Les dominicains

De nombreuses communautés composées de religieux ou de laïcs sont présentes en Suisse romande, comme autant de témoins de la vitalité et de la diversité de l’Eglise. Chaque mois, L’Essentiel dresse le « pedigree » de l’une d’entre elles, en mettant en évidence son charisme et en donnant la parole à l’un de ses membres.

PAR PASCAL ORTELLI
PHOTO : DR

Pour ouvrir cette nouvelle année, zoom sur les dominicains dont l’un de leurs illustres représentants, le théologien saint Thomas d’Aquin (1226-1274) est fêté le 28 janvier.

Nom officiel : Frères Prêcheurs.

Fondateur : Dominique de Caleruega (~ 1170-1221).

Date de fondation : autour de 1217.

Sigle : O.P. pour Ordo Pradicatorum.

Habit : tunique et scapulaire blancs accompagnés d’un capuce et occasionnellement d’une chape noire.

Organisation : ordre mendiant (comme les franciscains) formant une grande famille internationale composée de religieux-prêtres, de moniales contemplatives, de sœurs apostoliques et de laïcs.

Mission : annonce de l’Evangile au moyen d’une prédication nourrie par l’Eucharistie et la liturgie des Heures, l’étude contemplative et le rosaire et soutenue par une vie communautaire non cloîtrée guidée par la Règle de saint Augustin et des constitutions propres.

Présence en Suisse : Fribourg, via la communauté de Saint-Hyacinthe, couvent de formation de la province suisse et celle de l’Albertinum, couvent international placé directement sous la juridiction du maître de l’ordre à Rome, qui accueille les frères enseignants et doctorants de la faculté de théologie.
Zurich, via la mission catholique de langue française.
Genève, via la paroisse Saint-Paul en lien avec la délégation de l’ordre à l’ONU.

Particularité : mode de gouvernement très démocratique en Eglise.

Pour aller plus loin : Saint Dominique, neuf jours pour le découvrir (Ed. Saint-Augustin, 2021), le livre de frère Alexandre.

« Etre dominicain c’est… »

Frère Alexandre Frezzato, Fribourg

« Pour moi, frère prêcheur, c’est louer, bénir et prêcher le salut de Dieu offert en son Fils Jésus-Christ. Louer Dieu par la prière communautaire des offices quotidiens en communion avec l’Eglise dans le monde entier. Bénir notre Seigneur par la célébration des sacrements et l’étude théologique de la Vérité dans la Révélation de sa Parole et de la Tradition. Enfin, prêcher la justice et la miséricorde de Dieu à la suite des apôtres pour préparer les chemins du Seigneur en vue du salut des âmes. »

« Un temps pour changer »

PAR THIERRY SCHELLING 
PHOTOS : DR

On dirait Qohelet : un temps pour tout… François est régulièrement attaqué par ses détracteurs sur le fait… qu’il « nous change la religion » ! Critique facile et qui prouve que si changement il y a, il est justement dans l’esprit des évangiles : il doit gêner, râper aux encornures, déranger notre confort…

En temps de crise, un rebond de spiritualité oscille entre apocalypse et… espérance, justement, l’une des trois grandes vertus chrétiennes (avec la foi et la charité). La moins cernable, peut-être… mais depuis l’extraordinaire célébration du Vendredi saint 2020 (le Pape seul sur la place Saint-Pierre sous la pluie), ainsi que ses Angélus lors du pic de la pandémie, l’espérance n’a-t-elle pas pris corps plus concrètement ? Une des réponses du Pape est la publication d’un ouvrage, « Un temps pour changer » justement…

Un livre

Son livre, édité chez Flammarion en 2020, est une compilation des « conversations avec Austen Ivereigh », journaliste britannique et féru d’histoire de l’Eglise contemporaine (membre du Campion Hall d’Oxford). On y trouve des perles, qui « répondent » – dans le sens de « font écho » – à la situation actuelle du monde et de l’Eglise. Aperçu.

Citations

« J’ai toujours pensé que le monde semblait plus net depuis les marges… » ; « Il vaut mieux mourir après une courte vie au service des autres, qu’après une longue vie passée à résister à cet appel » ; « Chaque fois que, dans le monde, tu trouves une réponse claire, immédiate, personnelle et consolante qui propose une solution, Dieu est là. C’est là que son Esprit est présent » ; « Le signe que nos consciences ont été déformées par la technologie est notre mépris de la faiblesse » ; « J’ai appris l’importance de voir ce qu’il y a de grand dans les petites choses et de considérer ce qu’il y a de petit dans les grandes choses » ; « Notre plus grand pouvoir ne réside pas dans le respect que les autres ont pour nous mais dans le service que nous pouvons offrir aux autres »…

De quoi espérer qu’un lendemain meilleur est réalisable si on se laisse… changer, non ?

Jeux, jeunes et humour – janvier 2022

Par Marie-Claude Follonier

Question d’enfant

Qui est saint Sylvestre ?
Evêque de Rome et 33e pape, il a eu la lourde de tâche d’organiser l’Eglise à l’époque de l’empereur Constantin. Mort le 31 décembre 335, il a donné son nom au réveillon précédant le Nouvel An. L’origine de la fête remonte cependant à Jules César qui a fixé la date de la nouvelle année au 1er janvier. Les fêtes de la veille étaient appelées « Sigillaires » et clôturaient les Saturnales de décembre.

par Pascal Ortelli

Humour

Un fermier valaisan se rend chez son curé et lui demande s’il peut célébrer une cérémonie de sépulture pour son chien qui vient de mourir. Le prêtre lui répond que ce n’est pas possible chez les catholiques et l’invite à aller trouver le Pasteur qui entrera certainement en matière. Le fermier lui pose alors la question : « Pensez-vous qu’en lui donnant Fr. 10’000.– cela contribuerait à le décider ? » Le curé se reprenant : « Mon bon monsieur, pourquoi ne pas m’avoir dit plus tôt que votre chien était catholique ! »

par Calixte Dubosson

Vitraux d’Edmond Bille, Basilique de Saint-Maurice

PAR AMANDINE BEFFA
PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

Conçus comme une tapisserie lumineuse, les vitraux d’Edmond Bille nous racontent l’histoire de saint Maurice et de ses compagnons. L’artiste suisse a réalisé une série de treize vitraux que l’on a qualifiés de « beau poème de pierre ».

