Culture chrétienne, où es-tu?

De plus en plus de chrétiens choisissent la dispersion des cendres dans la nature.

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Clins Dieu sur les Contrées (VS), mai 2021

Par Pierre-Martin Lamon, enseignant en philosophie, Chermignon
Photo: DR

La question révèle un profond désarroi. La « culture chrétienne » se serait comme évaporée en Occident avec l’émergence de la modernité (autour du 16e siècle), même si dans nos régions, elle n’a vraiment commencé de s’imposer que plus tard – depuis une centaine d’années environ. Le christianisme, en effet, n’organise plus, n’inspire plus fondamentalement notre vivre-ensemble. Inculture religieuse, déplorent les profs de lettres de l’enseignement secondaire et de l’Université. Explosion exponentielle de l’indifférence religieuse, constatent les sociologues. Effondrement de la foi, sont tentés de dire les clercs et les rangs clairsemés des fidèles à l’église. Culture chrétienne, où es-tu ?

Hé, les amis ! On se reprend !

1. Tentation
Réaction première mais stérile. Maintenir le passé en l’état ; bloquer le mouvement de l’histoire en restaurant habitudes, rites et coutumes de jadis, en répétant mécaniquement les dogmes élaborés, dit-on, depuis toujours et pour toujours. On pense ainsi sauver la tradition, rester fidèle à l’esprit du Christ. Nostalgie sans avenir, hélas ! L’Evangile propose une espérance qui nous projette non pas en arrière mais au-devant de nous. La Bonne Nouvelle est sans cesse nouvelle.

2. Ouvertures
Comment, avec réalisme, raviver parmi nous et au-delà de nous l’esprit du christianisme, c’est-à-dire une forme de « culture chrétienne » ?
➢ Redécouvrir des textes évangéliques, leur puissance d’éveil, grâce à une parole qui circulerait au sein de groupes de lecture indistinctement ouverts à tous, où chacun(e) pourrait s’exprimer sans contrainte ni fausse modestie, avec confiance en soi et dans les autres. Un lieu de parole : réflexions partagées, surprenantes, innovantes.
➢ Préparer des homélies ensemble, laïcs et prêtres – par exemple à l’occasion des messes en famille. Rappel. La vie chrétienne se branche sur trois références : la Parole de Dieu, les sacrements, une éthique conforme aux perspectives de l’Evangile. « Ce qui est premier n’est pas le sacrement, mais bien la Parole de Dieu. » 1 D’où les suggestions précédentes.

N.B. : En consultant le site internet www.noble-louable.ch, le lecteur trouvera une version « annotée », étayée, étoffée, argumentée, très intéressante par les citations-choc qui en constituent la teneur essentielle. (nda).

1 Louis-Marie Chauvet, Études, mars 2021.

Les enfants ont mis le feu à l’Église

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mai-juin 2021

Le carême venait de commencer. Mais pas de mines abattues au Schoenberg. Les 18 et 19 février, l’heure était plutôt à la fête. Les enfants de la catéchèse se sont emparés du centre paroissial de Saint-Paul pendant deux après-midi. Ils y ont mis le feu. Mais pas de flammes ni de morts : le feu des enfants fut un feu de vie et de joie. Un feu de charité. Récit.

PAR INÊS, NÜRA-JANE, MIRELLA, NICOLAS, GAUWENE, ENFANTS DE L’ATELIER
JOURNALISME, AIDÉS PAR LORIS, CATÉCHISTE | PHOTOS : DR

Le quartier du Schoenberg est un lieu de vie. Hiver comme été, difficile de s’y balader sans trouver çà et là des enfants qui jouent. C’est le quartier des familles, le quartier des cultures différentes. Que ce soit désormais aussi le quartier de l’Église. Que tous les enfants, que toutes les familles qui le souhaitent puissent trouver à la paroisse Saint-Paul une famille encore plus grande où se rassembler : la Famille-Église.

Mais pour ça, il faut que Saint-Paul soit un lieu connu, où chacun se sente accueilli tel qu’il est, où chacun se sache aimé inconditionnellement. Un lieu où tout particulièrement les enfants se sentent en confiance et heureux. Où ils savent qu’ils peuvent trouver du réconfort quand ça ne va pas trop à la maison ou à l’école. Où ils peuvent jouer, s’amuser, découvrir et se faire de nouveaux amis.

