Un cantique érotique

Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR« – Que tu es belle, ma bien-aimée ! Tes yeux sont des colombes. Tes lèvres, un fil d’écarlate. Tes deux seins, des faons jumeaux d’une gazelle qui passent parmi les lis. Tu me fais perdre le sens par un seul de tes regards. Que ton amour a de charmes, ma sœur, ô ma fiancée. L’arôme de tes parfums est délicieux plus que tous les baumes. – Que mon bien-aimé entre dans son jardin et qu’il en goûte les fruits savoureux. » (Cantique 4, 1.3.5.9.10.16)

Telle une perle dans un écrin, le Cantique des cantiques (c’est-à-dire le plus beau des poèmes, comme on dit « pour les siècles des siècles ») a trouvé sa place au sein des Saintes Ecritures après bien des péripéties. Cela n’a pas été tout simple, car il s’agit d’un véritable poème érotique qui chante le don mutuel et charnel des époux, comme image représentative de la tendresse indéfectible de Dieu pour l’humanité. La tradition spirituelle en a également fait le modèle des liens mystiques entre l’âme et son Seigneur, appelé précisément « Mon bien-aimé ».

Différentes perspectives
Ce qui montre parfaitement bien que la dimension corporelle et sexuée, inscrite dans notre condition par le Créateur, caractérise pleinement notre intimité avec le Christ. Si bien que celui-ci se présente comme l’Epoux de sa bien-aimée, l’Eglise. Perspectives spirituelle, ecclésiale, théologale et charnelle s’interpénètrent donc. De sorte que chaque couple, par la fidélité et le don mutuel des corps et des cœurs dans la relation sexuelle, offre une image plénière et saisissante de l’amour dont Dieu veut tous nous combler (voir l’exhortation Amoris laetitia du pape François, « Un amour
passionné. La dimension érotique de l’amour », n. 142-162).

A cet égard, il est regrettable que la liturgie dominicale ne le retienne jamais dans les lectionnaires actuels : le Cantique n’est lu « que » lors des célébrations de mariage. S’il était également proclamé le dimanche, il pourrait donner lieu à de belles catéchèses sur la sexualité comme lieu d’épanouissement évangélique et biblique !

Le baptistère de Chermignon-d’en-Haut

De Dominique Châtelain et Jean-Stéphane Rey (VS)

Par Amandine Beffa
Photo: Jean-Claude Gadmer

Le baptistère indique que le baptême est la porte des sacrements.

Le baptistère est traditionnellement le lieu (un bâtiment distinct à l’origine) réservé à la célébration du baptême. L’évolution des pratiques a souvent mené à son remplacement par des cuves baptismales, plus pratiques. Celui de Chermignon-d’en-Haut (VS) nous permet de redécouvrir la richesse du sacrement. 

Conçu pour permettre les baptêmes par immersion, il nous rappelle que le sacrement nous plonge dans la mort avec le Christ pour nous permettre de ressusciter avec lui. Le choix d’un socle sombre symbolise cette noirceur que nous laissons au fond de l’eau. Le cercle de lumière au-dessus signifie cet appel vers la lumière. Saint Paul ne dit-il pas : « Autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Vivez en enfants de lumière » (Eph 5, 8) ?

La base octogonale va dans le même sens : selon les Pères de l’Eglise, le chiffre huit est celui de la Résurrection. En effet, le « premier jour de la semaine », évoqué dans l’Evangile (Jn 20, 1 par exemple) est le huitième jour. C’est le jour qui annonce un nouveau commencement. Mais le jour de la Résurrection est aussi celui où retentit l’appel à annoncer la Bonne Nouvelle. Le baptême est porteur de cet envoi en mission.

Les huit scènes autour du bassin sont des épisodes bibliques dévoilant des aspects du baptême. On retrouve ainsi : l’Arche de Noé (Gn 6-9), l’Exode (le passage de mer en Exode 14) la guérison de Naaman le Syrien (2 R 5), une vision d’Ezéchiel (Ez 47), le baptême de Jésus (Mt 3, 13-17), l’eau et le sang sortant du côté de Jésus (Jn 19, 34), le baptême de l’Eunuque (Ac 8, 26-40) et la Samaritaine (Jn 4).

Finalement, la disposition du baptistère à proximité du tabernacle nous rappelle que le baptême est la porte des sacrements et qu’il nous conduit à une intimité toujours plus grande avec le Seigneur.

L’ermitage de Longeborgne (VS)

Par Myriam Bettens
Photo: Association des Amis de LongeborgneNiché dans une falaise des gorges de la Borgne, à deux pas de Sion, l’ermitage de Longeborgne semble retiré du monde. Ce haut lieu de pèlerinage mêle beauté pittoresque et piété populaire.

L’ermitage a vu le jour en 1522, confié à l’Ordre des Frères mineurs (les Franciscains). Aujourd’hui, ce sont les Bénédictins qui en assurent la desservance. Eté comme hiver, le Père François Huot, seul résident permanent, accueille les pèlerins venus confier prières et désirs d’enfant à la sainte patronne du lieu, Notre Dame de Compassion. Les nombreuses œuvres en remerciement d’une grâce, ou ex-voto, exposés dans la chapelle attestent d’ailleurs d’une dévotion ininterrompue.

Ces témoins du patrimoine religieux et artistique du Valais, une collection de 185 ex-voto, ont été rénovés entre 1997 et 2000 avec le concours de l’Association des amis de Longeborgne. Une dizaine d’années plus tard, de nombreux autres aménagements ont été entrepris pour le bien-être et la sécurité de l’ermite et des pèlerins, dont la sécurisation des falaises en amont du chemin de croix et de l’ermitage.

Accès possible
1. Depuis la gare de Sion, prendre le bus B5 direction Bramois, Institut et descendre à Bramois, Pont de Bramois (15 minutes). Aller en direction du restaurant Les Pélerins (10 minutes).
2. Depuis l’autoroute A9, prendre la sortie Sion-Est No 27. Continuer sur la route d’Hérens, puis la route de Bramois en direction du chemin du Creux-de-Nax. Laisser la voiture.

La visite

1. Attaquez la montée depuis le restaurant. Le sentier est escarpé. Vous aurez d’un côté un chemin de croix et de l’autre les flots de la rivière la Borgne (10 minutes).

2. Passez le porche d’entrée de l’enceinte de l’ermitage. Depuis le promontoire, on peut admirer la vue sur les gorges de la rivière.

3. Continuez sur le côté gauche du parvis. Les deux chapelles dédiées à Notre Dame de Compassion et saint Antoine de Padoue sont logées dans une grotte naturelle.