Plusieurs versions

S’il existe plusieurs versions de la raison ayant poussé l’Empereur Maximien à ordonner la mort des soldats et de leurs chefs, Bille retient celle du refus de sacrifier aux dieux romains.

Au premier registre (la partie du bas), saint Maurice se détourne de l’Empereur, monté sur un cheval. De ses mains, le saint indique le refus de suivre l’ordre qui lui est donné. Il regarde vers le sol où sont déposés son épée et son casque. Il indique ainsi que sa loyauté ne va pas à Rome.

Au second registre (la partie du haut), la légion est décimée. Cette pratique impliquait de faire tuer un soldat sur dix par ses camarades. Ceux qui périssaient servaient d’exemple aux autres.

Dans la partie arrondie de la lancette, on peut voir les palmes, symboles des martyrs. En effet, nous le savons, saint Maurice et ses compagnons ont choisi de rester fidèles jusqu’au bout à la foi chrétienne.

La scène est surmontée d’un veau d’or qui renvoie à l’Exode (Ex 32). Perdant courage et se mettant à douter, le peuple avait choisi la facilité d’un dieu qu’il pouvait voir et toucher.

Au bout de la confiance

On peut se demander si choisir un vitrail représentant un martyre est ce qu’il y a de plus joyeux pour commencer l’année. Mais, ce qui est mis en valeur avec les martyrs n’est pas leur souffrance, mais leur fidélité. Ils sont allés jusqu’au bout de la foi, jusqu’au bout de la confiance, même dans la peur et le doute. Ce que nous rappelons, c’est la façon dont, à l’image du Christ, ils ont aimé jusqu’au bout (Jean 13, 1).

En ce début d’année, ils peuvent donc nous interroger sur nos petits reniements quotidiens, et nous inviter, pourquoi pas, à prendre la bonne résolution de la confiance pour 2022.

En librairie – janvier 2022

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Mille conseils d’un vieux hibou pour réussir sa vie
Guy Gilbert

Le « vieux hibou » est de retour. C’est lui-même qui se qualifie ainsi, dans son nouveau livre qui sort ces jours-ci et dont les phrases toniques font du bien, au cœur de notre époque insensée. En parcourant Mille conseils d’un vieux hibou pour réussir sa vie on ne lit pas, on entend la voix du père Guy Gilbert, cette façon inimitable que ce prêtre a de parler direct, avec ces formules bien à lui, qui bousculent. C’est une chance de pouvoir bénéficier de la sagesse des « anciens » pour éclairer nos vies. Un vieux hibou décidément toujours sagace !

Editions Philippe Rey

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La grande aventure paroissiale du père Jean-Michel
Hervé Rabec

La paroisse Sainte-Rita se meurt… Comme pour tant d’autres, malgré la bonne volonté des bénévoles, il y a de moins en moins de monde à la messe, à l’aumônerie, aux activités paroissiales. Epuisé, découragé, le père Jean-Michel a envie de jeter l’éponge. Mais c’est sans compter sur l’amitié et les drôles d’idées de son évêque, sans parler de l’étrange visite d’une limousine à la nuit tombée… Alors, bien que ni son âge ni son amertume ne le laissait présumer, le père Jean-Michel va lancer sa paroisse dans un projet un peu fou.

Editions Quasar

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Saint François de Sales et sainte Jeanne de Chantal
Christophe Hadevis

A l’aube du XVIIe siècle, la Genève protestante a chassé son évêque. Depuis Annecy, François de Sales entreprend une profonde réforme de la vie chrétienne, rappelant que Dieu veut agir dans le cœur de chaque homme et de chaque femme. Sa rencontre en 1604 avec Jeanne de Chantal débouche sur une amitié spirituelle qui fera date dans l’histoire de l’Eglise et aboutira à la naissance d’un nouvel ordre monastique féminin : la Visitation Sainte-Marie. Cette bande dessinée historique et hagiographique présente le parcours de ces deux grands mystiques qui constituent de beaux modèles pour grandir dans la vie de foi.

Editions Pierre Téqui

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Un couple et sept couffins
Michel Simonet

Michel Simonet est cantonnier à Fribourg. Une Rose et un Balai, en 2017, consacré à la description pleine d’humour de son métier, fut son premier livre. Un ouvrage qui connut un succès exceptionnel, tant a séduit la succession de scènes et de portraits étonnamment proches de la poésie là où l’on ne pensait pas devoir la trouver. Ce second opus s’attache à l’autre versant de son existence : celui de père d’une famille nombreuse, dont il retrace ici la « geste » quotidienne, allant retrouver dans tous les détails de la vie la même source de joie et d’amusement propice à des méditations inattendues. Le texte est suivi de nouvelles remarques sur son métier, Lettres du littering, qui nous fait renouer avec le bonheur des rencontres imprévues au détour des rues.

Editions Faim de siècle

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Notre espérance face aux crises

PAR PIERRE PRALONG, CHERMIGNON-D’EN BAS
PHOTO : ICONE ANASTASIS DE LA RÉSURRECTION

N’avons-nous pas tous des rêves, des désirs et des espoirs ? Notre vie ne s’en nourrit-elle pas ? Chaque étape de notre vie nous permet de faire des pas en avant dans ces désirs, rêves et espérances. Cependant, la réalité nous plaque parfois au sol ! Que ce soit la récession économique, les épidémies, la crise de la foi et bien d’autres épreuves.

Voilà notre espérance : croire Dieu ! Nous savons que nous le verrons dans ce face à face le jour de notre mort. L’espérance nous fait entrevoir la béatitude, les cieux, la joie des élus, la communion parfaite avec Lui.

Nous bâtissons (ou essayons de bâtir) un monde plus juste, mais souvent cela se limite à notre pouvoir et notre raison. C’est pourquoi, nous avons besoin de cette espérance qui ouvre les portes à l’impossible ! Cette grande espérance dépasse nos raisonnements et nos limites car elle est à dimension divine : l’espérance chrétienne désire Dieu et attend tout de sa main.La véritable espérance surprend, dépasse les attentes et les possibilités immédiates, elle est la promesse d’un don au-delà de nos capacités.

En 1984, avec mon épouse Aline, nous avions planifié de nous rendre, avec toute la famille, en Vendée pour les vacances d’été. Comme Ars était sur notre route, nous avons décidé de nous y arrêter un jour car un rassemblement charismatique y était organisé par la communauté du Chemin-Neuf.

