’au château de Compesières, siège d’une ancienne commanderie sur le chemin de Saint-Jacques, aujourd’hui musée de l’Ordre de Malte (comptez 1h45 de marche en plus).

Le retour se fait aisément en transports publics.

Curiosité

L’horloge Malbuisson et son carillon où défilent 42 personnages de bronze, au rythme de 16 cloches, sur le thème de l’Escalade, moment clé de l’histoire genevoise.

Coup de cœur

Le parc de jeux dans la forêt enchantée du jardin botanique.

Des « trésors » à partager

 

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTOS : DR

Pour s’essayer au menu de Loïs Auberson, c’est par ici : www.tresorsdesmonasteres.com

A seulement 17 ans, Loïs Auberson fonde Trésors des monas­tères, un site internet réunissant les produits confectionnés par des congrégations de Suisse romande.

Cette initiative vise à venir en aide aux monastères et communautés religieuses, privés de recettes en raison de la crise sanitaire.

Un menu monastique !

En apéro, une bière de l’Abbaye de Saint-Maurice. Un plat principal accompagné de légumes et de la sauce rouge de l’Abbaye de la Fille-Dieu de Romont. Le repas s’achève en douceur(s) avec des biscuits du Carmel et une tisane de l’Abbaye de la Maigrauge. Voilà le menu idéal de Loïs Auberson, car en fin gourmet, il a essayé toutes les spécialités qu’il propose sur le site qu’il a fondé pour promouvoir les produits monastiques du cru. « J’ai tout goûté », lance-t-il avec un ton malicieux dans la voix. Mais c’était pour la bonne cause. Il lui fallait se faire son propre avis afin de conseiller au mieux les futurs acheteurs.

Pour ce jeune Neuchâtelois, tout est allé très vite. A la lecture d’un article de presse, il découvre
les difficultés financières auxquelles les monastères romands doivent faire face à cause de la pandémie. Ni une, ni deux, il les approche pour leur proposer son idée. Et s’ils préparaient des coffrets surprise contenant leurs spécialités ?

Petit coffret deviendra grand

Le projet fonctionne tellement bien que Loïs Auberson décide de créer un site internet pour permettre aux personnes intéressées de s’abonner à ces fameux coffrets. « L’impulsion première était d’aider ces monastères par une action ponctuelle et aujourd’hui cela se prolonge par le biais de la vente en ligne. »

Douze communautés

De « petites mains » lui apportent un certain soutien logistique dans la préparation des coffrets, mais le jeune homme assume la plus grande partie de ce projet. Au-delà de l’aspect de soutien, cet engagement le porte dans sa vie de croyant. « Il y a dans la foi des moments de doute et de questionnement. Là, je sais que douze communautés pensent et prient pour moi. Je vois aussi ces religieuses et religieux comme des modèles. Passer autant d’années enracinées en Christ me rend admiratif. »

 

En librairie – décembre 2021

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Dieu – La Science – Les Preuves
Michel-Yves Bolloré – Olivier Bonnassies

C’est une question millénaire et qui opposait, en apparence, science et foi : existe-t-il un dieu créateur ? Les co-auteurs racontent comment les découvertes scientifiques, qui sont longtemps allées à l’encontre de la foi, peuvent désormais se ranger du côté de l’existence de Dieu dans de nombreux champs du savoir. Ainsi la question de l’origine de l’Univers, ou du passage de l’inerte au vivant, de l’immense complexité du code génétique et du réglage biologique ne peuvent être dus au hasard. Un livre qui nous permet d’avoir en main tous les éléments pour décider de ce que nous voulons croire en toute liberté.

Editions Guy Trédaniel

Acheter pour 40.80 CHF

Ne m’ôtez pas d’un doute 
Michel Sauquet

Crises « inédites », « tsunamis », ruptures « sans précédent ». Les mots ne manquent pas qui disent à quel point nos certitudes ont volé en éclats à l’épreuve de bien des événements récents. Ces violentes secousses ne cessent de conforter Michel Sauquet dans sa réflexion sur le rôle du doute et sur le danger de certitudes relevant davantage d’idéologies et de réactions impulsives que d’une prise de recul à l’égard de la complexité de la réalité. Avec un regard de chrétien, il interroge aussi la foi religieuse, souvent indissociable du doute. Celui-ci pouvant se révéler la meilleure et la pire des choses, il est salutaire d’en user de manière constructive, comme antidote aux fake news, au simplisme dogmatique et spirituel. 

