Quoi ma messe? Qu’est-ce qu’elle a ma messe?

« Sommet de la foi chrétienne » selon le Catéchisme de l’Eglise catholique, la messe, depuis le Concile Vatican II, doit permettre, en y participant plus activement, d’en vivre le fruit dans son quotidien – la « messe après la messe ». Et pourtant, au gré des réorganisations paroissiales dans plusieurs de nos diocèses helvétiques, la messe devient parfois cheval de bataille de résistants mécontents du chamboulement. Partage.

Par Thierry Schelling | Photos: flickr, pxhere, dr

« Non, je n’irai pas à l’église d’à côté, ce n’est pas mon église ! » Constat d’une fidèle désabusée qui écrit au curé qu’elle trouve « scandaleux » et « incompréhensible » que les prêtres ne veuillent plus célébrer l’indispensable eucharistie pour les gens ! Elle aurait dû rajouter « à côté de chez moi »…

On nage en plein paradoxe : les contingences liées à la messe (lieu, horaire) changent ; du coup des fidèles contrariés rouspètent contre ces « réductions de prestations » ; ces modifications entraînent effectivement une certaine désaffection alors que d’aucuns rejoignent d’autres églises quand même ! Mais pour certains, c’est niet. Ce comportement par trop « clientéliste » n’interroge-t-il pas sur les raisons qui poussent à aller à la messe ?

Moins pour mieux

A l’heure de la réorganisation des paroisses et après les quasi vingt ans d’expérience pastorale en Unités dans le diocèse de Lausanne-Genève-Fribourg, il est vrai, le nombre diminuant de prêtres entraîne la diminution des célébrations « localo-locales » en faveur de regroupements nécessitant parfois quelques déplacements ; à l’invitation explicite de Charles Morerod : « J’encourage vivement le discernement régional de possibles regroupements de paroisses et de célébrations », explique-t-il dans sa Lettre pastorale de 2024. Il
en appelle à la mobilité douce qui touche tous les habitants des villes et villages du fait de la régulière relocalisation des mille et un lieux de vie (magasins, cinémas, centres sportifs, etc.) : « Nous devons tenir compte de l’évolution à la fois de l’Eglise et de toute notre société […] pour que plus de monde ait l’occasion de participer à des célébrations joyeuses » et sous-entendu, plus touffues !

Lors d’une magnifique messe des familles dans une église à 250 places en banlieue genevoise semi-urbaine, un feedback d’un paroissien chevronné sonna haut et clair : « Il y avait presque trop de monde ce soir ! » On a regroupé familles et communauté locale – certes, petite et vieillissante mais très dévouée… à sa paroisse ! – et voilà le retour. De quoi déconcerter : était-ce parce qu’il voyait sa place prise par d’autres ?

La messe, « pousse-fesses » ?

En croisant deux paroissiennes dans le parking de la chapelle, après la messe de semaine (dix personnes), le prêtre entend ce rapide échange : « Oh, contente de te voir, ce matin ! » – « Oui, je suis venue, je n’avais rien d’autre à faire ! » La messe, occupation des aînés désœuvrés, isolés des leurs – affairés, scolarisés – et qui se motivent pour se lever le matin ? La messe, un « pousse-fesses » pour matinées grisâtres ou par ennui dû à la sénescence ?

Des religieuses qui venaient à une messe de semaine que le curé a annoncé vouloir supprimer – son horaire était très impropre à la vie pastorale (réunions, visites…) – se sont fendues d’un courrier pour lui dire combien elles regrettaient cette « injuste décision », tout en avouant qu’elles y venaient « exprès à l’horaire peu pratique pour nous, mais pour qu’il y ait quelqu’un » ! C’est le serpent qui se mord la queue…

Des confrères racontent que, célébrant un dimanche soir à 18h après un week-end chargé (messes, baptême, visites), ils n’ont même pas la consolation d’être salués poliment à la fin de la messe, car les fidèles courent vers leur véhicule pour rentrer au plus vite : « Il se fait tard… » Motivant pour un prêtre ? Non.

Donc, pas étonnant que les équipes pastorales s’interrogent : à quoi bon maintenir une « messounette » dans ces conditions, alors qu’en diminuant et en regroupant, certes, on célèbre moins, mais en plus grand nombre. Ce qui exprime mieux l’ekklesia, l’Eglise locale, plus qualitativement et plus visiblement ?

L’église de Gland : une architecture post-Vatican II…

Habitude, quand tu nous tiens !

« Changer, c’est humain et changer souvent, c’est devenir parfait » (Cardinal Henry Newman) ! Les « bonnes vieilles habitudes » dans certains domaines de la vie quotidienne sont tenaces. Or, l’annonce du Message du Christ et le service d’autrui qui en découle, qui sont les deux fondements de l’Eglise 1, ont toujours subi des changements : messe du latin au vernaculaire ; ministères ouverts aux laïcs/laïques, jusqu’à la représentation de l’évêque par la nomination de femmes (pour Genève et les deux Fribourg !) ; messes « ciblant » familles, jeunes, EMS, etc. Sans parler, dans certaines parties en Europe, de la reconversion de temples et d’églises en d’autres lieux de rencontres humaines (cinémas, restaurants, théâtres…), quand on ne construit pas tout neuf comme à Gland (VD) 2 mais selon une architecture dévoilant la vision d’Eglise d’aujourd’hui !

Néanmoins, on peut comprendre que pour certains paroissiens coutumiers, ces changements soient synonymes de chambardement de leur vision du monde et de l’Eglise ; parfois même, la catégorie du « pratiquant non croyant » trahit son vide intérieur par sa propension à râler, semer la zizanie, entretenir la rumeur : loin d’être juste de la malveillance, ce sont aussi des signes d’un trépas d’une idée d’Eglise, évanescente, qui fait place à une Eglise autrement.

Communier ou consommer ?

Une communauté chrétienne – au contraire d’un agglomérat de consommateurs – ne devrait-elle pas se caractériser par la solidarité et le dialogue – quitte à être d’accord de ne pas être d’accord – portant ensemble le souci commun, y compris vis-à-vis du prêtre, au travers de l’inéluctable changement ?

Des comportements (exprimés ou reçus par courrier) qui expliquent que « parce que le prêtre est noir, je change d’église », ou « parce que l’horaire est modifié, je change d’église », révèlent que « trop de messes tuent la messe » ! L’esprit n’y est plus ; le consumérisme règne… Or, l’eucharistie, Parole et pain partagés, distille en nous la vie de Dieu, dont la souplesse et l’entraide ne sont-elles pas des fruits, des attitudes clefs, spécialement en ces temps-ci ? « Nous sommes à un changement d’époque, pas dans une époque de changement », rappelle le pape François.
A bon entendeur.

