Une année avec saint Joseph

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), janvier-février 2021

Par Mgr Alain de Raemy, évêque des jeunes, paru sur vocations.ch | Photo: MV

Le pape François a rendu hommage, le 8 décembre dernier, à saint Joseph, dans sa lettre apostolique Patris Corde, rédigée à l’occasion du 150e anniversaire de la proclamation de l’époux de la Vierge comme patron de l’Église universelle. À cette occasion, une « année spéciale saint Joseph » a été décrétée, elle se tiendra jusqu’au 8 décembre 2021.Cette lettre, le pape François en a eu l’intuition pendant la première vague de la pandémie. Il a vu en Joseph le modèle de toutes celles et tous ceux qui ont sauvé notre société par leur travail et leurs services et qui passent en temps normal inaperçus : « Saint Joseph nous rappelle que tous ceux qui, apparemment, sont cachés ou en « deuxième ligne » jouent un rôle inégalé dans l’histoire du salut. »

J’apprends en lisant cette lettre que saint Joseph est le saint le plus cité par les papes, après Marie. J’apprends que Jean XXIII aurait aimé prendre ce nom de Joseph, mais n’a pas osé, non pas parce que c’était son nom de baptême, mais parce qu’aucun pape ne l’avait fait avant lui. Mais il l’a introduit dans la liste des saints à toujours citer dans l’Eucharistie. Enfin, cette lettre me remémore que Pie IX le reconnaissait protecteur de l’Église il y a tout juste 150 ans, Pie XII celui des travailleurs, et Jean-Paul II le disait Gardien du Rédempteur.

Pour comprendre la force de la faiblesse
Le pape nous rappelle avec insistance que Dieu « peut agir à travers nos peurs, nos fragilités, notre faiblesse ». Dieu ne se sert pas seulement de nos qualités, mais tout autant de nos fragilités. Il regarde nos défaillances avec tendresse, sans jamais nous condamner. Combien de fois saint Joseph n’a-t-il pas été préoccupé, désarçonné. Mais toujours il a su faire confiance, ne pas en rester à ses difficultés, il a su s’en remettre à la providence. Sa faiblesse est devenue… sa force.

C’est ainsi que saint Joseph vit dans une double obéissance : obéissance à ce qui lui vient vraiment de Dieu (les songes) et obéissance aux choses de la vie comme elles sont, sans les fuir, mais au contraire en en faisant un chemin de nouvelles découvertes, un chemin de conversion. Ce qui s’appelle transformer nos problèmes en autant d’opportunes occasions !

Saint Joseph a dit et redit, autant que son épouse Marie : qu’il me soit fait selon ta Parole, ainsi soit-il !

Un soupçon…
Le pape est tellement émerveillé par le rôle que saint Joseph a pu jouer dans la croissance humaine de Jésus qu’il s’écrie : « Je veux imaginer que, pour la parabole du fils prodigue et du père miséricordieux, Jésus se soit inspiré des comportements de Joseph ! »

Dans le contexte actuel de harcèlements et de sexismes, le pape souligne combien les hommes dans leurs attitudes avec les femmes peuvent s’inspirer de lui, de Joseph avec Marie. En ce temps de crise économique, combien le chômage est contraire à la plus noble des aspirations humaines de contribuer à la vie, à la manière d’un simple charpentier dans un lieu reculé. En ce temps d’absence du père, combien ce rôle peut et doit être constructeur et libérateur. Et combien la chasteté n’est pas qu’une question d’affectivité, mais surtout, en toute chose, un savoir aimer qui se donne sans vouloir posséder.

Un appel !
Comme toute lettre, elle est écrite pour être lue. Mais en l’occurrence, elle pourra être lue et relue ! Ce ne sera pas du temps perdu. Je peux vraiment la recommander. Je n’ai jamais vu, en si peu de pages, un si grand condensé de sagesse chrétienne, et tout… sauf compliqué !

Merci, Saint-Père !

Suivre l’étoile?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg, janvier-février 2021

Par l’abbé Alexis Morard, doyen | Photo: Pixabay

En ce début de l’an nouveau, nous avons coutume de faire mémoire de ce mystérieux voyage qu’ont accompli des mages, suivant le désir de leur cœur qui les poussait à aller à la rencontre d’une nouveauté absolue dont ils ignoraient encore la réalité.

Ils ne se sont pas mis en route parce qu’ils ont vu l’étoile mais ils ont vu l’étoile parce qu’ils se sont mis en route, comme l’avait remarqué saint Jean Chrysostome (IVe siècle). Les mages « avaient le cœur ouvert sur l’horizon et ils ont pu voir ce que le ciel montrait parce qu’ils avaient en eux un désir qui les poussait. Ils reflètent l’image de tous les hommes qui, dans leur vie, ne se sont pas laissé anesthésier le cœur ». (Pape François)

Davantage que des « vœux pieux » qui n’engagent souvent pas à grand-chose – comme ces résolutions qui parfois révèlent par trop notre décourage­ment face à nous-mêmes ou au monde qui nous entoure – puissions-nous choisir véritablement de nous (re)mettre en route en osant écouter les grands désirs qui habitent notre cœur. Nous pourrons ainsi orienter notre marche, guidés sûrement par la tendresse de Celui qui nous donne rendez-vous dans l’humilité d’un Amour qui s’est fait chair et qui nous a rejoints d’une manière que nous n’aurions pu imaginer.

Fraternité

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), novembre-décembre 2020

Par l’abbé Alexis Morard, doyen | Photo: DR

En cette période pandémique, le besoin de fraternité se fait sentir de manière particulière. C’est précisément la thématique de la dernière lettre encyclique du pape François dont nous découvrons quelques intuitions majeures dans ce numéro, à travers le regard de Mgr Alain de Raemy, évêque auxiliaire.

Avec le chanoine Philippe Blanc, c’est un vrai frère et un vrai pasteur que nous avons accueilli le dimanche 25 octobre dernier à la cathédrale. Les paroisses, bénévoles et agents pastoraux de l’unité pastorale Notre-Dame et tout le décanat de Fribourg se réjouissent de collaborer avec lui dans l’annonce de l’Évangile. 

Belle fraternité que celle de ces enfants qui, au début de l’automne, ont reçu pour la première fois l’Eucharistie. Un retour en images des célébrations de premières communions dans notre décanat. Merci à leurs parents, parrains et marraines et aux catéchistes qui les ont accompagnés sur ce chemin.

En ce mois de novembre, l’Église nous invite à lever les yeux vers la Cité où sont inscrits les noms de tous nos frères et sœurs défunts. Puissions-nous
garder au cœur d’inscrire les nôtres dans celui de notre prochain, à la manière dont nous y invite le pape François dans la finale de « Fratelli tutti » :

« Notre Dieu, Trinité d’amour,
par la force communautaire de ton intimité divine
fais couler en nous le fleuve de l’amour fraternel.
Donne-nous cet amour qui se reflétait dans les gestes de Jésus
dans sa famille de Nazareth et dans la première communauté chrétienne.
Accorde aux chrétiens que nous sommes de vivre l’Évangile
et de pouvoir découvrir le Christ en tout être humain,
pour le voir crucifié
dans les angoisses des abandonnés et des oubliés de ce monde
et ressuscité en tout frère qui se relève.

Viens, Esprit saint, montre-nous ta beauté
reflétée en tous les peuples de la terre,
pour découvrir qu’ils sont tous importants, que tous sont nécessaires,
qu’ils sont des visages différents de la même humanité que tu aimes. Amen ! »

Bien cordialement.

Fratelli tutti

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), novembre-décembre 2020

Par Mgr Alain de Raemy, évêque auxiliaire | Photo: DR, JoÃo Carita

Mgr Alain de Raemy, évêque auxiliaire de Lausanne, Genève et Fribourg livre, au nom des évêques suisses, un premier commentaire sur l’encyclique Fratelli tutti du pape François publiée le 4 octobre 2020.Citant de manière surprenante une chanson de l’auteur-compositeur brésilien Vinicius de Moraes, avec renvoi en note à son disque de 1962 (no 215), ainsi que le cinéaste Wim Wenders (no 203), le théologien Karl Rahner (no 88), beaucoup saint Thomas d’Aquin, des philosophes reconnus tels un Gabriel Marcel (no 87) ou Paul Ricoeur (no 102) ou même le controversé Georg Simmel (no 150), le futur pape Karol Wojtyla (no 88) encore jeune évêque dans son ouvrage « Amour et Responsabilité », mais aussi un maître de spiritualité tel René Voillaume (no 193), le Pape aime surtout se référer aux saintes écritures, à ses prédécesseurs, aux conférences épiscopales du monde entier, à ses propres écrits ou interviews, et en particulier à son ami le grand imam de l’université d’Al Azhar Ahmad Al-Tayyeb, avec qui il a signé le « document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune » à Abou Dabi en février 2019. Le Pape conclut d’ailleurs ses réflexions en reprenant leur appel commun. Mais le Pape dit aussi sa redevance à Martin Luther King, Desmond Tutu, Gandhi, et en particulier à Frère Charles de Foucauld qui inspire la prière proposée en conclusion de l’encyclique.