4. Admirez les ex-voto admirablement restaurés. Laissez-vous envelopper par la quiétude du lieu.

L’homme, la femme, richesses de l’amour de Dieu

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Marguerite Bays (FR), juin 2020

Par Vincent Lathion | Photo: Vincent Lathion, Martial Python

L’être humain, perle précieuse de la création
Souvent, nous contemplons avec émerveillement la nature, tant elle est belle, sagement conçue et nous avons bien raison. Le chrétien ne saurait cependant s’arrêter en si bon chemin et sa foi lui permet de pousser plus loin sa réflexion : si le monde est admirable et harmonieux, c’est parce qu’il est créé par Dieu, source de toute bonté et de toute sagesse. En effet, la beauté et la finesse de la réalité ne souffrent aucune comparaison, pas même avec l’œuvre de l’artisan ou de l’artiste le plus habile, car le génie du Créateur surpasse incomparablement le génie de l’homme.

Si cette vue est juste du monde en général, elle l’est bien plus encore de la personne humaine. A ce qui est visible s’ajoute une dimension psychologique et spirituelle, une part de mystère. Ce surplus d’âme pour ainsi dire, confère à l’être humain une dignité et une noblesse unique qui le placent à part dans l’univers matériel. Ainsi, si comme la plupart des autres espèce, l’espèce humaine se divise en deux genres, cette distinction n’est pas seulement chez elle d’ordre biologique voire comportemental, mais d’abord et surtout d’ordre psychologique et spirituel. L’homme et la femme, d’égale dignité, diffèrent donc tant par leur corps, que par leur manière de ressentir et d’appréhender la réalité. Il y a là un fonds commun que partagent toutes les sociétés, mais qui se décline encore de bien des manières selon l’éducation et la culture reçues.

L’homme et la femme dans les Ecritures
Si nous nous penchons à présent sur la tradition judéo-chrétienne, nous remarquons que la Bible s’intéresse d’emblée au rapport de l’homme et de la femme dans le récit riche de symbolisme des premiers chapitres de la Genèse. Que veut-elle nous en dire ?

D’abord, que ni l’homme, ni la femme ne se suffisent à eux-mêmes et que la place qu’ils occupent l’un pour l’autre est irremplaçable. En effet, après avoir affirmé : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. » (Gn 2, 18) Dieu présente tous les animaux de la création à l’homme, mais en vain. Ce dernier ne trouve nulle aide qui lui corresponde. Ce n’est qu’en présence de la femme, qu’Adam se sentira comblé. Ce secours de la femme pour l’homme n’est pas d’abord d’ordre pratique, de l’ordre de l’agir, mais il vient remplir un manque existentiel. Pour le dire autrement, l’homme et la femme, séparés l’un de l’autre, éprouvent une solitude et une incomplétude dans leur être même : et ce sont elles que Dieu a précisément voulu leur éviter.

Ces observations mettent en lumière la complémentarité des deux genres. Dans le dessein divin, l’homme se construit en vis-à-vis de la femme et inversement. Voilà pourquoi la femme aide l’homme à devenir homme et réciproquement. Et la promesse de Dieu se rattache précisément à cette relation de complémentarité qui unit l’homme et la femme : leur lien est source de vie, de lui jaillira une descendance.

Mais très vite, nous dit la Genèse, la chute met à mal cette bienheureuse concorde : l’homme et la femme se détournent de Dieu et c’est tout l’ordre que le Seigneur avait établi qui s’en trouve bouleversé. Le rapport de l’homme à la terre, de laquelle il avait été modelé, se mue en peines et douleurs ; le rapport de la femme à l’homme, duquel elle avait été tirée, se transforme en rapport de force et de domination.

Intéressons-nous donc plus avant aux conséquences du refus de Dieu : la Bible nous indique que la relation de l’homme et de la femme s’en est trouvée fragilisée : à l’enrichissement réciproque qu’avait voulu Dieu s’est substituée la volonté de posséder l’autre et de l’asservir, sous les modalités diverses du pouvoir et de la séduction. Comment s’étonner alors que l’homme et la femme que Dieu avait appelés à un don fidèle et exclusif en leur enjoignant de ne former « qu’une seule chaire » peinent dès lors à respecter cet engagement désormais privé de sa sève naturelle ?

La Bible ne manque pas d’exemples pour illustrer ce thème. Ils sont parfois magnifiques et nous dépeignent des personnes aux vertus nobles et héroïques ; ils sont parfois malheureux, dressant un tableau sombre, d’hommes et de femmes dominés par des passions qu’ils ne savent plus maîtriser. Nous pouvons songer entre autres à Joseph en Egypte, qui refuse les avances de la femme de Potiphar et qui est jeté en prison ; aux deux vieillards qui accusent faussement Suzanne de tromperie, parce qu’eux-mêmes brûlent de désir pour elle ; ou encore à David, qui fait tuer Uri pour lui ravir sa femme Bethsabée. Et la liste pourrait encore s’allonger… Chacune de ces histoires, nous replace devant les questions auxquelles n’échappe nul amour : quelle était l’intention de ces personnes ? Ont-ils pris en considération le bien de celui qu’il prétendait aimer ?

La charité, forme de tout amour
Concluons ce survol rapide en rappelant le principe fondamental de tout amour, d’une simplicité toute biblique pour ainsi dire et pourtant si profond : ce qui est au cœur de la droite relation de l’homme et de la femme, ce qui doit la régir, en couple comme en société, c’est la charité, qui est l’amour de Dieu dans le cœur de ses fidèles. C’est un amour qui ordonne les autres amours et qui ne signifie nullement le rejet des passions amoureuses. Tout au contraire, il invite à les purifier et à discerner dans la prière comment les accueillir, comment les diriger pour que, débarrassées de toute appropriation égoïste, elles soient les aides heureuses de l’amour vrai. Ainsi, l’homme ou la femme qui se laisse guider par la charité, obtiendra toujours son propre bien ainsi que celui de la personne aimée et ce, avec le secours de Dieu et grâce à l’amour divin lui-même.

Education: donner le goût de la vérité

Le jeune enfant souvent tenté par l’affabulation, voire le mensonge, doit apprendre petit à petit à dire la vérité. Il a besoin d’adultes attentifs et bienveillants pour l’accompagner.

Par Bénédicte Jollès
Photo: Pxhere« Mon père, il a trois Tesla », lance Baptiste, 6 ans, à la cantine. Le petit qui grandit a facilement des raisons de mentir : besoin de se valoriser, peur d’être grondé, paresse, jalousie… Pas de panique avant l’âge de raison, autour de 7 ans, il est normal que son imaginaire soit fertile ; il a du mal à distinguer ses rêves de la réalité. Il revient aux parents de le ramener au réel, de l’aider à mûrir pour qu’il réalise les bénéfices de relations basées sur la confiance. 

Le petit enfant teste la crédulité des adultes, si son mensonge n’est pas démasqué, s’il en tire des bénéfices, il le renouvellera. 

La vérité apaise
Un des enjeux de l’éducation chrétienne est de transmettre le goût de la vérité : source de joie, elle libère et apaise. Plus les parents sont transparents, plus les enfants apprennent à l’être. Dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, l’exemple est premier. Vigilance donc face à nos pieux « arrangements » ou nos omissions douteuses.

