Servir l’autre pour servir Dieu

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral de Martigny (VS), octobre 2020

Par Anne-Laure Gausseron | Photo: Ldd

Par une belle journée d’été, ont déboulé les uns et après les autres, des hommes et des femmes venant au Prieuré demander un petit quelque chose: un peu d’argent, un peu de réconfort, un peu de nourriture… J’ai l’habitude, c’est mon travail. Mais ce jour-là, c’était particulièrement dense : un véritable défilé improvisé de bras cassés.

Dans l’après-midi c’est un homme qui a sonné. En descendant pour l’accueillir, j’étais un peu moins fraîche et disponible qu’en début de journée. Légèrement agacée aussi d’être encore une fois interrompue dans ce que je faisais. Nous avons un peu parlé. Il ne voulait pas prendre un café. Mais comme il n’avait plus rien à manger, je lui ai préparé un sac de nourriture. Il est reparti content et moi aussi. Ça n’avait pas traîné. Service rendu, devoir accompli, bravo ma fille ! Hop-là, je pouvais retourner à mes occupations en espérant fort secrètement que ce soit le dernier importun de la journée. 

Mon gaillard avait de quoi manger ce soir-là et c’était déjà une bonne chose. En apparence avec mon tablier de service, j’avais été charitable, accueillante et même efficace. Mais au fond de moi, je savais que j’avais laissé aux abonnés absents le plus précieux de tout : l’amour. Ce jour-là, j’ai préparé un sac de nourriture à la va-vite et sans tendresse. Ce jour-là, j’étais pressée d’en finir au plus vite. Ce jour-là, j’avais bien mon tablier de service mais j’étais – soyons honnêtes – indisponible à la rencontre et indisposée par la détresse de cet homme.

J’ai aidé sans aimer. Ce n’est ni la première fois et ce ne sera certainement pas la dernière. Je suis une apprentie. Comme vous. Nous le sommes tous : apprentis de Dieu, de l’amour, de la rencontre. Ce que l’on fait pour aider l’autre, si utile, si urgent et indispensable soit-il, n’est pas l’essentiel. C’est l’amour qui est premier ! Sans amour, le pain donné reste du pain. Mais s’il est donné dans l’amour et par amour, il devient sans fanfares ni trompettes ce grand festin qui brûle l’âme et le cœur. Notre seule mission c’est d’aimer !

Servir la messe

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur de l’Entremont (VS), octobre 2020

Par Michel Abbet | Photos: Anne-Lyse bérard, Michel Abbet

Jadis réservé aux garçons, aujourd’hui accompli par une majorité de filles, ce service apprécié des prêtres garde toute son actualité, même si la relève se fait difficile. Rencontre avec Eliot Terrettaz de Sembrancher, à l’occasion d’un office dominical.L’heure de l’office approche. Dans la sacristie, on s’affaire pour les derniers préparatifs en chuchotant, discrétion oblige. Eliot Terrettaz enfile son aube. Aujourd’hui, il est accompagné de deux autres servants de messe, Nicolas et Emmanuel Bernhard. Ces derniers habitent désormais Sion, mais sont heureux de servir la messe lorsqu’ils reviennent à Sembrancher. Même si les garçons accordent une importance moindre à la tenue vestimentaire, il importe d’ajuster au mieux l’aube. On redresse le col, on s’assure qu’il n’y a pas de faux pli, que les manches de la chemise sont bien cachées. Un dernier regard, une dernière vérification. C’est l’heure de pénétrer dans le chœur. La chorale entame le chant d’entrée, l’office a débuté.

Eliot, quelle impression ressens-tu quand tu enfiles l’aube ?
Rien de spécial, je me sens simplement prêt alors dans mon rôle de servant de messe.

Une fonction que tu connais bien ?
Oui, j’ai commencé à neuf ans, cela fait donc déjà trois ans que je remplis ce rôle.

Et tu as appris comment ?
En regardant servir les plus âgés, dont ma sœur et mon frère qui l’ont fait avant moi. Quelquefois, des personnes nous donnent des conseils, cela permet de corriger les éventuels défauts ! 

Tu sers régulièrement ?
Durant l’hiver, je viens pratiquement tous les dimanches, un peu moins souvent l’été.

Cela ne te coûte pas ?
Non, j’aime mieux vivre la messe ainsi. Je me sens utile, il faut bouger, le temps passe vite.

Un moment fort dans l’office ?
Le plus important se déroule au moment de l’offertoire. J’apporte le calice, l’eau et le vin vers l’autel. Et je verse l’eau au moment où le prêtre se lave les mains. 

Y a-t-il un groupe formé de servants de messe ?
Ici, je suis le seul servant. J’ai essayé de faire venir d’autres copains, mais sans grand succès. 

Pour l’anecdote, un a commencé lors de la célébration du Samedi saint. Il faut croire que c’était trop long, car la durée de son engagement a été très courte… Mais cela ne me gêne pas ! J’ai du plaisir à rendre service, et on me le rend bien !

Ah ! Peut-on en savoir davantage ?
Les paroissiens et les prêtres sont très agréables avec moi. A la sortie de l’office, souvent quelqu’un vient me féliciter ou me remercier. J’ai même reçu une boîte de chocolat.

Donc la motivation est toujours présente ?
Bien sûr ! Je le fais avec cœur, en toute simplicité. Si ce que je fais est apprécié, tant mieux ! 

Servir l’autre pour servir Dieu

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral des Coteaux du Soleil (VS), octobre 2020

Nous avons choisi d’aborder le thème romand de ce mois en allant à la rencontre de ces bénévoles qui œuvrent dans l’ombre au service de leur prochain, une façon de servir Dieu à l’exemple du Christ. Nous leur avons demandé: «Dans ton activité, quel lien fais-tu entre le service de l’autre et le service de Dieu?»

Hélène et Nicolas ont servi comme auxiliaires de l’Eucharistie pendant le confinement

Jésus donné aux âmes.

Durant le confinement, mon mari et moi nous nous sommes demandé quel service nous pouvions rendre à l’Eglise pour permettre à Jésus d’être donné aux âmes malgré le virus. Nous nous sommes donc mis à la disposition de la paroisse pour aider à la mise en place d’un service de communion à domicile. Je ne pensais pas que ce service me toucherait autant. Les échanges humains et spirituels étaient beaux, même si nous avions parfois deux générations d’écart. Nous restons aujourd’hui en communion de prière. Quelle belle manière de découvrir le vrai esprit d’une « communauté chrétienne » ! 

Amener Jésus aux gens, être proche, et vivre la compassion : quel beau service !

Pascal, sacristain

Pascal, sacristain avec entrain.

Quand je dis que je suis occasionnellement sacristain, parfois les gens plaisantent et rient. Cela ne me dérange pas car pour moi servir Dieu peut se faire dans la prière et dans l’action, avec joie et le sens de l’humour.

