Saint Joseph…

… chapelle de Posat (Fribourg)

PAR AMANDINE BEFFA
PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

L’actuelle chapelle de Posat date du XVIIe siècle. Elle abrite une statue de la Vierge Marie auprès de laquelle on vient en pèlerinage depuis le XVIIIe siècle. C’est toutefois un étonnant tableau de saint Joseph qui nous intéresse.

On reconnaît Joseph à l’établi du charpentier, mais aussi au bâton fleuri. Certains évangiles apocryphes racontent que Marie avait été confiée au temple dans son enfance afin de se préparer à être la Mère de Dieu. Lorsque vint le temps de la marier, on convoqua plusieurs hommes pour choisir celui qui serait son époux. Chacun d’entre eux avait reçu l’ordre d’apporter un bâton et de prier pour que Dieu le fasse fleurir, indiquant que c’était le candidat qu’il avait choisi. C’est celui que tenait Joseph qui a bourgeonné
et c’est ainsi qu’il a été désigné. Le lys a plusieurs significations. Il est entre autres symbole de chasteté, désignant ainsi que l’enfant que Joseph tient dans ses bras n’est pas le sien.

Dieu le Père veille depuis les nuages. La scène est surprenante : l’artiste a osé peindre Dieu. L’Ancien Testament est pourtant formel : « Tu ne te feras pas de statue, ni aucune forme de ce qui est dans le ciel. » (Ex 20, 4) Il faudrait bien plus que quelques lignes pour répondre à cette question. Je préfère vous recommander l’excellent article du Professeur Philippe Lefebvre, o.p., sur la question 1.

Il demeure que saint Joseph se trouve représenté au milieu d’un échange entre la Trinité. Le Fils tend les bras vers l’Esprit alors que le Père bénit toute la scène. Joseph est comme illuminé et il semble que l’Esprit souffle sur lui.

Le jaune du manteau est éclatant. C’est la couleur de la révélation de la sagesse et de l’amour de Dieu. Et quel plus beau signe de la sagesse et de l’amour de Dieu que l’Incarnation ?

 

Article disponible sur internet: LEFEBVRE Philippe, « Peut-on représenter Dieu ?
Un questionnement dans la Bible », Etudes, 2016/3 (Mars), p. 63-72. DOI : 10.3917/etu.4225.0063. URL : https://www.cairn.info/revue-etudes-2016-3-page-63.htm

Témoignage d’Alexandra !

Bonjour Alexandra,
Nous t’avons invitée à te présenter aux lecteurs du magazine paroissial de notre secteur, ce que tu as gentiment accepté en nous proposant ces quelques lignes. MERCI du fond du cœur !
Nous nous réjouissons de mieux te connaître et, lorsque nous aurons l’occasion de te rencontrer, nous aurons le plaisir de te saluer par ton joli prénom !

PAR ARLETTE ANTONY | PHOTO : STÉPHANIE BERTHOUD

Je m’appelle Alexandra Berthoud, j’habite à Troistorrents.

Je suis née avec un handicap, la trisomie 21.

J’ai été adoptée quand j’avais 11 mois et j’ai grandi dans ma famille adoptive avec un frère et quatre sœurs qui m’ont donné beaucoup d’amour ainsi que mes parents.

J’ai commencé l’école au village et puis à Monthey dans une école spécialisée. J’ai toujours eu de gentils chauffeurs de bus.

J’ai aussi été à la Castalie puis j’ai travaillé à la Coop.

Maintenant, je vis à Fribourg au foyer de l’Arche, le « Grain de sel ». C’est ma deuxième famille. Les assistants s’occupent bien de moi. Je travaille dans un atelier protégé et je fais du tissage (des linges de cuisine) et de la broderie (des livres pour les bébés). J’ai un diplôme parce qu’il y a 10 ans que je travaille à la FARA.* J’ai aussi des activités en dehors du travail.

J’ai eu quand même des moments difficiles et parfois, aujourd’hui encore, lorsque je me sens mise à l’écart ou quand on me regarde avec insistance.

Dans mon village, on me connaît parce que j’ai fait ma première communion et ma confirmation. J’aime beaucoup prier pour les prêtres et les personnes qui ont besoin de prière.

J’aime la vie dans la main de Dieu !

* FARA: Fondation Ateliers Résidences Adultes
Boutique FARA – Rue de Lausanne 57
1700 Fribourg : on y vend de magnifiques objets, dont ceux confectionnés par Alexandra.

En librairie – février 2022

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Deux petits pas sur le sable mouillé
Anne-Dauphine Juilland

Tout commence sur une plage, quand Anne-Dauphine remarque que sa fille marche d’un pas hésitant. Après une série d’examens, les médecins découvrent que Thaïs est atteinte d’une maladie génétique orpheline. Elle vient de fêter ses deux ans et il ne lui reste que quelques mois à vivre. L’auteur lui fait alors une promesse : « Tu vas avoir une belle vie. Pas une vie comme les autres, mais une vie dont tu pourras être fière. Et où tu ne manqueras jamais d’amour. » Ce livre raconte l’histoire de cette promesse et la beauté de cet amour. Tout ce qu’un couple, une famille, des amis, une nounou sont capables de mobiliser et de donner. Il faut ajouter de la vie aux jours, lorsqu’on ne peut pas ajouter de jours à la vie.

Editions J’ai lu

Acheter pour 15.30 CHF

Le bonheur dans tes yeux
Agnès Hittin

Héroïne du film « De Gaulle », la jeune Clémence a bouleversé la France. Dans ce témoignage exceptionnel, sa maman raconte ici comment la trisomie de Clémence a bouleversé la vie de leur famille mais comment elle a également été la source d’un véritable bonheur. Un livre d’une immense tendresse et d’une grande sincérité pour apporter du réconfort et donner des clés pour aider les parents d’enfants en situation de handicap.

Editions Mame

Acheter pour 27.10 CHF

Ignace de Loyola
Quentin Denoyelle
Etienne De Forges

21 mai 1521, Ignace de Loyola est blessé à la jambe au siège de Pampelune. Pendant la longue convalescence qui s’ensuit, le gentilhomme espagnol découvre sa vie intérieure. Vingt   ans plus tard, à Rome, Ignace et ses compagnons fondent la Compagnie de Jésus, dont il est élu premier supérieur général. Entre-temps, c’est par des renoncements successifs qu’il s’exercera à voir Dieu en toute chose et fera l’apprentissage de la liberté intérieure.

Editions Fidélité

Acheter pour 26.80 CHF

Le cœur contenté
Hélène Greffard

Plus que jamais, il est nécessaire de nous rappeler l’existence et l’impact de la bonté dans notre monde. Les actes bons ont le pouvoir de guérir, de stimuler, de réjouir, d’ouvrir à plus grand que soi. Nous en avons grandement besoin pour percevoir la douceur de la vie, en ces temps où les mauvaises nouvelles font la manchette. L’auteure de ce livre est partie à la recherche de témoignages de personnes envers qui un geste de bonté a été décisif. Au fil de ces histoires vraies, la bonté prend des visages insoupçonnés. Leur évocation nous aidera à reconnaître les actes de bonté posés envers nous dans notre propre vie et nous inspire à cultiver la graine de bonté qui repose en nous.