« Je t’ai caché mes mauvaises notes, tu me punis trop fort », lance Charlotte, 10 ans, entre deux sanglots. Sans renoncer à l’exigence, une certaine souplesse parentale aide les jeunes à vivre loin du mensonge. Au contraire, les éducations trop sévères favorisent la dissimulation. Nos enfants peuvent-ils s’exprimer sans être trop fortement rabroués ?

L’expérience de la miséricorde
Impossible d’acquérir ce goût pour la vérité sans faire l’expérience de la miséricorde et du pardon parental. Celui-ci libère, surtout s’il souligne le courage dont l’enfant fait preuve en avouant le vrai. En cas de grosses difficultés, après un temps d’écoute et de discussion, l’adulte peut aussi proposer le sacrement de la réconciliation si lui-même le reçoit. Il ne s’agit pas d’une punition bien sûr, mais d’une aide du Seigneur. « Quelle expérience magnifique pour celui qui peine d’être pardonné et fortifié par Jésus lui-même ! » avoue Marion, maman de deux enfants et catéchiste.

Sexualité, vraiment?

Par Thierry Schelling
Photo: DR

Le pape François a pris le parti de ne pas thématiser directement la sexualité mais de l’évoquer plus discrètement, comme dans Amoris Laetitia.

Il est loin le temps où Paul VI pouvait proclamer l’Eglise « experte en humanité ». Les affaires de pédophilie révèlent tout sauf un comportement adéquat de la part de bien des clercs à l’égard de tant de victimes. Le long pontificat de Jean-Paul II avait pourtant produit une théologie du corps devenue référentielle pour maints théologiens et moralistes catholiques… Et dire qu’il en parlait, les mercredis d’audience à Rome, pendant que Maciel et ces autres monstres abusaient sans vergogne sous couvert d’autoritarisme et par perversité égoïste…

Discrétion
Du coup, le pape François a pris le parti, dès le début de son pontificat, de ne pas thématiser directement la sexualité comme telle, mais – comme dans Amoris Laetitia par exemple – d’évoquer certes les beautés de l’amour hétérosexuel mais aussi les divorcés. Sur la pointe des pieds, pourrait-on dire. D’ailleurs, qui se souvient des initiatives pour les 50 ans d’Humanae Vitae en 2018 ? Discrétion oblige, dirait-on…

En substance, Papa Bergoglio rappelait à la Curie romaine en janvier 2020 que « nous avons besoin […] d’autres paradigmes, qui nous aident à repositionner nos manières de penser et nos attitudes : nous ne sommes plus en chrétienté, nous ne le sommes plus ! » Et cela vaut aussi pour la doctrine et la discipline catholiques en matière de sexualité.

Espoir
Et, comme il le rappelait à cette même occasion, « [l’Eglise] est appelée à témoigner que, pour Dieu, personne n’est « étranger » ou « exclu ». » Il y a sacrément du pain sur la planche : vis-à-vis de la femme et de la personne LGBTQ+… L’espoir fait vivre…

Jeux, jeunes et humour – juin 2020

Par Marie-Claude Follonier[thb_image image= »4901″ img_link= »url:/wp-content/uploads/2020/05/Fete_Dieu. »]

Pourquoi Dieu n’a pas empêché le coronavirus ?

Dieu veut pour nous un monde bon et beau ainsi que notre bonheur. Il n’est pas l’auteur des maux qui nous frappent. Le mal reste une énigme. Jésus n’est pas venu l’expliquer. Sur la croix, il a pris tout le mal sur lui et l’a déjà vaincu. Il nous invite à le combattre à sa suite. Dieu est avec nous dans cette épreuve : il nous donne sa force et son Esprit pour nous aider les uns les autres et en ressortir meilleurs qu’avant. Malgré les pertes et la tristesse, nous sommes assurés de sa victoire sur la mort et la maladie.

Par Pascal Ortelli

Sophie est à l’église avec sa maman, en prière devant le tabernacle. La prière silencieuse d’adoration dure, dure… Sophie n’en finit pas de fixer des yeux la lampe rougeoyante du sanctuaire puis lâche soudain : « Dis, maman, quand est-ce que le feu passe au vert ? »

Par Calixte Dubosson

Le couple et notre société

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Marguerite Bays (FR), juin 2020

Par Vincent Lathion

L’esprit d’une société s’identifie à différents indices, notamment aux grands principes qu’elle pose au fondement de son ordre et à travers la manière dont ses membres les vivent. Or, de cet ensemble transparaît souvent une certaine vision du monde, ainsi qu’une compréhension de l’homme et de la femme bien définie. C’est ce dernier point qui va retenir notre attention dans ce qui suit.

A l’Etat, nous attribuons surtout le rôle de garantir deux droits fondamentaux : la liberté et l’égalité. Ceux-ci sont d’une grande importance et marquent profondément le rapport de l’homme et de la femme dans notre société. Concernant les couples, la liberté et l’égalité des individus assurent la libre contraction des mariages et la reconnaissance des mêmes droits aux deux conjoints. Ces deux principes sont donc bons et portent de beaux fruits.

Néanmoins, la lecture que fait parfois notre société de ces deux principes appelle quelques réserves.

En effet, lorsque la liberté est comprise comme ouverture à tous les possibles – alors qu’en son fond elle est plutôt capacité à choisir le bien – elle peut amener à considérer tout engagement comme de droit révocable. Et ce risque est d’autant plus grand que cet état d’esprit est renforcé par le consumérisme de notre société : dans le secteur des achats et des services notamment, nous sommes habitués à pouvoir revenir à tout moment sur notre décision. Ainsi, le danger demeure d’envisager le mariage et la relation de couple sur le même mode et que les futurs époux soient peu préparés à honorer avec persévérance leur promesse.

De son côté, l’égalité de l’homme et de la femme peut aussi être source de mécompréhension. Certains courants de pensée actuels voudraient la placer exclusivement dans le domaine du faire et de l’agir. Ils conçoivent en quelque sorte l’égalité comme une uniformité. C’est une vision par trop étroite. L’égalité des deux genres se situe aussi au cœur de l’être-homme et de l’être-femme. Ainsi, reconnaître et promouvoir l’égalité, ce n’est pas gommer les différences entre hommes et femmes, mais bien plutôt les mettre en valeur comme ce qui fait leur richesse et leur génie propres.

Le mariage: sous quel regard

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur de l’Entremont (VS), juin-juillet-août 2020

Texte par Danièle Cretton-Faval | Photo: DR

Le mariage… Quelle belle affaire…
Qu’on ne veut plus faire…
Parce que c’est l’enfer…
Voilà, encore une rumeur populaire qui a passablement d’audience !
Réveillons-nous, le père Noël n’existe pas.