Mon service consiste à préparer, dans le silence, tous les éléments pour un bon déroulement de la célébration et pour permettre au prêtre et à l’assemblée de se concentrer sur la prière.

Comme sacristain, j’ai à cœur de faire grandir en moi les dispositions intérieures nécessaires pour agir de façon à être témoin de Jésus-Christ. Chrétien, je me sens appelé, à la mesure de mes moyens et de ma disponibilité, à sortir de moi-même et à m’engager dans la vie de la paroisse et de tous les jours pour servir au mieux Dieu et mon prochain.

Grégory, de Conthey, visiteur de prison, membre de Parole en liberté

Sous l’angle du chrétien, nous sommes tous pécheurs, la personne en face de nous, derrière la vitre du parloir, quelles que soient sa race, sa religion, ses croyances, est soumise aux lois du péché auxquelles elle a succombé. C’est là qu’entre en jeu le pardon, pardonner à soi-même, pardonner aux autres…

Sous l’angle de la justice, la personne détenue a franchi la ligne rouge. Elle est coupable. Mais cette personne reproduit certains schémas qu’elle a peut-être vécus (maltraitance, violence…). Où placer le curseur de sa culpabilité ?

C’est le travail d’Hercule de la justice de trancher, c’est le devoir des psychologues d’éviter la récidive, c’est le travail du curé d’insuffler l’Esprit Saint. Quant à nous, visiteurs de prison, nous apportons un rayon de soleil à la personne en face de nous, du moins nous essayons…

La prison de Sion.

Thaïs, Coralie, Anaïs et Ethan, servants de messe

Servants de messe à Vétroz le 6 septembre.

Ces quatre tous jeunes servants de messe ont répondu avec beaucoup de spontanéité aux questions de Sr Elisabeth et nous partagent leur vision de leur activité de service :

– Ça me permet d’être en contact avec Dieu et d’aider les autres. J’aide l’assemblée à prier et j’aime ce que je fais (Thaïs).

– J’apprends un peu plus sur l’histoire de Dieu et j’aide les autres (Coralie).

– Je sers Dieu. J’aime aider les autres à prier et être à l’Eglise (Anaïs).

– J’aime être à l’église, aider les autres, et j’aime sonner la cloche. J’aide à prier et j’aide le prêtre à dire la messe (Ethan).

Servir… un chemin de joie

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs Monthey et Haut-Lac (VS), octobre 2020 Par le Père Jean-René Fracheboud | Photo : Bernard HalletLa manière de vivre de Jésus n’en finit pas de nous interpeller. Son parcours d’existence sera l’expression originale de ce que devient la vie lorsqu’elle est irradiée du dedans par l’amour et la justice de Dieu. […]
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Caritas, plus présente que jamais!

[thb_image image= »5164″]Par Chantal Salamin
Photo: 
caritas.chQui ne connaît pas Caritas ? Pourtant la connaissez-vous vraiment ? Caritas Internationalis est une confédération mondiale de 162 organisations catholiques nationales dont le travail s’inspire de l’Evangile. Ces organisations déploient des actions partout où cela est nécessaire dans le monde entier, répondant à leur mission : « Mettre fin à la pauvreté, défendre la justice et rendre la dignité. » Sur leurs différents sites, découvrons ses actions concrètes. Pourquoi ne pas répondre à leurs appels aux dons ?

Des actions ancrées dans les difficultés d’aujourd’hui
Face à la crise qui découle de la pandémie de Covid-19, les personnes en difficulté augmentent considérablement et Caritas est plus nécessaire que jamais, agissant pour garantir les droits fondamentaux de chacun à l’alimentation, à la santé, à la protection et à l’information.

Suite à l’appel du Pape, Caritas nous invite à rejoindre la Marche mondiale de solidarité avec les migrants et les réfugiés : en marchant avec eux d’abord pour comprendre pourquoi ils ont quitté leur maison et leur pays.

Après l’explosion à Beyrouth, dans un pays déjà en difficulté économique et sociale et en pleine crise de coronavirus, Caritas apporte son aide et fait appel aux dons.

Sur son site Dettes Conseils, Caritas présente ses services de conseils et outils pour lutter contre l’endettement : consultations, hotline SOS Info dettes, astuces pour gérer son argent, une application pour gérer son budget, conseils d’achats pour petits budgets, etc.

Et basée sur les principes fondamentaux de la doctrine sociale de l’Eglise
Neuf principes sont présentés sur son site internet, notamment :
– le service du développement humain intégral ;
– la dignité ;
– la solidarité ;
– le bien commun ;
– l’option pour les pauvres ;
– le soin de la création de la nature ;
– la paix ;
– la participation des individus et communautés aux décisions qui affectent leur vie ;
– et le rôle du gouvernement et la subsidiarité.


Le site: caritas.ch

Pour en savoir plus :

> Caritas international : caritas.org
> Caritas Suisse : caritas.ch
> Caritas jeunesse : caritas-jeunesse.ch
> Caritas Dettes Conseils de Caritas : caritas-schuldenberatung.ch

A la rencontre des prisonniers et des familles défavorisées d’Argentine

C’est en 1972 que le destin a emmené le Père Gabriel Carron en Argentine. De son travail sont nées les fondations « Casa San Dimas », « Casa Juan Diego » et, plus tard, l’association « El Abrazo » que préside actuellement Lucien Carron. Il nous emmène sur les pas du Père Gabriel Carron…
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Sensibiliser au respect de la Création

L’année Laudato si’ déclarée par le Pape est l’occasion de réfléchir à une éducation chrétienne qui sensibilise au respect de la création, notre « maison commune ».
Et si vous vous attachiez aux cinq points suivants ?

Par Bénédicte Jollès
Photo: Pxhere
1. Le sens de la sobriété. Faut-il consommer sans cesse et acheter plus pour être heureux ? En grandissant, stimulé dans sa réflexion, l’enfant devient capable de plus de discernement et de liberté. Il accepte d’autant plus la sobriété qu’en famille, et avec des amis, il partage des moments de qualité. La sobriété n’a rien à voir avec l’austérité, elle peut être joyeuse et créative, relevée par une vie artistique, culturelle et spirituelle.

2. La lutte contre le gaspillage. Nous sommes tous marqués par ce que le Pape appelle dans Laudato si’ « la culture du déchet ». Elle nous rend insensibles et égoïstes. Une première façon de refuser le gaspillage est d’apprendre à ranger et entretenir le matériel pour éviter que les objets ne s’abîment… Quelle tristesse de voir les chambres de nos enfants jonchées de jouets qu’ils oublient ou écrasent en marchant. Une seconde façon est de refuser de jeter ce qui peut être donné ou recyclé : rien que pour la nourriture, la Suisse gaspille plus de 2 millions de tonnes par an… Comment l’accepter quand plus de 800 millions de personnes souffrent de faim dans le monde ? Troisième façon, privilégier l’achat d’occasion et le troc pour éviter l’emballement d’une économie qui surproduit et pollue. Cela est facile dans des domaines comme les vêtements, l’ameublement, le bricolage… à condition de fréquenter les vide-greniers ou les sites spécialisés.

