Par Vincent Lafargue Photo: DRLes laudes, les vêpres, vous aimeriez bien les prier… mais le système des pages du « bréviaire » vous a donné mal à la tête dès qu’on a tenté de vous l’expliquer, et le cachet d’aspirine n’est pas fourni avec ces lourds volumes de papier bible…
iBreviary Solution : plusieurs applications gratuites pour smartphones existent. D’abord « iBreviary », certainement la plus jolie même si ce n’est pas toujours la plus fiable. Elle propose non seulement les sept heures classiques (vigiles – laudes – tierce – sexte – none – vêpres – complies) mais aussi les textes de la messe du jour, ainsi que d’autres oraisons et prières. Très agréable à l’œil, l’application vous permet aussi de régler la taille des caractères, le contraste, et un mode nocturne permet un affichage plus doux pour les heures tardives.
Liturgie L’application officielle de l’AELF (Association épiscopale pour la liturgie francophone) est nettement plus sobre, mais toujours exacte et très efficace. Les textes des sept offices ainsi que ceux de la messe s’y trouvent. Un petit « plus » : une fois que vous avez défini l’heure à laquelle vous souhaitez prier tel ou tel office, le bon texte s’affiche automatiquement à l’instant où vous démarrez l’application.
Les deux applications existent également en version « site internet ». Là, c’est clairement celui de l’AELF qui remporte l’avantage avec une version complète de la Bible et l’indication des couleurs liturgiques.
Alors… n’attendez plus pour faire de votre téléphone ou de votre ordinateur un outil de prière !
Applications à télécharger sur l’AppStore ou sur Androïd
Mettre sa vie au diapason du climat : oui, mais comment, quand des obstacles de tous ordres étouffent nos vœux pieux. Les conversations carbone offrent une méthode accessible pour réduire ses émissions de CO2. Elles abordent les aspects techniques du changement climatique en lien avec leurs résonances comportementales.
Grâce à six ateliers, les participants, guidés par deux facilitateurs, discutent – en accord avec leurs valeurs – des mesures pratiques qu’ils souhaitent prendre pour diminuer leur impact environnemental. Ils bénéficient d’un accompagnement ciblé et personnalisé. Valérie Bronchi, facilitatrice, insiste sur la force du groupe : « Nous prenons conscience que nous ne sommes pas seuls dans ce combat. La dynamique de groupe permet d’inscrire les choses dans la durée. Elle donne du souffle et de la légèreté. On touche à l’espérance. »
Des fruits concrets Josiane Berset, jeune retraitée et ancienne secrétaire de la paroisse Saint-Pierre à Fribourg, raconte : « Avec mon mari, nous songions à renoncer à notre voiture, mais sans vraiment oser le faire. » Un participant a alors comparé la voiture à une addiction. « Je n’y avais jamais pensé et cela nous a servi de déclencheur. » Les Berset l’ont vendue en décembre dernier, sans regret.
La qualité des échanges fut telle que le groupe continue de se revoir pour poursuivre informellement la conversation… Même si en Eglise, on est parfois encore loin de ces préoccupations. « C’est la première fois, confie Josiane, qu’on a utilisé pour mon apéro de retraite de la vaisselle en verre. » Comme quoi c’est convaincant !
Un effet boule de neige Développées par une thérapeute et un ingénieur britannique, les conversations carbone ont déjà été suivies par plus de 5000 personnes au Royaume-Uni. Le quotidien The Guardian les place parmi les 20 moyens les plus efficaces de lutte contre le réchauffement climatique. Elles permettent en effet de réduire en moyenne de 1 à 3 tonnes la production de CO2 par personne et par an. En Suisse romande, grâce aux Artisans de la transition, plus de 40 facilitateurs ont été formés depuis 2015 et 120 personnes ont participé à ces ateliers en 2018.
Par Bertrand Georges Photo: pixabayDans la Bible, la paix n’est pas seulement le pacte qui permet une vie tranquille, ni le « temps de paix » en opposition au « temps de guerre » : elle désigne le bien-être de l’existence quotidienne, l’état de l’homme qui vit en harmonie avec Dieu, les autres, lui-même. Elle est bénédiction, repos, salut, vie. Cette paix est beaucoup plus qu’un « cessez-le-feu » ou un « fiche-moi la paix ». Comment alors la cultiver ?
La paix est un don de Dieu « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. »1
La paix se trouve à l’intérieur Un Père du désert se demandait parfois : « Mon Dieu si tu es partout, comment se fait-il que je sois si souvent ailleurs ? » Nous vivons dans une civilisation très
extériorisée. Du coup, nous vagabondons d’une chose à l’autre et ces sollicitations permanentes parasitent l’intériorité. Nous rebrancher sur la source permet un recueillement propice à la paix.
La prière nous aideà trouver la paix « Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes. Alors la paix de Dieu gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus. »2
La paix demandeun engagement « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu », dit Jésus.3« Evite le mal, fais le bien, recherche la paix et poursuis-la », nous enjoint le psaume.4
Le pardon apporte la paix Le sacrement de réconciliation nous offre « le pardon et la paix ». De même, le pardon demandé, accueilli, offert engendre la paix intérieure et entre nous.
« Un bien en entraîne un autre. » 5
Si chaque membre de la famille trouve la paix du cœur, alors, comme dans un cercle vertueux, un climat paisible pourra s’installer.
1 Jn 14, 27 2 Ph 4, 6-7 3 Mt 5, 9 4 Ps 34, 15 5 Saint Nicolas de Flüe
Avec l’augmentation de l’espérance de vie, la vieillesse n’est plus synonyme de privation et de pauvreté, mais plutôt un ensemble de compétences à découvrir, à acquérir et à partager. Aussi dans le domaine de la foi.
