La femme derrière la vocation masculine

Dans la majorité des situations, l’interpellation au diaconat reçue par l’homme se concrétise dans une histoire construite à deux. Pour l’épouse, un rapport particulier s’instaure, à la fois «en dedans et en dehors» du diaconat. Regards féminins sur un appel qui n’est de fait, à la base, reçu que par le mari.

Par Myriam Bettens
Photos: cath.ch, Ciric, DR

«Il y a plusieurs moments de la célébration où l’épouse peut manifester que celui qui est ordonné n’est pas un célibataire.»
Françoise Georges

« Mon « oui » est une réponse donnée directement à Dieu. C’est ma façon de collaborer à l’appel fait à mon mari », révèle Colette Pembe Tornay avec un sourire dans la voix. Son conjoint, Pascal Tornay, a été ordonné le 9 juin dernier à l’église Saint-Michel de Martigny Bourg par Mgr Jean-Marie Lovey. Elle se remémore encore cet événement avec émotion : « Ce moment reste gravé dans ma mémoire, tout comme notre mariage. » Bibiane Sanou confirme les sentiments ressentis par sa consœur. Lorsqu’elle voit son mari Jacques couché au sol lors de l’ordination, les larmes lui montent aux yeux : « Je me suis dit : « Ça y est, mon homme est devenu tout petit devant Dieu ». » En effet, l’ordination, vécue en premier lieu par le mari, ne fait pas l’impasse sur l’apport de la conjointe durant la liturgie : « Il y a plusieurs moments de la célébration où l’épouse peut manifester que celui qui est ordonné n’est pas un célibataire », clarifie Françoise Georges, responsable avec son époux Bertrand du discernement et de la formation des futurs diacres permanents au Centre catholique romand de formation en Eglise (CCRFE). Colette Pembe Tornay témoigne qu’elle a pu s’exprimer lors de la cérémonie : « Mes raisons ne devaient pas être superficielles. J’ai dû expliquer le pourquoi de mon accord à l’appel de mon mari. »

«J’ai dû expliquer le pourquoi de mon accord à l’appel de mon mari.»
Colette Pembe Tornay

Le diaconat, une suite logique

L’adhésion à cet appel est unanime, mais vécu de manière totalement différente d’une femme à l’autre. « J’ai bien senti que c’était le souhait de mon mari de répondre à cet appel. Il n’y avait pas de raison de s’opposer à cela, et cette décision faisait sens à mes yeux », affirme Caroline Villiger Hugo, dont l’époux a été ordonné en 2016 à la paroisse de Belfaux. Pour Jacques Sanou, devenu diacre en septembre dernier à Versoix (GE), servir les autres est une seconde nature : « Je m’occupais déjà beaucoup de la paroisse et de différents aspects liés à la diaconie, mais sans être diacre. » Sa femme complète : « Ma réponse à son appel n’est que la confirmation de sa vocation de service. Une mission noble à mon sens. » Françoise Georges va même plus loin et insiste sur la dimension de couple que revêt, dans son cas, l’interpellation au diaconat. « Dès le début de notre cheminement en couple, nous avons fait le choix de répondre à l’appel de Dieu, d’engager notre vie au service du Christ et de l’Eglise. »

Un engagement partagé… ou pas

« La vocation de mon mari a renforcé notre projet de couple et Christ en est d’ailleurs le tiers garant », considère Colette Pembe Tornay. Son conjoint Pascal parle même « d’acte fédérateur » en évoquant la place du diaconat dans leur union. Au sein de la famille Sanou, la mission diaconale est envisagée à la manière d’un cheminement commun, mais avec des attributions différentes. « Pour le moment, j’assume l’agenda familial en essayant de décharger au maximum mon mari afin qu’il puisse se consacrer pleinement à sa vocation de service », commente Bibiane Sanou. Pour sa part, Philippe Hugo juge que sa femme n’a pas besoin de son ministère diaconal pour assurer et garantir sa mission de baptisée. « Il est clair que le mariage est le socle sur lequel se fonde mon ministère diaconal, et que mon épouse en partage spirituellement les enjeux, de même que les contraintes matérielles et temporelles. Toutefois, il n’est pas nécessaire que l’exercice du ministère soit partagé pour que la grâce soit communiquée. » Elle l’atteste d’ailleurs : « De manière habituelle, Philippe officie pendant les messes, et moi je suis dans l’assemblée. Je ne vis pas cette situation comme une séparation. La messe est un moment en présence de Dieu, peu importe que nous soyons physiquement proches ou pas. »

A chacun de trouver sa place

Le couple formateur, Françoise et Bertrand Georges, constate à la suite de nombreux témoignages que le sacrement de l’ordre vient, d’une manière assez subtile, bonifier celui du mariage. A chacun de trouver sa manière d’exprimer la place que le couple doit occuper symboliquement pour l’Eglise dans le contexte particulier du diaconat, en fonction des personnalités et des charismes.

Vers des femmes diacres?

Selon le pape émérite Benoît XVI (à droite), l’ordination des femmes comme diacres doit être clarifiée théologiquement.

« Selon le pape émérite Benoît XVI, l’ordination des femmes comme diacres doit être clarifiée théologiquement. Selon lui, il ne faut pas laisser la question se décider par la seule évolution historique de l’Eglise, a-t-il fait savoir lors du 50e anniversaire de la Commission théologique internationale (octobre 2019, ndlr) », relevait Cath.ch en décembre. Le document final du Synode sur l’Amazonie, paru en octobre dernier, a aussi suggéré de retravailler la question du diaconat féminin, car des femmes accomplissent d’ores et déjà des tâches dévolues aux diacres ordonnés. 

« Cela pourrait être beau, mais l’autorisation de le faire manque encore », estime Colette Pembe Tornay lorsqu’on l’interroge sur la possibilité d’ordonner des femmes diacres. Quant à Bibiane Sanou, elle n’en voit pas la nécessité : « Les femmes s’impliquent activement dans la vie paroissiale en tant que bénévoles. Donner un statut particulier à certaines et pas à d’autres risque de provoquer des conflits. » La réflexion devrait même s’opérer plus largement. « Je suis persuadée que la place de la femme dans l’Eglise doit être mieux réfléchie. Personnellement, je ne désire pas le diaconat pour moi-même, et si cela devait s’ouvrir pour les femmes, cela ne doit pas forcément se réaliser dans le couple », avance Caroline Villiger Hugo.

