Edifier le triomphe

Jules II ordonnant les travaux de la Basilique Saint-Pierre à Bramante, Michel Ange et Raphaël, vu par Horace Vernet.

Par Thierry Schelling | Photo : DR

« La magnificence des sanctuaires » et la « solennité du service de Dieu », ce sont les deux motivations pour le pape Jules II d’avoir entrepris la construction de la Basilique Saint-Pierre dont il posa la première pierre le 18 avril 1506. 

Il écrit dans ce qui sera sa dernière bulle papale, le 19 février 1513 (il meurt deux jours plus tard) : « Lorsque j’étais cardinal, j’ai restauré ou fait construire des églises et des couvents spécialement à Rome […] ; devenu Pape, nous avons continué ce qui constitue le devoir de notre office envers la chrétienté… à l’image du sage Salomon qui érigea le Temple de Jérusalem. »

A quel prix ?

Par trois fois, Jules II lança des décrets auprès des fortunes européennes pour les solliciter dans le financement de cette basilique, au prorata de leur besoin d’indulgences… ce qui déclencha l’ire de Martin Luther ! Les principes de « La Doctrine sociale de l’Eglise » n’existaient évidemment pas…

La Sagrada Famiglia

Dans sa belle homélie du 7 novembre 2010, Benoît XVI, consacrant l’édifice de Gaudí à Barcelone, décrit cette entreprise architecturale de la façon suivante : « Gaudí a voulu unir l’inspiration qui lui venait des trois grands livres dont il se nourrissait comme homme, comme croyant et comme architecte : le livre de la nature, le livre de la Sainte Ecriture et le livre de la Liturgie. » Mais cette fois, le Pape souligne la conséquence morale liée à une telle entreprise « géniale » : « Nous ne pouvons pas nous contenter de ces progrès. Ils doivent toujours être accompagnés des progrès moraux, comme l’attention, la protection et l’aide à la famille… »

Sculpter la pierre pour élever l’âme

Et de conclure : « Au cœur du monde, sous le regard de Dieu et devant les hommes, dans un acte de foi humble et joyeux, nous avons élevé une imposante masse de matière, fruit de la nature et d’un incalculable effort de l’intelligence humaine qui a construit cette œuvre d’art. Elle est un signe visible du Dieu invisible, à la gloire duquel s’élancent ces tours, flèches qui indiquent l’absolu de la lumière et de celui qui est la Lumière, la Grandeur et la Beauté mêmes. » C’est bellement dit.

Plus vite, plus haut, plus fort… vraiment ?

Chaque mois, L’Essentiel propose à un ou une représentant(e) d’un diocèse suisse de s’exprimer sur un sujet de son choix. Fabienne Gapany, représentante de l’évêque pour la catéchèse et le catéchuménat du diocèse de LGF, est l’auteure de cette carte blanche. 

Par Fabienne Gapany, représentante de l’évêque pour la catéchèse et le catéchuménat du diocèse de LGF
Photo : DR

Ecrire une « carte blanche » au cœur de l’été (délais éditoriaux obligent) est un exercice quelque peu ardu. La liesse olympique a convoqué le souvenir de saint Paul, champion de la métaphore sportive : effort, ténacité, endurance… en vue d’« une couronne qui ne se fane pas ». (1 Co 9, 25)

En ce 13 août, l’évangile (Mt 18, 1-5.10.12-14) s’invite comme partenaire de réflexion. La question que les disciples y posent est olympique : qui est le plus grand dans le royaume des Cieux ? Jésus répond en mettant au centre celui qui n’a aucune chance de médaille : un « petit enfant ». Il ajoute qu’il faut se garder d’en mépriser un seul, de ces petits, car leurs anges voient sans cesse la face de Dieu. Une injonction morale ? Ou une manière d’être au monde pour que nous puissions en saisir la logique ? Marcel Aymé disait : « Le mépris me fait l’effet d’un bandeau qu’on s’applique sur la conscience pour se dispenser de comprendre. »1

Jésus mettant « un enfant au milieu d’un groupe de « grands » »2 propose une image saisissante de la catéchèse (qui, faut-il le rappeler ? concerne aussi bien les adultes que les enfants) : le petit n’a pas à devenir grand, il est pour le grand le modèle à suivre. Notre Dieu est vraiment celui qui « renverse les puissants de leur trône et élève les humbles » ! (Lc 1, 52)

Le Christ nous révèle, en écho à David et d’autres personnages de l’Ancien Testament, que les grandeurs humaines sont à la merci du petit qui marche avec Dieu. La performance, la puissance, le pouvoir… nous fascinent ? Nous y mettons nos espoirs ? « Un enfant au milieu d’un groupe de « grands » » nous rappelle qu’avec Jésus « un nouveau régime » du « messianisme » […] remet en cause les habitudes, les pouvoirs établis ; il cherche de nouvelles manières de vivre ensemble et fait advenir des partenaires improbables. Il n’est pas d’abord un programme, mais s’apparente peut-être au jeu. Il réclame un certain esprit d’enfance et se pense d’abord « sans concept ». » Une bien belle définition de la catéchèse, en somme…

1 Marcel AYMÉ, Les tiroirs de l’inconnu (Folio, 1960, p. 166).
2 Philippe LEFEBVRE, David et Goliath entre Bible et Iliade. Comment passer à un monde nouveau.In « Ecritures », Bulletin de l’Association Biblique Catholique Suisse Romande, n° 2/2024, p. 33. L’auteur relit dans ce passage d’évangile une scène biblique inaugurale : « David, appelé « le petit »(1 S16, 11), reçoit l’onction « au milieu de ses frères » (1 S16, 13). »

Jeux, jeunes et humour – octobre 2024

Par Marie-Claude Follonier

Question jeune

Pourquoi appeler l’Esprit lors de la consécration ?*
C’est une invocation nommée épiclèse. Dans la liturgie eucharistique, il y en a deux. La première est l’appel de l’Esprit sur le pain et le vin pour qu’ils deviennent Corps et Sang du Christ ; la deuxième est l’appel de l’Esprit sur la communauté afin qu’elle soit sanctifiée par la communion au Corps et au Sang du Christ.

Par Pascal Ortelli

* Nous vous proposons cette année de décrypter la messe, en lien avec le livre de Pascal Desthieux : Au cœur de la messe. Tout savoir sur la célébration, illustrations Hélène VDB, Editions Saint-Augustin.

Humour

Deux fiancés se présentent chez M. le Curé pour se préparer au mariage. Il leur demande s’ils ont apporté tous les papiers requis : certificat de baptême et de confirmation. « Oui, les voilà », répondent les fiancés. Le curé leur pose une première question : « Avez-vous la foi ? » La fiancée regarde dans le dossier qui contient tous les documents puis regarde son amoureux et lui lance d’un air navré : « Je t’avais bien dit qu’on oublierait quelque chose ! »

Par Calixte Dubosson

Ouvrir des chemins ensemble

Depuis l’automne 2022, le Jura pastoral a changé de modèle de gouvernance en nommant à sa tête une théologienne et un diacre. Après presque deux ans en tant que représentants de l’évêque, retour d’impressions avec Marie-Andrée Beuret et Didier Berret.