Editions Médiaspaul

Acheter pour 28.40 CHF

Pour commander

Une foi à déplacer les tuiles (Marc 2, 1-12)

PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT
PHOTO : DR

Nombreuses sont, dans les quatre évangiles, les guérisons par Jésus de personnes souffrant d’un handicap physique ou psychique. Les raisons de cette abondance sont multiples et belles. Cela vient d’abord du fait que le Fils de Dieu bat en brèche les conceptions de l’époque d’une soi-disant «théologie de la rétribution»: si un homme est né aveugle, ce n’est pas parce que lui ou ses parents auraient péché – quelle horreur ! – mais pour qu’en lui comme en chacun·e se manifeste l’œuvre de Dieu (cf. Jean 9, 1-7).

Une solidarité évocatrice et réjouissante

Puis, parce qu’autour de la personne atteinte d’un handicap peut se vivre une solidarité très évocatrice et réjouissante. C’est grâce à l’inventivité des quatre porteurs du paralytique, en déplaçant les tuiles du toit
(Marc 2, 1-12), que celui-ci peut être descendu en présence du Christ, alors que le Maître est enserré de toutes parts dans la maison où il fait halte. « Voyant leur foi, affirme le 2e évangéliste, Jésus dit au paralytique : « Mon enfant, tes péchés sont remis. » (verset 5)

Ensuite, c’est dû à ce que la foi des femmes et des hommes, rencontrés et guéris, impressionne le Rabbi de Nazareth comme les foules qui les entourent. Ainsi, en est-il de l’aveugle Bartimée à la sortie de Jéricho, dont Jésus vante l’enthousiasme plus fort que la populace qui voulait le faire taire : « Fils de David, aie pitié de moi ! », crie-t-il à plusieurs reprises sur le chemin (cf. Marc 10, 46-52).

La source d’un engendrement mutuel

C’est toujours une libération totale qu’offre le Fils du Père à ceux et celles qu’il guérit, autant spirituelle que physiologique. La délivrance de la paralysie advient dans le récit marcien comme le signe attestant du pardon des péchés par le Fils de l’homme (Marc 2, 10-11).

Ainsi donc, même si notre pastorale n’a pas la promesse de pouvoir opérer de tels miracles à profusion, l’écoute des personnes handicapées dans nos communautés est source d’un engendrement vraiment mutuel, selon lequel tous et toutes ont à se laisser libérer par l’Esprit.

Témoignage en milieu hospitalier

Je m’appelle Karen Rapin, je vais avoir 29 ans et je vis à Val-d’Illiez. Educatrice de l’enfance de profession, j’ai ensuite entamé une formation théologique. Actuellement, je conjugue ma dernière année de cours avec mon engagement à temps partiel dans l’équipe d’aumônerie de l’hôpital Riviera-Chablais.

TÉMOIGNAGE TRANSCRIT PAR F. PREMAND | PHOTO : K. RAPIN

Le rôle de l’aumônier est un rôle d’écoute. C’est se mettre à disposition et aussi en disposition ; j’essaie d’y parvenir de mon mieux, grâce à un mélange de disponibilité intérieure, de techniques apprises et d’expériences. Mon quotidien à l’hôpital est fait de rencontres avec des personnes inconnues, ce qui n’est jamais facile. Au début, j’arrivais toute « seule » vers la personne et cela se passait moins bien. Puis, peu à peu, je suis venue habitée par la foi, en ayant la conviction que Jésus m’accompagnait. La rencontre se déroule vraiment plus concrètement. S’il m’arrive de débuter une visite en ayant eu un souci ou une contrariété auparavant, je laisse ces sentiments devant la porte, afin d’être bien à l’écoute de la personne. J’en ressors apaisée et même ressourcée.

Au moment où je frappe à la porte de la chambre, je fais cette petite prière intérieure : « Sois avec moi et Tu sauras ce dont cette personne a besoin » ; j’ai aussi des entretiens réguliers avec le personnel soignant ; tout cela m’aide à poser les bons mots durant cet échange. Je rencontre tous les patients hospitalisés, peu importe leur foi, leurs croyances et bien sûr, en tant qu’aumônier, je termine assez régulièrement par une prière avec eux. Ce moment-là me semble assez important parce que c’est l’occasion de confier tout ce qui s’est dit au Seigneur.

Certaines visites restent davantage en mémoire. Je pense à un patient d’une vingtaine d’années. Je vais à cette visite pleine d’a priori par rapport à son âge. Je me dis que peut-être cela va lui faire peur quand je vais parler d’aumônier, d’accompagnante spirituelle. D’autant plus que je suis une jeune fille. Il ne va peut-être pas avoir envie de se confier, etc. On a entamé la discussion puis son repas est arrivé. J’ai pensé pour clore le laisser manger tranquillement. Je lui ai juste demandé de quoi il aurait le plus besoin pour les prochains jours et là, une brèche s’est ouverte. Les émotions sont montées en lui, il a commencé à pleurer ; on a laissé le temps nécessaire. C’est à cet instant que l’échange profond a commencé. Durant ce moment fort, j’ai fait cette prière intérieure : « Merci Seigneur pour ce que Tu me donnes de vivre parce que je ne m’étais pas attendue à partager de telles choses ! ». Cette rencontre m’est restée en mémoire parce qu’elle m’a servi de leçon par rapport à mes préjugés. Je suis aussi extrêmement touchée de la confiance qui m’est témoignée, ainsi qu’au personnel soignant.

Lors des discussions avec mes proches ou mes collègues, on me dit souvent que cela doit être difficile d’écouter toutes ces souffrances. Oui, c’est sûr que je suis touchée. Mais ce qui me frappe le plus, c’est de voir la souffrance. Là aussi, une image me reste en tête. Je me préparais à rencontrer un très jeune patient atteint d’un cancer. Au moment d’entrer la chambre, je découvre un enfant amaigri et souffrant. Cette rencontre est restée gravée en moi.

Pour maintenir cette foi en moi, j’ai vraiment besoin qu’elle soit vivifiée. Je peine à prier seule, mais je trouve de l’aide dans les moments de prières en communauté, soit lors d’une messe ou d’une animation de messe avec les jeunes où j’éprouve beaucoup de plaisir. L’écoute de la musique et le chant me permettent aussi de laisser sortir mes émotions.

L’Evangile de la fragilité

PAR GAËTAN STEINER, RESPONSABLE DE LA PASTORALE SPÉCIALISÉE DU DIOCÈSE DE SION ET DU TERRITOIRE ABBATIAL DE L’ABBAYE DE ST-MAURICE
PHOTO : BERNARD HALLET, CATH.CH

Comment accueillir la fragilité comme une bonne nouvelle en notre société tou-jours plus compétitive et élitiste ? Voici une question qui habite le quotidien des personnes engagées dans le service de la pastorale spécialisée de notre diocèse !

Chaque rencontre est un mystère ! Mys-tère de Dieu et mystère de l’être humain ! Oui, il s’agit essentiellement « d’être » plei-nement présent pour découvrir la Bonne Nouvelle que le Seigneur nous révèle.

A travers notre activité, nous nous effor-çons de mettre en lumière une reconnais-sance intégrale de la personne en situa-tion de handicap ainsi que ses nombreux et profonds besoins spirituels. Nous aimons, nous nous laissons aimer, nous construisons de solides amitiés, nous prions avec l’ensemble de notre corps à l’aide de différentes approches senso-rielles, nous creusons la Parole de Dieu et ensemble, nous accueillons l’Evangile de nos propres fragilités.

N’est-ce pas là le cœur de l’Evangile ? N’est-ce pas là le cœur de la mission du Christ qui montre à quel point la fragilité, assumée et aimée est source de salut pour le monde ! N’est-ce pas là le cœur de notre église ?