On a vraiment l’impression que le pape François veut donner le fondement ou la consistance chrétienne des déclarations du document précité d’Abou Dabi, mais aussi souligner encore l’aspect social de son encyclique précédente sur les enjeux écologiques, Laudato sì’. Saint François d’Assise et la parabole du bon Samaritain, analysée en profondeur, donnent le ton, en rappelant au passage que « nous avons tous quelque chose d’un homme blessé, quelque chose d’un brigand, quelque chose de ceux qui passent outre et quelque chose du bon Samaritain » (no 69). Et de rappeler en passant que Jésus lui-même avait été conspué de « samaritain »… (selon Jean 8,48, no 83). Mais le souci du Pape pour une juste compréhension de l’apport chrétien aux problèmes de l’humanité se voit notamment dans les passages sur « le conflit inévitable, les luttes légitimes et le pardon, la vraie victoire, la mémoire » (nos 237-254). Il est question du pardon qui ne quitte pas la justice mais sort de la haine. Puis aux numéros 255-270 sont analysées et rejetées les deux façons « d’éliminer l’autre », celle qui concerne les pays, la guerre, et celle qui concerne les personnes, la peine de mort. Des pages très complètes d’une profondeur remarquable. Il y est même répété, puisque le Pape se cite lui-même : « La prison à perpétuité est une peine de mort cachée. » (no 268) Il y va de l’inaliénable dignité de tout être humain. Point. Mais justement un « point », qui dans l’esprit de l’encyclique, pour convaincre, doit rester ouvert au dialogue!

Un examen de conscience

Cette encyclique est un appel aussi passionné que raisonné lancé à tous les hommes « de bonne volonté, quelles que soient leurs convictions religieuses » (no 56), à tous les peuples, à toutes les institutions et gouvernements, en faveur d’un authentique souci post-pandémique de changement radical pour un respect actif et universel des plus petits, des plus pauvres, des plus exposés aux dangers, dont la dignité ne saurait souffrir aucune exception. « Si la disparition de certaines espèces nous préoccupe, nous devrions nous inquiéter du fait qu’il y a partout des personnes et des peuples qui n’exploitent pas leur potentiel ni leur beauté, à cause de la pauvreté ou d’autres limites structurelles, car cela finit par nous appauvrir tous. » (no 137)

Le Saint-Père y décrit ainsi le racisme comme un virus de la pire espèce « qui mute facilement et qui, au lieu de disparaître, se dissimule, étant toujours à l’affût. » (no 97), et l’individualisme radical comme « le virus le plus difficile à vaincre » (no 105).

L’amour est présenté comme le seul fondement solide, non seulement entre personnes, mais aussi entre cultures, religions et nations : « Nous avons été créés pour une plénitude qui n’est atteinte que dans l’amour. » (no 68) Tout ce qui ne serait qu’un accord ou compromis dont chacun tire profit reste fragile. Et même les vertus, « sans la charité, n’accomplissent pas strictement les commandements comme Dieu les entend ! » (no 91). Car « le plus grand danger ne réside pas dans les choses, dans les réalités matérielles, dans les organisations, mais dans la manière dont les personnes les utilisent ». (no 64) C’est la découverte de l’autre et de la différence qui permet de se compléter et donc de grandir en humanité. Pour cela, le dialogue est la voie royale et certifiée !

Il ne suffit pas de croire en Dieu

Les croyants en prennent pour leur grade : « Croire en Dieu et l’adorer ne garantit pas de vivre selon sa volonté » (no 74, no 86). Il en donne bien des exemples, tout au long de l’encyclique, qu’il s’agisse de comportements personnels ou collectifs…

Ainsi, la responsabilité personnelle est aussi soulignée : « Tout attendre de nos gouvernants serait puéril » (no 79) ! Ainsi, « si quelqu’un a de l’eau en quantité surabondante et malgré cela la préserve en pensant à l’humanité, c’est qu’il a atteint un haut niveau moral qui lui permet de se transcender lui-même ainsi que son groupe d’appartenance » (no 117). Mais surtout, à la fin de l’encyclique, le Pape rappelle qu’évincer Dieu c’est livrer l’homme aux idoles (nos 271-284).

La fraternité en humanité

Si saint François s’est bien adressé à ses frères en religion en leur disant « tous frères », et si le saint d’Assise s’est comporté envers toute femme et tout homme en frère, jusqu’auprès d’un sultan en égypte, cela remonte bien sûr à Jésus, nous dit le pape homonyme ; car en Matthieu 23, 8, Jésus dit bien : « Vous êtes tous des frères et sœurs. » (no 95) Autrement dit : vous n’y pouvez rien, c’est ainsi. C’est le fondement même de l’amitié sociale, le fondement de cette humanité qui nous est si commune. La revendication incontournable de mêmes droits pour tout être humain « découle du seul fait de posséder la dignité humaine inaliénable » (no 127). Au point d’appeler « à renoncer à l’usage discriminatoire du terme minorités » (no 131) et à agir plutôt avec et à l’écoute des autres, et notamment des pauvres, que pour eux (no 169). Être tous frères et sœurs est pour ainsi dire la plus belle des fatalités, occasion providentielle de découvrir le bonheur d’aimer et d’être aimé ! C’est ce sentiment fondamental d’appartenance à une même famille (no 230) qui ouvre au sens du bien commun. En plus, rien de ce qui est fait par amour ne sera perdu ! (no 195)

Fratelli tutti ? Un appel qui est mise en garde et prière

Le pape lance bien cet avertissement : « ou bien nous nous sauvons tous ou bien personne ne se sauve » (no 137) ! Mais il conclut, plein d’espérance, en prière, en nous en offrant une version interreligieuse et l’autre chrétienne.

Marie dans les arbres

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), novembre-décembre 2020

Par Elisabeth Piller et Danièle Moulin | Photos: Jean-Yves Menoud

Sur le chemin de Compostelle qui traverse la forêt de Belle-Croix à Villars-sur-Glâne, un petit oratoire dédié à la Vierge Marie accueille à nouveau les promeneurs. Dans les années 2000, des catéchistes avaient demandé à la paroisse de créer un modeste lieu de pèlerinage pour les enfants des écoles, un signe discret de la présence de Marie parmi nous. Malheureusement, l’oratoire fut vandalisé il y a peu, par quelques malveillants.

Oratoire marial de Belle-Croix.

Il n’est pas rare de voir des promeneurs s’arrêter quelques instants sur le banc pour prier, déposer des soucis, demander protection à celle qui intercède pour tous les humains.

Ce petit oratoire marial perché dans un arbre de la commune de Villars-sur-Glâne n’est de loin pas un exemple isolé. En se promenant dans notre beau canton de Fribourg, parsemé de multiples églises, sanctuaires, chapelles, oratoires et croix, il est fréquent, en levant les yeux, de découvrir des statues ou des images de la Vierge Marie « accrochées » à des arbres. Durant la Contre-Réforme, dans un contexte de querelle entre catholiques et protestants à propos des images, de nombreuses légendes concernant la Vierge Marie voient le jour, avec l’intention de revivifier et de justifier le culte des images. À cette période, certains réformateurs protestants détruisent images et statues religieuses, afin de démontrer que le Christ est le seul médiateur des hommes auprès de Dieu. Pour de nombreux catholiques, les images ayant subi ces déprédations sont considérées comme de véritables martyres, ayant souffert, à l’instar de personnes vivantes, dans leur chair de toile et de bois. Ces événements susciteront de la part des fidèles catholiques une plus grande attention, une nouvelle dévotion ainsi qu’une attitude de profond respect en présence de ces images-victimes. 

Des lieux inédits
Des images de la Vierge apparaîtraient de manière miraculeuse dans des lieux inédits : à Berlens, une statue de la Vierge serait ainsi apparue au milieu d’un buisson d’aubépines. De plus, il n’est pas rare que ces images, que les fidèles tentent de déplacer dans des lieux de cultes pour diverses raisons, reviennent à leur emplacement initial. Le cas de ces Vierges « têtues » se retrouve à Berlens, à Notre-Dame de Tours à Montagny ainsi qu’à Notre-Dame du Portail à Romont. Ces phénomènes démontrent que les fidèles ne considèrent pas ces Vierges comme de simples images, mais comme des protagonistes « que l’on écoute, à qui l’on obéit et dont on sollicite l’avis » 1 . La manifestation de ces images survient le plus généralement dans la nature ou dans des lieux isolés, bien souvent dans des arbres, à l’emplacement où l’on construit ensuite des chapelles ou des sanctuaires. 

