Athlète(s) de Dieu

Par Thierry Schelling
Photo: Ciric
C’était le surnom de Jean-Paul II, au vu non seulement de sa carrure plutôt athlétique – élu à 58 ans, il contrastait physiquement avec le hiératique Pie XII, le grassouillet Jean XXIII ou le frêle Paul VI – mais également de ses performances parfois marathoniennes en voyages apostoliques.

François, même tifoso du club argentin San Lorenzo et, enfant, admirateur de son attaquant Pontoni, laisse la performance sportive à d’autres : une équipe d’athlètes a été formée pour les prochains Jeux olympiques, qui rejoint celle de football et de cricket ! Le Vatican, un Etat comme un autre ?

Ultime document du Saint-Siège
En juin 2018, le Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, a promulgué une lettre au titre évocateur : Donner le meilleur de soi-même – un regard de l’Eglise sur le sport en ce XXIe siècle.

Trois points d’attention très « bergogliens » : la personne humaine est au cœur du sport – et rien d’autre ! La notion de compétition est utile en vue d’un bien commun – et non pas d’ambitions ethnocentriques ou par fanfaronnade de l’ego ; le mélange des peuples, nations, langues, cultures, religions, sexes, idéologies rappelle bien le but de l’existence de l’Eglise : rassembler les diversités autour du Vainqueur, le Christ.

Slogan olympique
Altius, citius, fortius – « plus vite, plus haut, plus fort » – lui sied par contre à ravir : dans sa tâche de réforme des mœurs, des finances et de l’institution Eglise : les chantiers ressemblent aux multiples épreuves d’athlétisme… Qui sera le gagnant ?

Une couronne impérissable

Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR
S’il est une figure sportive dans la Bible, c’est bien l’apôtre des nations, le lutteur du Seigneur. Paul, en effet, multiplie les comparaisons athlétiques pour traduire l’engagement des baptisés à la suite du Christ, et il paie lui-même de sa personne : «Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile», s’exclame-t-il (1 Corinthiens 9, 16), n’hésitant pas à endurer les épreuves, la prison et la mort. Il se mue en coureur de fond : «C’est ainsi que je cours, moi, non à l’aventure.» (9, 26a) En boxeur déterminé : «C’est ainsi que je fais du pugilat, sans frapper dans le vide.» (9, 26b) En sportif soumis à un rude entraînement, pour éviter d’être mis hors-jeu : «Je meurtris mon corps, de peur qu’après avoir servi de héraut pour les autres, je ne sois moi-même disqualifié.» (9, 17)

Son engagement de tous les instants au service de la Bonne Nouvelle poursuit un seul but : le salut de celles et ceux que le Maître lui a confiés : «Ne savez-vous pas que, dans les courses du stade, tous courent, mais un seul obtient le prix ? Courez donc de manière à l’emporter.» (9, 24) Oui, il convient de mobiliser son corps, son intelligence et l’ensemble de son être en vue de la victoire du Royaume. Tel est le premier commandement, noyau central de tout le Nouveau Testament : «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force.» (Marc 12, 30)

Prenons exemple sur les sportifs de compétition : «Tout athlète se prive de tout, mais eux, c’est pour obtenir une couronne périssable, nous une impérissable.» (1 Corinthiens 9, 25) C’est la fameuse argumentation «à combien plus forte raison». Si des gymnastes et des décathloniens sont prêts à sacrifier leurs loisirs, leur nourriture, leur rythme de vie pour gagner un titre bien éphémère de champion, combien plus nous tous baptisés sommes-nous pressés de tout investir pour recevoir la seule récompense qui ne se flétrit pas, la couronne de la gloire éternelle (stephanos en grec). Et dans les jeux évangéliques, tous participent : ce sont les faibles qui montent sur les plus hautes marches du podium de l’Esprit.

Allier fun et foi!

Guitariste et bassiste dans le groupe de pop-louange Raising Hope, le curé Pierre-Yves Pralong démontre que la manière de vivre la foi catholique au XXIe siècle peut être très actuelle dans ses moyens.

Par Nicolas Maury
Photos: Raphaël Delaloye, Marie-Paule Dérénéaz
« Ce genre de festival démontre qu’on peut allier fun et foi », explique Pierre-Yves Pralong. Agé de 33 ans, le curé de Plan-Conthey et Saint-Séverin est à multiples facettes. Originaire du Val-d’Hérens, il est aussi guitariste et bassiste dans le groupe diocésain de pop-louange Raising Hope, lequel a récemment fait l’ouverture d’OpenSky à Fully. « Question public, on trouve de tout dans ce type d’événement. Des croyants qui ont envie de partager leur foi autour d’eux, mais aussi des non-croyants qui découvrent que notre manière de vivre la foi catholique au XXIe siècle est très actuelle dans ses moyens. C’est extrêmement enrichissant. » 

Tout au long de cette soirée, le trentenaire a porté maintes casquettes. « L’organisation principale était dans les mains de Yves Crettaz, et l’aumônerie était assurée par le Père Jean-François Luisier. De mon côté, j’étais là en soutien. Car si je peux donner un coup de main dans le cadre de rendez-vous pour les jeunes mis sur pied dans le diocèse, je réponds présent. » 

Sur scène, Pierre-Yves Pralong assure au chant, à la basse et à la guitare !

Une période clef

Une présence qui va de pair avec sa nature profonde : « Ma première mission est d’être curé de paroisse pour tous les âges. Ici dans les Coteaux du Soleil, avec l’équipe pastorale, nous nous sommes répartis les tâches et les responsabilités. Moi, je m’occupe des jeunes. » Tout de suite, il tient à préciser : « Il n’y a pas d’âge plus important que les autres, mais celui de l’ado-adulte est un peu clef. On sort du parcours prévu en paroisse durant l’enfance – pardon, communion, confirmation – pour arriver à la liberté de celui qui pose des choix dans sa vie. En fait, c’est un tournant, aussi pour la foi. J’ai plaisir à accompagner les jeunes dans cette transition, en lien avec toutes les questions qu’ils peuvent se poser. » 

Car contrairement à l’enfant « qui n’a pas besoin de tellement de preuves et d’explications et pour qui la foi est quasi naturelle, le jeune se confronte encore plus à ce qu’il vit et voit dans le monde. On va plus loin dans l’approfondissement et le raisonnement ». Sans toutefois oublier le côté ludique, typiquement lors d’un festival comme OpenSky. 

Une roulotte pour se confesser

Quand on lui demande comment il a préparé cet événement, Pierre-Yves Pralong donne une réponse que l’on n’attend pas forcément : « Clairement, Dieu dépose tout ce dont on a besoin dans nos cœurs. Plus pratiquement, tout commence avec la mise en place du concert (rires). »

Si Raising Hope a assuré l’ouverture dès 16h30, le groupe est venu sur place quelques heures plus tôt afin d’installer le matériel et la sono. Mais aussi pour repérer les lieux. « Le moment venu, tout a commencé avec un temps de louange et notre concert proprement dit. » Ensuite, alors que se succèdent les autres formations musicales, animations et démonstrations, le curé de Plan-Conthey et Saint-Séverin ne se départit jamais de son rôle de prêtre. « Une roulotte était à disposition pour des confessions qui ont été assurées grâce à un tournus entre confrères. Un très beau ministère, où certaines personnes sont venues me parler comme à un ami, dans un dialogue simple et direct. » 

Une bonne sono !

