Saint-Valentin, fête des amoureux. Pour que les sentiments se renouvellent, le pape François 1 nous offre quelques pistes engageantes et profondes.
Par Bertrand Georges Photo: PixabayCultiver la joie Il n’y a pas de plus grande joie que dans un bien partagé. Les joies les plus intenses de la vie jaillissent quand on peut donner du bonheur aux autres, dans une anticipation du Ciel. Elle est douce et réconfortante, la joie de contribuer à faire plaisir aux autres, de les voir prendre du plaisir.
Prendre soin l’un de l’autre La joie matrimoniale, qui peut être vécue même dans la douleur, implique d’accepter que le mariage soit un mélange de satisfactions et d’efforts, de tensions et de repos, de souffrances et de libérations, de satisfactions et de recherches, d’ennuis et de plaisirs, sur le chemin de l’amitié qui pousse les époux à prendre soin l’un de l’autre.
Contempler la vraie beauté La beauté – la grande valeur de l’autre qui ne coïncide pas avec ses attraits physiques ou psychologiques – nous permet d’expérimenter la sacralité de sa personne, sans l’impérieuse nécessité de la posséder. Le regard qui valorise a une énorme importance.
Donner de la tendresse La tendresse est une manifestation de cet amour qui se libère du désir de possession égoïste. Elle nous conduit à vibrer face à une personne avec un immense respect et avec une certaine peur de lui faire du tort ou de la priver de sa liberté.
Traverser l’épreuve ensemble Après avoir souffert et lutté unis, les conjoints peuvent expérimenter que cela en valait la peine. Peu de joies humaines sont aussi profondes et festives que lorsque deux personnes qui s’aiment ont conquis ensemble quelque chose qui leur a coûté un grand effort commun.
Aimer ainsi permet d’ancrer l’amour au-delà des sinuosités de la relation et des fluctuations des sentiments. C’est dans la grâce de Dieu, source de tout Amour, que l’on puise les ressources pour un amour qui se renouvelle.
1 Cf. Amoris Laetitia (La joie de l’amour), n. 126-130.
La Saint-Valentin est l’occasion pour les couples de se ressourcer dans l’Amour de Dieu. Différentes offres sont proposées. Renseignements auprès des pastorales familiales cantonales. www.pastorale-familiale.ch
A l’heure du développement digital, l’Eglise doit être «geek parmi les geeks», pour paraphraser saint Paul. Le Pape lui-même est très actif sur les réseaux sociaux. Un exemple à suivre… en utilisant les bons moyens!
Par Nicolas Maury Photos : Jean-Claude Gadmer, DR«S i l’Eglise ne s’engage pas dans les réseaux sociaux, elle est condamnée à ne plus exister. Les croyants sérieux doivent y être, sans quoi les autres prendraient toute la place. Et pas pour le meilleur… »
Pour le Père Janvier Yameogo, l’Eglise doit s’engager sur les réseaux sociaux.
Ce constat, le Père Janvier Yameogo l’a posé lors de la 20e Journée de la presse paroissiale, le 20 octobre dernier à Saint-Maurice. Titulaire d’une maîtrise de théologie et d’un diplôme de journalisme, membre depuis 2006 du dicastère pour les communications sociales à Rome, il parle en connaissance de cause. « J’ai été au cœur de ce moment où le Vatican a fait un pas de géant pour entrer dans les réseaux sociaux, lorsque la page Youtube du pape a été créée. C’est par ces démarches que nous pouvons être présents au sein de la société. »
A l’image de la révolution de l’imprimerie
Une société dont il s’agit de décrypter les codes. « Sur Terre, on compte quatre milliards de téléphones cellulaires pour cinq milliards de brosses à dents, sourit le Père Yameogo. Facebook, c’est deux milliards d’abonnés. Twitter : 1,2 milliard. Chaque minute, trois cents heures de vidéos sont partagées sur Youtube. » Spécialiste de la communication digitale, Claire Jonard détaille : « L’évolution des techniques est fulgurante. La question n’est plus de savoir si les réseaux sociaux sont bons ou mauvais vu que les gens vivent et travaillent avec ces outils. Lorsque les missionnaires furent envoyés en Asie et en Afrique, ils durent apprendre la langue et la culture des peuples indigènes. La situation est similaire sur le continent numérique. Pour paraphraser saint Paul, il ne s’agit plus d’être Grec parmi les Grecs, mais geek parmi les geeks. »
PAO: prière assistée par ordinateur
Cette formulation plaît au Père Janvier Yameogo : « On compare notre époque avec le XVIe siècle qui a vu l’imprimerie aller de pair avec la Réforme. La révolution technologique et la propagation des Evangiles ont été simultanées. » Si, se fondant sur ces prémisses, certains chercheurs prédisent « un cataclysme pour l’Eglise actuelle », le théologien du Vatican y voit une opportunité : « L’Eglise est à l’épreuve de la communication. Le pape choisit lui-même ce qu’il entend mettre en avant. Benoît XVI percevait déjà le monde digital comme une nouvelle agora. Le pape François dit qu’il faut l’habiter ! » Si possible avec efficacité. « Le catholicisme est une religion de transmission et d’échange. L’Esprit Saint crée la communion et le réseau la communication», synthétise Claire Jonard. Janvier Yameogo reprend : « Le terme clef est la Parole ! En presse écrite, PAO signifie publication assistée par ordinateur. Mais PAO peut aussi dire prière assistée par ordinateur (rires). Les réseaux permettent l’approfondissement de la foi. J’ai rencontré des religieuses et des prêtres qui ont vu leur vocation naître grâce au net. Avec les moyens audiovisuels, la bénédiction Urbi et Orbi s’était étendue à ceux qui regardaient la télé et écoutaient la radio. La prière est tout aussi réelle sur le web. » Avec des formes particulières.
Messages percutants
« On a parfois l’impression que la foi, c’est lent, à l’inverse de la rapidité du web, constate Claire Jonard. Mais dans l’Evangile, Jésus dit aux apôtres : venez et voyez. C’est pareil sur les réseaux. L’Eglise donne le goût, le réseau aide à dire la foi. Avec un message rapide et percutant ! » Notamment sur Facebook, où est actif le Groupe Saint-Augustin : « On ne choisit pas la manière dont fonctionnent les réseaux et c’est parfois frustrant quand on vient de la presse. L’émotionnel prend le dessus sur la réflexion. Mais si on alimente régulièrement les pages, les messages passent », assure Jean-Luc Wermeille qui en est l’administrateur.
Permettre le dialogue et l’échange
Laure Barbosa.