3. Le goût du don. Objets ou vêtements inutilisés réjouiront des personnes dans le besoin qui sont faciles à rejoindre par le biais d’associations : Emmaüs, Galetas. Le site anibis.ch permet aussi de donner des objets inutilisés.

4. La rencontre avec les pauvres. La tradition chrétienne reconnaît en eux le visage du Christ. L’amitié avec des personnes vulnérables sensibilise les jeunes à la beauté du partage. Un cadre protégé leur permettra de faire connaissance tranquillement. 

5. Le goût de la nature : il passe par l’observation de la création, don du Créateur. Les moyens qui éveillent à sa contemplation sont infinis, du jardinage pour recueillir et savourer les fruits de la terre aux activités sportives extérieures. 

Autant d’occasions de réjouissances et de louanges, lors d’un bénédicité ou à la prière familiale du soir par exemple.

Servir l’autre pour servir Dieu

Se mettre au service de l’autre est une mission fondamentale de l’Eglise. A l’heure où les mesures de distanciation sociale nous obligent à reconsidérer notre rapport à autrui, comment se positionnent les communautés religieuses et les paroisses pour accompagner les personnes fragilisées par la pandémie au sein d’une société sécularisée?

Par Pascal Ortelli
Photos: Jean-Claude Gadmer, Pxhere, Caritas, DR« Aimer Dieu et aimer son prochain », tel est le cœur de l’Evangile. Au cours de l’histoire, de multiples congrégations religieuses ont vu le jour pour honorer cet adage. Santé, éducation, accueil des pauvres : voilà autant de domaines où elles ont œuvré en pionnières, avant que l’Etat et de nombreux laïcs – croyants ou non – ne prennent le relais. Aujourd’hui, ces communautés dites apostoliques sont appelées, tout comme les paroisses, à repenser les contours de leurs missions.

Au service de la vie qui se donne

Cap sur Agaune, où en plus de la présence pluriséculaire des chanoines de l’Abbaye, les sœurs de Saint Maurice ont été fondées à la fin du XIXe siècle pour s’occuper des orphelins de la région. Sœur Claire-Isabelle Siegrist, supérieure régionale, précise d’emblée que la congrégation ne se définit pas par une activité précise. Elle s’enracine dans le témoignage de Maurice et le mystère de Pâques : « La victoire de la vie sur la mort donne une coloration particulière à nos engagements. Nous nous mettons au service de la Vie qui se donne en toute personne rencontrée. »

Hier actives en priorité dans le monde des soins, les sœurs discernent aujourd’hui de nouvelles voies d’accompagnement. Dans leur maison d’accueil à La Pelouse, à Bex, elles proposent par exemple une initiation au yoga, pratique qui peut favoriser l’accueil de la Parole de Dieu et parler à nos contemporains. Elles continuent leur apostolat auprès des plus fragilisés à la paroisse Notre-Dame du Valentin à Lausanne et à Madagascar où la communauté a essaimé.
Ici et ailleurs » tab_id= »1600178892917-0a498297-fe9c »]« L’énergie de la vie religieuse passe du Nord au Sud », confie sœur Franzisca de l’Œuvre Saint-Augustin. Pour continuer à servir l’autre, les sœurs ont construit un nouvel immeuble à Saint-Maurice, comprenant un centre médico-social, des appartements protégés et un cabinet pour cinq médecins. Les revenus générés permettent aussi de soutenir le développement de leur communauté en Afrique. 

En passant le témoin

La coordination de l’Accueil
Sainte-Elisabeth est assurée par Olivier Messer.

Religieuses et prêtres ont inspiré de nombreuses œuvres de charité aujourd’hui portées par des laïcs. A Fribourg, l’abbé André Vienny (1948-2017) a fondé Le Tremplin, un centre de réinsertion pour les personnes toxicodépendantes. Il est également à l’origine de l’Accueil Sainte-Elisabeth, un lieu qui regroupe sur un même site l’aide apportée par les paroisses du Grand-Fribourg auprès des plus démunis. C’est une première ! Sis dans les locaux des sœurs de la Visitation, la coordination en est confiée à Olivier Messer, un laïc aumônier de prison.

La Fondation Mère Sofia poursuit à Lausanne l’engagement de cette moniale orthodoxe au service des gens de la rue. Indignée de voir autant de pauvreté dans un pays comme la Suisse, Mère Sofia (1947-1996) a révolutionné l’approche d’aide en privilégiant une attitude de proximité et de non-jugement de la personne en détresse.

A Sion, l’association Accueil Hôtel-Dieu a été créée en 2014 pour donner suite au travail effectué par les sœurs hospitalières. Sa responsable Joëlle Carron, une laïque nommée déléguée épiscopale pour la diaconie en Valais, vient de passer sa patente de restauratrice. L’accueil occupe en effet un ancien restaurant remis en activité. Il abrite aussi la toute nouvelle Maison de la diaconie, qui a pour mission de fédérer les synergies entre les différents acteurs ecclésiaux engagés au service de la solidarité.

L’affaire de tous

De telles démarches renforcent les ponts avec la société civile et les personnes éloignées de l’Eglise. Le réseau Caritas agit depuis longtemps dans ce sens. La Suisse compte seize associations régionales indépendantes qui réalisent localement des projets sociaux (accompagnement social et juridique, épicerie solidaire, prévention à l’endettement, etc.) en s’inspirant de l’Evangile et de l’enseignement social de l’Eglise. 

« Notre manière d’être au service se distingue des autres œuvres d’entraide par le nom même de notre association, précise Dominique Froidevaux, directeur de Caritas Genève. Caritas est l’un des noms latins de l’amour retenu par les premiers chrétiens pour insister sur la considération due à chacun au-delà du cercle familial. » L’enjeu est de servir par amour, en dépassant la simple assistance et en actionnant les leviers socio-politiques pour résorber les causes structurelles de la pauvreté dans notre société. 

Cela ne doit pas rester l’affaire de quelques spécialistes. C’est l’affaire de tous. Philippe Becquart, responsable du département des adultes de l’Eglise catholique vaudoise, nous le rappelle à la suite du pape François : « En vertu de notre baptême, nous sommes tous des disciples-missionnaires appelés à nous mettre pleinement au service de l’autre. »

Le réseau Caritas réalise des projets sociaux en s’inspirant de l’Evangile.