1 On parle de la Mission et de la Diaconie.
2 Et dans une architecture définitivement post-Vatican II !

Le prêtre, « machine à messe » !

Le Droit canon régule la vie ordinaire de l’Eglise catholique romaine. A propos de la messe, il est « recommandé » au prêtre de la célébrer chaque jour (can. 904) – mais donc pas obligé ; il est exigé du prêtre qu’il ne dise qu’une messe par jour (can. 905) sauf là où l’évêque aurait autorisé jusqu’à trois messes : « s’il y a pénurie de prêtres » – ce qui est le cas dans nos diocèses suisses – « pour une juste cause » – dimanches et grandes fêtes par exemple – ou « lorsque la nécessité pastorale l’exige », comme quand il y a foule aux confirmations.

Le canon 920, par contre, déclare que le fidèle qui a fait sa première des communions, « est tenu de recevoir la Sainte Communion […] au moins une fois par an [idéalement] au temps pascal ». Un article ignoré, me semble-t-il, de qui assène sa volonté de communier même le lundi, jour de congé habituel du clergé… Est-ce que le modèle monastique hérité du Concile de Trente – célibat obligatoire pour les prêtres séculiers, prière obligatoire du bréviaire pour les clercs, messe dominicale obligatoire pour tous – doit encore inspirer la vie paroissiale du XXIe siècle ? La pratique prouve que l’on s’en éloigne irrémédiablement…

«En mémoire de moi» (Luc 22, 19-20)

Par François-Xavier Amherdt | Photo : DR

Lorsque le Christ institue l’eucharistie, il est au seuil de sa Passion. Comme le repas pascal juif, commémorant la sortie d’Egypte unique du peuple d’Israël hors de la captivité, Jésus établit la cène pour faire mémoire de tout ce qu’il va traverser dans sa Pâque : son chemin de croix et sa mort sur la croix, récapitulant son existence à l’écoute du dessein du Père et en sacrifice d’amour pour l’humanité ; puis sa sortie du tombeau désormais vide dans la lumière de sa Résurrection. Cet événement accompli une fois pour toutes, il invite les apôtres à le réactualiser en « faisant mémoire » de lui. Mais il ne précise évidemment pas la fréquence des célébrations rituelles à venir.

Le mémorial du mystère pascal au jour du Seigneur, le lendemain du sabbat, le 8e jour ou premier de la semaine nouvelle, s’est imposé dès le début de l’histoire de l’Eglise, en prolongeant le rythme des sept jours de la création et de la libération juive que signifie le repos sabbatique. Et rapidement, l’eucharistie fut vécue chaque jour, selon la demande du Notre Père : « Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien. » Car le Maître de l’histoire veut se rendre réellement présent à nous, jour après jour.

Que faire dès lors au moment où le nombre de célébrants prêtres se montre insuffisant et que celui des fidèles décroît ? Mieux vaut indéniablement, dans la logique de notre foi, diminuer la quantité de liturgies pour n’en garder que quelques-unes, regroupées géographiquement et mieux fréquentées, plutôt que vouloir à tout prix dire une multitude infinie de messes éclatées, avec chaque fois une petite poignée de participants. Quitte à proposer d’autres types de rassemblements dominicaux, comme des célébrations de la Parole, avec ou sans distribution de la communion. Car l’essentiel demeure la qualité et la profondeur de la réalité du mystère de Pâques toujours offerte aux communautés et aux assemblées, afin qu’elles en vivent dans l’ordinaire du temps.

«Je ne donne pas la communion»

Par Thierry Schelling | Photo : DR

L’avez-vous remarqué ? Depuis plusieurs années, à cause de son problème de mobilité, François ne donne plus la communion directement. Pourquoi ?

« Le prêtre est le ministre ordinaire de l’eucharistie », dit la rubrique idoine dans le Missel. Certes. Mais au vu du nombre d’auxiliaires d’eucharisties, appelés (encore !) ministres « extraordinaires », il semble que ce rôle tende à s’ouvrir systématiquement aux bénévoles de nos paroisses ; plus d’« ordinaire » ou d’« extraordinaire », en somme, mais chacun.e au service des communautés selon besoins.

« Je reste en arrière »

Dans un ouvrage de 2010, alors encore archevêque de Buenos Aires, Papa Bergoglio avait expliqué pourquoi – déjà à l’époque ! – il s’abstenait parfois de donner la communion : « Nous connaissons parfaitement le curriculum de certains d’entre eux [ndlr des fidèles qui s’avancent pour recevoir la communion], nous savons qu’ils prétendent être catholiques, mais qu’ils ont des comportements indécents dont ils ne se repentent pas. C’est pour cette raison que, dans certaines occasions, je ne donne pas la communion, que je reste en arrière et que je laisse ceux qui m’assistent dans la célébration de la messe le faire, parce que je ne veux pas que ces gens s’approchent de moi pour la photo. » Stratégie évangélisatrice ?

« Je laisse les assistants le faire »

Certes, depuis qu’il est Pape et de plus en plus limité côté mobilité, il applique le raisonnable : qu’un autre évêque préside la célébration à l’autel sous le baldaquin de Saint-Pierre (alors qu’encore récemment, seul le pontife pouvait y présider la messe) ; que les prêtres présents, y compris les concélébrants, donnent la communion comme dans toutes les eucharisties paroissiales.

Quant aux photographies, à constater sur le site de l’« Archivio fotografico » du Saint-Siège que les images des communiants aux célébrations pontificales ont diminué drastiquement…

«Je me sens autant responsable de l’Eglise que le Pape»

Chaque mois, L’Essentiel propose à un ou une représentant(e) d’un diocèse suisse de s’exprimer sur un sujet
de son choix. Romuald Babey, représentant de l’évêque à Neuchâtel, est l’auteur de cette carte blanche. 

Par Romuald Babey, représentant de l’évêque à Neuchâtel | Photos: cath.ch, dr

Depuis la rentrée pastorale 2023-2024, les équipes pastorales du littoral neuchâtelois ont commencé à travailler ensemble en vue de la création d’un espace plus large. La première étape a été d’apprendre à se connaître. Des temps de prière, de réflexion et de partage ont rythmé les premières séances.