Laure Barbosa, animatrice pastorale à Martigny, en est convaincue : « Les réseaux constituent un lieu de dialogue. Quand on écrit quelque chose, on ne sait pas ce que le lecteur va en penser. Là, l’échange est possible. Parfois intéressant, parfois pas. Mais voir son article valorisé et propagé sur d’autres supports que le papier permet de toucher un public plus vaste. Cela offre des perspectives d’interactivité. Grâce à des professionnels comme ceux des Editions Saint-Augustin, nous pouvons mieux coller au quotidien en étant plus pointus et directs. Quelques petits clics sont plus importants qu’on le croit. » Quelques clics, voire même un seul, comme le propose theodia.org « Ce service permet de disposer des horaires des messes partout où on se trouve, montrant que l’Eglise, loin de végéter en queue de peloton, peut innover », note son fondateur Jean-Baptiste Hemmer. Ceci a d’ailleurs incité cath.ch et Saint-Augustin à devenir partenaires de l’aventure. « Cette technologie permet de franchir les frontières paroissiales, cantonales ou diocésaines », note Bernard Litzler, directeur de Cath-info. « Un homme habillé de blanc a un charisme extraordinaire à Rome, mais la foi est aussi à vivre entre nous, dans les institutions catholiques. »
Pour Jean-Baptiste Hemmer, patron de theodia.org, l’Eglise possède une force d’innovation.
Devenir des influenceurs
Laure Barbosa résume : « Sur les réseaux, on parle d’influenceurs pour la mode, l’habitat ou les tendances culinaires. A nous d’être plus contagieux dans la transmission de la bonne nouvelle. » Le Père Janvier Yamaogo reprend ce vœu à son compte : « La religion catholique a l’ambition d’être universelle, les réseaux sociaux aussi. Entre les deux, il y a un ADN commun. Apprenons à vivre de manière interconnectée à Dieu, à nos frères et à nos sœurs. Ces nouveaux médias constituent des ressources puissantes pour toucher ceux qui se trouvent au loin. Et surtout toucher ceux qui se trouvent loin de Jésus Christ ! »
L’Essentiel numérique
Par Dominique-Anne Puenzieux
Saint-Augustin a toujours voulu donner une voix à Dieu. Les équipes de L’Essentiel accompagnent vos paroisses, secteurs et UP dans leur communication pastorale et se chargent de l’impression et de la diffusion de cette presse sur papier.
Ce modèle est aujourd’hui remis en question par le digital. C’est pourquoi, nous proposons plus. En connectant le réel et le virtuel. En développant notre savoir-faire plus que centenaire sur les canaux modernes de communication.
Une offre variée La transformation technologique en cours nous permet d’enrichir l’offre. Désormais, nous évangélisons les gens partout où ils se trouvent. Grâce à des blogs, des pages Facebook, des comptes Instagram, des newsletters nourries par les contenus des journaux paroissiaux. Et ce presque automatiquement. Des paroisses de Genève, Nyon, Estavayer-le-Lac, Fribourg, Martigny, Riddes et Fully sont actives sur le web et les réseaux sociaux, avecnous. D’autres vont bientôt les rejoindre. Allez voir sur : presse.saint-augustin.ch
Un « Groupe Saint-Augustin » réunit plus de 6000 personnes sur Facebook. Celles-ci échangent sur l’actualité de l’Eglise catholique ou parlent spiritualité. Et ça marche ! L’audience grandit.
Depuis l’été, nous avons ouvert une grande librairie virtuelle : librairie.saint-augustin.ch, afin de permettre à chacun de chercher des livres ou des objets, de les commander, les réserver ou les acheter en ligne.
Enfin, avec www.theodia.org, Saint-Augustin propose une plateforme romande capable de donner tous les horaires de messes en un clic. Et demain, viendront s’ajouter des feuilles dominicales automatiques.
Un matin, une maman embrasse son petit qui s’en va à l’école. Sur le court trajet, l’enfant se retourne trois fois pour quêter son regard. Elle n’est plus là, l’écran du smartphone l’a captée. Au même moment,sur le même trottoir, une autre accompagne son fils,un casque diffusant de la musique sur les oreilles.
Par Bertrand Georges Photo: DRIl est facile de comprendre que ces mamans ont besoin de petites échappatoires. Pourtant, je m’interroge sur le pouvoir captateur des écrans et des dispositifs audios. Leur usage immodéré peut conduire à la dépendance et nous détourner de nos proches. Le temps passé sur les écrans est parfois « volé » à ceux qui comptent sur nous. J’apprécie toute l’utilité des smartphones et les avantages des groupes de discussion et des réseaux sociaux. Mais comment être attentif aux autres et vivre un minimum d’intériorité si l’on est continuellement envahi de sons, d’images et d’infos ? Autrefois, on déplorait la non-disponibilité de certains hommes par le trio caricatural « fauteuil-pantoufles-journal ». Les écrans et les casques audio démultiplient à l’infini ces sollicitations qui peuvent nous couper des autres.
Nous avons besoin, et les enfants encore plus, d’être regardés et écoutés. L’attention que l’on nous porte est perçue, plus ou moins consciemment, comme un baromètre de l’estime et de l’affection qui nous sont accordées. Etre à côté ne suffit pas, il faut être présent.
Capter l’attention Ce besoin d’être important aux yeux de nos proches est tellement ancré que certains psychologues suggèrent qu’une attitude insupportable d’un enfant peut provenir d’un désir de capter l’attention. Combien de crises pourraient être prévenues par un petit moment de vraie disponibilité ?
Les Evangiles mentionnent plusieurs fois le regard aimant de Jésus 1. Prendre le temps de nous arrêter pour prier, c’est prendre conscience du regard d’amour de Dieu sur nous. Et Dieu nous écoute aussi : « Un pauvre crie ; le Seigneur entend : il le sauve de toutes ses angoisses. » 2
Se détourner de ce qui nous envahit pour être plus disponible, voilà peut-être une piste pour une année nouvelle riche de belles relations.
Par Vincent Lafargue Photo: DRQui n’a jamais pesté en se retrouvant devant la porte fermée d’une église, pourtant persuadé que la messe y était célébrée tous les mardis soir à 18h30… mais… mais justement pas ce mardi-ci ? Voilà une expérience qui arrive de plus en plus souvent puisque nos paroisses – et nos prêtres ! – doivent jongler avec de nombreux clochers et qu’on n’y trouve plus forcément la messe chaque fois à la même heure, encore moins au même endroit.
Jean-Baptiste Hemmer, spécialiste en création et en développement de sites internet, en avait assez de voir des tableaux de messes compliqués, garnis d’astérisques, de « 3e du mois », d’exceptions par-ci, de spécialités par-là. Il a décidé de monter de toutes pièces un site, mondial qui plus est !
L’idée est simple et géniale : à partir d’une carte géographique, il suffit d’écrire un nom de lieu pour que s’affichent automatiquement les messes qui seront célébrées dans un rayon de dix kilomètres prochainement.
Mais ce n’est pas tout ! Combinée à votre téléphone portable, l’application vous emmène directement par GPS jusqu’à la porte de l’église en question. Même la plus cachée des chapelles est accessible !
Préférez-vous une messe en anglais, ou alors le rite extraordinaire au rite romain ordinaire, ou encore voulez-vous vérifier la présence d’une célébration à une date précise ? Pas de problème, on peut filtrer les résultats selon divers critères, et le tout est d’une simplicité d’utilisation qui permet au plus débutant de s’y retrouver.