Après avoir aussi contribué à régler quelques problèmes techniques, Pierre-Yves Pralong passe ensuite son temps en rencontres et en discussions informelles. « L’important dans ces soirées est d’être présent pour discuter avec les jeunes qu’on croise. Prendre du temps pour eux. Beaucoup étaient venus pour écouter et voir Glorious, un groupe français très apprécié et connu. Certains avaient amené des amis, pas forcément croyants au départ. Au final, j’ai l’impression que tout le monde a passé un bon moment. »

Entre 22h15 et 23h30 s’est déroulée la messe (présidée par Mgr Jean-Marie Lovey), qu’il a concélébrée. « J’ai dû me faire remplacer en paroisse le jour même, mais le lendemain à 11h, j’étais bien présent pour la célébration dominicale. Je suis quand même parvenu à rentrer dormir quelques heures après la fin de la soirée », sourit-il. Avant de conclure : « La gloire de Dieu, on peut aussi bien la célébrer à l’église que sur scène avec de la musique, de la lumière et une bonne sono. »

Au fil d’un festival

13h –> Début de la mise en place du matériel

16h30 –> Début de la louange de Raising Hope

19h30 –> Permanence de confession

22h15 –> Concélébration de la messe

2h –> Fin de la soirée

«Fairplay» évangélique

Par François-Xavier Amherst
Photo: DR
« Dieu sera l’arbitre de peuples nombreux. Ils briseront leurs épées pour en faire des socs de charrue. » (Isaïe 2, 4) Quand le prophète invite les nations à monter vers Sion, la colline de Jérusalem, pour le rassemblement promis à tous, il emploie la belle comparaison footballistique de l’arbitrage : c’est le Dieu unique d’Israël et Père de Jésus-Christ qui permettra aux hommes de toutes les races et religions de partager le Shalom définitif et de jouer en paix, sans plus de cartons jaunes ni rouges !

De tout temps, les métaphores sportives ont fleuri dans l’Ecriture et dans les propositions pastorales des saints. Don Bosco fait des disciplines athlétiques le modèle de sa pédagogie auprès des jeunes, et les papes voient aujourd’hui encore dans l’esprit d’équipe, le respect des adversaires, la mobilisation de tout son être, âme, corps et esprit, et la capacité de se transcender, des pierres d’attente pour la joie de l’Evangile au cœur des multiples activités sportives. Certes, comment vivre en compétition la devise biblique « Les premiers seront les derniers » ? Pourtant, les baptisés sont invités à investir le monde du sport, à faire du « fairplay » évangélique la loi de toute relation humaine.

La quête digitale

Par Calixte Dubosson
Photo: Nicolas Maury

La quête à portée de clic.

La scène paraît immuable et incontournable : à la fin de la messe ou lors de la présentation des dons, un panier en osier ou des tirelires passent dans les rangs de l’église. Les fidèles sortent leur porte-monnaie, cherchent un peu de monnaie ou glissent un billet. Mais ce rituel pourrait bien être chamboulé par l’arrivée d’applications dédiées. En effet, il y a plus de trois ans, la start-up Obole Digitale lançait La Quête. Cette application permet aux paroissiens de faire un don grâce à leur téléphone portable. « Le mot « obole » n’est plus beaucoup utilisé de nos jours. Cela signifie une « petite offrande ». En l’associant au mot « digitale », nous avons souhaité lier l’ancien et le moderne, la coutume et l’innovation », nous disent les concepteurs de ce nouveau moyen de paiement.

Application sécurisée
Concrètement, Obole Digitale se met au service de l’Eglise pour donner lorsque l’on a pas de monnaie sur soi. Elle permet de faire vivre sa paroisse et aider l’Eglise à préparer son avenir. C’est une application sécurisée avec les normes les plus strictes pour permettre la quête en toute confiance mais c’est aussi un moyen d’accéder à un fil d’actualités pour les fidèles (lectures, horaires de messe ou actualité de la paroisse ou du diocèse). 

« En général, les gens ne vont pas remplir un bulletin de versement pour faire un don de 5 ou de 10 francs. Dans de tels cas, l’utilisation d’une application digitale s’avère donc tout à fait adéquate », explique M. Limpo de Genève,  spécialisé dans la communication et les stratégies digitales. L’utilisation des smartphones comme technique de levée de fonds ne se suffit pas à elle-même. Elle doit s’accompagner d’une stratégie de communication élaborée, incluant notamment des campagnes d’affichage et des spots publicitaires. « Si les moyens mis en place pour récolter des fonds sont modernes, il faut toujours une base traditionnelle pour communiquer », poursuit-il.

Convaincue qu’il faut vivre avec son temps, l’Abbaye de Saint-Maurice s’est mise au goût du jour. « C’est une technologie intéressante, il n’y a pas de raison de s’en passer », déclare le procureur Olivier Roduit, et de souligner un point important : « L’application ne nous coûte rien, Obole Digitale prend juste une légère commission sur les dons. »

Comment ça marche ?
Il faut d’abord télécharger l’application dans Google Play ou App Store, mention « La Quête ». Ensuite, s’inscrire en indiquant ses coordonnées bancaires. Enfin, choisir sa paroisse et envoyer la somme.

www.appli-laquete.fr

 

TopChretien

Par Chantal Salamin
Photo: DRDéjà 20 ans que naissait le portail TopChretien.com. Jour après jour, des passionnés « annoncent l’Evangile sur Internet au plus grand nombre ». Organisés en association, ils ne cessent de créer et de faire évoluer sites internet et applications … pour chacun d’entre nous, pour nous ressourcer, nous évangéliser et nous envoyer en mission. TopChretien, c’est tout un univers à découvrir… pour entrer dans le Mystère de l’Amour !

Chaque jour…
Sur le web, par mail ou par des notifications sur votre mobile, l’équipe de TopChretien vous propose une pensée en image (LaPenséeDuJour), un verset biblique comme une parole à partager (PassLeMot) et… le plus bouleversant, un message qui touche chacun au cœur, un vrai miracle (UnMiracleChaqueJour). Quotidiennement, ouvrez votre cœur à leurs messages d’en haut qui vous disent : « Merci d’exister » !

Au Top…
Ecouter de la musique (TopMusic), lire la Bible (TopBible), évangéliser en partageant le mot (PassLeMot), s’informer (TopMessages) et se former (TopFormations)… tout est prévu pour vous donner le meilleur, pour que vous soyez au top de vous-même pour que tous puissent donner le meilleur d’eux-mêmes !

Pour les enfants…
TopKids.TopChretien.com est pour toute la fa­mille. Que d’activités sur se site ! A découvrir absolument pendant l’été avec vos enfants et petits-enfants: des jeux, de la musique et des chants, des bandes dessinées et des vidéos, des dessins animés… sur Jésus, la Bible, mais aussi sur la vie et sur les métiers ! Relèverez-vous ensemble les défis proposés ?

Pour les ados et jeunes…
MadLife.fr est un blog construit par des jeunes qui désirent «challenger et encourager les jeunes à vivre de façon ambitieuse et positive, à penser autrement, sans tabou ni stéréotype, sans message poussé par des marques… pour Vivre Libre & Mad : Goûter à la bonne folie, la MADLIFE ! ».

Le site: TopChretien.com

Fausse couche: entre douleur et espérance

Les fausses couches. Fréquentes, elles n’en sont pas pour autant insignifiantes. Témoignage des douleurs et espérances d’une jeune femme de 28 ans, mariée depuis cinq ans.

Propos recueillis par Bertrand Georges
Photo: pxherePauline, un an et demi après la naissance de votre premier enfant vous avez fait une fausse couche ; comment avez-vous réagi ?
J’ai très mal vécu l’arrêt brutal de cette grossesse. Je m’étais attachée à cet enfant dès que j’ai su que j’étais enceinte et j’ai eu le sentiment d’un véritable arrachement. Je me sentais vide, ou plutôt vidée. J’avais l’impression que mon corps m’avait trahie, qu’il n’avait pas été capable d’accueillir ce tout petit pour lui permettre de grandir. Il s’en est suivi une grande dévalorisation de moi-même dans tous les domaines et durant plusieurs mois.

Ce fut aussi une épreuve d’un point de vue conjugal car, si la présence de ce bébé dans ma chair avait été évidente pour moi, ce n’était pas le cas pour mon époux qui a eu besoin de plus de temps pour réaliser ce qui s’était passé et pour pouvoir porter cette tristesse avec moi.

Enfin, cet événement a été pour moi l’occasion de me frotter de plus près au Seigneur en lui criant ma détresse et mon incompréhension. Je trouvais la perte de ce bébé profondément injuste et j’en voulais à Dieu de permettre qu’il m’arrive cela.

Comment avez-vous surmonté votre tristesse ?
J’ai d’abord fait le choix d’accepter cette tristesse au lieu de vouloir la chasser d’un revers de main. 