L’accompagnateur des candidats au diaconat, Bertrand Georges, abonde dans le même sens. « Il est bien évident qu’il y aurait lieu de mieux prendre en compte les charismes féminins. Il y a parfois des compétences dont l’Eglise se prive. Je trouve par exemple regrettable que seules quelques femmes aient été invitées au synode sur la famille. » Il n’est toutefois « pas convaincu que la voie du ministère ordonné soit celle qu’il nous faut emprunter. Il n’en demeure pas moins que les inestimables services rendus par des femmes doivent être mieux valorisés ». Françoise Georges partage cet avis tout en soulignant que « personnellement, je n’aspire pas à l’ordination parce que je me sens pleinement à ma place et reconnue dans mon identité de femme. Même mariés, chacun garde une relation personnelle avec Dieu et vit son propre chemin de foi. Toutefois, je fais l’expérience que ma vie se trouve enrichie du don du sacrement de l’ordre qu’a reçu Bertrand. C’est comme un lien supplémentaire qui me rattache à l’Eglise ».

«Il est bien évident qu’il y aurait lieu de mieux prendre en compte les charismes féminins. Il y a parfois des compétences dont l’Eglise se prive.»
Bertrand Georges

Epouse de diacre

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Glâne (FR), février 2020

Par l’Abbé Theophil Mena | Photo: DR

« Comme les diacres permanents, leurs épouses doivent être dignes, point médisantes, sobres, fidèles en toutes choses. » 1 Tim, 3, 11

C’est vrai que nous parlons bien souvent du diacre, cependant, nous ne pouvons pas oublier une personne avec laquelle il doit vivre et à laquelle il est lié par le sacrement du mariage: son épouse, dont la présence et l’accord sont indispensables dans l’exercice de son ministère diaconal. Quand l’Eglise ordonne diacre un homme marié, elle demande l’assentiment de son épouse, et pour cause, le diaconat bouleverse la vie du couple et de la famille. Par l’ordination diaconale de son mari, elle doit composer avec le diaconat. Quel rôle jouer ? Quelle place occuper ?  Une épouse d’un diacre témoigne :

Agée de 57 ans, elle est mère de famille, très croyante et très engagée dans sa paroisse : Il y a 15 ans que mon mari a été ordonné diacre. Notre vie a été transformée mais pas bouleversée. Je suis très heureuse. J’ai traversé avec grande confiance et sérénité les années de formation et de discernement aux côtés de mon mari, c’était l’occasion d’un approfondissement de notre vie spirituelle en couple, de moments partagés et d’enrichissement ecclésial et intellectuel. Notre vie de couple s’en est trouvée grandie, comme notre vie de foi, même si ce ne fut pas facile.

Et l’ordination ! Sûrement le moment où il s’est allongé sur le sol. C’est seulement à ce moment-là que j’ai réalisé que l’Eglise me « prenait » mon mari. Et l’imposition des mains par l’Evêque ! Lors de sa première célébration, le dimanche suivant, j’étais terriblement émue. Oui, je l’offrais aux autres et je l’acceptais. J’en comprenais bien le sens et je me suis sentie embarquée avec lui. Nous échangeons beaucoup en couple. Notre vie de couple est vraiment nourrie de cette nouvelle vie et cela est très apaisant.

Pendant ces années de vie commune, je n’ai pas eu de questionnement identitaire, j’ai toujours ma place d’épouse, de mère de famille et de femme active et engagée. C’est en restant moi-même en vérité que je l’accompagne au mieux dans sa vie de diacre. Je considère qu’il n’y a pas, à proprement parler, de rôle de la femme de diacre. J’ai ma place en fonction des impératifs professionnels, familiaux et pastoraux. Je reste attentive à accompagner mon mari par l’écoute, la prière, l’aide matérielle dans ses activités paroissiales, mais aussi par des conseils ou avis. Le partage de ce qui se vit dans le cadre de sa mission, les rencontres liées au ministère, les temps de méditations et de recollections ensemble nourrissent et enrichissent notre couple.

En acceptant de prendre un diacre comme époux, je suis consciente que la vie familiale et la vie de couple sont sources de joies, de bonheurs, parfois de préoccupations voire de souffrances. Mes priorités sont celles d’une femme de diacre, mère de 3 enfants. C’est toute la richesse de l’amour de Dieu que l’on reçoit dans notre couple. Sincèrement, il y a eu des moments difficiles  à gérer quand les enfants étaient petits, mon mari étant souvent absent le soir. Mais petit à petit, j’ai compris ce que le diaconat, reçu par ce dernier, a fait rejaillir sur moi, sur notre famille, sur notre entourage, et ai apprécié les richesses de l’amour de Dieu et la réalité de notre vie de baptisés.

Nos enfants dans tout cela : tous très jeunes au moment de l’ordination, ils n’ont pas été amenés à s’exprimer. Ils le font bien volontiers aujourd’hui. Pour eux, le diaconat s’inscrit naturellement dans la vie familiale, ils ont une chance extraordinaire d’avoir un papa diacre qui les aide à grandir, sa vie de foi et de prière est tellement forte qu’il contribue à développer la vie des enfants. Il y a 15 ans, j’étais loin d’imaginer ce que Dieu allait faire de nous par son appel, et ce qu’il allait donner à notre famille. Toute ma famille est heureuse de vivre cette expérience. 

Je remercie le bon Dieu, car c’est une grâce pour moi d’être épouse d’un diacre. L’ordination de mon mari a changé mon regard sur l’Eglise, elle m’a permis  de découvrir l’Eglise de l’intérieur. J’aime cette Eglise aves ses qualités et ses défauts. Je vois ma place d’épouse de diacre comme une place d’accompagnant par ma présence, par la prière, par l’écoute et par l’attention en ayant le souci de son emploi de temps, pour pouvoir continuer à prendre le temps de nous retrouver, de dialoguer et de nous poser pour mieux vivre l’appel du Seigneur. Toute ma famille est heureuse de vivre cette expérience. Nous avançons en toute confiance, que Dieu nous protège.

Diacre femme, et pourquoi pas!

Par Sylvie Dépraz, diacre EERV *
Photo: DR
* Eglise évangélique réformée du canton de VaudCet appel, il est venu, revenu… comme Dieu sait le faire : Il a insisté. J’ai hésité, j’ai eu peur, je ne me croyais pas capable, j’étais trop vieille, et puis je me suis rendu compte que cet appel était sérieux et qu’il fallait que je prenne le temps d’y répondre. J’ai dit oui du fond du cœur et dans la confiance que Dieu serait là à mes côtés tous les jours.

Voilà bientôt dix ans que je mets mon engagement comme diacre dans l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud à son service, en paroisse et dans un ministère caté/jeunesse. Je fais équipe avec des collègues pasteurs, diacres, hommes et femmes, et j’aime ces équipes mixtes. Je sens parfois une surprise, de temps à autre de la résistance ou de l’ignorance parce que je suis une femme, mais je sens plus largement accueil et reconnaissance.

Les religions portent un lourd héritage venu des sociétés patriarcales. Difficile dès lors pour les femmes de trouver leur juste place.

Je crois profondément que nous avons besoin de la diversité de nos sensibilités, du partage de nos préoccupations et de nos visions pour être Eglise aujourd’hui.