Alors, comment accueillons-nous dans nos assemblées paroissiales les membres de nos communautés plus fragiles, avec un handicap ? Comment accueillons-nous et soutenons-nous les familles, les parents, frères et sœurs ou encore amis ? Comment pouvons-nous enrichir notre vie terrestre au contact des plus petits qui ont tant d’enseignements à nous partager pour notre propre vie de « valides » ?

Chacune et chacun pourra trouver une bribe de réponse dans son cœur et qui sait, peut-être qu’un jour nous prendrons part, tous ensemble, au festin des invités au repas du Seigneur !

Aujourd’hui la moisson est abondante, mais peu nombreux sont les ouvriers. Aussi, si vous souhaitez, donner un peu de votre temps, 2-3 heures par mois, afin de vivre une fraternité avec nos amis por-teurs de handicap et d’approfondir votre foi, n’hésitez pas à nous contacter ! Nous recherchons ardemment des bénévoles pour nous aider dans cette belle mission au service du royaume de Dieu.

Laurine Moulin: «Dieu, c’est la Beauté dans ma vie»

A 21 ans, Laurine Moulin est directrice de chœur et future chanteuse professionnelle. Sa foi en Dieu repose sur «la beauté des choses aussi inutiles qu’essentielles» – tels que le chant et l’art sacré. C’est ce qui donne du sens et de la cohérence dans sa vie.

PAR CATH.CH
PHOTOS : GRÉGORY ROTH, THÉOPHILE BLOUDANIS

Amoureuse de la musique classique et chorale

Née à Martigny en 1999, Laurine Moulin baigne dans le chant depuis son plus jeune âge. Elle prend ses premiers cours d’orgue vers quatre ans déjà. « Ma maman était organiste amateur, précise-t-elle. A quatorze ans, je suis partie étudier l’allemand dans le Haut-Valais. Et c’est dans une école de chant à Brigue que j’ai eu un énorme déclic : je suis tombée amoureuse de la musique classique et chorale. La musique, c’est mon truc, et c’est cela que je vais faire. Sans vraiment savoir si j’allais en faire de ma vie. »

A ce moment-là, elle arrête l’orgue, parce qu’elle débute le Collège à Saint-Maurice. Parallèlement, elle s’inscrit au Conservatoire de Sion. Elle joue du violon pendant quelque temps, mais se concentre surtout sur le chant et la direction. Ces années de Collège, de 2014 à 2019, sont pour elle une période assez intense, avec une formation en tous points : intellectuelle, musicale, mais aussi humaine et spirituelle.

« Cela m’a permis d’évoluer et de grandir dans ces domaines-là. Mais il était de plus en plus clair que je voulais faire de la musique mon métier, même si je me rendais bien compte que c’est un « choix dangereux ». » Après le Collège, Laurine s’inscrit donc en cours pré-professionnel à Sion, une année de formation pour se préparer aux examens d’entrée aux Hautes écoles d’art.

Se rendre proche et faire du bien

« Pendant cette année-là, mon idée était aussi de me rendre proche des gens et de leur faire du bien. Pas très étonnant : à la maison, on m’appelle le Saint-Bernard. Il y a de nombreuses anecdotes à ce sujet : depuis toute petite, j’ai toujours eu le souci des autres, avant de me soucier de moi-même souvent. Je suis très sensible à ce que ressentent les autres, et j’ai souvent envie de décharger les autres de leur fardeau. »

Elle effectue des stages en soin dans des homes de la région. « J’ai été marquée par l’histoires de vie des résidents. Parfois, ils en avaient les larmes aux yeux. Dans leur histoire, ils finissent souvent par parler de Dieu. C’était vraiment beau, même s’il ne m’était pas toujours possible de mettre une barrière émotionnelle. L’expérience fut belle, mais c’est la musique qui m’appelle, et je ne peux pas faire autrement. »

En 2020, elle réussit les examens à la Haute école de Berne, mais faute de places, elle commence des études de musicologie et d’histoire à l’Université de Fribourg, tout en prenant des cours de direction avec Jean-Claude Fasel et des cours de chant avec Jean-Luc Waeber. En 2021, elle est prise à la Haute école de Genève et va démarrer son cursus professionnel en
septembre. Son objectif est de faire de l’opéra.

La foi: une question de cohérence

Laurine redécouvre le sens de la foi, pendant sa préparation à la confirmation. Elle commence à se poser des questions de cohérence. « Pourquoi est-ce que je fais ma confirmation ? Pourquoi vais-je à la messe ? Parce que j’y ai trouvé du sens et de l’importance. Même si, comme tout le monde, j’ai eu des détours dans ma foi, des hauts et des bas. »

Pour la Valaisanne, la foi n’est pas un ensemble de règles et d’impératifs. Mais pour savoir qui elle est vraiment, la chanteuse a eu besoin de faire le lien entre ce qui se passe dans sa vie et ce qui fait sens. « Pourquoi fais-je de la musique ? Est-ce que ce n’est pas simplement me faire du bien parce que j’aime chanter ? Et j’ai fini par trouver : Dieu, pour moi, c’est la Beauté. Et la Beauté, c’est l’œuvre de Dieu. C’est ce patrimoine invisible, qui est plus qu’essentiel dans nos vies. Il est dans la beauté de la musique, de l’art, des langues, la littérature, le théâtre, etc. A plus forte raison pour moi qui fais du chant : un art invisible et éphémère. L’Amour du Christ, aussi, est invisible, mais c’est ce pourquoi je veux travailler. »

L’importance de l’inutile et de la beauté

« Je me bats pour que les autres comprennent l’importance de l’inutile et de la beauté. Nous avons été créés avec des sens : c’est pour pouvoir s’émerveiller. Si tout était gris et que nous enlevions l’art et tout ce qui est abstrait, nous serions vides. Il faut donner le goût de la beauté : faire connaître le patrimoine que tous les artistes et compositeurs ont porté siècles après siècles. Ma foi se repose sur l’inutile de la beauté. Le compositeur suisse Frank Martin résume très bien ce propos : « Chercher à créer de la beauté est un acte d’amour. » Chanter, c’est bien un acte d’amour. »

En août 2019, le Chœur des jeunes de Martigny se reforme et Laurine en prend la direction. L’ensemble compte aujourd’hui 25 membres, de 14 à 30 ans, et anime huit messes par an et quelques représentations. Elle chante aussi une fois par mois la messe baroque avec l’Ecole Maîtrisienne de la Cathédrale de Sion et fait partie d’un quatuor de chant sacré.

Une terre de mission

Durant l’été 2021, elle s’est mise en route sur la Via Francigena, jusqu’à Rome. Ce fut pour elle également une occasion de découvrir la beauté, dans les échanges avec les pèlerins et les hôtes, mais aussi en arrivant dans cette vaste basilique Saint-Pierre, qu’elle qualifie « de véritable œuvre de Dieu faite de mains d’hommes ».

Laurine note que l’Eglise en Occident est en plein changement. « A l’avenir, l’Eglise en Europe ressemblera de plus en plus à une terre de mission. Les chrétiens seront appelés à découvrir la foi autrement, à se recentrer sur l’essentiel. Et l’Eglise devra se renouveler. Cela ne veut pas dire de changer son discours de fond, son Evangile et ses fondements, mais de changer son organisation et ses structures, afin d’être davantage missionnaire. »

Un patrimoine culturel et millénaire

Malgré les crises et les scandales que traverse l’Eglise, Laurine continue à croire. Pourquoi ? « Parce que Dieu nous a donné son Fils. S’Il a fait ce grand sacrifice, nous pouvons bien faire de petits sacrifices. Cet homme qui a donné sa vie pour nous et nos péchés. Si cela s’est passé il y a deux mille ans et que les gens ont continué à croire ; si tout ce patrimoine culturel et spirituel, cette tradition millénaire, ce chant sacré ont subsisté, ça ne peut juste pas être du vent. »

Gaëtan et la pastorale spécialisée

PAR FLORENCE CHERUBINI, ANIMATRICE PASTORALE DU SECTEUR D’AIGLE
PHOTOS : STÉPHANIE LABANTI

Approcher et accompagner les familles des personnes handicapées dans le parcours de pré-paration aux sacrements (baptême, communion, confirmation), en paroisse ou en institu-tion, est le ministère diocésain auquel Gaëtan Steiner a répondu par un grand OUI il y a quatre ans déjà. La catéchiste du secteur pastoral d’Aigle a bien voulu nous partager l’article paru dans son journal paroissial.