Chaque église est dotée de photos et de quelques détails – pour peu que la paroisse correspondante ait fourni ces informations. Car Jean-Baptiste Hemmer travaille en lien avec chaque paroisse, et c’est une démarche hautement participative. Chacun s’y retrouve, même si le site fait un appel aux dons pour rester gratuit.
De nombreuses paroisses jouent le jeu – quasiment toutes en Suisse romande actuellement – et reprennent même les informations de Theodia sur leur propre site paroissial.
Essayez Theodia… vous n’irez plus à la messe de la même manière !
Par Nicole Andreetta Photo: DRUne personne sur deux en Suisse possède un compte Facebook. Les réseaux sociaux sont devenus incontournables pour transmettre et communiquer des informations. Particulièrement depuis sept ou huit ans, avec l’arrivée des smartphones qui peuvent être consultés jusqu’à 150 fois par jour par leurs propriétaires. Les utilisateurs de Facebook ont la possibilité de former des groupes thématiques autour d’un intérêt commun. Ces espaces de partage et d’échange permettent de se tenir mutuellement informés de l’actualité.
Ouvert en octobre 2014 par les Editions Saint-Augustin, le groupe Facebook Saint-Augustin s’inscrit, à sa manière, dans la mission de l’œuvre Saint-Augustin. On peut y discuter de questions spirituelles liées à l’actualité religieuse, partager des textes de L’Essentiel, des news du Vatican ou de cath.ch, des vidéos, des événements, etc.
Il rassemble à ce jour plus de 6300 membres. Outre de nombreux catholiques, il compte aussi des réformés, des orthodoxes et quelques musulmans. Il s’étend géographiquement sur toute la francophonie, jusqu’en Nouvelle-Calédonie.
Il offre un espace de parole, de questionnement, de cheminement. Dépassant de nombreuses frontières : cantonales, diocésaines, nationales… on peut s’y faire une idée de la grande diversité des sensibilités coexistant au sein du catholicisme. Le groupe peut parfois se transformer en une plateforme de débats particulièrement animés. Tout un défi pour les personnes chargées de le modérer !
Jean-Luc Wermeille, un des modérateurs, apprécie ces partages : « A tout moment de la journée, chacun peut recevoir un petit message spirituel ou d’actualité, que ce soit à un arrêt de bus, pendant la pause-café, etc. »
Une publication sur Facebook dure rarement plus de deux jours : on s’ancre dans le moment présent. Les modérateurs se tiennent informés des principaux événements ecclésiaux. Ils remarquentque le calendrier liturgique est un élément qui rencontre beaucoup de succès dans ce monde de l’immédiateté. Un peu oublié par nos sociétés contemporaines, il continue de rythmer la prière de nombreux catholiques. Rejoindre Saint-Augustin sur Facebook : depuis le site saint-augustin.ch, en bas à gauche, cliquer sur « Groupe » et « Suivez-nous sur Facebook ».
Par Dominique-Anne Puenzieux Photo: Jean-Claude GadmerL’Essentiel a eu 110 ans en 2018, mais sa mission n’a pas changé : diffuser la Parole. Aujourd’hui, comme hier, Saint-Augustin œuvre à la bonne réalisation de la presse paroissiale.
Mais le monde évolue, la technologie progresse. Nous avons presque tous un smartphone au bout de la main. Ainsi, sans cannibaliser le papier et comme le dit le pape François, nous devons habiter le monde digital !
Lors de la 20e Journée de la presse paroissiale, en octobre dernier, plusieurs spécialistes de la communication, dont le Père Janvier Yameogo, venu spécialement du Vatican, ont appelé les responsables des paroisses à oser franchir le pas, à être actifs sur le web et les réseaux sociaux.
Saint-Augustin a anticipé les besoins et développé une offre riche et variée. Avec des blogs, des pages Facebook, des comptes Instagram et des newsletters nourries des contenus de la presse paroissiale. Sans oublier une grande librairie virtuelle : librairie.saint-augustin.ch, et la participation au développement de Theodia, la plateforme romande des horaires de messes.
Mais il existe encore une multitude de belles initiatives.
La Parole doit rayonner. Ensemble, donnons-nous les moyens de le faire !
Par Thierry Schelling Photo: DR« Heureux d’entrer en contact avec vous à travers Twitter (sic) ». Voilà le premier tweet d’un pape dans l’histoire de l’Eglise. C’était Benoît XVI, guidé par son staff à la pointe des nouvelles technologies de communication.
Depuis Léon XIII… C’est Léon XIII (1878-1903) qui avait demandé à être filmé en 1896, et à ce que soit enregistré son Ave Maria en 1903, pour diffusion sur les ondes radiophoniques… Depuis, les papes ont vu leur couronnement, puis leur intronisation – ainsi que leurs voyages – dûment filmés, et ce en mondovision.
… via Paul VI et Jean-Paul II… Se rappelle-t-on des images du Concile Vatican II à la télévision en couleurs, jusque dans les foyers des fidèles ? Puis, plus tard, de l’Internet (le site du Vatican ouvert en 1995) ? D’abord « opportuniste », l’Eglise dénonce vite le consumérisme et le libertinisme de ces médias. Paul VI, en 1968, titre son message pour la Journée mondiale des communications sociales : « La presse, la radio, la télévision et le cinéma pour le progrès des peuples », à la suite de la Déclaration du Concile Vatican II sur les communications sociales, Inter mirifica (1963). Jean-Paul II commence à en thématiser le « risque », et le besoin d’une « saine utilisation » alors que Benoît XVI promeut les valeurs de « respect », « vérité » et « authenticité », avec une remarquable mini-réflexion, en 2012, sur le… silence « qui fait partie intégrante de la communication ».
… vers François ! Avec François, tous les moyens sont bons : tweet, Facebook, films, interviews, articles de journaux, homélies écrites et spontanées, selfies, vidéos sur Youtube, Instagram… sans être esclave d’aucun ! Il a voulu moderniser la forme et le fond de la communication de l’Eglise : intégrer tous les intervenants du Vatican en matière d’info, journal, radio TV, salle de presse, librairie éditrice et le Conseil pontifical pour les communications sociales en un seul dicastère ; nommer des laïcs, notamment à sa tête (préfet), en lieu et place d’un clerc ; clarifier le lien entre son message et celui de l’Evangile qui demeure la dynamo derrière ces réformes. C’est sûr qu’une page Facebook ou un accès virtuel à la chapelle Sixtine sont plus in qu’une barque sur un lac, ou un pan de montagne… Quoique !
Par Vincent Lafargue Photo: DRParmi les bonnes idées qui foisonnent ici ou là pour faire entrer nos communautés dans le XXIe siècle, le Conseil de communauté des jeunes n’est certainement pas la moins intéressante.