C’est dans ce sens-là que l’équipe pastorale a décidé d’élargir son offre pour la jeunesse en proposant deux après-midi d’ateliers. En février, ce fut une grande première. Et en tout cas pas une grande dernière, parce que les enfants réclament déjà d’autres après-midi et des animations à Saint-Paul.

Des animations au service de la charité

Qu’est-ce qui a tant pu plaire aux enfants dans ces animations ? Nous n’avions ni dompteur de lions ni cracheur de feu. Les activités étaient simples. Et c’est ça qui a plu aux enfants : faire quelque chose de simple, mais ensemble. Du groupe de danse qui a présenté un petit spectacle aux camarades, aux enfants de l’atelier cuisine qui ont préparé notre goûter, tous ont contribué à faire vivre ces après-midi.

Il y a eu encore l’atelier jeux, où les enfants ont pu apprendre à collaborer dans des épreuves collectives. Et puis l’atelier « contes » où ils ont pu voyager à travers des histoires aussi douces que marrantes. L’atelier « bricolage » où ils ont découvert que leurs petites mains pouvaient faire des merveilles. Et un atelier peinture
qui a fourni à Saint-Paul un très beau vitrail grand format, entièrement peint par les enfants. Même un atelier « journalisme », qui signe les quelques mots de
cet article.

Autant d’ateliers qui étaient reliés par un seul et même souffle : celui de la charité. La charité des enfants les uns envers les autres, où les plus grands aident les plus petits, où chacun veille à ce qu’aucun enfant ne soit seul dans son coin. Une charité des enfants qui a ému les quelques adultes qui étaient là pour les encadrer. Et qui a mis le feu à l’Église. Saint-Paul a brûlé de charité. Les paroissiens se remettront-ils de ce joyeux incident ?

Fribourg : cinq ermitages qui sortent de l’oubli

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mai-juin 2021

L’ermitage de la Madeleine, sur le territoire de la commune de Guin, tout près de l’autoroute A12, est fort connu des Fribourgeois. Imposant par ses dimensions, il est, de plus, fort bien documenté. Toutefois, il n’est pas le seul ermitage des environs de la cathédrale. Au moins cinq ermitages, de type troglodyte, c’est-à-dire creusés dans la molasse, ont été répertoriés. Petit tour d’horizon !

PAR JEAN-MARIE MONNERAT | PHOTOS : RENÉ ANDREY

Sources : Ermitages religieux
des environs de la ville de Fribourg (XVe-XIXe siècle : patrimoine
à redécouvrir, par Ludovic Bender.

René Andrey : http://www.andrey.li/fribourg/ermitages.pdf)

Un ermite choisit un habitat à l’écart du monde et les grottes creusées dans les méandres de la Sarine s’inscrivent dans une longue tradition chrétienne, sanctifiée par les Pères du désert. Vivre dans une grotte confère une certaine aura de sainteté. Toutefois, il convient de se garder d’idéaliser la figure de l’ermite. Les réalités ascétiques sont nombreuses et les ermites fribourgeois se rendaient à la messe et avaient de nombreux échanges avec la population. Enfin, si les vocations religieuses ont conduit certaines personnes à vivre à l’écart du monde, bien souvent l’ermite est un sacristain qui assure localement un service religieux et l’entretien d’une chapelle. Enfin, les vagabonds, les escrocs à la charité, les déserteurs ou les criminels trouvaient aussi dans ces grottes un refuge idéal.

La première mention d’un ermitage tro­glodyte remonte au XVe siècle ; toutefois « l’âge d’or » de ces lieux se situe entre le XVIIe et le XVIIIe siècle. L’ermitage de la Madeleine a été creusé entre 1680 et 1708, sur la base d’une grotte antérieure. Un des plus documentés est celui du Goz de la Torche, dans un méandre de la Sarine. Aménagé en 1600, il se composait d’une chapelle et de plusieurs cellules creusées dans la roche. Il semble qu’il ait été habité pendant plus de deux siècles. Il a disparu dans l’aménagement de la zone pour la construction de la station d’épuration de la capitale.

Tout près se trouve l’ermitage du Palatinat, plus petit, creusé dans la roche que l’on peut apercevoir depuis le Grabensaal.
Suite à l’effondrement de la paroi, il n’est plus accessible qu’en bateau. Il se composait de deux pièces : le logement et la chapelle.