Par Myriam Bettens
Photos : Jura Pastoral (pôle communication)

Quel bilan pouvez-vous dresser après deux ans d’exercice ?
Marie-Andrée Beuret : Question un peu abrupte… La phase de transition qui se passe au niveau de la société dans laquelle on se trouve se manifeste aussi dans l’Eglise. Je ressens très fort cet état instable qui se manifeste partout. Il y a beaucoup de choses pour lesquelles nous sommes directement interpelés, mais nous devons les penser ensemble. Certains espéreraient presque que nous décidions à leur place. Or, ce n’est sain(t), ni avec N ni avec T ! Il y a une grosse question en lien avec les responsabilités et la manière de les porter ensemble. Chacun est responsable pour soi en tant qu’individu, mais nous avons des responsabilités communes et il n’est pas possible de repasser aux autres cette part-là. D’où le défi de rechercher des chemins ensemble.
Didier Berret : Partager cette responsabilité est bon et même nécessaire pour ne pas porter les choses seul. Pouvoir partager avec quelqu’un qui a un autre point de vue pour prendre les décisions est essentiel, à la fois pour les raisons qu’elle vient d’évoquer, et aussi parce que s’il faut dessiner des lignes directrices pour l’avenir d’une Eglise, personne ne sait exactement où l’on va. J’ai appris à donner aux évènements l’importance qu’ils ont et à ne pas se laisser submerger par des choses qui ne nous concernent pas directement. Finalement, il importe de se redire que Jésus ce n’est pas nous (rires).

Quel a été l’écho de la base concernant ce nouveau modèle de gouvernance ?
D. B. : Certains sont perturbés par le fait que cela ne soit plus un prêtre. Majoritairement, les échos sont positifs. Beaucoup de personnes me disent : « enfin ! »
M.-A. B. : Je partage aussi cette impression. A l’usage, il pourrait être intéressant d’imaginer une équipe pastorale pour un vicariat ou une région diocésaine.

Exporter le « label » de théologien en pastorale 1 ailleurs en Romandie permettrait-il de nommer plus de laïcs et de femmes à des postes à responsabilités ?
M.-A. B. : Il est important d’avoir des équipes diversifiées, quel que soit le modèle, avec une complémentarité de personnes, de ministères et de formations. Par contre, le danger serait de s’ouvrir aux laïques et aux femmes seulement parce qu’il n’y a plus de prêtres, de se servir des théologiens en pastorale comme des bouche-trous. De plus, si l’on reste dans le modèle actuel, on court le risque de maintenir les communautés dans un système de service où les baptisés se retirent au profit des professionnels. Et à partir du moment où l’on a uniquement des professionnels face à la communauté des baptisés, qui n’est pas « professionnelle », il se forme une espèce de limite. Le risque serait de simplement remplacer le prêtre qui était mis sur un piédestal par une autre figure. Le problème n’est pas celui de la personne qu’on y met, mais bien le piédestal !

1 Un « label » d’appellation d’origine pastorale (AOP) pour le Jura. Début août 2020, le Jura pastoral (partie francophone du diocèse de Bâle) a institué le titre de « théologien en pastorale » pour ses agents pastoraux dotés d’un diplôme universitaire en théologie. Fruit d’une longue réflexion diocésaine, ce changement permet de reconnaitre le statut et le travail des agents pastoraux que le terme « assistant » rendait parfois ambigu.

Bio express

Marie-Andrée Beuret

Marie-Andrée Beuret est une théologienne en pastorale, née en 1972. Elle a achevé une formation en théologie à Fribourg et à Lucerne (1999-2004) et un doctorat à Lucerne (2007). Elle a été instituée au service permanent du diocèse de Bâle en juin 2009. Elle est aussi membre de l’équipe de l’espace pastoral Ajoie-Clos du Doubs.

Didier Berret

Didier Berret est né le 9 mars 1966. Marié et père de cinq enfants, il a mené des études en théologie à Fribourg et à Jérusalem (Dormition) de 1985 à 1990, puis institué assistant pastoral en juin 1991. Ordonné diacre en juillet 2000, il a été responsable de communauté durant dix ans pour l’Unité pastorale des Franches-Montagnes (Saignelégier).

Les deux Jurassiens ont été installés comme délégués épiscopaux de l’évêque de Bâle, Mgr Felix Gmür, pour le Jura pastoral, le 1er septembre 2022, lors d’une célébration eucharistique à l’église Saint-Marcel de Delémont.

Mise au tombeau, Cathédrale Saint-Nicolas, Fribourg

Cette mise au tombeau est composée de 13 statues à taille humaine. Elle est attribuée à Maître Mossu.

Par Amandine Beffa | Photo : Jean-Claude Gadmer

Les 100 ans de l’élévation de la collégiale de Fribourg au rang de cathédrale sont une excellente occasion de (re)découvrir les œuvres qu’elle accueille. Parmi celles-ci se trouve une rare mise au tombeau, composée de 13 statues à taille humaine, attribuée à Maître Mossu.

Le thème est populaire dès le XVe siècle, en particulier en Suisse, en Belgique, en Allemagne et en France. Il s’agit ici d’une des premières réalisations (~1430).

Jésus est déposé sur la pierre du tombeau par Nicodème (à gauche) et Joseph d’Arimathie (à droite). L’Evangile (Jn 19, 38-42) raconte que c’est Joseph qui a demandé le corps à Pilate et que Nicodème a apporté les onguents nécessaires aux rites. Tous deux sont des notables juifs, devenus disciples en secret.

A l’arrière-plan, nous reconnaissons la Vierge Marie, Mater dolorosa, mère de douleur. Pliée en deux, les bras tombant vers le sol, elle est soutenue par Jean, identifiable à ses traits juvéniles et son absence de barbe.

Deux femmes les encadrent, probablement celles mentionnées par les évangélistes au pied de la croix.

Deux anges portent les instruments de la Passion. Celui à notre gauche tient la colonne et les fouets, celui à notre droite présente la croix et les clous (Jn 19). La femme qui est à côté de ce dernier est Marie Madeleine. Comme souvent, elle est représentée non voilée, avec une belle chevelure. Elle a entre les mains un flacon, peut-être celui du parfum qu’elle avait versé sur les pieds du Christ (Lc 7, 36-50).

La douleur des traits des personnages est particulièrement marquée, même pour les anges. Les mouvements des mains et l’inclinaison des têtes accentuent les émotions. Tous sont richement vêtus selon les codes du XVe siècle. 

Au premier plan, les soldats chargés de veiller sur le tombeau pour que personne ne puisse voler le corps (Mt 27, 62-66) sont endormis. Certaines photos plus anciennes les placent à l’entrée de la chapelle, comme pour garder son entrée.

Le thème des vitraux de Manessier (1974) est la nuit du Vendredi saint. Le choix des couleurs peut surprendre, mais il nous entraîne dans les profondeurs de cette nuit si particulière.