Le principe ? En parallèle du Conseil de communauté existant dans la paroisse – et en lien avec lui, quelques ados du lieu forment un « Conseil des jeunes », aidés par un adulte. Il se réunit à la même fréquence que celui de ses aînés et, est invité une fois par année pour faire part de ses idées et offrir quelques propositions concrètes à la communauté.
A Vex (Valais), les jeunes sont encadrés par une assistante pastorale qui les réunit plusieurs fois par année. Sensibilisés, souvent mieux que les adultes, à l’environnement et aux défis que notre planète nous demande de relever, ils ont décidé d’une action à la fois écologique et solidaire pour leur première année d’existence : la récolte de petits bouchons en plastique, ceux de nos bouteilles en PET. Car avec ces bouchons on peut fabriquer… des fauteuils roulants, figurez-vous !
Non pas que ces fauteuils soient faits de plastique, mais simplement parce que les bouchons sont donnés à l’association « Petits Bouchons valaisans » (www.petitsbouchonsvalaisans.ch). Elle est l’une des nombreuses associations de ce type qui ont fleuri ici et là pour les récolter.
Son site explique : « Les bouchons sont d’abord nettoyés et triés par des personnes bénévoles et requérants d’asile dans divers centres d’accueil avant d’être revendus, en fonction du marché, entre 80 et 120 francs la tonne. L’argent ainsi récolté est utilisé pour soutenir des associations de sport handicap pour notamment aider à l’achat de fauteuils adaptés à la pratique sportive. »
Mise en œuvre L’idée des jeunes de Vex a séduit leurs aînés du Conseil de communauté officiel de la paroisse. Un grand récipient a été mis en place à l’entrée de l’église, et des jeunes sont venus présenter leur idée lors d’une messe dominicale. Depuis, les petits bouchons remplissent peu à peu le récipient, au fur et à mesure de la prise de conscience de chaque paroissien. Et c’est ainsi que la paroisse de Vex peut s’enorgueillir – grâce à ses jeunes – de soutenir le sport handicap et de faire un geste pour la nature.
Et c’est par des encycliques (en grec « une lettre qui fait le tour », en-kuklon) que les apôtres et Paul veillaient à l’unité de la foi. Après la controverse autour de la circoncision et de la loi juive requises, par certains croyants venus du parti des pharisiens comme conditions sine qua non pour entrer dans l’Eglise du Christ, le concile réuni autour de Pierre et de Jacques dans la ville sainte prend une option valable pour tous (Actes 15).
Pour la communiquer, les apôtres et les anciens, d’accord avec l’Eglise tout entière, rédigent une missive comportant les prescriptions retenues : s’abstenir des viandes immolées aux idoles (pour éviter toute ambiguïté vis-à-vis du seul vrai Dieu, Père de Jésus-Christ), du sang et des chairs étouffées (afin de ne pas braquer les judéo-chrétiens) et des unions illégitimes avec des non-croyants (pour favoriser la croissance de la communauté dans la cohésion de foi et de vie quotidienne).
Cette lettre est confiée à des porte-parole reconnus et considérés par les frères, Jude et Silas, envoyés avec Paul et Barnabé à Antioche, lieu d’émergence de la querelle. La circulation de cette encyclique apostolique en Actes 15, 22-29 constitue en quelque sorte une préfiguration du net. Nous voyons d’ailleurs que les épîtres pauliniennes, au-delà de leurs destinataires premiers, étaient répandues dans l’ensemble des communautés primitives que l’Apôtre des nations et d’autres avaient fondées. Ainsi, un problème local et ses voies de résolution devenaient un trésor commun et servaient de points de repère pour tous.
A l’occasion de la Semaine de prière pour l’Unité des chrétiens, rencontre avec la doctorante en théologie protestante Lauriane Savoy, codirectrice du livre« Une bible des femmes ».
Texte et photos par Nicolas Maury8h20, Lauriane Savoy arrive à l’Université après avoir déposé ses enfants à l’école vingt minutes plus tôt. « Je me déplace à vélo quelle que soit la météo. Il suffit d’avoir l’habitude et de s’habiller en fonction », sourit-elle.
Son trajet pour rejoindre Uni Bastions l’a conduite à proximité du Mur des Réformateurs. Presque un clin d’œil, puisqu’elle prépare une thèse liée à la Réforme. « Je me penche sur l’ouverture du ministère pastoral à la mixité hommes-femmes dans les cantons de Vaud et de Genève », souligne-t-elle. Mais sa recherche ne lui prend pas tout son temps : elle est aussi assistante d’Elisabeth Parmentier, sa directrice de thèse. « La faculté de théologie propose un bachelor et un master à distance via internet. Les étudiants ne doivent venir à Genève que pour passer leurs examens. Dans ce contexte, les assistants sont pas mal sollicités. »
Si les professeurs préparent, conçoivent et rédigent les cours, les assistants les relisent et corrigent les coquilles éventuelles. « Puis nous les mettons en ligne et envoyons les annonces aux étudiants », indique Lauriane Savoy. Vient ensuite la partie à laquelle elle s’est attelée de bon matin : « la correction des travaux que ceux-ci doivent périodiquement nous rendre… »
La doctorante a codirigé le livre « Une bible des femmes ».
De confession protestante, la jeune femme évolue dans un domaine lié de très près à l’œcuménisme. Avec Elisabeth Parmentier et Pierrette Daviau, elle a codirigé l’ouvrage collectif « Une bible des femmes », paru chez Labor et Fides en septembre. Venant tout juste de revenir de l’éditeur chez qui elle a réceptionné un nouveau tirage, elle extrait un livre de la pile : « 21 auteures francophones catholiques et protestantes se sont penchées en tant que femmes sur la Bible. Notre idée: mettre en lumière les interprétations qui peuvent être libérantes, à l’opposé des lectures traditionnelles et machistes. Ces dernières, majoritaires durant toute l’histoire du christianisme, ne sont remises en cause que depuis une trentaine d’années. Nous voulons partager cette perspective avec le public le plus large possible. »
Ce qui ne s’avère pas une mince affaire : « Depuis quarante ans, la culture biblique a diminué. La plupart des gens n’ont plus de connaissances des textes mais restent pleins de préjugés. Nous avons voulu montrer qu’en allant au-delà de certains versets – « femmes soyez soumises à vos maris» par exemple –, un message libérateur apparaît. » La mission semble en bonne voie de réalisation. En Suisse, l’ouvrage a déjà dû être réimprimé.