Deux autres ermitages ont été identitiés à Grandfey. La première grotte est accessible depuis le haut de la falaise et la seconde demande que l’on descende le sentier jusqu’au pont de Grandfey avant de revenir le long de la Sarine. Ces ermitages reprennent le concept de disposer d’une pièce pour vivre et d’un endroit pour prier.

À cette liste, il convient d’ajouter la grotte de Pérolles qui surplombe le lac artificiel, accessible depuis le sentier Ritter. Au fond de la grotte une banquette creusée dans la molasse suggère qu’elle servait de couche, mais le manque de documentation et l’érosion n’aident pas à comprendre la répartition de l’espace.

Enfin, le dernier ermitage répertorié se situe à Bourguillon. Contrairement aux autres qui surplombent la Sarine, celui-ci est au-dessus du Gottéron. Il a été habité à la fin du XVIIe siècle et durant une trentaine d’années seulement.

Prudence !

Pour trouver ces ermitages, le site internet de M. René Andrey est une source précieuse. Deux ermitages sont relativement faciles d’accès: celui du Lac de Pérolles et celui du haut de la falaise de Grandfey. Mais la prudence est toutefois de mise: bonnes chaussures, pas de vertige
et un temps sec sont des conditions nécessaires pour éviter les accidents. Le deuxième ermitage de Grandfey, accessible depuis le bas du pont de Grandfey et en longeant la Sarine, est facile au début et compliqué sur les dernières centaines de mètres. L’ermitage de Bourguillon est accessible depuis une propriété privée, tandis que celui du Palatinat nécessite un bateau.

La culture chrétienne en recul

PAR CALIXTE DUBOSSON

PHOTOS : CIRIC, DR

L’histoire se passe il n’y a pas si longtemps, plus précisément le Mercredi des cendres. La présentatrice d’une chaîne de télévision française conclut son bulletin météo en lançant chaleureusement aux téléspectateurs : « … et bonne fête à toutes les Cendres. » Le jour de la Toussaint 2020, une journaliste de l’émission « Mise au Point » lance son sujet en ces termes : « En ce jour des morts… » Et au lieu d’un reportage sur des fidèles se rendant à la messe ou d’une enquête sur le processus de béatification dans l’Eglise catholique, on nous a servi ces perpétuels reportages sur les employés des pompes funèbres et sur la progression des incinérations par rapport aux inhumations. Dans mon village de Vernayaz, quand on demande aux enfants ce qu’est la Fête-Dieu, certains répondent sans hésiter : « Le tournoi de foot ! » En effet, la Fête-Dieu coïncide ici avec le traditionnel tournoi organisé par le FC du coin.

Des anecdotes comme celles-là, tout le monde, à commencer par les conservateurs de musée ou les professeurs de français ou d’histoire, pourrait en citer des quantités. Il y a aussi l’aspect de la culture biblique à prendre en considération. « Nul n’est prophète en son pays, tuer le veau gras, trouver son chemin de Damas, séparer le bon grain de l’ivraie » : toutes ces expressions tirées du vocabulaire biblique n’ont souvent plus d’écho chez les jeunes générations totalement étrangères à cette culture dans laquelle ils n’ont pas baigné. Et chacun s’accorde à déplorer l’ignorance religieuse contemporaine. Il faut donc se poser la question : comment en est-on arrivé là ?

Echec dans la transmission des valeurs

« Nous sommes chrétiens, au même titre que nous sommes allemands ou périgourdins. » Cette affirmation de Montaigne au XVIe siècle, qui la partagerait encore aujourd’hui dans une société dont il est convenu désormais que l’un de ses traits les plus caractéristiques est le pluralisme ? Comment se fait-il, nous disent des grands-parents, que nous ayons pu tout mettre en œuvre pour une éducation de la foi aussi intelligente que possible et que le résultat soit tellement médiocre, sinon négatif ?

Quand les enfants sont baptisés, presque tous sont inscrits au catéchisme pour pouvoir être admis à la communion, à la confirmation et, un jour, au mariage religieux ; et voici que, au lendemain de la communion ou de la confirmation, « on ne les voit plus », en ce sens qu’il n’en reste qu’une minorité dont la fidélité se marquera visiblement par l’assiduité à la messe dominicale. Un curé se plaignait à ses confrères de la présence persistante de chauve-souris dans son église. Il avait utilisé tous les moyens pour s’en débarrasser mais sans succès. Un de ses confrères lui a suggéré de les baptiser et de les confirmer, et c’est ainsi qu’il put résoudre son problème. Boutade humoristique qui traduit assez bien le sentiment général devant une catéchèse qui n’atteint pas son but.

