Sur les pas de saint Joseph

PAR PASCAL ORTELLI | PHOTO : DR

Dans le sillage de sa lettre Patris corde qui commémore le 150e anniversaire de la proclamation de saint Joseph comme patron de l’Eglise et pour marquer les cinq ans d’Amoris laetitia, texte sur l’accompagnement des couples et des familles, le pape François a lancé à quelques mois près une année spéciale dédiée à saint Joseph et une autre dédiée à la famille qui se terminera le 26 juin 2022 avec la 10e rencontre mondiale des familles. Voici une sélection de quelques initiatives pour tirer au mieux parti de ces temps forts.

Une année pour déployer la joie de l’amour

L’objectif premier de l’année « Famille – Amoris laetitia » est d’y approfondir les impulsions données pour les mettre en œuvre dans son vécu familial. En ce sens, le diocèse de Sion invite à (re)découvrir ce texte à l’aide des guides de lecture, synthétiques
et pédagogiques, réalisés par Anne et Marco Mayoraz 1. Il relaie également le parcours très complet proposé par le dicastère romain pour les laïcs, la famille et la vie : une série de dix vidéos chacune accompagnée d’un livret pour envisager la famille comme un don, malgré les défis à affronter.

A Genève, plusieurs événements sont organisés pour « aller à la rencontre de toutes les familles et témoigner ensemble de la joie de l’amour que Dieu nous donne 2 ». Un défi est même lancé aux couples qui sont invités à exprimer par un slogan leur manière de vivre « l’amour dans le mariage ». La plateforme pastorale-familiale.ch relaie de nombreuses autres propositions ailleurs en Romandie.

Avec un cœur de père à l’instar de saint Joseph

Il n’est pas anodin que le Pape ait ouvert cette année sur la famille un 19 mars. Entrelacer les deux thèmes permet d’inscrire nos parcours familiaux dans le sillage de saint Joseph. L’excellent dossier de cath.ch 3 met en lumière les facettes cachées de ce grand taciturne. A Fribourg, les billets hebdomadaires des capucines de Montorge, tout comme le commentaire de Mgr de Raemy publié à l’occasion de la sortie de Patris corde, invitent à s’inspirer du « courage créatif » de Joseph et à faire preuve d’audace pour vivre la famille 4.

1 pastorale-famille-sion.ch

2 geneve.pastorale-familiale.ch/anneefamille/

3 www.cath.ch/newsf/joseph-de-lantichambre-au-pinacle-1-2/

4 decanat-fribourg.ch/annee-speciale-saint-joseph/ et vocations.ch/patris-corde-un-coeur-de-pere/

 

Florent Epiney

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs de Sierre (VS), novembre 2021

Après avoir passé deux ans à Rome au sein de la Garde suisse, Florent Epiney est de retour chez lui. En effet, il est arrivé en terre helvétique après deux mois de marche. Il s’arrête un instant pour revenir sur son expérience italienne et même pour nous parler de la suite… Rencontre.

PAR LAURA PELLAUD
PHOTOS : FLORENT EPINEY

Tu as passé deux ans à Rome, pourquoi ce choix de t’engager dans la Garde suisse ?

« La raison principale de mon départ a été mon envie de servir le Saint-Père, le reste c’est de l’extra. » Je souhaitais passer de l’église régionale à l’église universelle. L’envie de découvrir l’Italie, son histoire et sa culture m’intéressaient également beaucoup.

Partage-nous un beau souvenir vécu là-bas.

Mes meilleurs souvenirs sont ceux de la camaraderie et de la vie fraternelle. C’est vraiment un bel aspect de cet engagement. D’ailleurs, j’ai en tête le souvenir d’une sortie que nous avions faite à l’occasion de la Fête-Dieu. Nous étions partis avec les Gardes suisse à Viterbo (il le dit avec l’accent italien…). Et lors de la préparation de ce périple, chacun selon ses talents, avait participé. L’entraide avait été belle à voir.

Comment qualifierais-tu ta relation avec le Pape ?

A mes yeux, le souverain pontife est un chef spirituel. C’est une personne importante qui a la dignité de Pape, mais qui reste un homme accessible. Ce n’est pas un ami, je suis là pour assurer sa sécurité. Mais mon engagement va plus loin, car une fois de retour dans la vie civile, lorsque je suis confronté à quelqu’un qui parle négativement du Pape, je me dois de défendre le souverain pontife.

Pourquoi as-tu fait le trajet de retour à pied ?

J’ai décidé de le faire car, c’est une tradition à la Garde, depuis toujours certains font ce choix. Cela permet de faire une transition entre la vie à la Garde et celle à la vie civile. Ce chemin offre également la belle possibilité de découvrir encore plus l’Italie.

Qu’as-tu appris en faisant ce pèlerinage ?

Lors de cette marche, j’ai eu la chance d’avoir le temps de prendre conscience de toutes les choses que j’ai vécues pendant ces deux ans à Rome. De plus, cela m’a permis de faire de jolies rencontres. J’ai croisé des scouts et des pèlerins de plusieurs nationalités. Mais la chose la plus marquante a été de faire l’expérience de la providence divine.

Peux-tu nous parler de tes projets pour la suite ?

Oui avec plaisir ! A la fin du mois de septembre, je pars au Simplon rejoindre la communauté des chanoines du Grand-Saint-Bernard. J’y vais pour faire mon postulat. (C’est un temps qui précède le noviciat dans une communauté religieuse.)

Un mot pour conclure ?

Je conseille à tous les gens qui se sentent appelés à faire la Garde suisse à y aller. C’est une magnifique expérience ! Si vous avez un intérêt pour la religion, l’armée et la culture italienne, cette aventure est faite pour vous.