Une préposition qui pose question !

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Notre-Dame de la Brillaz (FR), février-mars 2020

Par Jean-François Deléaval | Photo : https://gentlemanscholar.org

Phébée, diaconesse de l’Eglise de Cenchrées.

Ce mois, le thème central de L’Essentiel est « Femme de diacre ».

Belle décision, en vérité, que ces femmes ont prise : accepter que leur mari devienne diacre et de parcourir, ensemble, le cheminement qui conduira le postulant au diaconat.

Certaines épouses restent en retrait de la mission de leur époux, d’autres y sont engagées à des niveaux divers. Mais la plupart ont suivi la formation initiale avec leur mari, elles continuent à être invitées aux rencontres des fraternités de diacre ou avec celles de l’évêque, aux récollections ou encore à participer à la formation permanente. Ainsi, plutôt qu’épouse de diacre » je dirais que chacune est avant tout une « femme dont le mari est diacre ». 

A la suite d’une enquête organisée par l’épiscopat français, dans ce genre de couple, les décisions prises sont en faveur de la famille mais l’épouse apparaît souvent comme la gardienne de l’agenda et c’est encore elle qui alertera sur les surcharges d’emploi du temps. 

Les pages centrales de L’Essentiel de ce mois sont donc « Femme de diacre ».

Est-ce que l’Eglise a peur de laisser tomber le « de » et n’ose pas poser franchement la question : « Femme diacre » ?

Le Pape actuel a évoqué le 12 mai 2016, à l’assemblée internationale des supérieures générales, la possibilité de créer une commission chargée de clarifier la question du diaconat des femmes, commission composée de six hommes et six femmes. Sage décision mais lenteur vaticane ! Les recherches seront encore une fois retardées par des questions théologiques sur le diaconat ordonné pour les femmes. Puis nous avons toujours le terme récurrent de « la femme dans l’Eglise » : attention c’est une créature diabolique et il faut s’en méfier ! N’a-t-on pas entendu, souvent au siècle dernier, que celle-ci devait se cantonner à leur rôle de reproductrice et de femme d’intérieur ? 

Hélas, force est de reconnaître que dans notre hiérarchie vaticane, la mentalité n’a que peu évolué ! Et pourtant, si je relis ma Bible, je constate que lorsque Israël ou l’humanité est dans la dèche, c’est toujours une femme qui sauve la situation. Et, là, je pense à la Vierge Marie…

En vérité, la créature que Dieu a confiée à l’homme est un trésor de qualités, de dévouement et de sagesse : il est temps qu’on le reconnaisse et surtout qu’on lui confie des responsabilités au sein de l’Eglise. Oui, mais vous êtes bien obligés de le reconnaître, l’Esprit Saint a encore beaucoup de travail…

Les femmes de diacres permanents en pleine lumière

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Glâne (FR), février 2020

Par l’Abbé Theophil Mena | Photo: Abbé M. Python

Le diacre permanent n’est ni « un sous-prêtre, ni un super laïc ». Mais qu’est-il au juste ? Et quelle doit-être sa place dans l’Eglise ? Quelle est la place de son épouse dans l’exercice de son ministère ? Ces interrogations souvent exprimées par les fidèles catholiques traduisent la méconnaissance d’un ministère si précieux et très présent dans nos communautés chrétiennes.

Beaucoup de catholiques pratiquants ont plus de mal à comprendre la mission du diacre permanent, son rôle et sa place dans notre Eglise.

En effet, l’histoire de l’Eglise nous enseigne que cette forme de ministère était en désuétude. Il a été rétabli par le Concile Vatican II en 1964 « non pas en vue du sacerdoce, mais en vue du service » (Constitution Lumen Gentium).

A ce sujet, le pape François a saisi l’occasion pour rappeler le charisme et la mission du diacre permanent dans l’Eglise : il n’est pas un prêtre en second, il est « autre chose », il est le gardien du « service » dans l’Eglise (audience générale du 25 septembre 20019). Les diacres permanents sont « le sacrement de service de Dieu et des frères » dans nos communautés paroissiales.

Aujourd’hui, dans notre diocèse, ces hommes mariés, formés et ordonnés au service de l’Eglise ne sont certes pas nombreux, restent peu connus mais leur présence nous renvoie au rôle important du Christ serviteur. Le diaconat permanent est une vocation spécifique, une vocation familiale qui rappelle le service comme un don caractéristique du peuple de Dieu. Le diacre permanent est pour ainsi dire le gardien du service de l’Eglise : service de la parole, service de l’autel et service des pauvres, a insisté le pape François.

Il est certain que la grande majorité de nos diacres permanents font preuve de générosité, de zèle et leurs épouses, acceptant que leurs maris embrassent une telle responsabilité sont aussi édifiantes. Quels sont alors le rôle et la place de l’épouse d’un diacre permanant dans la vie et l’exercice de son ministère ?

Les femmes font la différence

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs de Sierre (VS), février 2020

Texte par Mercedes Meugnier | Photo: LDD

Très engagée, Mercedes Meugnier se pose la question de la place de la femme en Eglise. Elle a notamment participé aux Journées d’études européennes (ANDANTE, alliance européenne d’organisations féminines catholiques) l’an dernier. Comment les femmes trouveront-elles leur juste place et recevront-elles la reconnaissance qui leur est due?Les femmes se sentent interpellées par les abus commis au sein du clergé catholique, faits largement diffusés par la presse.  Même si les journées d’études ANDANTE  2019 de Bucarest ne portaient pas sur la question des abus en particulier, leur connaissance mondiale marque, sans aucun doute, un point d’inflexion et questionne l’attitude de la hiérarchie catholique et l’évolution de cette Eglise. Alors, quelle place pour les femmes dans notre Eglise ? Cette question intéresse les femmes catholiques d’Europe et d’ailleurs.

Le sort des femmes dans l’Eglise catholique est similaire au sort des femmes dans la société. Les valeurs patriarcales à forte connotation machiste sont présentes dans toutes les strates de la hiérarchie catholique (parmi d’autres Eglises) où, les dérives d’un cléricalisme obsolète laisse aux femmes le soin de cultiver les « vertus féminines » de don de soi, d’abnégation, de service et de discrétion. Eloignées des zones de décision, elles sont – et se sentent – marginalisées malgré des connaissances et des compétences similaires à celles des hommes.

En 2017, une marche a été menée par des femmes catholiques de Suisse. « Habemus Feminas » : pour une Eglise avec les femmes (voir le film du même nom). Cette marche partie de Saint-Gall jusqu’au Vatican illustre cette volonté de faire changer les choses.

