Vitraux d’Albert Chavaz, église Saint-Etienne, Granges (VS)

En 1958, un chemin de croix est réalisé avec une quinzième station : Jésus est ressuscité.

Par Amandine Beffa | Photo : Jean-Claude Gadmer

Ce mois-ci, nous nous arrêtons sur une des stations du chemin de croix en vitrail qu’Albert Chavaz a réalisé pour l’église Saint-Etienne de Granges. 

Traditionnellement, les chemins de croix ornent les murs des édifices. Il fut même une époque où la norme imposait qu’ils soient composés de croix en bois et d’images fixés sur un mur ou un meuble stable. Le choix du vitrail peut donc surprendre. On peut toutefois y voir un sens très fort : la lumière est un symbole de résurrection. En représentant chaque station sur des baies traversées par la lumière, l’artiste fait passer symboliquement la Résurrection à travers la Passion. Notre regard sur la Passion du Christ n’est pas un regard doloriste, Passion et Résurrection sont inséparables. Nous qui vivons en 2025 ne pouvons pas lire la mort du Christ autrement qu’à la lumière de sa Résurrection.

Alors que la quatorzième station est normalement celle de la mise au tombeau, Albert Chavaz a aussi représenté la Résurrection. La partie haute de la baie figure en effet le Christ en gloire. 

En 1958, pour le centenaire des apparitions, un chemin de croix est érigé à Lourdes avec une quinzième station : Jésus est ressuscité. Nous pouvons nous demander si l’artiste s’en inspire lorsqu’il réalise ce vitrail en 1959. Quoi qu’il en soit, nous croyons que la mise au tombeau n’est pas la fin de l’histoire, que la mort n’a pas le dernier mot, que l’amour est plus fort. Et c’est précisément ce que cette œuvre symbolise.

Dans la partie basse de la baie se trouvent deux femmes et un homme. Nous pouvons supposer qu’il s’agit de Joseph d’Arimathie et des deux Marie comme dans l’Evangile selon saint Matthieu (Mt 27, 57-61).

Ce tombeau est celui que Joseph avait fait creuser pour lui-même (Mt 27, 60). Autrement dit, Jésus prend sa place dans la tombe. La symbolique est forte, le Christ prend notre place pour que notre mort ne soit pas définitive.


Johann Gregor Mendel

Johann Gregor Mendel est aujourd’hui considéré comme le fondateur de la génétique.

Par Pierre Guillemin
Photo : DR

La Science fait partie de l’Eglise. Comprendre l’Univers, la Nature sont des recherches acceptées et voulues par l’Eglise. Johann Gregor Mendel (1822-1884) est un très bon exemple de cette quête de la compréhension de la Nature. C’est un moine austro-hongrois dont les travaux sur l’hérédité ont jeté les bases de la génétique moderne. Né dans une famille modeste en Silésie (aujourd’hui en République tchèque), Mendel entre dans les ordres* et poursuit des études en sciences naturelles à l’Université de Vienne. Passionné par la biologie et les mathématiques, il devient enseignant et consacre son temps libre à des expériences minutieuses sur les plantes.

Entre 1856 et 1863, dans le jardin de son monastère à Brno, Mendel cultive des milliers de plants de pois. Il choisit des caractères facilement observables (couleur, forme, hauteur) et contrôle rigoureusement les croisements. A travers ces expériences, il découvre que les traits héréditaires ne se mélangent pas de façon aléatoire, mais obéissent à des lois précises : les gènes se transmettent selon des ratios prévisibles.

En 1866, il publie ses résultats qui passent inaperçus. Son travail ne sera redécouvert qu’au début du XXe siècle, soit plus de trente ans après sa mort. Les biologistes comme de Vries, Correns, Tschermak, Cuenot reconnaîtront alors leur importance fondamentale pour comprendre l’hérédité.

Il se passionne également pour la météorologie qui sera le domaine qu’il aura le plus longtemps étudié, de 1856 jusqu’à sa mort en 1884, faisant des relevés systématiques à partir des résultats des stations météorologiques de son pays. Il sera d’ailleurs plus connu par ses contemporains pour son apport à cette matière que pour sa contribution à la génétique naissante.

Johann Gregor Mendel est aujourd’hui considéré comme le fondateur de la génétique. Ses expériences simples, mais rigoureuses, ont permis de révéler l’existence des gènes bien avant leur identification physique. Son approche scientifique, mêlant observation, expérimentation et analyse mathématique, a marqué un tournant décisif dans l’histoire des sciences du vivant.

* Il devint augustin, comme le pape Léon.


«L’amour de Dieu est premier»

« Je suis heureuse de la fidélité du Seigneur. Il ne promet pas une vie rectiligne et facile, mais que son alliance de paix demeurera toujours. Dans les épreuves, j’ai expérimenté sa présence à mes côtés », souligne Carol Beytrison. Vierge consacrée depuis le 28 juin dernier, elle travaille à 40 % comme coresponsable de l’aumônerie des prisons et à 60 % comme adjointe de la représentante de l’évêque pour la Région diocésaine de Genève.

Par Véronique Benz
Photos: DR

« J’ai vécu des choses fortes avec le Seigneur durant mon enfance, explique Carol Beytrison. A l’âge de neuf ans, j’ai fait la promesse à Jésus de l’aimer pour tous ceux qui ne l’aiment pas. » Tout de suite, Carol pense à la vie religieuse. A l’adolescence, elle rencontre un groupe de jeunes issus du renouveau charismatique. A dix-sept ans, elle participe à un forum des jeunes à Paray-le-Monial. « Lors de l’adoration du Saint Sacrement, j’ai compris que l’amour de Dieu était premier. Chacun répond à sa manière à cet amour. Pour moi, il a été suffisamment fort pour que j’aie envie de lui consacrer ma vie. » 

A vingt ans, Carol tombe amoureuse. « L’amour humain, c’est quelque chose de magnifique, mais, en fréquentant ce garçon, j’ai réalisé que j’étais en train de perdre quelque chose dans ma relation au Christ. Ayant goûté à un autre amour, il y avait une dimension qui allait me manquer. » Elle entre au Verbe de Vie. « J’y suis restée vingt ans, j’y ai été très heureuse. Les cinq dernières années, comme économe général, j’ai pris conscience des dysfonctionnements de la communauté. » Lorsque la communauté s’arrête, elle pense en rejoindre une autre, mais elle comprend qu’elle doit d’abord se confronter à nouveau à la réalité du monde. Carol revient à Genève auprès de sa famille. « Au Verbe de Vie, j’ai vécu une expérience au côté de jeunes en difficulté qui m’avait interpellée. En présentant mes services à l’Eglise, j’ai demandé s’il y avait un poste auprès des populations marginales, mais l’Eglise cherchait quelqu’un pour la pastorale des prisons. J’ai accepté cet engagement, comme une évidence. » 

Une nouvelle forme de vie consacrée

« Le travail dans l’aumônerie de la prison a été un élément déclencheur de ma vocation de vierge consacrée. J’ai gardé mon rythme de prière et j’ai un engagement qui correspond à ce que
je portais en moi depuis des années. » Après deux ans de discernement et de formation, Carol vit une nouvelle forme de vie consacrée en étant membre de l’Ordre des vierges consacrées. « Dans cette consécration, je deviens épouse du Christ, c’est une vraie joie. »

A l’aumônerie, Carol est membre d’une équipe œcuménique de cinq personnes. Elle intervient dans toutes les prisons de Genève, mais principalement à celle de Champ-Dollon. « L’essentiel de notre travail consiste en entretiens individuels avec les personnes. Nous animons des célébrations tous les dimanches. Nous proposons aussi des activités comme des soirées bibliques ou des soirées ciné-débat. »

Carol est heureuse de pouvoir offrir aux détenus un espace où ils peuvent être simplement eux-mêmes et acceptés tel qu’ils sont. « Nous rencontrons des êtres humains au parcours de vie très différent, mais il y a des souffrances qui nous relient. »

Un souvenir marquant de votre enfance
Mes parents n’ont jamais fait de grand discours sur la charité, mais ils la vivaient en actes. J’avais une amie, qui vivait dans le même immeuble que nous, dont la mère était dépressive. Le père avait quitté le foyer. Ma maman, lorsqu’elle préparait les repas, en faisait toujours un peu plus. Puis elle demandait, à mon frère ou à moi, d’aller le porter chez mon amie. 