Ces dévotions à la Vierge ont un caractère très clairement populaire, dans la mesure où elles surgissent souvent en marge des lieux de cultes reconnus et officiels, et où leur mise sur pied relève souvent d’initiatives personnelles. 

Mais pourquoi Marie apparaît-elle si fréquemment dans des arbres ? D’un point de vue symbolique, la signification de l’arbre est d’une grande richesse. À la fois refuge et signe de fécondité, l’arbre est un symbole de vie, qui meurt et renaît chaque saison. Dressé vers le ciel, profondément enraciné dans le sol, l’arbre est aussi le symbole de l’homme sage qui respecte la terre et regarde Dieu. Dans la Bible, l’arbre représente également la foi : « Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur, dont le Seigneur est la confiance. Il sera comme un arbre planté près des eaux, qui pousse vers le courant ses racines. Il ne craint pas quand vient la chaleur : son feuillage reste vert. L’année de la sécheresse, il est sans inquiétude : il ne manque pas de porter du fruit » (Jr 17, 7-8). 

Puisse Marie, sous les traits d’une jeune maman entourant de tendresse son enfant, inviter le passant à ralentir le pas… lui offrir sa présence bienveillante, un petit moment de réconfort… et lui accorder, dans un souffle de silence, la paix du cœur…

Lors de vos promenades, si vous découvrez des petits sanctuaires mariaux, n’hésitez pas à les prendre en photo et à les envoyer à communication@upsaintjoseph.ch ! D’avance un grand merci !

1 BALZAMO, Nicolas, L’Atlas Marianus de Wilhelm Gumppenberg, Neuchâtel, 2015.

Sources :
– BALZAMO, Nicolas, L’Atlas Marianus de Wilhelm Gumppenberg, Neuchâtel, 2015.
– YERLY, Frédéric, La religion populaire dans le canton de Fribourg (fin du XVIIIe – milieu du XIXe siècle : nature, caractéristique et évolution, mémoire de licence présenté à la Faculté des lettres de l’Université de Fribourg, 1990.

Plan pour trouver l’oratoire de Belle-Croix à Villars-sur-Glâne.

Patrick Cerchia: prier avec et pour les autres

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), novembre-décembre 2020

Par Jean-Marie Monnerat | Photo: C. Cerchia

«Nos activités pastorales ne peuvent porter un fruit qui demeure que si elles sont confiées au Père qui pourvoit à tout ce dont nous avons besoin», telle est la devise de Patrick Cerchia, diacre et chargé du ministère de prière et d’intercession pour les paroisses de Fribourg et environs. Sa vie est une succession d’étapes, parfois compliquées, qu’il surmonte avec le soutien du Seigneur dans la prière. À l’aube de ses soixante ans, il a déjà eu plusieurs expériences de vie. Voici quelques éléments de son histoire. Patrick Cerchia a vu le jour en janvier 1961 à Lausanne. C’est un enfant prématuré, né après six mois de grossesse seulement. Le temps passé en couveuse sera de deux semaines. Un temps bien trop court pour avoir une belle santé: son handicap découle de lésions irréversibles au cerveau, ce qui l’empêchera toute sa vie de se déplacer normalement. Pour lui, son handicap ne fait pas l’objet d’une importance particulière. Il le voit plutôt comme une complication dans son existence. Il s’attache à terminer une formation dans le domaine de la bureautique quand, à l’âge de 20 ans, il comprend que Dieu est au centre de sa vie. « J’ai voulu offrir aux autres ce que j’avais reçu, mais comment ? » explique-t-il. Devenir prêtre ? Trouver une autre voie ? Se marier ? Que de questions ! La réponse lui apparaîtra lors de sa formation à l’École de la foi, à Fribourg, complétée par trois ans d’études à l’Institut de Formation aux ministères (IFM), un mariage et un métier, celui d’assistant pastoral. « Notre couple est sans enfant, mais en accompagnant les jeunes dans différents domaines de la pastorale paroissiale, je peux dire que j’en ai eu des centaines » sourit-il. 

Le prochain changement important dans sa vie interviendra au cours de la quarantaine. « Jusque-là, je vivais comme si je n’avais pas de handicap, mais en fait celui-ci se manifestait de manière toujours plus importante, douloureuse et intrusive dans ma vie. Je sentais que mon corps n’arrivait plus à suivre. Par exemple, pour être en mesure de donner un cours dans une classe à 8h du matin, je devais me lever à 4h30. J’étais toujours plus fatigué et il ne m’était plus possible de continuer une activité à plein temps », poursuit Patrick Cerchia. 

Dans ma tête je n’avais pas de handicap
Il lui aura alors fallu plusieurs années pour accepter que la perte graduelle de la motricité et les efforts qu’il avait dû fournir avaient usé son corps et que désormais il ne pourrait plus garder le même style de vie. Pour tenir compte de son état, il a d’abord travaillé à mi-temps, puis à 10 %, puis pour de courtes missions ponctuelles. « Dans ma tête je n’avais pas de handicap, j’ai été obligé d’apprendre à vivre avec celui-ci, c’est-à-dire à vivre le mieux et le plus paisiblement possible, sous le regard de Dieu » explique-t-il. 

En accord avec son épouse, il a été ordonné diacre en 2002. « Je savais que je ne pourrais pas être au front de la même façon que mes confrères, mais il y a autant de manières d’être diacre que de personnes appelées. Selon une expression héritée du premier diacre permanent de notre diocèse, aujourd’hui décédé, M. Noël Aebischer, la vocation de diacre est celle d’un « serviteur inutile » et pourtant profondément essentielle à la vie ecclésiale : « inutile » parce que le travail que fait le diacre peut être effectué par d’autres personnes, assistant pastoral, laïc ou encore prêtre. Mais un diacre est encore bien davantage qu’un « serviteur inutile », sa mission est essentielle, car il se trouve au seuil de la porte de l’Église. Il fait le lien entre la communauté des fidèles et tous ceux qui se trouvent en périphérie. » C’est ainsi que Patrick Cerchia définit sa vocation. 

L’efficacité de la prière
Depuis 10 ans, c’est donc par la prière qu’il vit sa mission de diacre et de fidèle engagé dans l’Église. « Je ne prie pas d’abord pour moi, mais pour tous ceux qui en ont besoin, même si je ne les connais pas. Je crois énormément à l’efficacité de la prière. Elle est essentielle à ma vie. »

Depuis deux ans, il est devenu animateur et coordinateur du groupe des supporters priants. Des supporters ? Une allusion aux supporters des matchs de football pour la terminologie, mais des supporters qui portent dans leurs prières les intentions des paroisses. Certains d’entre eux se rencontrent une ou deux fois par mois dans la chapelle de l’église Sainte-Thérèse et tous reçoivent chaque mois une liste d’intentions, envoyées par courriel ou par poste, rédigées par Patrick Cerchia, pour lesquelles ils vont prier. Ces intentions sont tirées de la vie des paroisses: rencontre des catéchistes, baptêmes, messe en famille ou rencontre des servants de messe, pour ne citer que quelques exemples. 

Certes la situation sanitaire actuelle a pas mal modifié le fonctionnement du groupe, mais la prière reste toujours. « La prière est un chemin sûr pour donner un sens à ma vie, vivre et surtout transmettre et offrir aux autres ce que j’ai reçu. Je ne m’ennuie pas une seconde aujourd’hui » conclut Patrick Cerchia. 

Antenne solidaire et coronavirus: 200 demandes d’aide dans le Grand-Fribourg

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), septembre-octobre 2020

Par Jean-Marie Monnerat | Photo: Youtube, 2020

« Nous avons été à l’essentiel : impossible de se perdre dans les détails » résume Rachel Meyer-Bovet, présidente du Conseil de gestion du décanat qui regroupe les paroisses du Grand-Fribourg. En trois mois, les paroisses ont répondu à plus de 200 demandes d’aide de toutes natures. 

C’est au mois de mars, au début de la propagation du coronavirus que s’est posée la question de la forme de solidarité que pourraient apporter les paroisses. Le moyen a été un numéro de téléphone qui, via les réseaux sociaux comme Whats­­App ou Facebook, permettait de créer un lien entre les personnes. En outre, un site internet relatant les activités du décanat a été créé et un bulletin hebdomadaire distribué. L’Antenne solidaire a déployé ses effets du 21 mars au 24 mai.