Par Calixte Dubosson Photos : PxhereNous sommes entrés dans la société à quatre générations. Le temps des arrière-grands-parents est arrivé, comme celui des arrière-petits-enfants. Les temps changent, toujours plus vite. Beaucoup de mamans travaillent, et les grands-parents, en tous cas ceux qui sont à la retraite, sont souvent d’un grand secours pour garder les petits, les amener et les chercher à la crèche et à l’école, et pour s’en occuper durant une partie des vacances scolaires. Ils font aussi le lien entre plusieurs générations puisqu’ils s’occupent parfois encore de leurs propres parents. Comme le souligne Marie-Françoise Salamin rédactrice de « Trait d’Union », de la Fédération valaisanne des retraités, leur rôle est important : « Au-delà du temps passé à rendre de précieux services à leur famille et à la société, ils transmettent leur savoir issu de leur longue expérience dans une multitude de domaines. »
Un regard positif
L’espérance de vie a fait un bond de quinze ans en quelques décennies. Pour la plupart, la vieillesse n’est plus synonyme de privation et de pauvreté. La retraite n’est plus une fin de parcours, mais un ensemble de compétences à découvrir, voire à acquérir. Le retraité d’aujourd’hui et de demain se sent compétent même s’il accepte d’être partiellement « dépassé » dans quelques secteurs, comme celui de l’informatique. Il se reconnaît « le droit de vivre toutes les dimensions de la vie sociale », comme l’écrit Jean-Pierre Fragnière, auteur de « Bienvenue dans la société de longue vie » 1: « Citoyen, partenaire d’une relation affective, consommateur, actif, etc., – Touche pas à mon bulletin de vote ! Touche pas à mon permis ! Ne te mêle pas de mes affaires. Je fais ce que je veux de mon argent ! »
En outre, les aînés prennent le temps de voyager ou de réaliser ce que la vie active ne leur avait pas permis de faire, faute de temps et d’argent. Ils contribuent ainsi à l’essor de l’économie. Ils sont aussi garants d’une continuité dans les traditions. Dans les communautés religieuses, ce sont souvent les « octogénaires et les nonagénaires qui assurent l’animation de la prière commune », les plus jeunes en étant parfois empêchés par leur ministère que la raréfaction des vocations alourdit fortement. Dans nos assemblées dominicales, beaucoup ironisent en disant que c’est la réunion des cheveux blancs ! Tout en regrettant que les jeunes ne se sentent plus concernés par l’eucharistie ou la prière communautaire. Bertrand, un paroissien octogénaire, indique qu’il faut se réjouir du fait « que les aînés maintiennent par leur présence cet espace qui est signe d’espérance et de foi en l’avenir ».
1 Jean-Pierre Fragnière, Bienvenue dans la société de longue vie, Ed. à la Carte, Sierre, 2016
Proposer la foi
Il est certain que le climat d’amour vécu entre grands-parents et petits-enfants offre un climat favorable pour que soit proclamé l’essentiel du message évangélique, à savoir : « Dieu est Amour… tu es aimé de Dieu. » Mais souvent nos aînés souffrent de voir que le relais n’est pas pris au niveau de la pratique dominicale, par exemple. La souffrance des grands-parents qui apprennent que leurs petits-enfants ne seront pas baptisés est souvent palpable. Que faire, si ce n’est proposer la foi. Un couple de retraités qui a désiré garder l’anonymat témoigne : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés », nous dit Jésus et ainsi nous essayons d’aimer nos petits-enfants avec patience, tendresse, gentillesse, miséricorde et pardon. Nous avons vécu avec eux le silence d’être dans une église. Avec eux, nous avons allumé un lumignon et nous avons prié pour un de leurs copains malades ou pour la paix dans le monde. Ils sont très sensibles à ce qui se passe dans le monde. Ils se rendent compte aussi que nous allons à la messe et ont demandé occasionnellement de venir avec nous. Dans un certain sens, la seule Bible qu’ils peuvent lire, c’est nous. »
Un renfort pour le bénévolat
Le constat est aujourd’hui aussi amer que général : les sociétés qui organisent une manifestation ont de plus en plus de peine à trouver des personnes bénévoles qui se mettent gratuitement au service d’un projet passager ou durable. « Est-ce le résultat de l’augmentation du coût de la vie ou d’un phénomène de société qui va vers un individualisme toujours plus prononcé ? » demande Léonard, chauffeur bénévole de Transport Handicap. La réponse est difficile. Toujours est-il qu’une fois de plus, les retraités sont là pour suppléer aux carences sociales. On les voit donner des cours de français aux réfugiés, par exemple. Certains s’engagent à faciliter les nombreuses démarches d’étrangers qui veulent obtenir la nationalité suisse. Ils ne comptent ni leur temps, ni leur peine pour réunir les éléments d’un dossier fort complexe et quasi incompréhensible pour ceux qui ont fui leur pays en recherche d’une patrie meilleure. Jean-Pierre Fragnière synthétise : « L’altruisme, la générosité, la fraternité, l’amitié, la compréhension de l’autre, l’empathie : c’est ce dont nous voulons le plus et dont nos sociétés riches sont les plus pauvres. »
Solidarité entre les générations
Bien sûr, tout n’est pas si simple car le grand âge pose souvent des problèmes insolubles en matière de santé. Pour Xavier, aide-infirmier, tous les débats actuels sur l’euthanasie ou sur le suicide assisté montrent que c’est bien « l’augmentation de l’espérance de vie qui amène chacun à faire des choix qui sont souvent dramatiques ». Aujourd’hui, beaucoup plus qu’auparavant, ces enjeux questionnent la conscience des individus et des sociétés. Prolonger la vie, oui, mais pour une vraie qualité de vie. Actuellement, nombre de problèmes sociaux et sanitaires ont été délégués à des institutions spécialisées. Les services sociaux aident, voire assistent, les cliniques et les hôpitaux, les foyers pour personnes âgées. Cependant, selon Marie-Claude, enseignante à la retraite, « rien ne remplacera la présence de proches qui les écoutent, qui leur procurent cette affection dont elles ont tant besoin » au risque d’épuiser physiquement et psychiquement ce que l’on appelle aujourd’hui, les « proches-aidants ». Cette solidarité nécessaire et indispensable doit être bien gérée. Plusieurs cantons ou communes ont pris des mesures pour permettre à ces proches de souffler et de ne pas compromettre leur santé, ce qui demande du recul pour éviter les pièges.