Votre moment préféré de la journée ou de la semaine
J’aime aller à la messe spécialement en semaine. Lorsque je reviens de la prison, j’ai un bout de chemin que je fais à pied au bord d’une rivière. Je prends ce petit sas dans la nature pour me remémorer les rencontres de la journée.

Maximilien Marie Kolbe.

Votre principal trait de caractère
Je m’émerveille facilement. Je vois le bon côté des choses. 

Un livre qui vous a marqué
Maximilien Kolbe – Le saint d’Auschwitz de Patricia Treece. 

Une personne qui vous inspire
Maximilien Marie Kolbe. J’ai été interpellée par l’histoire de cet homme qui a fait don de sa vie à Auschwitz. 

Votre prière préférée ou une citation biblique qui vous anime
J’aime la prière de saint Nicolas de Flüe. Ma citation biblique préférée est celle que j’ai choisie comme devise pour mes vœux : « Il faut que lui grandisse et que moi je décroisse. » (Jean 3, 30)

Carol Beytrison

• Elle est née et a grandi à Genève, au sein d’une famille catholique. Elle est originaire du Valais. 

• Elle a fait des études de mathématiques et a enseigné quelques années les maths avant de rentrer au Verbe de Vie.

• Elle a longtemps pratiqué le ski. Elle aime beaucoup le football et supporte le FC Sion.

En librairie – septembre 2025

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Maman, ne me quitte pas !
Bernadette Lemoine

Un grand nombre de difficultés psychologiques, de troubles du comportement ont pour origine une angoisse de séparation, signe d’une souffrance liée à une séparation mal vécue dans la petite enfance. L’événement, souvent banal, qui a conduit l’enfant à se croire abandonné, est mis en lumière, avec le concours des parents et de leur enfant. Bernadette Lemoine, en mettant des mots sur les maux, désamorce l’angoisse qui empêche l’enfant de vivre heureux. Ce livre s’adresse à tous ceux qui souhaitent donner aux enfants qui leur sont confiés l’inestimable cadeau de la confiance en la vie.

Editions Saint Paul

Acheter pour 29.70 CHF

Les blessures d’enfance
Bénédicte Sillon

Nous aimerions que nos vies, et plus encore celles de nos enfants, soient paisibles, sereines, dépourvues d’épreuves ou de blessures… Nous constatons que cela reste une chimère. Nos blessures dessinent aussi des paysages intérieurs, et donc extérieurs, bouleversants de beauté. Le projet de cet ouvrage est donc de comprendre ce qu’est une blessure, de la distinguer d’autres formes de moments douloureux, afin de mieux comprendre comment y faire face. De cheminer, en quelque sorte, le long d’un sentier qui fait passer des limites de la vie à un chemin de Vie.

Editions Mame

Acheter pour 22.20 CHF

Libéré, délivré… de mon smartphone
Tanguy Marie Pouliquen

Vous le sentez vibrer dans votre poche alors que personne ne vous appelle ? Vous êtes à l’affût de notifications en permanence ? Seriez-vous addict, sans le savoir, au smartphone ? Il faut bien se l’avouer : ce faux ami perturbe notre attention, notre concentration, notre bien-être et donc nos relations. Rien n’est perdu ! Il est possible d’entamer la déconnexion pour reprendre le contrôle sur votre portable, et ce, en 10 jours seulement. L’antidote de base : Dieu. A la manière d’un coach, le père Tanguy Marie Pouliquen a bâti un parcours progressif : 15 minutes par jour pour un détachement en douceur. Testée et approuvée, cette désintox intégrale pour vivre une libération numérique et trouver une disponibilité intérieure vous permettra de laisser plus de place à Dieu, mais aussi à ceux qui vous entourent.

Editions Première partie

Acheter pour 23.80 CHF

Abigaëlle
Dominique Perot-Poussielgue, Anastasia Wessex

Il était une fois une charmante petite marmotte nommée Abigaëlle. Qu’elle était drôle, avec ses poils brun-gris, ses yeux noisette roulant vivement de droite à gauche. Qu’elle était forte, avec ses robustes griffes et sa silhouette trapue ! Mais quand il s’agit de préparer le terrier pour l’hiver, Abigaëlle aimerait bien choisir avant ses frères et sœurs… Un conte charmant et profond pour faire réfléchir les plus jeunes aux valeurs de l’Evangile. Dès quatre ans.

Editions Emmanuel Jeunesse

Acheter pour 21.00 CHF

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Jusque dans les détails

La démarche représente les joies, les espoirs, les attentes, mais aussi les craintes, les difficultés, tout ce qui habite le cœur des écoliers à la rentrée.

Par Emmanuelle Mayoraz (Animatrice pastorale pour le secteur de Saint-Maurice)
Photo : Emmanuelle Roduit

Notre Dieu est un Dieu de bénédiction, nous ne le dirons et ne le manifesterons jamais trop dans notre pastorale ! Il est bon de se rappeler à quel point le Seigneur nous aime et aime nos familles ; combien il s’intéresse au réel de ce que nous vivons, jusque dans les plus petits détails… Nous n’annonçons pas un Etre divin lointain qui ne se pencherait sur nous que lorsque nous sommes sagement assis dans une église ! Il me semble que c’est une des dimensions les plus importantes de cette démarche de bénédiction des sacs d’école que nous avons pris l’habitude de vivre dans notre secteur pastoral. Ces sacs représentent les joies, les espoirs, les attentes, mais aussi les craintes, les difficultés, tout ce qui habite le cœur des écoliers – et de leurs parents – à la rentrée. C’est sur tout cela que la main de Dieu se pose et répand sa miséricorde. 

Nous croyons aussi que, lors de ces eucharisties célébrées ensemble dans la joie, le Seigneur Jésus nous comble de lui, puis qu’il nous envoie tous l’annoncer là où nous vivons : à l’école, en famille, dans notre milieu de travail. Il compte sur nous, et particulièrement sur les enfants, pour être ses témoins, témoins de paix, de joie et d’espérance !

Mourir dans l’indifférence

Les lectrices se contentent d’un maigre refuge.

Décédé sur des bateaux inaptes à la navigation, étouffés dans des camions, morts de faim dans le désert… Chaque jour, le contingent de personnes disparues sur les routes de l’exil augmente.
Ainsi, on estime à ce jour que 66’519 personnes ont perdu la vie en tentant de rallier l’Europe. L’action Les nommer par leur nom a fait mémoire, fin juin, à Genève, de toutes ces personnes,
souvent mortes anonymement et qui ne sont enterrées nulle part.

Texte et photos par Myriam Bettens

L’air est lourd en cette fin de semaine caniculaire. La blancheur de la façade de l’église du Sacré-Cœur réverbère les implacables rayons du soleil. Sur le parvis, le parasol aux couleurs claires n’apporte qu’un faible refuge aux deux courageuses prêtant leurs voix pour commémorer les vies oubliées sur les chemins de l’exil. Tout comme elles, d’autres volontaires se sont relayés durant l’après-midi du samedi 21 juin, à l’occasion de la Journée nationale, mondiale et du dimanche des réfugiés (20-21-22 juin), pour lire les noms de celles et ceux dont le destin a basculé en tentant de rallier l’Europe. Cette initiative de l’Aumônerie Genevoise Oecuménique auprès des Requérants d’Asile et des Réfugiés (AGORA) enjoignait ainsi à faire mémoire des « victimes de la Forteresse Europe », afin que celles-ci « ne disparaissent ni des mémoires, ni des consciences ».