Pour nourrir notre réflexion, nous avons invité, en avril dernier, Laurent Grzybowski, chanteur et journaliste engagé en pastorale et dans la communauté mission de France, coauteur du livre Une autre Eglise est possible ! paru en 2019 aux éditions Temps Présent.

Nous avons travaillé autour de la thématique « Faire Eglise ensemble : pour l’Eglise de demain ».

Laurent Grzybowski commence par témoigner du feu de la mission pour l’Eglise qui l’anime : « L’Eglise est en moi, je ne peux pas la quitter, car je ne peux pas me quitter moi-même. Je me sens autant responsable de l’Eglise que le Pape. Seigneur, fais que je sois plein de Toi . »

A plusieurs reprises, il cite la phrase de Gandhi : « Soyons le changement que nous voulons pour le Monde. »

Il insiste aussi sur l’importance d’avoir « un témoignage rayonnant et attirant ».

Témoigner, ce n’est pas faire du prosélytisme. Il s’appuie, pour ce faire, sur la phrase de sainte Bernadette Soubirous : « Je ne suis pas chargée de vous le faire croire, je suis chargée de vous le dire. »

Donner envie par l’amour que l’on dégage. Et faire surgir chez l’autre, la question : « Qu’est-ce que c’est leur petit truc en plus ? »

Nous avons évoqué aussi l’importance de belles célébrations. « Voyez comme ils s’aiment, voyez comme ils célèbrent ». La liturgie, c’est « l’action du peuple ». Elle rend l’invisible visible. Il est donc important qu’elle soit belle. Il est important qu’il y ait un équilibre dans la relation avec Dieu et la relation avec les autres.

Par la suite, un photolangage nous a permis de répondre à la question : « Notre rêve pour le futur de l’Eglise. »

Voici quelques rêves  des participants : 

– Faire connaissance avec l’autre en profondeur, connaître ses talents et la diversité des talents qui compose notre Eglise ;

– Une Eglise qui libère : « Apporter aux captifs la libération » : être le peuple qui va contribuer à la libération du monde ;

– L’Eglise de la rencontre, dans le monde, qui part des gens pour aller vers Dieu au moyen des Béatitudes.

Jeux, jeunes et humour – juillet 2024

Par Marie-Claude Follonier

Question jeune

Que signifie l’offertoire ? *
La liturgie eucharistique commence par l’offertoire ou plus exactement par la présentation des dons. Le prêtre élève la patène contenant l’hostie et le calice avec le vin, en prononçant une formule de bénédiction. On reconnaît ainsi qu’on ne peut offrir à Dieu que ce que nous avons d’abord reçu de Lui au travers de la Création. Le prêtre ajoute au préalable une goutte d’eau dans le calice pour symboliser l’union de notre humanité au nectar de la divinité.

Par Pascal Ortelli

* Nous vous proposons cette année de décrypter la messe, en lien avec le livre de Pascal Desthieux : Au cœur de la messe. Tout savoir sur la célébration, illustrations Hélène VDB, Editions Saint-Augustin.

Humour

Du temps où on allait au culte avec le cheval et la charrette, au retour de l’office, après un apéro bien arrosé, un paroissien remarque que le pasteur rentre à pied à sa cure. Il invite le ministre du culte à monter sur le banc de sa charrette. 
Ce dernier l’en remercie chaudement. Mais le paroissien, qui n’avait pas trop goûté aux propos de l’officiant et peu supporté la longueur du prêche, lui déclara tout de go : 
– Voyez-vous, M. le Pasteur, la semaine, je transporte du bois. Le dimanche, je peux bien transporter la scie !

Par Calixte Dubosson

Aiguilleur des cœurs

Les aéroports sont souvent le point de départ vers un « ailleurs ». Des anges gardiens du tarmac veillent à ce que ces voyages, tantôt terrestres, tantôt spirituels, se déroulent sans turbulences. Rencontre avec David Gonzalez, aumônier à l’aéroport de Paris-Orly.

Par Myriam Bettens | Photos: dr

L’envie de voyager est toujours là.

Comment avez-vous « atterri » à l’aéroport d’Orly ?
(Rires) On est venu me chercher, car le poste était à repourvoir. La commission chargée de discerner un candidat s’est adressée à moi au travers d’un ami qui était déjà en poste à l’aéroport. A son contact, j’avais déjà découvert la magie aéroportuaire ! Par ailleurs, ce mandat a ravivé en moi la vision missionnaire de ma vocation pastorale d’origine. Après vingt ans de pastorat en paroisse, on me proposait de reprendre le chemin de la mission auprès de l’industrie. Je m’apprête aujourd’hui à redécoller vers une autre destination professionnelle après cinq ans en poste à Orly.

Quel est le mandat d’un aumônier d’aéroport ?
Ce mandat à plusieurs axes. Il consiste en premier lieu à être présent auprès des passagers et à représenter le culte de chaque religion au sein de l’aéroport. Nous avons donc la tâche d’animer les espaces de prière des aéroports, par des temps de recueillement ou des célébrations. Nous accompagnons également les salariés du Groupe Aéroports de Paris (ADP). Du fait de notre présence quotidienne, cela facilite les sollicitations. En dernier lieu, nous avons une mission d’accompagnement et de conseil auprès de la direction. En ce moment, par exemple, nous sommes sollicités pour mettre la dernière touche aux nouveaux espaces de prière qui seront déployés à Charles de Gaulle et Orly durant les prochains Jeux olympiques.

Dans ce lieu de transit qu’est l’aéroport, les voyageurs sont-ils sensibles à la spiritualité ?
C’est vrai qu’il est peu connu que les aéroports les mieux classés du monde possèdent tous des espaces de prière. D’une part, parce c’est un critère d’hospitalité et d’excellence qui fait augmenter la note des aéroports dans le classement international. De plus, dans la plupart des lois internationales, l’accès au culte fait partie des libertés fondamentales, donc les aéroports doivent aussi le garantir. D’autre part, l’influence du monde arabe, pour lequel il est naturel de disposer d’un endroit où effectuer les prières quotidiennes, a un impact sur la possibilité de pratiquer sa foi aussi dans les aéroports. L’architecte de l’aéroport de Londres-Heathrow n’a-t-il pas dit que l’aéroport était une cathédrale pour le XXIe siècle ?