Défi du XXIe siècle
Promouvoir la qualité des relations entre les générations et les solidarités mises en œuvre au quotidien, éviter l’apparition de ghettos sociaux au sein de la société, tel est le défi majeur du XXIe siècle. Le chantier est long et permanent. Il vaut la peine d’y travailler tous ensemble.[thb_image lightbox= »true » image= »3706″]
Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin
Des livres
Comment peut-on être catholique ? Denis Moreau
« Les Actes des Apôtres indiquent que les premiers chrétiens se désignaient comme les « adeptes de la Voie ». Tombée en désuétude, cette expression gagnerait à être réactivée, surtout dans les milieux branchés. Si vous déclarez « je suis catholique », on vous prendra pour un imbécile. Si vous vous y présentez comme « adepte de la Voie », vous susciterez à coup sûr l’intérêt. Peut-être même vous fera-t-on l’honneur de penser que vous êtes bouddhiste. » C’est par ce constat et tant d’autres que le philosophe Denis Moreau nous invite à être fiers de notre foi et à endosser sans complexe l’étiquette de catholique.
« Ce livre n’a pas pour but de faire l’éloge de la famille idéale, bon chic, bon genre, bourgeoise, nombreuse et apparemment sans problème, mais bien de la famille telle qu’elle est aujourd’hui, avec ses joies et ses peines, ses heurs et ses malheurs, au sein d’une société qui ne draine pas moins de 50% de divorces, et donc d’échecs, de blessures familiales, d’enfants perturbés. » En s’appuyant sur des citations de l’exhortation Amoris Laetitia, l’auteur invite les parents, les enfants, les grand-parents ou les jeunes à discerner, malgré tout, la présence de Dieu dans leur famille, car c’est là que le Père des cieux y établit sa demeure.
Béatitudes
Acheter pour 19.60 CHFJérôme Lejeune, serviteur de la vie Gaétan Evrard et Dominique Bar
« Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait. » Cette phrase du Christ résume l’action du professeur Lejeune. Chercheur, médecin, défenseur de la vie, il a rayonné d’une foi intense, vécue au quotidien. Il a témoigné de l’Evangile avec sa science, faisant ainsi la preuve de l’adéquation entre la science et la foi. Son procès de béatification et de canonisation s’est ouvert en juin 2007. Cette bande dessinée retrace avec bonheur cette destinée exceptionnelle commencée le 13 juin 1926 à Montrouge près de Paris.
Préfacé par le pape François, le catéchisme de l’Eglise catholique pour les enfants et les parents se présente sous la forme d’un échange entre les questions présumées de l’enfant et les réponses de l’Eglise. Credo, sacrements, commandements et prière : quatre sections organisent l’ouvrage. Le livre s’adresse aussi aux parents, accompagnateurs, parrains, catéchistes… afin de permettre une transmission de la foi, dans un langage adapté. Magnifique ouvrage qui permet à l’Evangile de rayonner dans les familles.
Par Nicole Andreetta Photo: DRLa Maison des générations située sur la commune de Saint-Martin (val d’Hérens) propose une dizaine d’appartements conçus pour des familles ou des personnes à mobilité réduite. Elle abrite également une crèche, une école, une antenne du centre médical, une bibliothèque…
Alerte nonagénaire, Madame Cotty-Zermatten ne tarit pas d’éloges sur les lieux : « Auparavant, j’habitais Trogne, mon village natal. Je vivais dans un chalet sur trois niveaux, pas vraiment pratique ! Et l’hiver, il fallait déblayer la neige pour sortir.
Il y a quinze ans, j’ai eu un accident à une main. Il m’a fallu de l’aide. C’est à ce moment que j’ai commencé à envisager l’avenir différemment. Je ne souhaitais ni aller dans un home, ni quitter ma vallée. Je tenais à mon indépendance, à garder une vie sociale. Ici, je dispose de toutes les commodités. Je côtoie des enfants, leurs parents, des personnes dans la vie active… En traversant la rue, je rejoins la salle communale pour différentes activités : gym douce, groupe patoisant, aînés… Poste, banque et négoces sont tout proches. »
Cohabiter et interagir Le sociologue Jean-Pierre Fragnière a accompagné le projet : « Au départ, il y avait l’idée de construire un EMS pour les anciens, mais aussi de pallier le dépeuplement de la vallée. En imaginant une école dans un lieu d’habitation, nous sommes passés progressivement de l’idée d’un home à une politique pour les jeunes parents. Puis, naturellement, les aînés y ont trouvé leur place. »
Toutefois, pour Emmanuel Amaral, du bureau Cheseaux-Rey Architectes, réunir une telle mixité a représenté un vrai défi : « Habitants, enseignants, éducateurs et architectes se sont rencontrés à plusieurs reprises. Chacun apportant sa propre vision et son lot de questions. Il s’agissait de comprendre comment toutes ces structures pourraient cohabiter et si possible interagir sous un même toit, tout en assurant l’autonomie de chacune. En somme, être bien avec soi-même pour pouvoir être bien avec les autres. »
La Maison des générations a été inaugurée en août 2017. Des appartements sont encore disponibles.
«Dans une société de longue vie, tout projet d’organisation d’un quartier ou d’une ville doit répondre à la question :« En quoi ce projetfavorise-t-il les solidarités entre les générations ? » (Jean-Pierre Fragnière)»
Par Thierry Schelling Photo: Jean-Claude GadmerLe 12 février 2018, le pape François écrit une courte lettre apostolique en forme de motu proprio, Imparare a congedarsi1. Elle est passée largement inaperçue…
Se préparer Conclure un ministère en Eglise doit être considéré comme faisant partie dudit ministère, et non sa fin. Il convient de s’y préparer. S’adressant à l’épiscopat, tant mondial que curial 2, Papa Francesco demande d’apprendre à lâcher prise en laissant de côté les désirs de pouvoir et le sentiment de se croire indispensable. Il convient de préparer la nouvelle étape de sa vie – la retraite – en « élaborant un nouveau projet de vie, signalé, dans la mesure du possible, par l’austérité, l’humilité, la prière d’intercession, le temps dédié à la lecture et la disponibilité à fournir de simples services pastoraux ».