Une parole d’un prêtre a été très précieuse pour moi : « Au Ciel, vous découvrirez le visage de votre enfant. » Ces mots ont été un baume sur ma plaie : ils me rappelaient que mon enfant était au Ciel, heureux auprès de Dieu et qu’il ne me resterait pas éternellement inconnu. Avec mon époux, nous avons d’ailleurs décidé de lui donner un prénom pour lui accorder pleinement sa place dans notre famille. 

Enfin, vivre une nouvelle grossesse et accoucher de manière totalement naturelle m’a permis de me réconcilier avec mon corps de mère.

Et aujourd’hui ?
Aujourd’hui, je rends grâce pour l’existence de cet enfant qui a tellement agrandi notre cœur de parents ! Je suis heureuse d’avoir un petit intercesseur auprès du Seigneur et je lui demande tout spécialement de m’aider à grandir dans mon rôle de maman. Enfin, cet événement m’a rappelé que mes enfants ne m’appartiennent pas et que, malgré tout l’amour que je leur porte, seul Dieu peut combler profondément leur cœur.

Connaître Dieu

Par Chantal Salamin
Photo: DRComment « dire » Dieu à nos amis, à nos enfants, à ceux qui nous interpellent sur Dieu, sur son existence, sur la question du mal ? Savez-vous quelle est la première réponse retournée par Google à « Dieu existe-t-il ? » C’est Raël qui lance « Dieu n’existe pas ». 

Alors réagissons ! Comme l’association chrétienne Top Mission qui a pleinement réussi sa mission de « faire connaître Dieu et le salut en son Fils » à tous en nous proposant plusieurs sites internet ingénieux, interactifs et faciles d’accès ; ce sont d’authentiques témoignages de foi invitant à la Rencontre avec notre Père.

ConnaitreDieu.com
Avec ingéniosité, l’équipe de Top Mission nous propose un parcours interactif en cinq étapes. Première étape : une lettre d’amour du Père, des paroles qui « viennent directement du cœur de Dieu, le Père » qui nous aime… magnifiques ! Puis,
l’histoire de Dieu, du monde et de chacun d’entre nous… un condensé de notre foi. Des témoignages bouleversants de vies changées par la Révélation de Dieu.

Et c’est finalement une invitation à rêver un entretien avec Dieu – contempler la création, se tourner vers Lui et comprendre que son Amour sur la Croix nous a
sauvés du péché – qui débouche sur la prière.

ComprendreDieu.com
Un site pour les chercheurs de Dieu. A peine sur le site, vous êtes reçu par François qui vous guide et vous invite à entrer dans l’un des grands thèmes bien choisis : « Existence de Dieu », « Spiritualité », « La question du mal » et « Jésus ». Il s’adapte à notre besoin, que nous désirions en savoir plus, poser une question ou cheminer. 

Et bien plus…
JesusMonAmi.com qui s’adresse aux enfants avec une lettre d’amour de Dieu adaptée, présentée par le chien Cooky, des vidéos d’expériences scientifiques comme « Jésus marche sur l’eau » ou « Le péché efface les couleurs » et même une radio !

JeVeuxMourir.com qui, avec tact et force, se penche sur le drame du suicide grâce à des messages très forts : « Vous n’êtes pas seul(e) », « Ne gardez pas tout cela pour vous seul(e) », « Il y a de l’espoir », des témoignages et des pistes concrètes !

Le site: connaitreDieu.com

Une Eglise avec les femmes

Par Nicole Andreetta
Photo: M. MumenthalerEntre Eve, responsable alibi de la chute de l’humanité, et Marie, modèle de perfection inatteignable, l’Eglise a toujours entretenu avec les femmes des relations complexes et ambiguës.

Mises à part quelques exceptions, le mystère de l’Incarnation a davantage servi la cause masculine.

Et pourtant, dès l’origine du christianisme, en tant que disciples, apôtres et responsables de communauté, les femmes ont largement contribué à diffuser la Bonne Nouvelle apportée par Jésus-Christ.

Pour cette raison, nous, femmes de Suisse romande engagées en Eglise, avons choisi de nous associer solidairement à la grève du 14 juin autour d’une action commune.

Pour celles et ceux qui ont la possibilité de nous rejoindre, un rendez-vous est fixé à 8h devant l’entrée de la gare de Lausanne.

Par notre baptême nous sommes « prêtres, prophètes et rois ». Nous voulons le droit et l’espace pour nous exprimer, nous faire entendre et collaborer ainsi à la conversion de notre Eglise qui gagnera plus de cohérence en accueillant pleinement la parole des femmes.

Ni Eve, ni Marie, mais « Egalité des chances. Amen » !

La roulotte de la rencontre

Par Nicolas Maury
Photo: Gérard PuippeDepuis décembre dernier, une roulotte particulière sillonne les routes du val de Bagnes : la Batintä. « Au départ, c’est le nom du marteau qui frappe sur les canalisations d’eau dans les bisses. S’il tape, tout va bien : il donne une pulsation, un rythme », explique José Mittaz, curé de Bagnes. « Dans la mosaïque de villages qu’est notre vallée, notre roulotte se veut une approche souriante. L’Eglise qui va vers
les gens. »

Concrètement, la Batintä se déplace sur les lieux de vie, en commençant par les cours d’école. « Nous la mettons aussi à contribution lors de manifestations sportives ou culturelles. Son accueil exprime la proximité des prêtres et des villageois qui animent des rencontres autour d’elle. »

Et de revenir sur l’origine du projet. « L’an dernier, il y a eu un renouveau au sein de l’équipe pastorale. Nous avons senti le besoin de nous faire coacher. Il en est ressorti l’idée de ne pas remplir l’agenda mais de rêver notre paroisse. C’est alors qu’Elie Meylan, un des plus anciens animateurs pastoraux, a dit : « Il nous faut une roulotte ». Le silence s’est fait, et nous avons trouvé ça excellent. »

Centre et périphérie
José Mittaz déniche le constructeur près de Dijon. « Puis nous avons fait les démarches auprès du service auto. Le 2 décembre, nous avons pu la présenter à notre fête de paroisse à l’Espace Saint-Marc. » Avec une symbolique forte : « Cette fête est un lieu de rassemblement et nous en avons profité pour montrer le vecteur qui nous permet d’aller en périphérie. Les enfants l’ont tout de suite adopté. »

Le budget se monte à environ 35’000 francs. « Il est quasi bouclé. J’aime à dire qu’un bon projet trouve toujours son financement. Des donateurs anonymes ont mis jusqu’à 5000 et 10’000 francs. Nous n’avons pas sollicité les communes, mais le conseil de gestion de la paroisse de Verbier a souhaité engager 2000 francs parce que c’est aussi un outil de la pastorale du tourisme. »

Pesant 3,5 tonnes, la Batintä se déplace grâce aux tracteurs d’agriculteurs. « L’image biblique est celle de la tente de la rencontre. Cette roulotte au mobilier volontairement minimaliste – une table, des tapis, quelques chaises – se remplit des expériences de chacun ! »

«Y’a d’la joie!»

Par Thierry Schelling
Photo: Jean-Claude Gadmer
La joie de l’amour, Amoris laetitia, a fait couler beaucoup d’encre, et pas seulement dans les chaumières, mais également dans les sacristies et les palais cardinalices. Ce à quoi le Pape a répondu par un tonitruant… silence ! Pour laisser maturer, mûrir, croître la petitesse. Pour laisser respirer la fragilité humaine caressée d’un zéphyr nouveau de tendresse de la part de l’institution…

Le chapitre 8 est intitulé « Accompagner, discerner et intégrer la fragilité ». Un fantastique programme réaliste pour le christianisme du XXIe siècle ! Et pourtant, vouloir rendre plus actifs, voire proactifs, les concernés – personnes divorcées, en deuxième union, voire couples gays – dans leur cheminement de foi vers leur place au sein de l’Eglise-communion semble encourager tout à la fois maintes initiatives à la base – et souvent organisées par des laïcs ! – et d’étranges résistances au sein du clergé – qui se verrait dépossédé d’un pouvoir décisionnel ? Le Pape demande trois choses :

Accompagner
Cela veut dire connaître, accueillir, apprécier la réalité de tant
de couples, effectivement et selon la norme écrite, « pas réglo ». Mais c’est une attitude profondément évangélique que de partir de la « réalité réelle » des paroissien-ne-s…

Discerner
Cela veut dire qu’ensemble, les baptisé-e-s que sont les partenaires et les clercs concernés peuvent réfléchir, discuter, dialoguer, s’informer voire se former, pour une décision graduellement centripète, qui ramène tout un chacun vers le cœur de Dieu, le centre de la vie catholique – du moins l’un des principaux ! – à savoir l’eucharistie.