Gaëtan vient succéder au diacre Eddy Travelletti, responsable de la pasto-rale spécialisée du diocèse de Sion. La pastorale multiple, qui s’adresse à tous les âges, en proposant des temps d’animation spirituelle dans des ins-titutions ou des écoles spécialisées. La préparation aux sacrements, à la demande de familles, de paroisses ou d’institutions, et l’accompagnement au deuil, soit auprès des familles, soit auprès des personnes handicapées pour leur permettre de mettre des mots sur la souffrance et la mort. « Dans ces cas-là, je suis un « grand frère » dans la foi, qui accompagne quand les psychologues, les éducateurs sont démunis… »

Cette pastorale, variée, est un grand défi pour Gaëtan, commercial de formation ! Mais, il reçoit ce nouveau mandat comme « un beau cadeau pour ma propre foi ». Même si, au début, il se sent démuni : « Que pouvais-je faire pour eux ? Comment accepter ma propre vulnérabilité en touchant la vulnérabilité de l’autre ? Comment accepter ces injustices, ces vies si cabossées ? » …

Mais, Gaëtan accepte de surmonter sa sensibilité et se met à l’œuvre. Et, il apprend à s’adapter à chaque handicap car « en Pastorale spécialisée, les concepts cognitifs n’existent pas et ma catéchèse doit permettre de faire expérimenter l’amour de Dieu par le corps ». Pour cette pastorale, construite sur le langage symbolique, un immense matériel que Gaëtan invente, détourne, crée est nécessaire : une couverture toute douce permettra à l’un de sentir la tendresse de Dieu, des pictogrammes inviteront une autre à participer à une célébration, la lumière d’une bougie rendra visible la présence du Christ parmi nous …

Pour chaque rencontre, un immense temps de préparation, aussi, est nécessaire car le message donné ne doit pas être infantilisé mais il doit rendre visible l’essentiel.

Comme « Le Petit Prince », Gaëtan voit donc avec son cœur : « Je rencontre des personnes, pas des handicaps. J’ai beaucoup de déplacements à faire pour me rendre d’un lieu à l’autre. Ces moments sont des temps de prière où j’invoque l’Esprit-Saint pour recevoir de lui le geste, le regard de Jésus qui sera présent à chaque fois. Quand j’arrive dans le lieu, je ne me préoccupe plus de ce que je vais dire. Les gestes, les regards, les paroles viennent. Et, même si parfois il m’arrive de ne pas savoir quoi dire, Dieu est présent ! C’est une grande grâce qui fait grandir ma propre foi et ma confiance en l’Esprit Saint. Je m’approche de Dieu avec eux et c’est une révélation mutuelle. »

Cette belle confiance en l’Esprit aide Gaëtan à vivre sereinement son ministère malgré une grande charge de travail « car c’est un rendez-vous avec Dieu de chaque instant ».

Mais Gaëtan, qui est heureux papa de trois petites filles, sait aussi que sans le « oui » de sa famille qui l’accompagne chaque fois que cela est possible, il ne pourrait pas manifester toutes ces capacités que Dieu a mises en lui pour être au service des « Bénis de Dieu ».

Pour en apprendre plus sur cette pastorale : www.pastorale-specialisee.jimdosite.com

Le cardinal Schwery: un pionnier

Ce qui a frappé les personnes présentes lors de la conférence donnée à l’occasion du 1er anniversaire de la naissance au ciel du cardinal Henri Schwery, à l’église de Saint-Léonard le dimanche du baptême du Christ 9 janvier 2022, c’est combien il avait été pionnier dans la mise en œuvre du Concile Vatican II (1962-1965) pour le diocèse de Sion.
Il a agi en pasteur visionnaire, enthousiaste (rempli de Dieu, au sens étymologique grec), amoureux du Seigneur et de son peuple, passionné pour les rapports entre la foi, le monde, la science, la musique et la beauté.

PAR L’ABBÉ FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT, ANCIEN VICAIRE ÉPISCOPAL DU CARDINAL
PROFESSEUR DE THÉOLOGIE À L’UNIVERSITÉ DE FRIBOURG
PHOTO: PIERRE PISTOLETTI

En témoigne son ouvrage daté de 1988, Sentiers pastoraux, qui rassemble la plupart de ses orientations et intuitions durant ses 18 années d’épiscopat (1977-1995). C’est le terme «nouveauté» qui revient comme un leitmotiv dans son action de pasteur, dans la visée de la «nouvelle évangélisation» souhaitée par les papes Paul VI et Jean-Paul II. Voici les accents principaux qu’il a mis en œuvre: la collaboration de tous les baptisés à l’apostolat des laïcs, notamment dans les conseil pastoraux de paroisses; le déploiement de la pastorale selon les secteurs territoriaux, confiés chacun à une équipe pastorale et les services diocésains comme ceux de la catéchèse, du couple et de la famille, de la jeunesse, de la santé, de l’information, du tourisme, des questions économiques, de la diaconie, de la pastorale spécialisée pour personnes en situation de handicap; la formation d’hommes et de femmes laïcs (parcours cantonal de la FAME, désormais Théodule, formations au Centre catholique romand de formations en Eglise et à la Faculté de théologie à Fribourg) pour l’exercice de ministères dans les paroisses, les mouvements et les domaines spécialisés ; la fondation du Séminaire diocésain à Givisiez, devenu la Maison des Séminaires ; la relance du diaconat permanent, plutôt en milieu professionnel.

Une de ses grandes entreprises consistait dans le « Triennat de famille », trois années autour de la préparation au mariage, l’accompagnement des couples et la présence auprès des conjoints en difficultés, avec des billets publiés dans les quotidiens et rassemblés dans ses deux volumes de Sentiers épiscopaux.

Ses successeurs, Mgr Norbert Brunner et Jean-Marie Lovey, se sont inspirés de ces initiatives et les ont prolongées. Elles servent de base à la démarche synodale voulue par le souverain pontife François pour toute l’Eglise catholique, dans un esprit d’écoute mutuelle, de délibération et d’avancées dans la communion universelle.

« Contre toute désespérance »

PAR THIERRY SCHELLING | PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

Dès ses débuts comme pontife, les vaticanologues et autres journalistes people ont repéré sa démarche claudicante: en effet, François a une chaussure compensée qui est bien loin des standards des mules pourpres de ses prédécesseurs ! Parce qu’il souffre de sciatiques aiguës et récurrentes. Il dénonce les chiacchere, les bavardages par trop communs au sein des paroisses sur mille et un détails notamment vestimentaires… a-t-il subi les quolibets à cause de sa démarche ?