Le poids des vies

Assis sur un banc non loin de l’édifice, un jeune homme lit, indifférent à la funeste litanie qui se déroule à quelques mètres de lui. Les passants qui se pressent dans les rues adjacentes – coupées à la circulation à l’occasion de la Fête de la musique – ne prêtent que peu d’attention aux lectrices égrenant les noms de ces oubliés. Bilel, Zhilan, Rakesh, Ishtiaq et tous ceux dont on ne connaît pas l’identité se perdent dans le flot incessant de la circulation et les cris des spectateurs du skatepark de l’autre côté de la rue. Virginie Hours, aumônière catholique à l’AGORA, ne désespère toutefois pas d’interpeler sur le sort de ces réfugiés. Pour ce faire, une pétition circulait sur le lieu de l’événement. Un appel visant le Conseil fédéral, afin de l’exhorter à tenir ses engagements en regard de la Convention de l’ONU relative aux droits de l’enfant (1997), afin que ceux-ci ne soient plus bafoués sur les chemins d’exil. Un lourd classeur bleu sert de support aux paraphes. A l’intérieur, les listes des noms de ceux qui ont péri. Le poids des vies, « au propre, comme au figuré », souligne-t-elle encore.

La tête ailleurs

« On peut mourir sans que cela n’intéresse personne », s’indigne Nicole Andreetta, aumônière retraitée de l’AGORA, à la vue de toute cette indifférence. Son homologue interprète cet apparent désintérêt par une cause calendaire. « Entre la Fête de la musique et les vacances qui approchent, les gens sont déjà ailleurs. » Virginie Hours glisse encore que, « même si cela fait un peu bande à part, la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié (JMMR) de l’Eglise catholique, a lieu à la rentrée et les gens me semblent plus réceptifs ». Cette année, du fait du Jubilé des Migrants, la JMMR ne sera pas fêtée le dernier dimanche de septembre comme d’habitude, mais célébrée les 4 et 5 octobre prochains avec comme point d’orgue les « Migrants, missionnaires d’espérance ». Le thème choisi par le pape François veut mettre en lumière ces migrants et réfugiés qui « deviennent des «  missionnaires de l’espérance  » dans les communautés où ils sont accueillis, contribuant souvent à revitaliser la foi des communautés locales et à promouvoir des dialogues interreligieux fondés sur des valeurs communes. Ils rappellent également à l’Eglise le but ultime du pèlerinage terrestre menant à la future patrie ».

Des affiches étaient placardées pour rappeler que derrière les noms, il y a aussi des vies.

Béni soit mon cartable!

Le cartable fait le lien entre l’école et la maison. C’est toute la vie chrétienne de l’enfant qui est habitée par l’espérance.

Lancée à la rentrée 2023, l’initiative pastorale de la bénédiction des sacs d’école ou des cartables pour les élèves de 3H à 8H connaît un grand succès en Suisse romande. Il s’agit de bénir les enfants et de confier à Dieu leur nouvelle année scolaire. Cette année, plus de 12’000 badges seront distribués aux écoliers des cantons de Genève, Vaud, Neuchâtel, Valais et Fribourg. 

Par Véronique Benz | Photos : Catherine Soldini, Marcel Julmy, René Delley, Christelle Gaspoz-Donnet, DR

Sur le chemin de l’école, je rencontre deux élèves que je connais. Ils sont très fiers de me montrer leur sac tout neuf et spécialement le badge qui y est accroché. Je leur demande ce qu’il signifie. « Nous l’avons reçu à la bénédiction des cartables », me dit Noah. « Nous sommes témoins d’espérance », répond son camarade Léo en me désignant le slogan inscrit sur le badge. Chemin faisant, les deux comparses m’expliquent la démarche qu’ils ont vécue le dimanche précédent. 

« C’était la messe de la rentrée pastorale, tous les enfants de l’école étaient invités. Nous avons déposé nos sacs au pied de l’autel. Presque à la fin de la messe, M. le curé nous a demandé de venir devant. Il a fait la prière de bénédiction. Puis, il nous a aspergés d’eau. Ensuite, la catéchiste nous a distribué les badges et les livrets. » J’ai appris dans la discussion que les élèves du village voisin avaient vécu cette célébration de bénédiction des cartables dans le cadre de la catéchèse. 

Le badge reçu lors de la bénédiction montre que le sac a été béni.

« Le badge montre que notre sac a été béni et que nous avons une mission », relève Léo. Quelle est cette mission ? « Cette année, nous devons être témoins d’espérance. » Très bien ! Et en quoi cela consiste-t-il ? Parler d’espérance a été un peu difficile à mes deux compagnons. Ils m’ont expliqué que, pour remplir leur mission, ils devaient chaque mois relever un défi. « Tu vois, me dit Noah, notre premier défi pour ce mois de septembre c’est d’offrir de la joie avec une colombe. » « En janvier, le défi sera de transmettre une bénédiction et une parole de paix », renchérit Léo. 

J’apprends qu’en plus du défi mensuel, il y a les défis bonus que les élèves peuvent faire quand ils le souhaitent, comme ramasser des déchets au bord du chemin en rentrant de l’école ou aider un camarade à faire quelque chose qui lui demande un effort. Les défis peuvent être préparés et vécus en famille, ce qui a l’air de contrarier Noah et d’enchanter Léo. 

« C’est vraiment trop cool ! exulte Noah. En plus, cette année, nous avons un calendrier de l’Avent et pour le Carême. » Du 1er au 24 décembre, les enfants sont invités à accomplir chaque jour un défi comme s’ils ouvraient une porte d’un calendrier de l’avent. Durant le temps du Carême, du mercredi des Cendres au dimanche de Pâques, la démarche leur propose de petits défis pour se rapprocher de Dieu. En écoutant leurs explications, je dois avoir l’air sceptique, car Léo me dit, plein d’entrain : « Je passerai chez toi te montrer mon livret. »

En les écoutant parler, je découvre que la mission se déroule sur toute l’année pastorale. Il y a une célébration d’envoi en début d’année et une de clôture, en fin d’année scolaire. Les deux garçons échangent sur la fabrication de leur boîte. « Vous avez besoin d’une boîte ! J’ai plusieurs jolies boîtes en fer chez moi, je peux vous en passer une. » « Tu n’as rien compris ! s’exaspère Léo. Nous devons la faire nous-mêmes, c’est pour déposer les étiquettes de chaque défi que nous aurons relevé. » Noah complète : « La catéchiste a insisté sur le fait que nous devions prendre la boîte à la célébration de clôture, ainsi on verra tous les défis qu’on a faits et l’on pourra remercier Jésus. »

Il poursuit en m’expliquant : « En plus nous pouvons inventer nos propres défis. » « Je vais mettre notre discussion comme défi », réplique Léo : « Non, je ne crois pas qu’expliquer à Véronique notre démarche soit un défi ! » « Moi, je te dis que si ! » Arrivés devant l’école, les deux camarades n’avaient pas réussi à se mettre d’accord. Est-ce un défi d’expliquer ce qu’est la bénédiction des cartables ? Je n’en sais rien, mais pour moi, écrire cet article en fut un !

Témoin d’espérance

La bénédiction des cartables est une initiative des pastorales des familles de Suisse romande. Après avoir été « porteurs de joie » et « porteurs de lumière » les années précédentes, les écoliers sont cette année « témoins d’espérance ». Dans le cadre de l’année jubilaire durant laquelle les catholiques sont conviés à devenir des pèlerins d’espérance, les enfants sont invités à partager cette espérance par de petits gestes. 

« Le cartable fait le lien entre l’école et la maison. C’est toute la vie chrétienne de l’enfant qui est habitée par l’espérance », relève Anne-Claire Rivollet, responsable de la pastorale des familles dans le canton de Genève et représentante de l’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg pour la pastorale des couples et des familles. « Cette proposition clef en main s’adresse autant aux paroisses qu’aux groupes de catéchèse. », souligne Adeline Wermelinger, de la pastorale des familles dans le canton de Fribourg.

Toutes les informations pour les défis se trouvent sur le site prierenfamille.ch

prierenfamille.ch

Ce site des pastorales des familles de Suisse romande offre des ressources spirituelles et créatives pour dynamiser la relation entre Dieu et la famille. Vous y trouverez les défis de l’action de bénédiction des cartables, mais aussi des prières, des chants, des célébrations pour vivre un temps fort en famille, des propositions en lien avec le temps liturgique. Vous pourrez également commander les deux livrets réalisés par la pastorale des familles de Suisse romande : « Vivre la prière en famille » et « Comment dire à-Dieu à une personne que j’aime ».