En effet, le mythe du prince charmant fait encore trop de ravages. Tant de jeunes commencent leur vie d’adulte en imaginant trouver le bonheur en l’autre « idéalisé » et paré de prodigieuses qualités qui va leur apporter, et en prime, l’âme sœur incomparable.

Le bonheur ne peut s’acheter, ni se donner. Le bonheur est un petit truc qu’on travaille, point après point, au fil d’or, comme une broderie de prix. Là, il faut y mettre un véritable amour, mais un amour gratuit. La grande cause de nos désillusions en amour, c’est que nous attendons tout de l’autre et surtout le retour de ce que l’on a donné. C’est du commerce donnant-donnant. Alors que l’amour gratuit rend libre, et nous grandit. 

 Le bonheur n’existe pas en tant que tel, et ne s’achète pas, il se façonne, silencieusement, au gré des joies, des rires, des pleurs, des échecs, des souffrances, des tragédies, des petits miracles  de patience, de persévérance.
Ainsi, la petite broderie précieuse  fera partie de toi, et c’est à ce moment-là que tu pourras rayonner, transmettre sur l’autre le bonheur construit de tes mains. 

Etre en relation avec l’autre, c’est aussi comprendre que l’on est faillible, des êtres en « apprentissage », un couple en croissance avec un vide intérieur à remplir à DEUX. Et savoir que personne n’est parfait. Et ne pas tout attendre de l’autre comme si l’autre était un magicien. Il y a parfois, des magiciens… mais c’est l’exception (5% à 10%). Chaque jour est un jour nouveau, rien n’est acquis.

Est-on obligé d’accepter la souffrance dans le mariage ? Oui, c’est une aventure à l’image du navigateur qui décide de participer à la traversée d’un océan, et sait à l’avance, qu’il faudra arriver au but final sans sous-estimer : les efforts gigantesques, les tempêtes qui pourront l’engloutir, la mort le frôler, le froid le paralyser et la solitude à gérer. Mais le navigateur ne voit que le but de son idéal et la joie d’y parvenir.

Mais sous le regard de Dieu, l’aventure est possible. Ne nous dit-il pas : « Venez à moi vous qui peinez, et parlez-moi de vos soucis. Votre fardeau sera plus léger car je prends soin de vous. »

L’œuvre de Dieu à travers nous

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Saint-Protais (FR), juin 2020

Par Lucienne Broillet-Page | Photo: LBP

Comme une icône en cours d’écriture, le visage de Dieu est à préciser chaque jour.

Nous sortons tranquillement d’une situation de confinement due au coronavirus, et cette période d’incertitude, d’isolement et de souffrance a peut-être insinué en nous des doutes et des questions : pourquoi Dieu permet-il cela ? où est-il alors que tant de personnes souffrent et meurent ? Dieu répond-il à nos prières ? 

Nous sommes comme les disciples de Jésus qui, devant un homme né aveugle, lui posent la question : « Maître, pourquoi cet homme est-il né aveugle : à cause de son propre péché ou à cause du péché de ses parents ? » Nous cherchons une cause, une origine, voire un bouc émissaire. Nous cherchons « en arrière » une responsabilité afin de comprendre pourquoi le malheur frappe. 

Or, devant cette question du péché, Jésus répondit : « Ce n’est ni à cause de son péché, ni à cause du péché de ses parents. Il est aveugle pour que l’œuvre de Dieu puisse se manifester en lui. » (Jean 9, 1-3)

Jésus nous renvoie à nous-mêmes, et nous oblige à regarder « en avant » : le malheur est présent « pour que » l’œuvre de Dieu puisse se manifester. Dieu est présent partout, dans les difficultés comme dans la joie et son œuvre est à découvrir en toute situation.

Nous sommes responsables de faire du malheur qui nous frappe une œuvre de Dieu. Nous pouvons voir alors les traces de Dieu dans tous les actes bons qui sont posés, et réaliser que Dieu s’inscrit partout dans notre histoire.  

Cela ne veut pas dire que la souffrance est niée, mais bien qu’elle est habitée par Jésus qui l’a prise avec lui sur la croix et qui la porte avec nous. Alors que nous avons dû vivre Pâques sans célébrations,  rappelons-nous que Jésus, par amour, a traversé tous nos tourments et qu’ils sont d’ores et déjà vaincus par sa Résurrection. Sachons trouver dans nos peines ce que Dieu veut que nous y trouvions : un surcroît d’amour, de compassion et de joie profonde…

En conclusion, retrouvons l’Evangile, dans lequel Jésus guérit un malade, et « les Juifs persécutaient Jésus parce qu’il avait fait cela le jour du sabbat.

Jésus leur déclara : «  Mon Père est toujours à l’œuvre, et moi aussi, je suis à l’œuvre.  » » Jn 5, 15-17

Lorsque nous aurons la joie de nous retrouver dans nos églises, souvenons-nous de tous ces gestes d’humanité qui ont magnifié ces derniers mois, et sachons maintenir vivante et active la solidarité qui s’est créée. C’est l’œuvre de Dieu à travers nous !

Dieu ne nous abandonne pas

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Sacré-Cœur, Ouchy-Lausanne (VD), juin 2020

Par Alice Jossi-Zamora | Photo: Pixabay

La pandémie due au Covid-19 qui a touché le monde entier marquera durablement nos esprits. Cela a été une épreuve terrible pour ceux qui ont dû se séparer d’un être cher sans un dernier au revoir ; pour ceux qui, impuissants, ont assisté à la souffrance de leur enfant, leur conjoint, leur parent. Angoisse également pour ceux qui, à cause du confinement, ont vu en péril le futur de leur magasin, leur restaurant, leur affaire, fruit de tant de sacrifices.

Comme à chaque fois que des grands malheurs nous accablent, nous sommes tentés de nous demander : où est Dieu ? que fait-il ? ne voit-il pas ce qui se passe ? pourquoi nous abandonne-t-il ?

Dans les religions de l’Antiquité, le rapport des hommes aux dieux se concevait sous la forme d’un contrat : le sage était récompensé pour sa justice et sa fidélité, tandis que le pécheur recevait la punition de ses fautes. Cependant, dès le début du monothéisme, l’homme se met à réfléchir différemment. Que devient notre foi lorsque le malheur frappe l’homme juste ? Lorsque la souffrance atteint l’innocent ?

Le livre de Job essaie d’expliquer ou de justifier l’action ou l’inaction de Dieu dans la destinée humaine.

Job est un homme riche et heureux, craignant Dieu et le servant. Pourtant, il subira la ruine, la maladie et l’angoisse de se sentir abandonné par Dieu. A travers cette légende, c’est toute la problématique inhérente à notre existence terrestre et notre relation à la foi dans les épreuves qui est analysée :

Le caractère aléatoire de notre existence terrestre : celui-là est frappé par la maladie et cet autre épargné, sans aucune logique.