Orientations pastorales…

Dans un message aux personnes souffrant d’un handicap ; lors de leur journée internationale (le
3 décembre), il assène l’accessibilité absolue aux sacrements et à la vie active en paroisse et communauté – à croire qu’il y a des lieux où cela n’est pas le cas ? Il redit combien « la fragilité appartient à tous », que le « premier roc » sur lequel bâtir la maison commune est « l’inclusion ». Il encourage aussi les agents pastoraux, prêtres et laïcs, inclus les séminaristes, à se familiariser avec le handicap d’autrui et les outils pour mieux échanger : « L’objectif est que nous puissions ne plus parler « d’eux » mais seulement de « nous ». »

Il va même jusqu’à demander
aux paroisses d’inclure parmi les catéchistes des personnes souffrant d’un handicap, afin d’ouvrir les ministères à toutes les personnes !

… et civiles

L’attention aux personnes souffrant d’un handicap déclenche une réciprocité : « La sollicitude [à leur égard] n’est pas un geste à sens unique, mais un échange de dons », a-t-il souligné aux membres de l’Institut séraphique d’Assise en décembre 2021. Il va même jusqu’à demander que l’Etat et l’administration publique fassent leur part. Une option sociétale qui n’est pas une option, donc…

Foi et Lumière, un 50e perturbé sous «l’ère Covid»

 

PAR EDDY TRAVELLETTI, DIACRE

D’une souffrance…

1968, une famille, Gérard et Camille avec leurs deux fils lourdement handicapés sont à Lourdes devant la Vierge, ils sont seuls car leur paroisse a refusé de les inscrire au pèlerinage diocésain. Dans la ville, ils ont du mal à trouver un hôtel et sur la place du sanctuaire certains «bons pèlerins» rappellent que leur place n’est pas là: «Avec des enfants comme ça, on reste chez soi.»

La foi d’un peuple s’est éveillée…

En apprenant cette nouvelle Marie-Hélène Matthieu, elle qui allait consacrer la majeure partie de sa vie à la personne handicapée et à sa famille, se sent profondément offusquée. Les personnes handicapées mentales seraient-elles interdites de pèlerinage à Lourdes ? Avec le concours de Jean Vanier, elle se met au travail pour organiser un pèlerinage composé essentiellement de personnes en situation de handicap mental. Et le miracle se réalise durant le triduum pascal de l’année 1971. Plus de 12’000 personnes occupent Lourdes, parmi elles 4000 personnes handicapées mentales. Dans une ambiance tout autant amicale que stressante, les consignes ne sont plus trop respectées par ce peuple en fête. Marie-Hélène Matthieu en donne une anecdote dans son livre « Plus jamais seuls ». Un accompagnant fâché par cette indiscipline provoqua une personne trisomique très agitée en lui disant : « Alors tu attends Jésus ressuscité » « Oui, oui, répondit l’autre, on l’annonce d’une minute à l’autre ».

Et la Lumière a surgi…

Enthousiasmés par ce partage, les participants demandèrent aux deux initiateurs : Marie-Hélène et Jean, de donner une suite à cet évènement et c’est ainsi que le mouvement Foi et Lumière est né. Il s’est construit dans une vision trinitaire : mettre en relation amicale et spirituelle la personne handicapée avec ses parents et ses amis, ceci afin de répondre à la rupture sociale occasionnée par le handicap par « un être avec » dans la confiance, la spontanéité et la célébration.

Pour un enrichissement de l’Eglise

En Valais, le mouvement a aussi bourgeonné, il reste aujourd’hui 4 communautés francophones et une communauté germanophone. A Sion, il y a Notre Dame de Valère dont je fais partie.

« La fonction crée l’organe » disent certains adeptes de l’évolutionnisme. En plongeant dans le champ du religieux, on pourrait transformer cette boutade en disant, dans Foi et Lumière « le handicap crée la sainteté » ou du moins ouvre des chemins vers plus de vérité. Faites-en l’expérience, vous connaissez certainement des personnes handicapées dans votre environnement. Dans un premier temps, le handicap vous désarçonnera, il vous fera prendre conscience de vos manques, surtout de votre fragilité mais il vous comblera par la suite d’un renouveau intérieur construit sur l’esprit de pauvreté, sur la tolérance, sur la spontanéité : des chemins vers la joie intérieure.

 

 

Pour un contact
Eddy Travelletti,
diacre pastorale.sante@cath-vs.org
027 329 18 17 (mercredi)

Devenir la main de Dieu

PAR PÈRE ROMAN ZAMOZHNEVICH *
PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER, DR

* Prêtre à mobilité réduite

« Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi » (Gal 2, 20) : voilà tout l’idéal de la vie chrétienne ! Nous sommes tous invités à vivre l’intégralité des événements de notre existence de cette manière. Quand nous souffrons, nous pouvons nous unir au Christ crucifié. Ainsi, nous participons au sacrifice du Christ pour notre Salut, pour le Salut de l’Eglise et celui du monde.

Jésus a accordé une attention particulière aux malades et à ceux qui souffrent. Il leur a apporté du réconfort, Il les a guéris, mais surtout Il leur a montré le grand amour que Dieu a pour eux.

Lorsque nous allons chez les malades et ceux qui souffrent, nous devenons la main de Dieu qui bénit et réconforte. Nous sommes témoins de l’amour et de l’attention de Dieu pour chacun.

A chaque Eucharistie, nous apportons du pain et du vin pour qu’ils deviennent, par l’action de l’Esprit Saint, le Corps et le Sang de Jésus-Christ. C’est alors le moment de tout déposer sur l’autel, nos joies et nos peines, nos souffrances et nos douleurs et de laisser le même Esprit transformer, en un don agréable à Dieu, tout ce que nous avons et ce que nous sommes.

La confiance en Dieu fait des miracles. Je vous invite à ce que la vie donnée par le Christ dans le baptême continue avec Lui jusqu’au repos éternel en lui.

L’amitié à toute épreuve

A tour de rôle, des jeunes de divers cantons romands profitent de cet espace de liberté pour évoquer un sujet qui les intéresse. Au tour de la jeune Valaisanne Aline Jacquier de prendre la plume.

PAR ALINE JACQUIER | PHOTOS : CARLOS YAP, DR

Je m’appelle Aline Jacquier, j’ai 32 ans et j’ai grandi dans le canton du Valais, plus précisément à Fully où je vis toujours. Je partage mon temps entre mon travail d’assistante de direction et celui d’auxiliaire en pastorale jeunesse sur le décanat de Sion. En parallèle, je termine cette année le parcours Théodule.

En janvier 2019, j’ai eu la chance de participer, avec une quarantaine d’autres jeunes de Suisse romande, aux journées mondiales de la jeunesse. Nées en 1985 de l’intuition de saint Jean-Paul II, les JMJ se tiennent chaque deux ou trois ans dans un pays différent. Entre les éditions internationales, des JMJ locales sont organisées au niveau romand ou national comme ce fut le cas par exemple à Fribourg en 2018 ou Nyon en 2017.

Lorsque je repense à ces JMJ, plusieurs images se succèdent comme un diaporama : les plages de sable fin, l’eau turquoise, les forêts luxuriantes, le collège dans lequel nous dormions, des jeunes partout dans les rues, le Pape qui fend la foule dans sa papamobile et surtout une photo qui a fait le tour du monde et des réseaux sociaux et qui m’a beaucoup touchée. Prise le 22 janvier 2019, quelques minutes après l’arrivée du Souverain pontife à Panama, on y voit un jeune homme en chaise roulante, porté au-dessus de la foule par ses amis. Ce jeune homme, c’est Lucas, Panaméen de 17 ans à l’époque ; il communique uniquement via un smartphone, car sa paralysie l’empêche de parler et de marcher.