La solidarité comme perfection de l’amour

A Genève, la Pastorale des Milieux ouverts a adopté une telle posture durant le confinement. Sa responsable Inès Calstas témoigne : « Chaque action entreprise a été discutée au préalable lors d’une réunion à l’extérieur (en raison des normes sanitaires) avec les personnes de la rue. Nous avons choisi de rester ouverts, alors que de nombreuses autres structures ont dû fermer parce qu’elles reposaient sur l’engagement de bénévoles à risque qui ont plus de 65 ans. » Aux heures les plus noires de la pandémie, un espace d’espérance et d’amour, notamment en assurant trois fois par semaine le service d’un repas chaud suivi d’un temps de repos ou de jardinage et en confectionnant plus de 800 masques en tissu avec et pour les personnes les plus démunies, s’est ainsi créé. « Des bénévoles qui se sentaient loin de l’Eglise en raison de leur situation de vie s’en sont rapprochés. Je commence à recevoir de nouvelles demandes de baptême », confie Inès Calstas, émue.

Hier comme aujourd’hui, le service de l’autre crée des liens. L’Eglise, plus que jamais, est appelée à être là quand toutes les autres portes se ferment. « Dieu, comme nous le rappelle saint Jean, personne ne l’a jamais vu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour atteint en nous
sa perfection. » (1 Jn 4, 12)

Servir avec un visage de joie

L’abbé Vincent Lafargue, prêtre du diocèse de Sion en ministère sur le secteur paroissial d’Aigle, plaide pour qu’il y ait dans chaque paroisse un délégué qui travaillerait de concert avec les autorités civiles pour repenser la solidarité : « L’un aurait le temps en sa faveur, les autres : les moyens. Notre manière de servir doit avant tout passer par une bonne communication et un visage de joie. Car cela touche les gens », affirme-t-il sans ambages.

Travail

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), octobre 2020

Référence: «rencontrer Jésus le Christ aujourd’hui» | éditions du signe | Photo: Samuel Revaz

Tu cherches des ouvriers, Seigneur ?

Des ouvriers à envoyer
Pour prier même pour les ennemis,
Pour pardonner à ceux qui offensent,
Pour utiliser le pouvoir de la douceur,
Pour aimer le prochain aussi fort que soi-même ?

Des ouvriers pour créer la justice,
Pour donner gratuitement joie et bonté,
Pour partager le pain quotidien,
Pour rester avec les délaissés ?

Des ouvriers pour soutenir
Ceux et celles qui traversent le malheur,
Pour ouvrir à ceux qu’on laisse dehors dans la pauvreté et la misère,
Pour vêtir ceux qui sont nus,
Pour visiter les malades,
Pour porter à tous la Bonne Nouvelle :
« Dieu nous aime » ?

Tu cherches des ouvriers ?
Ce travail est pour nous, Seigneur :
Nous venons !

Dites-le avec des fleurs

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur de l’Entremont (VS), octobre 2020

Par Michel Abbet | Photo: Françoise Marclay

Elles aimantent le regard immédiatement ! Leur couleur, leur forme, leur diversité, leur complémentarité, le jeu infini de nuances et de composition les rendent fascinantes. Les fleurs ! Il suffit d’évoquer ce nom pour voir les visages s’épanouir, comme si par enchantement, la seule évocation de ce mot permettait à tout un chacun d’accéder au monde du magnifique et de l’harmonie.

Ce n’est donc pas un hasard si elles accompagnent chaque événement majeur de notre vie. Une table de fête révèle tout son faste lorsque des fleurs judicieusement posées apportent une touche d’originalité et de gaieté. Un anniversaire important ? Quoi de mieux qu’un bouquet pour souligner sa solennité ! Des sentiments de reconnaissance ou d’amour ? Les fleurs offertes sont messagères d’émois que les mots auraient grand-peine à exprimer.

C’est encore moins un hasard si nos églises et nos cérémonies religieuses ont besoin de fleurs pour révéler toute leur beauté et leur grandeur. Et si cela peut se faire, c’est grâce au dévouement et aux compétences de personnes généreuses qui offrent à toute la communauté leur temps, leur savoir-faire et leur amour de la beauté.

Après 30 années de service, Françoise Marclay a émis le désir de se retirer. Selon son propre aveu, la décision a été difficile à prendre. Car, si la tâche pouvait paraître ardue, elle s’était incrustée dans sa vie. Pratiquement toute l’année, chaque vendredi, le rendez-vous était noté : se rendre à l’église pour renouveler les arrangements floraux. Et ensuite, pas question d’abandonner là « son travail ». Durant la semaine, il fallait arroser, arranger, accompagner la lente évolution de la composition florale pour que celle-ci garde sa fraîcheur et sa splendeur.

Trente ans à une moyenne de cinquante dimanches par année, auxquels il faut ajouter les fêtes et autres événements, cela fait plus de 1500 bouquets différents. « Rien n’est trop beau pour le Seigneur », dit-elle ! « Apporter une touche de beauté à l’église, ce n’est finalement qu’un juste retour des choses pour célébrer la beauté de la Création. En acquérant de l’expérience, du doigté et de la sensibilité, le désir de personnaliser le bouquet s’impose. En fonction du dimanche, des lectures, des événements festifs ou tristes, on construit son œuvre pour qu’elle soit aussi porteuse de sens. Ce n’est plus un simple travail, cela devient une prière, une communion avec Dieu. »

La communauté d’Orsières remercie chaleureusement Françoise et Agnès Kaczmarek avec qui elle a travaillé en duo ces dix dernières années. Dorénavant, le service de la décoration de l’église est assuré par une quinzaine de personnes qui se sont réparties les différents dimanches et fêtes. Vous aimez les fleurs et voulez vous joindre à elles ? Le conseil de communauté en serait enchanté. Il vous invite à prendre contact avec le secrétariat (adresses au dos de la brochure). Merci pour votre collaboration.

La Création du monde à l’église catholique d’Aire-la-Ville (GE)

Par Amandine Beffa
Photo: Jean-Claude Gadmer

Les vitraux d’Isabelle Tabin-Darbellay représentent Dieu mettant de l’ordre dans le monde.

Les premiers chapitres de la Genèse sont un extraordinaire poème racontant l’œuvre de Dieu. Leur richesse a beaucoup à apporter à notre vie chrétienne. Toutefois, nous les connaissons si bien que nous oublions parfois de les écouter. Heureusement, l’art vient à notre secours. C’est le cas des vitraux de l’église d’Aire-la-Ville dans le canton de Genève. 

Les sept baies représentent chacune un jour. Pour l’artiste Isabelle Tabin-Darbellay, le fil rouge de l’œuvre est Dieu qui met de l’ordre dans le monde. 

Le liseré jaune représenté sur les six premiers vitraux symbolise l’amour de Dieu, inséparable de son action. Le dernier jour, l’or envahit toute la baie. La tendresse et la miséricorde de Dieu sont désormais présents dans chaque recoin de la Création. Le choix du Buisson ardent peut surprendre. Et pourtant, le Dieu Créateur est Celui qui est, qui était et qui vient, révélé à Moïse et présent avec le Christ jusqu’au bout de la souffrance humaine.