En librairie – septembre 2024

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

La grâce de la vieillesse
Pape François

Dans ce livre, qui rassemble l’intégrale de ses catéchèses sur la vieillesse, le pape François propose à tous, et particulièrement aux « anciens », une méditation originale et remplie d’espérance sur le grand âge de la vie, la grâce du temps qui passe, l’importance de la transmission et du lien entre les générations. Un magnifique enseignement sur le sens et la valeur de la vieillesse, qui montre combien nos aînés comptent aux yeux de Dieu et jouent un rôle irremplaçable dans notre société, particulièrement auprès des plus jeunes.

Editions Mame

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Les grands-parents, trésors irremplaçables
Guy Gilbert

Prêtre-éducateur depuis plus de cinquante ans, celui qui proclame que « la rue est son Eglise » aide des jeunes en perdition. Dans ce livre, il met en lumière la joie et l’utilité qu’il y a à être grands-parents dans la société actuelle. Il explique que ces personnes sont en pleine forme, pouvant ainsi mettre leur énergie au service de leurs petits-enfants et qu’elles ont tout le loisir de raconter l’histoire des familles ou des villages tout en prêtant une oreille attentive à leurs petits-enfants.

Editions Philippe Rey

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Dietrich Bonhœffer
Molly Frye Wilmington – Marcin Piwowarski

L’histoire d’un héros ne comprend pas toujours une guerre mondiale, un ennemi cruel, des missions secrètes audacieuses et un code caché que vous devez découvrir. C’est pourtant le cas de l’histoire de Dietrich Bonhœffer. Dans ce livre unique, Bobby le petit chien de berger raconte l’histoire puissante d’un homme qui a courageusement suivi Jésus pendant une période sombre de l’histoire du monde. L’histoire de Dietrich Bonhœffer aide les enfants à comprendre la foi, la persévérance et la souffrance. Les lecteurs seront encouragés, comme lui, à profiter de la vie dans les bons moments et « tenir ferme » dans les moments les plus difficiles.

Editions Bibli’o

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La retraite, un temps à savourer
Mouvement chrétien des retraités

Un guide pratique avec des réflexions de fond pour donner du sens à sa retraite et en déployer les richesses. Un livre écrit par le Mouvement chrétien des retraités, à lire juste avant ou après le départ à la retraite pour réfléchir aux enjeux humains, relationnels et spirituels de cette étape de vie, y trouver de nouvelles formes de fécondité. Anticiper sa retraite, réfléchir à son projet. Savoir faire le deuil d’une période professionnelle qui se termine. Apprécier d’une nouvelle manière ce qui continue (vie conjugale, familiale, amicale, sociale).

Editions Mame

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Pour commander

Vers une Eglise de retraités?

L’allongement de l’espérance de vie a changé le visage de la population.

Souvent, nos assemblées dominicales ou de semaines sont suivies en majorité par des personnes vieillissantes. Ce phénomène se voit aussi au niveau de l’organisation des paroisses. Allons-nous vers une Eglise de retraités?

Par Calixte Dubosson | Photos : Flickr, Pxhere, DR

Le XXe siècle a été le théâtre de plusieurs révolutions démographiques. Le premier constat est celui de la baisse de la mortalité à la naissance ainsi qu’une baisse générale de la fertilité. Mais le fait le plus marquant est celui de l’allongement de l’espérance de vie, qui a totalement changé le visage de la population en Suisse. Ceux qui bénéficient de la retraite sont de plus en plus nombreux et il est de plus en plus courant que certains ou certaines atteignent l’âge plus que respectable de 100 ans. Avant de parler des conséquences de cette évolution, parlons d’abord du sens et de la valeur de la vieillesse.

Les bienfaits de la retraite

Ceux qui touchent leur retraite sont souvent libérés des soucis de la rémunération, des contraintes liées à la pression des échéances et de la hiérarchie, de la compétition et de l’exigence de performance. Ils sont incités à se réengager dans la société, selon leurs convictions, leurs charismes et les appels de leur foi. Ils perçoivent mieux leur authentique aspiration à « être » plutôt qu’à « faire ». Bref, ils peuvent faire des choix, libres et ouverts, sur l’utilisation et la gestion de leur temps. Ainsi, leur existence s’ouvre sur une période plus apaisée et sur la possibilité de comportements plus naturellement bienveillants, modestes, gratuits et notamment à l’écoute attentive de ceux que la vie place sur leur chemin. Evoquons aussi d’autres valeurs que les Ecritures soulignent.

Les aînés dans la Bible

Ouvrons donc la Bible pour mieux comprendre le sens et la valeur de la vieillesse. Le livre du Lévitique s’exprime ainsi : « Tu te lèveras devant ceux qui ont des cheveux blancs, tu honoreras la personne du vieillard, c’est ainsi que tu révéreras ton Dieu. Je suis l’Eternel. » (Lv 19.32) Plusieurs aînés entourent la naissance de Jésus : Zacharie et Elisabeth avancés en âge donnèrent naissance à Jean-Baptiste, le précurseur. Siméon « vivait dans l’attente du salut d’Israël ». Anne, la prophétesse âgée de 84 ans, « ne quittait jamais le Temple où elle servait Dieu nuit et jour par le jeûne et la prière » (Lc 1.37). Voilà qui démontre clairement que les personnes âgées ne sont ni au chômage, ni exclues du ministère ! Il n’y a pas d’âge limite pour le service du Seigneur.

Les personnes âgées représentent une part essentielle du « public » chrétien actuel.

Les aînés dans l’Eglise

Et en Eglise, qu’en est-il ? D’une manière positive, la sagesse des aînés, leur spiritualité propre, leur témoignage montrant avec simplicité le plus souvent qu’il est possible de tenir dans la foi une vie entière, d’aborder sa propre fin de vie dans un état d’esprit apaisé et confiant, voilà autant de traits qui sont authentiquement et spécifiquement associés à l’édification du corps ecclésial et à son rayonnement au sein du monde actuel. A ces considérations d’allure spirituelle, il est normal d’adjoindre des constatations de bon sens. Les personnes âgées représentent une part essentielle du « public » chrétien actuel. Que deviendraient nos célébrations dominicales si, par hypothèse absurde, on en retirait impérativement tous les fidèles de plus de 60 ans ? Qui resterait-il dans nos grandes nefs ? Le même raisonnement par l’absurde pourrait être aussi appliqué à nos services ecclésiaux, au plus local, mais aussi sur le plan régional voire diocésain. Que deviendrait l’Eglise sans tous ces bénévoles qui la font voir, qui la font vivre ? Et parmi ces généreuses âmes, quelle est la proportion des personnes retraitées et généreuses de leur temps libre ? 