Le pèlerinage de retour est également quelque chose que je conseille. Il m’a beaucoup enrichi. « Vivez pleinement, avec un esprit ouvert, un esprit d’explorateur ! »

PAVAMA ou l’art à la source d’un éveil…

Voilà un nom un peu énigmatique pour une jeune association martigneraine (2020) pour la promotion des arts et des artistes au service d’un éveil… En effet, PAVAMA souhaite attiser une prise de conscience des bienfaits des arts, vus comme une «nourriture pour l’esprit», dans l’objectif de développer les liens entre les artistes et les différents publics et lieux sociaux avec qui ils sont mis en lien. L’association, sise à la Rue des Alpes 13, tire son nom des lettres initiales de ses fondatrices Patricia Vieira, Vânia Conde et Maureen Russo.

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Un pape enterre-t-il ?

PAR THIERRY SCHELLING | PHOTO : DR

Quand on est pape, on n’enterre guère… Un cardinal résidant à Rome décède-t-il? C’est le doyen du collège qui préside et le pape vient à la fin, pour l’absoute: la prière de recommandation de l’âme du défunt, avec encensement et eau bénite. A de rares exceptions, assiste-t-il à toute la messe de sépulture – mais à titre personnel, amical. Pour les autres, il envoie souvent un légat.

Le 2 novembre, depuis Paul VI, le pape se rend dans un des gigantesques cimetières de Rome, ou de ses catacombes, pour célébrer la messe pro defuntis, avec, souvent, une homélie sur la mort, la vie éternelle…

Mais un pape ne peut enterrer un autre pape… enfin, ne pouvait pas ! Très probablement, au moment du trépas de papa Ratzinger, on pourrait imaginer que papa Bergoglio préside ce qui sera un unique événement : un pape enterre son prédécesseur…

Procès post-mortem

Cependant, cela faillit arriver… en plus glauque ! Nous sommes en 897 : le pape Etienne VI fait exhumer son deuxième prédécesseur, Formose, pour lui faire un procès de lèse-pontificat. En effet, selon son accusateur, Formose n’aurait pas été légitimement élu pape et donc méritait une destitution illico presto (alors qu’il était mort depuis deux mois)… et post mortem ! Quelques doigts de la main droite coupés, la dépouille est probablement jetée au Tibre… ou inhumée hors la ville dans le cimetière des étrangers !

Gageons que pour Benoît XVI, la sépulture par son successeur bien intentionné, sera plus calme…

Kids Games (8-13 août)

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP du Gros-de-Vaud (VD), novembre 2021

 

TEXTE ET PHOTOS PAR JD

L’édition 2021 de ces olympiades chrétiennes, du 8 au 13 août aux Trois-Sapins, a été un franc succès pour les enfants, les bénévoles et toute l’équipe œcuménique d’organisation, qui avait fait le pari de maintenir l’événement à Echallens.

Les inscriptions ayant été limitées à 125 enfants, de 7 à 14 ans, les places sont parties très vite ! Les heureux participants, réunis en 10 équipes colorées aux noms évocateurs (petits pois, glaçons glacés, etc.) se sont affrontés avec beaucoup de joie et de fair-play, sur des olympiades ludiques et sportives mettant à profit les talents de chacun.

Kin-Ball, Cours’agile, PassemoilesKaplas… Le choix des épreuves reflétait bien l’objectif de ces journées : favoriser la coopération, la cohésion d’équipe et la mise en pratique des valeurs humaines et évangéliques. Des temps conviviaux d’échange et de catéchèse en grand groupe étaient également proposés, ainsi que des ateliers autour du cirque et un lieu d’écoute, pour mettre les enfants au contact de récits évangéliques, les aider à développer des valeurs telles que la confiance ou l’entraide, et offrir une oasis de calme à ceux qui en avaient besoin.

Le beau temps et la bonne humeur étant au rendez-vous, l’initiative a été une belle bouffée d’air pour chacun. La prochaine édition est prévue du 7 au 12 août 2022 !

Vitraux de Paul Monnier, Bex

PAR AMANDINE BEFFA | PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

La restauration de l’église catholique de Bex est l’occasion de (re)découvrir ses œuvres. Nettoyés, murs et vitraux offrent désormais une belle clarté qui met l’ensemble en valeur.

Construite vers 1885 pour ac­cueillir les catholiques toujours plus nombreux dans la région, l’église Saint-Clément connaît une première campagne de transformation entre 1936 et 1946. C’est à cette période que le curé d’alors fait appel à Paul Monnier. L’artiste installé en Valais propose un ensemble de vitraux et mosaïques.

Les vitraux du chœur nous invi­tent au pied de la croix pour les derniers instants de la vie du Christ. La scène rapportée par l’évangile selon saint Jean ne parle pas de souffrance :

Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. (Jean 19, 25-26)

C’est cette sobriété que Paul Monnier propose. Contrairement à ce qui a pu être fait par les artistes qui l’ont précédé, il n’offre pas une image doloriste de la croix. Si l’arrière-plan des vitraux est sombre, les personnages sont lumineux. Marie a certes un mouchoir en main, mais ce n’est pas la Vierge en pleurs du Stabat Mater. Sa main droite est dressée en signe d’acceptation. Jean a la tête penchée vers le sol, mais il est en prière.

L’artiste ne fait pas l’économie de la souffrance dans la façon dont il a représenté le Christ. Cette souffrance n’est toutefois pas le tout du vitrail. Le choix de faire figurer le Sacré-Cœur ouvre la signification : il rappelle l’amour de Dieu pour nous.

Placée dans le chœur, cette scène est tournée vers la Résurrection que l’on célèbre à chaque messe. Elle nous rappelle qu’il n’y a pas de Résurrection sans Passion, ni de Passion sans Résurrection.

Elle nous invite enfin à la communion. Alors que tous ceux qui le suivaient ont pris la fuite, Jésus recrée une petite communauté au pied de la croix. Et chaque fois que nous nous réunissons pour célébrer l’eucharistie, ce lien est renforcé.

Olympiades des familles 2021

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Prilly-Prélaz (VD), novembre 2021

Malgré le Covid, les jeunes ont une nouvelle fois pu renouer avec cette fête annuelle des Olympiades qu’ils attendaient impatiemment à Vidy – Lausanne.