Arrêtons-nous sur le quatrième jour : « Qu’il y ait des luminaires au firmament du ciel pour séparer le jour de la nuit. » (Gn 1, 14) On retrouve l’ordre prévu par Dieu. Le jour et la nuit sont départagés par l’Etre de Lumière, représenté sous les traits d’un ange. Penché vers la nuit, il la parsème d’étoiles. Le coin droit semble concentrer angoisse et obscurité et la lune qui s’y trouve symbolise la Présence de Dieu jusque dans nos nuits. Progressivement, les teintes s’éclaircissent pour éclater dans le rayonnement du soleil.

Reprenons le récit biblique : « Qu’ils servent de luminaires dans le firmament du ciel pour éclairer la terre. » (Gn 1, 15) Que le soleil et la lune nous rappellent la présence rayonnante de Dieu dans nos jours et dans nos nuits.

La Main Tendue

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, décanat Sion (VS), octobre 2020

Photo: la main tendue

L’écoute au service de l’autre
Servir l’autre, c’est avant tout l’écouter, lui prêter une oreille attentive, chercher à le rejoindre ou se laisser rejoindre par lui. C’est faire preuve d’attention, de respect et de bienveillance :
– d’attention, car il est « attendu », comme on attend quelqu’un qui nous rend visite, avec, à la clé, le plaisir de la rencontre ;
– de respect, car l’on cherche à le voir tel qu’il est (en latin respicere signifie voir), et pas tel qu’on aimerait qu’il soit, sans a priori, ni jugement ;
– de bienveillance, chaque personne ayant son histoire, dans un contexte qui lui est propre, tout comme sa part d’ombre et de lumière, et sa part d’humanité, quels que soient ses réussites ou ses échecs, ses joies ou ses soucis.
Se mettre à l’écoute de l’autre, c’est prendre en compte cette richesse et, d’une certaine manière l’honorer. 

L’expérience montre que chaque être a, dans ce domaine, un triple besoin : il a besoin d’un paratonnerre, d’une station de recyclage et d’une caisse de résonance :
– d’un paratonnerre, car dans l’existence, il y a des déceptions, des soucis accumulés, des colères, des énergies dont il faut se défaire, pas évidentes à gérer. Alors, il fait bon s’en ouvrir à quelqu’un qui sait que tout cela ne lui est pas destiné et qui, tel un paratonnerre, laisse passer, conduit ces énergies vers la terre, vers un lieu d’enracinement et de fondement ;
– d’une station de recyclage : l’écoute bienveillante rend un tri possible, voire un recyclage de choses qui nous encombrent, par exemple le subtil tri entre ce qui est émotionnel et ce qui est rationnel, ou encore la reformulation d’une problématique, générant le sentiment d’avoir été compris(e) ;
– d’une caisse de résonance : le grand violoniste Yehudi Menuhin disait que, sans le vide au cœur de son violon, il n’y aurait pas de son de qualité. Ainsi, une oreille attentive permet-elle à celui ou celle qui appelle, symboliquement d’exister, de laisser émerger sa mélodie, même et surtout si elle comporte quelques silences, soupirs ou syncopes…
C’est cela la Main Tendue, un merveilleux outil au service de l’autre, derrière lequel, en filigrane, se profile Celui qui a si bien su se mettre à l’écoute des sans voix, de ceux dont on ne tenait plus compte, ni de leur situation concrète, ni de leur combat quotidien, ni de la symbolique de leur criant silence, Jésus de Nazareth.

Plus que jamais servir l’autre, c’est l’écouter. C’est ce à quoi la Main Tendue, le 143, s’emploie, 24 heures sur 24, avec une sympathique et dévouée équipe de bénévoles, toujours prête à créer un terrain « d’entente »… et ce n’est jamais sans appel ! 

René Nyffeler (un des membres de la commission technique de la MT, chargée de la formation et de la formation continue des répondant(e)s, par ailleurs apolitique et non confessionnelle). La vocation première de la MT est l’écoute dans le respect des convictions de chacune et de chacun.

Interview de Jean-Marc Andenmatten

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Notre-Dame de la Brillaz (FR), octobre-novembre 2020

Interview de Jean-Marc Andenmatten par Mathias Theler | Photo: DR

Depuis septembre, Formule Jeunes a envoyé Jean-Marc Andenmatten en mission dans notre UP auprès des jeunes. Aujourd’hui nous nous rendons compte qu’il est important que nous organisions et développions une pastorale jeunesse. Je vous invite à faire connaissance avec Jean-Marc et à découvrir son engagement et ses projets. Il a entre autres créé, avec les jeunes de l’UP Sainte-Trinité, le festival Crossfire de Belfaux.Qui es-tu Jean-Marc ?
J’ai 47 ans, je suis célibataire et je suis né en Corée du Sud, j’ai été adopté par un couple valaisan. Je suis valaisan d’adoption et de cœur. J’ai fait mes études universitaires en philosophie, science des religions et allemand à Lausanne. Après mes études, j’ai travaillé durant 10 ans à Philanthropos, qui se situe à Bourguillon. Je m’occupais des étudiants, pour un accompagnement intellectuel, ainsi que de la bibliothèque. Je faisais d’autres choses. La particularité de l’Institut est que je vivais avec les étudiants. 

En 2012, j’ai travaillé à la fondation du cardinal Charles Journet durant 4 ans. C’est là qu’est né en moi le désir d’écrire une thèse de doctorat sur « La conception de l’art chez Charles Journet » dans une approche interdisciplinaire : historique, philosophique et théologique. J’ai vu, dans les fonds d’archives, l’importance de l’art chez Journet. Je ne pouvais pas taire une telle richesse.

En 2015, j’ai commencé ma première expérience pastorale sur l’UP Sainte-Trinité. Je me suis occupé principalement des jeunes, d’abord à travers le parcours de confirmation puis en développant une pastorale jeunesse.

Aujourd’hui tu es engagé à Formule-Jeunes et c’est elle qui t’envoie dans notre UP. Peux-tu nous présenter ce service pastoral auprès des jeunes ?
L’idée de FJ est de proposer des activités pour les jeunes, pas uniquement dans le milieu des aumôneries aux CO et aux collèges, mais aussi dans les UP, afin de les aider à découvrir Jésus Christ dans leur milieu de vie. Ces jeunes ont entre 13 et 25 ans.

Elle propose pour cela différentes activités : des sorties, des camps, des accompagnements et des événements. Toutes les activités se font en lien avec les agents pastoraux qui travaillent sur le terrain. 

La difficulté pour FJ est de ne pas proposer quelque chose de fixe, une pastorale déjà établie, car tout est à faire. FJ existe car des jeunes veulent s’engager, sinon ce ne serait que des structures vides. FJ est dépendante de la motivation des jeunes, ils sont appelés à s’y investir. Les personnes qui y travaillent accompagnent les jeunes dans leur cheminement de la vie chrétienne. 