La dynamique de la foi chrétienne commande de transmettre ce que nous avons reçu. Par deux fois, Paul emploie, comme en un couple indissociable, les verbes « recevoir » et « transmettre » : « Voici ce que j’ai reçu et ce que je vous ai transmis » ; « Je vous ai transmis ce que j’avais moi-même reçu. » (1 Co 11, 23 ; 15, 3) Telle est la logique, dès l’origine, de l’Eglise : le passage du témoin des uns aux autres. La foi n’a jamais été, et ne sera jamais, une expérience absolument autonome et solitaire.

Il semble bien dès lors que là se situe le vrai problème de la perte d’une grande partie de la culture chrétienne qui s’est longtemps nourrie de traditions et de façons de vivre bien ancrées socialement et que personne n’avait l’idée de remettre en question. Il se pourrait ainsi que l’Evangile ait été mis au second plan et qu’il n’ait pas pénétré le sens profond qui donnait à ces traditions et manifestations religieuses leur entière légitimité. Résultat : un abandon progressif de la pratique religieuse par une génération qui, à l’image de la société, se tourne vers un individualisme qui ne trouve plus sa place dans les phénomènes de masse qui étaient monnaie courante chez ses aînés.

Résurgence de pratiques individuelles

A cela s’ajoute un vaste courant de déchristianisation que pourrait illustrer ce débat qui a eu lieu dans le Parti démocrate-chrétien pour savoir s’il fallait abandonner le « C » et ainsi changer de nom pour devenir : « Le Centre ». Cela laisse à penser que « le christianisme est devenu un repoussoir dans un pays dont le drapeau est orné d’une croix – pour combien de temps encore ? », affirme Thibaut Kaeser dans l’Echo Magazine du 8 octobre 2020. « Reléguer le christianisme qui nous a tant façonnés, en avoir honte, voire l’effacer… C’est à ce défi que nous sommes confrontés. Il est monumental », poursuit notre interlocuteur.

Un autre défi qui attend la nouvelle évangélisation voulue par saint Jean-Paul II, c’est la résurgence de pratiques spirituelles individuelles. On voit ça et là naître un « culte de la nature » encouragé par les vagues vertes de la politique qui met au centre la lutte contre le réchauffement climatique, la défense et la protection de l’environnement. De plus en plus de personnes, dont des chrétiens, choisissent l’incinération et la dispersion des cendres dans la nature dans leur testament. Initiatives qui pourraient être comprises comme un acte d’athéisme puisque en disparaissant sans laisser de trace, ils revendiquent « un retour au néant ». Dieu n’est plus le Créateur et c’est la créature qui devient Dieu.

Comme la nature a horreur du vide, il faut bien remplacer les rites anciens par des rites modernes. « Voyez, monsieur le curé », me confiait un paroissien, même dans notre village à 90% chrétien, il y a maintenant une salle pour le yoga dont les responsables doivent refuser du monde, des expériences parents-enfants sous la dénomination de « Moments magiques », des ventes de pierres philosophales que l’on porte sur soi pour attirer les ondes positives ! »

Une lumière dans la nuit

La situation nouvelle, dans une société comme la nôtre, est celle d’une transmission qui est appelée à se faire explicitement en direction de jeunes ou d’adultes qui n’ont jamais rien reçu, soit qu’ils n’aient jamais été catéchisés, soit même qu’ils n’aient pas été baptisés ; ce qui est relativement différent du cas de ceux qui ont reçu une éducation chrétienne et qui ont délibérément choisi de penser et de vivre selon des représentations de l’existence étrangères à la foi en Jésus-Christ. Ces jeunes et ces adultes sans passé chrétien, ou même sans aucun passé religieux, comment peuvent-ils être rejoints par une démarche de transmission ? « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres, ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins. » (Evangelii nuntiandi, 1975, nº 41) Peut-être aussi, dans une ou deux générations, ceux et celles qui auront vécu sans notion précise de l’Evangile, le découvriront comme un trésor
et en deviendront les hérauts ? L’histoire nous le dira.