Les inégalités sociales : le confinement est certainement plus vivable dans un grand espace de vie et entouré de sa famille que seuls ou entassés.

Mais le silence de Dieu et l’angoisse de l’incertitude sont les mêmes pour tous. La peur, la souffrance, la maladie et la mort sont indissociables de la vie, mais nous pouvons les transcender par la foi en Dieu, l’espérance et la charité. La réaction de Job est la même que celle du Christ sur la croix et la même que la nôtre dans la détresse :

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mc 15, 34)

La réponse est là, devant nos yeux ; elle est dans la beauté de Sa création, comme Il le montre à Job. Elle est sur la croix, avec son Fils donné pour nous sauver. Elle est dans cette chambre d’hôpital, dans le lit du malade et dans la compassion des soignants. Et elle est aussi parmi nous, lorsque nous sommes capables de nous entraider et de nous aimer. Non, Il ne nous a pas abandonnés, au contraire, Il nous porte dans ses bras et nous soutient.

Message de votre curé

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Sacré-Cœur, Ouchy-Lausanne (VD), juin 2020

Photo: Mariella Heinzmann

Ces dernières semaines nos vies ont passablement été chamboulées. Entre confinement, distanciation sociale, éloignement avec nos aînés et nos malades, télétravail et fermeture des écoles, il a fallu s’adapter et se réinventer.  Il en est de même pour la vie de notre paroisse : toutes nos messes ont été annulées, ainsi que les rencontres de catéchisme et toutes les réunions et séances liées à la pastorale. Nous n’avons pas pu célébrer les festivités de Pâques et les mariages, baptêmes, communions et confirmations ont dû être reportés. Les obsèques ont été célébrées dans la stricte intimité et beaucoup de personnes ont souffert de ne pas avoir pu dire un dernier au revoir à un des leurs…

Toutefois, cette situation a aussi permis à beaucoup de parents de retrouver la joie d’avoir plus de temps pour leurs enfants, de se retrouver finalement en famille et d’apprécier le quotidien. Quant à nos aînés, le confinement et la distance avec leurs enfants et petits-enfants les a obligés à se mettre à jour avec les outils informatiques leurs permettant de rester en contact avec leurs familles par écrans interposés.

En attendant la levée progressive des mesures décidées par le Conseil fédéral, l’Assemblée générale de notre paroisse qui était prévue le jeudi 4 juin 2020, sera déplacée à cet automne 2020. La nouvelle date vous sera communiquée en temps voulu.

Dans l’attente de jours meilleurs, pour se retrouver enfin tous ensemble et partager la Bonne Nouvelle, prenez bien soin de vous et de vos familles.

Fraternellement,
votre curé Vincent 

Covid-19: les jeunes répondent présent

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur de l’Entremont (VS), juin-juillet-août 2020

Propos recueillis par Michel Abbet | Photo: JOC / JAC

Dans quelle étrange situation nous a plongés l’arrivée du Covid-19 ! En quelques jours, nous voilà à la merci d’un virus énigmatique, capable de se répandre sournoisement grâce à des porteurs asymptomatiques, capable aussi de frapper sévèrement, voire mortellement. Toutes nos relations sont chamboulées ; le voisin, le proche, la personne rencontrée par hasard, le membre de la famille, tous deviennent de potentiels porteurs et transmetteurs de virus, exigeant de notre part moult précautions pour ne pas être infectés. De nombreux travailleurs voient leur activité professionnelle perturbée quand elle n’est pas stoppée net. Concerts, culture, pratique religieuse, vie sociale, écoles, tout se paralyse en un éclair. Les personnes âgées ou souffrant de maladies préexistantes sont présentées comme « à risque », justifiant ainsi une mise à l’écart temporaire. Oui, d’un jour à l’autre, notre manière de vivre a été balayée, et il a fallu se réorganiser.

Le service du bénévolat , dont la majorité des aidants sont des retraités âgés de plus de 65 ans, s’est retrouvé en grande difficulté. Que faire dans ces conditions ?

La JCO – Jeunesse Culturelle d’Orsières puis la JAC – Jeunesse Active de la Côte se sont mises alors à disposition, proposant spontanément leur aide. Entretien avec Emile Thétaz président de la JCO et Anthony Lattion président de la JAC.Emile et Anthony, comment a commencé votre implication dans le service de bénévoles ?
Emile : L’idée nous est venue dès que nous avons appris la mise en place des restrictions. Il nous a d’emblée paru évident de mettre nos forces à disposition.
Anthony : Par la magie de Facebook, tout est allé très vite. La Jeunesse d’Orsières se met à disposition, le lendemain la Jeunesse de la Côte lui emboîte le pas. Dans l’élan, toutes les Jeunesses valaisannes se proposent d’aider les aînés. Magnifique ! 

Les débuts ?
Emile : Les deux groupements ont œuvré ensemble, de manière à être performants et nous avons collaboré avec l’Administration communale et le service de bénévolat.
Anthony : Nous avons vu d’entrée les limites de Facebook. Les personnes plus âgées sont bien moins habituées à ce genre de communication directe. Nous avons opté alors pour un flyer tous ménages, dont les coûts ont été supportés par la commune.

Ensuite…
Emile : Par l’intermédiaire de l’administration communale, toutes les personnes âgées de plus de 65 ans ont été contactées, pour connaître leurs besoins et leurs desiderata. Ce qui a permis de mieux cibler le volume de l’aide nécessaire.
Anthony : Roxanne Di Blasi Giroud, animatrice socioculturelle pour la jeunesse et la cohésion sociale, a reçu le mandat de gérer le bon fonctionnement de l’aide apportée. C’est elle qui nous indique les actions à mener. 

Comment vous organisez-vous ?
Emile : Une fois le planning connu, nous contactons les différents membres susceptibles de pouvoir réaliser ces aides.
Anthony : Whats’App nous est d’un précieux secours. Chaque association de jeunes a son « groupe » de bénévoles. A travers ce moyen, chaque membre peut savoir ce qu’il faut faire et se proposer pour l’accomplir, le tout en un temps record.

Une de vos actions :
Emile : La JCO a effectué plus de 120 commissions pour les personnes âgées. Celles-ci font leur liste et la mettent dans un endroit convenu avec l’argent nécessaire. Nous allons faire les achats et rapportons le tout à domicile. Nous sonnons à la porte, et pour respecter les prescriptions d’usage, nous reculons pour maintenir la distance recommandée. Depuis peu, nous devons porter un masque lors de la distribution des achats. Nous nous assurons alors que tout va bien pour les personnes âgées.
Anthony : Nos deux groupements assurent également le service des repas à domicile, et nous nous relayons pour l’assurer tout au long de la semaine. Et, si c’est possible, nous nous efforçons de répondre à des demandes plus personnelles.
Emile : Oui, nous sommes même allés tourner le jardin d’une personne âgée.