Editions Salvator

Acheter pour 30.80 CHF

Dieu n’a pas réponse à tout  
Tonino Benacquista
Nicolas Barral

Dieu fait ce qu’il peut pour aider les hommes en difficulté ou ceux qui défendent une juste cause. Mais Dieu, parfois, est en proie au doute, et ne sait comment résoudre leurs problèmes. Il peut alors faire appel, au paradis ou au purgatoire, à celui qui saura lui donner un coup de main. Et c’est ainsi que Victor Hugo, Maria Callas, Gandhi et Michel Audiard vont être envoyés par le Seigneur en mission spéciale sur terre. Un plaisir de redécouvrir, dans cette BD, le duo redoutablement complice de Tonino Benacquista et de Nicolas Barral, dans un troisième tome drôlissime, spirituel…

Editions Dargaud

Acheter pour 25.50 CHF

Foi et Religion dans une société moderne   
Cardinal Joseph de Kesel

Face aux phénomènes contemporains – déjà anciens – de la sécularisation, de l’indifférence religieuse et de l’affaiblissement institutionnel : ce n’est pas par une culture de la confrontation ni par une tentative de retour à un passé révolu que le christianisme peut retrouver de l’audience et des couleurs en Europe, sinon il risque de s’isoler et de se couper du monde. Le salut de la mission universelle de l’Eglise dépend plutôt de son aptitude à faciliter une culture de la rencontre et du dialogue avec tous ceux qui veulent humaniser la société moderne et refusent la marginalisation de la religion de la sphère publique. C’est ce pari qu’expérimente d’ores et déjà le cardinal de Kesel dans une société belge profondément sécularisée. 

Editions Salvator

Acheter pour 22.80 CHF

Pour commander

Dieu ne joue pas aux dés

Souvent présentées comme inconciliables, la science et la foi ont pour tâche commune d’éclairer notre compréhension du monde. Plutôt que de l’expliquer définitivement, l’une et l’autre s’attellent à guider l’Homme à mesure qu’il explore ses limites.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : FLICKR, PIXABAY, PXHERE, DR

« Pour être scientifique et croyant, il faut faire du bricolage ! » lance Jean-François Bert lorsqu’on l’interroge sur la possibilité d’un mariage heureux entre science et foi. Chargé de cours à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), il propose à ses étudiants d’examiner minutieusement les rapports, souvent conflictuels, entre la recherche scientifique et la religion. Mais de fait, il demeure fermement convaincu qu’il n’est pas de bon augure de chercher à allier l’une et l’autre. Cette position, dite concordiste, lui paraît même dangereuse. « Cette tentative de concordisme élimine la frontière entre science et religion et pour un lecteur non averti, on ne sait plus très bien de quelle vérité on parle », car pour le sociologue « ce débat demeure fondamentalement centré sur la question de la vérité. Finalement, qui possède la légitimité et le pouvoir d’énoncer une vérité sur le monde ou le vivant ? ». Il est donc plus que nécessaire de trouver comment « répartir les modes de questionnement sur le monde ». Dont l’une des plus célèbres répartitions propose : à la religion le champ du « pourquoi » et à la science celui du « comment ».

Avoir réponse à tout

Roland Benz articule sa réflexion de la même manière, « la vérité scientifique et la vérité théologique existent bel et bien. Par contre, elles ne sont pas sur le même registre de langage. Chacun de ces deux domaines d’étude doit garder son rapport spécifique à la vérité ». Le pasteur retraité de l’Eglise protestante de Genève et lui-même ancien professeur de physique au collège (gymnase) ne cache pas son ironie face aux thèses créationnistes. « Elles font des récits de la Genèse des textes scientifiques. Comme si on pouvait décrire la complexité du monde en une seule page ! Ces textes ne donnent aucune information scientifique. Leur fonction est de nous inviter à recevoir le monde comme don d’un Autre, un monde ordonné et dédivinisé. » Par ailleurs, Lydia Jaeger, directrice des études à l’Institut biblique de Nogent, affirme que du côté scientifique il est essentiel « de reconnaître les limites de la science ainsi qu’une méthodologie différente d’avec la théologie ». La physicienne et théologienne soutient qu’« une grande partie du conflit émerge lorsqu’on attend de la science une réponse à tout ».