Bénir

Les bénédictions font partie de la vie de l’Eglise. Il en est question lors de la messe, au moment de la célébration des sacrements ou lors des temps forts de la vie. On fait bénir les objets que l’on rapporte de pèlerinage, son logement lorsqu’on emménage ou son cartable à la rentrée des classes ! Bénir vient du latin bene dicere, « dire du bien ». Il nous rappelle que bénir, c’est aussi louer Dieu et recevoir de lui ses bienfaits. La bénédiction n’est pas unilatérale : elle appelle une réponse humaine, à un acte de foi. Elle relie Dieu aux hommes et les hommes à Dieu. Bénir quelqu’un est une manière de reconnaître la présence du Seigneur dans la vie de cette personne. Lorsqu’on bénit un objet, ce n’est pas tant l’objet que l’on bénit que la personne qui le possède ou qui va le recevoir. Attention, un lieu ou un objet béni ne doit pas faire l’objet de superstition : l’Eglise rappelle que ces bénédictions ont pour but la sanctification des personnes qui en feront usage.

A l’école de Jésus (Matthieu 11, 28-30)

Par François-Xavier Amherdt | Photo : DR

Le plus beau cartable, la plus passionnante école, c’est celle de Jésus « doux et humble de cœur » (Matthieu 11, 29). Elle n’est pas réservée aux sages et aux intelligents, à ceux qui obtiendraient par leurs efforts et leurs compétences le « doctorat du salut ». Elle est ouverte « aux tout petits, selon le bon plaisir du Père, le Seigneur du ciel et de la terre » (11, 25).

Nous pouvons toutes et tous nous y inscrire, puisque le Christ nous y invite et nous en montre l’entrée. Certes, il convient de prendre sur nous, à sa suite, le joug de notre existence, de nous charger de la croix qu’il nous remet, de nous oublier nous-mêmes et de passer par les souffrances et les épreuves inévitables. Mais ce fardeau est véritablement léger, nous promet-il, et nous y trouverons soulagement pour nos âmes, consolation pour notre esprit, repos pour notre cœur et bien-être pour notre corps. Car Jésus-Christ porte notre fardeau avec nous, il ne nous laisse jamais seuls quand nous peinons et ployons sous le poids des difficultés, des déceptions, des crève-cœur.

Avec, en guise de maître et d’instituteur, l’Esprit Saint, nous acquérons toutes les « connaissances » dont nous avons besoin pour atteindre la « vérité », nous empruntons le bon « chemin » et gagnons la maison de la « vie ». En effet, au sein de la Trinité, le Père a tout remis dans l’Esprit à son Fils et celui-ci nous a fait entrer dans le mystère (c’est notre « mystagogue ») : il nous a « révélé » toutes choses nouvelles, il nous y a « initiés ». Ces secrets d’amour ne sont pas cantonnés à un « groupe ésotérique d’illuminés », ils ne se gagnent pas au bout de « parcours d’initiation » longs et complexes, en vertu d’une hiérarchie exigeante.

Il suffit que nous lui ouvrions notre être et son Sacré-Cœur verse en nous l’eau et le sang de la joie, actuelle et éternelle. 

Le cartable, c’est la Bible, le livre, c’est l’Ecriture, le bâtiment scolaire c’est notre famille, notre paroisse, notre village, notre chambre. Le Père nous y attend, dans le secret.

Education et Eglise missionnaire

Le pape Léon XIV a reçu en audience les frères des écoles chrétiennes, en salle Clémentine du Palais apostolique, le 15 mai dernier.

Par Thierry Schelling | Photo : Vatican News

Trampolines

Parmi les tout premiers groupes reçus en tant que nouveau Pape, Léon XIV a accueilli les Frères des Ecoles Chrétiennes, le 15 mai, à l’occasion des 300 ans de leur reconnaissance par le Saint-Siège.

Et Léon de commencer son œuvre épiscopale « préposé à la charité » en décrivant l’éducation des jeunes comme suit : « Comme saint Jean-Baptiste de La Salle, nous pouvons créer tellement de trampolines de lancement pour explorer des voies, élaborer des instruments et adopter des langages nouveaux par lesquels continuer à toucher le cœur des élèves en les aidant et les encourageant à affronter avec courage toute forme d’obstacle, pour donner dans la vie le meilleur de soi, selon  les plans de Dieu. »

A relever que saint Jean-Baptiste a promu la place du laïc comme catéchiste, une réalité complètement nouvelle alors, et devenue la règle dès lors dans quasi 100 % des paroisses du monde catholique. Pour un ancien missionnaire au Pérou comme Léon, nul besoin de rappeler que l’éducation par des laïcs pour des laïcs est une composante essentielle de l’Eglise missionnaire.

Aux urgences !

Dans la droite ligne de Papa Francesco, Léon rappelle son discours aux mêmes Frères, de 2022, où son prédécesseur avait souligné « une urgence éducative […]. Le pacte éducatif a été rompu, il est rompu, et maintenant l’Etat, les éducateurs et la famille sont séparés. Nous devons chercher un nouveau pacte qui soit communication, travail ensemble ». Et d’orienter la profession d’enseignant : « En éduquant à passer d’un monde fermé à un monde ouvert ; d’une culture du jetable à une culture du soin ; d’une culture du rebut à une culture de l’intégration ; de la recherche d’intérêts partisans à la recherche du bien commun. »

Léon de cadrer cet élan : « Construire un monde nouveau où règne la paix ! », a-t-il lancé le 18 mai à la messe d’inauguration de son Pontificat, donnant à l’ensemble de l’Eglise un mandat éducatif probant : « Une Eglise missionnaire, qui ouvre les bras au monde, annonce la Parole, se laisse interpeller par l’histoire et devient un levain d’unité pour l’humanité. » A suivre, donc.

Jeux, jeunes et humour – juillet-août 2025

Mot de la Bible

Dormir comme un bienheureux

Cette expression signifie dormir longtemps et paisiblement. Les esprits bienheureux ou les âmes bienheureuses sont ceux qui jouissent de la béatitude éternelle, ceux qui sont « plongés » en Dieu et partagent sa félicité. Une telle personne, à l’abri de toute inquiétude matérielle ou morale, est assurée de pouvoir dormir d’un sommeil paisible, qui ne soit troublé par aucun souci particulier.

Par Véronique Benz

Humour

Il y a 60 ans, un touriste de passage dans un village de montagne remarque un vieux monsieur qui fait son jardin. La conversation s’engage et le touriste finit par lui demander son âge :

– J’ai 94 ans et j’ai encore mon père. Il est en train de couper du bois derrière la maison.

N’en croyant pas ses yeux, il va chez l’ancêtre qui lui confirme qu’il a dépassé les 120 ans. Incrédule, il descend chez M. le curé pour lui demander si les deux hommes ne lui ont pas fait une farce :

– Non, c’est la vérité, affirma le vieux curé, c’est même moi qui les ai baptisés tous les deux !

Par Calixte Dubosson

La Bible en fête

La foi tragique n’est pas une obligation, ni même une option. Pourtant, à voir certains chrétiens, la joie ne semble pas aller de soi, alors que la Bible appelle constamment à la fête. Sylvain Detoc (op.) expose comment se réconcilier avec la vertu de fête.

Pour le dominicain, la fête est l’expression de la joie à travers tous nos appareils de rites.

Par Myriam Bettens | Photos : M. Bettens, DR

La fête ne devrait-elle pas être une option pour le chrétien ?
Je l’ai souligné d’entrée de jeu, c’est même un commandement ! Vu le nombre de fois où la Bible nous invite à célébrer Dieu à travers la fête et à accueillir dans la réjouissance la vie avec Lui, cela démontre que ce n’est pas une proposition accessoire que l’on peut ressortir selon notre humeur. La festivité est vraiment dans le flux de la Révélation et elle court des premières aux dernières pages de la Bible. La caisse de résonance existentielle de cette réalité se trouve pour le chrétien dans la liturgie.