C’est lors de ce rassemblement charismatique que j’ai reçu la douche du Saint Esprit. J’en ai pleuré de joie. J’ai senti l’amour du Seigneur au tréfonds de mon coeur. C’est à ce moment-là, que j’ai reçu, dans mon coeur, la grâce de la foi et de l’espérance avec la certitude que ma fille Elisabeth, qui se droguait depuis huit ans, guérirait, se libérerait de sa dépendance.

A chaque fois que j’ai eu l’opportunité, l’occasion de témoigner, je disais à quel point le fait d’avoir un enfant qui se drogue était une grande épreuve, et ce, pour toute la famille. Cependant, ayant plein d’espérance avec le Seigneur, le fardeau était plus léger et j’avais toujours cette conviction que ma fille s’en sortirait.

En 1986, alors que je témoignais à l’église de Saint-Maurice de Laques, Le Père Jean-Marie, mécanicien à cette époque, se tenait à l’extérieur de ladite église, en compagnie de ma fille Elisabeth. Comme il y avait des haut-parleurs à l’extérieur, ma fille a entendu mon témoignage et, à ma sortie de l’église, elle m’a traité de « fou » en me disant : « Papa, pourquoi dis-tu des choses pareilles, jamais je ne m’en sortirai ! » Je lui ai répondu : « Toi, tu ne crois pas, ce n’est pas grave, j’espère et je crois pour toi ! ». Douze ans plus tard, douze ans durant lesquels j’ai témoigné, le Seigneur l’a guérie, l’a libérée après vingt ans de dépendance à la drogue. Merci Seigneur !

L’espérance devient une vertu, c’est-à-dire une force. Car tout s’appuie alors « non sur la sagesse des hommes mais sur la puissance de Dieu » (1 Co, 2-5). « C’est pourquoi je vous le dis : Tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous l’avez déjà reçu et cela vous sera accordé » (Mt 21, 21-24).

Science et Religion

Aucune institution n’a fourni autant de moyens à l’étude de l’astronomie, liée d’ailleurs à celle des mathématiques, que l’Eglise catholique entre le XIIe et le XVIIIe siècle. Jusqu’au XIXe siècle, la Science ne se distinguait pas de la «philosophie naturelle».

PAR PIERRE GUILLEMIN | PHOTOS : DR

« L’histoire de la pensée scientifique est étroitement liée à celle de la religion et comporte bien plus de continuités que de discontinuités », écrit Tom McLeish, physicien de l’université de York. Rappelons l’histoire de l’évêque de Lincoln Robert Grosseteste qui, au XIIIe siècle, en Angleterre, recueillait les enseignements d’Aristote des savants arabes, faisant figure de pionnier, puisqu’il eut l’intuition du big-bang. On trouve même dans ses écrits l’idée du multivers : une série de fluctuations parallèles à notre propre univers, régies par d’autres lois, d’autres constantes…

Le Collège romain est créé en 1551 à Rome par Ignace de Loyola, une dizaine d’années après la fondation de la Compagnie de Jésus. Ouverte comme école de grammaire, l’institution se développe rapidement et devient, dès la fin du XVIe siècle, une institution académique d’enseignement supérieur couvrant tous les champs du savoir scientifique et scolastique et servant de scolasticat jésuite tout en étant université ecclésiastique. En hommage de reconnaissance au pape Grégoire XIII qui en fut un insigne bienfaiteur, le Collège romain prend plus tard le nom d’Université grégorienne. Sur le mur extérieur de l’édifice, on lit : « Grégoire XIII : pour la religion et la connaissance. » On ne peut écrire mieux combien Science, Connaissance et Religion ne sont pas contradictoires.

Pourtant, nous nous souvenons de Galilée jugé par le Tribunal de l’Inquisition pour avoir remis en cause la théorie selon laquelle la Terre serait le centre de l’univers et forcé à abjurer sa théorie héliocentrique. L’Eglise de cette époque (première moitié du XVIIe siècle) s’appuie sur les travaux du mathématicien grec Ptolémée (Ier siècle après Jésus-Christ) qui décrit les mouvements célestes en considérant que les astres tournent autour de la Terre. Il faudra donc quatorze siècles pour que Copernic d’abord, puis Galilée ensuite, remettent en question cette théorie et élaborent à partir des mathématiques et des observations astronomiques une nouvelle vision de l’univers. Viendront ensuite Képler et Newton (tous deux mathématiciens, physiciens, philosophes) qui décriront les lois de la mécanique classique et de l’attraction des corps entre eux.

Mais ce n’est pas tant la Science contre laquelle l’Eglise s’est opposée mais plutôt la remise en cause éventuelle de la place qu’occupe notre monde dans l’univers et par conséquent pour l’Eglise des XVIe et XVIIe siècles le rôle et la place de Dieu dans ce même univers.

Pourtant, l’Evangile ne rejette pas la Science. Il la transcende par les miracles que Jésus accomplit sans pour autant condamner celui ou celle qui cherche et s’interroge. Deux exemples parmi tant d’autres, illustrent cette attitude d’ouverture de Jésus : la Nativité et la Résurrection.

Selon l’évangile de l’apôtre Matthieu, des voyageurs viennent de très loin lui rendre hommage et le reconnaître. Qu’ont-ils fait pour trouver leur chemin ? Ils ont suivi une étoile apparue dans le ciel pour les guider vers Bethléem. L’apparition de l’étoile est miraculeuse en soi (les astronomes modernes ne sont toujours pas d’accord pour expliquer avec certitude ce qu’était cet objet céleste) mais la décision de la suivre est une démarche scientifique : elle répond en effet à des questions précises pour ces lointains visiteurs comme : quel est le message ? Pourquoi cet enfant ? Quel est cet endroit ? Où allons-nous ?

Lorsque Jésus ressuscite, l’apôtre Thomas refuse de croire, avant d’avoir vu les preuves de la Crucifixion : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous et si je mets ma main dans son côté, je ne croirai pas. » Jésus répond : « Avance ici ton doigt et regarde mes mains ; avance aussi ta main et mets-la dans mon côté ; ne sois pas incrédule mais sois croyant. » Puis : « Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru ! » (Jean, 24-29).

La question fait partie de la démarche scientifique : quand, pourquoi, comment… sont typiques des questions des scientifiques. Pour mémoire, la démarche scientifique se base sur quatre règles fondamentales :

• La neutralité.

• La prise en compte des échecs.

• Le doute.

• L’expérience pratique doit confirmer la théorie.