Une vérité vers laquelle tendre

Astrophysicien retraité, Pierre North va même encore plus loin. Il allègue que la science, pour elle-même, peut devenir une religion. Ses ardents défenseurs lui attribuent « une valeur métaphysique ». Mais « pour dire les choses franchement, la controverse n’a pas d’objet. La société en a fait un sujet de débat pour des raisons idéologiques ». Il est trop dérangeant pour certains d’accepter une possible cohabitation entre la rationalité de la science et l’apparente irrationalité de la foi. D’ailleurs, Pierre North s’insurge : « Dans n’importe quel métier, lorsqu’on se dit croyant, on tâche de pratiquer avec conscience et éthique, mais on ne demande pas à un vendeur de voitures si sa profession est compatible avec sa foi ! » Raphael Märki note tout de même que la science postule l’hypothèse d’un absolu et donc d’une vérité vers laquelle tendre. Ce physicien des hautes énergies nuance néanmoins : « Nous ne connaîtrons jamais complètement cette vérité. » Georges Meynet abonde dans le même sens. L’astrophysicien à l’Observatoire de Sauverny reprend l’analogie attribuée à Albert Einstein à son compte. Celle-ci définit « l’accumulation des connaissances comme une surface circulaire qui s’étend avec le temps et dont le rayon représente l’interface entre le connu et l’inconnu. Cela signifie que lorsque la connaissance s’agrandit, l’interface avec l’inconnu augmente d’autant ». Il faut donc rester humble et « accepter une limite qu’on ne pourra pas dépasser, tout en laissant place à l’inconnu et au mystère ».

Et dans les faits ?

Les scientifiques voient-ils un conflit entre la science et la foi ? Quels facteurs culturels façonnent les attitudes des scientifiques à l’égard de la religion ? Les scientifiques peuvent-ils contribuer à nous montrer une façon d’établir une collaboration entre les communautés scientifiques et religieuses, si tant est que de telles collaborations soient possibles ?

Pour répondre à ces questions, les auteurs de Secularity and Science : What Scientists Around the World Really Think About Religion (2019) ont réalisé une étude internationale d’envergure sur les attitudes des scientifiques à l’égard de la religion, en interrogeant plus de 20’000 scientifiques et en menant des entretiens approfondis avec plus de 600 d’entre eux. A partir des données récoltées, les auteurs essaient d’esquisser la relation qu’entretiennent des scientifiques du monde entier avec la foi. Le livre s’articule sur quatre axes de réflexion : les scientifiques religieux sont plus nombreux qu’on ne le pense ; la religion et la science se chevauchent dans le travail scientifique ; les scientifiques – même athées – voient de la spiritualité dans la science ; et enfin, l’idée que la religion et la science doivent s’opposer est principalement une invention de l’Occident.

Des lieux pour réfléchir et dialoguer

Plusieurs groupes de scientifiques chrétiens existent en francophonie. Sous l’impulsion des Groupes bibliques universitaires (GBU) un Réseau des scientifiques évangéliques a été lancé pour offrir aux chrétiens à profil scientifique un lieu de réflexion. Ce rassemblement profes­sionnel et étudiant poursuit notamment l’objectif de rendre disponible au public une réflexion rigoureuse sur les interactions possibles entre science et foi. Pour ce faire, le réseau organise, au moins une fois par an, un colloque réunissant scientifiques et théologiens pour débattre d’une question spécifique. Depuis une dizaine d’années, une branche romande de ce même réseau s’est aussi développée. Elle a été créée par le professeur émérite
de l’UNIL, Peter Clarke, un neuroscientifique reconnu, décédé des suites d’un cancer en 2015. L’autre réseau francophone a été fondé en 2001 pour susciter la réflexion entre scientifiques, philosophes et théologiens. Les membres du groupe Blaise Pascal (Sciences, Cultures et Foi) sont actifs dans l’enseignement et la recherche des domaines scientifiques, philosophiques ou théologiques en francophonie (Universités, Grandes Ecoles, CNRS, INSERM).

Noël, une fête d’adultes ou d’enfants ?

Dans notre culture chrétienne contemporaine, avec la fête de Noël arrivent les contes pour enfants, les cadeaux du Père Noël… Les fêtes de fin d’année, hormis les traditionnels repas, semblent parfois tournées uniquement vers les petits ou vers ceux qui auraient la foi d’une âme d’enfant.

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Synode sur la synodalité: à votre écoute

Deux ans pour une large concertation, qui veut aboutir à des réformes et à des actes, non pas à des empilements de papiers !

PAR L’ABBÉ ETIENNE CATZEFLIS
PHOTO: FR.ZENIT.ORG

En octobre, le pape François a inauguré le processus synodal qui va durer jusqu’en octobre 2022 : « Pour une Eglise synodale : communion, participation, mission ». Il attend de cela une dynamique d’écoute mutuelle, menée à tous les niveaux de l’Eglise, impliquant tout le peuple de Dieu.
En page 12 de ce bulletin, nous donnons quelques indications sur la manière d’opérer cette concertation dans notre secteur paroissial. Mais voici déjà des mots1 du Pape, qui développent la raison de cette démarche et l’accent particulier sur l’intégration des nonpratiquants.