Actives et responsables
Il y a une réelle aspiration de la part des femmes à jouer un rôle plus actif et à prendre des responsabilités et nous pensons que le temps est propice. Les problématiques sociétales complexes (migrations massives aggravées par les changements climatiques)  touchent de plus en plus de personnes. Ne pas s’en préoccuper risque de creuser davantage le fossé entre riches et pauvres, et aggrave la précarité de nombreuses familles. Par leur situation marginalisée, les femmes sont davantage exposées. Par exemple : l’exploitation et les violences faites aux femmes lors des mouvements migratoires. C’est un problème qui est pourtant connu et largement documenté.

Des rencontres comme ANDANTE offrent des possibilités de formation. Nous découvrons aussi dans des figures bibliques (Lydie, Actes des apôtres 16 : 14-15, Marie de Magdala : femme et apôtre) des modèles qui nous incitent à prendre une part plus active dans notre Eglise. Les femmes se rencontrent pour se former et apprendre les unes des autres. Ce qu’elles veulent, c’est une juste place et une reconnaissance aux côtés des hommes, ni plus, ni moins. Pour contribuer, ensemble, à une Eglise aimante et accueillante où chacun trouve sa place.

Journée mondiale de la Prière des Femmes 2020

Il s’agit d’un mouvement universel de femmes chrétiennes de toutes traditions qui, chaque année le premier vendredi de mars, s’unissent pour observer une journée commune de prière et de solidarité.

La liturgie de la Journée mondiale de prière 2020 sur le thème  « Lève-toi, prends ta natte et marche ! » vient de femmes du Zimbabwe, pays enclavé du sud-est de l’Afrique.

A Sierre, cette célébration aura lieu le vendredi 6 mars à 15h à la chapelle du Foyer Saint-Joseph. Elle sera suivie d’une agape.

La balade du «Notre Père» à Pompaples (VD)

Texte et photos par Béatrice Romeo, Thierry Schelling

Des étapes jalonnent le parcours.

Ce lieu de recueillement en pleine nature est situé aux abords de l’institution des diaconesses de Saint-Loup à Pompaples et proche de l’Hôpital de Saint-Loup près de la Sarraz (VD).

L’accès est possible :

• par le train – la ligne S1 depuis Renens Gare – direction Vallorbe, descendre à Eclépens Gare et prendre le car postal direction Saint-Loup, compter une bonne heure ;

• par la route – la A1 sortie « La Sarraz », prendre la direction Eclépens, continuer pour la Sarraz et enfin se diriger vers l’Hôpital de Saint-Loup, une petite demi-heure de route.

Une fois arrivé, la première impression est non seulement la sensation d’ouverture et de paix que ce lieu transmet, mais également une belle ouverture sur une clairière dominée par une forêt dense.

La deuxième agréable découverte est le parcours dédié à la prière du Notre Père dont le contenu est divisé en dix étapes de recueillement par l’écoute de Dieu et/ou par l’intercession. 

Dès la première étape, vous êtes au cœur de la forêt et, comme souvent en pleine nature, les chemins pédestres ne sont malheureusement pas accessibles aux personnes à mobilité réduite. Certains endroits demandent parfois un petit effort vu les montées qui risquent de distraire quelque peu le randonneur venu chercher la relation à Dieu par la prière et l’écoute.

Emerveillement et magie
Mais rapidement, l’émerveillement et la magie du lieu agissent, grâce notamment au dégagement sur la clairière et au chemin plus plat et plus propice à la méditation qui amène le promeneur aux dernières étapes du récit de la prière du « Notre Père ».

En abordant le chemin du retour, vous pourrez faire une halte pour une petite restauration soit au sein de la bâtisse n° 6 qui dispose également d’une terrasse soit à l’intérieur de l’enceinte de l’Hôpital de Saint-Loup.

Ce lieu permet de redécouvrir la richesse de la nature, sa signification au sein du royaume de Dieu, notre Créateur, et tout particulièrement le sens du message « que ton règne vienne ». 

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L’eau verte de la Maigrauge

Par Pascal Ortelli

Photo: cath.ch

En Basse-Ville de Fribourg, les moniales cisterciennes de l’Abbaye de la Maigrauge cultivent dans leur jardin «secret» une riche variété de plantes aromatiques pour fabriquer un puissant élixir: l’eau verte.

Une recette éprouvée

«L’alcool est fort; il ne faut pas en abuser, mais c’est plein de prières et d’affection», précise Sœur Teresa à propos de ce digestif utilisé aussi contre la grippe. Quelques gouttes sur un sucre ou une à deux cuillères à café dans de l’eau chaude suffisent à faire passer les malaises de toutes sortes.

Les plantes sont soigneusement sélectionnées et distillées en des proportions expérimentées depuis longtemps. C’est que la une recette est connue depuis plusieurs centaines d’années. Certains affirment qu’elle aurait été transmise par les Ursulines qui, lors de l’invasion de Fribourg par les troupes révolutionnaires de 1798, se sont réfugiées quelques années à la Maigrauge.

Une oasis au cœur de la ville

L’Abbaye de la Maigrauge, fondée en 1255, est le premier et seul monastère féminin de Fribourg jusqu’au XVIIe siècle. Depuis plus de 750 ans, les moniales vivent, dans ce coude de la Sarine, une vie de prière et de travail (ora et labora) selon la Règle de saint Benoît et dans l’esprit de la réforme cistercienne. Celle-ci redonne par exemple toute sa place au travail manuel dans la journée monastique.

Leurs principales sources de revenus proviennent de la vente d’hosties et de produits monastiques comme l’eau verte, ainsi que de l’accueil à l’hôtellerie. Les étudiantes bénéficient d’une offre préférentielle pour venir réviser leurs examens au calme, tout en étant soutenues par la prière des sœurs.

Point de vente

Boutique de l’Abbaye de la Maigrauge et autres magasins monastiques de la région.

Infos :
www.maigrauge.ch

Camp communautaire du 30 juin au 6 juillet 2019 à Sète

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP des Boucles du Rhône (GE), janvier 2020

Texte et photo par Madeleine Codemo-Pahud

L’été dernier nous étions 69 à participer à un camp communautaire, intergénérationnel et multiculturel, organisé par Jean-Daniel et Elisabeth Schneeberger.

Intergénérationnel : de 4 à 87 ans. Multiculturel : la plupart des participants étaient originaires d’Erythrée, de Suisse, mais aussi d’Asie ou d’Amérique du Sud.

Au menu le matin : méditation ; petit déjeuner du cœur ; animé par les participants ; message du pasteur Jean-Daniel ; temps de réflexion en petits groupes ; jeux de rôles ; rallye ; prières et chants.

L’après-midi nous étions libres de choisir une activité : balade au Mont Saint-Clair ou le long de l’étang de Thau ; musée Georges Brassens ; tour en bateau sur les canaux de la ville ou plage.