Indifférence Et si le pape demande de rester plus longtemps que 75 ans, ne pas le prendre pour un triomphe, un honneur, un privilège ou une faveur dus à quelque amitié ou proximité : « seul le bien commun de l’Eglise » justifie cette demande, que le pape aura discernée auparavant. Mais il conviendra de renoncer alors à son propre « plan de retraite », disponible à rester usque ad cadaver !
« Igniacianiser » C’est au pape qu’est adressée la démission, et, comme pour un évêque diocésain, les prélats de la Curie ne sont pas ipso facto démissionnés à cet âge mais doivent aussi avoir l’accord explicite du pape. La différence est… de taille (mais raisonnable !) : plus d’automatisme renonciation = démission mais nécessité du placet pontifical après considération pastorale. Ce qui n’était pas clair dans la première tentative de réforme de ce genre par le Conseil de cardinaux signée en 2014. Ce bref explicite le désir de réforme de l’organisme auxiliaire du Pape dans l’exercice de sa tâche immense, et démontre la méthode pastorale ignatienne: étape par étape, dans l’esprit du mieux (sens comparatif), et Ad maiorem Dei gloriam !
1 Apprendre à prendre congé (d’un office) ; à ce jour, seule une traduction anglaise
du texte est disponible. 2 Dans le sens de : appartenant à la Curie romaine.
Par François-Xavier Amherdt
Photo: DRComment rester jeune de cœur dans notre société ? Sans tomber dans le jeunisme ? Les personnes âgées que nous sommes tous et toutes (en tous cas en devenir) sont invitées à faire comme Anne et Siméon, au seuil de l’évangile de Luc (2, 22-39) : à tout placer sous la lumière de Dieu, à s’ouvrir à la vie en présence du Seigneur. C’est parce qu’ils ont gardé vivace l’espérance en l’avenir et « qu’ils attendaient la consolation d’Israël » que les deux vieillards du Temple ont pu évoquer une étape nouvelle dans l’histoire du salut. C’est parce qu’ils évoluaient dans la justice et la vérité que l’Esprit reposait sur eux et les habitait (verset 25).
Dans l’Esprit C’est poussé par l’Esprit que Siméon s’est rendu au sanctuaire au moment où le jeune couple composé de Marie et Joseph venait présenter le petit Jésus, selon les prescriptions de la Loi. C’est parce qu’il restait en relation permanente avec Dieu que le vieil homme a pu discerner « le » signe par excellence, reconnaître en Jésus le Messie et annoncer le combat spirituel auquel seraient soumis ceux qui voudraient suivre le Christ (versets 34-35).
L’essentiel C’est parce qu’elle jouissait d’une immense expérience humaine et spirituelle, dans le mariage et le veuvage, qu’Anne se maintenait dans le service du Seigneur : comme elle, avec les années, nous pouvons découvrir ce qui est essentiel, la prière, le jeûne, la louange et le témoignage (versets 37-38). Plus rien d’autre ne compte, car la grâce de Dieu nous suffit !
Mutuelle jeunesse Quelle jeunesse sur le visage de ces aînés dans la foi dont les rides annoncent la joie profonde et les épreuves traversées ! Quelle fraîcheur quand une grand-mère ou un grand-père lisent l’Ecriture avec leur petit-enfant et, le tenant sur leurs genoux, lui transmettent le bonheur de la foi, puis reçoivent de lui le sourire du Royaume ! C’est mutuellement que nous nous engendrons à la jeunesse de Dieu, puisque tel est le sens de la sainteté à laquelle nous sommes tous appelés.
Par Vincent Lafargue Photo: Jean-Claude Gadmer« Tu sais, ce n’est pas une option d’aider ses parents. C’est un commandement, le quatrième : « Honore ton père et ta mère. » » La phrase m’a été assénée par un ami évangélique à qui je venais de confier la prochaine opération chirurgicale de mon papa.
Coup de poing en pleine figure. Aucun verset biblique ne parle d’EMS, mais bien d’honorer nos parents en Ex 20, 12 et en Dt 5, 16. Aussi fort que « Tu ne tueras point », donc.
Devenir « proche-aidant », c’est se donner sans compter tout en se confrontant aux autres. Ceux qui collaborent et ceux qui n’ont jamais le temps. C’est se rendre compte qu’à force de donner, on doit faire attention à sa propre énergie. J’ai dû apprendre à ménager quelques heures pour moi. Sans culpabiliser.
C’est se confronter à la rapacité de certaines cliniques dans lesquelles tout s’achète, même la dignité des patients. C’est affronter les assureurs-maladie qui vous chantent l’interminable litanie de ce qui n’est pas pris en charge. C’est rappeler le plombier qui ne voit pas l’urgence de cette panne d’eau chaude chez mes parents, et tant pis si c’était le premier jour de douche après une longue attente.
Mais tout cela n’entre pas en question. C’est la dignité de ceux que j’aime qui dicte mes actes. Sans discussion possible. Honore ton père et ta mère, c’est un magnifique médicament. Non remboursé par la LAMal, certes, mais de quelle importance !
Responsable de la pastorale des milieux ouverts à Genève, Inès Calstas est aussi coordinatrice du pôle solidarités. De quoi bien occuper ses journées…
Texte et photospar Nicolas MauryA deux pas de la gare Cornavin à Genève, Inès Calstas entre dans le temple de la paroisse protestante de Montbrillant. Employée par l’Eglise catholique romaine, elle y a pourtant son bureau. « Un cadeau de la vie », explique-t-elle, dégustant son café. « Je collaborais beaucoup avec la pasteure du lieu qui m’a annoncé un jour qu’un espace s’y libérait. Après avoir parlé avec son conseil, elle m’a dit : « Inès, nous aimerions que tu sois là. » Ce site abrite aussi la communauté œcuménique des personnes handicapées et celle des sourds et des malentendants. Tout ce regroupement fait sens. »
D’origine urugayenne, Inès porte une double casquette. Ce matin, c’est celle de responsable de la pastorale des milieux ouverts qu’elle a coiffée. « Au début des années 2010, le terme employé était encore « pastorale de rue ». Quand j’ai commencé à travailler en Eglise, on m’a demandé de faire quelque chose avec les Roms. Puis s’est posée la question de savoir s’il fallait se limiter à cette population ou opter pour une plus grande ouverture. Personnellement, je préférais cette seconde solution, laquelle s’est finalement mise en place. »
Lieu d’accueil
Tout en donnant cette explication, Inès se lève pour saluer deux nouveaux arrivants : Alexander et Helena. « Deux personnes sur qui je peux compter », souligne-t-elle. Comme tous les lundis, elle se met ensuite en route pour rejoindre l’Oasis, un lieu d’accueil pour personnes en situation de rue situé dans le quartier de la Servette.