Pour faire connaître ce nouvel outil de communication, un flyer a été créé et distribué à tous les ménages de l’agglomération. Au total, 32’950 flyers ont été reçus par les habitants et plus de 3’000 ont été mis à disposition du public dans les églises. Le coût de ce flyer s’est élevé à environ 7’000 francs. 

Ce sont les agents pastoraux et des bénévoles qui ont répondu à quelque 200 de­­mandes. Un tiers concernait des aides matérielles, comme des vêtements ou de l’argent. Mais également un coup de main pour faire des courses. Les deux autres tiers des demandes s’inscrivaient davantage dans une optique pastorale avec beaucoup de questions sur les sacrements: la communion, la confirmation, le sacrement des malades, le baptême, le mariage ou les funérailles. D’autres demandes étaient plus prosaïques, comme les informations sur la Semaine sainte, l’ouverture ou non des églises, ou encore l’Action de Carême. Enfin, l’Antenne solidaire a permis de créer ou de consolider des liens entre paroissiens : bon nombre ont utilisé ce moyen de communication pour prendre des nouvelles ou simplement dire merci.

Les messes enregistrées dans l’église de Givisiez ont été diffusées par ce canal, tout comme des prières.

« Nous avons travaillé paisiblement dans l’urgence » poursuit Rachel Meyer-Bovet. Et maintenant ? Ces moyens de communication ont été mis sur pause estivale avant de diffuser à nouveau de précieuses informations sur les paroisses du décanat et des prières pour rester en communion. « Beaucoup de travail administratif avait été mis en pause et doit être rattrapé. Mais nous devons apprendre à ralentir pour aller plus vite » conclut Rachel Meyer-Bovet.

Synodalité

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), septembre-octobre 2020

Par l’abbé Alexis Morard et cath.ch | Photo: Grégory Roth

Un nouvelle rubrique «La joie de l’évangile» s’invite dans votre magazine paroissial, afin d’approfondir la réflexion des équipes pastorales du décanat de Fribourg, s’agissant de l’exhortation du même nom du pape François à réformer nos structures paroissiales. Alexis Morard, doyen du décanat du Grand-Fribourg, souhaite placer la rentrée pastorale 2020 sous le thème de la «synodalité». Qu’est-ce à dire?Les équipes pastorales du décanat de Fribourg ont entrepris une réflexion sur la manière de vivre la coresponsabilité au service de la mission propre à la pastorale paroissiale. Héritées d’une vision centrée sur la figure du curé, nos paroisses sont invitées plus que jamais à se réinventer. Dans son exhortation apostolique La joie de l’Évangile, le pape François constate que « l’appel à la révision et au renouveau des paroisses n’a pas encore donné de fruits suffisants pour qu’elles soient encore plus proches des gens, qu’elles soient des lieux de communion vivante et de participation, et qu’elles s’orientent complètement vers la mission » (n. 27). 

Nous reprenons en partie, avec l’aimable autorisation de cath.ch, une interview de Philippe Becquart. *

Philippe Becquart, vous êtes enthousiaste à l’énoncé du mot « synodalité ». Est-ce une nouveauté du pape François ?
François a véritablement thématisé le concept de synodalité. « C’est le chemin de l’église du troisième millénaire », a-t-il déclaré, en ajoutant même : « le chemin que Dieu attend de l’église », dans son discours, en octobre 2015, à l’occasion des 50 ans de l’institution du Synode des évêques. Depuis sa première exhortation La joie de l’évangile, en 2013, tous ses textes suivent une certaine herméneutique, c’est-à-dire une interprétation de la synodalité, qui éclaire ses grandes intuitions pastorales. Pour le Pape, la synodalité n’est pas une technique ou un remède, mais c’est l’être même de l’église et la voie de son renouveau. Car l’église est synodale par nature.

Mais qu’est-ce que l’on dit quand on dit cela ?
Derrière ce mot technique se cache toute une compréhension de l’église qui s’est particulièrement « désenveloppée » depuis Vatican II. Le concept n’est pas nouveau : ce qu’il veut dire, c’est que tout baptisé est un « ministre » appelé à annoncer l’évangile. Autrement dit, nous sommes chacun, prêtres et laïcs, « disciples-missionnaires », disciples appelés à marcher à la suite du Christ et à l’annoncer selon l’état de vie et les lieux existentiels de nos engagements (famille, travail, mouvements, paroisses, communautés, société…). La synodalité, c’est le Peuple de Dieu qui chemine ensemble à la suite du Christ. Ce qui fonde cet être ensemble synodal, c’est le baptême. Le reste relève d’un dévoilement de nos vocations propres, en fonction des charismes et des ministères que le Seigneur nous a donnés ou confiés.

Comment a évolué notre compréhension de l’église au fil du temps ?
La figure de l’assemblée des baptisés que l’on nomme église a largement évolué au cours des siècles. De type épiscopal dans les premiers siècles de l’église, avec ses nombreux conciles pour formaliser le contenu de la foi, elle devient de plus en plus paroissiale, avec son curé, jusqu’à la Réforme. Le concile de Trente, en réponse à la Réforme, va formaliser, dans la liturgie et dans l’organisation territoriale de la paroisse, la figure centrale du prêtre. Nous avons une église pyramidale, avec au sommet le pape, les évêques, puis les prêtres et, tout en bas, les baptisés. Mais la charge pastorale revient en propre au prêtre qui est le pivot de la structure ecclésiale.

Il faut attendre le XXe siècle pour voir les choses évoluer…
Avec Vatican II, les baptisés laïcs changent de statut et deviennent aussi des missionnaires. Mais seulement dans leur champ propre: le monde. La division – que portent peut-être encore les constitutions Lumen Gentium et Gaudium et Spes (Vatican II) – est la suivante : la charge spirituelle, le bien des âmes, revient au ministre. Et le laïc, lui, est missionnaire ad extra : le Peuple de Dieu va témoigner du Christ dans la réalité du monde. Depuis ces dernières décennies toutefois, l’apostolat des laïcs a évolué considérablement. Et dans le concept de « disciples missionnaires » que propose François, le baptisé reçoit lui aussi la charge d’annoncer l’évangile et porte avec le prêtre le bien des âmes, y compris au sein de l’église. Pour le pape, la synodalité veut dire : penser l’église à partir de ceux qui la font, hommes et femmes, tous les baptisés. C’est une théologie du baptême, du peuple de Dieu, de la sainteté.

Cette division, ministres à l’intérieur et laïcs à l’extérieur, n’est donc plus d’actualité…
Aujourd’hui, le gros de l’agir pastoral est porté par des théologiens et des laïcs formés. C’est une force pour l’église, mais c’est aussi un problème. Premièrement, car la structure canonique (droit de l’église) reste axée sur l’idée que la charge pastorale est l’affaire du prêtre. Deuxièmement, la raréfaction numérique du nombre de prêtres. Troisièmement, une déficience en termes de compétences autres que strictement théologiques.

Etre appelé au sacerdoce ne signifie pas forcément avoir des aptitudes de manager, d’organisateur d’une chaîne complexe de tâches où le prêtre s’épuise. Le ministre devient administrateur et beaucoup de prêtres se retrouvent dépossédés de leur vocation initiale. Beaucoup disent qu’ils ne vivent pas ce pour quoi ils ont choisi une vie toute donnée au Christ. C’est une souffrance et parfois même un drame.

Cela suppose de revisiter les représentations que nous avons du ministère…
La vision synodale oblige, en quelque sorte, à passer de la figure du « prêtre-père » qui dirige – ou de l’époux qui commande –, à celle du frère qui chemine. Fondamentalement, c’est une libération, à la fois au niveau affectif, psychologique et humain. Un frère chemine dans la communauté, il fait confiance et il délègue. Parfois, il demande de l’aide, parfois il chute, parfois il est devant, derrière ou dehors. Il n’est pas dans une représentation qui l’oblige à être ce qu’il n’est pas. D’ailleurs, j’ai moi-même constaté que certains prêtres, dans leur manière d’exercer leur ministère, s’inspirent de cette figure du frère qui chemine avec. C’est alors une grâce pour le prêtre, mais aussi pour la communauté qui ne peut vivre sans le pasteur.