Patrimoine sacré

PAR AMANDINE BEFFA | PHOTOS : DR

Vous souvenez-vous de ce que vous faisiez le 15 avril 2019 en fin de journée?

L’espace d’une soirée, le monde entier retenait son souffle alors que Notre-Dame de Paris s’embrasait. Les médias ne faisaient pas dans la demi-mesure dans le choix des mots, et l’incendie d’une cathédrale apparaissait soudain comme un choc planétaire.

Cela peut sembler étonnant. Après tout, pour un non-croyant, qu’est-ce qu’une église si ce n’est un bâtiment appartenant à un passé désormais révolu ?

Et pourtant, guide bénévole depuis près de dix ans, je suis chaque été témoin du pouvoir de l’art. C’est qu’il y a dans la beauté quelque chose qui touche au plus profond. Quelque chose qui arrête le touriste pressé de visiter tout Paris en une journée ou qui captive l’adolescent embarqué malgré lui par ses parents.

Les Pères de l’Eglise, et certains papes après eux, parlaient de la voie de la beauté. A nous d’en retrouver le chemin pour rejoindre ceux que nos mots, parfois maladroits, ne convainquent pas toujours.

Le pilote des Ecoles de l’Arpille

Originaire de Martigny-Combe, Mathieu Moser (33 ans), époux de Jenny et père d’une petite Nina est, depuis la rentrée 2020-2021, le nouveau directeur des Ecoles de l’Arpille. Ce pool scolaire regroupe les centres scolaires de Bovernier, Martigny-Combe, Salvan, Trient et Finhaut. Mathieu a succédé à celui de qui il fut l’adjoint, Pierre-André Ramuz. Pour mieux le connaître, lui ainsi que les défis qui l’occupent, je lui laisse la parole…

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Ethique et cultures religieuses: l’apprentissage de la diversité

Martine Gross, de l’Eglise réformée évangélique du Valais, EREV et Nicole Berera, du Diocèse de Sion enseignent depuis de nombreuses années « l’Ethique et Cultures Religieuses » (ou ECR) dans les écoles de Martigny. Elles nous partagent ici leurs réflexions et leur expérience.

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La voix des mots

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTO : CATH.CH/BERNARD HALLET

Un livre est une fenêtre ouverte sur le monde, dit-on. Mais certaines personnes sont empêchées de lire pour cause de cécité ou de handicap. La communauté des Bernardines de Collombey donne de la voix depuis 1964 pour rendre la littérature accessible à ceux qui en sont privés. Fermez les yeux et laissez-vous guider au travers de ce trésor sonore.

Du caractère au son

« Le récit originel racontant comment cet Ismaël Shumu’il devint le fils d’Abraham en Genèse 16, 1-2 conviendrait donc à un contexte du septième siècle », commence à lire Sœur Marie-Paule. La voix de la responsable de la bibliothèque sonore du monastère des Bernardines est posée et claire, mais « l’enregistrement d’un livre audio présente des difficultés qui n’existent pas lorsqu’on lit un livre pour soi ». Les noms propres issus d’une autre langue, ou même une lecture trop scolaire peuvent présenter certaines difficultés pour le lecteur et l’auditeur. Plus de trois mille titres constituent aujour­d’hui le catalogue de l’Etoile sonore, en majorité disponible sous forme numérique. Une cinquantaine de lecteurs étoffent ce fond sonore bénévolement. « Nous leur offrons une formation, un micro de bonne qualité et les livres pour enregistrer le support audio, indique Sœur Marie-Paule. La bibliothèque possède un peu de tout, mais s’est surtout spécialisée dans les livres de spiritualité et de philosophie. Lorsqu’une encyclique sort, elle est disponible en trois semaines chez nous. »

Lire et aimer lire

« Le livre le plus emprunté reste incontestablement la Bible », révèle encore la responsable. Auparavant, elle occupait toute une travée de la bibliothèque et grâce aux nouvelles techniques de numérisation, elle ne se compose « plus que » de six CDs. Cette sonothèque s’adresse à toute personne ne pouvant pas lire par elle-même. « La définition est volontairement assez vague pour étendre notre offre à tout auditeur dont la problématique empêche la lecture », comme dans le cas de la dyslexie, par exemple. « Une voix peut plaire à un auditeur et pas à un autre, mais on lit d’autant mieux ce qu’on aime », ajoute-t-elle encore. Ce que l’auditeur ressentira très certainement !