Deux mois plus tard, le 25 mars 2019, le pape François (encore lui) nous faisait le cadeau de son exhortation apostolique post-synodale « Christus Vivit » qu’il a adressée en particulier aux jeunes. Au numéro 149 du chapitre 5, intitulé Chemins de jeunesse, il écrit notamment ceci : « […] De plus, le désir de vivre et de faire des expériences nouvelles concerne en particulier beaucoup de jeunes en condition de handicap physique, psychique et sensoriel. Même s’ils ne peuvent pas toujours faire les mêmes expériences que leurs compagnons, ils ont des ressources surprenantes, inimaginables, qui parfois sortent de l’ordinaire. Le Seigneur Jésus les comble d’autres dons, que la communauté est appelée à mettre en valeur, pour qu’ils puissent découvrir son projet d’amour pour chacun d’eux. » Ces quelques lignes ont passablement bousculé ma façon de concevoir la pastorale jeunesse. Elles me forcent à être créative et à imaginer des activités inclusives où chaque jeune peut ainsi faire l’expérience de Dieu à sa meilleure place.

La FCPMH

La Fraternité chrétienne des personnes malades et handicapées

 

 

PAR ANDRÉ CLIVAZ

Mouvement associatif dont les responsables bénévoles sont à l’écoute des personnes malades et handicapées.

Son slogan : Les malades responsables des malades.

Fondée en 1942 par le Père Henry François curé de la paroisse Saint-Victor de Verdun.

Le but de ce mouvement est de créer entre les personnes malades ou handicapées, des liens de fraternité, selon l’Evangile, afin de sortir de l’isolement et de développer le sens de la responsabilité réciproque.

 

Son histoire

1942 Formation d’un petit groupe de malades pour aider le curé à visiter les malades.

1957 La Fraternité est établie dans la moitié des diocèses de France.

1960 Naissance de la Fraternité catholique internationale des malades qui s’implante dans d’autres pays.

1966 Premier congrès international à Strasbourg. Extension en Amérique latine.

1972 2e congrès international à Rome. Paul VI reçoit les 400 congressistes.

1974 La Fraternité devient œcuménique lors de la rencontre du comité international à Vienne en Autriche. Elle devient Fraternité chrétienne des personnes malades et handicapés (FCPMH).

1980 Elle est reconnue par le Saint-Siège comme Mouvement d’évangélisation. La FCPMH est représentée au Conseil pontifical pour les laïcs.

1986 Décès du Père Henry François le
3 février.

1986-2000 La FCPMH est présente sur tous les continents.

2000 Elle est reconnue, sur le plan intercontinental, comme Association privée internationale de fidèles par le Conseil pontifical pour les laïcs, selon les normes canoniques.

 

OUI

La Fraternité Suisse romande a son propre journal le « OUI » qui fait le lien entre les membres quatre fois par an. Un thème annuel – généralement celui de l’Eglise universelle – est traité en trois phases dans le journal.

« Saint Joseph » est le thème de l’année en cours (2021-2022).

En Suisse la FCPMH existe dans les cantons de Fribourg, Vaud et Genève et Valais dès 1957-1958. A Sierre, à Martigny les sections locales existent depuis 1958. A Sion, depuis le 31 janvier 1960. L’aumônier est le R. P. Einard et la responsable est Mme Colette Comina de Sion.

Sur le plan romand c’est l’aumônier André Kohly qui a assuré la naissance et les premières années de fonctionnement.

En Valais la FCPMH est née en 1958. Depuis le début, différents aumôniers ont succédé au P. Einard, le chanoine Dominique Gross, curé de Leysin ; et depuis le 1er juillet 1999, le diacre André Clivaz.

Dès l’automne 2018, le diacre André Clivaz de Sion assure également la fonction d’aumônier national.

Le responsable na-­tional est M. Pierre-Alain Carrel de Pré-Vers-Noréaz.

Sur le plan européen et intercontinental, dans le comité responsable, siège M. Benoît Seppey de Lausanne.

Le Chemin néocatéchuménal

De nombreuses communautés composées de religieux ou de laïcs sont présentes en Suisse romande, comme autant de témoins de la vitalité et de la diversité de l’Eglise. Ce mois-ci, cap sur le Chemin néocatéchuménal, un itinéraire diocésain d’initiation chrétienne, suscité par le Concile Vatican II au service de la nouvelle évangélisation.

PAR PASCAL ORTELLI | PHOTO : DR

Nom officiel: Chemin néocatéchuménal.

Fondateur: Francisco José Gomez Argüello (dit Kiko), peintre espagnol et Carmen Hernández, rejoints par le prêtre italien Mario Pezzi.

Dates clés:
1964: première communauté dans les bidonvilles de Palomeras Altas à Madrid.
1968: arrivée du Chemin à Rome et début de l’expansion internationale.
1990: Jean-Paul II explicite le charisme du néocatéchuménat dans sa lettre Ogniqualvolta.
2008: approbation définitive des statuts par le Saint-Siège.

Organisation: une équipe internationale qui a entre autres la responsabilité de maintenir des rapports réguliers avec le Vatican, les évêques diocésains et les itinérants de chaque nation. Le Chemin est présent dans 134 pays avec 21’300 communautés de laïcs réparties dans 6’270 paroisses, 1’668 familles en mission et 125 séminaires diocésains missionnaires.

Mission: le terme « néocatéchuménal » renvoie au catéchuménat, soit au parcours traditionnel d’initiation que suivent les adultes demandant le baptême. Ces communautés ne font pas vie commune, mais se réunissent pour célébrer et revivre par étapes l’initiation chrétienne reçue durant l’enfance : de l’accueil de la Bonne Nouvelle au renouvellement des promesses baptismales. Ne présupposant pas la foi, elles sont donc ouvertes à tous.

Présence en Suisse: à Lausanne, Genève et Fribourg, d’où essaiment des communautés dans les différentes paroisses de Romandie.

A Fribourg, via le séminaire Redemptoris Mater érigé par Mgr Morerod en 2018 et formant des prêtres diocésains issus du Chemin.

Une particularité: l’envoi en mission d’un prêtre accompagné de 4-5 familles dans des zones déchristianisées avec le souci d’aider les cabossés de la vie à se reconstruire.

Pour aller plus loin: neocatechumenaleiter.org

 

« Le Chemin néocatéchuménal, c’est… »

Famille Daniel et Sara Borrego, Genève

« Pour nous, le Chemin néocatéchuménal a été la porte d’entrée dans l’Eglise qui est le salut de notre vie. Expérimenter que Jésus Christ nous a aimés et nous aime même là où on n’arrive pas à le faire, cela donne une nouvelle dimension à notre vie. Nous apprenons ainsi à découvrir le baptême pas à pas, de manière adulte, vivant la foi en communauté où l’on apprend à s’aimer les uns les autres tels que nous sommes, avec nos défauts et nos vertus, non parce que nous sommes surhumains, mais parce que l’Esprit Saint est au milieu de la communauté. »

Le handicap et la maladie

TEXTE ET PHOTO PAR J.-MICHEL MOIX

Pour illustrer le thème de ce mois de février qui porte sur la « Pastorale des handicapés », vous découvrirez dans ce numéro différents articles: le témoignage d’une jeune de chez nous, Karen Rapin, qui travaille au sein de l’aumônerie de l’hôpital régional de Rennaz;
le témoignage d’Alexandra, née avec un handicap de la trisomie 21 et enfin un cas de guérison miraculeuse qui s’est déroulé au sanctuaire marial de Lourdes.

Il est vrai que la santé, tant physique que psychique et mentale, est un bien inestimable. On s’en aperçoit bien, le jour où on la « perd ». Et que ne fait-on pas
parfois pour la recouvrer ?