N’est-ce pas contradictoire avec le fait que le prêtre représente Jésus ?
C’est justement une des lumières fondamentales du christianisme: Jésus est le Fils et il nous apprend à être des fils et des frères. Il est le Fils qui nous apprend la vraie filiation et la vraie fraternité. La façon dont Jésus chemine avec ses apôtres, ses disciples, hommes et femmes, nous montre comment vivre la fraternité du Fils. Être frères et sœurs dans le Christ. Il n’y a pas autre chose à inventer, que la vraie filiation que nous apprend le Fils.

Et n’est-ce pas aussi l’attitude du pape François ?
Mais bien sûr ! Si vous voulez savoir ce qu’est la vision synodale de François, observez-le lors des Synodes. Que ce soit lors des synodes sur la famille, en 2014-2015, sur les jeunes, en 2018, ou sur l’Amazonie, en 2019, le pape François adopte un comportement et de père et de frère, et il dévoile ce qu’est la synodalité. C’est-à-dire, il permet à l’Esprit Saint de parler à son Eglise. Cela suppose de sortir des textes préparés, d’accepter de remettre en cause les schémas préconçus, et d’oser faire autrement que comme on a toujours fait. La synodalité exige de l’audace, parce qu’elle crée de l’inattendu, du différent, de l’inconfort…

Cela suppose donc de changer, voire de bousculer les structures ?
Changer les structures ne change pas les problèmes. Je ne pense pas que la synodalité passe d’abord par des changements de structures, mais plutôt par des conversions personnelles. La transformation pastorale passe avant tout par une conversion, dont la première condition est d’accepter de se laisser regarder par le Seigneur. Les prêtres, les baptisés ne peuvent espérer une église qui écoute, qui parle vrai, qui accompagne, qui discerne, qui sert les plus pauvres… sans une conversion de toute la communauté.

C’est la responsabilité que nous avons chacun à assumer en conscience et devant le Seigneur. Le risque serait de passer du cléricalisme des prêtres au cléricalisme des laïcs. Cela ne m’intéresse pas spécialement. C’est même ce que je redoute, comme on le voit d’ailleurs avec plusieurs revendications au sein de l’église en Allemagne. Que l’on arrive à plus de désunions, voire à une forme de schisme pratique, ce n’est pas ce que je souhaite.

Que préconisez-vous alors ?
Les laïcs, hommes et femmes, doivent redécouvrir leur baptême : c’est cela le grand défi. Si l’église aujourd’hui, avec le peu de moyens qu’elle a, devait s’atteler à une tâche, ce serait de permettre aux laïcs de redécouvrir toute la potentialité de leur baptême. De cette tâche-là naîtra un renouveau de la mission, de la famille, de la diaconie. Faire confiance aux femmes, aux pauvres, par exemples. Et il ne faut pas avoir peur de penser l’altérité : l’altérité dans les ministères, l’altérité homme-femme, l’altérité pauvre-riche, etc. Ce qui constitue également un grand chantier de la synodalité.
* Philippe Becquart est un théologien français, natif du Vaucluse (France). établi à Fribourg depuis plus de vingt ans, après une formation en droit et en sciences politiques, il y a effectué ses études de théologie. Il a enseigné la philosophie pendant dix ans.
Marié et père de famille, il a été engagé en 2016 à la tête du département des Adultes de l’église catholique dans le canton du Vaud (ECVD).

Funérailles et coronavirus: faire son deuil malgré tout

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), septembre-octobre 2020

Par Jean-Marie Monnerat | Photo: Pixabay

Du 16 mars au 31 mai, près de 80 catholiques sont décédés dans le décanat du Grand-Fribourg. Comment est-ce que les familles des défunts ont-elles vécu ces disparitions dans le contexte du coronavirus durant lequel les grandes assemblées et les messes n’étaient plus possibles?« Le plus difficile pour les familles a certainement été de ne pas pouvoir accompagner la personne dans les derniers moments, que ce soit à l’hôpital ou dans un EMS » explique Jaga Loulier, membre de l’équipe des funérailles. « Certaines familles pensent que, dans cette période spéciale, leur proche en fin de vie était particulièrement confronté au chagrin et à la solitude », poursuit-elle. « Mais si ces instants étaient très durs à vivre, il n’y a pas eu de sentiment de révolte. Tout le monde comprenait la particularité de la situation provoquée par ce virus. Les familles étaient très solidaires et le fait que les funérailles, principalement les célébrations de la Parole, ne pouvaient recevoir que peu de personnes, approfondissaient la réflexion sur ce qui constitue la famille » raconte Jean-Guy Pannatier, Frère marianiste, également membre de l’équipe des funérailles. 

Durant la période la plus délicate, jusqu’à la fin mai, la plupart des funérailles ont été célébrées par des prêtres, parfois par des laïcs. Les familles qui ont renoncé à un geste d’adieu ou qui ont préféré attendre constituent une faible minorité. « Le coronavirus a eu comme conséquence de vivre des funérailles de manière très différente. « Forcées à vivre les funérailles de leur proche en strict cercle familial, certaines familles auraient peut-être souhaité les vivre dans une plus grande assemblée, ou demander une messe pour leur défunt, impossible dans ces circonstances. La liturgie de la Parole a permis de remplacer la messe et ainsi de répondre aux attentes des familles désirant dire adieu à leur proche, par une liturgie différente, mais nécessaire » explique Jean-Guy. 

« Nous avons pris grand soin de préparer ces célébrations avec convivialité, tout en respectant les distances sanitaires. Et nous nous sommes adaptés à tous les changements, tout en veillant à accueillir les personnes en deuil avec beaucoup d’empathie » poursuivent Jaga et Jean-Guy.

Des funérailles différentes, en petit comité, dans un contexte compliqué, ont-elles permis aux familles de faire leur deuil ? « Il nous semble que la réponse est affirmative. Car au mois de juin, après l’allègement des restrictions, nous avons écrit aux 80 familles en leur proposant une célébration du souvenir. Seules deux familles ont répondu à l’appel. Le vécu affectif a été très dur, mais le deuil a été fait et ces familles n’ont probablement pas eu envie de revenir en arrière » concluent Jaga et Jean-Guy.

L’église = 100% de pécheurs

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), septembre-octobre 2020

Par Véronique Benz | Photo: Rachel Benz

Au début de l’été, j’ai été ébranlée, sans doute comme beaucoup d’entre vous, par les informations découvertes dans la presse concernant le futur curé modérateur de l’unité pastorale Notre-Dame. À vrai dire, j’ai été surtout choquée par la forme de ces révélations : la vie privée d’un homme étalée dans un magazine, sans considération de sa personne, un voyeurisme malsain visant à détruire un être humain ! Certes, cet homme est un pécheur, mais il n’a commis aucun délit ! Qui sommes-nous pour nous permettre de juger et de condamner ainsi une personne ? 

Il m’est soudain revenu en mémoire le passage de l’évangile de la femme adultère (Jean 8, 1-11). Lorsque les scribes et les pharisiens condamnent la femme adultère à être lapidée, « Jésus leur dit : que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette en premier une pierre ! […] Mais eux, entendant cela, s’en allèrent un à un, à commencer par les plus vieux. » 

L’Église est composée d’hommes et de femmes, de laïcs, de religieux et de clercs. Ce Peuple de Dieu, du plus humble des baptisés au pape François, est formé à 100% de pécheurs. L’histoire des grands saints est à ce sujet édifiante. L’Église a pour but de nous conduire sur les chemins de la sainteté et condamne par conséquent tout ce qui nous éloigne de l’amour de Dieu, mais comme le dit la règle de saint Benoît, il convient « de haïr le vice, mais d’aimer le pécheur ».

Lorsque Jésus se retrouve seul avec la femme adultère, il lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, désormais ne pèche plus. » Ces mots, le Christ nous les adresse à chacun d’entre nous lorsque nous vivons le sacrement du pardon, fruit de sa grande miséricorde. Puissions-nous, avant de juger et de condamner, nous laisser habiter par l’amour miséricordieux de Jésus.