Les médias, source d’échanges inépuisables

PAR BÉNÉDICTE DROUIN-JOLLÈS | PHOTO : GETTY

Interrogez-vous vos enfants sur leurs sources d’information et de distractions ? Regardez-vous avec eux leurs chaînes et vidéos fétiches sur Youtube ? Allez-vous sur les réseaux sociaux qu’ils fréquentent ? Et vous, leur montrez-vous vos journaux préférés ? Voilà autant d’occasions de partage de moments enrichissants.

On peut penser que c’est une perte de temps, que leur vie privée ne nous regarde pas, préférer donner la priorité au travail… Personnellement je n’ai jamais regretté d’avoir favorisé ces échanges. Ils sont l’occasion de pénétrer dans leur univers culturel si différent du nôtre. Aujourd’hui les médias sont très segmentés selon les âges, les sexes et les centres d’intérêts. Des discussions passionnantes émergent ainsi. D’abord nos jeunes sont tellement heureux de nous faire découvrir ce que nous ignorons. A notre tour ensuite d’interroger, de souligner le positif ou au contraire d’inviter à la prudence face aux éventuels écueils. Nos ados, grands consommateurs d’écrans, acquièrent relativement vite une certaine méfiance vis-à-vis des fake news ou des clichés répétés en boucle. Mais, ils ont aussi tellement besoin d’interlocuteurs pour les aider à les identifier,
pour approfondir une réflexion encore parfois vacillante ou superficielle.

Pour peaufiner l’exercice, pourquoi ne pas prendre le temps nous aussi de montrer ce qui nous tient à cœur : un exemple d’attitude héroïque qui « tire vers le haut », un témoignage de foi et d’engagement, un reportage inédit qui nous enthousiasme. Tous les jours, grâce aux médias, nous pouvons trouver de quoi échanger, débattre, apprendre à s’émerveiller et ainsi éveiller petit à petit l’intelligence, l’esprit critique et la vie intérieure des plus jeunes.

Statue de la Vierge…

… Notre-Dame de Bourguillon, Fribourg

PAR AMANDINE BEFFA | PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

A l’origine lieu de prière des bourgeois atteints de la lèpre, Notre-Dame de Bourguillon est devenu un des lieux de pèlerinage de Suisse romande. Depuis le XVe siècle, la statue de la Vierge a vu défiler les malades, mais aussi les croyants venant implorer sa protection dans les périodes troublées.

Les traits que l’artiste a donnés au visage de Marie sont très humains et doux. Elle porte les insignes royaux : la couronne, le sceptre et le manteau rouge. Si les symboles sont ceux de la royauté terrestre, ils rappellent la royauté spirituelle de la Mère de Dieu.

Les Vierges couronnées se répan­dent progressivement à partir du XIIe siècle. A la même période, les communautés religieuses rajoutent l’hymne du Salve Regina au dernier office de la journée, peut-être pour trouver le réconfort face aux angoisses de la nuit.

Nous n’avons peut-être pas l’habitude de chanter cet hymne et il est possible que nous n’en ayons jamais réellement écouté les paroles. Il peut toutefois guider notre méditation devant la statue de Bourguillon.

Salut, Reine, Mère de Miséricorde, notre Vie, notre Douceur, et notre Espérance, salut. Vers toi nous élevons nos cris, pauvres enfants d’Eve exilés. Vers toi nous soupirons, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes. Tourne donc, ô notre Avocate, tes yeux miséricordieux vers nous. Et, Jésus, le fruit béni de tes entrailles, montre-le-nous après cet exil. Ô clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

Quelle que soit la difficulté des temps dans lesquels nous nous trouvons, Marie est une mère offerte à ceux qui souffrent. On pourrait être étonné que la Vierge de Bourguillon porte son fils sur le côté au lieu de le tenir devant elle. Le Christ a en effet longtemps été au centre des œuvres, la Vierge n’étant qu’au second plan. Porter Jésus sur la hanche lui laisse toutefois toute la place pour accueillir nos soupirs et nos larmes. Elle peut tourner son regard vers les enfants que nous sommes et nous guider avec douceur dans l’espérance.