Le déroulement de la journée est bien rodé. « Sur le coup des 8h15, un petit déjeuner est préparé à l’intention de tous les cabossés de la vie qui nous rejoindront. On ne sait jamais combien on sera : 45, 60… parfois jusqu’à 80. »
A 9h, une séance de groupe permet de définir la répartition des rôles. « La particularité de l’Oasis, c’est que les personnes en situation précaire prennent elles-mêmes des responsabilités, tout comme d’autres bénévoles d’ailleurs. » Car la structure propose de multiples services: prendre une douche, trouver de nouveaux vêtements, faire des lessives ou encore partager un dîner. « Autant d’éléments qu’il faut organiser, même si les choses sont désormais bien rodées », détaille Inès.
Mélange des populations
Après la prière en commun à 12h commence, à partir de 12h30-13h, le repas. Puis suivent les tâches de nettoyage et de rangement, avant un débriefing à 15h. « Nous sommes souvent en contact avec les instances sociales de la Ville. Au départ, elles nous avaient dit qu’il ne fallait pas mélanger les populations. L’expérience tirée de nos quelques années d’activité a montré que ce n’était pas le cas. Tout le monde s’entraide, même s’il peut y avoir des frictions ou des crises. Si c’est le cas, on fait en sorte de discuter pour résoudre les problèmes. »
Hormis ses contacts avec les plus démunis, Inès passe une partie de son temps à faire du travail de bureau. « A Genève, vivre dans la rue revient presque à être dans l’illégalité. Vu qu’il n’y a pas de statistiques, on ne sait pas combien de gens sont concernés. La Ville dit environ 500, Caritas avance plutôt 1000 à 1500. Une partie de mon job consiste à leur fournir un soutien administratif. Comment faire pour avoir un abonnement de bus si on n’a pas d’adresse ? Comment recevoir du courrier ? Comment faire appel à l’assistance juridique ? » Autant de situations auxquelles Inès apporte des réponses au cas par cas.
Lorsqu’elle a commencé son activité en Eglise, Inès travaillait avec les Roms. Depuis, son champ d’action s’est élargi.
Construction en marche
Mais elle effectue aussi un travail de médiation, souvent avec la police. « Un jour, un jeune homme a été condamné pour avoir volé de l’argent dans une cassette à journaux. Nous avons été voir le journal et convenu d’un arrangement. Bricoleur, il a réparé et nettoyé plusieurs cassettes en ville. La plainte a été retirée. »
Parfois, la journée se prolonge en soirée, car Inès est aussi coordinatrice du pôle solidarité. « Je m’occupe de tout ce qui touche à la diaconie dans l’Eglise, ce qui inclut aussi les personnes en situation de handicap, les sourds et les malentendants. Comme le dit ma fille, c’est génial pour aller dans les réunions ! Aimant le contact avec les gens, je perçois mon métier comme une construction en marche. Souvent, on pose des pierres et on se dit qu’on ne verra pas la cathédrale finie. Mais parfois, les choses vont plus vite que prévu. Ces avancées au quotidien sont précieuses. »
Une journée bien rythmée
7h30 –> Arrivée au bureau 8h15 –> Petit déjeuner à l’Oasis 12h –> Prière communautaire 13h –> Repas 15h –> Débriefing de la rencontre Dès 16h –> Réunions diverses et tâches administratives
La mobilisation des gilets jaunes interpelle jusqu’à nos frontières. A travers la parole des «sans voix»,de profondes inégalités refont surface. En Suisse aussi, celles-ci existent comme autant de pauvretés cachées. Quelles sont-elles et quelles sont les formes de solidarités mises en place par l’Eglise pour y remédier?
Par Pascal Ortelli
Photos : Ciric, Jean-Claude Gadmer, Pxhere, DRLa pauvreté ne diminue pas en Suisse. Tel est le constat que livre l’Almanach social 2019 de Caritas Suisse. 615’000 personnes – soit 7,5% de la population – vivent dans la précarité, alors qu’autant d’autres risquent d’y tomber. Car ces « juste au-dessus du seuil » ne reçoivent pas d’aide. Les familles monoparentales, les personnes en formation post-obligatoire et les sans-emploi représentent les catégories les plus à risque.
Parmi elles, on compte 140’000 working poor qui exercent une activité professionnelle sans pour autant arriver à boucler leur fin de mois. A cela s’ajoute le problème croissant de l’endettement des jeunes adultes. « Certains n’ont jamais appris à gérer leur salaire », explique Joëlle Renevey de Caritas Fribourg. En 2017, son service a conseillé 1078 ménages, dont 288 plus particulièrement.
Divorce et pauvreté
« ]La pauvreté touche aussi les enfants au travers des divorces, parfois sources de précarité matérielle et humaine : « Lorsque les enfants apprennent que leurs parents divorcent, ils ont peur de perdre leurs amis et leurs repères » constate Marie-France Kilchoer, animatrice au MADEP (Mouvement d’apostolat des enfants et préadolescents). C’est un grand traumatisme pour eux, sans compter que les enfants de migrants peuvent servir d’outils de dialoguepour les parents qui ne maîtrisent pas le français.
Le cri des pères divorcés commence enfin à se faire entendre. Même avec un bon salaire, certains vivent au seuil de la précarité quand ils ont fini de payer les frais de pension et le loyer élevé d’un grand appartement. La loi leur impose d’avoir suffisamment d’espace pour pouvoir accueillir chez eux leurs enfants… au risque de se ruiner !
Un chemin de confiance
Pour la première fois en Suisse romande, plus de 200 personnes en situation de pauvreté et des agents pastoraux se sont réunis à l’Université de Fribourg les 29 et 30 janvier derniers pour se rencontrer et apprendre les uns des autres afin d’ouvrir des chemins nouveaux.