Pourtant, les passages invitant à la fête sont souvent sur le mode impératif. Est-ce à dire que l’humain n’est pas « programmé » pour ça ?
Cela donne en tout cas le sentiment que cette festivité risque de ne pas être spontanée, qu’il va falloir fournir un effort. Ce constat est inattendu, même un peu paradoxal pour nous. S’il y a quelque chose de spontané, c’est bien la fête ? Eh bien, non ! On peut la comparer au commandement de l’amour, car au-delà des sentiments et des impressions immédiates, le vrai amour suppose que nous l’alimentions, le mettions en mouvement. La fête c’est pareil, à un moment donné, on doit y mettre du sien et entrer dans cette dynamique.

D’ailleurs, dans l’anthropologie divine, la fête structure l’espace et le temps des hommes. Celle-ci a donc bien une fonction primordiale…
Il y a de toute évidence un élément structurant de la société, avec des temps de retenue et d’autres qui correspondent à la manifestation de quelque chose qui déborde. Prenez les noces de Cana, les exégètes estiment que Jésus aurait produit six cents litres de vin ! Une quantité complètement démesurée par rapport aux besoins. La fête, dans la Bible, n’est pas teintée de retenue, mais l’expression de l’amour exorbitant, hyperbolique de Dieu. Malheureusement, la théologie, surtout latine, est encore très marquée par l’ombre portée de la doctrine de saint Augustin ou plutôt ce qu’on en a fait, c’est-à-dire l’augustinisme : en ne relevant trop souvent que les accents pessimistes d’une nature humaine blessée par le péché et l’impossibilité que beaucoup soient sauvés.

Les chrétiens ont bien du mal à entrer dans ce commandement biblique et lui préfèrent trop souvent une foi tragique…
Le sujet qui fâche ! (rires). Effectivement, il y a comme une toile de fond tragique dans le christianisme. On peut invoquer plusieurs facteurs. Il y a des verrous culturels, auxquels je ne crois pas trop et d’autres psychologiques. Mais le verrou principal me semble être théologique, en étant persuadés qu’il faut purifier la foi des scories qui n’appartiennent pas à la Révélation biblique. Or, la toile de fond de cette Révélation n’est pas tragique. Au contraire, elle nous parle de la bonté de Dieu, de cet amour absolu et éternel, qui appelle à exister. C’est extrêmement intéressant, car cela signifie que les créatures ont été produites par cet amour. Elles n’en sont donc pas le stimulus puisqu’elles n’existaient pas ! C’est plutôt l’amour de Dieu qui a fait surgir cette existence.

Comment se réconcilie-t-on avec la vraie fête, celle à laquelle Dieu nous invite ?
La fête est l’expression de la joie à travers tous nos appareils de rites et d’usages locaux. L’Evangile appelle à un dépassement de la fête naturelle vers une festivité surnaturelle, mais ce « débordement » ne peut avoir lieu que quand l’homme blessé par le péché se découvre aimé de Dieu et pardonné. Il y a là un haut lieu évangélique de la fête.

Bio express

Sylvain Detoc est né à Rennes, en 1979. Il a effectué un doctorat en littérature et quatre années d’enseignement à la Sorbonne. Il est entré chez les dominicains en 2008, puis a été ordonné prêtre à Toulouse en 2015. Il étudie et enseigne la patristique à l’Université catholique de Lyon durant deux ans (2018-2020) avant de revenir à Toulouse pour terminer sa thèse de théologie (2022). Sylvain Detoc enseigne la doctrine des Pères de l’Eglise à l’Institut catholique de Toulouse et à l’Angelicum, à Rome. Il est l’auteur de La gloire des bons à rien et Déjà brillent les lumières de la fête. 

Calice et crucifix de Jean-Pierre Coutaz

La croix, la montagne et le calice selon Jean-Pierre Coutaz.

Par Amandine Beffa | Photos : Jean-Claude Gadmer, DR

L’exposition Entre terre et ciel, organisée à l’abbaye de Saint-Maurice, est l’occasion de (re)découvrir une partie de l’œuvre de Jean-Pierre Coutaz 1.

L’artiste valaisan a participé à la décoration de plusieurs églises en Suisse romande, faisant appel à des techniques variées. Son travail s’inspire profondément de sa région.

Le cloître de l’abbaye propose un cheminement entre terre et ciel, à travers la thématique de la montagne. Le trésor, quant à lui, accueille trois œuvres religieuses : un calice, une station de chemin de croix et un Christ. Les trois objets sont à la fois très contemporains et très ancrés dans le terroir. 

Il est dit de Jean-Pierre Coutaz qu’il « puise son inspiration dans des vignes désaffectées dont les pieds noueux et tordus de douleur expriment, on ne peut plus naturellement, les souffrances endurées par le Christ dans sa montée au Calvaire ». 

Arrêtons-nous en particulier sur le Christ. Ce qui frappe dès le départ, c’est l’absence de croix. Le Christ n’est pas en croix, il est croix. 

Il n’a pas de visage, son corps est tordu, il a de très grands bras. La collaboration entre l’artiste et la nature donne un résultat très brut. 

Un des chants du Serviteur souffrant résonne dans nos oreilles à la contemplation de cette œuvre : « De même que les foules ont été horrifiées à son sujet – à ce point détruite, son apparence n’était plus celle d’un homme […]. Devant Lui, celui-là végétait comme un rejeton, comme une racine sortant d’une terre aride ; il n’avait ni aspect, ni prestance tels que nous le remarquions, ni apparence telle que nous le recherchions. »

Il était méprisé, laissé de côté par les hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, tel celui devant qui l’on cache son visage ; oui, méprisé, nous ne l’estimions nullement. 

En fait, ce sont nos souffrances qu’il a portées, ce sont nos douleurs qu’il a supportées […] et dans ses plaies se trouvait notre guérison. » 2

1 Entre terre et ciel, abbaye de Saint-Maurice, jusqu’au 2 novembre.
2 Es 52, 14-53, 5, traduction œcuménique de la Bible.


La vitesse de la lumière

Par Pierre Guillemin | Photo : Unsplash

La lumière occupe une place centrale dans les Ecritures, Ancien et Nouveau Testament réunis. Dans l’Evangile de Jean (8, 12), Jésus nous parle de cette lumière : « Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. »

Pourtant, si la lumière du Christ éclaire notre vie spirituelle, la lumière de notre univers physique a des propriétés bien spécifiques. En particulier, sa vitesse est connue, finie. A travers les siècles, de nombreux savants se sont penchés sur l’étude et la détermination de la vitesse de la lumière : le savant arabe Alhazen (965-1039) est le premier à avoir l’intuition d’une vitesse finie de la lumière, suivent Galilée (1564-1639), Cassini (1625-1712), Romer (1644-1710), Bradley (1693-1762), Fizeau (1819-1896), Cornu (1841-1902) et ce n’est qu’en 1983 que la communauté scientifique s’accorde sur la valeur de c = 299 792 458 m/s.

Mais si cette vitesse est finie et surtout constante dans le vide, pouvons-nous aller plus vite que la lumière ?

Non, pas dans le vide, selon Einstein : selon sa théorie de la relativité, tout objet de masse au repos m se déplaçant à une vitesse v acquiert de la masse de telle façon que l’énergie de l’objet est égale à

ce qui revient à écrire que plus l’on se rapproche de la vitesse de la lumière plus l’énergie nécessaire pour y arriver devient infinie donc impossible à atteindre.

Oui dans un milieu non vide. En 1958, le physicien russe Pavel Cerenkov décroche le prix Nobel pour la découverte d’un phénomène auquel on a donné son nom. L’effet Cerenkov se produit lorsqu’une particule se déplace plus vite que la lumière dans un milieu non vide. Ainsi, comme un avion franchissant le mur du son émet un bruit caractéristique, une particule qui dépasse la vitesse de la lumière émet une lumière intense et bleutée, c’est le rayonnement Cerenkov.

Si la lumière nous attire et nous fascine, elle reste un phénomène physique extraordinaire qui nous oblige à regarder notre univers avec humilité. Le chemin de la connaissance de notre univers est long et difficile, mais surtout pas impossible : l’Homme ayant été créé à l’image de Dieu (Genèse 1 : 27), ne doutons pas que son intelligence, sa conscience, son pouvoir créatif et surtout sa capacité à aimer seront les éléments indispensables le conduisant à toujours mieux comprendre le Monde.