L’épidémie du Covid, qui a éclaté voici bientôt deux ans, a exacerbé cette peur de « tomber malade » d’un « virus » qu’on nous présentait au départ comme fortement létal et qui s’avère au final un petit peu plus létal que la grippe, mais beaucoup moins létal que la peste du moyen-âge. Toujours est-il que les mass média ainsi que les autorités politiques et médicales portent une attention soutenue sur «notre santé».

Mais notre premier souci, en tant que chrétien, n’est-il pas avant tout de se préoccuper de la santé de notre âme (sans négliger pour autant la santé du corps) ?! Oui ! Admettons que nous sommes, peu ou prou, tous «contaminés», rendus malades, par cette terrible maladie spirituelle qu’on appelle le péché ! Le péché nous détache de Dieu et nous attache à la «terre», aux plaisirs trompeurs et éphémères. Pensons ici à faire appel à la médecine du Bon Dieu. Et l’un des meilleurs remèdes à appliquer contre le péché, c’est la prière ! Car la prière nous détache de la «terre» et nous attache à Dieu ! La prière est une activité très facile à mettre en œuvre. Elle nous est même nécessaire si nous voulons un jour parvenir au «Ciel».

Alors, tout comme la photo ci-jointe nous y invite, avec Saint François d’Assise, réveillons notre foi, et portons notre regard de foi vers celui qui est venu précisément pour nous sauver du péché !

Messie malgré lui ?

Pas de Tik Tok, ni d’Instagram, mais des millions de followers. Tout le monde connaît son histoire, ou presque ! La nouvelle série de Zep, La vie de J.C., croque un Jésus pétri de défauts. Un messie… terriblement humain.
Entretien (presque) sérieux avec le bédéiste genevois.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER

Pourquoi avoir choisi de présenter un Jésus maladroit avec des apôtres pas très futés ?

Cela m’intéressait de parler de l’aspect humain de Jésus plus que de sa divinité. Et puis un personnage humoristique doit avoir des failles, sinon il n’est pas drôle. Jésus est animé d’une envie de changer le monde, il se rend compte qu’il possède des dons particuliers. Il entend Dieu et porte un message et une vision pour la société, mais il n’est pas très bon communicant. En plus, il est entouré de copains qui le suivent surtout parce qu’il est sympa et qu’il fait des tours de magie. Nous ne sommes certainement pas très loin de ce qui a dû se passer dans la réalité. Lui doit se battre contre cette image. Il se trouve sans arrêt face à cette incompréhension. Le Christ a un discours ultrarévolutionnaire pour l’époque, je me posais la question du comment le réactualiser.

Jésus, ce n’est pas tellement un sujet à la mode…

C’est un personnage qui, aujourd’hui, est encore connu
par tout le monde. Du moins, un ou deux épisodes de son histoire telle qu’elle est racontée. Notre société vit encore sur l’apport du Christ, sur ses idées.

Le public comprend-il encore les références que vous utilisez ?

Je suis curieux de le savoir. Le principe des paraboles est d’être compris aussi en rapport à la vie d’aujourd’hui. Les gens comprennent assez vite que cet homme a une mission, qu’il ne sait pas très bien comment l’annoncer à ses proches. Un apprenti Jésus en quelque sorte. Mon but n’est pas de faire de l’éducation biblique. Je dresse ici une espèce de portrait en creux de Jésus. D’ailleurs, il s’appelle J.C. et non pas Jésus. Ce n’est pas forcément le même personnage.

Quelle influence Jésus a-t-il (ou a-t-il eu) dans votre vie ?

Lorsque j’étais adolescent, l’étude biblique m’a vraiment passionné. J’y ai passé beaucoup de temps.
Je me suis inscrit pendant deux ans à la faculté de théologie de Genève en tant qu’auditeur libre. Je trouve toujours ces textes passionnants. Croire à la nature divine de Jésus est un choix, moi j’ai choisi de ne pas croire. Mais j’ai beaucoup de respect pour ceux qui y croient. Ça n’a jamais été mon intention de blesser les croyants avec cette série. Par ailleurs, je pense que nous avons le droit de rire de tout. Une société qui ne sait pas rire de ses dogmes ne va pas très bien.

Dans quelle mesure les religions manquent-elles d’autodérision ?

Je ne crois pas que cela soit les religions, mais les gens. Je ne dis pas que tous les gens doivent rire de ce que je fais et je n’en ai pas la prétention. Umberto Eco décrivait dans Le nom de la rose un Dieu qu’il fallait craindre et les inquisiteurs condamnaient le rire, car il bannit la crainte. Pour moi, le Dieu tel qu’il est raconté dans l’Evangile n’est pas un dieu de crainte. Je ne me moque pas de Dieu, mais c’est de l’humain dont je ris.

 

 

 

 

« Se battre pour la liberté d’expression »

Commentaire de myriam bettens

Des croyants ont été peinés, voire offensés dans leur foi par la série La vie de J.C. Pour avoir fait une rencontre personnelle avec Jésus, il est vrai que je ne partage pas la même vision qu’en a Zep. Suis-je pour autant heurtée par cette représentation ? Il me (nous) fait part ici de sa compréhension de Jésus, pas de la mienne, donc non ! D’ailleurs, son personnage principal se nomme J.C., ce n’est certainement pas pour rien. Ce choix rédactionnel ne fait certainement pas l’unanimité. Malgré cela, je considère qu’il est crucial, si ce n’est vital, de se battre pour que la liberté d’expression reste garantie sous toutes ses formes. Et vital est à mon sens le terme. L’actualité nous a maintes fois offert la démonstration de ce qu’un argumentaire par les armes peut produire. Pour mémoire, le film Sìrìrì dépeint très bien la manière dont le conflit entre groupes armés chrétiens et musulmans s’est enlisé en Centrafrique. Exemple criant d’une rhétorique expéditive, mais qui a fait ses preuves. Je suis cynique à dessein. Car écouter pour comprendre demande du temps et de la disponibilité. Celle d’être questionné et parfois ébranlé dans ses convictions : tout comme Jésus l’a lui-même fait avec moi et continue de le faire encore aujourd’hui.

Comme les Rois mages…

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTOS : DR

Frangipane ! Non, non, détrompez-vous, ce n’est pas une insulte, mais une crème à base d’amandes qui entre dans la composition de la galette des rois. Entre les fervents partisans de la version avec et celle sans, la controverse pointe à l’horizon. Nulle disputatio ici pour démêler la- quelle des deux versions mérite le qualificatif d’hérésie…

La première mention d’un gâteau contenant une fève (le légume, donc!) remonte à la fin du Moyen Age. On trouve cette attestation dans une charte de Robert de Fouilloy, évêque d’Amiens en 1311. Mais il s’agit d’un témoignage tardif rapporté par Legrand d’Aussy, un historien ayant vécu cinq siècles plus tard. On situe vraisemblablement l’origine de cette pratique bien plus tôt dans l’histoire, car elle rappelle les Saturnales romaines, où il était coutume d’élire un roi du jour par tirage au sort. Les convives devant obéir à ce « roi » sous forme de gages.