Ainsi, l’apôtre Matthieu adopte une démarche scientifique dans ses questions. Jésus ne rejette pas Matthieu et lui répond sans colère, mais en l’invitant à « voir » au-delà et à croire. Galilée n’est pas en contradiction avec la Religion lorsqu’il écrit : « La philosophie est écrite dans ce vaste livre qui constamment se tient ouvert devant nos yeux (je veux dire l’Univers) et on ne peut le comprendre si d’abord on n’apprend pas à connaître la langue et les caractères dans lesquels il est écrit. Or il
est écrit en langue mathématique et ses caractères sont les triangles, les cercles et autres figures géométriques, sans lesquelles il est humainement impossible d’en comprendre un seul mot, sans lesquelles on erre vraiment dans un labyrinthe obscur. » (Galileo Galilei, « L’Essayeur », 1623)

Deux questions scientifiques actuelles, parmi tant d’autres, faisant écho au message religieux : « C’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire pour les siècles des siècles » ou encore « son règne n’aura pas de fin ». La Science actuelle répond que l’univers que nous connaissons n’est pas éternel, notre Soleil mourra (dans quelques milliards d’années), notre galaxie mourra et l’Univers tel que nous le connaissons ou le percevons aujourd’hui a une durée de vie finie. Contradiction avec la Religion ? Non ! L’univers de Dieu n’est pas celui que nous voyons, que nos instruments scientifiques analysent et notre Foi nous invite, comme Jésus le fit pour saint Matthieu, à croire en l’éternité de Dieu ce qui n’empêche pas la recherche ni la découverte afin de mieux comprendre la magnificence de l’univers et de la nature.

Dieu existe-t-il ? Dr Christoph Benzmüller, professeur à l’université de Berlin et mathématicien, est le premier à pouvoir l’affirmer avec certitude dans sa récente publication « A (Simplified) Supreme Being Necessarily Exists, says the Computer : Computationally Explored Variants of Godel’s Ontological Argument », 2020 : « Dieu, dans sa définition la plus répandue en métaphysique, existe nécessairement. On ne peut penser un monde dans lequel il n’existerait pas. » Cette assurance, ce chercheur de l’université de Berlin la tire des mathématiques et de leur cœur même, la logique. Mieux : il la fonde sur la capacité de l’informatique à valider sans erreur possible les démonstrations. Son logiciel a vérifié la justesse de l’argument ontologique selon lequel l’existence de Dieu est nécessaire à tout système de pensée logique. Et l’ordinateur a parlé : « L’énoncé « Dieu existe » est une proposition vraie au sens logique et mathématique », assène Christoph Benzmüller.

Finalement, laissons à saint Thomas d’Aquin le soin de réconcilier Science et Religion en écrivant : « La raison est capable de saisir Dieu dans ses œuvres ; car l’existence de Dieu est révélée par ses effets : on voit Dieu invisible dans ses effets visibles. »

Science et foi font bon ménage

PAR SERGE LILLO
PHOTO : LDD

Ce numéro de L’Essentiel est consacré à la relation entre la science et la foi. Si nous entendons souvent que ce sont deux mondes qui s’opposent, que nous ne pouvons pas croire en Dieu et en même temps nous appuyer sur la science, l’Eglise et bien des scientifiques affirment le contraire.

« Un peu de science éloigne de Dieu, mais beaucoup y ramène » disait Louis Pasteur. En effet, beaucoup de grands scientifiques sont convaincus que l’homme est créature de Dieu ; et ils travaillent toute leur vie pour comprendre Sa création. Ils sont en admiration, comme Thomas Edison, l’inventeur de l’ampoule électrique et qui disait : « J’admire tous les ingénieurs, mais surtout le plus grand d’entre eux : Dieu ! »

Plus proche de nous, Dembski, savant mathématicien renommé, souligne que la science est une tentative pour comprendre le monde : « Le monde est la création de Dieu, et les savants dans leur compréhension du monde reconstituent simplement les pensées de Dieu. Les savants ne sont pas des créateurs mais des découvreurs… La chose importante concernant l’acte de création est qu’elle révèle le Créateur. L’acte de création porte toujours la signature du Créateur. » (William Dembski, The Act of Creation). Ses paroles font écho au livre de la Sagesse : « La grandeur et la beauté des créatures font, par analogie, contempler leur Auteur. » (Sg 13, 5)

La foi en Dieu créateur alliée à notre intelligence nous permettent de nous émerveiller et de comprendre de plus en plus le monde qui nous entoure, comme le souligne Jean-Paul II dans son encyclique « Fides et Ratio » : « La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité. C’est Dieu qui a mis au cœur de l’homme le désir de connaître la vérité et, au terme, de Le connaître lui-même afin que, Le connaissant et L’aimant, il puisse atteindre la pleine vérité sur lui-même (cf. Ex 33, 18 ; Ps 27 [26], 8-9 ; 63 [62], 2-3 ; Jn 14, 8 ; 1 Jn 3, 2).

En d’autres termes, science et foi sont indissociables et complémentaires à la compréhension du monde qui nous entoure.

Bonne lecture !

Un contenu signé par des passionnés

L’équipe de la Rédaction romande de L’Essentiel est composée de journalistes professionnels et de prêtres et laïcs engagés dans les deux diocèses de Suisse romande. Ensemble, ils sont le garant d’une juste présentation de la réalité pastorale romande. Car c’est une évidence, la réalité de terrain n’est pas la même à Meyrin, Echallens, Marly, Neuchâtel ou au Val de Bagnes.

Rédacteur en chef
Nicolas Maury

L’Essentiel, votre magazine paroissial
C.P. 51
1890 St-Maurice
Tél +41 24 486 05 25
bpf@staugustin.ch

Rédaction Pfarrblatt
Soeur Catherine Jerusalem

NICOLAS MAURY

Journaliste RP, rédacteur en chef, Saint-Maurice

Sr CATHERINE JERUSALEM

Membre du conseil d’administration, responsable du Pfarrblatt, Saint-Maurice

PASCAL ORTELLI

Responsable des Editions livres et assistant universitaire en théologie à Fribourg

Abbé FRANCOIS-XAVIER AMHERDT

Abbé et professeur à l’Université de Fribourg

CALIXTE DUBOSSON

Chanoine de l’Abbaye de Saint-Maurice et prêtre en paroisse, Valais

Abbé THIERRY SCHELLING

Curé-modérateur de l’UP Renens-Bussigny, Renens

AMANDINE BEFFA

Assistante pastorale à Genève

MYRIAM BETTENS

Journaliste indépendante et théologienne

En librairie – décembre 2021

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Dieu – La Science – Les Preuves
Michel-Yves Bolloré – Olivier Bonnassies

C’est une question millénaire et qui opposait, en apparence, science et foi : existe-t-il un dieu créateur ? Les co-auteurs racontent comment les découvertes scientifiques, qui sont longtemps allées à l’encontre de la foi, peuvent désormais se ranger du côté de l’existence de Dieu dans de nombreux champs du savoir. Ainsi la question de l’origine de l’Univers, ou du passage de l’inerte au vivant, de l’immense complexité du code génétique et du réglage biologique ne peuvent être dus au hasard. Un livre qui nous permet d’avoir en main tous les éléments pour décider de ce que nous voulons croire en toute liberté.