Le mercredi plusieurs excursions dans l’arrière-pays nous étaient proposées : le village de Saint Guilhem-le-Désert, les grottes de Clamouse ; la descente en canoë sur l’Hérault ; la ville d’Aigues-Mortes, sa tour Constance et ses salines.

Le fil rouge de cette année était : « la confiance ». Ce thème a été choisi par une jeune participante. Avant le camp, les participants se sont rencontrés et ont pris le temps de poser de multiples questions sur ce thème qui ont été reprises durant le camp. Autour de trois axes : la confiance en soi, la confiance aux autres et la confiance en Dieu.

Avant de faire confiance à une personne inconnue, nous avons réalisé ensemble qu’il était important de prendre du temps pour réfléchir, de faire preuve de discernement, de poser des limites parfois, afin de ne pas se laisser envahir.

Lors d’une « trahison », il est nécessaire d’en parler, de manifester de l’attention pour rétablir la communication. Si la personne ne change pas son comportement à notre égard, alors il faut trouver une juste distance, tout en gardant le dialogue.

Il peut être utile, aussi quand des relations de confiance ont été blessées ou trahies, de demander l’aide d’une tierce personne (thérapeute, médiateur-trice, etc.)

Nous avons approfondi différents textes bibliques qui nous éclairent dans nos relations humaines et nous guident sur le chemin de la confiance, tout en nous donnant aussi des outils pour nous protéger dans des situations difficiles, où la confiance a été trahie : Psaume 139, Matthieu 14. 22-33, Matthieu 18.15-20, Jean 2. 14-19, Ephésiens 6.10-20…

Enfin, si nous prenons la peine de nous ouvrir à Dieu, nous pouvons lui confier nos joies, nos peines, les bonnes relations, mais aussi les moins bonnes en toute confiance, tout en restant prudents et vigilants.

Ces camps sont une chance pour notre ville, des liens d’amitié se tissent entre les générations et les diverses cultures. Nous comprenons mieux ces familles émigrées qui sont venues dans notre pays et qui prennent part au camp. Leur foi naturelle nous fait chaud au cœur. Je crois qu’ils se sentent accueillis et font preuve d’une grande motivation, afin de s’intégrer au mieux.

Toutes les nations à Sion (Michée 4, 1-3)

Par François-Xavier Amherdt
Photo: DRDans de grandioses visions eschatologiques – tournées vers la fin des temps – les prophètes Michée (4, 1-3) et Isaïe (2, 1-5) annoncent pour Israël ce que l’Eglise est appelée à réaliser : l’ensemble des nations se rassemblent en Sion, la colline de Jérusalem ; elles affluent vers la montagne de la ville sainte où Dieu a assuré sa présence grâce au temple de pierre ; le Seigneur joue le rôle d’arbitre entre les peuples, il exerce la justice et le jugement en associant au salut tous les êtres de bonne volonté ; il fait couler la Loi comme un fleuve et sa Parole comme un torrent, pour que les barrières de races, d’ethnies, de classes sociales ou de religions soient anéanties. Et c’est alors que Jérusalem concrétise ce que son nom signifie : ville de la paix, lieu du shalom, quand les épées sont transformées en socs de charrues et les lances en faucilles pour la moisson !

Si l’Eglise est, comme l’affirme la constitution de Vatican II, la « lumière des nations », lumen gentium en latin, c’est pour constituer le signe et le moyen de l’union des êtres humains avec Dieu et les uns avec les autres (Lumen gentium, n. 1). Selon la perspective biblique, il ne saurait donc y avoir de frontières dans l’Israël nouveau, ni en Suisse entre cantons, entre diocèses, entre communautés locales et missions linguistiques, ni entre notre pays et l’Union européenne, ni avec les catholiques, les chrétiens, les croyants et les chercheurs de sens à travers le monde.

C’est ce que vient de rappeler la grande session pastorale du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg à Palexpo en novembre dernier. Comme les multiples voyages du pape François à travers la planète, récemment en Thaïlande et au Japon. Désormais, le temple de Dieu est le corps du Christ et la chair de chaque personne humaine. La paix est le signe du Royaume, dans l’Esprit Saint qui ne connaît ni murs ni frontières. Elle est à bâtir non seulement pour la fin des temps, mais dès aujourd’hui, là où nous évoluons, dans l’humanité de 2020. L’an nouveau s’ouvre comme un espace pour la réconciliation à accomplir.

Notre-Dame du Bois (FR)

Par Bénédicte Jollès
Photo: cath.chLa canonisation de Marguerite Bays, le 13 octobre 2019, fut l’occasion de découvrir les lieux qui étaient chers à cette couturière passionnée par le Christ et les pauvres. Vous marcherez dans les collines fribourgeoises au milieu de paysages bucoliques.

Parcours « Petit circuit » : 1h30 à pied

1. Commencez par la visite de l’église paroissiale de Siviriez, dans laquelle sont présentes les reliques de Marguerite. Vous vous garerez facilement sur le parking.

2. Rejoignez La Pierra et découvrez sa maison natale, particulièrement sa chambre ornée des objets et tableaux qui lui étaient chers. Dans le couloir de cette maison, la couturière accueillait les enfants pauvres et les villageois qui venaient lui demander conseil. Profitez de l’abri du pèlerin, il offre table et chaises mais aussi souvent des petits gâteaux (confectionnés par une habitante du village) et de quoi préparer des boissons chaudes. 

3. Poursuivez vers Notre-Dame du Bois, une charmante chapelle mariale que fréquentait Marguerite le dimanche, entourée des enfants dont elle s’occupait. En sortant de la ferme paternelle prenez à gauche et marchez tout droit pendant 20 minutes. C’est un havre de paix, dans lequel vous pourrez admirer une Vierge couronnée de style baroque dont Marguerite se sentait très proche.

4. Pour rentrer au village de Siviriez en quittant Notre-Dame du Bois, prenez la route en face de l’entrée, où est indiqué « pèlerinage de Marguerite Bays, petit circuit ». Il fait une boucle et longe la voie de chemin de fer. Au milieu du village, près de l’église, se trouve une grotte dédiée à la Vierge Marie, elle se situe sur le chemin que Marguerite empruntait quotidiennement pour se rendre à la messe. 

Le grand circuit passe par Romont et l’Abbaye de la Fille-Dieu (où Marguerite faisait sa retraite annuelle). Comptez 4 heures.

La chapelle est située non loin de Siviriez.

Une année renouvelée par la bienveillance

Dire du bien fait du bien. Voilà une belle résolution à vivre en famille en ce début d’année pour aider chacun à donner le meilleur de lui-même.