Où en est la demande ?
Emile : Elle a été assez soutenue au début, mais dès le mois de mai et les mesures de déconfinement, le rythme a ralenti.
Anthony : Mais nous avons toujours plaisir à le faire et nous le continuerons jusqu’au moment où tout sera redevenu normal.

Un grand merci aux deux associations de jeunesse de la commune d’Orsières. Amitié, convivialité et solidarité peuvent faire bon ménage, toute la population d’Orsières vous est très reconnaissante pour votre dévouement.

Edito, Coron’Essentiel

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Notre-Dame de la Brillaz (FR), juin-juillet 2020

Par Mathias Theler | Photo: http://toulouse.catholique.fr/

Aujourd’hui, fin avril, nous sommes encore dans l’incertitude quant à l’évolution de la situation de crise que nous vivons. Voilà maintenant six semaines que nous sommes en confinement sanitaire afin d’éviter que se répande la pandémie du Covid-19. Bien qu’aujourd’hui nous soyons à la première étape d’un déconfinement, l’avenir reste pour le moment incertain. Quand pourrons-nous retrouver plus ou moins la vie d’antan ? Quand recommenceront les messes ? Y aura-t-il un avant et un après coronavirus ? L’individu va-t-il grandir humainement et spirituellement en sortant d’une telle expérience ?

Et aujourd’hui, au moment même où vous lisez ces lignes, où en sommes-nous ? 

Voilà la raison pour laquelle nous vous proposons, pour les mois de juin et juillet, un Essentiel plus réduit. Nous sommes incapables de vous dire si les messes vont recommencer durant cette période, donc vous n’y trouverez pas les horaires. Les informations pour les messes suivront sur le site de l’UP, upndlabrillaz.ch. Mais vous y trouverez quand même un message, un article provenant de chacune de nos huit paroisses. Il y aura aussi un livre de vie plutôt réduit et une méditation que nous vous proposons durant ces temps difficiles. Mais l’essentiel est que nous puissions garder ce lien.

J’aimerais, pour conclure, reprendre les paroles du pape François, notre Pape, qui nous invite à « redécouvrir le caractère concret des petites choses, des petites attentions à avoir envers nos proches, nos parents, nos amis. Comprendre que, dans ces petites choses, il y a notre trésor ». Un message, une attention, une démarche fraternelle, un appel téléphonique… ces attentions que nous pouvons offrir chaque jour « donnent un sens à la vie » et sont sources de « communion et communication entre nous ».

Solidarité envers les plus démunis

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Mission catholique de langue française de Zurich, juin 2020

Par Laurence Von Schulthess | Photo: EB, SCA

Le confinement lié à la crise sanitaire nous touche tous plus ou moins durement, dans notre liberté de mouvement, par la promiscuité accrue pour les couples et les familles ou alors par un isolement plus grand des personnes seules. Il est aussi cause de baisse de revenu pour beaucoup et a de graves conséquences existentielles sur les plus faibles.

Le 23 mars, un mail de Sœur Ariane de l’association incontro, adressé au secrétariat de la Mission, nous demandait notre participation à son projet de récolte de « paquets de nourriture pour les personnes vivant dans la rue ». Les sans-abris et les prostituées ont été privés, du jour au lendemain, du peu de revenu qu’ils avaient et les centres d’accueil, trop petits pour satisfaire les consignes de distanciation sociale, leur étaient inaccessibles.

Nous vous avons donc mobilisés et vous avez été très nombreux à répondre présents et à amener vos paquets de denrées non périssables devant l’autel, chaque vendredi. Le premier vendredi, il y en avait 80 ! Et même si la quantité a un peu diminué par la suite, nous avons pu, tous ensemble, participer à cet élan de solidarité et de partage. 

Sœur Ariane et son association vous remercient du fond du cœur pour votre générosité et pour l’amour fraternel témoigné à toutes ces personnes dans le besoin ; tout particulièrement à travers les dessins d’enfants, les belles décorations et les mots de soutien et d’encouragement dont vous agrémentez vos dons.

On se demande parfois où se trouve Dieu dans tous ces drames que l’on observe autour de nous. Mais, ne serait-il pas plutôt présent dans chacune de ces actions de solidarité, dans chacun de ces dessins d’enfants, dans tous ces sourires et larmes que votre générosité provoque auprès des plus démunis ?

Quel(s) remède(s) face au Covid-19?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Vallée d’Illiez (VS), juin 2020

Par l’abbé Jean-Michel Moix | Photo: DR

On peut discerner certaines ressemblances entre l’épidémie actuelle du Covid-19 et les différentes épidémies de peste qui ont ravagé l’Europe occidentale au cours des siècles. Citons trois anecdotes à ce sujet.

Saint Sébastien invoqué contre la peste et les épidémies. Extrait du livre : Vies des saints illustrées, Paris, 1902.

En avril 590, face à la peste qui ravage Rome, le pape Grégoire le Grand, tout juste élu à son corps défendant pour remplacer son prédécesseur décédé de la peste, organise des processions et des prières. Durant trois jours, sept processions partant de sept églises différentes, convergent vers la basilique de Sainte-Marie-Majeure où les prières et supplications se poursuivent. Le pape y fait vénérer l’icône de la Vierge Marie qu’on attribue à l’évangéliste saint Luc. Au 3e jour (selon la pieuse tradition), lors de la procession de cette icône de la Vierge Marie sur le chemin de la basilique Saint-Pierre, un ange (saint Michel archange), étincelant de lumière, apparaît au-dessus du tombeau-mausolée d’Hadrien (appelé depuis lors « château Saint-Ange ») et remet son épée au fourreau. Dès ce moment la peste cesse !  

En 1522, à nouveau, la peste répand la mort en la ville de Rome. Des religieux « Servites » s’emparent alors d’un crucifix retrouvé miraculeusement intact, trois ans plus tôt, lors d’un incendie qui détruisit l’église San Marcello. Et des jours durant, dans une procession qui se veut priante et pénitente, ce crucifix va être porté à travers les rues de Rome pour aboutir à la basilique Saint-Pierre. Lorsque ce crucifix revient à sa place, la peste cesse, là aussi ! Notons que le 15 et le 27 mars de cette année, le pape François a prié devant ce même crucifix.

En 1720 la peste sévit à Marseille. En quelques mois, près de la moitié de ses habitants, soit 40’000 personnes, sont décédées. La ville a été placée en quarantaine, si bien qu’avec la peste, d’autres maux se sont ajoutés : la famine, le chômage, le vol et le brigandage. Humainement la situation était désespérée. Mais sur les conseils d’une sœur visitandine, Sr Anne-Madeleine Rémuzat (manifestement inspirée par Dieu), l’évêque, Mgr de Belsunce, fit faire des prières publiques de pénitence et de réparation, et le 1er novembre 1720, il consacra la ville de Marseille et son diocèse au Sacré-Cœur de Jésus, promettant aussi de célébrer solennellement, chaque année, la fête du Sacré-Cœur (huit jours après la Fête-Dieu). Dès ce même jour la mortalité diminua de façon « prompte, sensible et continuelle ». La peste ne cessa véritablement que deux ans plus tard, lorsque les échevins (autorités civiles, bourgeoisie dominante) de la ville, sur la demande de l’évêque, s’engagèrent publiquement à faire amende honorable et à prendre part chaque année à la Fête du Sacré-Cœur, en assistant à la messe, au couvent de la Visitation (des Grandes-Maries).