TEXTE ET PHOTOS
PAR ISABELLE AZER HÄLLER

C’est par un temps pluvieux qu’enfants, parents, grands-parents et amis se sont retrouvés le dimanche 26 septembre pour une journée de partage, de prière et de sport : les olympiades des familles.

A cause des 20 km de Lausanne, la messe a dû être déplacée des pyramides de Vidy au parc à voitures en face du stade de Coubertin. Merci à tous les bénévoles qui, sous la pluie, ont installé l’autel et un abri pour les musiciens, ainsi qu’un grand nombre de chaises pour l’assemblée. Grâce à la motivation de l’équipe de la pastorale des familles, des moniteurs et monitrices, tout a été mis en place rapidement.

Pour remercier les organisateurs et les participants, dès la mi-journée, un soleil généreux a permis un bon déroulement des activités sportives. Nos jeunes monitrices de Saint-Joseph se sont dévouées avec le sourire, pour accompagner des enfants d’un stand à l’autre, ainsi que pour aider à l’installation et au rangement en fin de journée. C’est magnifique de pouvoir toujours compter sur leur générosité.

Vous aussi, vous serez là l’année prochaine ?

 

Bénédiction de la croix

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), novembre-décembre 2021

Par France Boppe | Photos : François Grillon

 

La chapelle Saint-Robert a reçu de la part de Françoise et Jean de Courten un magnifique Christ sculpté qui a été posé sur le mur latéral gauche (voir « L’Essentiel » de septembre-octobre).

Dimanche 12 septembre, juste avant la messe, l’abbé André Fernandes a béni cette croix. Ensuite, par une magnifique journée ensoleillée, nous avons fêté l’événement autour d’un apéritif sous les grands arbres du parc.

La date du 12 septembre a été choisie en raison de sa proximité avec le 14 septembre, fête de la Croix glorieuse, pas très populaire. On peut le comprendre, car associer les mots « croix » et « glorieuse » ne va pas de soi. La croix est scandaleuse, honteuse, ignoble ! C’était, à l’époque de Jésus, le supplice réservé aux esclaves. Mais associée au Christ, elle est un mystère à creuser et à contempler, un signe qui nous dit aussi qui est Dieu. A
chacun d’entre nous de creuser ce mystère immense… Célébrer la Croix glorieuse, c’est célébrer le don total que Jésus a fait de
sa vie.

En fête ce 12 septembre autour de la croix, nous avons prié pour que l’Eglise et tous les chrétiens n’aient pas peur d’elle, mais reconnaissent en elle la grandeur d’un Dieu qui se donne à l’infini… la grandeur du don de soi jusqu’au bout.

Que le signe de croix que nous faisons chaque jour sur notre corps imprègne toute notre vie. Que ceux qui souffrent et ceux qui ne trouvent pas d’issue à leurs problèmes osent lever les yeux vers le Christ venu pour porter avec nous nos soucis, nous encourager et nous relever. Que tous ceux qui sont nés chrétiens mais se sont détournés du Christ, parfois à cause du scandale de sa mort sur la Croix qu’ils ne comprennent pas, puissent découvrir que ce ne sont pas les souffrances de Jésus qui ont sauvé le monde, mais le don total de sa vie qu’il continue de nous faire.

 

 

 
 

Du nombre en société

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Sainte Marguerite Bays (FR), novembre 2021

PAR VINCENT LATHION
PHOTO : DR

Peut-on fêter un événement tout seul ? Question absurde, mais, à supposer la chose possible, qui le voudrait, tant la solitude est à mille lieues de l’esprit de la fête, qui est partage ? Peut-on être triste tout seul ? Voilà qui paraît déjà plus naturel, s’il est vrai que le chagrin nous renferme sur nous-mêmes, mais qui le voudrait, tant le malheur veut la consolation ? Ces deux dernières années passées sous le signe du Covid nous ont confrontés à ces questions difficiles et contraints de vivre nos bonheurs comme nos malheurs seuls ou, au mieux, dans des assemblées chichement mesurées : elles sont peut-être aussi une bonne occasion de réfléchir au double visage que présentent toujours nos différents groupes.

Le tête-à-tête avec soi-même, tout d’abord, la solitude. Si précieuse pour rompre avec l’agitation de l’action et prendre du recul, pour apprendre à mieux se connaître et apprivoiser la contemplation, elle est en revanche un piège dans les épreuves – nul ne se guérit tout seul !– et une faute, si l’occasion est à la fête et à la joie, car c’est alors rompre le lien social : songeons au frère aîné de la parabole de l’enfant prodigue qui refuse de fêter le retour de son frère.

Le petit nombre, ensuite, le cercle amical. Ici, les interactions et la solidarité entre membres se font plus authentiques, sans les lourdeurs sociales et leur hypocrisie. Mais guette alors le danger de l’entre-soi, de l’uniformité des caractères et des opinions, bien loin de la richesse et de la diversité qu’offre la société tout entière !

Le grand nombre, enfin, le rassemblement : il se prête parfaitement aux grandes fêtes et aux occasions exceptionnelles. La foule des participants donne tout son poids à l’événement, en amplifie la solennité et le magnifie. Mais les relations se dépersonnalisent et le naturel risque bien de laisser place au conventionnel et à la pensée grégaire.

Dans nos assemblées religieuses, depuis le début de la pandémie, nous avons éprouvé ce double visage. Nos célébrations ont pris une tournure plus intime et, si elle a favorisé le recueillement et la profondeur de nos méditations, combien nous ont alors manqué la pleine expression de la solennité liturgique et les signes concrets de notre appartenance au corps de l’Eglise ! Un rappel salutaire que, quelle que soit la taille de nos assemblées, les relations humaines directes sont irremplaçables pour notre vie ecclésiale. Dieu merci, le virtuel n’est pas près de détrôner le réel !

Adieu, ce n’est qu’un au revoir

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), novembre 2021

PAR FRÉDÉRIC MONNIN | PHOTO : DR

Des regrets… une immense gratitude, mais des regrets…

Ce sont ces sentiments intimement mêlés qui m’ont parcouru pendant pluieurs jours, début septembre, lorsque j’ai appris le décès de Michel Corboz.