Par Bénédicte Jollès
Photo: pxhere
Petit test. Combien de paroles bienveillantes adressez-vous à vos enfants ou à votre conjoint par jour ? On a tous en tête d’abord ce qui agace ou fait mal : une chambre pas rangée, des heures perdues devant l’ordinateur ou au foot, le manque de tendresse… Si nous n’y prenons garde, les reproches s’enchaînent et deviennent contagieux. Et pourtant cet adolescent qui provoque, cet enfant trop turbulent, ce conjoint qui fuit un peu trop la vie familiale dans ses loisirs, n’ont-ils pas des qualités et des talents qui méritent d’être soulignés ?

La parole de bénédiction – qui dit du bien – est indispensable en famille. A l’image de celle du Père des cieux, elle donne vie, fortifie, fait grandir et apporte la joie. Il ne s’agit pas de flatter nos proches avec naïveté ou démagogie, mais de souligner ce qui en eux est beau, juste et vrai. Voilà une excellente façon de leur faire prendre conscience de leur valeur pour nous. « Hugo, qui était facilement coléreux à dix ans, s’est apaisé quand nous avons cherché à souligner ses qualités en famille », reconnaît Augustin son père. 

Le résultat d’un choix intérieur
La patience n’est pas naturelle quand les contrariétés se renouvellent. La bienveillance résulte d’un choix intérieur, et les dons de l’Esprit Saint l’amplifient. Si nous l’invoquons, petit à petit, il change nos cœurs de pierre en cœurs de chair, capables de miséricorde et d’émerveillement.

La capacité à bénir résulte d’un choix de vie radical présenté déjà dans l’Ancien Testament : « Je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que toi et ta postérité vous viviez, aimant Yahvé ton Dieu, écoutant sa voix, t’attachant à Lui ; car là est ta vie. »
(Dt 30, 19-20)

Mgr Georges Chevrot, auteur et prédicateur spirituel, disait : « Délivrons-nous de cette maladie du dénigrement. Sans renoncer à notre esprit critique quand c’est nécessaire. Obstinons-nous à considérer ce que les autres ont de bon et font de bien. »

Les chanteurs à l’Etoile sont passés

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Haut-Lac (FR), janvier-février 2020

Texte par Pierre-Clément Schmidt | Photo: M. Julmy

Les enfants aident d’autres enfants

Les fêtes et l’effervescence de décembre sont déjà passées. Les enfants de Cressier ainsi que ceux de Barberêche-Courtepin, habillés en anges, en bergers et en rois mages ont été envoyés en mission pour apporter la bonne nouvelle aux familles et aux personnes seules en allant frapper aux portes des maisons et chanter la joie de Noël. Ils ont rappelé le sens profond de cette fête : la venue de l’enfant-Dieu dans le monde. Pendant quatre soirs, ils ont bravé la pluie et le froid et sont venus très nombreux avec leur enthousiasme d’enfants apporter une étoile et un luminion de paix.

Cette action permettra l’aide à la reconstruction d’un orphelinat et l’achat de matériel pour les enfants handicapés et défavorisés du LIBAN touchés par la guerre.

Un tout grand MERCI à chacun pour vos dons ainsi qu’à tous ceux qui ont participé à cette noble action pour la paix au LIBAN !

Eglise sans frontières

En novembre dernier, à Palexpo, les plus de 400 agents pastoraux et prêtres du diocèse de Lausanne-Genève-Fribourg se sont penchés sur le thème de la pluriculturalité. Portugais, Italiens, Sud-Américains et Espagnols, Helvètes, mais aussi Croates, Polonais, Camérounais, Togolais, Congolais, Vietnamiens composent la mosaïque diocésaine et pas seulement en Romandie. Opportunités ou tensions?

Par Thierry Schelling
Photos: Ciric, Jean-Claude Gadmer, Diocèse LGF, DRUn constat : aucune des communautés catholiques du diocèse de LGF – paroisse, mission, aumônerie, EMS, groupes de jeunes, fiancés, enfants de chœur… – n’est absolument « mono-culture ». Il y a toujours des membres aux origines lointaines… ou au moins d’outre-Sarine ! On parle de Mission portugaise par exemple, mais il faudrait dire « lusophone » car s’y retrouvent également des Angolais, Cap-Verdiens, Brésiliens. Oui, c’est toujours une histoire de migration, même au sein de groupes apparemment unilingues. Et nous sommes toutes et tous migrants, relisons notre propre histoire de famille.

Aucune des communautés n’est absolument « mono-culture ».

Un peu d’Helvétie…

La diversité, une chance selon Patrick Renz.

La foi chrétienne a été apportée en Romandie, en remontant le Rhône à partir de Lugdunum (Lyon), par des marchands : les premiers épiscopes (ou évêques) à Genève sont Romains, issus de la Grande-Bretagne ou de Strasbourg ! L’abbé Jacques Rime, historien, définit les premiers évêques romands comme « des requérants d’asile » ! La foi et son témoignage se reçoivent toujours d’un autre, qui plus est « étrange(r) » à mon monde : c’est la nouveauté de la Bonne Nouvelle !

La Suisse, terre de migrations tant internes – les catholiques en pays vaudois sont (re)venus s’y implanter d’outre-Sarine et d’outre-Alpes –, qu’externes (France, Allemagne, Italie majoritairement !) l’est aussi par les chiffres : un tiers des catholiques suisses sont migrants, et même 53 % pour le diocèse de LGF ! On y compte une septantaine de missions dites linguistiques ! « Problème ou chance ? » questionne Patrick Renz, ancien président de Migratio, l’organisme de la conférence épiscopale suisse pour l’accompagnement de la migration : « Une chance, of course ! » s’exclame-t-il sans ambages. Et on peut élargir le discours migratoire : il s’agit, par devoir évangélique, d’accueillir l’étranger, ou, comme le rappelait Luca Marin, directeur du CIEMI (Centre d’informations et d’études sur les migrations internationales), de « recueillir l’étranger » selon le terme grec utilisé par Matthieu (25, 35), comme l’on fait d’un hôte, d’un parent, d’un ami 1. 

1 Sunagô a donné synagogue, qui passe en ekklèsia, l’Eglise dont l’ADN est donc… le recueil de l’étranger !

Structures

Jadis pensées comme provisoires, les Missions ont été érigées dans les chefs-lieux cantonaux dès la fin du XIXe siècle (à commencer par celles des Italiens) et, plus intensément au cours du XXe siècle à la suite des grandes guerres : mondiales, froide, du Vietnam… Or, les accueillis demeurant sur place, y élevant leur famille – en 2020, on baptise la troisième génération ! – et y construisant leur avenir, ces Missions doivent devenir fixes dans l’élan du Concile Vatican II (Gaudium et Spes 13, Lumen Gentium 44, etc.), vers plus d’inculturation, et contraignent les autorités diocésaines à repenser la pluriculturalité qui est constitutive de l’Eglise car « la migration est un signe des temps » indéfectible 2. Désormais, non plus côte à côte, mais ensemble !