Quels sont les projets que tu aimerais réaliser dans notre UP ?
J’aimerais venir dans l’UP en me laissant surprendre par la nouveauté. Je ne veux pas venir avec des projets déjà établis mais découvrir ce qui est déjà en place, partir de choses déjà existantes. Ainsi, pour faire de la pastorale jeunesse, je vais avant tout m’enraciner dans la réalité du terrain. Mon premier enracinement se fera avec les enfants d’école primaire dans le but de mettre en place des groupes d’enfants adorateurs. Pour cela je prendrai contact avec Jaga. Mon deuxième enracinement se fera dans le cadre de la confirmation, avec Serge, afin de partir d’eux pour voir ce qu’il est possible de développer.

Ma première conviction est que les jeunes d’aujourd’hui ont soif de Dieu, il y a véritablement quelque chose à faire, mais surtout il faut le faire avec eux. Ma deuxième conviction, il est important pour moi que les jeunes trouvent leur place dans la communauté paroissiale. Ma troisième conviction, il faut à tout prix sortir des schémas classiques de l’époque, soit amener à tout prix les jeunes à la messe. Nous devons avant tout les intéresser à la vie de l’Eglise car ils en sont loin. Faisons-leur goûter la joie d’être chrétien en allant les rejoindre dans les périphéries. Ainsi naîtra le désir de l’engagement. Ma quatrième conviction, il faut rejoindre les jeunes dans leur sensibilité, dans leurs désirs, leurs doutes et leurs difficultés en étant à leur écoute. 

Dans l’Eglise, les personnes veulent trop souvent proposer aux jeunes diverses activités. Le problème, ils n’en sont pas porteurs et ne vont donc pas s’y investir. Effectivement, aujourd’hui, les jeunes ont de la peine à s’investir dans les projets à long terme s’ils ne sont pas interpellés pour les réaliser. Sur la base de mon expérience, je me suis rendu compte qu’il y a des idées extraordinaires qui peuvent venir des jeunes eux-mêmes. Comme je l’ai déjà dit, mon rôle premier est d’accompagner les jeunes dans leur vie de foi et leurs projets.

Mais une chose est pour moi fondamentale, j’aimerais créer un groupe de jeunes qui prient afin de porter eux-mêmes toute la pastorale jeunesse de l’UP. Ce sont les jeunes qui évangélisent les jeunes. 

Quel message aimerais-tu transmettre aux paroissiens de notre UP ?
Je vous invite à croire en nos jeunes, qui ont, en eux, des ressources insoupçonnées. Il y a de très belles surprises qui peuvent surgir. Pour cela nous devons leur faire confiance. Avec eux, attendez-vous à expérimenter une pastorale qui peut vous dérouter. Mais j’aimerais vous inviter à garder en tête que ce sont bien les jeunes d’aujourd’hui qui vont construire l’avenir de notre UP. Ils y seront porteurs du message chrétien. Je vous invite d’ailleurs à prier pour les jeunes, je vous les confie, car sans cela rien ne pourra se faire.

Jeux, jeunes et humour – octobre 2020

Par Marie-Claude Follonier[thb_image image= »5169″ img_link= »url:/wp-content/uploads/2020/09/BD_oct2020_OK. »]

Question d’enfant

Halloween est-elle une fête chrétienne ?

Depuis le VIIIe siècle au moins, les chrétiens font une veillée de prière le 31 octobre pour se préparer à la fête de la Toussaint et à la Commémoration des fidèles défunts qui sont célébrées les 1er et 2 novembre. En anglais, cette veillée s’appelle « All Hallows’Eve » ce qui a donné Halloween. Cette fête a donc un lien avec le christianisme, tout en s’inspirant de pratiques celtiques plus anciennes autour de la mort et de l’entrée dans la saison sombre (fête de Samain).

Par Pascal Ortelli

Humour

Un prédicateur tenait un sermon vigoureux contre les ravages de l’alcoolisme :
– « Je vous le demande, mes frères, mes sœurs, s’écrie-t-il, que peut-il y avoir de pire que l’alcool ? » 

Alors du fond de l’église, une voix s’élève :
– « La soif ! »

Par Calixte Dubosson

Les services de l’Eglise: en parler ou pas?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral de Martigny (VS), octobre 2020

Propos recueillis par Françoise Besson | Photos: ldd

L’Eglise, les membres des communautés, les services de diaconie dans les paroisses se préoccupent de multiples manières des personnes isolées, démunies, confrontées à des difficultés de toutes sortes. Ces services sont parfois connus, parfois moins. Faudrait-il en parler davantage ? Dans la presse et les médias, les informations qui concernent l’Eglise sont souvent consternantes, d’où ma question : faudrait-il plus communiquer sur les services de l’Eglise ou plutôt des Eglises, sur leur engagement au quotidien ?Trois personnes, engagées au quotidien dans des ministères différents ont répondu à cette question : Anne-Laure Gausseron, Agnès Thuégaz et Jean-Michel Girard. Quelles peuvent être les raisons de parler ou de ne pas parler des services rendus par l’Eglise ?

L’intention de l’information

Anne-Laure Gausseron, oblate de la congrégation du Saint-Bernard

Pour moi la question est plus large, elle n’est pas vraiment de savoir s’il faut parler ou se taire, mais plutôt de reconnaître le besoin en amont et quelle est notre intention lorsqu’on parle des services rendus par l’Eglise. Est-ce pour informer ? Pour se justifier ? Est-ce pour partager ou pour exister ? Est-ce pour briller ou pour s’autosatisfaire ?

Toute parole d’information a, je crois, besoin d’être réfléchie. Il y a des sujets sensibles. Celui des réfugiés par exemple. Il s’agit de savoir comment les aborder pour qu’ils ne deviennent pas uniquement des sujets polémiques. Nous sommes dans un monde où l’information est parfois diluée dans les réseaux sociaux. Elle est rapide, mondialisée et immédiate. Alors le risque de confusion est grand, c’est une démarche délicate.

Certains journaux offrent des espaces d’informations précis et factuels, d’autres des espaces pour débattre, d’autres encore pour se nourrir de réflexions et d’idées de personnes compétentes dans leur domaine. C’est important de s’informer, de réfléchir et de garder en tant que lecteur certaines questions ouvertes et en suspens. 

Si nous parlons nous-même de ce que nous faisons, c’est-à-dire sans le filtre d’un professionnel journaliste, il nous faut être attentifs, je crois, à ne pas être surplombant ou sans distance avec nous-même, pour ne pas tomber dans le : « Regardez ce qu’on fait ! » Le but serait de partager le plus simplement possible la vie de la communauté, créer de la communion et donner une « bonne nouvelle ».