Un intervenant de l’Université de la solidarité et de la diaconie raconte son combat. Marié et père de trois enfants, il est venu en Suisse pour trouver du travail afin d’aider sa famille. Tout a basculé quand il est entré dans la précarité. « J’ai tout perdu, dit-il, au moment où j’avais le plus besoin d’eux. » Comme il ne ramène pas assez d’argent, sa femme demande le divorce.
Seul et sans-abri, il ne se reconnaît plus dans son rôle de père jusqu’à ce qu’il découvre la Pastorale des milieux ouverts à Genève. « Inès, la responsable, m’a redonné confiance, en me faisant comprendre que je n’avais pas perdu ma dignité. Elle m’a recommandé de faire du bénévolat, alors que j’avais moi-même besoin d’aide » confie-t-il. Il y puise assez de forces pour « récupérer » sa famille. Aujourd’hui, même si les difficultés financières persistent, il a retrouvé la place qui lui revient.
Apprenons les uns des autres
Car, ne l’oublions pas, dans le cœur de Dieu, les pauvres ont la première place. Le Christ s’appuie sur eux pour nous révéler sa tendresse. Ils ont beaucoup à nous enseigner. La pauvreté revêt de multiples visages. D’une certaine manière, nous sommes chacun le pauvre d’un autre. Il est primordial pour l’Eglise de favoriser de tels espaces de rencontre.
Une priorité pour l’Eglise
La diaconie, autrement dit le soin et l’accueil accordés aux plus fragiles, constitue l’une des missions fondamentales de l’Eglise. Pour Pascal Tornay, assistant pastoral à Martigny et responsable du Service diocésain de la diaconie (SDD), « ce n’est pas d’abord un dicastère ecclésial, c’est l’Eglise en train d’aimer et de transformer le monde ».
Le SDD n’a pas pour but de porter seul ce souci dans le diocèse de Sion. C’est la mission de tous. « Nous cherchons à développer un réseau, assure le Martignerain, pour permettre à chacun d’être acteur dans sa communauté locale. » La proximité y est de mise.
Plus de 200 personnes se sont réunies à Fribourg en janvier, pour parler solidarité et diaconie.
Un « monastère » sur la place publique
Voilà presque sept ans que le Rencar remplit cette mission dans le Jura avec un camping-car transformé en lieu d’écoute. L’accueil y est inconditionnel et gratuit, grâce à une équipe de plus de 30 personnes.
« Certains viennent juste pour un café ; d’autres sur rendez-vous ou d’une manière inattendue pour parler de leurs problèmes. » De plus en plus d’adolescents franchissent la porte. « Ils y trouvent un refuge où ils peuvent déposer leurs problèmes, sans que cela soit balancé sur les réseaux sociaux », confie Isabelle Wermelinger, animatrice au Rencar.
L’un des défis, pour elle, consiste à mieux habiter l’espace public. « Le Rencar, c’est un peu comme un monastère itinérant. On peut choisir de passer plus loin ou de s’y arrêter, avec la certitude d’y être reçu et écouté. »
Le Rencar fait en quelque sorte office de monastère itinérant.
Une attention aimante
Liberté, gratuité et don de soi dans la relation, vécus fraternellement au nom de l’amour du Christ et du prochain. La mission de l’Eglise consiste à être encore là quand toutes les autres portes sont fermées. Aujourd’hui, elle est invitée peut-être à mieux aider ces « 600’000 autres », vivant avec peu et sans aide, juste au-dessus du seuil de pauvreté. Et de leur prêter, selon le vœu du pape François, une « attention aimante qui honore l’autre en tant que personne et recherche son bien ».
Seuil de pauvreté et aide sociale
Le seuil de pauvreté est fixé par la Conférence suisse des institutions d’action sociale (CSIAS)à Fr. 2247.– par mois pour une personne seule et Fr. 3981.– pour un ménage de deux adulteset deux enfants au-dessous de 14 ans.
Depuis 2010, les demandes d’aide n’ont cessé d’augmenter. On dénombre 278’345 cas en 2017, soit 5000 personnes de plus qu’en 2016. Or l’aide sociale ne garantit déjà plus le minimum vital. Le montant moyen dépensé par une personne seule (hors primes d’assurance-maladie et loyer) s’élève à Fr. 1082.–, tandis que le forfait moyen d’aide actuellement fixé par la CSIAS est de Fr. 986.–.
Accompagner les détresses paysannes
Maria Vonnez et Pascale Cornuz, de l’aumônerie agricole vaudoise, assurent une présence d’écoute auprès des paysans en détresse. Le risque de suicide y est en effet 37% plus élevé que dans le reste de la population suisse. Une formation de prévention au suicide, destinée aux professionnels en relation directe avec les paysans, a été mise sur pied, afin de créer un réseau de « sentinelles ». « Mon rôle, dit Maria Vonnez, est d’arriver à ce qu’ils s’accrochent de nouveau à l’espérance. »[thb_image image= »3616″ img_link= »url:%2Fwp-content/uploads/2019/02/Graphique_pauvrete. »]
Par Vincent Lafargue Photo: DRLes frères dominicains de Lille sont très féconds sur internet. Depuis bien des années, ils proposent une retraite en ligne, notamment aux temps privilégiés de l’Avent et du Carême.
146’000 retraitants Actif dès le début du Carême, le site « Carême dans la ville » propose une méditation quotidienne liée aux lectures du jour. Elle peut être écoutée ou même visionnée. Un espace nous permet de commenter et de laisser notre prière.
Ainsi, l’an dernier, ce ne sont pas moins de 146’200 personnes qui se sont inscrites à cette « retraite en ligne », méditant tous les jours les perles reçues via leur écran d’ordinateur ou sur leur téléphone portable.
Aussi sur smartphones Car une application « Carême dans la ville » existe aussi pour smartphones et permet là encore d’écouter la méditation quotidienne ainsi que la parole de Dieu qui l’inspire.
On peut visiter le site ou l’application chaque jour sans s’inscrire. Mais laisser son adresse email dans le champ prévu à cet effet permet de recevoir quotidiennement, pendant le Carême, un courriel contenant aussi des intentions de prière.