2 Ce sont Pastoralis migratorum cura de Paul VI (1969) et Erga migrantes de Jean-Paul II (2004).

Ensemble mais…

Dans LGF, AD 2000 3 veut « risquer l’espérance » et faire « route ensemble », et pourtant, aucune mention de sa pluriculturalité qui caractérise déjà le diocèse alors, si ce n’est en ces termes : « Notre diocèse (…) [de par] sa complexité culturelle (…) est riche d’une diversité qui fait en même temps sa faiblesse. » 4 L’interculturel nourrit et peut enrichir les communautés locales d’une présence active et généreuse… malgré un traitement souvent de deuxième classe par les « autochtones ». Les années Schwarzenbach sont encore dans la mémoire des « allophones » les plus âgés, Italiens et Suisses-Allemands en tête…

3 Rassemblement du diocèse de Lausanne, Genève, Fribourg, Neuchâtel de 1997 à 2000 pour le dynamiser synodalement par la mise en œuvre des « attentes et des élans du peuple de Dieu » (Préface des Actes).

4 p. A9 « III. Et notre Eglise, là dedans ? », in : Actes d’AD 2000, Imprimerie Saint-Paul, Fribourg, mars 2001.

De la tête au cœur

Les termes de « racisme, xénophobie, frictions, malentendus, discours direct et indirect », sont à thématiser, comme le souligne la théologienne Sœur Marie-Hélène Robert, de l’Université de Lyon, experte en dialogue transculturel. « Il convient d’apprendre le lexique de l’autre patiemment », renchérit-elle. Et Charles Morerod le souligne : mieux qu’un changement de structures, une session de style synodal veut inviter à un changement du cœur et de l’esprit : « La vraie migration est celle de la tête au cœur », conclut Jacques Rime. Un voyage, parfois périple, une migration, un « déménagement » intérieur qui incombent tant à l’hôte qu’à l’amphytrion ! « Je suis arrivée en Suisse comme Portugaise catholique, et je deviens de plus en plus une catholique portugaise », témoigne sincèrement Maria Helena de Freitas Guedes, agente pastorale à la Mission portugaise du canton de Vaud.

Vraiment plus catholique

Catholique, du grec καθολικός, universel, « tout embrassant », exige l’ouverture à l’autre, « le courage de l’altérité », comme aime à le dire le pape François. La Journée du migrant, ou le Dimanche des peuples sont certes des occasions de se rassembler « catholiquement ». Mais ne suffisent pas car ponctuelles. Le travail de la commission Migratio consiste notamment à établir « des conditions cadres pour la vie en commun entre personnes d’origine diverse » 5 dans la durée. Et le fruit d’une telle session commence après et d’abord par une prise de conscience personnelle, avec confiance et humilité – une attitude qui incombe tout spécialement aux responsables d’Eglise à tous les échelons. Un travail pastoral et humain, donc, qui noue défis et difficultés, entrechoque espérances et freinages. Comme le souligne l’experte de saint Paul, Chantal Reynier, « les communautés des origines étaient fortement mixtes à tous les niveaux, cela ne fait pas de doute. » Et donc, rien n’a vraiment changé depuis !

5 http://www.migratio.ch/fr/qui-sommes-nous/mission-et-vision

Renouveler l’Eglise ensemble

Et en Valais ? Dans sa belle homélie lors de la dédicace de la cathédrale de Sion (13 octobre 2019), Jean-Marie Lovey a invité à construire l’Eglise et à la renouveler, «ensemble, tous, grands et petits, hommes et femmes, jeunes et vieux, laïcs avec nos prêtres». Il manque – à mon sens – un mot sur la pluriculturalité constitutive des communautés catholiques. Car des exemples d’interculturel existent : à Martigny, la communauté portugaise est accueillie depuis deux ans dans l’église Saint-Michel « pour venir vitaliser de sa présence la messe de 9h30 » et apporte « sa ferveur et son enthousiasme » selon leur site web ; la foire de Sainte-Catherine, « incontournable à Sierre » et à l’origine fête de la communauté germanophone ; le curé d’Anniviers est également le chapelain de la communauté polonaise ; la commission diocésaine pour le tourisme demande que soient traduits dans les principales langues de nos hôtes des textes de l’ordinaire de la messe et des livres liturgiques (sites, feuillets à disposition dans les églises…).

Le courage de l’altérité

Par Thierry Schelling
Photo: DREn 2015, pour son Message pour la Journée mondiale des migrants (18 janvier), le pape François avait titré : « L’Eglise sans frontières, mère de tous ».

Dans l’esprit de la Pentecôte, l’Eglise, écrit-il, se doit d’annoncer que Dieu est amour à tous les peuples, diffusant dans le monde entier « la culture de l’accueil et de la solidarité ». Il rappelle que l’accueil de l’étranger est un commandement biblique… qui peut être mis à mal par des catholiques (individus ou communautés) qui expriment leurs suspicions et préjugés vis-à-vis de l’autre venu d’ailleurs, voire leur méfiance et hostilité… On peut se tenir prudemment à distance des plaies du Seigneur, dit-il en paraphrasant Evangelii gaudium (n. 270)…

Soulignant le caractère multiculturel des sociétés contemporaines, le Pape y voit un encouragement pour l’Eglise « à assumer des nouveaux engagements de solidarité, de communion et d’évangélisation ». 

Notez l’ordre : d’abord solidarité – attitude aconfessionnelle – puis communion – forcément celle des différences, dans le respect mutuel de leur autonomie mais enrichie par l’interaction entre elles – et finalement évangélisation – le travail de tout-e baptisé-e : annoncer le Christ, aimer (et faire aimer) le Christ, et servir (et apprendre à faire servir) le Christ, ou plutôt comme le Christ, les autres qui en ont besoin.

Favoriser la culture de la rencontre
L’attitude de base est celle qui favorise la culture de la rencontre avant tout. Le fait migratoire, passé ou récent, aide « à élargir les dimensions d[u] cœur [de l’Eglise] pour manifester sa maternité envers la famille humaine tout entière », conclut-il.

Commençons par regarder dans notre propre communauté, assemblée liturgique, groupe paroissial ou équipe de collègues en ministère, combien pluriculturels nous sommes de facto, et comment nous sommes toutes et tous filles et fils de migrants ! Ce n’est qu’une question de dates dans l’histoire…

Prière pour la famille

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur de l’Entremont (VS), janvier 2020

Photo: pixabay

Père céleste,

Tu nous as donné en la Sainte Famille de Nazareth un modèle de vie.

Ô Père aimant, aide-nous à faire de notre famille un autre Nazareth où l’amour, la paix et la joie règnent.
Que nous puissions être profondément contemplatifs, intensément eucharistiques et vibrants de joie.

Aide-nous à rester unis dans la joie comme dans la peine grâce à la prière en famille. Apprends-nous à voir Jésus dans les membres de notre famille, spécialement dans les moments douloureux.