Témoignages

Il est temps de donner la parole à ces aînés engagés dans la pastorale. Sara, dans la septantaine, s’occupe de la décoration florale de son église. Elle témoigne : « Dans ce service d’Eglise qu’est la « décoration florale », ce qui rend cette activité valorisante c’est qu’elle permet à la fleuriste de mettre en valeur les textes de la liturgie tout en aidant la communauté paroissiale à prier. Cette tâche est variée et laisse de la place à l’imagination grâce à la richesse des temps liturgiques : comment exprimer la joie, la douleur, l’espérance ? Le choix des fleurs et de leur couleur, les végétaux et les accessoires qui les mettent en valeur donnent à la composition florale une place de choix dans la liturgie qui contribue à la beauté de la célébration. Nous devons avant tout rechercher la simplicité pour donner au bouquet le vrai sens de la louange, c’est ce qui nous différencie des fleuristes professionnelles. » 

Viviane, préretraitée, participe à la vie de sa paroisse comme chanteuse dans sa chorale, lectrice et présidente du conseil de communauté. Elle nous explique le pourquoi de son investissement : « Ma soif de connaître Dieu m’a conduite sur le chemin des notes de musique et des accords de dièses et de bémols liturgiques. Ma foi a fait de grands pas en m’engageant à la lecture de la parole jusqu’à porter ma paroisse avec fierté en acceptant d’en devenir présidente du conseil de communauté. Une source d’enrichissement, de prières, de partages et de rencontres. »

Où sont les jeunes ?

Les retraités sont conscients qu’ils ne sont pas éternels. J’avais, en son temps, surpris un septuagénaire qui faisait partie du comité d’organisation de la patronale de son village interpeller un adulte dans la quarantaine. Il lui faisait remarquer que la moyenne d’âge de ce comité frisait la soixantaine. Il devenait donc urgent
de penser à la relève. Et c’est là le problème fondamental. Il ne touche pas seulement les paroisses, mais aussi l’ensemble de la société. Pour preuve, la difficulté de trouver des candidats pour les élections communales en Valais. Un parti a même mis une annonce dans un journal en promettant aux intéressés un temps de travail rémunéré de 15 % ! D’autre part, les municipalités valaisannes, inquiètes quant au renouvellement de leurs autorités communales,
ont lancé dans tout le canton, une campagne de recrutement intitulée « Prends ta place ! ». 

La civilisation des loisirs

Comment en est-on arrivé là ? La réponse ne serait-elle pas dans l’avènement d’une société dite de consommation ? La dernière voiture, le dernier smartphone, le dernier parfum d’une grande marque, la dernière veste de telle boutique à la mode, la société de consommation envahit nos chaumières depuis des décennies. Notre société moderne semble s’accomplir dans cette soif effrénée de produire et de consommer et ce, pour le soi-disant grand bonheur de tous !

Il faut ajouter aussi l’émergence d’une autre société, celle du divertissement. Il est bien difficile de faire le tour de toutes les possibilités de loisirs qui sont offertes chaque semaine, en vue du week-end, par les offices du tourisme, de la culture et du sport. On croule sous la panoplie des manifestations de tout genre qui invitent à promouvoir le bien-être et le plaisir de chacun. « Prenez soin de vous », cette expression moderne servie à foison lors des fins d’émission ou de reportage TV montre bien que l’on s’éloigne de l’idéal chrétien qui est de donner sa vie pour que l’autre vive ! 

Enfin, en ce qui concerne notre Eglise qui est en passe de devenir une Eglise de retraités, il est important de souligner que si le monde change, l’Eglise aussi. Les jeunes chrétiens préfèrent un engagement à l’image du flash photographique. Ils sont d’accord de se réunir par millions lors des JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse) mais ils ne vont pas pour autant s’engager dans un conseil de paroisse qui exige un suivi sur le long terme.

L’avenir appartient à Dieu et il se pourrait bien que ceux et celles qui sont étouffés par cette civilisation des loisirs découvrent qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir ; que la générosité et le don de soi sont des valeurs qui épanouissent, rendent heureux, les autres et soi-même.

Les jeunes chrétiens sont d’accord de se réunir par millions lors des JMJ mais ne s’engageront pas pour autant dans un conseil de paroisse.

Vie montante

Le Mouvement chrétien des retraités (MCR) est un mouvement d’action catholique créé à l’initiative de laïcs retraités et au service des retraités. 

La retraite est une période d’une trentaine d’années environ. 

La mission du MCR est d’aider les retraités à bien vivre cette étape. La retraite peut être un temps d’enrichissement, d’approfondissement personnels et d’engagement au service des paroisses. Il en existe dans tous les cantons romands. 

Pour plus d’informations consultez le site : www.mcr-viemontante.ch

Une proposition…

… pour prendre soin de la création et de sa spiritualité

Journée éco-spiritualité 2024

Avec William Clapier, auteur, conférencier et théologien. 

Né à la foi chrétienne au contact des spiritualités orientales, notamment de la pratique de la méditation zen, il a approfondi dans une vie religieuse l’oraison carmélitaine ou prière silencieuse. Suite à un accident et à un long séjour en milieu médical (2016-2019), il communique le fruit de son expérience spirituelle dans « Quelle spiritualité pour le XXIe siècle ? Au fil d’une vie » (2018).

Son essai « Effondrements ou révolution ? Un appel au sursaut spirituel » (2020), aborde la crise écologique planétaire à partir de ses racines éthiques et spirituelles. A l’écoute de notre monde en mutation (voir son dernier essai « L’Esprit, ce grand oublié » (2021)), son engagement est à la croisée de la foi chrétienne, de la quête de sens et des défis sociétaux actuels.

Le samedi 14 septembre de 10h à 12h, conférence de William Clapier, suivie d’un repas pris en commun (Fr. 10.– / personne. Chacun apporte assiette, couverts et verre). Dès 13h15, des temps d’ateliers seront proposés (s’engager à partir de son bilan carbone ; le soin pour la Création en paroisse ; fabrication de savons ; et encore d’autres en préparation). La journée se clôturera vers 16h.

Informations et inscriptions sur https://epg.ch/pages/journee-eco-spiritualite-2024/

… pour des communautés chrétiennes qui s’engagent en faveur de la création

Votre communauté désire-t-elle prendre soin de la création ? Ou changer ses pratiques pour être plus respectueuse de l’environnement ? Ou réduire son empreinte carbone ? Ou encore s’inquiète-t-elle de la solidarité internationale et de la justice environnementale ? Mais… vous ne savez pas par quoi commencer et comment répondre à ces problématiques ?

EcoEglise vous propose de nombreuses idées et vous aide à cheminer dans votre désir de prendre soin de la création dans les divers domaines autour de la vie d’église. En remplissant un éco-diagnostic en ligne, vous allez choisir parmi une grande diversité de mesures, celles que votre communauté a envie de mettre en place. Toutes les actions que vous allez entreprendre vous permettront d’avancer et d’évoluer dans les niveaux de progression.

Démarche du Réseau œcuménique suisse romand pour le soin de la création sur ecoeglise.ch

Des assemblées intergénérationnelles (Joël 2,16; 3,1)

Comme toutes les générations, les personnes atteintes dans leur santé reçoivent l’Esprit par le sacrement des malades.