A quel type de situations particulièrement délicates êtes-vous confronté ?
Dans les aéroports, il y a beaucoup de situations de « crises ordinaires » ! Autrement dit, les occasions de stress sont légion. Les aumôniers sont des facilitateurs, à tous niveaux, avec une mission d’écoute et de disponibilité. Nous accompagnons aussi fréquemment les membres de gouvernements étrangers, des personnes en transit humanitaire ou encore des convois funéraires, lorsque des gens rapatrient les corps de leurs bien-aimés pour les enterrer à l’étranger. Les aumôniers sont réellement désirés et surtout envoyés en mission, mais dans un esprit de discrétion.

A passer votre « vie » à l’aéroport, avez-vous encore envie de prendre l’avion ?
Aujourd’hui, les gens voyagent en fonction de critères écologiques et économiques. Pourtant, il demeure encore pas mal de faux-semblants concernant l’aviation civile. Si je monte dans un des derniers avions de n’importe quelle compagnie européenne, l’avion consomme quatre litres de carburant au 100 km lorsque qu’il est rempli (ndlr 300 passagers). Autant dire qu’il faut faire du covoiturage pour concurrencer cette empreinte carbone ! Néanmoins, nous devrions redécouvrir la sobriété touristique en privilégiant ce qui donne du sens à nos voyages. Pour ma part, je garde l’envie de voyager, car le voyage est synonyme de lien et l’aviation civile sert encore et en priorité à relier les personnes, cela autant d’un point de vue familial qu’humanitaire. 

Bio express

David Gonzalez est pasteur de l’Eglise protestante unie de France et auteur de documentaires sur la Bible, la spiritualité et le protestantisme. Aumônier de l’Aviation Civile et des Aéroports de la Fédération Protestante de France au sein du Groupe Aéroports de Paris, il est membre de l’équipe pédagogique du Diplôme Universitaire d’aumôniers délivré par la Faculté de théologie catholique et la Faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg.

Le mandat d’aumônier de l’aéroport consiste à être présent auprès des passagers et à représenter le culte de chaque religion.

Fresque du couronnement de la Vierge, portail ouest, abbaye d’Hauterive

Par Amandine Beffa | Photo : Jean-Claude Gadmer

L’été venu, se rendre à Hauterive à pied est une bonne façon de profiter d’un peu de fraîcheur. Le chemin passe par la forêt et les bords de la Sarine et propose de jolis coins pour le pique-nique. Si les travaux de l’église ne sont pas entièrement terminés, il est toutefois possible d’admirer le tympan peint de la façade occidentale ainsi que le cloître.

En 1138, Guillaume de Glâne donne ses terres pour que soit érigée une abbaye cistercienne. Il va même jusqu’à démolir un ancien manoir et à en offrir les matériaux pour la construction des bâtiments. Il devient frère convers et décède à Hauterive.

L’abbaye connaît des périodes plus ou moins florissantes au cours de son histoire. L’église actuelle est de conception romane, avec une façade gothique. Au XIVe siècle, les tailleurs de pierre de la future cathédrale de Fribourg interviennent à Hauterive.

La guerre du Sonderbund a pour conséquence la suppression de la communauté par le gouvernement fribourgeois, en 1848. Les moines ne reviennent qu’en 1939.

Le tympan de la façade ouest date pourtant de 1877… Au moment où les moines quittent l’abbaye, les biens sont sécularisés. Ils servent notamment d’école normale. Parmi les professeurs se trouve l’artiste peintre fribourgeois Joseph Reicheln. C’est lui qui réalise ce couronnement de la Vierge.

La scène est totalement absente de la Bible, mais il s’agit d’une des grandes thématiques artistiques à partir de la période médiévale. L’Eglise célèbre cette fête le 22 août, quelques jours après l’Assomption. Dans une audience de 2012, le pape Benoît XVI rappelle que si Marie est reine du ciel et des anges (Regina Caeli, Regina Angelorum), il s’agit d’une « royauté d’amour et de service »1. C’est bien ce que nous indiquent les traits humbles et délicats que Reicheln a donné au visage de la Vierge.

Si d’aventure l’été devait être pluvieux, l’émission Passe-moi les jumelles a consacré un épisode à l’abbaye d’Hauterive. Il est toujours disponible sur le site de la RTS 2.

1 https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2012/documents/hf_ben-xvi_aud_20120822.html
2 https://www.rts.ch/emissions/passe-moi-les-jumelles/2021/video/abbaye-de-hauterive-26815572.html

La plume et le pinceau

Véronique Benz dans son atelier.

Par Nicolas Maury
Photo : Valentine Brodard

« Si la communication en Eglise est difficile ? » Véronique Benz réfléchit quelques instants avant de répondre. « Le message d’amour et de salut est magnifique. Dans les Evangiles, le Christ est un communicateur fantastique. Mais la foi est liée à la sphère privée. Dès qu’on touche à l’intimité d’une personne, c’est plus difficile à faire passer. » La collaboratrice au Service de communication de l’Eglise catholique de Fribourg relève pourtant le défi. « Dans les médias qui nous sont propres – Disciples aujourd’hui ou L’Essentiel –, le contexte est favorable. Il en va autrement dans la presse traditionnelle qui ne voit pas que l’Eglise est avant tout le peuple de Dieu. Elle juge l’institution, mettant en avant les scandales ou les éléments qui sortent de l’ordinaire. Or, la foi se vit au quotidien. »

Née en 1970, juste après Vatican II, Véronique Benz a toujours été une catholique engagée : baptême, première communion, confirmation à 12 ans, renouvellement de la promesse de baptême à 15 ans, camps vocs, coresponsable du Groupe des jeunes de Lourdes, JMJ, lectrice… « Pratiquer ma foi n’a pas toujours été une évidence. J’ai dû me réapproprier ce que j’avais reçu de mes parents. » Son métier ne doit rien au hasard. « Après mes études, j’hésitais entre l’environnement et le journalisme. J’ai rencontré Jacques Berset, – alors rédacteur en chef de l’Agence de presse internationale catholique (ndlr devenue Cath.ch) – qui m’a proposé un stage et incitée à participer au concours des jeunes journalistes catholiques… que j’ai remporté. Michèle Fringeli, rédactrice en chef d’Evangile et Mission m’a ensuite proposé d’intégrer son équipe. En tant que pratiquante, je me suis dit : si tu n’y vas pas, qui le fera ? »