Apporter sa pierre à l’édifice

Depuis près de vingt ans, Immaculée Habiyambere est active dans l’unité pastorale de La Seymaz à Genève. D’origine rwandaise, elle est arrivée en Suisse en 1992. Naturalisée Suisse, elle avoue avoir trouvé sa place au sein de la communauté paroissiale.

Par Véronique Benz | Photos : V. Benz, Pixabay, DR

Son regard est doux, son sourire avenant. Lorsque j’interviewe Immaculée Habiyambere, j’ai l’impression, comme de nombreuses personnes œuvrant dans l’ombre, qu’elle a plus l’habitude d’écouter que de parler. « Mon engagement principal au service de l’Eglise est l’accompagnement des enfants dans la catéchèse. Etre enseignante auprès des adolescents m’a facilité la tâche », reconnaît-elle. « J’ai pu ainsi mieux gérer les différents groupes d’enfants dont les comportements changent d’une année à l’autre. » A côté de la catéchèse, Immaculée a encore divers « petits engagements ». Elle anime le groupe de prière saint Padre Pio qui se réunit une fois par mois. Elle chante à la chorale de sa paroisse et assure souvent le service d’accueil pour les célébrations dominicales.

Ses divers engagements procurent beaucoup de joie à Immaculée. « Durant les rencontres mensuelles de catéchèse, j’aime écouter les jeunes et partager avec eux leurs émerveillements et questionnements autour d’un récit biblique. Le service d’accueil me plaît également beaucoup. Nous échangeons un sourire, nous donnons des renseignements et parfois nous apportons quelques mots de consolation. Notre groupe de prière est une occasion de mieux se connaître, de se soutenir et de se recueillir, mais c’est surtout une opportunité de prier ensemble pour diverses intentions. » Immaculée relève que, durant ces temps de prière, elle vit des moments riches et ressourçants. Cependant, elle trouve qu’il manque de structures permettant d’aller plus loin dans l’accompagnement, notamment lors d’une solitude avouée ou d’une visite de personne endeuillée. Immaculée estime que des pistes font défaut dans l’accueil de nouveaux paroissiens ou dans l’aide matérielle ponctuelle au sein de l’Eglise. « Il y a quelques années, nous avions mis un panier au fond de l’église avec des biens de consommation non périssables pour les personnes dans le besoin. Malheureusement, nous avons dû arrêter, car nous avons eu quelques soucis, les gens venaient avec des voitures et prenaient les biens pour les vendre », remarque-t-elle avec regret.

A travers son engagement, Immaculée se sent nourrie spirituellement. « Pour moi, c’est comme une prière en action. Je crois que j’ai le devoir d’apporter ma petite pierre à l’édifice, de soutenir ma paroisse aux côtés des responsables de l’Eglise. Nous sommes tous amenés à fournir quelque chose pour la construction de la communauté et de l’Eglise. »

Un souvenir marquant de votre enfance
Au Rwanda, le passage de mon école primaire au cycle fut une étape inoubliable, car je suis entrée à l’internat tenu par des sœurs franciscaines belges. En plus d’un excellent enseignement de base riche en langues et en sciences, elles m’ont éduquée moralement et spirituellement.

Votre moment préféré de la journée ou de la semaine
Mon moment préféré de la journée est le réveil. Je remercie le Seigneur pour cette nuit et je lui confie la journée qui vient. Le moment de la semaine où je me sens comblée est le dimanche lors de la communion.

Votre principal trait de caractère
Le silence, l’écoute et la bienveillance.

Votre livre préféré
« La petite voix : méditations quotidiennes » d’Eileen Caddy, m’accompagne tous les jours. 

Une personne qui vous inspire
Mère Teresa. Une citation qu’elle a dite me parle particulièrement : « Fais en sorte que chacun soit plus heureux après t’avoir rencontré. » Cette phrase est écrite chez moi dans les toilettes des invités. J’essaie de la mettre en pratique tous les jours.

Votre prière préférée 
J’aime prier le « Notre Père ». 

Son parcours

• D’origine rwandaise, lmmaculée Habiyambere Mukashema est arrivée en Suisse en 1992. Elle est naturalisée. 

• Enseignante de formation, elle a enseigné auprès des adolescents durant 21 ans. Elle est aujourd’hui à la retraite.

• Elle est mariée à Vincent depuis 42 ans. 

• Maman de trois fils (adultes), elle est grand-maman de trois merveilleux petits-enfants.

• Paroissienne catholique bénévole dans les paroisses de Chêne et Thonex (unité pastorale de La Seymaz).

En librairie – juillet-août 2025

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Il posa son regard sur lui et l’aima
Bendo

Bendo nous guide sur un parcours spirituel illustré de ses dessins, jour après jour. Laissez-vous toucher par la tendresse de Dieu révélée par des psaumes, des évangiles. Plus qu’un simple guide, ce cahier est un compagnon de route qui vous permettra de cultiver la tendresse de Dieu au cœur de votre quotidien et de vivre pleinement un temps de retraite spirituelle. Une invitation à entrer dans le silence, écouter la voix de l’Esprit et découvrir la douceur infinie de l’amour divin.

Editions Nouvelle Cité

Acheter pour 23.80 CHF

Soyez toujours joyeux et riez sans cesse
Joseph Challier 

Disciple de Jésus-Christ et de Louis de Funès, Joseph Challier a méticuleusement récolté les petites histoires, bons mots et blagues du monde catholique. Son critère ? Pas seulement rire pour faire rire, mais surtout pour faire grandir. Aussi nous présente-t-il des anecdotes spirituelles dans tous les sens du terme et pleines d’humanité : jeux de mots des saints, bourdes de paroisses, vaticaneries, fioretti de missions… des plaisanteries originales émaillées de réflexions non moins drolatiques de l’auteur.

Editions Emmanuel

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Humour au Vatican
Gilles Jeanguenin

Si l’on connaît le fameux proverbe « sérieux comme un Pape », bien des pontifes se sont employés à le démentir au cours de leur vie. Célèbres pour leur sens de l’humour, la plupart d’entre eux ont gouverné l’Eglise avec habileté, intelligence et zèle, selon les connaissances et mœurs de leur temps. Car au-delà de la drôlerie d’un bon mot ou d’une situation, l’humour n’est-il pas un rappel à l’humilité, aux limites de notre humanité ? D’où la bonne idée du père Gilles Jeanguenin de rassembler, dans ce florilège humoristique couvrant plusieurs siècles de papauté, quelques anecdotes étonnantes émaillées de situations cocasses et de savoureuses reparties. 

Editions Salvator

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En arrivant au Paradis
Richard de Seze

Une religieuse de la Drôme et un intellectuel parisien agnostique meurent. L’une arrive au Paradis, l’autre au Purgatoire. Devant eux se dévoile la grande bureaucratie céleste : la réception des prières et leur traitement, la fabrique des saints et le repos des anges gardiens, les archives des fautes à réparer… Et leurs interrogations se bousculent : quelle est la taille du Paradis ? Ressemble-t-il à la campagne française ? Comment coule le temps au Purgatoire et comment y accomplit-on sa pénitence ? Et surtout, comment venir à bout de toutes les prières promises mais jamais récitées dont le Ciel est notre créancier ? Richard de Seze fait naître ici un merveilleux chrétien empreint d’humour et proche de nous sans jamais faire abstraction des vraies questions. Un conte plein de tendresse qui rend l’au-delà familier.

Editions du Cerf

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Pour commander

Peut-on rire de tout?

La polémique née autour des brandons pose à son tour la question : peut-on rire de tout ?

Par Véronique Benz
Photo : brandonspayern.ch

Lors de la fête des brandons de Payerne, il est de tradition de taguer des messages satiriques sur les vitrines des commerces. Cette année, les inscriptions des barbouilleurs ont suscité la polémique. Certaines ont été jugées racistes et antisémites. 

Cette polémique autour des brandons fait écho à plusieurs autres survenues ces dernières années dont la plus grave était l’attaque de Charlie Hebdo. Indépendamment de la forme qu’elle peut prendre (vitrine, char, journal, etc.) la satire est-elle encore possible dans notre société actuelle ? Peut-on vraiment rire de tout ?