La pause de midi

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), septembre-octobre 2020

Par Kéli Kpego | Photo: FJ

Fribourg compte de nombreux étudiants : à l’université, dans les hautes écoles, dans les collèges et les écoles professionnelles. La plupart de ces établissements disposent d’une aumônerie qui propose des temps de réflexion et des activités. Et sur la pause de midi ? Au centre Sainte-Ursule, Formule Jeunes met à disposition des étudiants une salle pour manger leur repas au chaud durant l’hiver ou la terrasse pour profiter du soleil durant l’été. Le « service des tables » est assuré par une équipe de « concierges » âgés de moins de 25 ans. Ces jeunes sont parfois au chômage ou en rupture scolaire. Certains vivent des situations difficiles. Cet engagement régulier, qui demande de la ponctualité et de l’attention, leur permet de garder un pied dans la vie active et de recevoir une petite rémunération. Jehan, l’un des « concierges », a accepté de donner son témoignage :

« Durant cinq ans, j’ai eu la possibilité de participer en tant que «  concierge  » à la pause de midi au centre Sainte-Ursule. J’ai trouvé cette expérience intéressante pour plusieurs raisons. Premièrement, c’est un lieu où se vivent toutes sortes d’évènements : réunions importantes au niveau religieux, cours et formations, expositions, ateliers créatifs, etc. Il y avait tout le temps du changement et des thèmes différents, ce qui rendait l’ambiance de travail intéressante. Deuxièmement, cette variété des évènements m’a permis de rencontrer un grand nombre de personnes de divers horizons et de partager avec elles. J’ai eu l’opportunité de travailler et échanger avec d’autres collègues, mais aussi avec des personnalités religieuses importantes. Ces échanges ont été très enrichissants. Cette activité m’a également permis d’avoir un pied dans le monde professionnel ainsi qu’une certaine stabilité. Elle m’a apporté beaucoup de choses, que ce soit au niveau personnel ou au niveau social. Je suis vraiment reconnaissant d’avoir eu l’opportunité d’œuvrer dans ce cadre : ça a été une expérience positive et instructive. »

Exhortation Christus Vivit

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), septembre-octobre 2020

Par Paul Salles | Photo: Cath.ch

Dernier volet de notre série sur l’exhortation Christus Vivit du pape François suite au synode sur les Jeunes, la foi et le discernement vocationnel. Dans ce numéro, nous vous proposons de décrypter les deux derniers chapitres du texte.Dans la lignée de Vatican II, François commence par rappeler que la vocation fondamentale de chacun est l’appel à la sainteté, quelle que soit sa condition de vie. Elle résulte de la découverte de la voix du Christ qui nous appelle à sa suite, et qui nous pose la même question qu’à Simon-Pierre après la résurrection : « M’aimes-tu ? » 

Cette question appelle une réponse généreuse de notre part dans le quotidien de notre vie, étant certain que « notre vie atteint sa plénitude quand elle se transforme en offrande » (CV 254). Bien plus, notre mission dans le monde n’est pas un appendice de notre être, mais liée à notre être même : « Je suis une mission sur cette terre, et pour cela, je suis dans le monde. » (CV 255) On conçoit ainsi aisément l’importance de la découverte de cet appel : le discernement de cette vocation, c’est « reconnaître pour quoi je suis fait, le pourquoi d’un passage sur cette terre, reconnaître quel est le projet du Seigneur pour ma vie. Il ne m’indiquera pas tous les lieux, les temps et les détails, que je choisirai avec sagesse, mais oui, il y a une orientation de ma vie qu’il doit me montrer, parce qu’il est mon Créateur, mon potier, et que j’ai besoin d’écouter sa voix pour me laisser façonner et porter par lui. Alors, je serai ce que je dois être et je serai aussi fidèle à ma propre réalité. » (CV 256)

L’amour et le travail
Il existe deux grands axes de nos vies dans lesquels cette vocation va se déployer : l’amour et le travail. Quelle est la personne que je souhaite aimer toute ma vie ? Quelle est celle à qui je vais pouvoir me donner et celle que je vais pleinement recevoir comme chair de ma chair et os de mes os (cf. Gn 2, 23) ? Le pape chante la beauté de cette vocation originelle pour chacun et son déploiement dans la famille. Il dénonce les attaques contre ces institutions et encourage les jeunes à ne pas avoir peur des engagements définitifs, à se confier à la grâce du Seigneur qui nous sauve, et à construire solidement les fondements de cet engagement. Le Pape parle ensuite de l’importance du travail. On sait bien que la question « qu’est-ce que je vais faire plus tard ? » est importante dans la vie d’un jeune. Aussi, il importe que la société puisse aider les jeunes à découvrir ce qu’ils souhaitent faire et leur donner les moyens d’y parvenir. Le travail « est l’expression de la dignité humaine, il est un chemin de maturation. » (CV 271) « Quand l’on découvre que Dieu appelle à quelque chose, […] alors on est capable de faire fleurir ses meilleures capacités de sacrifice, de générosité et de don de soi. […] On ne fait pas les choses sans raison, mais avec un sens, comme réponse à un appel qui résonne au plus profond de son être. »
(CV 273)

L’appel à une vocation particulière
Enfin, le Pape rappelle que Dieu ne cesse pas d’appeler à un don de soi plus radical dans le sacerdoce et les différentes formes de vie consacrée. Cet appel de Dieu demande à être relayé par l’église afin qu’il puisse retentir dans le cœur des jeunes. « Nous pouvons oser, et nous devons le faire : dire à chaque jeune qu’il s’interroge sur la possibilité de suivre ce chemin. […] Dans le discernement d’une vocation, il ne faut pas exclure la possibilité de se consacrer à Dieu dans le sacerdoce, dans la vie religieuse ou dans d’autres formes de consécration. Pourquoi l’exclure ?  Sois certain que, si tu reconnais un appel de Dieu et que tu le suis, ce sera ce qui te comblera. » (CV 274, 276)

Le discernement
Le pape développe les conditions préalables à un bon discernement. En ce sens, il rappelle l’importance de « la formation de la conscience qui permet au discernement de grandir en profondeur et dans la fidélité à Dieu » (CV 281). L’exercice fréquent de l’examen de conscience en est un élément prépondérant. Il trouve sa place dans le nécessaire silence qui laisse Dieu parler. Il n’est pas possible de trouver sa vocation sans une ferme résolution de la rechercher, et donc d’aller à la source de cet appel : Dieu qui parle dans le silence du cœur et dans les circonstances de la vie. Le discernement nécessite donc de s’arrêter pour pouvoir relire dans sa vie les traces que Dieu laisse, pour pouvoir aussi se poser les bonnes questions. Le pape précise que « ces questions doivent se situer non pas tant en rapport avec soi-même et ses inclinations, mais en rapport avec les autres, face à eux, de manière à ce que le discernement pose sa propre vie en référence aux autres. » (CV 286) « Quand le Seigneur suscite une vocation, il ne pense pas seulement à ce que tu es, mais à tout ce que tu pourras parvenir à être avec lui et avec les autres. » (CV 289)

Les qualités du bon accompagnateur
François conclut en présentant trois qualités de celui qui sait aider sur ce chemin du discernement. La première est l’attention à la personne : écouter comme Dieu écoute, c’est-à-dire inconditionnellement. La seconde consiste à discerner, autrement dit « il s’agit d’épingler le moment précis où l’on discerne la grâce ou la tentation »
(CV 293) ce qui vient de Dieu et ce qui ne vient pas de lui. La troisième consiste à « écouter les impulsions que l’autre expérimente «  en avant  ». C’est l’écoute profonde de «  ce vers quoi l’autre veut vraiment aller  » » (CV 294). Lorsqu’on écoute l’autre de cette manière, « à un moment donné, on doit disparaître pour le laisser poursuivre ce chemin qu’il a découvert. C’est disparaître comme le Seigneur disparaît à la vue de ses disciples » sur le chemin d’Emmaüs (CV 296). 

Une expérience Alphalive

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), septembre-octobre 2020

Texte et photo par Nathalie Frieden

Nathalie Frieden, animatrice d’Alphalive de Fribourg, a demandé à une participante d’il y a deux ans, Cathy Vanderhoeven, comment elle avait vécu le parcours Alphalive. Témoignage.Je ne veux pas parler de moi mais de mon expérience : celle d’une rencontre non seulement avec Dieu mais avec les êtres humains, ses sujets. On arrive à Lui par nos semblables, par les gens que le Seigneur met sur notre chemin. J’ai rencontré Douve et j’ai su qu’elle était un lien entre Lui et moi.

Depuis petite je sais qu’il existe quelqu’un de plus grand que moi. Ma famille est catholique, mais par tradition seulement. Et je n’ai reçu aucune éducation religieuse, juste des valeurs jugeantes, comme le tuteur d’une plante. Mais juger les gens c’est ne pas prendre l’homme par le bon bout.

Je savais que tout ce que je voyais chez les êtres humains n’était que l’interprétation humaine de Dieu et je savais qu’il y avait plus. Quand j’ai rencontré Douve, j’ai vu en elle une pratique religieuse heureuse, intelligente et gaie. Longtemps j’ai encore pensé que je ne croyais pas en Dieu, mais j’ai rencontré d’autres croyants, et j’ai aimé en eux une présence bienveillante et accueillante.