Celui qui, il y a un peu plus de 20 ans, m’a permis de vivre une aventure hors du commun, est parti rejoindre les étoiles après avoir transmis à plusieurs générations le goût du beau. En cela, il m’a tout appris, et je lui en serai éternellement reconnaissant. Mais je l’avais quitté fâché, et je regrette à présent de n’avoir pas pris l’initiative des retrouvailles avant qu’il parte. De son vivant, j’avais enfoui mes reproches, je les avais enterrés dans l’intimité, dans mon intimité… et ils ont presque réussi à gâcher l’admiration immense que je lui vouais.

Si je partage avec vous, lectrices et lecteurs, ce moment très personnel, c’est que ce numéro en est une bonne occasion, puisqu’il fait la part belle à celles et ceux que nous avons connus, aimés, plus ou moins… et qui sont désormais entrés dans ce repos qui prendra fin lorsque le Père l’aura décidé.

Si je partage avec vous ces heures étranges, vécues à l’occasion d’un deuil qui m’a touché plus que je n’aurais imaginé, c’est pour redire l’importance, au-delà des contingences matérielles, de vivre un deuil en communauté. C’est mon avis et je le partage : nous avons besoin, plus que de lire un avis de décès, de faire mémoire, de dire merci à notre Créateur pour la vie de nos proches, ou moins proches. Nous avons besoin, et c’est ainsi que je le ressens, de vivre un deuil à la fois intimement et communautairement, car même morts, nous ne sommes pas faits pour la solitude.

Aujourd’hui, on ne veille plus les morts, ou peu s’en faut, mais accompagnons-les au moins dans leurs derniers instants sur terre. Au jour où nous les rejoindrons, nous serons peut-être heureux qu’ils soient nombreux à nous accueillir…

Car toute chair est comme l’herbe,
Elle est comme la fleur des champs:
Epis, fruits mûrs, bouquets et gerbes,
Hélas ! tout va se desséchant…

Jean Villard Gilles

Du côté de la solidarité

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), novembre-décembre 2021

Le Groupe solidarité de l’Unité pastorale (UP) Nyon-Terre Sainte a été confirmé lors de la messe d’ouverture de l’année pastorale dimanche 5 septembre à la Colombière (voir pages 3-5). Pour une plus grande attention aux personnes en situation de précarité.

PAR FRANÇOISE GARIAZZO | PHOTO : DR

Composé de six membres, le Groupe solidarité a pour mission d’élaborer des propositions afin de mieux rejoindre les personnes en précarité et de donner à la diaconie la place qui lui revient dans nos vies personnelles et celle de la communauté.

Le temps de l’écoute

Le premier temps est celui de l’écoute : grâce aux témoignages de personnes concernées, nous commençons à mieux comprendre celles et ceux qui vivent des situations de précarité, de vulnérabilité ainsi que leurs besoins et leurs attentes.

Peu à peu nous faisons nôtre cette phrase du pape François: «Les pauvres ne sont pas des personnes ‘extérieures’ à la communauté, mais des frères et sœurs avec qui partager la souffrance pour soulager leur malaise et leur marginalisation, pour qu’on leur rende leur dignité perdue et qu’on leur assure l’inclusion sociale nécessaire».

Le temps des propositions concrètes arrivera. Nous ne manquerons pas de vous tenir au courant à ce moment-là. Nous recevrons volontiers vos remarques et vos suggestions à ce propos !

Pour nous contacter: Françoise Gariazzo, pastorale sociale et de rue, 079 813 81 35, francoise.gariazzo@cath-vd.ch

Marcher et prier

A l’occasion de la 5e Journée mondiale des pauvres, le 14 novembre, le département Solidarités de l’Eglise catholique dans le canton de Vaud organise un pèlerinage du 12 au 14 novembre. Avec trente personnes d’horizons multiples vivant pour la plupart dans une situation de précarité, nous marcherons d’Orbe à Bussigny. Une messe à l’église de Bussigny clôturera cet événement le dimanche vers 15h.

Les paroissiens qui le souhaitent sont invités à rejoindre les pèlerins dimanche 14 novembre pour la marche et / ou l’eucharistie (voir encadré). Bienvenue ! Nous nous réjouissons de vous accueillir.

Contact : Françoise Gariazzo, pastorale sociale et de rue, 079 813 81 35.

Si vous souhaitez marcher, rendez-vous à la gare de Cossonay / Penthalaz à 10h pour un pèlerinage jusqu’à Bussigny (pique-nique tiré du sac).
Pour vivre l’eucharistie : rendez-vous à l’église Saint-Pierre de Bussigny (route du Jura 14) à 15h. Animation : groupe de jeunes Cabana.

Enterrement dans l’intimité

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), novembre 2021

Si les restrictions liées au COVID ont forcé certaines familles à dire au revoir à leurs proches dans une intimité forcée, on constate que d’autres familles choisissent tout à fait librement d’enterrer leur défunt dans l’intimité.
Michel Bornet, «ancien» représentant de l’agence funéraire Pagliotti frères de Martigny pour la paroisse de Riddes partage avec nous son expérience.

TEXTE ET PHOTO PAR JEAN-CHRISTOPHE CRETTENAND
D’APRÈS UN TÉMOIGNAGE DE MICHEL BORNET

Après 25 ans passés dans le métier, je dois dire que les enterrements dans l’intimité ont représenté pour moi quelque chose de plutôt rare et je n’ai, pour ma part, pas constaté d’augmentation particulière de cette pratique ces dernières années.

De manière générale, ce choix de l’intimité ne change pas grand-chose en termes de travaux à réaliser. Nous devons préparer le défunt de la même manière et la cérémonie à l’église suit le même schéma qu’une messe en grand comité.

Une grosse différence apparaît au niveau de la crypte où il faut assurer une présence et c’est bien plus agréable lorsque la famille est là pour accueillir les visiteurs et qu’une veillée de prière a lieu. Dans ce cas, je viens avant l’heure prévue afin de discuter des détails organisationnels avec la famille et quitte la crypte après que le dernier visiteur s’en soit allé.