Intégrer
Cela veut dire que le but de la pastorale, le but du ministère ordonné, le but de la vie sacramentelle, et donc du mariage religieux, est de vivre plus de communion, plus d’interaction, plus de joie à être Eglise ensemble dans la diversité des ministères, mais au service du même Seigneur. Dans la prise de soin des fragilités inhérentes à la condition humaine, mais dans une bienveillance éclairée et partagée par et pour tous.

Pourquoi ce programme dérange-t-il certains ?

En librairie – juin 2019

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Les trois cercles d’or
Odile Haumonté

Le même jour, dans la même ville, deux femmes qui ne se connaissent pas quittent leur mari. L’une, en partant avec un autre homme, espère vivre une nouvelle passion ; l’autre souhaite accomplir sa vocation d’artiste-peintre à laquelle elle a renoncé au moment de son mariage. Toutes deux vont chercher en dehors de leur famille des réponses qui ne se trouvent peut-être qu’en elles-mêmes. Un roman sur l’amour conjugal, l’accomplissement de soi, la séparation et ses conséquences familiales, qui nous interroge : un équilibre est-il possible entre la liberté et la fidélité ?

Béatitudes

Acheter pour 29.20 CHFUn catholique s’est échappé
Jean-Pierre Denis

Jean-Pierre Denis est « un catholique libéré » : dans son dernier essai, il raconte comment il a pris conscience que le discours de l’Eglise perdait parfois de vue l’essentiel, c’est à dire la foi. Il appelle les chrétiens à regarder davantage vers l’avenir que vers le passé. Devenus aujourd’hui minoritaires, affaiblis par la crise des abus sexuels dans l’Eglise, les croyants peinent parfois à trouver leur place dans une société qui paraît n’avoir plus besoin d’eux. Faux, répond le journaliste : si le christianisme s’attache à répondre aux questions les plus essentielles, alors le sens et l’espoir qu’il peut apporter aux hommes de son temps sont plus que jamais nécessaires.

Cerf

Acheter pour 30.60 CHFSaint Pierre, une menace pour l’Empire romain
Bernard Lecomte

Rome, en 64 après Jésus Christ. Un incendie ravage la cité antique. Et tandis que les flammes se reflètent dans ses prunelles, Néron, l’empereur sanguinaire, sur les hauteurs de son palais, joue de la harpe. On sait avec certitude que Néron utilisa ce drame pour lancer une véritable chasse aux chrétiens. Des centaines d’entre eux sont arrêtés, torturés, massacrés. Parmi les suppliciés, le plus célèbre des apôtres du Christ. Celui qui deviendra le symbole de l’Eglise et que Jésus avait désigné comme le roc sur lequel il la bâtirait : Pierre. Un parcours de vie en BD à découvrir en ce mois de juin où il est fêté avec saint Paul.

Glénat | Cerf

Acheter pour 25.00 CHFLe couple dont vous êtes le héros
Bénédicte de Dinechin

La vie de couple est parfois comparée à une course de longue haleine où l’entretien de la flamme amoureuse, selon les périodes, semble naturel ou bien relève de l’exploit. Pour faire durer votre amour, renforcer votre complicité et votre tendresse, voici un mélange tonifiant de conseils théoriques et de petits travaux pratiques qui vont concrètement changer votre vie. 

Quasar

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La foi au cœur du couple

Fabienne et Stephan, accompagnés de l’abbé Charlemagne Doré.

Diacre, Stephan Rempe est un membre de la communauté d’Apples, non loin de Morges. Sa foi, il la vit avec sa femme Fabienne. Tous deux animent notamment la messe dominicale.

Texte et photos par Nicolas Maury« Mon rôle est d’être un signe de l’Eglise au milieu des gens ! Mais je suis encore en phase de rodage. » Stephan Rempe a été ordonné diacre en décembre 2017. Quand on lui demande de définir plus précisément sa mission, sa réponse fuse : « Faire un lien entre la vie de l’Eglise et ceux qui sont en dehors ou juste à l’entrée. Un diacre protestant me racontait qu’on était un peu des chiens de berger, tournant autour du troupeau pour essayer de le rassembler. » Et de sourire : « Je ne suis pas tout à fait comme ça ! » 

Son engagement est de longue haleine. « Un jour en France, j’ai rencontré un diacre qui célébrait les mariages. Je me suis dit qu’il savait de quoi il parlait, et que cette option était à retenir… » 

Sa foi, il la vit avec son épouse Fabienne. « Je lui donne un coup de main pour animer les célébrations », indique l’intéressée. « Nous choisissons ensemble les chants. Mon truc, c’est les Psaumes, et les lectures. »

Collaboration dominicale

Si, durant la semaine, leurs métiers respectifs de menuisier et d’infirmière prennent beaucoup de place, leur collaboration est très palpable le dimanche. « Ma fonction me permet de concélébrer avec les prêtres », reprend Stephan. « Vu que Fabienne m’épaule, nous passons tous deux en revue le programme de la messe le samedi soir. » 

Le jour J, levé avant 8h – « ça dépend à quelle heure nous sommes rentrés (rires) » – le couple répète les chants au son d’une guitare. « Vers 10h30, nous nous rendons à l’église, où mon père est sacristain. J’installe un ampli et je lui donne un coup de main pour la mise en place. » La messe débute à 11h15. « A Apples la communauté est petite. 30 à 40 personnes. Nous organisons à chaque fois un apéro pour que les gens prennent le temps de se renconter et de parler. Ça crée des liens. Pour moi, la messe est un peu le carburant de la semaine. »

Fabienne souligne ces propos. « Si je ne peux pas aller à la messe un dimanche, ça me manque. Elle est le ressourcement qui me permet d’affronter les jours suivants. Et c’est aussi important de prier pour les gens qui nous entourent. »

Après la messe, un moment de partage.

Communauté œcuménique

Entre l’apéro et le repas, « même si on prend le temps de pedzer un peu », Stephan pense déjà à l’après-midi. « Je fais une visite en EMS où j’apporte la communion. C’est aussi cela, faire le lien avec la communauté. »

Sur les hauteurs qui dominent le Léman, celle-ci se veut œcuménique. « Nous sommes dans un milieu mixte avec beaucoup de protestants, explique Fabienne.Mon mari fait partie de la plateforme de Morges qui regroupe deux paroisses réformées, une évangélique, l’Armée du Salut, et qui coordonne différentes activités durant l’année. » Pas étonnant dès lors que l’agenda soit chargé. « En début et en fin de journée, le diacre est en lien avec toute l’Eglise par la prière des heures. Je la fais seul le matin car je suis le premier debout, et le soir, on tente de prier les vêpres ensemble. Mais comme tous mes collègues le disent, c’est difficile de caser les vêpres le soir », sourit Stephan. D’autant qu’il tient à garder ses activités laïques, entre la chorale villageoise, le théâtre, de temps à autre les activités communales.

Equipes Notre-Dame

Fabienne et Stephan font en outre partie des équipes Notre-Dame, mouvement international de 55’000 couples ayant le désir de vivre pleinement les richesses du sacrement de mariage. « Avec des amis, nous cherchions un moyen d’échanger sur notre vie de couple avec un éclairage chrétien. Un thème est choisi dans l’année. Là, nous travaillons sur l’Evangile de Jean. Lors de nos rencontres avec cinq autres couples et un prêtre, il y a un moment de prière, un repas et des discussions. Cela nous raffermit de partager tout cela entre nous et avec d’autres. »

Au fil d’un dimanche

8h –> Réveil, suivi de la prière matinale
9h –> Ultime répétition des chants avant la messe
10h30 –> Déplacement à l’église
11h15 –> Messe puis apéro avec la communauté
13h –> Repas
15h –> Visite en EMS
18h –> Parfois la messe du dimanche soir

Amours en Eglise

Marie et Didier vont se marier en 2020.