Représentation internationale
Sa pause de midi, la chercheuse la passe généralement avec ses collègues assistants, partageant un repas à la cafétéria de l’Uni ou – en été – dans le parc des Bastions. « C’est décontracté et pas vraiment boulot-boulot. Nos champs d’activités au sein de la faculté sont variés vu nos disciplines différentes. Mais nous nous intéressons à ce que font les autres et l’atmosphère est sympa. » Parfois, la trentenaire s’octroie un moment pour faire du sport. « La course à pied – elle a participé à l’Escalade – et l’aviron sur le Léman. »
Ayant récemment peaufiné son colloque prédoctoral, la théologienne doit, sur le coup des 15h30, rencontrer le doyen Ghislain Waterlot à propos d’une tâche qu’elle vient d’accomplir pour la faculté. Cet automne, elle a représenté les facultés de théologie de Genève et Lausanne au Forum chrétien francophone à Lyon. « Au départ, il y avait le constat que beaucoup d’Eglises ne participent pas en termes institutionnels au Conseil œcuménique. Cette rencontre réunissant un large panel d’Eglises chrétiennes se veut l’antithèse d’un lieu de controverses. C’est un espace de partage de foi et de discussion, permettant de voir ce qui réunit la diversité des chrétiens. Un œcuménisme vivant. A mon avis, quelque chose de ce type au niveau plus régional aurait tout son sens… »
Ses tâches universitaires terminées, Lauriane Savoy récupère ses enfants à 18h. Quant à ses soirées, elles sont variées. « Le lundi, je chante au chœur de l’Uni. Avec beaucoup de plaisir. Et maintenant que le cycle de conférences lié à la publication du livre touche à sa fin, j’aurai à nouveau plus de temps pour ma famille. »
Une journée bien rythmée
8h: Les enfants sont déposés à l’école 8h20: Arrivée à Uni Bastions 10h30: Récupération du nouveau tirage « Une bible des femmes » chez l’éditeur 12h: Pause déjeuner ou activité sportive 15h30: Réunion avec le doyen 18h: Retrouve ses enfants
Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin
Des livres
L’Evangile à cœur ouvert Michel-Marie Zanotti-Sortkine
« Le silence qui suit une œuvre de Mozart est encore du Mozart », disait Sacha Guitry. N’en est-il pas ainsi de l’Evangile quand nous le refermons ? Le prêtre Michel-Marie nous invite, par des commentaires savoureux et dynamiques de 500 passages des Evangiles, à prolonger en nous l’écho de la Parole de Dieu pour pouvoir en vivre au quotidien.
Etre dans le monde sans être du monde. Comment l’Eglise peut-elle actualiser ce conseil de l’Evangile dans la société du numérique et de l’intelligence artificielle ? Thomas Jauffret porte un regard lucide en soulignant l’apport inestimable des nouvelles technologies tout en dénonçant l’assujettissement de l’homme à la machine.
Grâce à la réalité virtuelle, à la procréation assistée et au transhumanisme, Louis, pur produit de son époque, pense trouver le bonheur. Pourtant, des rencontres étonnantes et un désir profond de liberté vont lui révéler les limites de la société hédoniste.
48 planches de la vie ordinaire d’une famille nombreuse qui ne manque pas d’humour. Nicolas Doucet a finement observé les joies et les travers des petits et des grands au sein d’une famille qui s’aime. Une famille pleine de vie qui invite à relativiser les tracas du quotidien par l’humour et la joie d’être ensemble.
Par Pascal Bovet Photo: Jean-Claude GadmerLa paroisse d’Onex a accueilli une des mosaïques de Mario Rupnick, prêtre et jésuite d’origine slovène. Par la mosaïque, il nous met en sympathie avec une longue tradition qui remonte aux Byzantins, puis aux Romains.
La pêche miraculeuse d’Onex illustre manifestement l’évangile de Jean (Ch 21) en mettant en scène la moitié des apôtres dans leur barque prête à succomber à la surcharge. Pierre, comme souvent, sert d’intermédiaire en apportant à Jésus resté sur la berge un poisson. Le pain est dans l’autre main. Venez déjeuner, dit Jésus.
Il y a certes encore beaucoup de merveilles à découvrir dansnotre patrimoine romand ; nous vous en avons fait visiter afin que vous croyiez que la beauté peut servir la foi. Après quatre ans d’existence et quelque 40 œuvres présentées, cette rubrique prend fin avec cette œuvre contemporaine.
Bien se préparer pour ne pas passer à côté. Il ne s’agit pas de rêver d’un Noël idéal, mais de le vivre le mieux possible en tenant compte de notre réalité et enmettant l’accent sur le caractère chrétien et familialde cette fête.
Par Bertrand Georges Photo: Pixabay
Le calendrier de l’Avent.
Le calendrier de l’Avent Bien choisi, il peut être un excellent support pour nous préparer. La contrainte de n’ouvrir qu’une fenêtre par jour rappelle l’importance du temps pour construire ce qui est essentiel. On peut en confectionner un avec une piste d’effort pour chaque jour.
Les cadeaux Une partie des présents peut être « fait maison » durant l’Avent. Certaines familles nombreuses ou recomposées adoptent le système de l’« ami invisible » : on tire un prénom et on prépare un cadeau pour cette personne, tout en veillant à être attentif et à prier pour elle tout au long de l’Avent. Cette manière de faire approfondit vraiment le lien entre celui qui donne et celui qui reçoit.
Les messes Borate Durant l’Avent, de plus en plus de paroisses proposent à nouveau des messes Rorate. Ces liturgies matinales célébrées à la lueur des bougies font des chrétiens des « guetteurs d’aurore » qui attendent dans l’espérance l’avènement du Messie. De nombreux enfants y vont avec leurs parents, avant de rejoindre l’école ou le travail.
Préparer la crèche « Le Verbe s’est fait chair et Il a habité parmi nous »1. Nous avons besoin de signes pour intérioriser les temps liturgiques. La crèche constitue un rappel de l’événement annoncé. On attend le retour de la Messe de minuit pour placer l’Enfant Jésus qui vient de naître, puis les bergers avec leurs moutons, et enfin, à l’Epiphanie, les Rois mages.
Penser aux autres Osons visiter des personnes seules, des voisins, des malades. On peut leur offrir une partie des friandises confectionnées en famille, ou un CD « Etoile de Noël » 2. Une carte ou un téléphone à des amis ou à des membres de la famille éloignés sont une autre façon de diffuser la joie de Noël.
Un Noël différent ? Pourquoi ne pas miser cette année sur une rencontre renouvelée du Sauveur ? On peut le faire au moyen de retraites en ligne que l’on trouve sur internet, ou en rejoignant certaines communautés qui accueillent volontiers pour Noël. Bon temps de l’Avent !
Par Pascal Bovet Photo: DR« Nous avons vu son étoile en Orient. »Parole de mages. Ils se sont mis en route, en quête, en recherche.
Orient, comme le lever de soleil quand les ténèbres reculent devant la lumière. Lieu de merveilles, origine des envahisseurs, porte de richesses, mais aussi source de crainte économique. Il séduit et fascine. Mais où commence-t-il ? Au Caucase, au Bosphore ou à l’Elbrouz ? Frontière disputée de toujours. L’Orient, c’est l’autre.
« Nous avons vu son étoile », disent les mages, ignorants des Ecritures et de la tradition juive. Sans parti pris : ils vont chez les Occidentaux.