Pour moi, une veillée de prière ou un enterrement est aussi l’occasion de partager, d’échanger avec la communauté ; ce sont des moments beaucoup plus riches.

Les quelques rares situations complexes que j’ai en tête surviennent dans des cas très restreints où les familles sont en conflits internes et où il faut prendre en compte plusieurs avis. Il faut essayer d’arranger les différends avant la cérémonie d’enterrement afin que les choses
se déroulent au mieux. Une manière de prévenir ces mauvaises surprises est peut-être la voie que choisissent certaines
personnes qui ont déjà tout préparé en vue de leurs obsèques (descriptif du déroulement, avis mortuaire…). Dans certains cas, même la partie financière, c’est-à-dire le montant qui permettra de couvrir les frais, est déjà prête à la banque.

A titre personnel, je dois admettre que, dans tous les cas, émotionnellement, plus les gens (défunts et famille directe) me sont proches et plus c’est difficile. Dans tous les cas, il faut s’efforcer de ne pas « ruminer » sinon ça devient trop dur. C’est ma fille Méry qui a pris le relais maintenant, comme elle a le même
caractère que moi, je suis rassuré. Je reste prêt à l’aider en cas de besoin ou à la suppléer en cas d’absence. De plus, la famille Pagliotti de Martigny est toujours à nos côtés et il a toujours été possible de
s’arranger afin de résoudre les quelques problèmes qui auraient pu apparaître.

L’église du Sacré-Cœur va renaître !

Une nouvelle «Maison d’Eglise» pour «faire Eglise»

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), novembre 2021

A Plainpalais, le Sacré-Cœur s’apprête à revivre. Rencontre sur le site avec Philippe Fleury, président de son Conseil de paroisse :

«Il y a trois ans, en juillet 2018, un important incendie a ravagé notre église. L’eau d’extinction, de plus, a constitué un dommage collatéral. Il faut imaginer que plusieurs centimètres d’eau ont recouvert le sol de l’église et que des rivières coulaient par les escaliers. L’état de l’église est devenu particulièrement dramatique. Par ailleurs, nous avons joué de malchance. L’église a, selon les points de vue, été trop détruite et pas assez. Elle se trouve dans un état intermédiaire qui nous empêche de faire tabula rasa afin de tout reconstruire et qui donc impose un certain nombre de contraintes. Que faire donc de ce bâtiment âgé de 150 ans ?

C’est l’architecte Jean-Marie Duthilleul, qui a rénové l’intérieur de la basilique Notre-Dame, que nous avons donc consulté et qui nous a proposé de « faire Eglise » dans ce lieu. Celui-ci va donc changer de disposition. Nous allons créer un axe sacramentel sur lequel nous aurons l’orgue, l’ambon (pupitre, placé à l’entrée du chœur), l’autel, le baptistère et un vrai arbre, un olivier. Des bancs seront installés face à face de chaque côté de cet axe sacramentel, ce qui permettra de véritablement « faire communauté », physiquement. Nous souhaitions par ailleurs créer un effet de surprise dans cette église, quelque chose qui attire, raison de l’installation d’un arbre à l’intérieur, éclairé par un puits de lumière provenant du toit et qui traversera tous les étages. La lumière descendra jusque dans la crypte. Ce puits de lumière sera le symbole de la lumière du Ciel qui vient à nous et de nos prières qui montent vers ce Ciel.

Par ailleurs, un restaurant sera ouvert dans la partie arrière du bâtiment, qui donne sur la rue du Général-Dufour. Prendre un café après une prière, c’est bien. Surtout aux beaux jours, car une terrasse sera installée. Nous voulons donner ainsi d’autres raisons au public de venir dans cette église. Par ce moyen, nous ferons vivre – un peu – le bâtiment, mais ce n’est pas suffisant. Il nous faut une présence permanente. C’est là qu’est né le projet de collaboration avec l’ECR Genève.

Créer en ce lieu une « Maison d’Eglise »

L’ECR va donc descendre de la rue des Granges au Sacré-Cœur pour y prendre ses quartiers. Le bâtiment sera ainsi occupé durant toute la semaine (voir encadré).

Mais ce n’est pas encore assez. Nous allons donc refaire une salle des fêtes. Elle prendra place tout en haut du bâtiment, sous une grande verrière qui éclairera le puits de lumière. Cette salle des fêtes sera mise à disposition non seulement des paroissiens mais aussi de tous les Genevois.

Enfin, la crypte sera transformée en un lieu multimodal destiné à des expositions, des concerts, des conférences.

Il s’agit donc de révolutionner la manière de « faire Eglise », de vivre nos valeurs, de projeter cette Eglise à l’extérieur, de donner des raisons au public de la fréquenter.

Tout cela a un coût. Le bâtiment est assuré à hauteur de 11 millions. Après d’âpres discussions avec les assurances, nous avons réussi à obtenir 8,8 millions. Sur ce montant, 1,3 million est consacré à la déconstruction partielle de l’église. Le projet global est évalué à 20 millions. Le financement n’est pas bouclé, nous sommes actuellement à un montant de 10 millions.

En ce qui concerne l’autorisation de construire, nous venons de recevoir une bonne nouvelle. Le service des monuments et sites vient de donner son feu vert informel, ceci au 15 septembre 2021.
Le projet peut donc lui convenir et nous espérons avoir l’autorisation formelle cet automne et démarrer les travaux immédiatement. »

Une « maison d’Eglise » au service d’une catholicité éclairée

« L’ECR songeait depuis plusieurs années à ériger une Maison d’Eglise accessible et proche des Genevois. Nous avions pensé la créer au Cénacle, dont nous sommes propriétaires. Puis il y a eu cet incendie qui a ravagé le Sacré-Cœur. Il nous a semblé évident de contribuer à la renaissance de ce bâtiment historique auquel les Genevois sont attachés », a fait valoir Dominique Pittet, secrétaire général de l’ECR.