Editions Guy Trédaniel

Acheter pour 40.80 CHF

Ne m’ôtez pas d’un doute 
Michel Sauquet

Crises « inédites », « tsunamis », ruptures « sans précédent ». Les mots ne manquent pas qui disent à quel point nos certitudes ont volé en éclats à l’épreuve de bien des événements récents. Ces violentes secousses ne cessent de conforter Michel Sauquet dans sa réflexion sur le rôle du doute et sur le danger de certitudes relevant davantage d’idéologies et de réactions impulsives que d’une prise de recul à l’égard de la complexité de la réalité. Avec un regard de chrétien, il interroge aussi la foi religieuse, souvent indissociable du doute. Celui-ci pouvant se révéler la meilleure et la pire des choses, il est salutaire d’en user de manière constructive, comme antidote aux fake news, au simplisme dogmatique et spirituel. 

Editions Salvator

Acheter pour 30.80 CHF

Dieu n’a pas réponse à tout  
Tonino Benacquista
Nicolas Barral

Dieu fait ce qu’il peut pour aider les hommes en difficulté ou ceux qui défendent une juste cause. Mais Dieu, parfois, est en proie au doute, et ne sait comment résoudre leurs problèmes. Il peut alors faire appel, au paradis ou au purgatoire, à celui qui saura lui donner un coup de main. Et c’est ainsi que Victor Hugo, Maria Callas, Gandhi et Michel Audiard vont être envoyés par le Seigneur en mission spéciale sur terre. Un plaisir de redécouvrir, dans cette BD, le duo redoutablement complice de Tonino Benacquista et de Nicolas Barral, dans un troisième tome drôlissime, spirituel…

Editions Dargaud

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Foi et Religion dans une société moderne   
Cardinal Joseph de Kesel

Face aux phénomènes contemporains – déjà anciens – de la sécularisation, de l’indifférence religieuse et de l’affaiblissement institutionnel : ce n’est pas par une culture de la confrontation ni par une tentative de retour à un passé révolu que le christianisme peut retrouver de l’audience et des couleurs en Europe, sinon il risque de s’isoler et de se couper du monde. Le salut de la mission universelle de l’Eglise dépend plutôt de son aptitude à faciliter une culture de la rencontre et du dialogue avec tous ceux qui veulent humaniser la société moderne et refusent la marginalisation de la religion de la sphère publique. C’est ce pari qu’expérimente d’ores et déjà le cardinal de Kesel dans une société belge profondément sécularisée. 

Editions Salvator

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Dieu ne joue pas aux dés

Souvent présentées comme inconciliables, la science et la foi ont pour tâche commune d’éclairer notre compréhension du monde. Plutôt que de l’expliquer définitivement, l’une et l’autre s’attellent à guider l’Homme à mesure qu’il explore ses limites.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : FLICKR, PIXABAY, PXHERE, DR

« Pour être scientifique et croyant, il faut faire du bricolage ! » lance Jean-François Bert lorsqu’on l’interroge sur la possibilité d’un mariage heureux entre science et foi. Chargé de cours à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), il propose à ses étudiants d’examiner minutieusement les rapports, souvent conflictuels, entre la recherche scientifique et la religion. Mais de fait, il demeure fermement convaincu qu’il n’est pas de bon augure de chercher à allier l’une et l’autre. Cette position, dite concordiste, lui paraît même dangereuse. « Cette tentative de concordisme élimine la frontière entre science et religion et pour un lecteur non averti, on ne sait plus très bien de quelle vérité on parle », car pour le sociologue « ce débat demeure fondamentalement centré sur la question de la vérité. Finalement, qui possède la légitimité et le pouvoir d’énoncer une vérité sur le monde ou le vivant ? ». Il est donc plus que nécessaire de trouver comment « répartir les modes de questionnement sur le monde ». Dont l’une des plus célèbres répartitions propose : à la religion le champ du « pourquoi » et à la science celui du « comment ».

Avoir réponse à tout

Roland Benz articule sa réflexion de la même manière, « la vérité scientifique et la vérité théologique existent bel et bien. Par contre, elles ne sont pas sur le même registre de langage. Chacun de ces deux domaines d’étude doit garder son rapport spécifique à la vérité ». Le pasteur retraité de l’Eglise protestante de Genève et lui-même ancien professeur de physique au collège (gymnase) ne cache pas son ironie face aux thèses créationnistes. « Elles font des récits de la Genèse des textes scientifiques. Comme si on pouvait décrire la complexité du monde en une seule page ! Ces textes ne donnent aucune information scientifique. Leur fonction est de nous inviter à recevoir le monde comme don d’un Autre, un monde ordonné et dédivinisé. » Par ailleurs, Lydia Jaeger, directrice des études à l’Institut biblique de Nogent, affirme que du côté scientifique il est essentiel « de reconnaître les limites de la science ainsi qu’une méthodologie différente d’avec la théologie ». La physicienne et théologienne soutient qu’« une grande partie du conflit émerge lorsqu’on attend de la science une réponse à tout ».