N’avaient-ils aucune conception religieuse ? Confucius leur était peut-être familier ? Etaient-ils déjà éveillés par le bouddhisme ? Ils viennent intrigués, avec leur questionnement : où est le roi des Juifs… Est-il oriental ou occidental ? Son royaume a-t-il des frontières et des murs ? Est-il de ce monde ?
Juif pieux, Siméon fait le pas de reconnaissance au-delà des frontières : « Mes yeux ont vu ton salut que tu as préparé à la face de tous les peuples : lumière pour la révélation aux païens et la gloire d’Israël ton peuple. »
Saint Paul pourra conclure : « En Jésus-Christ, il n’y a plus ni Juifs, ni Grecs… »
Par Thierry Schelling Photo: DRQuand on vient d’Argentine, des chrétiens d’Orient, on connaît d’abord la diaspora. Et Buenos Aires accueille, depuis près de trois siècles, Arméniens, Grecs, mais aussi Russes et catholiques orientaux : melkites, maronites…
Souffrances « Nous offrons cette messe pour les chrétiens d’Orient, peuple crucifié comme Jésus », déclarait le Pape le 13 février dernier. Il encourage les fidèles à rester sur leurs terres… alors que l’émigration bat son plein, inexorablement. Il répète inlassablement que « le Moyen-Orient sans les chrétiens ne serait plus le Moyen-Orient », se lamentant de l’hémorragie des populations dans l’indifférence internationale.
Soutien Il leur a écrit une lettre à la veille de Noël 2014 après les avoir visités, Terre sainte en mai et Turquie en novembre. Les mêmes leitmotivs que ses prédécesseurs sont évoqués et les mêmes exhortations aux dialogues œcuménique et interreligieux sont martelées comme modus vivendi : « Il n’y a pas d’autre voie ! » Et puis les Arabes, musulmans et chrétiens, prient Dieu avec le même mot, Allah !
Ces chrétiens, selon Mgr Gollnish, président de L’œuvre d’Orient, demeurent « un des chantiers prioritaires » pour le pape François. Il reçoit les synodes des Eglises chaldéenne, melkite, arménienne, mais aussi l’épiscopat latin œuvrant au Proche et Moyen-Orient arabophone, turcophone et perse. A défaut de pouvoir se rendre en Irak, il crée le patriarche chaldéen Sako cardinal. Il a également ouvert les portes et les bras aux patriarches orthodoxes de ces Eglises orientales à Rome ; son amitié particulière avec celui de Constantinople, Bartholomée, est une clef spirituelle et humaine pour plus de solidarité entre minorités persécutées en Orient.
Suite ? Et alors, que faire de plus ? La prière joue un rôle fondamental pour François : d’où l’invitation aux Orientaux à Bari, en juillet dernier, à prier pour la paix dans la langue des peuples concernés, par la bouche de leurs patriarches et papes. L’évêque de Rome a eu cette formule : « Ce Proche-Orient, région splendide, [où se trouvent] les racines mêmes de nos âmes… », et cette exhortation : « Cela suffit ! » Quelque chose doit changer !
L’abbé Joseph Gay n’a pas 40 ans. Depuis une année, il pilote la pastorale des jeunes du canton de Neuchâtel. Avec peu de moyens, mais beaucoup de conviction.
Par Nicolas Maury Photos : DR, Nicolas MauryUn sacré défi que celui devant lequel se trouve chaque matin l’abbé Joseph Gay en se réveillant aux alentours de 6h. Depuis environ un an, il gère la pastorale des jeunes de Neuchâtel. Un travail pour lequel il a été nommé à 50 %, l’autre moitié de son temps étant occupée par sa mission de prêtre auxiliaire. « 50 % pour tout un canton, c’est très peu. Tout comme Genève, Neuchâtel est très laïc, avec une séparation claire Eglise-Etat, sans oublier les divisions politiques et sur le terrain entre le haut et le bas… » Autant d’éléments que le jeune prêtre – pas encore 39 ans – voit comme un challenge. « Quand le vicaire épiscopal m’a demandé si j’étais d’accord de le relever, j’ai accepté tout en sachant que je ne peux pas faire de miracles. »
Cette mission lui demande de l’énergie. « Je la puise notamment dans la prière, à laquelle j’accorde un moment important entre 7h et 8h30 chaque matin, avant la messe de 9h que je célèbre en tournus avec mes collègues. »
L’expérience de l’ancien étudiant
Sa nomination ne doit pas grand-chose au hasard. Ayant passé son enfance à Neuchâtel, Joseph Gay a ensuite intégré la Garde suisse pontificale avant d’entrer au Séminaire. D’abord à Ars en France puis à Fribourg, où il a été ordonné prêtre en 2013. « Cela m’a donné l’occasion de rentrer en contact avec le monde étudiant. » Cette expérience, il la met à profit dans son mandat actuel.
« Etre seul dans mon dicastère complique un peu mes journées mais m’évite des séances (rires). Mon rôle n’est pas de créer quelque chose à partir de rien. Si je devais être déplacé ailleurs, cela tomberait à l’eau. Je préfère encourager les initiatives, fournissant un appui moral et logistique. Je peux aussi faire le lien avec les curés dans les paroisses, sans phagocyter le travail déjà fait. »
Poser des bases
Fidèle à ce principe, l’abbé « n’a jamais rien fondé, hormis “ Sursum Corda ”, un groupe de montagne jeunesse. Mais parfois, les jeunes eux-mêmes m’ont demandé d’être leur aumônier. Je fonctionne de la même manière ici. Il faut accepter l’idée de démarrer petit pour qu’ensuite ça s’agrandisse. En posant des bases plutôt qu’en cherchant un résultat immédiat. » Et de donner un exemple : « Les contacts personnalisés sont privilégiés, parce que le côté « groupe » peut parfois être un blocage. Je viens d’effectuer un pèlerinage à Rome avec des confirmés. Au départ, lorsque nous allions prier, ça traînait les pieds. Puis, au cœur de la chrétienté, ayant vu le Pape et ayant croisé Mgr de Raemy, ils ont commencé à ne plus avoir peur de prier le chapelet à haute voix en journée dans une église. Cela leur a donné l’envie de continuer, de se voir ici, à Neuchâtel. Un Doodle a été lancé… »
S’occupant aussi de l’Aumônerie universitaire, Joseph Gay peut compter sur l’appui de ses collègues du vicariat. « Nous nous réunissons le mardi et tissons des synergies. La pastorale de la famille et celle de la santé ont beaucoup à voir avec celle dont je m’occupe. Les responsables de la communication et de la formation sont aussi parties prenantes. Il y a des choses à développer ensemble. Beaucoup de nominations étant récentes, un temps d’adaptation est nécessaire. Mais c’est une bonne équipe. Je suis confiant. »
Joseph Gay entouré de confirmands à Rome.