Trois couples, où l’un des conjoints au moins est divorcé et remarié, racontent leur parcours pour trouver une place en Eglise. Entre accompagnement et incompréhension, ils évoquent une institution d’où ils se sentent parfois exclus, «mais qui évolue».

Par Bernard Hallet
Photos: B. Hallet, Ciric
« J’aurais aimé porter une robe blanche et célébrer mon mariage à l’église », confie Michèle*. Alain* étant divorcé, cela n’a pas été possible. Un prêtre a béni leur union en présence des proches et des amis. « Cela n’a rien changé à ma foi. J’ai fait différemment, voilà tout. Mais il était important qu’il y ait quelque chose. »

Le prêtre leur avait expliqué leur situation par rapport à l’Eglise. Michèle et Alain n’ont pas essayé de changer les choses. « Les prêtres font ce qu’ils peuvent avec le droit canon. » Ils se souviennent d’une belle fête. Ils sont mariés depuis 21 ans.

Quelle place dans l’Eglise pour les couples complexes ?

Bien accompagnés

Une rencontre peut changer du tout au tout le rapport très sensible qu’ont ces couples dit « irréguliers » avec l’Eglise. Michèle reconnaît avoir eu une certaine appréhension lors de la discussion avec le prêtre pour envisager leur union. « Nous avons eu affaire à une personne à l’écoute et ouverte. » « S’il nous avait refusé une bénédiction, je ne sais pas comment nous aurions réagi », ajoute Alain. Les deux Valaisans s’estiment chanceux d’avoir été bien accompagnés. 

Dominique ne peut pas en dire autant. Au terme d’une union de vingt ans, qui a débouché sur un divorce, elle a rencontré un prêtre. « Il n’a pas trouvé les mots pour m’apaiser. » 

Elevée dans la foi, cette Jurassienne d’origine culpabilise d’avoir rompu un sacrement. Elle accordait en effet « une valeur immense au mariage ». Un rendez-vous avec un autre curé la plonge dans la détresse : « Il n’a pas du tout entendu ma souffrance. Il a été monstrueux. » Un contact avec une religieuse a ensuite atténué son amertume. 

Cette dernière l’a orientée vers un prêtre auprès duquel elle a trouvé de la sollicitude. 

Elle rencontre Philippe en 2000. « Pour nous c’était une évidence, le chemin continuerait ensemble », affirme-t-il. Lui aussi est divorcé mais sa situation vis-à-vis de l’Eglise ne l’affecte pas. Il n’avait plus mis les pieds à la messe depuis l’âge de 18 ans, même s’il a gardé la foi. Il y accompagne désormais sa femme avec plaisir et librement.

Malgré la volonté du couple de réunir quelques proches, le prêtre qui les accompagne accepte de bénir leur union mais, par souci de discrétion, en toute simplicité, sans officialité ni invités. La bénédiction n’aura finalement pas lieu. « Il ne fallait pas s’imaginer que ce serait un « deuxième » premier mariage. »

« Humiliée et blessée »

«Beaucoup de gens sont blessés par l’institution », affirme pour sa part Marie, qui s’est sentie humiliée, lorsqu’en 2015, un prêtre lui refuse la confession au motif qu’elle est deux fois divorcée civilement. En 2017, alors qu’elle était en retraite spirituelle, on lui refuse la confession et la communion. Vient la révolte. 

Elle a attendu un an avant d’en parler à un religieux. « Il a accusé le coup. » Le sujet est sensible, la blessure profonde. « L’Eglise ne vient pas vers les gens qui ne sont pas « dans les clous », alors ils se détournent d’Elle. Avec mes deux mariages, je me sens proche de la Samaritaine. » Elle estime que c’est une responsabilité de l’Eglise et de tous ses membres de faire preuve de miséricorde et de témoigner du Christ.

Le regard des autres

« Je continue à m’inquiéter du regard des autres lorsque je vais communier », reconnaît Dominique. Entre le Jura, le Valais et le canton de Vaud, avec Philippe, ils sont amenés à se déplacer et se trouvent rarement deux fois de suite dans la même église.
Ce qui les arrange. Outre la discrétion, ils recherchent également de belles célébrations. 

Pendant sept ans, Michèle et Alain sont allés à la messe dans le village voisin. « Par souci d’anonymat. » Ils ont préféré éviter l’église du village où ils habitent. « On nous aurait jugé si nous nous étions trouvés devant et que nous étions allés communier. J’en aurais sûrement fait autant », admet Alain. Ils sont revenus au village lorsque leur fils a commencé la catéchèse. Ils n’ont jamais essuyé de reproche de la part de la communauté.

Trop de pression

« J’étais profondément blessée et Didier m’a redonné confiance en l’amour humain », enchaîne Marie, qui va se marier avec lui en 2020, après un long cheminement. « Si je suis restée dans l’Eglise, malgré le manque de compassion de certains prêtres et un dogme peu centré sur l’Evangile, c’est uniquement parce que j’ai fait l’expérience de l’Amour du Christ. Ce ne sont ni le dogme ni la morale qui m’ont ramenée à la foi, mais l’amour de Dieu. »

Marie pense que les prêtres devraient oser le « non » à des couples qu’ils n’estiment pas prêts à une union devant Dieu. Selon elle, beaucoup passent devant le curé par tradition plus que par conviction religieuse.

La foi malgré tout

« Je me suis marié à l’église. Il y a quarante ans, on ne faisait pas autrement », coroborre Philippe. Dominique a connu son futur mari à l’âge de 14 ans. Elle a souffert de ce mot « divorcée » et s’est sentie stigmatisée. Elle serait heureuse de rendre service en paroisse, « mais après m’être assurée que je serais bien acceptée ». Elle a malgré tout gardé la foi. 

Depuis 2005, Alain et Michèle peuvent à nouveau communier et se confesser. L’accompagnement a porté ses fruits. Le curé lui a proposé le poste de sacristain. De son côté, elle s’est beaucoup impliquée dans le parcours de son fils, chante dans la chorale de la paroisse et fait parfois des lectures. 

Ecoute et compassion

Ils saluent l’initiative de Mgr Jean-Marie Lovey. L’évêque de Sion a en effet invité en septembre dernier des couples divorcés et remariés pour un échange. Une première dans le diocèse. Tous, l’évêque en tête, ont été surpris par les prises de parole. 

Mgr Lovey a rappelé la ligne de l’Eglise concernant les couples divorcés et remariés (voir encadré ci-contre). 

« Il a été extrêmement humble et a fait preuve d’une grande délicatesse. Nous avons eu de l’écoute et de la compassion », détaille Marie. Dominique a été étonnée : « On a réalisé que nous n’étions pas les seuls dans ce cas. »

Les uns et les autres reconnaissent que si l’Eglise a un peu évolué sur le sujet… avec la société, l’institution doit être moins dogmatique et plus à l’écoute. Ils comprennent la situation délicate des prêtres, entre miséricorde et dogme. « J’ai redécouvert la foi et je suis revenu à l’Eglise grâce à Marie », conclut Didier. 

*Prénoms fictifs

Mgr Jean-Marie Lovey: «L’accompagnement individuel doit être attentif»

Propos recueillis par Bernard Hallet
Photo: Bernard Hallet

Qu’en est-il exactement du mariage à l’église ?
Le droit de l’Eglise ne reconnaît qu’une forme de mariage valide entre baptisés : le mariage religieux, sacramentel, entre un homme et une femme, qui constitue une alliance durable, ouverte à la vie et dans la fidélité. C’est en tout cas l’objectif. Concrètement dans l‘histoire, les gens inscrivent leur vie de couple plus ou moins dans cette ligne.

Qu’est-ce qu’être divorcé et remarié implique concrètement en Eglise?
Il faut distinguer les personnes divorcées des personnes divorcées et remariées. Il y a une confusion systématique : on pense que les personnes divorcées sont excommuniées et n’ont donc plus accès à l’eucharistie. C’est faux.