Au-delà de la plume, il est un autre instrument dont la Fribourgeoise se sert avec talent : le pinceau. « Depuis toute petite, j’aime les travaux manuels. Pour ses 20 ans, j’avais offert à ma sœur une porcelaine peinte à la main. Je pensais faire un cadeau similaire à mon frère, qui m’a dit préférer une icône. Ce fut le coup de foudre. Ça a comblé mon côté artistique et mon côté spirituel. » Et de préciser. « Un tableau, je pourrai le peindre en écoutant du rock. Mais une icône est un art sacré. Il faut être en condition pour la réaliser. D’abord, je prie. Et, si j’écoute de la musique, elle sera religieuse. » Son art, elle l’a si bien intégré dans sa vie qu’elle s’est installé un atelier à domicile. « Pour moi, c’est en continuité avec mon métier. Car on ne peint pas une icône, on l’écrit. »

Véronique Benz 
• Maturité en 1991.
• Licence en géographie en 1997.
• Cours de journaliste de 2001 à 2003.
• Journaliste à l’Apic jusqu’en 2020.
• Journaliste au service de l’Eglise depuis 2001 : d’abord conjointement au Service d’information du Vicariat et à Evangile et Mission, en 2010 rédactrice en chef d’Evangile et Mission, puis en 2012 au Service communication de l’Eglise dans le canton de Fribourg. 
Responsable de L’Essentiel du décanat de Fribourg.

Retrouvez l’ensemble des textes et des vidéos de la rubrique sur le site : https://presse.saint-augustin.ch/ecclesioscope/

La lumière blanche

Le jésuite Fransesco Maria Grimaldi a réalisé la première expérience de décomposition de la lumière.

Par Pierre Guillemin | Photo : DR

Dès l’antiquité, la lumière est un sujet d’études, de débats, de théories. En particulier, la question de la vitesse de la lumière fut longtemps un sujet de controverse : cette vitesse est-elle finie ou infinie ? 

Il faudra attendre les expériences de l’astronome danois Ole Romer (1644-1710) pour comprendre que la vitesse de la lumière est finie (299 792 458 m/s selon l’accord international de 1983).

L’expérience du père Francesco Maria Grimaldi

Mais de quoi est composée cette lumière ? C’est le père Francesco Maria Grimaldi, jésuite italien, qui réalise en 1665 une expérience toute simple dont le résultat va occuper pendant plusieurs générations des physiciens comme Newton et Einstein.

L’expérience consiste à faire entrer dans une chambre noire de la lumière par une fente et de projeter le rayon lumineux qui en émerge sur un écran blanc. A sa grande surprise, Grimaldi constate que le rayon lumineux qui s’étale sur l’écran est plus large que prévu. 

De plus, et c’est ce qu’il trouve le plus bizarre, la lumière blanche apparaît non pas blanche, mais colorée de deux ou trois raies de couleurs différentes.

Grimaldi vient de réaliser la première expérience de décomposition de la lumière. Il donne d’ailleurs au phénomène le nom de diffraction. Newton confirme ensuite l’expérience en utilisant un prisme permettant d’isoler parfaitement le « spectre » de la lumière composé de six couleurs principales qui sont, dans l’ordre : le rouge, l’orange, le jaune, le vert, le bleu et le violet. 

Ces couleurs sont la conséquence de la nature ondulatoire de la lumière (expériences de Young et Fresnel au XIXe siècle) et sont toutes caractérisées par leurs longueurs d’onde qui représentent la périodicité spatiale des oscillations, c’est-à-dire la distance entre deux maximas de l’oscillation. 

La longueur d’onde est aussi la distance parcourue par l’onde pendant une période d’oscillation. 

Ainsi, elle est inversement proportionnelle à la fréquence et s’exprime en mètre.

La dualité onde-particule de Louis de Broglie

Mais la lumière est aussi composée de particules, les photons, découverts et formalisés au début du XXe siècle. Cette dualité onde-particule fut théorisée par Louis de Broglie qui démontra, en 1924, que toute matière (en particulier la lumière) a une nature ondulatoire. 

Laissons à ce dernier le soin de conclure : « Il existe une réalité physique extérieure à nous, qui est indépendante de notre pensée et de nos moyens imparfaits de la connaître sans laquelle l’unité des connaissances humaines, l’accord de tous les hommes sur la constatation des faits seraient incompréhensibles. »

La médaille du scapulaire

L’Essentiel décrypte ce qui se cache derrière les principales médailles que nous portons. Cap ce mois-ci sur la médaille du scapulaire de Notre-Dame du Mont-Carmel qui remplace le port du scapulaire en tissu. En la portant, on se place sous la protection et la filiation de la Vierge Marie.

Par Pascal Ortelli | Photo : DR

Vivre sans l’eucharistie?

L’eucharistie est « la source et le sommet de toute la vie chrétienne ».

Par l’abbé Paul Martone
Photo: flickr

« Nous ne pouvons pas vivre sans l’eucharistie. » C’est ce qu’ont répondu vers 304 les 50 chrétiens d’Abitina (en Tunisie) lorsqu’ils ont été arrêtés alors qu’ils célébraient l’eucharistie pendant la persécution des chrétiens africains. 

Les temps ont changé ! Les chrétiens d’aujourd’hui vivent très bien sans l’eucharistie, alors que celle-ci est « la source et le sommet de toute la vie chrétienne ». C’est par sa célébration que l’Eglise devient Eglise. Nous sommes l’Eglise parce que nous recevons et devenons le corps du Christ. Un chrétien qui pense pouvoir vivre sans l’eucharistie est comme quelqu’un qui s’assied à côté d’une source et meurt de soif.

Je pense que toutes les tentatives de rendre la célébration des messes plus attrayante, avec de nouvelles musiques et de nouveaux textes, tombent à l’eau si nous oublions ce qu’est la messe : la rencontre personnelle avec Jésus ressuscité. « Nous ne pouvons pas vivre sans l’eucharistie », nous ne pouvons pas non plus vivre aujourd’hui sans la rencontre avec le Christ qui nous fortifie dans notre quotidien et nous aide à mettre concrètement en pratique notre amour pour nos prochains.

Ne pas avoir peur du savoir

Chaque mois, L’Essentiel propose à un ou une représentant(e) d’un diocèse suisse de s’exprimer sur un sujet de son choix. Mgr Charles Morerod, évêque du diocèse de LGF, est l’auteur de cette carte blanche. 

Par Mgr Charles Morerod, évêque du diocèse de LGF
Photos  : cath.ch, DR

Grâce au progrès scientifique très rapide des derniers siècles, nous connaissons de mieux en mieux l’Univers, y compris nous-mêmes. Dans ce numéro, on parle d’astrophysique : elle nous permet non seulement de mieux connaître les étoiles et galaxies que l’on voyait depuis longtemps, mais aussi par exemple les trous noirs. Nous prenons conscience de notre extrême petitesse, sans d’ailleurs en tirer une grande modestie collective.