Une aide qui se professionnalise

Agnès Thuégaz, pasteure de la paroisse Coude du Rhône

Chez les réformés, il y a une longue tradition historique du soin des plus pauvres, de fondation d’hôpitaux et d’écoles, de soutien des plus vulnérables. On appelle encore aujourd’hui les « œuvres » PPP (Pain pour le Prochain) et l’EPER (Entraide protestante) qui ont été fondées et sont financées notamment par nos Eglises et qui portent des projets en faveur des plus démunis et des plus défavorisés. Ces deux ONG qui vont fusionner sont devenues professionnelles et spécialisées. L’argent récolté l’est d’abord grâce aux thématiques et aux projets, plutôt qu’à cause du lien avec l’Eglise qui est de moins en moins évident.

En parallèle on a une solidarité locale, plus ponctuelle et très humaine… Des personnes qui passent dans notre bureau, une famille qu’on rencontre et qui est en difficulté, c’est du travail de fourmi et c’est notre quotidien…

Le risque de la bonne conscience
Les protestants se méfient des œuvres. Le courant réformateur annonçait le salut par la foi seule (sola fide). Donc il y a à la fois une exigence de l’œuvre, comme conséquence de la foi et une réticence à le dire. Je préfère mettre l’accent sur ce que je suis plutôt que sur ce que je fais. Le « risque de la bonne conscience » n’est pas loin, soit le fait de justifier une vie prospère en m’acquittant du devoir d’aider les pauvres. Cette attitude est ambiguë parce que l’on a alors besoin de pauvres à prendre en charge. On est là dans un système qui entretient les inégalités et qui catégorise : l’étranger, le pauvre, le maltraitant… 

Les stéréotypes
Donc si on me dit : « Est-ce que tu aurais envie de communiquer sur les œuvres aux plus vulnérables ? » Je me dis : Qui est l’étranger ? Qui est le pauvre ? Comment visibiliser, communiquer sans tomber dans les clichés, l’écueil des catégories ? Comment ne pas restreindre mon accompagnement à une certaine population ? Nous sommes vraiment marqués par des stéréotypes et l’Eglise devrait avoir un côté subversif pour dénoncer nos constructions mentales, nous aider à déconstruire nos aprioris.

La libération
Le fondement de notre mission est d’être témoin et porteur·euse d’une Bonne Nouvelle, partout, en tout temps. Je ne voudrais pas qu’on visibilise l’Eglise comme prestataire d’un certain service pour une certaine pauvreté, ce qui justement risque de nous mettre dans le piège de la bonne conscience et d’entretenir les clivages. Pour moi, la mission de l’Eglise, c’est de favoriser la libération de tout ce qui empêche la vie de circuler, d’inviter chacun-e à la réconciliation qui permet aux liens d’être recréés. Je souhaiterais que notre présence dans la société soit une invitation à une forme de vigilance, d’écoute de l’autre et de l’Autre pour tisser une communauté où chacun·e ait sa place.

Si je devais dire quelque chose ce serait d’abord de partager ce qui est une force de libération pour moi. Comment communiquer là-dessus ? Comment communiquer sur la Vie avec un grand V ? On ne peut pas l’enfermer, ni la mettre sur un flyer, cela se vit dans la rencontre et se déploie de mille manières… 

De la nécessité de se faire connaître

Jean-Michel Girard, prévôt de la congrégation du Saint-Bernard

Si le but de faire connaître ce que l’on fait, est de se mettre en valeur, c’est tout à fait nul ! Mais par exemple, au début de nouvelles fondations, comme le Point du Jour (pour les femmes victimes de violence), ou Clair de Vie (pour les jeunes en difficulté), il a été nécessaire de se faire connaître, d’informer les services sociaux entre autres, pour pouvoir toucher les personnes concernées par cette aide proposée. 

Visibilité ou lisibilité ?
Parfois le problème n’est pas la visibilité, mais le manque de lisibilité, ce qui n’est pas tout à fait la même chose ! Ce que l’on fait en Eglise peut parfois paraître ambigu. Je pense par exemple au musée que nous avons fait à l’hospice du Grand-Saint-Bernard, nous avons fait de notre mieux pour rendre accessible au public des objets religieux, ce que l’on appelle « le trésor », il y a donc une salle où les gens peuvent les voir. Devant ces vitrines, certains diront : « Eh bien, il y en a des richesses ici ! » Il y a là, une ambiguïté sur l’intention, sur la raison d’exposer ces objets. 

Le témoignage chrétien
Quand j’étais à la paroisse de Martigny, j’étais touché de voir que dans presque tous les groupes et organisations sociales de la ville, comme l’AMIE, il y avait beaucoup de chrétiens engagés. Cela me réconfortait… Ce n’était pas des organisations religieuses en tant que telles mais la présence même de ces chrétiens était une forme de témoignage. 

Dans l’Eglise, il y a eu souvent des personnes mises en valeur, comme par exemple Mère Teresa, figure incontournable à un moment donné. D’une certaine manière, je trouve formidable qu’il y ait des personnes comme elle pour dire qui est le Christ et combien une vie est transformée quand le message du Christ est mis en pratique, c’est un témoignage fantastique ! Mais se mettre toujours derrière le leader pour dire « nous aussi on en fait partie », c’est plus discutable… 

A part ça, je trouve que c’est positif que certaines activités soient connues, comme les rencontres du mercredi (Foyer Abraham) ou les sorties qui sont organisées sur les week-ends ou encore les vacances accompagnées. Il y a un côté réconfortant à savoir ce qui se fait collectivement, c’est encourageant pour tout le monde de pouvoir se dire : « Ensemble, on fait cela, on peut porter certaines préoccupations, seuls ce ne serait pas possible. » Dans ces groupes, il y a beaucoup de bénévoles et c’est un exemple stimulant ! On sait bien que l’exemple a beaucoup plus de valeur que
les injonctions ou les discours. C’est donc nécessaire qu’il y ait une certaine visibilité… 
C’est intéressant de voir que dans l’Evangile il y a deux paroles qui paraissent contradictoires, « vous ferez cela dans le secret, votre père voit dans le secret (Mt 6, 4)… » et l’autre où il est dit « Alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père […] » (Mt 5, 16). Quand on trouve dans l’Evangile un contraste en « noir et blanc », ça nous invite à nuancer… 

La présence du Christ

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, décanat Sion (VS), octobre 2020

Par Line | Photo: Pxhere

Mon prochain… est-ce vraiment toi, Seigneur ?

Le mendiant assis au bord du trottoir…
s’il travaillait il n’en serait pas là !
Oh oui, Seigneur, je lui donne une aumône,
car c’est Toi Jésus qui n’es pas riche.

L’enfant tombe et pleure…
il n’avait qu’à faire attention !
Oh oui, Seigneur, j’aime le consoler et l’embrasser,
car c’est Toi Jésus qui t’es fait mal.

Le vieillard peine à traverser la route…
il n’a qu’à rester chez lui !
Oh oui, Seigneur, je vais l’aider à passer,
car c’est Toi Jésus qui marches avec difficulté.