Puissent ces quelques exemples nous inciter, en ce temps de « grande pitié », à nous tourner vers Dieu et à le prier, implorant de Lui, (entre autres bienfaits) la cessation de cette épidémie de Covid-19 (sans négliger les moyens médicaux) ainsi que la conversion des pécheurs ! 

Et le coronavirus vint…

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Saint-Barnabé (VD), juin 2020

Texte et dessin par Anne-Claude Roulier

Le monde aurait-il arrêté de tourner?
Le ciel nous est-il tombé sur la tête?

Non, notre planète, la lune et les étoiles continuent leur ballet céleste.

Par contre, ce qui ne tourne plus très rond – et de cela tout le monde en a désormais conscience – c’est notre humanité. Huit milliards d’êtres humains soudainement bloqués, confinés apeurés, éprouvés par la maladie…

Huit milliards qui ont réalisé, de manière inattendue et un peu brutale, que des valeurs réputées essentielles telles que l’argent, le pouvoir ou l’apparence se sont effondrées.

Ces créatures, en l’occurrence moi, toi, nous, auront-elles le bon sens et suffisamment de mémoire, une fois le calme revenu, pour savoir faire trésor de la leçon reçue, se tourner et remettre leurs vies dans les mains du seul et vrai Maître de notre monde ?

Huit milliards d’êtres humains unis pour la même cause ! Cela semble utopique… et pourtant. Cet élan de solidarité, ce frein à la course contre la montre et souvent contre le bon sens et la santé, ce dépouillement – quoique assez relatif sous nos latitudes – de certains biens retenus indispensables et devenus futiles… saurons-nous les prolonger et les développer lorsque le vilain virus aura été maîtrisé ?

La victoire de la Vie sur la mort célébrée à Pâques, la joie et la force de la Résurrection me permettent de croire que des valeurs fondamentales telles que le dévouement, la famille, la patience, l’humanité dans son vrai sens, la fraternité… seront remises à l’honneur.

« J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants. Espère le Seigneur, sois fort et prends courage, espère le Seigneur. » (Ps 26[27], 13-14)

Messages de jeunes Vaudois à Dieu

• Mon Dieu, même si je ne te vois pas, je sais que tu es là, je sens ta présence. Quand je me promène dans la nature et que je regarde autour de moi, je me rends compte à quel point les choses que tu as créées sont belles. Je suis fière, honorée d’être ta fille car en chacun de nous il y a un peu de toi. Même si j’ai parfois des doutes, je sais que tu veilles constamment sur nous et que tu nous accompagnes tout au long de notre vie.
Pourquoi as-tu doté l’homme d’intelligence et non de sagesse ? Tout ce qui passe aujourd’hui dans le monde, était-ce prévu ?
Même si notre monde n’est pas parfait, je l’aime et je suis heureuse d’y être. Merci pour tout !

• Dieu, je ne te vois pas, je ne te sens pas ; pourtant tu réchauffes mon cœur quand je vais mal. Malgré mes doutes sur ma foi, je pense que tu es vraiment là pour ceux qui ont besoin d’aide et tu leur donnes l’espoir. Pourquoi n’arrêtes-tu pas les guerres si tu es puissant comme le disent les prêtres ? Il y a plein de gens qui meurent de la guerre, de la maladie, de la faim. Guide-moi, s’il te plaît, sur le chemin de ma vie !

Ils ont dit:

– « Je vis cette période comme une période de grande incertitude. Mais, si les difficultés traversées sont grandes, c’est pour chacun l’occasion de faire de ce moment un temps pour l’invention, la créativité. » (Pape François, le 8 avril 2020)

– « Nous avons tendance à penser que nous sommes des surhommes alors que nous sommes simplement des êtres humains confrontés à nos vulnérabilités. » (M. Jean-Daniel Tissot, le 10 avril 2020)

– « Le coronavirus n’est pas une guerre ! C’est un test pour notre humanité. » (M. Frank-Walter Steinmeier, le 11 avril 2020)

– « La situation actuelle nous place devant nos contradictions et nous invite à la réflexion. A nous de transformer ce cauchemar en renaissance ! » (M. Philippe Tercier, le 11 avril 2020)

– « Le moment que nous vivons actuellement est un ébranlement intime et collectif. Il nous rappelle que nous sommes vulnérables. Sachons nous réinventer ! Moi le premier ! » (M. Emmanuel Macron, le 13 avril 2020)

– « Nous souhaitons agir aussi vite que possible, mais aussi lentement que nécessaire. » (M. Alain Berset, le 16 avril 2020)

– « … La pandémie, qui nous dévoile la fragilité de la vie, montre à quel point nous ne sommes maîtres ni de la vie ni de la mort, ni de la nature. » (M. François-Xavier Putallaz, le 17 avril 2020)

– « Mon espoir est que nous émergions de cette crise, avides d’un monde pleinement humain, avec la conscience que pour y vivre et le transmettre à nos enfants, nous nous résignerons à vivre avec la vérité, qui est que nous avons déjà contracté le virus de 70 ans, dont aucune quarantaine ne nous sauvera. » (M. Joshua Mitchell, le 20 avril 2020)

– « Nous avons péché contre la terre. » (Pape François, le 22 avril 2020)

Prière

Dieu d’amour, regarde ta famille. Viens en aide à notre humanité éprouvée par tant de souffrances. Console ceux qui pleurent, soutiens ceux qui relèvent courageusement le défi de la solidarité. Par la résurrection du Christ, tu nous as ouvert un horizon où apparaît une lumière nouvelle. Alors, comme au matin de Pâques, nous pouvons retrouver l’espérance.

Frère Alois de Taizé

Communion de désir et désir de communion

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Nendaz – Veysonnaz (VS), juin 2020

Par Félicien Roux | Photo: pixabay

« Que votre cœur ne soit pas bouleversé. »

Voilà ce que nous dit Jésus en ces temps de privation de communion. Car, depuis ces dernières semaines, nous sentons au fond de nous un manque, un grand vide. Ce jeûne eucharistique imposé nous devient peu à peu lourd à supporter. Et nous nous demandons parfois si nous recevons toujours les grâces de l’eucharistie.

Oui, bien sûr, nous les recevons ! Que nos cœurs ne soient pas bouleversés !