Particularisme neuchâtelois
Pour les 50 % consacrés à ses activités de prêtre auxiliaire, Joseph Gay œuvre de concert avec ses homologues. « Funérailles, préparation au mariage, baptêmes… ils en font plus que moi », avoue-t-il humblement. « Mais je participe à la vie de la paroisse, aux kermesses, aux veillées de prière. » Réfléchissant un instant, il souligne : « Ici, le contexte œcuménique est important. En ce moment, je participe à l’organisation d’une table ronde inter-églises qui aura lieu en janvier, sur le thème « Mirage ou Miracle ». La sensibilité de la population neuchâteloise à la question de l’ésotérisme, au secret, au magnétisme est très perceptible. »
A plus courte échéance, il prépare aussi le concert du groupe Hopen, le 23 novembre à 20h30 à la basilique. « Nous voulons créer un ou deux événements comme ça par an. Tous les confirmands et les confirmés sont invités, avec en préambule une rencontre avec Mgr de Raemy qui parlera du Synode. Comme le souligne le pape François, l’idée est de faire confiance aux jeunes, d’être à leur écoute et surtout de répondre à leurs attentes. Ne pas leur dire: pratique d’abord, et après on verra. Tout ça commence par une simple rencontre. »
Par Nicole Andreetta Photo: Magda GhaliChaque dimanche, le Père Goosan Aljanian célèbre la messe, selon le rite de l’Eglise apostolique arménienne, à Troinex, dans l’église Saint-Hagop (Saint-Jacques).
Beauté des chants, parfum d’encens, voix puissantes des officiants, la célébration, véritable voyage dans le temps, nous rappelle que l’Arménie institua, en 301, le premier Etat chrétien.
La communauté arménienne de Suisse compte près de 8000 personnes. Elle s’est constituée par vagues d’arrivées successives. A la fin du XIXe siècle, des familles bourgeoises, fuyant les persécutions du sultan ottoman, s’établirent à Genève. En 1920, le pasteur Kraft-Bonnard créa un orphelinat à Begnins pour accueillir des enfants rescapés du génocide. Dans les années 50, de nombreux Turcs, parmi lesquels des Arméniens, s’expatrièrent pour trouver du travail. Suivirent les Arméniens du Liban, d’Iran et les ressortissants de l’ex-Arménie soviétique.
C’est après un parcours parsemé d’événements tragiques qu’Areg parvient à retrouver ses racines : « Né à Adana, je suis arrivé à Genève en 2004. Mes parents, activistes pro-kurdes, avaient fui la Turquie et demandé l’asile en Suisse. Nous sommes originaires du Dersim, une région où Arméniens, Kurdes et Alévis ont subi tour à tour tellement d’horreurs qu’une chape de plomb avait recouvert notre histoire familiale. J’ai découvert récemment que j’avais des liens avec la communauté arménienne et la religion chrétienne. »
Au fil des déplacements forcés et des exils successifs, l’identité arménienne s’est complexifiée. Pour Daniel Papazian, membre du Conseil de la Fondation Saint-Grégoire, c’est une opportunité pour davantage d’ouverture.
« Je suis genevois, né à Genève. Mon identité arménienne est toujours présente et je la vis sans conflit ! Il n’y a pas qu’ une vérité, qu’une seule façon de regarder l’autre. Une langue implique une certaine manière de communiquer. En parler plusieurs est un enrichissement et un accès plus facile à la tolérance. »
Il ajoute : « C’est autour de la messe célébrée dans la langue et selon le rite de nos origines que nous nous rencontrons et nous nous retrouvons. »
Par Nicolas Maury et Sœur Gabriella Enasoae de la librairie Saint-Augustin, Saint-Maurice
Des livres
Syrie, l’espoir vainqueur
Religieuse à Homs, sœur Marie-Rose espère, quand la guerre arrive dans son pays en 2011, qu’elle sera brève. Restée au milieu des siens, elle apporte aide matérielle, réconfort et présence, créant notamment une école abritant et éduquant 300 enfants traumatisés par la guerre. Dans cet ouvrage, elle raconte l’autre Syrie, celle du peuple victime de toutes les violences.
La bonté, la disponibilité et la générosité du Père Jacques Ravanel ont touché des milliers de personnes à travers le monde. Reconnu comme un des plus beaux visages de prêtre français de la seconde moitié du XXe siècle, il joua un rôle capital au sein des Foyers de Charité et pour la cause de Marthe Robin. Elisa Giacomotti et Christophe Carmona détaillent sa vie au pied du Mont-Blanc dans cette BD.
Dans cet ouvrage richement illustré, François Bœspfug et Emanuela Fogliadini expliquent pourquoi l’épisode de la Fuite en Egypte – à travers lequel le Christ a connu l’exil et l’expatriation – fut très fécond sur le plan artistique. Ils détaillent aussi l’évolution de son traitement à travers les siècles et montrent sa brûlante actualité.
Ce recueil propose 24 histoires inspirées de l’Evangile et de la tradition de Noël à lire chaque soir pendant l’Avent. Richement illustré par de multiples auteurs, il convient à des enfants à partir de trois ans.
Par l’actualité proche-orientale, on connaît désormais les Chaldéens, les Assyriens ou les Coptes. Médias et littérature ont prédit leur mort puis leur résurrection… Partagés entre terres d’origine et diasporas,ils se sont aussi installés dans le paysage romand,discrètement. Enquête.
Par Thierry Schelling Photos: Ciric, DR, Jean-Claude GadmerNejeb et Ephraim sont Syriens et syriaques catholiques. Depuis bientôt trente ans dans l’Ouest lausannois, ils y ont créé foyer et amitiés, de par les liens professionnels et sociaux nourris de leurs affabilité et serviabilité notoires. « J’adore vivre ici, au calme », confie Ephraim. Leur accueil culinaire respire le pays : fetté, kebbé, kousa abondent. « J’adore la raclette !, lance-t-elle entre deux effluves du four. On vient volontiers à la messe le samedi soir, à 18h. Aucun problème pour nous que ce ne soit ni en arabe ni notre rite. L’important, c’est de nourrir sa foi, non ? »
Histoire récente
Orthodoxes ou catholiques principalement (cf. encart), les chrétiens orientaux vivant en Suisse sont plus nombreux dans les agglomérations alémaniques – Zurich, Bâle, Saint-Gall… – qu’en Romandie où les centres importants s’égrènent de Genève à Montreux. C’est au milieu du XIXe siècle que s’implantent les premiers édifices et communautés orthodoxes byzantins 1 – russes, dans ce cas – à Genève et Vevey, mais également les Arméniens (Genève). Les années 60-70 voient arriver d’autres orthodoxes de Roumanie, Serbie, Grèce ; les années 80-90 sont celles des orthodoxes-orientaux : coptes, syriaques, mais aussi les maronites. Dès les années 2000, ce sont les Ethiopiens-Erythréens et les Indiens qui émigrent à leur tour en Europe et jusqu’aux Amériques.