Par François-Xavier Amherdt | Photo : DR

« Réunissez le peuple, tenez une assemblée sainte, rassemblez les anciens, réunissez petits enfants et nourrissons ! Que le jeune époux sorte de sa maison, que la jeune mariée quitte sa chambre ! » (Joël 2, 16) Lorsque Joël, l’un des « douze petits prophètes », appelle le peuple à la pénitence, il s’adresse à la totalité des générations sans exception, non seulement aux personnes âgées et adultes, mais également aux tout-petits !

C’est l’invitation qui retentit au début de chaque Carême, au mercredi des Cendres : « Revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment. » (Joël 2, 12-13)

Pour une telle conversion, il est indispensable que la totalité des membres de la communauté se serrent les coudes et procèdent aux démarches de réconciliation nécessaires. Sinon, les conflits et les incompréhensions demeureront. 

Pour ce faire, au terme du temps pascal, à la fête de la Pentecôte, retentit un autre oracle dans le même livre prophétique, avec la promesse du don de Dieu en plénitude : « Je répandrai mon esprit sur tout être de chair, vos fils et vos filles prophétiseront, vos anciens seront instruits par des songes, et vos jeunes gens par des visions. Même sur les serviteurs et sur les servantes je répandrai mon esprit en ces jours-là. Je ferai des prodiges au ciel et sur la terre. » (Joël 3, 1-3a) 

Or les temps sont accomplis, l’heure de grâce est advenue par la mort et la résurrection de Jésus-Christ. L’Esprit Saint est donné avec largesse aux bébés lors des baptêmes, aux enfants dans le pardon et l’eucharistie, aux adolescents et jeunes à la confirmation, aux conjoints à l’occasion des épousailles, aux diacres, prêtres et évêques par le signe de l’ordination. Et également aux vieillards et aux personnes atteintes dans leur intégrité physique et psychique, grâce au sacrement de l’onction des malades.

Impossible donc de faire des compartiments au sein de l’Eglise. Les retraités ont besoin du dynamisme juvénile, les petits portent leurs parents et grands-parents. C’est le même Esprit qui unit absolument tous les membres du corps, quel que soit leur âge (cf. 1 Corinthiens 12, 4-11).

Des femmes au cœur de mère

Une croix, une bougie, une bible et un panier.

Une trentaine de groupes de Prière des Mères existent à Genève. Ce temps de prière et de partage commun, importé du Royaume-Unis, permet « d’abandonner » ses enfants entre les mains de Dieu. L’Abandon n’étant de loin pas instinctif pour une mère, ces groupes permettent d’apprendre comment le pratiquer.

Livret de prière sur lequel se basent toutes les rencontres.

Par Myriam Bettens 
Photos : Pastorale des famillles de Genève, Prière des Mères

Chaque mardi midi, à la Chapelle de la cure de Notre-Dame, la pastorale des familles de Genève organise un temps de prière « pour nos enfants et tous les enfants du monde ». Cette rencontre s’inscrit dans le mouvement de La Prière des Mères, présent à ce jour dans plus de cent-vingt pays et fait partie de l’un des trente groupes se réunissant sur le canton.

La Prière des Mères est née en Angleterre en 1995 sous l’impulsion de Veronica Williams. Ce mouvement n’a pas d’étiquette confessionnelle et se veut œcuménique. Il a d’ailleurs reçu la bénédiction des Eglises. Sa fondatrice, touchée par les problèmes auxquels sont confrontés les jeunes et par l’angoisse des parents face à de telles situations, s’est sentie appelée à prier de façon particulière pour les enfants. La spiritualité de La Prière des Mères repose sur la certitude que « Dieu nous aime, la totale confiance en Lui et en son action dans nos vies ». Mais cette confiance demande aussi un abandon complet. Or, cette posture n’étant pas naturelle pour une mère, ces groupes permettent d’apprendre comment le pratiquer en étant portées par la prière des autres femmes. Les réunions sont généralement hebdomadaires et la confidentialité demeure la règle de base, car durant la réunion une mère peut être amenée à parler de façon très personnelle, pour partager peines ou angoisses. Elle ne doit donc pas craindre que ses confidences soient répétées à l’extérieur.

Cette prière se déroule toujours selon un canevas bien établi et détaillé dans un livret d’une trentaine de pages. La rencontre débute par l’invocation de l’Esprit Saint, puis la demande de pardon, de protection, la prière de louange, de remerciement, d’unité, la lecture d’un passage de la Bible et enfin, la prière d’Abandon. Ce moment constitue le point d’orgue de la rencontre où chaque mère vient déposer au pied de la Croix ses enfants
préalablement inscrits sur un rond de papier. Ce geste, accompli en prière silencieuse, « place chaque enfant, en toute confiance, dans les bras de Jésus » et résume à lui seul l’essence de ce mouvement conçu pour toutes les femmes ayant un cœur de mère.

Du côté genevois, le premier groupe a démarré en 2000 à l’initiative d’Irène de Escoriaza et Christine Delalande, aujourd’hui coordinatrice de la Prière des Mères pour la Suisse. Par la suite, les deux femmes ont organisé la venue de Veronica Williams à Genève pour une conférence publique à la paroisse Saint-Paul. Depuis lors, le mouvement a aussi pris pied dans le canton. Outre les rencontres hebdomadaires, qui réunissent entre deux et huit femmes, le mouvement propose régulièrement des messes à l’intention de la fondatrice et des rassemblements de prières pour remettre à Dieu tous les enfants du monde.

Envie de consacrer un temps hebdomadaire de prière à vos enfants ?

Un groupe se réunit chaque mardi de 12h15 à 13h (hors vacances scolaires), à la chapelle de la cure de Notre-Dame, 3 rue Argand, 1201 Genève, à 2 min de la gare Cornavin. Renseignements auprès de Marie Montavont – marie.montavont@cath-ge.ch ou Christine Delalande, coordinatrice des groupes de Prière des Mères à Genève – mothersprayers.geneve@gmail.com

«Ne m’abandonne pas»

Par Thierry Schelling
Photo : vatican.media

Depuis 2021, le pape François a instauré la fête des aïeux, en plein mois de juillet (à la fête de Joachim et Anne, les prétendus 1 grands-parents de Jésus), afin de rappeler l’importance cruciale pour la famille et l’Eglise de prendre soin des aînés, dont il développe, au cours de son « Message », les joies et les affres.