Au vu des réactions de nos contemporains, je constate que nous ne pouvons pas rire de tout. Il y a clairement des sujets tabous sur lesquels les humoristes n’ont pas le droit de s’exprimer ! Pourtant, depuis des siècles, l’humour et la satire permettent de mettre en lumière les vices et le ridicule de son temps. Les gens sont-ils devenus plus sensibles ? Ont-ils perdu leur sens critique et leur sens de l’humour ? N’arrivent-ils plus à prendre du recul et à rire simplement ? 

Comme le disait Joseph Folliet, prêtre du Prado, dans ses Petites béatitudes : « Bienheureux ceux qui savent rire d’eux-mêmes : ils n’ont pas fini de s’amuser. »

Jésus a-t-il ri?

A part le rire d’Abraham et de Sara, on ne trouve pas grand-chose, dans la Bible, relatif à ce que Rabelais appelle « le propre de l’homme ». Dans le Nouveau Testament, les références sont encore plus rares. Ce qui amène à cette question : Jésus a-t-il ri ?

Par Calixte Dubosson | Photos : Adobestock, DR

« Le rire est le propre de l’homme », cette citation de Rabelais démontre bien que l’humour et le rire font partie de la nature humaine. Pourtant en lisant les Ecritures, on constate le peu de références à ce qui fait le quotidien de l’homme. Il est bon toutefois de mentionner le passage de la Genèse avec Abraham et Sara.

Le rire d’Abraham et de Sara

Un jour Abraham reçut la visite de trois mystérieux personnages qui lui apparurent au Chêne de Mamré. Ces trois hommes annoncèrent que l’an prochain, Abraham aura un fils. Or Sara, sa femme et lui-même étaient fort avancés en âge. Sara ne participait pas au dialogue et se tenait à l’écart dans sa tente. Quand elle entendit cette promesse, elle se mit à rire. « Tout usée comme je suis, pourrais-je encore enfanter ? Et mon maître qui est si vieux ! » (Gn 18, 12) Elle nia avoir ri alors que l’un des hommes lui avait dit : « Y a-t-il une chose trop prodigieuse pour le Seigneur ? » (Gn 18, 14) Peu de versets auparavant, Abraham fait la même constatation : « Abraham se jeta face contre terre et il rit : il se dit en lui-même : « Un enfant naîtra-t-il à un homme de 100 ans ? Et Sara avec ses 90 ans pourrait-elle enfanter ? » » Le Seigneur tint sa promesse et Isaac vint au monde. Au passage, Isaac veut dire : « Celui qui rit. »

Les différentes sortes de rire

Avant d’aller plus loin, il est important de distinguer les diverses formes de rire. Dans le cas d’Abraham et de Sara, c’est un rire moqueur. Sara et Abraham interprètent l’annonce d’une descendance comme une farce et c’est pourquoi ils s’en moquent. Ce rire montre que cela était impossible humainement, mais Dieu leur donnera tort car ce qui est impossible pour l’homme est possible pour Dieu. L’humour dans nos sociétés modernes est très courant et il est souvent irrespectueux des personnes. On s’en prend souvent aux hommes et femmes politiques. L’humour d’Anne Roumanoff et de l’émission « C’est Canteloup », vont dans ce sens et bien d’autres que je ne cite pas ici. Personnellement, je pense que l’humour de notre Emil Steinberger ferait rire le bon Dieu car il ne s’attaque pas aux individus, mais à nos travers.

Il y a bien sûr de multiples formes de rire : le rire sarcastique, le rire jaune… et j’en passe. Je m’arrêterai en parlant du rire nerveux qui est une accumulation de tension émotionnelle qui se relâche pour partir en fou rire. Il s’agit ici d’un type de rire incontrôlé qui fait du bien parce qu’il est spontané. C’est cela le bon rire, tonique, amical et même moral. Les vrais comiques sont des gens qui aiment les autres. Avec eux, rire fait du bien. Chez eux, humour et humilité se tiennent la main ; ils ont la même racine : l’humus de notre commune condition humaine. Auprès d’eux, on apprend non pas la rigolade, mais la joie. On rira peut-être moins, de ce rire qui finalement retombe et nous laisse avec nos tristesses non guéries. Mais on sourira davantage ; le sourire, c’est la joie qui demeure ; il habite le cœur avant d’illuminer le visage

Jésus, le Dieu qui riait

Quand j’évoque l’humanité du Christ, certains me demandent, sur un ton pince-sans-rire, pourquoi l’incarnation aurait-elle fait fi du propre de l’homme, à savoir le rire. Si Dieu le Père est resté impassible, son Fils, Jésus, lui, n’aurait-il pas vécu ces bons moments de vie d’où fusent les éclats de rire ? Dans les Ecritures, le rire de Jésus s’impose par son absence. Nous lisons bien que Jésus a pleuré, mais nous ignorons s’il a ri. On lui reproche d’être un bon vivant mangeant avec les publicains et les pécheurs. Didier Decoin, dont j’emprunte le titre, a écrit un livre savoureux où il nous donne une histoire joyeuse du Christ. Il cite différents passages de la vie du Christ et montre que Jésus a plusieurs fois semé la joie sur sa route. J’en mentionnerai deux.

Le Christ se verra reprocher d’être un bon vivant.

Les noces de Cana

Toute personne un peu cultivée sait ce qui s’est passé à Cana en Galilée. En préparant des mariages, je constate que la jeune génération ne connaît pas forcément ce texte qui est pourtant fondamental quand il s’agit du mariage chrétien. Jésus a donc changé l’eau en vin alors que les convives en avaient déjà passablement consommé. Il l’a fait pour obéir à sa mère Marie. Quand le majordome trouve ce vin délicieux, tous les regards se tournent vers Marie qui, « entre deux éclats de rire, ne peut que balbutier : excusez-moi, mais c’est plus fort que moi !… Et tandis que les serviteurs remplissent les coupes, tout le monde se met à rire avec Marie. Et Jésus rit aussi. » (Didier Decoin, p. 44)

Zachée

L’épisode de Zachée est on ne peut plus comique. Imaginez ce collecteur d’impôts, haï de tous, de petite taille, qui s’agrippe et se cache dans un sycomore pour voir la vedette de l’époque, un certain Jésus. Mais le Seigneur qui a l’habitude de contempler la nature a levé les yeux pour, peut-être, regarder les oiseaux mais c’est un homme qu’il découvre. Jésus l’invite à descendre et s’invite chez lui. On peut imaginer les rires de la foule quand elle voit Zachée descendre de son arbre. Rires certainement moqueurs et revanchards. Tel n’est pas celui du Seigneur qui, maintenant, partage la table de Zachée : « Alors, il regarde la table du festin. C’est très bon tout ce que Zachée a préparé pour lui. Et Jésus a faim. C’est la joie qui donne faim. Il mange et rit de bon cœur. Comme chaque fois qu’il ouvre à quelqu’un les portes du Ciel. » (Didier Decoin, p. 112)

L’épisode de Zachée est on ne peut plus comique.

L’humour des Evangiles

Dans les Evangiles, Jésus ne manque pas d’humour. Nous venons de l’illustrer. Il lui en faut, d’ailleurs, devant la lourdeur des disciples, qui pensent au boulanger lorsque Jésus parle du levain des pharisiens ou qui, après deux multiplications des pains, craignent encore de mourir de faim ! J’aime penser au sourire de Jésus. On le voit dans l’Evangile partager nos joies, partager le babillage des petits enfants que les apôtres, trop sérieux, veulent chasser ; les repas amicaux, même et surtout chez les pécheurs (Zachée) ; l’émerveillement devant les lys des champs, les couchers de soleil, la semence qui devient un arbre… Et aussi la joie liturgique des assemblées à la synagogue ; des pèlerinages au Temple ; de la « première messe », tellement désirée, le soir du Jeudi saint.