Pour Christian Rivola, l’architecte, « cette Maison d’Eglise est un projet magnifique et complexe, qui a deux volets : un pôle de rassemblement pour les catholiques du canton et un pôle au service de la Cité. C’est un lieu qui doit à la fois favoriser le travail, la prière, la réflexion, l’être-ensemble, le calme et l’ouverture, et qui doit permettre aux individus de se ressourcer, de se nourrir. Nous rêvons d’un bâtiment qui embrasse les personnes, avec des espaces modulables qui peuvent fonctionner ensemble ou séparément, avec différentes variantes qui peuvent permettre l’intimité si nécessaire. Le but est de créer des relations intenses, des nouvelles dynamiques et d’ouvrir le lieu à différents publics ».

L’aménagement de la Maison d’Eglise de Genève porte ainsi l’ambition de la paroisse du Sacré-Cœur et de l’Eglise catholique romaine – Genève (ECR) : concentrer en un seul lieu et dans un esprit d’accueil, de partage et d’ouverture, des personnes qualifiées et engagées dans le développement de projets qui favorisent une démarche spirituelle individuelle et la rencontre de personnes autour de thématiques communes.

Une campagne de levée de fonds auprès du public est donc lancée par l’ECR pour la création de cette Maison d’Eglise, pour un montant total de 2’255’000 francs. Une brochure détaillée est à votre disposition auprès de l’ECR. Vos contacts privilégiés pour cette campagne sont :

Christine Maître, présidente du comité de soutien : 079 203 97 78, c.maitre@cath-ge.ch

Audrey Brasier, responsable Grande Philanthropie : 022 319 43 55, audrey.brasier@ecr-ge.ch

Sabine Mongein, responsable de la collecte de fonds : 022 319 43 57, sabine.mongein@ecr-ge.ch

D’ores et déjà, un tout grand Merci pour votre soutien !

Merci aux bénévoles

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), novembre-décembre 2021

L’Equipe pastorale de l’Unité pastorale (UP) Nyon-Terre Sainte a remercié les bénévoles qui se sont particulièrement occupés de l’accueil des paroissiens lors des messes en période de pandémie par un repas à la buvette de la Colombière le 16 septembre.

PAR ANNE DE TRÉVERRET
PHOTOS : ESTHER BÜRKI

Ils étaient vingt-deux à avoir répondu à l’appel ce soir de septembre pour un temps de convivialité et de partage. « L’Equipe pastorale vous invite. Restez assis, laissez-vous gâter », leur a dit le curé modérateur, l’abbé Jean Claude Dunand, en préambule. Ajoutant : « Merci pour votre engagement du passé qui recommence dès ce dimanche ».

La table avait été joliment décorée par Marie-Agnès de Matteo. Préparé par le curé, heureux de mettre ses dons culinaires au service des bénévoles, et servi par l’Equipe pastorale, le repas était « divin »… Il a été émaillé de nombreuses discussions qui ont apporté leur lot d’histoires, de rires, de découvertes et de partages d’expériences.

Jean Paul II a parlé de « cet élan naturel du cœur qui incite tout être humain à aider son semblable… presque une loi de l’existence ». Un engagement que les bénévoles ont assumé avec joie et le sens de l’accueil. La reconnaissance de l’Equipe pastorale, essentielle, a aidé chacun à garder l’élan du don et de la joie dans la bienveillance et l’amour pour œuvrer à la mission du Christ. Merci, chère Equipe pastorale, pour cet élan du cœur !

L’intimité

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), novembre 2021

TEXTE ET PHOTO PAR GENEVIÈVE THURRE

Caractère de ce qui est intime, très personnel.

Avec la pandémie, de nombreuses familles ont dû se résoudre à enterrer leur proche dans l’intimité et ce fut une souffrance. Pour d’autres familles, c’est un choix délibéré. Quelles que soient les motivations des unes et des autres, elles correspondent à un vécu et elles sont à respecter sans aucune condition.

D’un point de vue sociologique, il est reconnu que les rituels entourant le décès permettent aux proches de faire le deuil. Mais est-ce que les proches sont les seuls membres de la famille ? Je pense qu’on en a tous fait l’expérience : au cours d’une vie, nous rencontrons moult personnes avec lesquelles nous créons un lien particulier qu’il est difficile de décrire par des mots car il est de l’ordre du ressenti : amitié, respect, admiration, haine, que sais-je encore ? La palette des sentiments et des émotions est si vaste. Seuls les protagonistes du lien savent ce qu’ils vivent, ressentent. Nous nous retrouvons là véritablement dans le monde de l’intime.

Les personnes qui accompagnent un mort ont, pour la plupart, un ressenti le concernant, un lien qu’elles seules connaissent. Participer au rite funéraire, quel qu’il soit, leur permet de le conscientiser, le sublimer ou l’exorciser, à terme de faire le deuil. Ce qui reste important, c’est de faciliter l’accès au ressenti à travers des rituels, essentiels à toutes civilisations. Ils participent à notre spiritualité, élément indispensable à notre santé physique et psychique.

Collombey-le-Grand: la chapelle Notre-Dame des Sept-Joies

Les relevés cadastraux et les sources d’archive ne mentionnant aucun édifice antérieur, il semble que cette chapelle ait été construite ex nihilo. C’est donc en 1847 que la première pierre est posée mais d’importantes inondations repoussent le travail de plusieurs années. La date de 1855, qui timbre la clé de l’encadrement de l’entrée (réalisé en calcaire de Collombey tout comme la croix de mission à l’extérieur) rappelle la construction du gros oeuvre.

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« Raconte-moi ton Eglise »

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), octobre 2021

TEXTE ET PHOTOS PAR PIERRE ANÇAY

Lorsque l’on m’a proposé de «raconter mon Eglise» pour L’Essentiel, j’ai hésité quelque peu avant d’y répondre. Que pourrais-je bien dire ? Il ne s’agissait, bien entendu, pas de décrire l’édifice où nous autres chrétiens célébrons le culte, mais plutôt de «raconter mon Eglise» dans son sens premier que l’on retrouve dans le christianisme, soit «l’Institution rassemblant l’ensemble des chrétiens en communion avec le Pape et les évêques».