Les personnes divorcées-remariées sont objectivement dans une situation irrégulière. Cela est un fait découlant du droit et non un jugement de valeur. Les sacrements sont des signes. Le mariage sacramentel, communion entre l’homme et la femme, est un signe qui renvoie à la communion entre Dieu et l’humanité. Ce dernier lien est indéfectible. Si un mariage est brisé par un divorce, il n’est plus adéquat à signifier une communion indéfectible.  L’eucharistie a aussi sa dimension de signe de communion, d’unité et d’alliance avec le Christ. Des personnes en situation de rupture, de division et de séparation poseraient un geste contradictoire en allant communier. Voilà pourquoi ce geste-là, sur le plan du droit, n’est pas possible à une personne divorcée et remariée.

Quelque chose de semblable concerne le sacrement du pardon. Le péché est une rupture d’alliance. La confession comporte la décision de renouer avec une alliance rompue et non pas de rester dans une alliance seconde, en contradiction avec le point de départ. Pour ne pas faire mentir le geste de l’absolution, le sacrement n’est pas, objectivement, accessible aux personnes divorcées et remariées. Mais attention ! Ce regard objectif, juridique ne dit pas le tout de la vie et surtout, dans le fond, ne résout pas grand-chose. Parce que la personne qui est dans cette situation de remariage et qui a toute sa liberté et son honnêteté intérieure souhaite parfois renouer – il y a une cassure humaine mais pas forcément une cassure avec le Christ – et nourrir ce lien de l’eucharistie et de la demande de pardon. Et puis se trouver divorcé-remarié est-ce une situation de péché permanent ?  C’est tout l’enjeu de l’accompagnement spirituel.

Tant que la norme ecclésiale reste à ce niveau, je pense que l’accompagnement individuel doit être attentif et permettre que des personnes ou des couples puissent vivre la démarche et aller, comme le dit Amoris Laetitia, jusqu’à la réception du sacrement. On peut souhaiter que cette norme évolue. Et – faut-il le préciser ? – le sacrement du mariage n’est pas non plus accessible aux personnes divorcées qui souhaitent se remarier.

Vous aviez dit en 2017 que l’accueil devait précéder tout jugement. Beaucoup de couples ressentent exactement l’inverse de la part de l’Eglise, et parfois de la communauté.
Cette question est tellement à fleur de peau puisque les gens s’investissent à fond dans une union ! Je comprends leur sentiment. Dans le cas où cela se passe mal, les dégâts humains et psychologiques sont si profonds qu’il ne faut pas ajouter de blessures. Il faut absolument distinguer ce qui est de l’ordre de l’objectif de ce qui est de l’ordre de la relation personnelle et subjective. Quand un mariage casse, c’est objectivement un drame et un échec. Indépendamment de tout jugement de valeur sur les personnes.

Des gens qui se sont engagés en toute connaissance de cause et en toute sincérité en espérant que leur union tienne et qui constatent que ce n’est pas le cas, doivent bien reconnaître l’échec. Ce mot désigne l’objectivité de la situation qui n’a pas tenu la promesse de départ. Cela ne désigne en rien la culpabilité ou la responsabilité de l’un ou l’autre ou des deux conjoints.

Objectivement, il y a des termes qu’il faut pouvoir employer pour désigner quelque chose de précis. Il y a ensuite toute la dimension d’accompagnement personnel qui doit être mise en place et qui doit primer sur le jugement. Il ne s’agit pas de juger mais d’accompagner et de comprendre. C’est pour cette raison que lorsqu’on parle de couples en situation dite «irrégulière», c’est objectif, ce n’est en aucun cas un jugement de valeur. La règle c’est que le mariage tienne. Dans le cas contraire, le couple est en dehors de la règle comme le joueur qui se trouve «hors-jeu». Ce n’est pas une faute morale.

Vous aviez évoqué en 2017 la formation des prêtres à l’accompagnement des couples. Qu’en est-il ?
Rien de spécifique n’est pour l’instant mis en place pour que des prêtres soient formés à l’accompagnement des couples. Il y a une sensibilisation d’autant plus large que je crois que beaucoup de prêtres prennent conscience que c’est la réalité d’un certain nombre de paroissiens et ils se rendent compte de la nécessité de s’intéresser à l’accompagnement. Un signe : dans les visites pastorales que j’ai pu effectuer, à trois endroits les agents pastoraux, prêtres et laïcs, ont prévu des rencontres entre des couples blessés et l’évêque. Il y a cette sensibilité à faire quelque chose pour que ces couples ne soient pas marginalisés.

Les couples présents à la rencontre du 1er septembre 2018, ont été recontactés et conviés à une rencontre avec l’abbé Vincent Lafargue, l’aumônier des Equipes Notre-Dame du secteur Valais. L’idée est de lancer une équipe “Reliance“, constituée de couples divorcés et remariés. Trois couples remariés sont intéressés et un quatrième couple est d’accord de les accompagner. Rien n’est encore décidé.

Quelle démarche doivent entreprendre les couples qui souhaitent un accompagnement pour rester en contact avec l’Eglise ?
Il n’y a pas de démarche particulière à effectuer. Ils doivent prendre contact avec le prêtre qu’ils connaissent, le curé de la paroisse. Beaucoup de prêtres font de l’accompagnement de couples dans ces situations particulières, indépendamment et bien avant Amoris Laetitia. Des prêtres n’ont pas attendu l’exhortation consécutive au synode sur la famille de 2015 pour effectuer cet accompagnement.

Je ne veux porter aucun jugement sur l‘accompagnement d’avant Amoris Laetitia. Sans doute cette exhortation apostolique a-t-elle cadré de façon plus claire les types d’accompagnement.

Beaucoup de prêtres accompagnaient et l’ont fait généreusement, en toute conscience et très bien avec plutôt un a prioride totale ouverture. Mais lisez attentivement Amoris Laetitia : l’exhortation met l’accent sur l’exigence du discernement et de l’accompagnement. Cela ne signifie pas, je le redis, «tous feux au vert». L’accompagnant doit prendre en compte une histoire des personnes, un couple et le réseau de relations de chaque conjoint, les enfants et les familles.

Certains se sont sentis humiliés lorsqu’ils ont évoqué leur situation conjugale lors d’un contact avec un prêtre et qu’on leur a refusé la confession et la communion.
Dans un état de blessure humaine, si on vient demander du secours, un appui et qu’on se voit mis sur la touche, je comprends vraiment que la personne puisse se sentir blessée de ne pas être accueillie. Je pense qu’une partie importante de l’accompagnement consiste à accompagner sans dire a priorique l’on est dans un état objectif de rupture d’alliance et donc «on ne peut rien pour vous» ni l’inverse, où tout le monde est le bienvenu sans aucun discernement. C’est une situation délicate. L’accompagnement consiste à éclairer la conscience des gens et non pas à prendre des décisions. Lorsqu’on signifie à quelqu’un : «Non je ne peux pas te recevoir dans le sacrement de pénitence ou de l’eucharistie», on prend une décision à sa place. Ce n’est pas de l’accompagnement pour que la personne, en conscience et en liberté intérieure, puisse se dire : «j’accueille en toute liberté cette limite momentanée qui m’est mise» ou bien : «Je comprends que je puisse intégralement participer à la vie de l’Eglise, y compris sacramentelle.»

Vous avez dit: «on s’est focalisés sur l’eucharistie, il y a beaucoup d’autres choses à vivre en Eglise pour les couples remariés.» A quoi pensez-vous ?
Tout baptisé nourrit sa foi non seulement de l’eucharistie mais aussi de la vie communautaire et de la Parole de Dieu. Il faut regarder dans cette direction. Qu’est-ce que la vie communautaire peut apporter à un couple divorcé et remarié ? Ou comment un couple peut-il s’intégrer dans la vie de la communauté locale, indépendamment de la participation à la communion ? Il y a des pistes importantes. La Parole de Dieu est très nourrissante. Comment se fait-il qu’on focalise tout sur l’eucharistie et si peu sur l’Evangile ? Qui reste un lieu de nourriture spirituelle et reste accessible à tous. Je pense à des cours bibliques, à une année pastorale avec des lectures d’un Evangile en compagnie de couples ou encore la lectio divina. Dieu sait combien de personnes ont retrouvé l’accès au Christ et à l’Eglise à travers la lectio divina ! Cela se vit dans beaucoup d’endroits et fait partie de l’accompagnement que l’on peut offrir. Beaucoup ne le savent pas.