Et encore la joie de l’évangélisation : il tressaillit de joie par l’Esprit Saint et se mit à louer le Père, qui se fait connaître aux plus petits. La joie la plus profonde du Père et du Fils, c’est de s’aimer si totalement : en Lui j’ai mis tout mon amour. Dans son humanité sainte, Jésus a éprouvé et rayonné cette joie divine, plus haute que toute autre, et qui veut devenir notre propre joie : « Je parle ainsi en ce monde pour qu’ils aient en eux ma joie plénière. » (Mt 16, 5-12)

Conclusion

Jésus a-t-il ri ? Les Ecritures ne le mentionnent pas. Nous dirons donc que le rire est tellement naturel à l’homme que les auteurs du Nouveau Testament n’ont pas jugé bon de relever le rire du Seigneur mais ils ont montré que partout où Jésus a passé, il a semé la joie et le bonheur. N’est-ce pas là une preuve de plus de son humanité ?

Une série à voir !

Je ne peux que vous recommander le visionnement de The Chosen (en français, L’Elu ou Les Elus) qui est une série télévisée américaine retraçant la vie de Jésus-Christ sous un angle très humain. On le voit rire, danser, semant la joie et le bonheur autour de lui. C’est la parfaite actualisation du livre de Didier Decoin que j’ai cité. Cela nous change du Christ de Zeffireli qui soulignait l’aspect un peu trop solennel et rigide de la personne du Seigneur.

Un glouton rieur? (Matthieu 11, 16-19)

Le Christ a sans doute souri lors des fêtes et ne s’est jamais abstenu de manger avec toutes les catégories de la population (ici une œuvre de Veronese).

Par François-Xavier Amherdt | Photo : DR

Les évangiles présentent Jésus comme versant des larmes devant le tombeau de son ami Lazare (Jean 11, 35) et même pleurant du sang lors de son agonie au Jardin des Oliviers (Luc 22, 44). Par contre, ils ne le montrent pas formellement en train de rire. Cela signifie-t-il que le Maître de Nazareth soit toujours demeuré grave et sérieux ?

En réalité, le Christ de Matthieu reproche à sa génération de ne pas danser quand il l’invite à la fête et de traiter l’ascète Jean-Baptiste de « possédé » lorsque ce dernier les exhorte. Le Rabbi assume la figure de gamins qui, sur les places des villages, partagent les sentiments de leurs contemporains, autant dans l’allégresse que dans la tristesse (Matthieu 11, 16-19a). Car le Fils de Dieu prend sur lui pleinement notre humanité, dans ses joies les plus vives comme dans ses peines les plus aiguës. Si bien qu’il est même accusé de se comporter en glouton et en ivrogne. Sans doute a-t-il dû sourire lors de ces fêtes. Et a-t-il rejoint de bon cœur la liesse des publicains et des pécheurs avec lesquels les chefs des prêtres et les pharisiens lui reprochent de prendre le repas.

Non seulement il a traversé nos tentations au désert, comme le rude Précurseur, mais il ne s’est pas retenu de manger avec toutes les catégories de la population. Etre chrétien, c’est donc bien s’affliger avec celles et ceux dont l’âme est affligée et se réjouir avec ceux et celles qui rient (Romains 12, 15). Aucun sentiment humain ne doit nous être étranger, sauf ceux qui détruisent et font du mal.

Vivre la joie de l’Evangile (Evangelii gaudium), c’est revêtir l’empathie du souverain pontife venu de l’hémisphère Sud et celle de son successeur Léon XIV, éclater de rire avec les Argentins, se recueillir avec les Birmans, prier pour la paix avec les Ukrainiens, les Palestiniens et les Israéliens, exprimer notre désarroi avec l’ensemble des catholiques et des croyants de la planète. C’est nous sentir proches des pauvres et des vulnérables, des laissés-pour-compte et des rejetés, des riches et des désorientés.

Car les œuvres de la sagesse divine manifestent la justice de l’Esprit dans toutes les « avances » qu’il fait à son peuple, dans ses invitations à la conversion comme à la réjouissance (11, 19b).

Les Papes rient!

Par Thierry Schelling | Photos : DR

Si l’éclairage de cet été se demande si Jésus a ri, les Papes, eux, ont ri ! Maintes images montrent un Jean-Paul II hilare devant les pitreries de gens du cirque accueillis au Vatican en 1991 (une vidéo sur YouTube en témoigne !). Rire implique aussi avoir le sens de l’humour. De manière crescendo, dès Jean XXIII, les pontifes ont osé le trait ironique, le clin d’œil humoristique, la photo drôle et même les blagues…

François

Celui qui, peut-être, s’est le plus « lâché » en la matière, c’est bien Papa Bergoglio. Qui l’a rencontré rapporte souvent une anecdote ; qui regarde le défilé des VIP qui viennent le saluer après l’audience du mercredi remarque que souvent, le Pape parle, l’hôte écoute et tous deux finissent par rire aux éclats.

D’ailleurs, il a confié aimer redire la prière de saint Thomas More : « Seigneur, donne-moi le sens de l’humour », répète-t-il quotidiennement. A une journaliste espagnole, il dit même : « L’humour apaise, te fait voir les choses provisoires de la vie et prendre les choses dans un esprit de rédemption. »

En décembre 2024, pour le New York Times, il a même écrit un essai sur l’humour et ses bienfaits. Il y déclare notamment : « L’ironie est un remède, non seulement pour élever et illuminer les autres, mais aussi pour nous-mêmes, car l’autodérision est un instrument puissant pour vaincre la tentation du narcissisme. »

Crescendo

I fioretti di Giovanni XXIII collectionnent les bons mots de Papa Roncalli. Une première pour un pontife : laisser publier ses traits d’humour. Comme pasteur universel, il ne craignait pas pour son aura… Le nouveau Pontife Léon semble aller tout droit dans la même direction : sourire large et yeux plissés de compréhensive tendresse pour son interlocuteur : une belle continuité avec ses prédécesseurs.

Les vocations au cœur de la pastorale

Chaque mois, L’Essentiel propose à un ou une représentant(e) d’un diocèse suisse de s’exprimer sur un sujet de son choix. Nicolas Glasson, vicaire épiscopal pour la culture de l’appel, les vocations et la formation des séminaristes du diocèse de LGF, est l’auteur de cette carte blanche. 

Par Nicolas Glasson | Photos : DR, CRV

Il y a longtemps qu’on pleure le manque de vocations presbytérales et religieuses dans nos diocèses mais aujourd’hui les effectifs des Séminaires de notre pays sont au plus bas. C’est inquiétant. On le sait, la chute des vocations est la résultante de multiples paramètres : les temps changent et il est illusoire de penser rattraper le passé. 

Et pourtant nous ne pouvons pas en rester là : après tout, il y a encore des chrétiens convaincus qui s’efforcent d’orienter leur existence selon leur foi ; il y a aussi tout un monde à qui annoncer l’Evangile : ne plus être la religion de presque tous devrait donner à l’évangélisation une liberté renouvelée. Peu de temps avant son élection au pontificat le cardinal Robert Francis Prevost affirmait : « Il a des milliers et des milliers de jeunes qui cherchent une forme d’expérience qui les aide à vivre leur foi. Et je pense que cela doit être prioritaire. Notre priorité ne peut pas être de chercher des vocations. Notre priorité doit être de vivre l’Evangile. Je pense parfois que si nous cherchions comment mieux vivre notre foi et si nous apprenions à inviter et inclure les autres dans la vie de l’Eglise, spécialement les jeunes, il y aurait des vocations de manière continue. » Les paroles du futur Pape sont un examen de conscience pour celles et ceux d’entre nous qui assument un ministère pastoral. Nous sommes bien souvent tentés par ce que le pape François appelait la pastorale de guichet et d’entretien, nous savons proposer des « espaces » de rencontres et de partages : est-ce suffisant ? Dans les évangiles le Christ prêche – et il a quelque chose à dire ! – , il apprend à prier à ceux qui le lui demandent – et c’est concret !  –, dans sa compassion il voit la réalité telle qu’elle est et s’implique dans l’existence de ses contemporains. Le livre des Actes des Apôtres raconte comment ses disciples ont prolongé cette mission rédemptrice. Bref, quand la foi change concrètement la vie elle suscite des vocations.

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