Ainsi, comme pour beaucoup, « mon Eglise » est d’abord « l’église paroissiale » où se vivent concrètement tous les faits, les gestes, les cérémonies liées à notre vie chrétienne. Au fil des ans, en plus des messes dominicales et de semaine notamment lorsque nous étions désignés pour servir la messe, c’est à l’église paroissiale que nous avons reçu les différents sacrements, en premier celui du baptême.

De toutes ces cérémonies, je me souviens tout particulièrement du jour de ma première communion où nous sommes descendus en rang par deux, de la cour de l’école jusqu’à l’église, d’abord le groupe des filles « encadrées » par des institutrices suivi du groupe des garçons tous munis d’un brassard blanc sur la manche gauche du costume. L’après-midi de ce même jour, nous nous sommes retrouvés à l’église pour la consécration à Marie à qui nous chantions, en levant nos bouquets de fleurs, l’inoubliable cantique : « Vierge Marie, je te confie mon cœur ici-bas. Prends ma couronne, je te la donne, au Ciel n’est-ce pas tu me la rendras, au Ciel n’est-ce pas tu me la rendras ! »

C’est à l’église qu’aujourd’hui encore la communauté paroissiale se retrouve pour les messes, les fêtes ponctuant l’année liturgique, les ensevelissements et autres rencontres ou célébrations religieuses.

Finalement, c’est dans et par cette « église paroissiale », que petit à petit s’est « conscientisée » mon intégration et ma participation à cette « Eglise universelle » qui, comme le dit saint Paul dans sa Lettre aux Ephésiens 1 : « Dieu a établi le Christ au-dessus de tout être céleste… Il a fait de lui la tête de l’Eglise qui est son corps, et l’Eglise, c’est l’accomplissement total du Christ, lui que Dieu comble totalement de sa plénitude… »

Aussi, arrivé à l’automne de ma vie, je ne saurais assez dire ma « reconnaissance » à « l’église de ma paroisse » ainsi qu’à toutes les personnes qui l’ont servie au cours
du temps. Oui, vraiment merci pour tout ce qui a été fait pour moi et pour nous tous « dans » et « par » cette « Eglise paroissiale et universelle qui est le Corps du Christ » !

«Pas à pas…»

PAR JANIE LUISIER
PHOTO : VÉRONIQUE DENIS

A l’image d’un pèlerin décidé, je vis mon Eglise avec cette volonté d’avancer, mais aussi avec cette vulnérabilité qui me pousse à me placer humblement sous le regard de Dieu. En Père attentif et aimant, respectant toujours ma liberté et mes choix, Il pose sur mon chemin des jalons : l’adoration hebdomadaire, la prière des mères, la Vierge Pèlerine, des témoins qui ont vécu concrètement leur foi en laissant à Dieu les commandes de leur vie… Aussi, j’aimerais vous partager un message de sainte Teresa de Calcutta qui m’encourage à toujours mieux le connaître, à l’inviter dans mon quotidien, avec la volonté de lui faire plaisir dans le service et la prière :

« Nous pouvons certes passer du temps à la chapelle… mais avez-vous vraiment fait connaissance avec Jésus vivant, non à partir de livres, mais pour l’avoir hébergé dans votre cœur ?… Demandez-en la grâce. Il a l’ardent désir de vous la donner… Vous lui manquez quand vous ne vous approchez pas de lui. Il a soif de vous. »

Mon Eglise…

TEXTE ET PHOTO PAR VIRGINIA DA SILVA

Mon Eglise est l’écoute, le partage, l’ouverture et le service à l’autre.

Je ne peux pas vivre ma foi sans ces éléments. Elle est, dans ma vie, une source de force, d’écoute et en même temps de refuge dans les moments difficiles. A mon arrivée en Suisse, les premières personnes à me tendre la main étaient des fidèles paroissiennes de Saxon. A ce moment-là, je me suis reconnue dans cette Eglise. Depuis, je travaille pour que l’on aille de plus en plus vers l’autre.

Malheureusement, en Eglise, on est souvent dans le faire et pas dans l’être. On veut tellement accomplir les tâches qui nous sont demandées que l’on oublie le contact humain. Et pourtant il n’y a pas besoin de grand-chose, quelquefois un simple sourire. Avec le COVID, on s’est retrouvés à l’entrée de nos églises. Pour ma part, quelle chance ! j’ai pu échanger avec les gens, les accueillir, pour finalement avoir la meilleure des récompenses : une personne qui me dit : « Quel bonheur de se sentir accueilli avec ce grand sourire. » Eh oui… cela suffit de montrer que l’on est là pour accueillir, accompagner, partager et laisser la place à l’autre. C’est ce que on a fait avec moi « l’étrangère ».

La devise de ma vie est : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25, 40)

Chaque personne que je rencontre est le visage du Seigneur. Seulement ainsi, je peux vivre mon Eglise en accord avec le plus profond de moi-même.

Eglise aux cent mille visages…

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Notre-Dame de la Brillaz (FR), octobre-novembre 2021

PAR MATHIAS THELER

PHOTO : DOMINIQUE RABOUD (10 ANS DE L’UP)

Aujourd’hui avons-nous raison d’aimer notre Eglise ? Ne la voyons-nous pas comme une institution lourde qui semble plus condamner qu’essayer d’avancer avec les personnes ? Est-elle uniquement moralisatrice, tout en jouant sur la culpabilité des gens ?

Effectivement, la doctrine de l’Eglise semble pesante pour beaucoup d’entre nous. Elle affirme un idéal chrétien qui semble à des années-lumière de nos réalités humaines. Joël Pralong affirme pourtant que « La doctrine de l’Eglise est importante, elle est une lumière sur le chemin, mais c’est le Christ qui est la lumière dans les cœurs ». Aurait-elle donc encore du sens aujourd’hui… ? Peut-elle nous aider à avancer ? J’apprécie beaucoup le regard porté par un ancien professeur d’université qui nous invite à voir les commandements non comme des commandements, mais comme des paroles, des balises, qui tracent le chemin et nous indiquent quand nous le dépassons.