Une vérité vers laquelle tendre

Astrophysicien retraité, Pierre North va même encore plus loin. Il allègue que la science, pour elle-même, peut devenir une religion. Ses ardents défenseurs lui attribuent « une valeur métaphysique ». Mais « pour dire les choses franchement, la controverse n’a pas d’objet. La société en a fait un sujet de débat pour des raisons idéologiques ». Il est trop dérangeant pour certains d’accepter une possible cohabitation entre la rationalité de la science et l’apparente irrationalité de la foi. D’ailleurs, Pierre North s’insurge : « Dans n’importe quel métier, lorsqu’on se dit croyant, on tâche de pratiquer avec conscience et éthique, mais on ne demande pas à un vendeur de voitures si sa profession est compatible avec sa foi ! » Raphael Märki note tout de même que la science postule l’hypothèse d’un absolu et donc d’une vérité vers laquelle tendre. Ce physicien des hautes énergies nuance néanmoins : « Nous ne connaîtrons jamais complètement cette vérité. » Georges Meynet abonde dans le même sens. L’astrophysicien à l’Observatoire de Sauverny reprend l’analogie attribuée à Albert Einstein à son compte. Celle-ci définit « l’accumulation des connaissances comme une surface circulaire qui s’étend avec le temps et dont le rayon représente l’interface entre le connu et l’inconnu. Cela signifie que lorsque la connaissance s’agrandit, l’interface avec l’inconnu augmente d’autant ». Il faut donc rester humble et « accepter une limite qu’on ne pourra pas dépasser, tout en laissant place à l’inconnu et au mystère ».

Et dans les faits ?

Les scientifiques voient-ils un conflit entre la science et la foi ? Quels facteurs culturels façonnent les attitudes des scientifiques à l’égard de la religion ? Les scientifiques peuvent-ils contribuer à nous montrer une façon d’établir une collaboration entre les communautés scientifiques et religieuses, si tant est que de telles collaborations soient possibles ?

Pour répondre à ces questions, les auteurs de Secularity and Science : What Scientists Around the World Really Think About Religion (2019) ont réalisé une étude internationale d’envergure sur les attitudes des scientifiques à l’égard de la religion, en interrogeant plus de 20’000 scientifiques et en menant des entretiens approfondis avec plus de 600 d’entre eux. A partir des données récoltées, les auteurs essaient d’esquisser la relation qu’entretiennent des scientifiques du monde entier avec la foi. Le livre s’articule sur quatre axes de réflexion : les scientifiques religieux sont plus nombreux qu’on ne le pense ; la religion et la science se chevauchent dans le travail scientifique ; les scientifiques – même athées – voient de la spiritualité dans la science ; et enfin, l’idée que la religion et la science doivent s’opposer est principalement une invention de l’Occident.

Des lieux pour réfléchir et dialoguer

Plusieurs groupes de scientifiques chrétiens existent en francophonie. Sous l’impulsion des Groupes bibliques universitaires (GBU) un Réseau des scientifiques évangéliques a été lancé pour offrir aux chrétiens à profil scientifique un lieu de réflexion. Ce rassemblement profes­sionnel et étudiant poursuit notamment l’objectif de rendre disponible au public une réflexion rigoureuse sur les interactions possibles entre science et foi. Pour ce faire, le réseau organise, au moins une fois par an, un colloque réunissant scientifiques et théologiens pour débattre d’une question spécifique. Depuis une dizaine d’années, une branche romande de ce même réseau s’est aussi développée. Elle a été créée par le professeur émérite
de l’UNIL, Peter Clarke, un neuroscientifique reconnu, décédé des suites d’un cancer en 2015. L’autre réseau francophone a été fondé en 2001 pour susciter la réflexion entre scientifiques, philosophes et théologiens. Les membres du groupe Blaise Pascal (Sciences, Cultures et Foi) sont actifs dans l’enseignement et la recherche des domaines scientifiques, philosophiques ou théologiques en francophonie (Universités, Grandes Ecoles, CNRS, INSERM).

Noël, une fête d’adultes ou d’enfants ?

Dans notre culture chrétienne contemporaine, avec la fête de Noël arrivent les contes pour enfants, les cadeaux du Père Noël… Les fêtes de fin d’année, hormis les traditionnels repas, semblent parfois tournées uniquement vers les petits ou vers ceux qui auraient la foi d’une âme d’enfant.

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Synode sur la synodalité: à votre écoute

Deux ans pour une large concertation, qui veut aboutir à des réformes et à des actes, non pas à des empilements de papiers !

PAR L’ABBÉ ETIENNE CATZEFLIS
PHOTO: FR.ZENIT.ORG

En octobre, le pape François a inauguré le processus synodal qui va durer jusqu’en octobre 2022 : « Pour une Eglise synodale : communion, participation, mission ». Il attend de cela une dynamique d’écoute mutuelle, menée à tous les niveaux de l’Eglise, impliquant tout le peuple de Dieu.
En page 12 de ce bulletin, nous donnons quelques indications sur la manière d’opérer cette concertation dans notre secteur paroissial. Mais voici déjà des mots1 du Pape, qui développent la raison de cette démarche et l’accent particulier sur l’intégration des nonpratiquants.

Accepter le changement
L’Eglise des premiers chrétiens, dès le tout début, a dû évoluer, écouter l’Esprit en s’écoutant mutuellement, oser changer de direction, dépasser certaines croyances.
Il faut surmonter une rigidité, « qui est péché contre la patience de Dieu. »
Lorsque l’Eglise s’arrête, elle n’est plus Eglise, mais une belle et pieuse association parce qu’elle emprisonne l’Esprit Saint.
Rester immobiles ne peut pas être une bonne situation pour l’Eglise. Et le mouvement est une conséquence de la docilité à l’Esprit Saint.

Marcher ensemble
Il ne s’agit pas de récolter des opinions, non. Il ne s’agit pas d’une enquête, mais il s’agit d’écouter l’Esprit Saint.
La synodalité exprime la nature de l’Eglise, sa forme, son style, sa mission.
Le mot « synode » contient tout ce dont nous avons besoin pour comprendre : « marcher ensemble ».
Tous sont protagonistes, personne ne peut être considéré comme un simple figurant. Il faut bien comprendre cela : tous sont protagonistes.

La totalité des baptisés, notamment « les pauvres »
Il y a beaucoup de résistances pour surmonter l’image d’une Eglise qui distingue rigidement entre chefs et subordonnés, entre ceux qui enseignent et ceux qui doivent apprendre, en oubliant que Dieu aime renverser les positions : « Il a renversé les puissants de leurs trônes, il a exalté les humbles » (Lc 1, 52), a dit Marie.
« Mais, Père, que dites-vous ? Les pauvres, les mendiants, les jeunes drogués, tous ceux que la société met au rebut, font-ils partie du synode ? » Oui.
Les voir pour passer un peu de temps avec eux, pour entendre non pas ce qu’ils disent mais ce qu’ils ressentent, même les insultes qu’ils vous adressent, (…).
Le Synode est au-dessus des limites, il inclut tout le monde.