C’est un convaincu depuis bien des années qui vous le dit : votre Carême sera tout différent quand vous aurez découvert « Carême dans la ville » !
Par Nicole Andreetta Photo: DRLa plateforme Dignité et Développement, créée en 2015, est une initiative de Mgr Charles Morerod : « Nous avons besoin d’un espace de réflexion, au-delà des urgences, pour inscrire les interventions immédiates dans le long terme… une plateforme à géométrie variable qui réunisse des praticiens et des scientifiques, des acteurs locaux et des personnes engagées sur la scène internationale. »
Formation en ligne Depuis novembre 2018, une formation en ligne intitulée « L’éthique sociale chrétienne pour nourrir la vie » s’adresse à toute personne intéressée par les défis de notre temps.
Outre un module d’introduction, divers thèmes sont traités : finances, médecine, écologie, communication, politique…
« Il ne s’agit pas de proposer un cours ex cathedra, explique Pascal Ortelli, théologien laïc et coordinateur de la plateforme, mais de permettre aux participants de découvrir l’éthique sociale chrétienne à partir de leur propre questionnement. »
Il poursuit en précisant : « Le christianisme est une religion incarnée. Jésus, par la prière, demeurait en relation étroite avec le Père. Mais il a aussi vécu au cœur de la société. Dans l’Ancien Testament, le message des prophètes avait une dimension politique. L’Eglise doit cheminer avec le monde de son temps. »
Questions complexes Une participante, Stefanie Losey, témoigne : « Procréation, suicide assisté, migration… nous sommes, aujourd’hui, confrontés à des questions complexes. Cette formation me permet de faire le lien entre qui je suis et ce que je vis. En tant que femme, assistante pastorale, mère de famille et écologiste convaincue, je me retrouve plusieurs fois par jour face à des situations plus ou moins compliquées où je dois faire des choix et définir mes priorités. Prendre le temps d’approfondir une parole telle que « Aime ton prochain comme toi-même » me permet de mieux saisir ce qui a été le centre de mes décisions, de faire le lien entre mes convictions et mes engagements. Je découvre que je fais certaines choses parce que je suis chrétienne. »
La formation rassemble à ce jour près de 80 participants de diverses professions. Une grande majorité habite en Suisse romande, quelques-uns en France, en Belgique, au Togo et au Liban.
Par Nicole Andreetta Photo: PxhereSouvent cachée, la pauvreté reste présente en Suisse. Paradoxalement, 25% à 30% des personnes concernées renoncent à bénéficier de certaines aides sociales 1.
Les causes de non-recours sont multiples et diverses. Un manque d’information, la crainte de perdre son permis de séjour. Mais il y a également des motifs liés aux barrières sociales qui s’élèvent insidieusement à partir du regard de l’autre et du regard que l’on porte sur soi.
Les personnes qui font le pas de demander de l’aide se retrouvent souvent confrontées à une « inhospitalité administrative ». L’avalanche de formulaires à remplir et de justificatifs à fournir suscite chez elles un sentiment de rejet, de non-reconnaissance.
Or, devoir franchir le seuil des services sociaux représente pour beaucoup le deuil de leurs propres valeurs : « Demander de l’aide, ce n’est pas un métier ! J’ai honte ! »
Les droits sociaux représentent un des piliers de notre démocratie.
Ceux que l’on nomme « bénéficiaires » sont d’abord des « ayants droit ». Reconnaître les droits et la dignité de chacun, une piste pour avancer ensemble.
1 Selon une enquête menée par Barbara Lucas, professeur à la HETS-GE.
François a instauré en 2017 une Journée mondiale des pauvres.
« N’oublie pas les pauvres », lui a glissé dans l’oreille son voisin cardinalice Hummes lors de son élection. Et Jorge s’est fait appelé François ! Il n’habite pas le Palais apostolique mais garde sa chambre à Santa-Marta ; rangés mosette, surplis et camail à bord d’hermine pour ne garder que la soutane blanche pour les bénédictions Urbi et Orbi. En simple habit de service.
Un appel Ne cessant de dénoncer la « mondialisation de l’indifférence » face aux pauvres, voulant une « Eglise pauvre pour les pauvres », il a instauré en 2017 une Journée mondiale des pauvres : occasion pour bien des communautés catholiques d’organiser du lien avec « leurs » pauvres autour de repas, de célébrations… Le pape François a non seulement dépoussiéré le vieux vocable de miséricorde – le rendant fort attrayant depuis ! – mais il a secoué les communautés endormies quant à leur devoir de service des indigents : « Le vacarme de quelques riches étouffe le cri croissant des pauvres », déclare-t-il lors de la deuxième Journée mondiale des pauvres en novembre 2018.
Réponses Il répond, lui, à sa façon : le prélat en charge de la charité au nom du pape, l’elemosiniere pontificio, est fait cardinal en 2018. « Tu ne marcheras pas derrière moi aux cérémonies, mais dans les rues de Rome ! » lui avait-il lancé ! Douches, lieux d’aisance et médecins, dentistes et autres professionnels de la santé sont mis à disposition dans l’enceinte de la colonnade du Bernin pour les barboni (mendiants). Il mange avec des pauvres dans la cathédrale de Bologne – idée reprise ailleurs en Europe – et encourage à servir, partager et prier avec eux. Comme trois vœux, plus que religieux mais certainement pas pieux !
Dominique Tornay, épouse de Jean-Gabrielet maman de trois enfants, tombe gravement malade. Immédiatement, un réseau de solidarités se mobilise pour les aider. Témoignage.
Propos recueillis par Bertrand Georges Photo: DR« Le 18 septembre 2018, j’apprenais que j’avais une tumeur cancéreuse dans un sein. Il a fallu l’enlever au plus vite et attendre les résultats des analyses pour connaître la suite des traitements », explique Dominique Tornay, maman de trois enfants.