Effectivement, l’être humain est libre, mais il a aussi besoin de repères, non pas pour le condamner ou le culpabiliser, mais pour savoir où il se situe dans sa vie de foi. Pour le reste, il en revient à la conscience de chacun que seul le Christ peut véritablement éclairer. Mais est-ce uniquement cela l’Eglise ?

Non, car elle est avant tout l’ensemble des chrétiens, des baptisés, éclairés par le Christ, par la Parole de Dieu, qui chemine en communauté, ensemble, vers le Royaume promis par Dieu. Ensemble veut bien dire que nous avons tous la responsabilité de l’Eglise, de nos communautés ecclésiales. Ayons conscience de cela !

J’aime beaucoup le pape François qui ose affirmer : « … je préfère une Eglise accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Eglise malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités. » (EG 49) L’Eglise est avant tout humaine, elle a tous nos visages.

Aujourd’hui, le slogan de notre UP réaffirme que, si nous nous mettons à la suite du Christ, nous sommes invités à être ensemble de vrais bâtisseurs de nos communautés. Voilà la vocation du chrétien. J’aimerais d’ailleurs remercier toutes les personnes qui s’engagent dans nos paroisses, mais la liste serait bien longue. Vous pouvez, dans vos villages, à travers les articles de L’Essentiel, mettre un ou plusieurs visages sur ces personnes, qui témoignent, bénévolement dans leur quotidien, de leur engagement. Ils sont témoins d’une communauté qui s’engage. Saint Paul le dit clairement : « Or, vous êtes corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes membres de ce corps. » Chacun porte, selon ce qu’il est, la responsabilité de sa communauté ecclésiale.

Raconte-moi ton Eglise

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs de Sierre (VS), octobre 2021

L’Eglise catholique traverse une crise sans précédent dans son histoire : corruption des mœurs, de l’intégrité morale de ses plus hauts représentants, discrédit moral, impossibilité de se réformer en profondeur, désertion en masse de ses fidèles… «Le Fils de l’Homme, quand il reviendra, trouvera encore la foi sur la terre?»

PAR L’ABBÉ LÉONARD BERTELLETTO, CURÉ-DOYEN / PHOTO : DR

Portrait de saint Augustin

« Ne me traite pas comme un pécheur, épargne-moi le châtiment des assassins. »

« J’ai mal à mon Eglise… », entend-on souvent. A raison ! Tant les déceptions que génère cette Institution se multiplient au cours des âges et la nôtre ne fait pas exception. Que de gens blessés, outrés, scandalisés, par l’action de l’Eglise ! Notre Eglise, une grande malade, qui peine à regarder la vérité en face et à trouver des remèdes à ses maux. Inutile d’énumérer ici la longue liste des scandales qui compliquent la marche des chrétiens vers le Ciel.

Au XIVe siècle déjà, sainte Catherine de Sienne comparait l’Eglise à une lépreuse. Et le poète Dante Alighieri (dont nous commémorons cette année le 700e anniversaire de la mort) ne s’est pas gêné de réserver des places en enfer pour trois papes… Qu’écrirait-il de celui d’aujourd’hui, adulé par les uns, décrié par les autres… Difficile d’être catholique dans ce contexte, beaucoup en ont marre et quittent le navire, la barque de Pierre. A celles et ceux qui seraient tentés de le faire – car il s’agit bien là d’une tentation – je voudrais rappeler cet enseignement de saint Augustin, commentant le neuvième verset du psaume 25 : « Ne me traite pas comme un pécheur, épargne-moi le châtiment des assassins. » Dans sa cathédrale d’Hippone, l’évêque prêche ce qu’un sténographe prend en dictée : « L’Eglise de ce temps est une aire de battage. Je vous l’ai dit souvent et je le répète encore : cette aire comporte à la fois la paille et le blé. Que personne ne cherche à se séparer de la paille avant le temps du vannage ! Que personne ne quitte l’aire avant le temps du vannage sous prétexte de ne pas vouloir supporter les pécheurs. Trouvé hors de l’aire, tu serais attrapé par les oiseaux avant d’avoir été amassé dans les greniers. » Augustin en appelle à l’unité dans la communauté, malgré l’agacement que suscite le comportement des pécheurs. Seuls les vertueux parviennent à les supporter, mais les vertueux, à l’égal du prophète Elie, se sentent parfois bien seuls au milieu des pécheurs. « Ils ont tué tes prophètes, ils ont démoli tes autels ; je suis resté, moi seul, et l’on cherche à m’enlever la vie. » (1 R 19, 10) Elie se sent seul, en vrai, il n’est pas si seul que cela, d’autres justes se tiennent ça et là… Dieu répond à sa plainte par ces mots : « Je laisserai en Israël un reste de sept mille hommes, tous ceux dont le genou n’a pas plié devant Baal. » (1 R 19, 10) Augustin ajoute : « Si toi tu es mauvais, ne va pas croire qu’il n’y a personne de bon. Si tu es bon, ne va pas t’imaginer que tu es seul à l’être. Si tu es bon, ne crains rien du fait d’être mélangé avec les méchants, car le jour viendra où tu seras séparé d’eux. […] Il chancelle au milieu des méchants, celui qui ne compte pas sur Dieu. Voilà l’origine des schismes. Les grains de blé dans l’aire supportent la paille avec patience jusqu’au temps du vannage. » Dans quelle mesure nous appuyons-nous sur Dieu pour vivre en Eglise aujourd’hui, malgré les difficultés ? En améliorons-nous la coexistence fraternelle, ou au contraire, sommes-nous de ceux qui divisent ? Sommes-nous de ceux qui plient le genou devant les baals de ce temps (idéologies, gourous de toutes sortes) ? A chacun de faire son examen de conscience, pour rendre la communauté plus authentique, et pour, en fin de compte, avoir moins mal à son Eglise.

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