Le regard sur nos pauvretés
Faire place au dialogue sur nos pauvretés, les pauvretés que j’ai en tant que votre évêque, les pauvretés qu’ont les évêques (…), les pauvretés qu’ont les prêtres et les laïcs et ceux qui appartiennent à des associations, prenez toutes ces pauvretés !
Mais si nous n’incluons pas les pauvres – entre guillemets – de la société, ceux qui sont mis au rebut, nous ne pourrons jamais prendre en charge notre pauvreté. Et ceci est important : que dans le dialogue nos propres pauvretés puissent émerger, sans justification. N’ayez pas peur !

En paroisse
L’Esprit Saint, dans sa liberté, ne connaît pas de frontières et ne se laisse pas non plus limiter par les appartenances. Si la paroisse est la maison de tous dans le quartier, pas un club exclusif, je vous le recommande :
Laissez portes et fenêtres ouvertes, ne vous limitez pas à prendre en considération ceux qui la fréquentent ou pensent comme vous (…). Permettez à tous d’entrer… Permettez-vous d’aller à leur rencontre et laissez-vous interroger, que leurs questions soient les vôtres, permettez-nous de marcher ensemble : l’Esprit vous conduira, ayez confiance en l’Esprit. N’ayez pas peur d’entrer en dialogue et de vous laisser impliquer dans le dialogue : c’est le dialogue du salut.

1Extraits de son Discours aux fidèles du diocèse de Rome, salle Paul VI, 18.9.2021

L’art du dialogue

PAR NICOLAS MAURY
PHOTOS : CERN, DR

Souvenir télévisuel : en 1997 Claude Allègre est l’invité de Bernard Pivot. Pour mémoire, c’est lui qui, ministre de l’Education nationale du Gouvernement Jospin, voulait « dégraisser le mammouth ».

Ce soir-là à « Bouillon de culture », il fait la promotion de son livre « Dieu face à la Science ». Le sujet m’intéressant, je me suis rapidement procuré l’ouvrage. Pour n’y trouver, entre Darwin et Galilée, que beaucoup de lieux communs.

Si le titre affiche Dieu en grosses lettres, Claude Allègre ne l’évoque jamais, parlant uniquement de l’Eglise, de la curie, de l’inquisition. Ce qui, même si je ne suis pas spécialiste, n’est pas tout à fait la même chose. Une drôle de manière de clore le débat avant même de l’avoir commencé, non ?

La science et la religion participent de ce que le physicien et philosophe des sciences Etienne Klein nomme « les sphères de la vie de l’esprit ». Pour qu’un dialogue soit possible entre leurs thuriféraires, elles ne doivent ni être confondues, ni mélangées. Un élément que le paléontologue Stephan Jay Gould appelle le principe de non-superposition des magistères.

Sans vouloir étaler encore plus ma science (ndlr. ), il m’est quand même avis que non-superposition ne signifie pas forcément opposition.

Marcher ensemble à l’écoute de l’Esprit

PAR PASCAL ORTELLI
PHOTOS : DR

En octobre, le Pape a ouvert un nouveau Synode… sur la synodalité ! Ce mot barbare qui signifie « marcher ensemble » caractérise le chemin que Dieu attend de l’Eglise du troisième millénaire. Ce processus, d’ordinaire réduit à une simple assemblée d’évêques, est précédé par une vaste consultation du Peuple de Dieu. Cette démarche inédite, aussi importante que le Concile Vatican II, est ouverte à tous. Comment dès lors intégrer les enfants – les premiers dans le Royaume, nous dit Jésus – qui restent les grands oubliés de cette dynamique dont les fidèles peinent encore à voir les tenants et aboutissants.

A votre écoute

Comment se réalise aujourd’hui ce « marcher ensemble » qui nous permet d’annoncer l’Evangile et quels pas de plus l’Esprit nous invite à poser pour grandir comme Eglise de l’écoute et de la proximité, bref comme lieu ouvert où chacun se sent chez lui et peut participer ? Telle est la question de fond posée dans le document préparatoire 1 qui accompagne la phase de consultation locale ouverte jusqu’en avril 2022.

Dans l’Esprit

« La spiritualité du marcher ensemble est appelée à devenir le principe éducatif de la formation humaine et chrétienne de la personne, la formation des familles et des communautés. » La dixième piste évoquée dans ce document propose de mieux se former au discernement. Il y a là une manière intéressante d’associer les enfants à la démarche.

Caroline Baertschi, formatrice
dans l’Eglise catholique de Ge-
nève et auteure du livre Les enfants, portiers du Royaume, explore, dans un autre contexte et sous forme d’acrostiche, des pistes pour inviter les plus jeunes à écouter l’Esprit. En voici un résumé et une invitation à en découvrir davantage dans les bons filons de prierenfamille.ch

 

E comme espace sécurisant pour cultiver sa vie intérieure ;

S comme silence à favoriser dans un monde bruyant ;

P comme processus et invitation à renoncer à vouloir mesurer ce que les enfants savent de Dieu ;

R comme relations dont les quatre fondamentales (à la nature, à soi, aux autres, à Dieu) sont à harmoniser ;

I comme imaginaire dont les enfants débordent, tout comme dans la Bible ;

T comme transcendance pour ne pas oublier qu’ils connaissent Dieu avant de savoir des choses sur lui.

 

1 A découvrir par exemple sur la plateforme mise en place par le Jura pastoral : www.jurapastoral.ch/jura-pastoral/Organisation/Diocese-de-Bale/Itineraire-synodal.html

 

Semaine de prière 2022

Cette année, c’est le Conseil des Eglises du Moyen Orient, basé à Beyrouth, au Liban, qui a organisé le groupe de rédaction du thème de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2022. Le thème retenu s’ancre dans la parole suivante : « Nous avons vu son astre à l’Orient et nous sommes venus lui rendre hommage. » (Mt 2, 2)

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Science et foi (fides et ratio): une réflexion

Heureux de rendre service, c’est avec enthousiasme que Nicolas Donzé a accepté l’invitation de l’équipe de rédaction à porter un regard qu’on sait inspiré sur le sujet. Merci Nicolas, nous te lisons dans ce texte continu , comme si tu t’adressais à chacun de nous.