En ce temps où le manque de la communion se fait ressentir, soyons sûrs et certains, même si nos sens ne perçoivent rien, que Jésus se donne à chacun et chacune de manière nouvelle et différente.

Nous recevons vraiment ce sacrement que nous désirons du fond de notre cœur. Et cette communion de désir, comme l’autre communion, croyons-le, nous soutient, nous fortifie, nous réjouit, nous purifie et nous unit plus intimement à Jésus.

Oui, désirer ce Pain de vie, Jésus, de toutes nos forces, c’est le recevoir ; et c’est aussi le découvrir déjà présent au fond de nos cœurs où il nous y attend. C’est lorsque nous ressentons ce vide, ce manque, que Jésus est plus proche de nous, il nous porte et il vient à nous pour nous remplir de sa présence aimante et consolante.

Et cette présence de Jésus ne se limite pas qu’au sacrement…

Jésus est présent lorsque la Parole est proclamée, lorsque nous lisons la Bible, Parole de vie. Jésus est présent lorsque deux ou trois sont réunis en son nom. Jésus est présent dans le plus petit, le méprisé. Jésus est présent dans un geste d’amour, de charité. Jésus est présent en nous depuis notre baptême.

Cherchons Jésus en nous et faisons silence pour le découvrir dans nos cœurs où il nous y attend. Demandons-lui de venir nous combler de sa présence et réinventons notre manière d’être nourris par Jésus en « inclinant l’oreille de notre cœur », en ruminant une Parole de la Bible ou en lui répétant sans cesse que nous l’aimons.

Alors, quand nous pourrons à nouveau communier, nous serons remplis d’une grande joie, d’une grande paix. Nous ressentirons l’amour de Dieu nous envahir, nous transformer, nous rajeunir et devenir peu à peu ce que nous recevons le Corps du Christ.

Drôle de printemps!

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Notre-Dame des Glaciers (VS), juin-juillet-août 2020

Texte par le chanoine Jean-Pierre Liaudat, curé | Photo: DR

Le 26 février, nous entrions en Carême par le mercredi des Cendres. 

Et quinze jours après, le 14 mars, toutes les « activités religieuses » étaient stoppées. Le coronavirus et la nécessité de lutter contre sa contagion nous ont pris par surprise et nos libertés fondamentales ont été mises à mal par les nécessaires mesures sécuritaires et sanitaires.

Les messes, le catéchisme de préparation à la première communion, le groupe biblique, les répétitions de nos chorales, de nombreuses autres activités pastorales, tout s’est mis est en veille en raison des mesures de prévention liées au coronavirus.

Mais il n’était pas question de confiner l’esprit de communauté qui règne dans le secteur et au-delà et il était important de pouvoir échanger, vivre la suite du Carême et le Temps pascal dans la sérénité et la joie de la Résurrection. Le virus nous permet de faire communauté tout en restant chez soi, en cherchant à vivre une « communion spirituelle » à travers les différentes propositions de prières collectives via les médias (chapelets, neuvaines, chemin de croix, eucharisties retransmises à la télévision, par YouTube) et le choix était vaste.

Alors, Monsieur le Curé, avec le confinement, vous n’avez plus rien à faire ?
Ne croyez pas que les prêtres n’ont plus rien à faire. L’épidémie de coronavirus n’empêche pas la vie paroissiale de continuer, avec les mails, les messages, le courrier, le téléphone : ce sont des heures de communication pour écouter, maintenir des liens, encourager, redonner confiance, prier. 

Chaque fin de semaine plus de 80 mails contenant des textes de méditation, de prière, de jeux et même d’humour sont envoyés. 

Ces feuillets sont aussi disponibles dans toutes les églises du secteur. Dans la paroisse de Salvan, ils ont été acheminés par Edith Bochatay, qui passait les porter sur le pas de porte à plus de 15 personnes. Un tout grand merci à elle.

Mais il n’y a pas que ce que le prêtre « fait », il y a la « prière » qui tient une grande place dans ma vie, et tout spécialement l’eucharistie que je souffre de ne pouvoir célébrer avec une communauté. Prier, c’est ma principale mission, intercéder, supplier mais aussi remercier et rendre grâce pour tant de gestes de solidarité et de paroles de tendresse, suscitées par l’Esprit.

A ce jour, nous ne savons pas combien de temps durera ce confinement. Quoi qu’il en soit, nous sommes invités à le vivre comme un temps privilégié, une aventure spirituelle autant qu’il est possible, un temps de purification, de réconciliation avec nous-mêmes, de rapprochement avec nos familles, nos voisins, et un temps d’une plus grande intimité avec notre Dieu, en nous mettant davantage à son écoute. 

Gardons l’espérance. Ne ressassons pas ce qui fait mal, comme dit l’auteur du Livre des lamentations, « les bontés du Seigneur ne sont pas épuisées, ses miséricordes ne sont pas finies. »

Une année pastorale exceptionnelle…

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP de la Champagne (GE), juin 2020

Pour l’équipe pastorale: l’abbé Robert Truong, votre curé
Photo: François de Limoges

Aux paroissiennes, aux paroissiens, aux amis de l’UP Champagne,

Tout s’arrête et la vie va au ralenti depuis le 11 mars ; cette date, je m’en souviens très bien : lors de la séance autour de notre évêque et ses prêtres conseillers à Fribourg, celui-ci a décidé que nos célébrations et rassemblements en église devaient être supprimés jusqu’à nouvel avis à cause de l’épidémie du coronavirus.

Nous avons bien commencé l’année pastorale avec l’accueil de la  nouvelle équipe et l’installation du nouveau curé. Un départ fort pour nos cinq communautés paroissiales, avec ma conviction comme curé serviteur : toute l’Eglise, celle qui célèbre et qui prie, qui agit et se recueille, qui se souvient et qui cherche, l’Eglise qui croit, qui espère, qui aime, qui, dans les mille situations de l’existence, tisse entre ses membres des liens visibles et invisibles, est l’Eglise vivante de Jésus ressuscité.

Et puis, cette communauté vivante de l’Eglise, c’est aussi le cortège des humbles, des plus proches du Christ : cette sorte d’armée secrète qui se recrute partout, qui se perpétue même aux époques de décadence, qui se dévoue, se sacrifie, sans idée de révolte ni même de réforme, qui témoigne ainsi dans le silence et le confinement que l’Evangile est toujours fécond et que le royaume est déjà parmi nous. 

Il s’agit pour nous tous, membres de cette Eglise vivante, d’être attentifs à la manière dont nous pouvons travailler pour stimuler la santé de ce corps que nous formons : répartir nos compétences, nos talents et prendre conscience que nous dépendons les uns des autres ; nous avons besoin les uns des autres.

Mon ardent désir est de vous revoir toutes et tous en bonne santé lors de nos célébrations et activités paroissiales pour continuer le chemin.

Que le Seigneur nous bénisse et nous protège dans sa Paix !

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