Après Amoris Laetitia

Cette exhortation du Pape sur la vie matrimoniale et familiale a été à l’origine de l’instauration d’un dimanche « pour les aînés » : avec ceux « de la Parole » (3e de janvier), « des Enfants » (4e de mai), et « des Jeunes » (initialement, aux Rameaux, devenu les JMJ) ou des liens avec le judaïsme (Dies judaicus, le 3e de Carême), Rome souhaite inclure tout le monde dans la ronde des dimanches… Dans ses messages, après « Porter du fruit dans la vieillesse » (2e journée, en 2022), « Sa miséricorde s’étend d’âge en âge » (3e journée), le Pape a opté pour la 4e édition pour : « Ne m’abandonne pas dans ma vieillesse », autrement dit, la solitude de la personne âgée…

« Réseau et sagesse »

Le Pape relève ces deux forces de la personne aînée à faire fructifier pour tous, société comme familles, paroisses comme communautés religieuses. En effet, un.e retraité.e a « un réseau de connaissances, tant personnelles qu’intellectuelles », qui ne peut qu’être bénéfique pour tous – encore faut-il prendre le temps de s’en imprégner. Quant à la sacrosainte sagesse due à l’âge, le Pape n’insiste pas tant sur un moralisme bon enfant qu’enseigneraient nos grands-parents, mais bien sur le fait qu’ils sont une « source de conseils et de propositions » née de leur capacité d’écoute, dont toutes les générations devraient profiter.

Mais on ne peut également s’empêcher de voir, dans cette démarche pastorale vis-à-vis des aînés, comme un vadémécum de l’octogénaire pontife à son Eglise…

1 Seule une source apocryphe les cite comme tels.

Une Eglise de retraités? Quelle chance pour le bénévolat!

Par Fabienne Gigon, représentante de l’évêque à Genève
Photo: DR

Une récente étude1 menée par les Universités de Lausanne, Genève, Neuchâtel et la Haute école et Ecole supérieure de travail social Valais-Wallis rend compte du bénévolat des seniors. Bonne nouvelle : leur engagement est ample, vaste et apporte pléthore de compétences, entre savoir-être et savoir-faire ! Allant de divers milieux associatifs au proche-aidant (notamment la garde des petits-enfants), force est de constater que leurs apports effectifs au fonctionnement de la société est vital, avec quasi 50 % des 65-74 ans engagés dans des tâches et activités réalisées gratuitement.

En plus de leur travail au service du bien commun, ce bénévolat participe à leur bien-être, la notion de plaisir étant une donnée forte de leur investissement. Offrir une prestation de qualité et avoir la possibilité d’une gestion du temps et de l’agenda plus adaptée à cette période de la vie sont aussi des facteurs aidants. 

Sommes-nous attentifs à ces paramètres lorsque nous sollicitons nos aînés pour un engagement auprès de nos communautés ?

Leur permet-on de prendre conscience des richesses en termes de connaissances et de capacités qu’ils ont à nous offrir et leur offrons-nous une image valorisante de leur engagement ?

Sommes-nous créatifs, en permettant, par exemple, des duos avec des personnes plus jeunes, afin de mutualiser disponibilité, compétences, énergie, transmission et engendrement ? 

Sommes-nous à l’œuvre pour favoriser une Eglise intergénérationnelle, inclusive, qui s’enrichit des diversités ? 

Laissons-nous inspirer par la prophétesse Anne (Luc, 2, 36-38), qui du haut de ses 84 ans est remplie de zèle à la vue de Jésus, annonçant à qui voulait l’entendre les louanges de Dieu et la naissance de l’Enfant, elle qui servait Dieu jour et nuit à quelques pas du temple !

Bien souvent, lors de messes ou de rencontres paroissiales, le nombre de têtes blanches dépasse nettement celui des têtes blondes. Pourtant l’Esprit Saint est toujours à l’œuvre et nourrit notre confiance et notre agir pour faire fructifier les richesses de nos communautés.

Alors oui, laissons-nous nous inspirer par la prophétesse Anne, par nos prêtres en âge de retraite si nombreux à poursuivre leur engagement, par les retraités rendant d’innombrables services et remplissant d’importantes missions ! Osons solliciter davantage nos aînés, non pas comme des bénéficiaires, mais comme des acteurs clés de nos pastorales !

1 https://www.unil.ch/ceg/vivra

Jeux, jeunes et humour – septembre 2024

Par Marie-Claude Follonier

Question jeune

A la fin du chant du Sanctus, que signifie Hosanna ? *
Après l’offertoire, un dialogue se noue entre le prêtre et les fidèles pour introduire la préface. Elle se compose de trois parties : la reconnaissance de la louange au Père par la médiation du Fils, les motifs particuliers d’action de grâce et l’introduction au Sanctus qui se termine par : « Hosanna au plus haut des cieux. » Ces paroles ont été prononcées par la foule qui a accueilli Jésus comme le Messie le jour des Rameaux… avant de le crucifier ! Hosanna (« donne le salut ») signifie donc une acclamation de joie ou de victoire.

Par Pascal Ortelli

* Nous vous proposons cette année de décrypter la messe, en lien avec le livre de Pascal Desthieux : Au cœur de la messe. Tout savoir sur la célébration, illustrations Hélène VDB, Editions Saint-Augustin.

Humour

Cette histoire se passe dans l’armée suisse. Un jour, un lieutenant-colonel rassemble sa troupe et informe ses soldats en ces termes, avec un léger accent d’Outre-Sarine : « Messieurs, nous allons organiser un exercice d’envergure pour simuler une grande attaque avec tout ce que cela comporte. Tout le monde sera mobilisé et chacun devra se tenir prêt pour cette manœuvre exceptionnelle. Donc, demain matin, on attaque la Russie !
Y a-t-il des questions ? » Un bon petit soldat originaire du Gros-de-Vaud lève la main et dit : « Qu’est-ce qu’on fait demain après-midi ? »

Par Calixte Dubosson

Sainte diplomatie

Les accords du Latran de 1929 ont entériné la souveraineté du Vatican, conférant à l’Eglise catholique une influence incontournable sur la scène internationale. Entretien avec Monseigneur Ettore Balestrero, Observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies.

Par Myriam Bettens | Photo: Jean-Claude Gadmer

Quelle est la mission de l’Observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies ?
L’Eglise catholique est la seule institution religieuse au monde à avoir accès aux relations diplomatiques, comme cela est reconnu par le droit international. Les raisons de cette reconnaissance se trouvent dans l’universalité et la transnationalité de l’Eglise catholique et dans le fait que le Pape, contrairement à tout autre chef religieux, a une juridiction effective sur toute l’Eglise catholique. Le Saint-Siège est partie prenante de divers instruments internationaux [ndlr, conventions], il est membre ou observateur permanent dans les institutions spécialisées des Nations Unies ainsi que des organisations intergouvernementales internationales et participe donc activement à l’élaboration et aux travaux de l’Organisation des Nations Unies et des autres organisations.

Quel est l’avantage du statut d’observateur par rapport à celui de membre votant ?
L’ONU est une organisation avec une dimension politique dont les membres doivent prendre des positions politiques qui reflètent certains intérêts, parfois légitimes, mais toujours partisans. Ce positionnement est contraire à la dimension universelle et à la nature essentiellement spirituelle et morale du Saint-Siège. Il ne poursuit pas d’objectifs politiques ou économiques, mais uniquement religieux ou moraux, qui transcendent les limites géographiques des pays et des continents. De plus, en devenant membre, il ferait l’objet de nombreuses et pressantes demandes d’adhésion à des traités internationaux qui vont à l’encontre des positions de l’Eglise catholique et de la loi naturelle comme l’avortement ou l’euthanasie.