La fève des avares

Dans une illustration du Livre d’heures d’Adélaïde de Savoie (XVe), on retrouve la représentation d’un enfant sous la table, désignant le bénéficiaire de la fève. Le modèle en porcelaine remonte au XIXe siècle en Saxe. Celui qui la trouvait devait offrir une tournée générale. Or, certains avares auraient avalé la fève pour ne pas bourse délier. La date, traditionnellement déterminée au 6 janvier a été fixée par le concile Vatican II au premier dimanche qui suit le 1er janvier. Concrètement on peut fêter l’Epiphanie soit le 6 janvier, soit le dimanche suivant le jour de l’An, soit les deux…

Une tradition issue du marketing

En Suisse, le marché du pain avait besoin de renouveau. L’As- sociation suisse des boulangers voit l’occasion d’introduire un nouveau produit sur le mar- ché. Ils créent donc une recette à cet effet. Mais cette tradition n’a véritablement pris son envol qu’avec un vol… en hélicoptère plus précisément. Quoi de mieux que de mettre trois rois mages dans un hélico et de les déposer, face caméra, dans le village de Chandolin, le plus haut village d’Europe habité toute l’année ? S’ensuit une petite distribution de brioches pour bien marquer les esprits. Bref, depuis les années 60, les Helvètes mangent… de la couronne briochée. N’en déplaise aux partisans de la frangipane !

Recette: Couronne des rois en pâte briochée et morceaux de chocolat

Temps de préparationTemps d’attentePortions
20 minutes2 heures8

Ingrédients

  • 500 g de farine panifiable (type 550)
  • 75g de sucre
  • 20 g de levure fraîche (environ un demi-cube)
  • 300 ml de lait
  • 75 g de beurre mou en cubes
  • 1 poignée de mini-cubes de chocolat
  • 1 jaune d’œuf (taille moyenne)
  • 1 cuillère à soupe de lait • 1 poignée d’amandes effilées ou de sucre grêle (gros grains)

La fève

  • 1 amande entière sans peau OU
  • 1 fève (le légume) OU
  • 1 pièce de monnaie emballée dans du papier alu

Préparation

  1. Mettez la farine, le sucre et la levure émiettée dans un bol. Mélanger le tout à la main ou au robot.
  2. Faites chauffer le lait et le beurre à feu doux jusqu’à ce qu’ils tiédissent. Ne les laissez pas bouillir.
  3. Ajoutez ensuite le lait au mélange de farine et pétrissez jusqu’à former une pâte lisse, élastique et souple. Elle doit se détacher du bord du bol.
  4. Couvrez la pâte d’un film alimentaire ou d’un torchon propre et laissez le tout à température ambiante. La pâte va lever pendant environ 90-120 minutes jusqu’à ce qu’elle ait doublé de volume.
  5. Retirez ensuite la pâte du bol et incorporez-y les mini-cubes de chocolat.
  6. Retirez un cinquième de la pâte pour façonner la boule centrale. Placez-la au centre d’une plaque de cuisson recouverte de papier sulfurisé.
  7. Divisez le reste de pâte en 8 parts égales. Formez des boules. Cachez la fève dans l’une d’elles. Accolez ces boules au plus grand pâton pour former une fleur. Couvrez à nouveau la couronne de pâte d’un torchon et laissez-la lever pendant encore 20 à 30 minutes.
  8. Pendant ce temps, préchauffez le four à 180°C sur le programme «voûte et sole».
  9. Fouettez le jaune d’œuf et la cuillère à soupe de lait, badigeonnez-en la pâte et saupoudrez-le d’amandes effilées ou de sucre grêle.
  10. Faire cuire la couronne durant environ 30 minutes. Tapoter la brioche, si elle est cuite cela doit sonner creux.

N.B: Il est préférable de préparer la couronne le jour où elle doit être mangée.

En temps de crises, l’espérance

PAR L’ABBÉ LÉONARD BERTELLETTO
PHOTO : RAPHAËL DELALOYE

En ces temps de crises (sanitaire, politique, climatique, ecclésiale…), c’est le contraire de l’espérance qui anime le cœur de beaucoup : le désespoir est au rendez-vous. L’humanité semble condamnée à ne vivre que des jours sombres, et ne voit pas, dans l’immédiat, d’issues favorables aux drames qui l’enserrent. L’angoisse est le lot quotidien de nombreux jeunes dont l’avenir semble obstrué.

Que me dit mon espérance chrétienne face à ce constat amère ? D’abord, que l’espérance est une vertu. Elle est la force, le ressort dont j’ai besoin pour rebondir à chaque fois que le mal (moral, physique) semble tout détruire, tout écraser. Jadis, la vertu d’espérance était le principal tremplin de la foi d’Israël, qui entrevoyait déjà, au cœur de ses misères, les signes avant-coureurs de l’ère messianique : « Le loup cohabitera avec l’agneau […]. » « De leurs épées, ils façonneront de socs de charrues, de leurs lances, des serpettes ; les nations ne lèveront plus l’épée l’une contre l’autre, elles n’apprendront plus la guerre. » (Is 2)

Seule la présence du Christ qui restaure toutes choses dans la lumière de sa résurrection peut donner sens à ces propos. Sans Jésus, le Messie, ils ne seraient que la description d’une vaine utopie.

C’est pourquoi l’espérance des temps de crises est d’abord celle que je place dans l’avènement du Règne qui vient : un jour, ce devenir se fera Eternel présent, l’obscurité « qui s’étend à l’ombre de la mort » aura fait place au plein Jour du salut: «la lumière a resplendi» (cf. Is 9).

Dieu nous donne la ferme assurance de participer à la victoire du Christ glorieux : telle est notre espérance chrétienne, à toutes épreuves !

Je vous invite à la faire vôtre et à la cultiver, pour en recueillir tous les fruits.

L’espérance face aux crises

PAR L’ABBÉ PHILIPPE AYMON
PHOTO : JHS

Que peut faire l’espérance chrétienne face aux crises ? Rien de plus et rien de moins que par temps calme, serein et heureux.

Il y a toujours dans l’Eglise une conception qui semble venir du temps des apôtres : le Christ et la foi peuvent et veulent changer le monde. « Ainsi réunis, les apôtres l’interrogeaient : Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? » (Act 1, 6)

Eh bien, non, Jésus ne vient rien restaurer du tout ! Il vient seulement appeler le cœur de l’homme et ses comportements, à une conversion qui trouve son origine dans l’espérance en la vie éternelle. « A l’attente du Royaume de Dieu on subsiste souvent l’attente des changements politiques, la marche vers la libération totale se confond avec la recherche du confort ou avec la consolidation d’avantages sociaux et économiques. »

L’espérance chrétienne est celle d’un visage, celui de Jésus Seigneur. « Espérer, dès lors, c’est attendre le Fils qui viendra des cieux (1 Th 1, 10). Car, en réalité, nous sommes appelés par le Père à une communion avec son Fils (1 Co 1, 9) […] ou de manière plus imagée d’aller prendre domicile près du Seigneur. » (2 Co 5, 8)

Ainsi en temps de crise, de guerre, de pandémie, de chômage, de deuil ou d’autre épreuve, l’espérance ne vient pas résoudre les problèmes des hommes et donner des solutions qui nous facilitent la vie. Dans les temps de paix et de bonheur, elle conserve sa place et sa force pour que nous ne nous égarions pas dans une béatitude terrestre, comme si cette dernière était le tout de l’homme.

Dans l’attente de la manifestation en Gloire du Seigneur, que l’espérance nous garde dans la confiance, vigilants et patients, avec un esprit de détachement de ce monde qui passe et ne craignant pas la pauvreté. Tout ceci afin de grandir dans l’amour fraternel.

N. B. Les citations que l’on trouve dans cet édito sont du chanoine Grégoire Rouiller, dans un texte intitulé : « En vue de l’espérance qui vous est réservée dans les cieux. » (Col 1, 5) Je vous invite à lire ces lignes. Vous les trouvez sur le site des paroisses : www.paroisses-sion.ch, sur la page de la paroisse de la Cathédrale.

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