Il n’est pas toujours facile pour les croyants de mettre ces connaissances scientifiques en lien avec leur foi. Certes ils sont généralement heureux des progrès de la médecine, mais l’histoire du monde, de la vie, l’évolution demande un sérieux approfondissement de notre lecture des textes bibliques. Ce que la psychologie nous apprend de nous-mêmes requiert un effort identique dans le domaine moral.

Ce qui nous guide, c’est notre foi en un Dieu bon et créateur. C’est lui qui a fait cet Univers que nous découvrons, c’est aussi lui qui nous donne la capacité et la joie d’y comprendre quelque chose. Avoir peur du savoir, c’est douter des dons que Dieu nous fait.

Je reste marqué par ce qu’une mère m’a dit de sa fille, qui avait alors 8 ans. Le neveu de la femme en question était venu passer le week-end et la famille avait emmené à la messe ce garçon de 10 ans. A la sortie de la messe, le neveu dit : « Moi, je n’ai pas besoin d’aller à l’église, parce que je suis Dieu ! » Et sa cousine de lui répondre du tac au tac : « Regarde ces montagnes, c’est toi qui les as faites ? » Je vois dans cette géniale réplique comme un écho du Psaume 8 : « Ô Seigneur, notre Dieu, qu’il est grand ton nom par toute la terre ! Jusqu’aux cieux, ta splendeur est chantée par la bouche des enfants, des tout-petits : rempart que tu opposes à l’adversaire, où l’ennemi se brise en sa révolte. A voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci ? »

Jeux, jeunes et humour – juin 2024

Par Marie-Claude Follonier

Question jeune

Pourquoi avant la proclamation de l’Evangile traçons-nous trois croix ? *
En traçant une croix avec notre pouce sur le front, la bouche et le cœur, nous demandons au Seigneur que sa Parole vienne toucher notre intelligence, qu’il nous donne la force de la répandre à notre tour et de la conserver au plus profond de nous à l’instar de Marie qui « gardait dans son cœur tous ces événements » (Lc 2, 51).

Par Pascal Ortelli

* Nous vous proposons cette année de décrypter la messe, en lien avec le livre de Pascal Desthieux : Au cœur de la messe. Tout savoir sur la célébration, illustrations Hélène VDB, Editions Saint-Augustin.

Humour

M. le Curé avait lancé un appel : il cherchait un tronc d’arbre pour faire sculpter la statue d’un saint. Une paysanne avait dit à son mari : « Il n’y a qu’à lui donner notre noyer, il n’a jamais donné aucune noix. » Quelque temps plus tard, alors que la statue du saint trônait fièrement dans l’église, la paysanne vint prier le saint pour lui demander de guérir sa vache malade. Malheureusement, au lieu de guérir, la vache finit par crever. Levant la tête vers la statue du saint, elle lui dit : « Tu ne valais rien en noyer, tu ne vaux pas mieux en saint ! »

Par Calixte Dubosson

Réinventer l’hospitalité urbaine

Juliette Salzmann.

La cohésion sociale d’une ville est en partie déterminée par la place laissée à la diversité religieuse. Le projet ReligioCités du Centre intercantonal d’informations sur les croyances (CIC) explore les formes de solidarités qui constituent « l’hospitalité urbaine ». Entretien avec Juliette Salzmann, collaboratrice scientifique au CIC.

Par Myriam Bettens
Photos : J. Salzmann

Pourquoi le lien entre urbanité et religiosité a-t-il été négligé par les collectivités publiques et la recherche scientifique durant si longtemps ?
Les recherches ont longtemps considéré le religieux en ville à travers le prisme de la sécularisation, thèse menant à concevoir la ville comme un espace neutre du point de vue religieux. Or, cette neutralité confessionnelle de l’espace public n’existe pas vraiment. C’est précisément en milieu urbain que se trouve la plus grande diversité religieuse. A partir des années soixante, on assiste à une pluralisation croissante des croyances et pratiques en Suisse. Ce phénomène s’accompagne d’une privatisation et d’une individualisation de celles-ci, ce qui explique, en partie, la moindre considération de ces questions par les collectivités publiques.

De quelle(s) manière(s) le milieu urbain et la pratique religieuse s’influencent-ils mutuellement ?
L’accès à l’espace est l’une des conditions premières du déploiement de la pratique religieuse. Les Eglises historiques sont souvent propriétaires de leurs lieux de culte, ce qui n’est que rarement le cas des autres communautés plus minoritaires qui mobilisent alors des stratégies d’occupation de l’espace. Par exemple, elles investissent des espaces initialement prévus comme locaux d’habitation, commerciaux, industriels ou recourent à la sous-location de lieux de culte de communautés établies. Certaines communautés développent des projets immobiliers, ce qui permet de générer des revenus. Ce faisant, les communautés façonnent le milieu urbain autant qu’elles doivent s’y adapter, en ce sens, villes et pratiques religieuses sont intimement liées. De plus, les lieux de culte sont fondamentalement en interaction avec leur environnement direct. 

Dans l’idée d’hospitalité urbaine, comment l’environnement urbain accueille-t-il les pratiques religieuses ?
C’est un accueil ambigu, car bien que la plus grande partie de la diversité religieuse se concentre dans les zones urbaines, de nombreuses communautés ont des difficultés à accéder à l’espace pour établir un lieu de culte. Cet accès dépend de la volonté des communautés établies de partager le leur, du bon vouloir des régies immobilières, des prix très élevés du marché immobilier et de certains préjugés à l’encontre de communautés pouvant aussi constituer un frein supplémentaire. Par ailleurs, les lieux de culte jouent aussi un rôle dans l’hospitalité, dans la mesure où ils constituent de véritables lieux de vie. Les activités séculières se déployant autour de communautés religieuses nourrissent des formes de solidarité et participent à alimenter la vie des quartiers. 

Quel est l’impact d’une loi sur la laïcité de l’Etat, comme c’est le cas à Genève ?
Nous avons peu de recul sur les effets de cette nouvelle loi puisque son règlement d’application n’est entré en vigueur qu’en juin 2020. Mais elle souligne l’ambiguïté du processus de sécularisation. D’une part, en la considérant comme une donnée aboutie, et d’autre part, légiférer est le signe d’une volonté de l’affirmer comme une nécessité politique. Or, la compréhension de cette loi et du principe de laïcité n’est pas uniforme et cela conduit à générer un « tabou » autour des questions religieuses et spirituelles par peur d’enfreindre ce principe. Dès lors, la prise en considération du religieux dans la sphère publique dépend fortement des sensibilités, des convictions et des bonnes volontés individuelles.