Quand je me suis séparée de mon mari, j’ai été très perdue, et j’ai prié beaucoup. Mais j’ai aussi acquis une liberté et donc, quand Cosima m’a invitée à Alphalive, j’étais libre et j’ai dit oui.

Alphalive est comme un terrain d’expérimentation avec des gens que je n’aurais jamais rencontrés. C’est d’une richesse inouïe. Chacun a des douleurs mais chacun vient plutôt joyeux, emportant ses failles et la soirée partagée est heureuse. Il se crée un lien invisible entre nous, alors qu’on ne se connaît pas. Et le lien reste jusqu’au bout. Il devient même plus fort s’il se passe en toi quelque chose de très fort pendant le parcours. Pour moi le moment le plus fort a été la retraite dédiée au Saint-Esprit, et parfois en ville je rencontre un homme qui a été témoin de mon émotion et ma conversion, et chaque fois que je le vois, je me dis : nous étions là ensemble.  

Oui la retraite a été un catalyseur : les enseignements étaient fascinants, et je recevais tout comme de l’eau dans un désert. C’était doux et plein de vérité, riche et beau. La cérémonie de l’imposition des mains m’a bouleversée. C’était comme recevoir une vocation et j’ai prié que Dieu me donne la force d’apporter partout l’amour qu’Il me donnait.

Je suis en chemin, tout doucement. Je suis contente de mon chemin. J’ai voulu préparer ma première communion mais deux fois le curé qui commençait à me former a changé dans ma paroisse ! Et j’ai renvoyé, mais mon chemin est beau et me donne de la joie. Je reprendrai et j’arriverai un jour.

Parcours Alphalive

Alphalive est une série de rencontres interactives et authentiques sur les bases de la foi chrétienne.
Alphalive, c’est se retrouver dans une ambiance sympa où ton opinion et tes questions comptent !
Repas – présentation – partage 

Les mardis du 8 septembre au 8 décembre 2020, de 19h à 21h45
à la maison paroissiale de Saint-Pierre
Av. Jean-Gambach 2
1700 Fribourg

Inscription par téléphone ou sms au 079 656 12 47.
Le parcours est gratuit, bienvenue !

Fontaine de la Miséricorde école d’oraison

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), juillet-août 2020

L’oraison est une intimité avec Dieu, un dialogue spirituel avec le Seigneur, un rendez-vous d’amour, c’est vivre l’union à Dieu dans le silence.L’Association Fontaine de la Miséricorde propose à Fribourg, un parcours d’initiation à l’oraison, une « rencontre et union à Dieu dans le silence ». Dès la rentrée 2020, des rencontres mensuelles sont organisées le lundi à 16h. Les séances d’une heure et demie permettent un approfondissement de la prière personnelle et silencieuse. Chaque rencontre se vit en quatre temps : accueil, enseignement, temps d’oraison ensemble et partage.

La première rencontre aura lieu le lundi 7 septembre 2020 à 18h au Centre Sainte-
Ursule, Rue des Alpes 2 à Fribourg
. (Accueil par l’équipe, eucharistie et buffet canadien, information concernant le parcours.) 

Les dates des rencontres suivantes sont: 28 septembre, 9 novembre, 7 décembre 2020, 11 janvier, 8 février, 1er mars, 19 avril, 10 mai et 7 juin 2021.
Prix : Fr. 120.– pour l’année complète.

Renseignements :
Association Fontaine de la Miséricorde, www.misericorde.ch, Anne Collaud : 079 422 55 73
Centre Sainte-Ursule : 026 347 14 00, www.centre-ursule.ch 

Samedi-désert

L’Association Fontaine de la Miséricorde invite aussi toute personne à participer à un « samedi-désert » le 27 février 2021, de 9h à 16h, au Centre Ste-Ursule.
Cette journée se vit au rythme de l’office du matin, de temps d’oraison et d’adoration, d’une exhortation sur le texte du jour, de démarches et d’un repas partagé (apporter son pique-nique). La messe clôture la journée. Le samedi-désert est ouvert à tous, la seule condition est d’accepter de vivre ces journées dans le silence.

Grégory Roth

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), juillet-août 2020

Propos recueillis par Véronique Benz | Photos : SCJP, capture d’écran RTS

« Comme pour beaucoup certainement, cette expérience de confinement m’a permis d’être attentif à tous ces signes et gestes de solidarité, d’entraide et de proximité. Lorsque tout tourne au ralenti, on perçoit peut-être davantage ce qui est essentiel dans notre vie, pour nos proches et pour la société. Je souhaite de tout cœur que l’on puisse, lorsque ce temps de crise sera terminé, se rappeler de ces signes et gestes, et de faire notre possible pour qu’ils perdurent. »
Rencontre avec Grégory Roth, journaliste à Cath-Info.
Vous travaillez pour Cath-Info et les émissions religieuses, où vous vous occupez notamment des messes radiodiffusées. Dites-nous en quoi cela consiste ?
La fonction de « producteur » consiste principalement à établir la planification des 56 offices catholiques (dont 2 célébrations œcuméniques et une célébration de la Passion) qu’Espace 2 diffuse par an. En d’autres termes, je dois m’assurer qu’elles aient lieu et qu’elles représentent équitablement l’ensemble de la Suisse romande, sans oublier les périphéries. 

À titre d’exemple, nous avons été ces derniers mois à plusieurs reprises à Cologny (GE) et deux fois à Alle (JU), soit deux extrémités de notre pays. Je veille aussi à ce que les messes soient liturgiquement exemplaires, qu’elles reflètent la réalité du terrain, avec les gens du terrain – ces messes ne sont pas un spectacle –, tout en assurant une certaine qualité esthétique que les auditeurs attendent d’une chaîne musicale de service public.

Durant ce temps de crise sanitaire où les messes ont été supprimées, la plupart des catholiques de Suisse romande ont suivi les messes grâce à la radio et à la télévision. Comment avez-vous fait face à la situation ?
Il a fallu tout organiser à distance, principalement depuis chez moi, dans un cadre que les jeunes familles avec enfants en bas âge peuvent aisément imaginer… [rires]. Chaque semaine, nous faisions face à de nouvelles directives à respecter. Chaque dimanche, une nouvelle messe était à inventer de toutes pièces : avec le minimum de personnes nécessaire, en dessous de l’âge de la retraite, etc. Il a fallu aussi garantir la sécurité sanitaire des personnes impliquées, tant du côté des paroisses que de la RTS. Heureusement, aucun cas de contamination n’a été signalé jusqu’ici.

Plusieurs messes prévues pour la radio ont également été télévisées sur RTS Deux. La mise en place de ces messes a-t-elle été difficile ?
Les attentes et les contraintes liées à la captation d’images complexifient la préparation des messes à tous les niveaux, y compris entre les gens de la TV et la radio qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble. Mais la collaboration a été très fructueuse pour tous, car chacun y a mis du sien. Tout le monde s’est senti investi d’une mission commune, au service des personnes empêchées de se réunir à l’église. Nous avons aussi reçu beaucoup de messages très touchants : d’encouragements, de félicitations, ou tout simplement de personnes qui nous demandaient d’en saluer d’autres qu’elles avaient reconnues à l’écran et dont elles avaient probablement perdu le contact… Bref, beaucoup de solidarité dans cette épreuve commune.

Vous êtes également directeur de chœur dans l’UP Saint-Joseph, comment avez-vous vécu le fait de participer à des messes « minimalistes » ?
Cela m’a permis de me rendre compte personnellement de ce que je faisais vivre aux paroisses qui nous accueillaient pour les messes radio et TV : chanter, tenir sa voix dans le trio, lire les lectures, réciter les répons de l’assemblée et, pendant l’homélie, garder un contact visuel permanent avec le prêtre, qui ne sait pas qui regarder, puisque l’église est vide… C’est ce dernier point qui demande le plus de concentration [rires].

Plus sérieusement, ce fut une belle et riche expérience, mais aussi émotionnellement très prenante.

Votre foi a-t-elle un impact sur votre travail et inversement ?
Alors que beaucoup ont dû attendre la Pentecôte pour pouvoir retourner à la messe, je me sens vraiment privilégié d’avoir pu y participer chaque dimanche sans interruption depuis le début du confinement. Ma foi m’a permis de donner un sens à ce que je faisais, celui de favoriser cette communion de désir, entre tous, à chaque fois, ici et maintenant, malgré l’isolement, la séparation physique, la peur et l’incertitude de ne pas savoir de quoi sera fait demain.