« Très vite, nous avons pris conscience que nous aurions besoin de soutien spirituel et matériel. Nous avons alors pris l’option d’informer notre entourage de la situation. « Vous pouvez, prier pour nous, et si vous avez quelques disponibilités pour nous donner un coup de main, elles seront les bienvenues. » En deux jours, un réseau incroyable s’est organisé pour nous apporter des repas, faire les lessives, prendre les enfants après l’école, les conduire à leurs activités ! Nous étions ébahis et bouleversés par tant de générosité et d’organisation ! Nous avons alors vécu le fait que la communauté paroissiale n’était pas seulement une communauté du dimanche où l’on vient prier sans se préoccuper des autres, mais une vraie communauté où les membres se soutiennent et s’entraident. Quel cadeau ! De même pour les familles du village rencontrées au travers des enfants : elles n’étaient pas de simples connaissances mais des amis sur qui nous pouvions compter.
Nous avons expérimenté que le Seigneur ne donne pas la souffrance, Il vient l’habiter de Sa présence et utilise ses enfants, croyants ou non, pour nous le montrer. Quelle grâce ! Cette maladie nous a également permis de vivre cette parole de Jésus : « Demandez et vous recevrez. » Dans notre pays, il y a souvent beaucoup de pudeur, de peur de déranger, de se mêler de ce qui ne nous regarde pas. Mais en même temps, les gens ne peuvent pas deviner nos besoins et souvent ne demandent qu’à aider ! Alors, osons demander du soutien ! Nous contribuerons ainsi à faire grandir la charité.
La joie après l’épreuve Après un mois de grande inconnue sur l’étendue du cancer, nous apprenions la magnifique nouvelle que tout avait pu être enlevé à l’opération et qu’un traitement hormonal devait suffire à enrayer totalement le mal.
Pour remercier toutes ces personnes, nous avons organisé une fête ! Quelle joie de voir tous ces visages rassemblés ! Notre cœur était dans l’action de grâce. »
Par François-Xavier Amherdt
Photo: DRSi le pape François réaffirme l’option préférentielle de l’Eglise catholique en faveur des pauvres (voir La joie de l’Evangile, n. 186-216), c’est qu’il s’agit d’une notion biblique et théologique avant d’être sociologique. Dans l’Ancien Testament, les « pauvres du Seigneur » constituent une catégorie au sein du peuple, porteuse des promesses de l’Alliance parce que disponible à l’action de Dieu : « Cherchez le Seigneur, vous tous, les humbles du pays, qui accomplissez sa loi. Cherchez la justice, cherchez l’humilité : peut-être serez-vous à l’abri au jour de la colère du Seigneur. » (Sophonie 2, 3)
Les pauvres (anawim en hébreu) représentent les Israélites fidèles à la volonté de Dieu, les justes comme Marie et Joseph, Anne et Siméon. Ils constitueront le petit reste d’Israël, le germe dont le Seigneur fera sa parure de gloire (Isaïe 4, 2-3). Souvent, ils sont victimes des abus de pouvoir des puissants, des responsables politiques et religieux ou des riches et des magnats, dont le Magnificat chante le renversement (Luc 1, 51-52).
Prophètes et pauvreté Les prophètes ne cessent de réclamer justice pour les faibles, les petits et les indigents auprès des autorités et de Dieu lui-même (Amos 2, 6-7), et le Deutéronome établit une législation humanitaire pour le respect de leurs droits (24, 10s). Avec les derniers prophètes, comme Sophonie, le vocabulaire de la pauvreté prend une coloration également morale et spirituelle. C’est aux pauvres que sera envoyé le Messie (Isaïe 61, 1). Lui-même sera opprimé (les chants du Serviteur souffrant dans le deuxième Isaïe), doux et humble de cœur (Zacharie 9, 3). Jésus se présente comme tel (Matthieu 11, 29) et il nous invite ainsi à la pauvreté de cœur pour entrer dans le bonheur du Royaume, déployé par les Béatitudes (Matthieu 5, 3).
Face au World Economic Forum de Davos et au G8, l’Evangile et la tradition nous invitent au détachement heureux et à l’abandon dans les bras du Père qui seul peut nous combler.
Née de la rencontre de deux Genevoises – la pasteure Anne-Christine Menu et la responsable de la pastorale des milieux ouverts de l’Eglise catholique Inès Calstas – l’idée d’un potager urbain à Montbrillant s’inspire directement de « Demain ». « Ce film a confirmé des intuitions profondes chez les gens et leur a montré que s’engager, c’est possible », raconte Anne-Christine Menu.
Sorti de terre en 2017, ce jardin de vie avait planté ses racines un an plus tôt. « Les personnes qui vivent l’exclusion et la misère au quotidien ont beaucoup à donner à la société », note Inès Calstas. « Nous avions participé à la création de potagers urbains au parc des Franchises à Pâques 2016, avec des voisins, des personnes de l’Hospice et de différentes associations. Un grand gaillard, Moussa, est venu vers moi à la fin et m’a dit : « Hier j’avais plein de problèmes. Aujourd’hui, je sens que je peux les surmonter. Il faut mettre ces jardins partout à Genève ! » »
Beauté de la Création Le rêve s’est concrétisé à Montbrillant. « Le but est aussi de créer une présence hors les murs pour rencontrer les passants dans leurs préoccupations, témoigner de la beauté de la Création et de la nécessité de la préserver », commente Anne-Christine Menu.
Après un travail préparatoire fourni, un cerisier est planté, accompagné de framboisiers et de potagers en carré. Les bacs commencent à se remplir et les légumes et tomates sortent de terre. Le terrain est propice à l’initiative qui voit collaborer les membres de la paroisse protestante, des sourds et des malentendants, des handicapés et des personnes en situation d’exclusion.
Développement durable Si ces potagers se multiplient en Romandie, ils sont rarement liés à un contexte ecclésial. Ainsi, Fribourg propose de « Semer dans les jardins de demain » et les « Plantages lausannois » essaiment dans la capitale vaudoise. A Sion, une initiative un peu similaire a vu le jour pour l’action de Carême 2017, sous le titre « Cultiver la vie ».L’animateur pastoral hors-les-murs Emmanuel Theler, qui en a été la cheville ouvrière, souligne : « Les potagers urbains sont liés à un sentiment éthique plus
que religieux, qui a trait avant tout au développement durable et
au partage. »
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