Le café ouvert au public de l’Espace Lumen aux Pâquis à Genève, le 6 avril 2023.

Bio express

Juliette Salzmann est collaboratrice scientifique au Centre intercantonal d’informations sur les croyances (CIC). Elle est titulaire d’un bachelor et d’un master en sciences des religions de l’Université de Lausanne et collabore sur le projet ReligioCités : Religions et vie urbaine à Genève avec une équipe de chercheuses et chercheurs.

Le projet ReligioCités du Centre intercantonal d’informations sur les croyances (CIC)

Ce projet analyse le rôle du religieux et des solidarités locales à l’échelle de plusieurs quartiers genevois. Il encourage les échanges entre les communautés religieuses, le monde associatif et les habitants afin de favoriser la cohésion sociale. Ce projet est mené par le Centre intercantonal d’informations sur les croyances (CIC), une fondation privée d’utilité publique avec pour mission d’améliorer la connaissance de la diversité religieuse en Suisse à travers la sensibilisation et la formation. Plus d’informations sur www.cic-info.ch

Maître-autel, église Sainte-Catherine, Sierre

Les statues de saint Théodule, saint Maurice, saint Jean-Baptiste et saint Sébastien supportent les quatre piliers.

L’église Sainte-Catherine est une des plus anciennes de Sierre. Elle est bâtie au XVIIe siècle pour remplacer une ancienne église devenue trop étroite.

Le baldaquin est inspiré de celui de la basilique Saint-Pierre de Rome. Les statues de saint Théodule, saint Maurice, saint Jean-Baptiste et saint Sébastien supportent les quatre piliers. 

L’œuvre est bien sûr plus simple que celle de Gian Lorenzo Bernini. Ici, pas de colonnes torses en bronze et les proportions sont bien plus modestes (environ 30 mètres de haut à Rome). Il s’agit tout de même d’un élément suffisamment rare dans les églises de Suisse romande pour qu’il soit remarquable. 

Présence réelle du Christ

A l’origine, les baldaquins servent à mettre en évidence l’autel. Parfois ornés de rideaux, ils rappellent le tabernacle du Temple de Jérusalem. De la même manière que le Saint des saints accueillait la Shekinah, le baldaquin indique la présence réelle du Christ.

Des épisodes de la vie de sainte Catherine d’Alexandrie sont représentés dans la cartouche de la voûte du chœur. La sainte est une martyre du IVe siècle, réputée comme la plus jolie et la plus savante de toutes les jeunes filles de l’Empire. Elle est condamnée à mort à l’âge de 18 ans pour avoir refusé d’épouser l’Empereur Maximin. 

S’étant engagée dans un mariage mystique, Catherine déclare : « Le Christ est mon Dieu, mon amour, mon berger et mon époux unique. »

Une première tentative de la tuer échoue. Grâce aux supplications de la Vierge Marie, un ange détruit les roues qui devaient broyer le corps de la jeune femme. La légende raconte que quatre mille pèlerins périrent dans la manœuvre. Par la suite, Catherine est condamnée à la décapitation. C’est la scène qui est représentée au premier registre de la cartouche. 

Peu avant sa mort, la sainte entend une voix lui dire : « Viens, ma bien-aimée, ma belle ! Voilà : la porte du ciel t’est ouverte. » Elle est ensuite enlevée vers le ciel par des anges, ce que l’artiste a représenté au second registre.

Le sens des noms

Leila Fortis.
« Pour faire Eglise, il faut que tout le monde se connaisse. »

Par Nicolas Maury
Photos : DR

« En Amérique latine, la manière d’appréhender la foi est différente d’ici en Suisse », explique Leila Fortis. Coordinatrice de la catéchèse pour la Mission de langue espagnole et la paroisse du Sacré-Cœur à Lausanne, elle parle en connaissance de cause : elle a été élevée au Chili. « Là-bas, les gens ont besoin de toucher, de voir. Ils croient, mais c’est souvent comme si derrière chaque geste ou parole, il y avait quelque chose de magique. Dieu est considéré comme un papa un peu sévère qui nous punit quand on agit mal. Le message que je fais passer, c’est qu’il est un papa miséricordieux. Quoi que l’on fasse, si on cherche à changer les choses, si nous le laissons agir dans nos vies, Dieu nous pardonne. »

A priori rien ne semble destiner Leila Fortis à s’engager en Eglise. Mais tout s’est mis en place naturellement. « Je suis arrivée en Suisse à 21 ans, j’ai passé un certificat de français moderne à l’Uni de Lausanne et j’ai épousé un Neuchâtelois. Nous avons emménagé à Pully, puis à Lausanne. Je suis arrivée sur le territoire paroissial en 1998. »

La naissance de ses enfants – Tamara et Enzo – aura un impact non négligeable. « La paroisse nous a demandé si nous voulions les inscrire au caté. Nous l’avons fait successivement pour tous les deux. A l’époque, les parents étaient impliqués pour préparer les séances de catéchèse familiale. Mes enfants ont commencé à servir la messe et, de fil en aiguille, on m’a sollicitée pour accompagner les groupes de catéchèse. Je l’ai fait d’abord comme bénévole, puis officiellement en 2013. Auparavant, le poste de coordinatrice n’existait pas au Sacré-Cœur. »

Son travail lui donne beaucoup de satisfactions. « La catéchèse, ce n’est surtout pas l’école. C’est un moment de partage où l’on vient parler de quelqu’un, qui est Jésus. On évoque sa vie, et ce qu’il est pour nous. »

Depuis le Covid, Leila a remarqué que des changements importants sont intervenus, même si la cause reste difficile à identifier. « Comme s’il y avait moins de temps pour connaitre Jésus, justement », déplore-t-elle. Qui ne perd pas espoir : « La paroisse n’est pas un endroit où on distribue les sacrements. C’est une communauté. Pour faire Eglise, il faut que tout le monde se connaisse. » Elle se fait donc un devoir d’apprendre le nom de chaque enfant. « C’est tellement important d’être connu par son prénom, parce que c’est en reconnaissant notre prénom que Dieu nous aime. »

Leila Fortis 
• Née au Chili en 1970.
• Arrivée en Suisse en 1991.
• Coordinatrice en catéchèse depuis 2013.