Le marginal habite à côté…
il pourrait soigner sa personne !
Oh oui, Seigneur, je choisis de lui dire bonjour,
car c’est Toi Jésus qui es mal rasé.

L’amie dont j’ai perdu tout contact…
elle ne me téléphone jamais !
Oh oui, Seigneur, je décide de l’appeler,
car c’est Toi Jésus que j’ai perdu de vue.

Mon prochain… oh oui, c’est vraiment Toi,
Seigneur !

Rendre service

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur de l’Entremont (VS), octobre 2020

Par Michel Abbet | Photo: Pixabay

« Ce qui me frappe en premier lorsque je visite les paroisses, disait notre évêque Mgr Jean-Marie Lovey, ce sont toutes les actions bénévoles qui s’y déroulent. » Il aurait pu ajouter « dans l’ombre », tant ces actions sont discrètes et passent inaperçues pour la plupart, sauf bien sûr pour ceux qui en bénéficient et qui apprécient énormément le service rendu.

La communion arrive jusque dans les chambres des homes. Qui donne de son temps pour apporter l’Eucharistie aux personnes âgées ? Et qui leur offre de précieuses minutes en restant un moment avec elles pour qu’elles se sentent moins seules ?

Le sol de l’église brille, les bancs sont propres. Difficile à remarquer, tant cela paraît normal et logique. Mais combien d’heures ont été nécessaires pour maintenir cette immense surface dans un état impeccable ? 

Les enfants font leur première communion, ou reçoivent le sacrement de la confirmation. Qui s’est dévoué pour assurer la préparation et l’accompagnement ? Qui, année après année, s’est soucié d’offrir à l’enfant une aube si belle qu’elle paraît comme neuve ?

L’on pourrait certainement allonger la liste à l’envi, en étant sûr de ne pas réussir à recenser l’ensemble des activités quotidiennes ou épisodiques, généreusement accomplies au service de la communauté. Ce serait long, fastidieux, et certainement pas très utile.

Mais il est important de prendre conscience de tous ces « cadeaux » que nous recevons sans même y prêter quelquefois attention ! Et d’exprimer un immense sentiment de reconnaissance vis-à-vis de ceux et celles qui, dans un esprit de gratuité, mettent à disposition leur temps et leurs compétences, en leur disant en toute simplicité, mais aussi avec cœur MERCI. 

Oui, merci à toi, le servant de messe, merci à vous les amoureuses des fleurs, merci à vous les responsables de l’organisation du premier pardon. A travers vos trois activités évoquées dans les pages de ce numéro, c’est à l’ensemble des bénévoles que nous voulons rendre hommage ! Sans votre dévouement, nos communautés ne pourraient exister ! 

Les «Magasins du monde» fidèles à leur mission

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, paroisse Saint-Laurent Estavayer / Au large (FR), octobre-novembre 2020 Par Claude Jenny | Photos: Georges Losey, Claude JennyFidèles à leur mission de promouvoir le commerce équitable, les «Magasins du monde» occupent une place à part sur le marché. L’antenne staviacoise est à l’œuvre depuis trente ans et l’officine de la rue […]
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Servir l’autre pour servir Dieu

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral des Coteaux du Soleil (VS), octobre 2020

Par l’abbé Pierre-Yves Pralong

Notre Dieu s’est fait chair, Il a habité parmi nous ! Il n’a pas dédaigné notre humanité, bien au contraire, malgré le choix que nous avions fait de Le quitter au début de la création, Il est venu au cœur de notre humanité pour recréer le lien avec Lui, pour nous relever et pour nous donner encore plus l’occasion de Le servir dans nos frères et sœurs.

Dans notre foi tout est lié, l’amour que nous recevons du bon Dieu dans la vie de prière (Parole de Dieu, sacrements, prière personnelle), nous sommes appelés à le transmettre autour de nous dans notre quotidien envers chaque être humain. Ça va même très loin, nous pourrions douter du lien que nous avons avec Dieu si ce lien n’augmentait pas en nous l’amour du prochain. L’un est inévitablement lié à l’autre. Nous sommes appelés à donner notre vie à la suite de Celui qui a donné Sa vie pour nous !

Et ce qui est très beau, c’est qu’en plus, en servant le prochain, c’est en même temps Dieu que nous honorons. Car nous sommes tous ses enfants et nous sommes tous appelés à nous épauler et à nous aider sur le chemin ici-bas. Du coup stoppons, avec la grâce de Dieu, toute critique, tout jugement sur l’autre et commençons, rien que pour aujourd’hui – comme disait la petite Thérèse – à aimer en vérité le prochain. Prions les uns pour les autres, aidons-nous les uns les autres, si nous voulons vraiment servir Dieu en vérité. Maurice Zundel résumera tout cela en disant : « On ne se possède qu’en se donnant, on ne se sauve qu’en consentant à se perdre. L’être est à la mesure du don. » Dieu vous bénisse…

Le lien, la force du bien

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), octobre 2020

Texte et photo par Geneviève Thurre

C’est l’histoire de cette vieille dame qui se désespère de ses maux, de ses proches qui ne viennent pas, des thuyas qui retrouvent leur état sauvage, de cette ampoule qu’il faudrait changer. Oh ! Elle n’est pas indigente, la situation n’est pas alarmante, si elle a besoin, elle peut appeler. Sauf que d’appeler, cela la dérange. Elle n’aime pas. Une voisine lui fait une visite pour lui offrir une salade (en trop) de son jardin et entend le chagrin de l’aînée. Elle commence à lui rendre visite, puis service. Le lien qui se crée est concret, tangible. Il se sent à travers les paroles gentilles, les caresses, les regards affectueux, les impatiences, voire les colères aussi. Cette relation permet aux deux dames de vivre leur humanité. Ce lien est la force du bien. Il crée une chaîne d’amour.

Combien d’hommes et de femmes sont au service de l’Autre ? Il est possible de remplir nos médias uniquement de ces histoires d’humanité qui certes n’attirent pas nos curiosités car « trop simples ». Elles sont cependant les piliers de notre monde, qui a ainsi survécu aux plus grands chaos de notre histoire. Une étincelle d’humanité dans une situation désespérée redonne espoir et entretient la chaîne de l’amour.

Ce texte peut paraître naïf, simpliste : les forces du bien et du mal, opposées, comme dans un mauvais film de science-fiction. Mais notre histoire est-elle plus compliquée que cela ? Ne tient-elle pas entièrement dans les liens qui unissent les hommes entre eux ? Ne devient-elle pas belle quand c’est la solidarité, la charité qui l’animent, ne devient-elle pas noire quand c’est l’égoïsme et la méchanceté qui sévissent ?

Pour tous les hommes et les femmes de bonne volonté, de toutes les religions ou sans religion, servir l’Autre, c’est servir l’amour. Pour nous chrétiens, l’Amour, c’est Dieu.

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