Quelle valeur ajoutée l’implication de la religion dans les affaires d’Etat offre-t-elle aux gouvernements ?
La religion a un effet sur les affaires des Etats, soit parce qu’elle est porteuse de valeurs auxquelles de nombreux citoyens s’identifient, soit parce qu’elle est un facteur de paix. En ce qui concerne l’Eglise catholique, le consensus est qu’il s’agit d’un acteur crédible, significatif et faisant autorité. Le Saint-Siège est, en ce sens, une autorité reconnue explicitement ou implicitement. De plus, bien souvent, les hommes et les femmes d’Eglise connaissent la réalité du terrain dans certains pays mieux que les institutions elles-mêmes, c’est donc un interlocuteur utile et fiable.

Comment contribuer à une interaction adaptée et efficace des religions, avec les objectifs et les activités des Nations Unies ?
La collaboration exige un respect partagé de la nature de l’homme, car c’est le seul dénominateur commun qui permette une rencontre efficace et profonde. Il faut en tout cas éviter de faire de l’ONU et de ses programmes une sorte de religion ou d’autorité morale incontestable. Quant à l’ONU, celle-ci ne devrait pas imposer aux religions de collaboration contraire à leurs propres principes et à ceux de millions de personnes qui y adhèrent. Par conséquent, la liberté religieuse devrait être considérée comme un droit, au même titre que les autres.

A l’échelle individuelle, nos sociétés sont aujourd’hui très polarisées. Quel rôle peut jouer la religion dans la paix, voire la paix sociale ?
La religion ne devrait pas faire de politique ni administrer la société, mais guider les gens vers Dieu. Elle change les cœurs et ce sont les cœurs des gens qui changent la situation. C’est cela qui les pousse à adopter de nouveaux comportements et à emprunter la voie de l’amour et du respect des autres hommes. Si la religion ne peut changer la vie d’une personne, alors elle ne sera jamais facteur de paix.

Bio express

Né à Gênes (Italie) en 1966, Mgr Ettore Balestrero a été ordonné prêtre en 1993. 
Il est entré dans le service diplomatique du Saint-Siège en 1996, puis a été nommé Nonce apostolique en Colombie en 2013, et ordonné évêque la même année au rang d’archevêque. En 2018, le pape François l’a nommé Nonce en République démocratique du Congo. 
Il a pris le poste d’Observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies en juin 2023.

Décors peints, chœur de l’église Saint-Jean-Baptiste, Corsier (Genève)

Jean-Louis Gampert propose une interprétation contemporaine d’un thème traditionnel.

Par Amandine Beffa | Photo : Jean-Claude Gadmer

Quel est le point commun entre les églises Saint-Paul à Cologny, Saint-Charles-Borromée à Avusy et Saint-Jean-Baptiste à Corsier ?
Ces trois édifices du canton de Genève accueillent un monumental décor peint dans leur abside.

Si la Déesis (= intercession, en grec) est une thématique artistique répandue dans le monde byzantin, c’est moins le cas du côté de l’Occident catholique. Dans la composition traditionnelle, saint Jean-Baptiste et la Vierge Marie entourent le Christ ressuscité qui tient un livre entre ses mains. Avec les saints et les apôtres, ils intercèdent pour le salut de l’humanité. 

Jean-Louis Gampert est, avec Cingria, un des membres fondateurs du Groupe Saint-Luc. Il a notamment étudié auprès de Maurice Denis. Comme ses illustres compagnons, il propose une interprétation contemporaine d’un thème traditionnel. 

Dans la partie haute de l’abside, le Christ trône dans les nuées. A notre gauche, mains jointes, Marie intercède. Légèrement plus bas, probablement pour indiquer une différence de dignité par rapport à la Mère de Dieu, Jean-Baptiste, à genoux, regarde dans notre direction.

Dans la partie basse, à notre gauche, nous reconnaissons : saint André, avec la croix caractéristique de son martyre ; saint Pierre, avec les clefs et la tiare que lui tend un angelot. A leurs pieds, saint Jean, jeune et imberbe avec un aigle. La jeune et belle femme aux cheveux lâchés est Marie-Madeleine. Une femme tient un grand livre, c’est Anne qui instruit Marie. Joseph tient le rameau fleuri qui, selon le protoévangile de Jacques, a permis de l’identifier comme époux de Marie.

A notre droite, depuis le centre : saint François de Sales, évêque de Genève et saint Maurice, vêtu comme un soldat romain. Un ange lui apporte la palme des martyrs et la couronne de laurier, rappelant ce qui s’est passé lorsque le bourreau a levé son épée. Le curé d’Ars est reconnaissable avec sa coupe de cheveux si caractéristique. A l’extrême droite, on trouve saint François d’Assise en bure. Devant, sainte Thérèse d’Avila avec le crucifix, combattant le démon qui souhaite l’attirer en Enfer et sainte Thérèse de Lisieux tenant les images de la Sainte Face.

Un ADN d’art et de foi

Texte et photo par Nicolas Maury

« Ma foi n’est pas extérieure à qui je suis. Elle implique toute ma vie et fait partie de mon ADN », affirme Roger Gaspoz. Un ADN dont la seconde moitié est l’art. « J’ai dessiné et sculpté depuis ma plus tendre enfance : des animaux dans des écorces de mélèze tout d’abord, puis des personnages dans la pierre et le bronze », raconte le Valaisan qui en tire un bel enseignement : « Quand je peux travailler pour l’Eglise, je rends à Dieu les talents qu’Il me donne, je bosse pour Lui. » 

Ses créations se retrouvent partout en Romandie et au-delà : la statue de saint Amé à Notre-Dame du Scex (Saint-Maurice) la crypte de Muraz, les quatre évangélistes de Venthône, un reliquaire au Carmel à Develier, un portrait de Marguerite Bays à Siviriez, un autre peint pour le pape François, etc. « Un jour un peintre a dit : on entre en peinture comme on entre en religion. Dans mon travail j’allie les deux. »

Roger Gaspoz dévoile un de ses projets en cours : une statue de Mgr Schwery qui prendra place dans l’église de Saint-Léonard. « Je privilégie un format grandeur nature pour que chacun puisse s’identifier à quelqu’un de vrai. » Désignant la maquette, le sculpteur détaille : « La main tendue et ouverte accueille celui qui se présente à l’entrée de l’église et l’invite à lire la Bible sur laquelle est posée l’autre main. L’homme d’Eglise veut en partager le message. Tout est dans la symbolique. »

L’artiste s’intéresse à la personnalité de son modèle. « Dans le cas présent, j’ai eu la chance de connaître Mgr Schwery. Cela facilite les choses. Pour saint Amé, les images que j’avais prises d’un capucin en oraison m’ont inspiré sa posture méditative. J’ai travaillé le visage du saint à partir de celui d’un éducateur des Rives du Rhône dont les traits me parlaient. »

Peintre, sculpteur, verrier, psychopédagogue… les cordes de l’arc de Roger Gaspoz sont multiples. Toutes lui permettent de viser le même but : « Refléter les mouvements d’une âme sur une toile ou dans l’inertie de la pierre m’a toujours fasciné. J’ai un grand désir de le partager. Chaque œuvre doit donner l’impression qu’une force venue du dedans pousse les lignes vers l’extérieur. Ça lui donne toute sa plénitude et sa force. »

Roger Gaspoz
• Né en 1968, il vit à La Luette (VS).
• Maturité à Sion, Beaux-Arts à Lausanne et à Sion, brevet d’enseignement secondaire à l’Université de Berne.
• Ancien enseignant au CO d’Euseigne et à l’Ecole Normale de Sion.
• Artiste à temps plein depuis 2000.