« D’une foi à l’autre »

Converser avec l’autre, lui accorder le temps nécessaire pour provoquer la rencontre constitue une facette de sa personnalité. Se questionner sur l’éternité, l’angoisse de la mort ou le sens de la vie en compose l’autre. Entre l’homme des médias et le «découvreur» de foi s’écrit peu à peu notre conversation. Rencontre avec Jean-Philippe Rapp.

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER

On constate une accélération de la société en général. Que pouvez-vous dire de cette évolution dans les médias ?
Cela peut apparaître comme du regret ou de la critique, mais parfois je trouve que les médias ne donnent pas assez de temps au temps. Pour moi, Dieu c’est le temps. Celui de la méditation, de la promenade ou de l’écoute du vent. Nous nous agitons trop, pour de bonnes et de mauvaises raisons.

En tant que chrétiens, l’éducation aux médias de nos enfants doit-elle être différente ?
Je crois à l’éducation aux médias de manière générale. Par une gestion du temps passé devant les écrans, mais aussi par l’apprentissage du regard porté sur l’information. Cela étant, que l’on soit jeune ou moins jeune, la référence aux valeurs chrétiennes devrait être automatique, inscrite en nous. La part grandissante que prennent les pseudo
informations véhiculées par les réseaux sociaux m’inquiète. Cela donne libre cours à toutes les déviances. Les médias peuvent être magiques. Mais les bonnes choses sont souvent perdues dans un fatras d’autres bien plus séductrices et beaucoup moins profondes.

Apparemment vous étiez un enfant terrible et devez votre salut aux prêtres de l’internat de la Corbière à Estavayer…
Je n’étais pas un bon élève. Il faut des parents qui soient des références, qui vous aident ou vous encouragent pour le moins. Ça n’a pas vraiment été mon cas. Un ami m’a parlé de l’institut. On y formait des prêtres, mais l’école acceptait aussi des garnements de mon genre. J’ai demandé à mon père d’y aller. Au bout de deux jours, il est revenu me chercher pensant que l’environnement ne pouvait pas me convenir. Mais j’avais en face de moi des religieux qui ne pensaient qu’à moi, à ma réussite. J’ai refusé de partir et ces deux ans m’ont littéralement sauvé.

Vous avez fait vos armes à la revue « Jeunesse » des Unions chrétiennes. Partagiez-vous également leur enseignement théologique?
Pas du tout ! J’étais le catho engagé par une revue protestante. Il était beaucoup moins question de religion que de vie sociale, de rencontres et de musique. Un pasteur veillait tout de même à la ligne éditoriale. En fait, lorsque j’ai souhaité faire du journalisme, j’ai été engagé au Journal de Nyon qui éditait aussi la revue Jeunesse. Cela étant, je m’y suis toujours senti à l’aise.

Votre carrière vous a amené à rencontrer plusieurs personnalités du monde religieux. Laquelle vous a le plus marqué ?
Sûrement pas le cardinal Ratzinger ! La personne qui m’a vraiment frappé reste incontestablement la mère abbesse de la Fille-Dieu à Romont. La Mère Hortense était un vrai personnage. Une femme éblouissante, brillante, extraordinaire. Elle avait fait des études de physique nucléaire et était ensuite devenue mère abbesse d’un couvent en France, pour finalement arriver à Romont. J’étais allé la voir pour une interview, mais je lui ai parlé du projet que j’avais alors : celui de passer l’Avent avec elles et la TV à l’Abbaye. Après de difficiles tractations elles ont accepté. J’y vois là aussi un hasard divin.

Une filiation d’élection

Ami proche de Georges Haldas depuis 1986, il y a entre les deux hommes une filiation élective que seule la mort du poète en 2010 interrompt. En public comme à l’intime, l’essayiste et le journaliste entretiennent de nombreuses conversations qui feront l’objet d’un livre en 2010. Georges Haldas « ouvre » Jean-Philippe Rapp au monde qui l’entoure. Il l’entraîne à repérer « chez l’autre la parcelle d’éternité. De celle qui permet de croire en Dieu ». Avec son ami, il évoque la question de la résurrection, de l’angoisse face à l’agonie et de la foi. Là aussi, l’écrivain suisse pousse le producteur de Zig Zag Café à ne pas « chercher à confirmer sa foi dans des lieux construits ». Lui qui aime le rite et s’y sent à l’aise, « doit sortir de l’institution » pour rencontrer l’essence de sa foi.