Vous parlez de l’intégration dans la communauté. Parfois le jugement vient de la communauté. C’est très douloureux.
Il faut absolument éviter ce genre de jugement. La dernière des lettres anonymes que j’ai reçue aborde ces questions. Quelqu’un me dit à quel point il est scandalisé de voir des personnes distribuer la communion à des gens divorcés ou remariés. C’est un jugement sur des personnes impliquées dans un service de communauté et qui ont chacune leur histoire, pas forcément lisses ni parfaites. Qui sommes-nous pour juger le cœur des gens ?

Avez-vous été surpris par le nombre de personnes qui sont venues à la rencontre que vous avez organisée en septembre 2018 ?
Une belle surprise. Une quarantaine de personnes étaient présentes. Majoritairement des couples. Une deuxième surprise a été de voir le côté apaisé et serein de tous ceux qui se sont exprimés par rapport à ce qui a été monté en épingle sur les réseaux sociaux en ce qui concernait l’appellation de couples dits en situation «irrégulière». Le terme avait choqué un certain nombre de personnes. Voulant clarifier la situation, j’en ai parlé avec le groupe. Personne n’en a rajouté. Une personne présente a donné la clé de lecture en disant que si l’on parlait de situation «irrégulière», c’est parce qu’il y avait une règle.

La souffrance des gens est bien partagée. Je l’ai vu le 1erseptembre dernier. Une personne s’est exprimée ouvertement, libérant la parole de beaucoup qui se sont exprimés sur leur souffrance, sur leur sentiment d’être rejeté, souffrance de la part des familles où s’expriment des objections très fortes. Les histoires sont très personnelles, y compris dans la reconstruction du couple mais le sentiment d’être rejeté est largement prédominent. Certains couples se sont remariés il y a 20 ou 30 ans avec enfants et même petits-enfants et ont établi une structure de vie et qui a du sens tout de même!

On ne peut pas ne pas prendre en compte ces situations dans notre regard sur le couple lui-même dans son chemin spirituel.

Nous avons eu à faire à plusieurs situations : des couples divorcés et remariés de longue date et toujours engagés en Eglise. Des gens qui ont gardé un lien fort avec leur paroisse. Des couples ont tout quitté, tout abandonné et attendaient une ouverture et se sont réjouis de cette invitation. Pour la plupart, les gens attendent la possibilité de communier, c’est la plus grande attente exprimée. Si c’est perçu comme la seule manière d’être chrétien dans le monde d’aujourd’hui : aller à la messe et communier, le reste n’ayant pas d’importance, on risque de se trouver en porte-à-faux.

Lorsque vous rencontrez des couples remariés, que vous disent-ils ?
De manière assez unanime, ils ont une réaction d’incompréhension. Nous devons entendre que les gens ne comprennent pas. Ce qui ne simplifie rien dans la pastorale. Si les gens ne comprennent pas, à quoi bon exprimer des choses incompréhensibles ? A quoi bon continuer de bloquer les situations incompréhensibles ? Il faut aborder cette situation par un autre biais. Pastoralement, nous n’avons pas le choix. Parce que la pastorale est au service de la vie. Si nous sommes dans une situation de blocage, nous ne sommes pas dans l’élan et la dynamique de la pastorale. Cela pose une question très lourde et très difficile, pour les pasteurs, de l’accompagnement qui est au centre et au cœur de notre ministère.

Souvent les gens ont l’impression de se heurter à un mur.
Deux personnes en couple, chacune en instance de divorce, me disaient au sujet de la communion à laquelle ils aspirent : «Nous avons le sentiment d’être à un feu rouge et on attend qu’il passe au vert. L’élan est là, le moteur tourne.» C’est une belle image, il y a en effet quelque chose de cet ordre-là. Ils ont l’impression de se heurter à une impossibilité, alors que tout semble en place pour que ce soit possible. Comment passer au vert ? Faut-il sans discernement mettre tous les signaux au vert ? Ce serait l’anarchie. Comment accompagner ? Le critère du temps est important. Lorsque les personnes ont fait un long chemin de discernement et que le feu est toujours au rouge, on peut comprendre qu’il y ait une réelle incompréhension.

La grève des femmes

Par Nicole Andreetta
Photos: M. Mumenthaler

Sur le chemin de Rome.

Abus sexuels, abus de pouvoir… depuis plusieurs années les dérives du cléricalisme sont constamment dénoncées. Pourtant, l’Eglise peine à se remettre en question.

Face à cette inertie, la grève du 14 juin prochain est l’occasion de faire entendre la voix des femmes engagées dans l’Eglise.

Déjà, en 2016, un groupe de femmes, parti de Saint-Gall, s’était rendu à pied à Rome pour apporter au pape François une lettre demandant la parité dans l’Eglise au niveau des décisions. Mariette Mumenthaler est active dans l’Eglise de Neuchâtel : « Nous étions huit femmes et un homme à avoir parcouru la totalité du trajet (1200 km). Plus de 1500 personnes nous ont accompagnés sur de petits tronçons au cours de notre marche. Nous souhaitions remettre notre lettre en mains propres, au pape François. Malheureusement, malgré le soutien des évêques de Bâle et de Saint-Gall, la demande de le rencontrer ne lui est jamais parvenue, probablement stoppée par la Curie. »

Pour Catherine Ulrich, assistante pastorale dans le canton de Genève, la coupe est pleine : « Mes propres enfants ne comprennent plus qu’en tant que femme, j’accepte d’être discriminée, de ne pas avoir de place à l’autel ! Quelle image transmettons-nous aux jeunes que nous accompagnons ? Quelles que soient nos responsabilités, il se trouve toujours un homme au-dessus de nous. Tant que le pouvoir ne sera pas mieux partagé, les abus perdureront. »

Myriam Stocker est coordinatrice de la planification du diocèse de Lausanne Genève et Fribourg et première femme membre du Conseil épiscopal : « J’ai l’impression d’être parfois la femme alibi et surtout d’être très seule ! On fait AVEC parce que la femme est là… mais on ne fait pas toujours ENSEMBLE ! Je me sens souvent peu écoutée. »

Depuis la création du Réseau des femmes en Eglise, en 2016, qui compte à ce jour environ 60 personnes, Myriam ressent un peu moins cette solitude : « Particulièrement ces derniers mois avec les actions que nous menons. Jésus invite toujours à le suivre, mais pas à lui obéir… et il faisait passer la vie avant la loi ! Le 14 juin, nous revendiquerons la reconnaissance de notre travail, le droit à la parole, celui d’être écoutées ainsi qu’une participation significative de femmes dans les instances décisionnelles et de formation. »

Plus d’info sur:

https://www.diocese-lgf.ch/diocese/planification-pastorale/reseau-des-femmes-en-eglise.html

Qui suis-je pour juger?

Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR 
« Qui suis-je pour juger ? »
La phrase avait fait le tour du monde : lancée par le Pape aux journalistes dans l’avion au retour de l’un de ses voyages, elle s’appliquait aux personnes homosexuelles. Mais elle vaut bien évidemment pour toutes les situations considérées comme « irrégulières » au regard de la conception ecclésiale. « Qui suis-je pour me considérer dans une situation régulière ? », pourrions-nous aussi ajouter à la suite de l’évêque de Rome.

Injonction vigoureuse
« Ne jugez pas afin de ne pas être jugés ; car du jugement dont vous jugez on vous jugera. » (Matthieu 7, 1-2) Ces paroles de Jésus, préludant à la parabole de la paille dans l’œil du voisin mise en parallèle avec la poutre dans nos propres yeux (Matthieu 7, 3-5), ouvre le troisième chapitre du sermon sur la montagne (Matthieu 5-7). « Hypocrite, ôte d’abord la poutre de ton œil, et alors tu verras clair pour ôter la paille de l’œil de ton frère », conclut l’injonction vigoureuse du Christ. (Matthieu 7, 7)

Seul Dieu juge
Car « la lampe du corps c’est l’œil. Donc, si ton œil est sain, ton corps tout entier sera lumineux », affirme déjà le nouveau Moïse au chapitre précédent (Matthieu 6, 22-23). L’enjeu est donc de taille. 