Retrouvez l’ensemble des textes et des vidéos de la rubrique sur le site : https://presse.saint-augustin.ch/ecclesioscope/

L’Observatoire du Vatican

Par Pierre Guillemin | Photos : flickr, DR

L’Observatoire du Vatican est né de la volonté du pape Grégoire XIII en 1578. Il souhaitait réformer le calendrier utilisé alors qui souffrait d’imperfections notoires dues à des mesures du temps et du positionnement des planètes approximatives. 

Dès 1582, le frère jésuite Christopher Clavius introduit ce que nous appelons aujourd’hui le calendrier grégorien, toujours d’actualité.

L’Observatoire est placé sous la direction de l’ordre des Jésuites, décision qui perdure de nos jours. 

Parmi les grands thèmes de recherche menés actuellement par l’Observatoire, citons la mécanique quantique, la cosmologie quantique, la biologie moléculaire et évolutive, les neurosciences. 

Le directeur actuel est le frère Guy Consolmagno, prêtre, astronome et mathématicien. 

Né en 1952, Guy Consolmagno est renommé dans la communauté scientifique pour ses travaux sur les corps célestes de petite dimension comme les astéroïdes et les météorites. Un des travaux scientifiques auquel il collabore est l’identification de l’objet astronomique dénommé Etoile de Bethléem : c’est-à-dire l’étoile qui guida les rois mages vers le berceau du Christ à Bethléem. Il est l’auteur de plus de 200 publications portant très haut le niveau d’excellence mondialement reconnu de l’Observatoire du Vatican.

Parmi ses ouvrages célèbres, les plus connus sont : « Donneriez-vous le baptême à un extra-terrestre ? », « La mécanique de Dieu : comment les scientifiques et les ingénieurs donnent un sens à la religion », « Le Chemin vers la Demeure de la Lumière ».

Pour mieux cerner la quête du frère Consolmagno, écoutons-le lorsqu’il nous déclare : « Dieu veut que l’Univers existe… cette volonté de Dieu se manifeste à chaque instant, dans l’espace et dans le temps. »

Guy Consolmagno.

Théories et Dieu qui rit

Par Nicolas Maury
Photo : DR

Au commencement était le verbe. Avec minuscule s’entend. Celui qui, par nature, permet de susciter le débat. 

« Toute science vient de Dieu », soutient ainsi gaillardement Origène. Par-delà l’espace-temps, tout en gravité, Stephen Hawking lui rétorque : « Il n’est pas nécessaire d’invoquer Dieu pour activer l’Univers. » 

Au milieu, tout un tas de prises de position sur les rapports entre Dieu et la science.

J’aime particulièrement celle de Francis Bacon : « Un peu de foi éloigne de Dieu, beaucoup de science y ramène. » Jean Rostand n’est pas mal non plus : « La science fait de nous des dieux, avant même que nous soyons dignes d’être des hommes. »

En somme, des théories à remplir des bibliothèques… dont celles qu’évoque si bien Jorge Luis Borges, qui, comme par hasard, s’invite aussi dans la discussion : « Dieu pousse le joueur et lui la dame. Quel dieu derrière Dieu tisse la trame ? »

Moi j’en conclus qu’Einstein avait raison : Dieu ne joue pas aux dés. J’ai aussi dans l’idée qu’il doit bien se marrer de nous voir tant babéliser sur des choses qui nous dépassent.

En librairie – juin 2024

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Marie, tendresse des pauvres
Maurice Zundel

En 1911, âgé de 15 ans, Maurice Zundel vit une rencontre avec la Vierge Marie. Ce moment lui ouvre le cœur. De Marie, Zundel va parler avec ferveur, mais aussi avec pudeur, car de ce que l’on a de plus précieux, on parle peu ; c’est le secret du cœur, que les paroles peinent à évoquer. Pour le théologien, la relation avec la Vierge est avant tout une expérience de vie, où sa présence donne lumière, force, consolation et espérance. Ainsi, il essaie d’exprimer le sens profond, intérieur et mystique de tout ce que la foi des siècles a patiemment médité à propos de Marie : sa virginité, sa maternité universelle, son assomption, son immaculée conception.

Editions Le Passeur

Acheter pour 29.60 CHF

Du quantique au cantique
Daniel Oth

Daniel Oth propose un cheminement en trois temps, de la mécanique quantique aux guérisons et aux miracles, en passant par la parapsychologie, cette science peu connue et plutôt mal accueillie par les scientifiques « classiques ». Il s’appuie sur de nombreuses références d’études scientifiques rigoureuses qui démontrent les effets de l’esprit sur la matière. Les pensées et émotions humaines sont capables d’agir sur la matière inerte et sur la matière biologique pouvant amener à la guérison physique. Et cela, même à distance. Ainsi, la conscience, cette entité immatérielle, peut influencer des phénomènes matériels que l’on sait mesurer statistiquement de façon significative.

Editions Pierre Téqui

Acheter pour Fr. 22.50 CHF

Y a-t-il un Dieu créateur ?
Xavier Molle

Aujourd’hui, les découvertes scientifiques ont tellement changé notre vision du monde que des questions nouvelles surgissent et beaucoup de questions anciennes se posent de façon nouvelle. Depuis deux siècles, la découverte de l’histoire évolutive de notre terre fait se poser à frais nouveaux la question de l’origine de la vie, de la conscience, de la pensée, de l’esprit. Et donc aussi la question de Dieu. C’est cette nouvelle recherche qui est proposée ici. Les réponses ne manquent pas, et elles sont surprenantes. Pas de « preuves », mais bien des indices. La deuxième partie du livre examine la revendication du judéo-christianisme à avoir recueilli la révélation de Dieu.

Editions Saint-Léger

Acheter pour 39.30 CHF

Louis-Marie Grignion de Montfort
Dupuy-Cerisier

Louis-Marie Grignion de Montfort entre au séminaire de Saint-Sulpice et est ordonné prêtre en 1700. Il est envoyé à Nantes, puis à Poitiers. A Poitiers, il évangélise les faubourgs de la ville, puis évangélise le pays nantais. L’infatigable apôtre de Marie, constamment chassé « comme une balle dans un jeu de paume », achève ses missions dans les diocèses de Luçon et de La Rochelle, où il écrit son célèbre traité « La vraie dévotion à la Sainte Vierge ». Cette BD retrace la vie tumultueuse de celui qui fut canonisé en 1947 par le pape Pie XII.

Editions Plein Vent

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