Biographie express

Les dates qui ont marqué Jean-Philippe Rapp
1956 : la rencontre avec les Salésiens d’Estavayer-le-Lac. « Un autre mode de vie, de pensée et une réelle attention à l’autre. »
1964 : séjour en Algérie devenue indépendante, avec trois compagnons de maturité.
1977-1980 : naissance de ses deux enfants qui sont et demeurent l’essentiel de sa vie.
1985 : les rencontres médias Nord-Sud « pour essayer de créer des échanges entre les médias du Nord et du Sud ».
1996 : la création de l’émission Zig Zag Café « comme lieu où l’on converse vraiment avec l’autre ».

IlEstUneFoi.ch – Itinérances

PAR CHANTAL SALAMIN | PHOTOS : DR

Connaissez-vous les rendez-vous cinéma IL EST UNE FOI de l’Eglise catholique romaine – Genève (ECR) ? Pour son édition 2021, pandémie oblige, 11 des 21 films projetés dans les cinémas du Grütli à Genève ainsi qu’une présentation du film et les débats qui suivront seront disponibles dès le lendemain sur internet et par podcast. Ne manquez pas cette chance, notez les dates du 5 au
9 mai dans votre agenda !

L’humble projet, démarré en 2014 avec la projection d’un unique film « Je m’appelle Bernadette » suivie d’une rencontre, connaît un succès grandissant d’année en année : toujours plus de spectateurs, de films et d’invités. C’est que l’équipe de bénévoles propose une sélection d’œuvres et d’invités de qualité afin d’ouvrir des espaces de discussions sur des thématiques humaines et sociétales pour tous, catholiques ou pas, croyants ou non-croyants et de rejoindre le grand public et la jeunesse (matinées scolaires et dossiers pédagogiques).

« Tarkovski, a Cinema Prayer »

En ouverture, le 5 mai à 20h, Andreï A. Tarkovski viendra nous parler de son père, Andreï Tarkovski, un des plus importants cinéastes du XXe siècle : « J’ai eu la chance d’avoir une figure paternelle qui était aussi un maître. […] Il a toujours dit qu’on ne pouvait pas faire l’éducation de quelqu’un, qu’il faut seulement montrer. […] Il était capable de voir le spirituel dans les plus modestes manifestations de la réalité. »

Des films de cheminements

La majorité des films montre des quêtes spirituelles et humaines mises en valeur par des scénarios bien choisis.

Ainsi « Broken silence », projection le 9 mai à 17h suivie d’un débat avec son réalisateur Wolfgang Panzer, nous montre un moine chartreux, suspendant ses vœux de silence pour partir en mission à Jakarta à la recherche de la propriétaire du monastère en Suisse. Une femme le rejoint, se sentant coupable de lui avoir au préalable subtilisé son argent… « La vie est mouvement et, quel que soit le chemin que l’on prend, l’essentiel est de ne pas s’arrêter en se fermant aux autres. »

Notez aussi le film « Saint-Jacques… la Mecque » qui clôture ce festival le dimanche 9 mai à 20h, suivi d’un débat avec Pascal Desthieux, vicaire épiscopal et Coline Serreau, réalisatrice et auteure du film… « la marche forcée est une aubaine pour l’apprentissage du « vivre ensemble » et se réconcilier avec soi ».

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Jeux, jeunes et humour – mai 2021

Par Marie-Claude Follonier

Question d’enfant

Pourquoi les chrétiens dédient le mois de mai à Marie ?
L’une des explications provient du Moyen Age. Alors qu’on utilise encore le calendrier romain où les premiers mois de l’année sont associés à des divinités protectrices, les chrétiens transforment l’appellation Maius mensis (mois de Maïa, déesse de la fertilité et du printemps) en Madona mensis : mois de Notre Dame, donc de Marie et non pas de la chanteuse américaine.

par Pascal Ortelli

Humour

Une vieille dame veut mettre dans un journal une photo de son mari pour l’anniversaire de son décès. Elle téléphone au journal. Elle voudrait mettre une photo en couleurs mais malheureusement elle n’a qu’une photo de lui avec son chapeau et elle aimerait une photo sans chapeau. « Aucun problème, lui dit son interlocuteur, avec les procédés modernes on peut corriger n’importe quelle photo. Il suffit de nous dire la couleur de ses cheveux. » La dame répondit : « Quand vous aurez enlevé le chapeau, vous verrez bien la couleur ! »

par Calixte Dubosson

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