Accepter le changement
L’Eglise des premiers chrétiens, dès le tout début, a dû évoluer, écouter l’Esprit en s’écoutant mutuellement, oser changer de direction, dépasser certaines croyances.
Il faut surmonter une rigidité, « qui est péché contre la patience de Dieu. »
Lorsque l’Eglise s’arrête, elle n’est plus Eglise, mais une belle et pieuse association parce qu’elle emprisonne l’Esprit Saint.
Rester immobiles ne peut pas être une bonne situation pour l’Eglise. Et le mouvement est une conséquence de la docilité à l’Esprit Saint.

Marcher ensemble
Il ne s’agit pas de récolter des opinions, non. Il ne s’agit pas d’une enquête, mais il s’agit d’écouter l’Esprit Saint.
La synodalité exprime la nature de l’Eglise, sa forme, son style, sa mission.
Le mot « synode » contient tout ce dont nous avons besoin pour comprendre : « marcher ensemble ».
Tous sont protagonistes, personne ne peut être considéré comme un simple figurant. Il faut bien comprendre cela : tous sont protagonistes.

La totalité des baptisés, notamment « les pauvres »
Il y a beaucoup de résistances pour surmonter l’image d’une Eglise qui distingue rigidement entre chefs et subordonnés, entre ceux qui enseignent et ceux qui doivent apprendre, en oubliant que Dieu aime renverser les positions : « Il a renversé les puissants de leurs trônes, il a exalté les humbles » (Lc 1, 52), a dit Marie.
« Mais, Père, que dites-vous ? Les pauvres, les mendiants, les jeunes drogués, tous ceux que la société met au rebut, font-ils partie du synode ? » Oui.
Les voir pour passer un peu de temps avec eux, pour entendre non pas ce qu’ils disent mais ce qu’ils ressentent, même les insultes qu’ils vous adressent, (…).
Le Synode est au-dessus des limites, il inclut tout le monde.

Le regard sur nos pauvretés
Faire place au dialogue sur nos pauvretés, les pauvretés que j’ai en tant que votre évêque, les pauvretés qu’ont les évêques (…), les pauvretés qu’ont les prêtres et les laïcs et ceux qui appartiennent à des associations, prenez toutes ces pauvretés !
Mais si nous n’incluons pas les pauvres – entre guillemets – de la société, ceux qui sont mis au rebut, nous ne pourrons jamais prendre en charge notre pauvreté. Et ceci est important : que dans le dialogue nos propres pauvretés puissent émerger, sans justification. N’ayez pas peur !

En paroisse
L’Esprit Saint, dans sa liberté, ne connaît pas de frontières et ne se laisse pas non plus limiter par les appartenances. Si la paroisse est la maison de tous dans le quartier, pas un club exclusif, je vous le recommande :
Laissez portes et fenêtres ouvertes, ne vous limitez pas à prendre en considération ceux qui la fréquentent ou pensent comme vous (…). Permettez à tous d’entrer… Permettez-vous d’aller à leur rencontre et laissez-vous interroger, que leurs questions soient les vôtres, permettez-nous de marcher ensemble : l’Esprit vous conduira, ayez confiance en l’Esprit. N’ayez pas peur d’entrer en dialogue et de vous laisser impliquer dans le dialogue : c’est le dialogue du salut.

1Extraits de son Discours aux fidèles du diocèse de Rome, salle Paul VI, 18.9.2021

L’art du dialogue

PAR NICOLAS MAURY
PHOTOS : CERN, DR

Souvenir télévisuel : en 1997 Claude Allègre est l’invité de Bernard Pivot. Pour mémoire, c’est lui qui, ministre de l’Education nationale du Gouvernement Jospin, voulait « dégraisser le mammouth ».

Ce soir-là à « Bouillon de culture », il fait la promotion de son livre « Dieu face à la Science ». Le sujet m’intéressant, je me suis rapidement procuré l’ouvrage. Pour n’y trouver, entre Darwin et Galilée, que beaucoup de lieux communs.

Si le titre affiche Dieu en grosses lettres, Claude Allègre ne l’évoque jamais, parlant uniquement de l’Eglise, de la curie, de l’inquisition. Ce qui, même si je ne suis pas spécialiste, n’est pas tout à fait la même chose. Une drôle de manière de clore le débat avant même de l’avoir commencé, non ?

La science et la religion participent de ce que le physicien et philosophe des sciences Etienne Klein nomme « les sphères de la vie de l’esprit ». Pour qu’un dialogue soit possible entre leurs thuriféraires, elles ne doivent ni être confondues, ni mélangées. Un élément que le paléontologue Stephan Jay Gould appelle le principe de non-superposition des magistères.

Sans vouloir étaler encore plus ma science (ndlr. ), il m’est quand même avis que non-superposition ne signifie pas forcément opposition.

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