1 On distingue deux « types » d’Eglises orientales : les orthodoxes-byzantines liées aux grands patriarcats de l’orthodoxie – Alexandrie, Constantinople, Moscou – et distincts de Rome depuis 1051, et les orientales-orthodoxes qui se sont séparées avant le XIe siècle, soit Assyrie, Arménie, Ethiopie, coptes d’Egypte ou syriaques de Syrie. Sans oublier l’Inde et son kaléidoscope ecclésiastique, mais de plus récente fondation : dès le XVe siècle !
Service
Maroun Tarabay, prêtre maronite et heureux grand-père du petit Martin !
Maroun Tarabay, l’un des prêtres maronites opérant dans le diocèse de Lausanne-Genève-Fribourg depuis 1987, est engagé tant au service de sa communauté arabe que du catéchuménat d’adultes vaudois. Il analyse l’actuelle communauté libanaise ainsi : « L’intégration des Libanais dans le tissu social helvétique, leur apport économique et culturel, sont des qualités notoires. [Mais] leur assimilation ambiante au point de perdre leurs racines culturelles et cultuelles m’interpelle. »
Dilemme
Préserver traditions, rites et langues anciennes, certes « constructeurs d’identités », est à la fois un devoir et… un frein : l’acculturation est tout autant de mise pour un Erythréen de rite geez débarquant à Zurich qu’elle l’a été… pour un Gruyérien catholique descendu à Genève dans les années 60 ! Puisque l’émigration orientale-chrétienne est inéluctable, il convient de lui donner une structure stable en diaspora. Un seul exemple, plutôt inattendu : en 2016, le Saint-Siège a érigé à Preston une éparchie (diocèse) pour les syro-malabars 2 vivant en Grande-Bretagne ! De même pour des centres spirituels et intellectuels que sont monastères et instituts d’étude: le Centre orthodoxe de Chambésy (Patriarcat de Constantinople) en 1966, le monastère syriaque de Mor Augin (Saint-Eugène) à Arth Goldau en 1996…
Cependant, il ne s’agit pas juste de conserver, mais également de changer – un vrai challenge car on parle alors de mariages exogames, de passages aux Eglises évangéliques, voire de l’abandon de la pratique religieuse et ce, en toute liberté…
2 Chrétiens catholiques d’affiliation chaldéenne originaires du Kerala.
(In)fidélités
Reconnaissable à sa magnifique parure blanc immaculé, Senbentu, vêtue de la zuria (robe brodée) et de son netsella (grand châle couvrant tête et corps), contraste dans la nef de Notre-Dame à Genève, à la messe de 10h : « Pour moi, le dimanche, c’est le jour du Seigneur, alors je m’habille comme au pays et je viens célébrer ! » A la question de savoir pourquoi elle ne rejoint pas une de ses communautés, la réponse fuse : « Trop de politique, pas assez de Dieu ! » On n’en apprendra pas plus d’elle. Son choix est clair et ses enfants l’accompagnent dans la liturgie en rite romain, bien sobre pour une Ethiopienne – « et courte, car à Addis, explique-t-elle, la qedassié (messe) dure 6 heures » !
Père Alexandru, prêtre de rite byzantin.
L’Orient chrétien, même en Suisse, c’est aussi la réalité d’un clergé marié ! Alexandru Tudor, Diana et sa fille Petra Anastasia ont été nommés ensemble, pour ainsi dire, à Vevey en 2016 : « Je remercie votre épouse et votre fille qui sont partie prenante de votre engagement », lui signifiait Charles Morerod dans sa lettre de nomination. A la question de savoir comment on vit son sacerdoce en étant marié, le Père Alexandru répond : « Notre joie fondamentale est de vivre dans un pays libre selon notre foi et l’Evangile. Nous avons connu la dictature communiste par le passé en Roumanie… » Il n’est pas insensible non plus au contexte œcuménique du diocèse romand : « Pour nous qui sommes d’origine orthodoxe, c’est de pouvoir vivre à petite échelle ici en Suisse romande, dans notre diocèse, l’ouverture, la largeur, l’universalité de l’Eglise catholique, sa catholicité. C’est une chance et une bénédiction de pouvoir vivre cette dimension de l’Eglise qui n’est pas encore évidente pour tous les chrétiens. » La difficulté reste, selon ses mots, « pour moi et ma famille, de s’intégrer dans des structures […] bien en place selon des règles formelles pas toujours évangéliques, ni fraternelles. »
Pour Binoy Cherian, salésien et prêtre indien dans l’UP du Plateau (Genève), le fait d’être birituel – rite romain et rite syro-malabare – lui « est très facile » à vivre ! Car, précise-t-il, « la pluriculturalité est l’image parfaite de l’Eglise universelle contredite par des rites qui essayent de protéger l’ethnicité des peuples ». Et de conclure qu’à Genève, « la pluriculturalité est une réalité, je m’en suis rendu compte, et comme prêtre en UP et comme aumônier de l’Institut Florimont. D’ailleurs, on est unifié par la foi en Jésus-Christ » ! Diversité dans l’unité…
Les chrétiens d’Orient
On appelle « chrétiens d’Orient » les fidèles des Eglises locales comprises dans un arc de cercle allant de l’Ethiopie à l’Inde, et qui sont autocéphales, ou « autogérées » sur le modèle synodal ! Les rites portent le nom, pour certains, d’une grande ville de l’Empire romain : Alexandrie, Constantinople, Antioche ; pour d’autres, de peuples : Arméniens, chaldéens, coptes, ou d’une région : Malabar ou Malankar au Kerala, Inde. Ces rites sont plus anciens que celui de Rome et utilisent un amalgame de langues vernaculaires (arabe, russe, malayalam…) et anciennes (geez, copte, syriaque, grec…), ce qui donne à leurs célébrations un parfum d’ancienneté et d’audiblité… Comme le terme générique de « chrétiens » orientaux nele sous-entend pas forcément, ils sont aussi de confession… protestante : luthérienne, réformée, évangélique et anglicane ![thb_image image= »3376″]
Gérer le consentement aux cookies
Pour offrir les meilleures expériences, nous utilisons des technologies telles que les cookies. En consentant à ces technologies, votre expérience sera meilleure. Sans ce consentement, ce que offre ce site internet peut ne pas fonctionner pleinement.
Fonctionnel
Toujours activé
Le stockage ou l’accès technique est strictement nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de permettre l’utilisation d’un service spécifique explicitement demandé par l’abonné ou l’internaute, ou dans le seul but d’effectuer la transmission d’une communication sur un réseau de communications électroniques.
Préférences
L’accès ou le stockage technique est nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de stocker des préférences qui ne sont pas demandées par l’abonné ou l’internaute.
Statistiques
Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement à des fins statistiques.Le stockage ou l’accès technique de données utilisées exclusivement dans des finalités statistiques sont anonymes et donc ne peuvent généralement pas être utilisées pour vous identifier.
Marketing
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire pour créer des profils d’internautes afin d’envoyer des publicités, ou pour suivre l’internaute sur un site web ou sur plusieurs sites web ayant des finalités marketing similaires.