Retrouvez l’ensemble des textes et des vidéos de la rubrique sur le site : https://presse.saint-augustin.ch/ecclesioscope/

Etienne Klein

Par Pierre Guillemin | Photo : DR

Dans son émission radiophonique sur France Culture intitulée « La Conversation scientifique » (précédemment « Sciences en question »), Etienne Klein, ingénieur, physicien, docteur en philosophie des sciences, directeur du laboratoire de recherche sur les sciences de la matière du Commissariat à l’Energie Atomique, nous fait part de ses questions sur la physique et de ses relations avec nos vies matérielles et spirituelles. Ses chroniques radiophoniques récentes : « L’autre temps des femmes », « Ne pensons-nous qu’avec nos têtes ? », « Naissance, vie et mort des glaciers », « Quels sont les ressorts de nos croyances ? » sont très révélatrices de sa pensée et de ses questionnements.

Interrogé à propos du célèbre livre « Dieu, la science, les preuves » de M.-Y. Bolloré et O. Bannassies publié en 2021, il répond : « Prétendre prouver scientifiquement l’existence de Dieu, c’est faire preuve d’une certaine naïveté. D’abord à l’égard de l’idée de Dieu, car si celui-ci devenait l’aboutissement d’une démarche scientifique, c’est-à-dire s’il était le résultat positif d’une enquête rationnelle menée par la communauté des chercheurs, son prestige se verrait sérieusement rabougri : il n’aurait plus que le statut d’une connaissance. »

Ne pas confondre les registres

Ces propos sont éclairés par Alain Viret (théologien formateur du Centre Catholique Romand de Formation en Eglise, aujourd’hui à la retraite) qui nous rappelle : « Les découvertes de l’existence du Big Bang initial restent des modèles se heurtant de toute façon à une limite qui est actuellement celle du mur de Planck (nous en parlerons dans une prochaine chronique) empêchant de remonter jusqu’à l’instant initial. Confondre les deux registres de pensée de la science et de la foi est aussi absurde que de les opposer. Dieu ne peut se réduire à une équation ou à une cause première. Le respecter est un premier pas vers une connaissance juste et vraie de l’Etre. »

Rappelons-nous de ce qu’écrivait Galilée : « L’intention du Saint-Esprit est de nous enseigner comment on va au ciel et non comment va le ciel. »

La médaille de saint Christophe

L’Essentiel décrypte ce qui se cache derrière les principales médailles que nous portons. Cap ce mois-ci sur la médaille de saint Christophe. Patron des voyageurs, son nom signifie le « porte Christ ». Sa médaille nous invite à porter notre croix avec humilité et courage.

Par Pascal Ortelli | Photos: DR, Musée byzantin et chrétien d’Athènes

Intergénérationnel, vraiment ?

Par Thierry Schelling
Photo : FLICKR

« Vous comprenez, mon Père, mes enfants n’y voient que des vieux, à la messe. On préfère venir chez vous ! » Aveu assumé de parents lorsque je leur demande innocemment d’où ils viennent… 

Ça me donne à réfléchir. Et donne d’autant plus de sens à prendre soin des « célébrations pour familles » afin que les petits, moyens, jeunes ados, puissent communier… à leurs contemporains. Sans compter que bruits, tétées inopinées et balades intempestives à deux ou quatre pattes dérangent les aînés… qui se plaignent de ne plus en voir, des bambins, à la messe ! On nage en plein paradoxe.

Alors, nos paroisses, des « Eglises pour les vieux » ? C’est comme ça. Mais c’est aussi prendre soin des aînés que de maintenir des messes le dimanche matin, même si le regroupement de communautés les invite à se déplacer de quelques kilomètres… non sans maugréer. Esprit de communauté ou confort perso avant tout ?

Cependant, catéchumènes et jeunes avec ou sans parents fréquentent nos « messes en familles » même la semaine (eh oui, il fallait oser !) : un franc succès en pleine expansion… dans certaines régions. Y sont invités les aînés, pratiquants habitués qui – sans surprise – boudent l’affaire… « Trop brouhaha » (parole d’un octogénaire). L’intergénérationnel « sauvera le monde », vraiment ?

«En mémoire de moi» (Luc 22, 19-20)

Par François-Xavier Amherdt | Photo : DR

Lorsque le Christ institue l’eucharistie, il est au seuil de sa Passion. Comme le repas pascal juif, commémorant la sortie d’Egypte unique du peuple d’Israël hors de la captivité, Jésus établit la cène pour faire mémoire de tout ce qu’il va traverser dans sa Pâque : son chemin de croix et sa mort sur la croix, récapitulant son existence à l’écoute du dessein du Père et en sacrifice d’amour pour l’humanité ; puis sa sortie du tombeau désormais vide dans la lumière de sa Résurrection. Cet événement accompli une fois pour toutes, il invite les apôtres à le réactualiser en « faisant mémoire » de lui. Mais il ne précise évidemment pas la fréquence des célébrations rituelles à venir.

Le mémorial du mystère pascal au jour du Seigneur, le lendemain du sabbat, le 8e jour ou premier de la semaine nouvelle, s’est imposé dès le début de l’histoire de l’Eglise, en prolongeant le rythme des sept jours de la création et de la libération juive que signifie le repos sabbatique. Et rapidement, l’eucharistie fut vécue chaque jour, selon la demande du Notre Père : « Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien. » Car le Maître de l’histoire veut se rendre réellement présent à nous, jour après jour.

Que faire dès lors au moment où le nombre de célébrants prêtres se montre insuffisant et que celui des fidèles décroît ? Mieux vaut indéniablement, dans la logique de notre foi, diminuer la quantité de liturgies pour n’en garder que quelques-unes, regroupées géographiquement et mieux fréquentées, plutôt que vouloir à tout prix dire une multitude infinie de messes éclatées, avec chaque fois une petite poignée de participants. Quitte à proposer d’autres types de rassemblements dominicaux, comme des célébrations de la Parole, avec ou sans distribution de la communion. Car l’essentiel demeure la qualité et la profondeur de la réalité du mystère de Pâques toujours offerte aux communautés et aux assemblées, afin qu’elles en vivent dans l’ordinaire du temps.

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