Fais que le Cœur eucharistique de Jésus rende nos cœurs doux et humbles comme le Sien et qu’il nous aide à accomplir saintement nos devoirs familiaux.

Que nous nous aimions les uns et les autres comme Dieu aime chacun de nous, de plus en plus chaque jour, et que nous nous pardonnions nos offenses comme tu pardonnes nos péchés.

Ô Père aimant, aide-nous à recevoir tout ce que tu nous envoies et à donner généreusement tout ce que tu demandes avec un grand sourire.
Cœur Immaculé de Marie, cause de notre joie, prie pour nous.

Saint Joseph, prie pour nous. Saints Anges gardiens, soyez toujours avec nous, guidez-nous et protégez-nous.    

Ainsi soit-il

Bienheureuse Mère Teresa

L’Eglise est donc catholique!

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, décanat Sion (VS), janvier 2020

Par l’Abbé Philippe Aymon | Photo: Pixabay

Catholique, un mot tout simple qui résume le thème annoncé pour ce numéro du magazine paroissial : « «  Eglise sans frontières  », dans la diversité des âges, des nationalités, des cultures, des langues… » 

Dans l’antiquité les dieux étaient ceux d’une nation : les dieux d’Egypte n’étaient pas ceux des Grecs ou des Romains, ni des Helvètes ou des Gaulois. Certaines divinités étaient associées à une profession : Mithra, dont on a retrouvé un lieu de culte à Martigny, était une divinité dont les fidèles étaient obligatoirement des militaires. Dyonisos était le dieu de la vigne, du vin et de l’ivresse mais pas des cultivateurs d’abricots. 

Mais la religion chrétienne est la première à s’adresser à tous les humains, à être véritablement catholique. Ce mot d’origine grecque signifie : « universel », s’adresse donc à la diversité des âges, des nationalités, des cultures, des langues et ceci depuis l’exhortation adressée par Jésus : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » (Mt 28, 19)

Mais cette mission destinée à l’universalité du genre humain, par laquelle tout un chacun est appelé à faire partie du Peuple de Dieu, n’est que le deuxième aspect de la « catholicité » de l’Eglise. Le premier, le plus essentiel, affirme non pas un aspect géographique ou sociologique, mais théologique. Il recouvre la totalité et l’intégralité de la foi et des moyens de salut dont l’Eglise est dépositaire, ce qui la qualifie à juste titre de « catholique ».

Annoncer le second en oubliant le premier de ces deux aspects, ne serait pas très « Catholique », ce serait la considérer comme une ONG, la réduisant à sa dimension sociologique. Or l’Eglise rassemble des hommes de toutes cultures dans la plénitude de la foi ; ne l’oublions pas à l’heure de la mission !

Pour aller plus loin, on lira avec grand profit le Catéchisme de l’Eglise catholique au
N° 748ss « Je crois à la Sainte Eglise catholique » et plus particulièrement au N° 830ss « l’Eglise est catholique ». 

P.-S. : Et j’allais oublier : toute l’équipe pastorale du décanat de Sion vous souhaite une bonne et heureuse année 2020 !

Jeux, jeunes et humour – janvier 2020

Par Marie-Claude Follonier[thb_image image= »4423″ img_link= »url:%2Fwp-content/uploads/2019/12/Jeux_janv2020. »]

Question d’enfant

Si Dieu nous a créés à son image, pourquoi sommes-nous si différents?
Etre créé à l’image de Dieu ne signifie pas être sa copie. Dieu, personne ne sait à quoi il ressemble. Par contre Jésus nous dit qu’il est Père et que nous sommes tous ses enfants. Un enfant ressemble à ses parents sans leur être conforme en tout point. Avec Dieu, c’est pareil : nous lui ressemblons, parce qu’il nous donne la capacité d’aimer comme il nous aime. Nos différences sont autant de trésors qui manifestent son amour. A nous de les cultiver.

Par Pascal Ortelli

Humour

Lors d’une messe, une maman et Pascal, son enfant de cinq ans, écoutent la prédication d’un père capucin. Celui-ci, fort d’une barbe impressionnante, avec sa bure brune, arrose l’assemblée de paroles fortes, accentuées par des gestes aussi démonstratifs qu’expressifs. Le petit Pascal prend peur devant une telle démonstration de force et se serre contre sa maman. Tout à coup, le père capucin, emporté par son élan, avec son bras, fait apparaître le cordon de sa bure au-dessus de l’ambon. Pascal, paniqué, se tourne vers sa mère : « Maman, on décampe ! Il s’est détaché ! »

Par Calixte Dubosson

Eglise sans frontière

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Clins Dieu sur les Contrées (VS), janvier 2020

Par le curé Alexandre Barras | Photo: Anne-Marie Maillard

Le titre de L’Essentiel de ce mois est évocateur. Alors que cer- taines personnes veulent verrouiller les frontières de leurs Etats et tout contrôler, on nous parle de l’Eglise sans fron-tière. N’y aurait-il aucune limite à l’Eglise?Tout d’abord il faut nous entendre sur le mot Eglise. Ce mot qui signifie «assemblée» nous rappelle que l’Eglise est la communauté des croyants. Tous les baptisés constituent l’Eglise du Christ, le peuple de Dieu. Avec ce simple préambule nous constatons que l’Eglise se trouve partout sur la terre puisque sur chaque continent se trouvent des chrétiens qui prient, qui célèbrent le Christ ressuscité et vivant. C’est la réponse au désir de Jésus que sa Parole et sa présence rayonnent partout et ceci sans aucune frontière de langue, de race, de peuple ou de nation. L’Evangile est universel. Le Seigneur est venu sur la terre pour sauver tous les hommes et les femmes du monde sans exception. C’est ce que nous rappelle le temps de Noël que nous venons de fêter. Le Verbe se fait chair et il a habité parmi nous. Il s’est incarné pour donner au monde la paix, la vie, la réconciliation.

Cependant, pour revenir à la question posée au début de mon propos, oui il y une limite à l’Eglise, cette limite c’est moi ! Puisque l’Amour ne s’impose pas mais se propose, s’offre, je puis donc le refuser, le rejeter. En mettant une frontière à mon coeur et à mon intelligence, je ne permets pas à Dieu de venir me visiter pour faire en moi sa demeure. Je refuse de me laisser aimer et patiemment changer. Comme il est dur de se laisser transformer, de quitter ses mauvaises habitudes, ces certitudes souvent erronées pour embrasser la Vérité ! Mais notre Seigneur ne désespère pas. Il attend sans se lasser que j’ouvre, un peu, ma porte à sa présence. Abattons nos frontières intérieures pour laisser toute la place au Roi des rois, au Seigneur des seigneurs.

Bien à vous frères et soeurs sans frontière.

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