PAR NICOLAS DONZÉ, BIOLOGISTE, LOC
PHOTO: HÔPITAL DU VALAIS

Saint Jean-Paul II disait que pour permettre le voyage dans le ciel de nos ignorances, nos âmes sont équipées de deux ailes : la science et la foi. Ainsi, dès notre naissance, nous prenons (ou espérons) prendre le contrôle de notre corps, le vaisseau de notre pèlerinage terrestre. Dès notre premier cri, notre premier son entendu, notre premier paysage vu, notre curiosité nous noie de questions qui trouvent des réponses parfois dans des actes de foi, parfois dans des chemins de raisons. Ainsi avançons-nous vers ce « Graal » que nous construisons avec nos réponses.

Pour bien comprendre les univers que sont ces deux mots, une sainte du XIe siècle, Hildegarde von Bingen, nous permet de voir leur complémentarité. Elle pensait que nous étions construits en trois dimensions : un corps, sorte de fantôme d’une éternité recherchée et qui porte en lui ce mystère qu’est la mort. Puis, habite en nous une âme qui agit comme le pilote de ce corps. Enfin, vit un esprit, qui ouvre à notre âme les portes de la contemplation divine. Elle imaginait d’ailleurs que la santé était l’harmonieuse communication de l’esprit, l’âme et le corps, et la maladie que pleure le corps trouvait son origine dans une relation houleuse entre ces trois éléments.

Dans cette conception, il y a un continuum entre la science et la foi qui permet de réfléchir sur une maladie en particulier que la médecine moderne traite avec difficulté : la dépression nerveuse. Les flèches de cette maladie nous clouent au sol, et comme un papillon épinglé, nous empêche de voler. Souvent, la réponse de la science se trouvent dans des médicaments qui retirent ces flèches. Mais, lorsque les épingles ont été retirées, existe-il un médicament pour nous redonner « l’envie de voler » ? Cette envie se cache-telle dans la force que l’esprit donne à notre âme ? Cette question nous fait quitter les chemins battus de la science… On quitte le « comment » traiter une maladie, ses mécanismes pathologiques, pour travailler le « pourquoi » suis-je malheureux, comprendre la cause. On peut donc supposer que la médecine moderne traite les symptômes de la maladie et la foi aide à comprendre l’origine des souffrances du corps.

D’ailleurs, la science se perd dans la foi que l’on a en la science. En effet, souvent j’entends dire, en ces temps de pandémie : « je ne crois pas à ce vaccin », ou l’inverse « j’y crois ». Ou encore, certains annoncent : « je ne me vaccine pas car Dieu me protège ». Est-ce la bonne approche ? La science se caractérise par des méthodes que notre cerveau tente de construire, par des doutes, des remises en question, des échecs et parfois de magnifiques succès qui permettent le développement de nouvelles thérapies. La foi est, elle, un chemin dans une nuit éclairée par une lumière que nos yeux aveuglés par nos peurs, nos colères, nos jalousies, nos égoïsmes ne voient plus. Et malgré elle ou peut-être grâce à elle, osons-nous quand même avancer dans cette nuit. Ainsi, parfois les maladies que la science ne résout pas toujours, nous obligent-t-elles à abandonner nos certitudes, à laver nos yeux et nous tourner vers cette flamme qui devient soleil. Et, la science nous conduit vers la foi, car elles sont toutes deux filles du même père.

Un des plus grands mystères que la science n’a pas encore compris se lit dans une question, la dernière question que posa Pilate à Jésus. On peut lire dans l’évangile de saint Jean, 18 : 36-38 : Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. » Pilate lui dit : « Qu’est-ce que la vérité ? » Et à partir de ce moment, Jésus se tait. Il ne répond pas à cette question fondamentale. Probablement, parce qu’Il mesure que Pilate ne comprendrait pas qu’un chemin de foi, un chemin d’amour lui permettrait de compléter les réponses que la science seule ne peut résoudre.

La vie est ainsi très mystérieuse. Peut-être que Dieu inscrit en nous les contours d’un dessin de l’aventure terrestre que nous devons colorier. La foi nous permet de voir ces contours et la science aide au coloriage.

Retrouvez les vidéos de Nicolas Donzé, biologiste chef adjoint à l’Institut Central des Hôpitaux à Sion.
L’infatigable vulgarisateur des sujets aussi cruciaux que la consommation de toxiques et leur action sur la santé des ados en particulier apporte là où on l’invite un regard de scientifique précieux .
Site internet et page facebook de l’hôpital du Valais.

« Vous ne pouvez pas rester »

Voilà, c’est dit, cette phrase toute simple qui tombe entre les deux personnes, celle qui est derrière le bar et celle qui est devant. « Vous ne pouvez pas rester ici », elle est tellement incongrue cette phrase, qu’elle semble d’abord dite dans une langue étrangère. Puis, le voyageur comprend…

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Papes et sciences

PAR THIERRY SCHELLING | PHOTO : DR

Le pape François est ingénieur chimiste de formation; Benoît XVI a fait un peu de service auxiliaire anti-aérien à la fin de la Seconde Guerre; Jean-Paul II avait entamé des études de philologie à l’Université de Cracovie; tous les autres pontifes des Temps modernes sont issus d’un Petit et Grand Séminaire avant d’entamer leur carrière ecclésiastique… Autant dire qu’un pape ayant eu une formation scientifique précédant son cheminement vocationnel, il n’en est guère !

Laudato si

On l’a déjà oubliée ? L’encyclique de François est bien la première sur un thème, l’écologie, qui incorpore les connaissances scientifiques tout autant que la théologie de l’environnement… Et nous sommes en 2015. Il y écrit : « La science et la religion, qui proposent des approches différentes de la réalité, peuvent entrer dans un dialogue intense et fécond pour toutes deux. » (n. 62) Un pape qui s’appuie sur la science pour décrire la réalité du monde ? Les détracteurs de Galilée et Copernic se sont retournés dans leur tombe… Et François de renchérir : « Une encyclique de ce genre doit se fonder seulement sur les certitudes, sur les choses sûres. Parce que si le pape dit que le centre de l’univers est la terre et non le soleil, il se trompe… » Galilée aurait souri de là où il est…

Une Académie depuis 1847 !

Une Académie regroupant des scientifiques du monde entier pour travailler de manière interdisciplinaire, voilà une idée que Pie IX concrétise en 1847 en ressuscitant l’ancienne Académie des Lynx (sic) qui datait de 1603 ! La perte des Etats pontificaux voit cette Académie se scinder en deux (1859). Naît alors l’Académie pontificale des sciences (1936).

Clin d’œil de l’histoire : l’antique Académie des Lynx – matrice de celle Pontificale donc ! – avait été dirigée dès 1611 par un certain… Galilée ! CQFD ?

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