Non seulement, il s’agit d’accueillir de manière inconditionnelle les « couples complexes » et chaque contexte particulier, sans poser d’appréciation extérieure. En effet seul Dieu juge, puisque lui seul peut sonder les cœurs et les reins et jauger les intentions profondes et le degré de justice de chacun(e). 

Non seulement il convient d’accompagner chaque union et chaque famille dans sa spécificité, de l’aider à opérer un discernement et d’intégrer toute personne dans nos communautés, ainsi que l’exhortation apostolique post-synodale Amoris laetitia (La joie de l’amour) nous y incite instamment (en son chapitre 8). Mais renoncer à porter un jugement sur les autres, c’est soigner son regard sur toutes choses et remplir ainsi son être entier de lumière. « Change ton regard sur les autres et le monde changera », propose fort justement un chant de Noël Colombier !

«Prie et travaille»

Sœur Marie-Paule est cellérière de la communauté des Bernardines à Collombey. Un monastère qui produit des hosties et gère une sonothèque, mais où l’essentiel reste la prière.

Texte et photos par Nicolas MauryTablier bleu sur son habit de religieuse, Sœur Marie-Paule examine une plaque dont la cuisson vient de se terminer. « Il n’y a pas de recette miracle », note celle qui est cellérière de la communauté des Bernardines depuis onze ans. « Une hostie est composée d’eau et de farine, laquelle est un élément vivant qui ne se comporte pas toujours de la même manière. Il faut aussi un peu de savoir-faire. »

Si la manufacture d’hosties fait la réputation du monastère qui surplombe Collombey, elle n’est pas l’activité principale de cette congrégation de huit sœurs. « La raison d’être d’une communauté monastique est de louer le Seigneur et d’intercéder pour les gens qui nous entourent. Ensuite, il faut bien subvenir à nos besoins ! » D’où une Règle qui prévaut, celle de saint Benoît. « Ora et labora, qu’on peut traduire par prie et travaille. Notre labeur a deux objets : subvenir aux besoins de la communauté et être un soutien pour les gens qui sont dans le besoin. C’est ce que nous essayons de vivre ici. »

Lever avant l’aurore

Chaque matin, le réveil sonne à 4h25, « pour que je puisse avoir une chance de me lever à 4h30 », sourit Sœur Marie-Paule. « Nous commençons la journée avec le premier temps de prière : les vigiles, qui est aussi le plus long et le plus apprécié. Débutant à 5h, il dure une quarantaine de minutes. » Le petit-déjeuner et la Lectio Divina, de 6h à 8h, suivent dans la foulée. « On nourrit l’esprit avant le corps. Moi, c’est ce qui me permet d’assumer les aléas du quotidien. C’est un temps béni, où nous ne sommes pas assaillies de choses matérielles. »

L’office des laudes à 8h, puis la messe à 8h30 précèdent le temps de travail qui débute vers 9h30. « Si je travaille aux hosties, en général je fais la pâte le jour qui précède la cuisson. Sur l’année, il est difficile d’estimer la quantité réalisée. Mais en 2018, nous avons utilisé 3,6 tonnes de farine. »

La main à la pâte

Comme la production comporte plusieurs étapes, les compétences de chacune sont mises à profit. « Les sœurs qui ont 80 ans ne peuvent plus manipuler un sac de 25 kg. Par contre, elles peuvent gérer le tri et le conditionnement. Tout le monde est ainsi concerné. » Et ce, même au-delà de la communauté. « Elvira Morard est une laïque qui nous épaule », indique Sœur Marie-Paule en désignant une femme s’occupant des plaques. « Nous la considérons comme une des nôtres ! » 

La fabrication s’apparente à celle des gaufres. « Le sucre en moins ! La clef, c’est l’humidité. La cuisson finie, les plaques sont humidifiées à 80 % dans une chambre spéciale. Cela permet la découpe. » Une fois conditionnées, les hosties sont envoyées dans les paroisses du diocèse de Sion.

Elvira Morard et Sœur Marie-Paule examinent une plaque d’hosties.
Elvira Morard et Sœur Marie-Paule examinent une plaque d’hosties.

Alors que midi approche, les Bernardines se préparent pour sexte, office qui précède le repas. Suit un temps de pause jusqu’à 14h30 et none, puis le labeur reprend jusqu’aux vêpres (17h15). « Une autre partie de notre activité est liée à l’Etoile sonore. Cette sonothèque permet de proposer des livres audios aux personnes incapables de lire. » Des ouvrages qu’il s’agit d’enregistrer. « Deux de nos sœurs s’en chargent, de même qu’une cinquantaine de bénévoles externes. Pour moi, nos deux activités ont beaucoup en commun. La lecture permet de s’ouvrir et de créer des liens. Tout comme la communion ! »

Après les vêpres, la journée est déjà bien remplie. « Certaines sœurs vont se coucher à 19h, moi parfois un peu plus tard. » Si, à l’écouter, Sœur Marie-Paule n’a pas une minute à elle, elle dit ne pas avoir l’impression d’être stressée. « La vie monastique nous apprend à passer rapidement d’une chose à l’autre. Si je mets 20 minutes pour y parvenir, je ne vais pas m’en sortir. On acquiert au cours du temps la capacité d’être vite opérationnelle. » Et de plaisanter : « Ce qui est sûr, c’est que je ne suis pas menacée par le chômage ! »

Un agenda bien rempli

4h30 –> Réveil
5h –> Vigiles, temps de prière
6h –> Petit déjeuner et Lectio Divina
8h –> Laudes
8h30 –> Messe
9h30 –> Travail en atelier
12h –> Sexte, puis repas
14h30 –> None
14h45 –> Travail en atelier
17h15 –> Vêpres
Le soir –> Complies

Fake news familiales?

On parle beaucoup des «fake news», ces fausses informations qui trompent ceux qui les écoutent et sapent la confiance. En famille aussi, la tromperie altère les relations. Petites pistes pour que le mensonge n’ait pas le dernier mot.

Par Bertrand Georges
Photo: DR• Lorsque l’enfant découvre la possibilité de mentir, la tentation est grande d’en user, car au premier abord, on peut trouver cela utile. Dans ce domaine comme dans d’autres, l’exemple est la meilleure école : s’ils perçoivent que leurs parents ne sont pas francs, les enfants ne comprennent pas pourquoi on exigerait cela d’eux. 

• Celui qui ment le fait pour se valoriser, pour cacher quelque chose qui lui fait honte, ou par peur si une faute ou un manquement passé a entraîné une punition disproportionnée. Sans doute vaut-il mieux montrer que l’on a détecté le mensonge, en parler et souligner l’importance de vivre en vérité, plutôt que de sanctionner trop vertement. 

• Si le mensonge entame la confiance, la confiance, au contraire engendre l’authenticité : « Lorsque quelqu’un sait que les autres ont confiance en lui et valorisent la bonté fondamentale de son être, il se montre alors tel qu’il est, sans rien cacher. Celui qui sait qu’on se méfie toujours de lui, qu’on le juge sans compassion, qu’on ne l’aime pas de manière inconditionnelle, préférera garder ses secrets, cacher ses chutes et ses faiblesses, feindre ce qu’il n’est pas », dit le pape François 1.

• Il est important de ne pas enfermer l’autre (ou soi-même) dans un travers. Un mensonge ne fait pas irrémédiablement un menteur. L’Espérance nous permet de croire en un progrès possible. « Une famille où on se refait toujours confiance malgré tout permet le jaillissement de la véritable identité de ses membres et fait que, spontanément, on rejette la tromperie, la fausseté ou le mensonge2. »

• C’est en contemplant Jésus, Chemin, Vérité et Vie, et en lui demandant sa grâce que l’on progresse dans une attitude de franchise. 

• Le sacrement de réconciliation, source de pardon, de paix, de conversion et de guérison, donne la grâce de nous pardonner à nous-même et aux autres, et de vivre en vérité.

1 Amoris Laetitia 115
2 ibidem

Lorsque l’enfant découvre la possibilité de mentir, la tentation d’en user est grande…
Lorsque l’enfant découvre la possibilité de mentir, la tentation d’en user est grande…

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