Biographie

Grégory Roth a 32 ans. Marié, il est père de deux enfants. Il a grandi à Moutier. Il est venu à Fribourg en 2009 pour y étudier la théologie.
À la fin de ses études, en 2014, il y est resté. Il a été engagé à Cath-Info, le Centre catholique des médias à Lausanne, tout en pour-suivant une formation de journalisme à Lausanne, de 2015 à 2017.
Il est également directeur de chœur dans l’unité pastorale Saint-Joseph.

L’Église c’est vous et moi!

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), juillet-août 2020

Par Véronique Benz | Photo: DR

Le 15 mars 2020, brutalement la vie de l’Église a basculé : plus de célébrations publiques, plus de cours de catéchèse, plus de répétitions de la chorale, plus de rencontres de la Vie montante, de L’Évangile à la maison… tout s’est arrêté comme si le temps avait suspendu son vol !

Une paroissienne croisée sur le boulevard de Pérolles m’interpelle en me disant : «Il n’y a plus rien, mais où est l’Église ? » L’Église est là ! L’Église c’est vous et moi ! Avant d’être une institution, l’Église est le corps des baptisés. « Car là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux ! » (Matthieu 18, 20) 

Effectivement, ces derniers mois l’Église a dû changer sa manière de faire les choses. De nombreuses initiatives ont vu le jour, vous en découvrirez quelques-unes dans ce numéro. Vous pourrez également lire le témoignage de baptisés, qui ont réussi dans ce temps de confinement à remettre le Christ au centre de leur vie à travers la prière et la lecture de la Bible. Pour beaucoup le Christ a été comme une boussole les guidant à travers la tempête de la vie !

De ce temps mouvementé, chacun peut ressortir des enseignements pour l’avenir. Olivier Messer, responsable de l’Accueil Ste Elisabeth, estime que cette crise sanitaire doit nous inviter à repenser notre offre de solidarité. Mais plus fondamentalement, cette crise ne doit-elle pas nous inviter à repenser notre manière d’être « l’Église », notre manière « de faire Église » ? 

À vous tous, baptisés qui êtes l’Église, je vous laisse cette réflexion pour l’été ! 

Bonne lecture et bel été !

Durant le temps du confinement…

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Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), juillet-août 2020

Photos: DR

Durant ce temps de crise sanitaire nous avons tous dû faire face à des défis particuliers: télétravail, absence de travail, changement dans notre quotidien, dans nos engagements, dans nos relations aux autres et à Dieu… Nous avons demandé à quelques personnes de nos deux unités pastorales de témoigner de ce qu’elles ont vécu durant ce temps de confinement.

Mon château intérieur

Sœur Jacqueline-Marie Bonnerave, de l’œuvre de Saint-Paul et membre de l’école d’oraison.

Pendant mon oraison, sainte Thérèse m’invitait à contempler les vastes espaces du Château intérieur. Le début a été un combat. Je me sentais confinée dans des événements douloureux. J’ai demandé à l’Esprit saint de me guider et une porte s’est ouverte sur le Château intérieur de mon âme, tout éclairé. Au centre se trouvait un trésor : la présence du Christ ressuscité, que rien ne pouvait altérer.
Il était tout lumineux et m’envahissait de sa paix, de sa tendresse. Sa Présence me disait : « Ne crains pas, je demeure au cœur de ta vie, de ton âme. »

J’ai senti, à ce moment-là, que mon être s’élargissait dans une grande liberté pour accueillir tous ceux et celles qui l’habitent et qu’il me donne à aimer. Il y avait aussi les anges, la Vierge Marie, mon ange gardien, les saints. Je suis entrée dans un temps de louange et d’action de grâce, en communion avec les membres du groupe d’Oraison et les communautés dans lesquelles je suis engagée. Merci Jésus ! 

Une respiration

Alain Schweizer, sacristain.

C’était une période spéciale durant laquelle j’ai continué à travailler dans mon lieu de travail : l’église Saint-Pierre, la cure et leurs abords. Au gros du confinement, on ne voyait vraiment pas grand monde : mon collègue concierge, éventuellement une secrétaire, même pas chaque jour, et un ou deux fidèles venus se recueillir. Le stress était moins présent et il devenait possible d’accomplir les tâches qui ne sont jamais faites, celles que l’on remet toujours à plus tard ou aux rares périodes creuses de l’été. Pour moi, la suppression des messes impliquait une organisation du travail différente sur les sept jours, ce qui fait que je n’ai pas vraiment ressenti le confinement !

De façon plus générale, ce qui était frappant, c’était le calme. Moins de circulation, moins de gens en ville. Mais aussi davantage de familles avec enfants venues profiter des espaces verts jouxtant l’église. Comme une respiration dans un monde qui reprend le temps d’apprécier la beauté de son environnement quotidien et la valeur de ce temps si précieux qui, d’ordinaire, lui manque tant. Mais, paradoxalement, en même temps, on se rend compte qu’il manque quelque chose d’essentiel : d’une certaine façon, en cessant nos activités ordinaires, moi la préparation des messes, un autre les diverses activités ayant trait à sa profession, on a cessé de vivre pleinement. La vraie vie n’est plus là et elle nous manque. Comme nous manque cette eucharistie par laquelle chacun reçoit la Source de cette vraie vie…

Le stress et la peur au quotidien

Alexia * (prénom d’emprunt), responsable de la vente dans un magasin d’alimentation.

Je m’appelle Alexia * et je suis maman d’une petite fille. Je souffre de maladies quelque peu invalidantes et je suis une personne à risque. J’ai vécu mon travail de vendeuse dans un magasin d’alimentation, un nouveau travail, avec une grande angoisse, mais c’est mon gagne-pain. Le stress, la peur ont été mon quotidien.

Des journées de dix heures, avec une pause d’une heure, ont jalonné ces 10 semaines de crise. Les informations concernant les enfants ont été également contradictoires. Comme maman, mes sorties presque quotidiennes dans les transports publics et les contacts avec les clients furent source d’inquiétudes. Même avec toutes les mesures sanitaires, j’étais susceptible d’être contaminée. La désinfection systématique des mains, le masque, sans l’usage des gants, furent des mesures que j’ai appliquées avec rigueur. L’affiche sur la porte d’entrée était claire : une personne à la fois ! Les clients eurent des comportements forts divers. Certaines personnes étaient souriantes, polies et très reconnaissantes, notamment par l’offrande de fleurs ou le temps partagé pour un café, mais d’autres étaient malhonnêtes et très énervées. Les produits de première nécessité et l’alimentation furent toujours disponibles pour la population. Ce service et la reconnaissance reçue m’ont motivée.
Et, comme je le dis, Dieu m’a protégée. 

Une période d’incertitude

Fabien Berthod, responsable du groupe scout de Villars-sur-Glâne.

J’ai 19 ans et je suis en 1re année d’apprentissage comme animateur socio-éducatif au sein du dicastère de la cohésion sociale pour la commune de Villars-sur-Glâne.

Pour moi, le temps de confinement a tout d’abord été une période d’incertitudes par rapport à la gestion de la situation. Quels impacts tout cela allait-il avoir dans mes activités et mes engagements concrets ? 

Au niveau professionnel, je me suis retrouvé à la maison, la commune ne pouvant plus organiser d’activités d’animation. J’ai néanmoins pu prêter main-forte au service de livraison de courses à domicile organisé par la commune pour des personnes dites « à risque ». 

Le groupe scout, quant à lui, a rivalisé d’imagination pour proposer de petits défis à réaliser à la maison par les plus jeunes. On pourrait mentionner la confection de mini-paniers de basket avec une paire de chaussettes ou les parcours de billes ! 

Au niveau religieux, le confinement n’a pas été l’occasion pour moi de me poser plus
de questions par rapport à l’existence de Dieu. Je suis un croyant en l’Histoire et en l’humanité, tout en étant admiratif envers celles et ceux qui croient en Dieu. Baptisé protestant, je m’engage volontiers avec les autres scouts dans le soutien logistique pour la reprise des messes dans nos paroisses. 

Si les contacts humains ont été un peu réduits en termes de quantité pour moi, en revanche ils n’ont pas forcément perdu en termes de qualité ! Finalement, ce sont surtout les profs qui m’ont le plus manqué ! 

La vie reste toujours la plus forte!

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), juillet-août 2020

Durant la Semaine sainte si particulière que nous avons vécue, les enfants de la catéchèse ont reçu une invitation à réaliser un dessin ou un bricolage en lien avec cette phrase emplie d’espérance : « La vie reste toujours la plus forte ! » Ci-dessous une sélection de leurs magnifiques réalisations. Merci à chacun et à chacune !

Davide Zanetti 3H

Elisa Mansueto 5H

Florine Macherel 5H

Rita Sousa Ferreira 4H

Louanne Feneyrolles 8H

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