Au début de cette année liturgique, j’ai lu l’évangile de Matthieu de bout en bout, de la généalogie à la dernière apparition. J’ai trouvé le «Jésus de Matthieu» irascible et même, pas du tout sympathique!
Corona Expériences: «Comment allez-vous?»
es.pdf »]La période de pandémie a été pour chacun un temps d’expériences nouvelles et parfois douloureuses. Sur la proposition du Service diocésain de Diaconie (SDD), appuyée par notre évêque Mgr Jean-Marie Lovey, nous avons établi un petit questionnaire qui puisse recueillir vos témoignages : comment avez-vous vécu ce temps? Qu’est-ce qui vous a frappé?
Un rafraîchissement bienvenu!
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral de Martigny (VS), septembre 2020
Par Jean-Pascal Genoud | Photo: DR
L’église paroissiale Notre-Dame de la Visitation va donc fermer ses portes 4 mois durant: une petite retraite pour lutter contre la grisaille et permettre un rafraîchissement…Le temps nécessaire…Même s’il ne s’agit pas d’une véritable rénovation, mais d’une simple réfection des peintures, le fait de vouloir repeindre un aussi vaste espace n’est pas une mince affaire. Pas moyen d’accéder aux voûtes, sans installer des ponts et des échafaudages sur toute la surface et toute la hauteur.
Comptez d’abord 2 à 3 semaines de démontage, de préparation du chantier et de protection du mobilier (maître-autel, chaire, baptistère, orgues) et d’installation des échafaudages.
Puis 7 à 8 semaines pour le travail lui-même de peinture des murs et des voûtes, auquel s’ajoute, en parallèle, celui du nettoyage soigné des piliers et de tous les éléments décoratifs (statues, faux marbres, vitraux). Après quoi il va falloir prendre le temps d’un nettoyage général de tout l’édifice et en particulier des sols. En tout, il faut donc compter que l’église, qui sera fermée à partir du lundi 24 août, ne pourra rouvrir qu’à Noël.
Les conséquences pratiques
Tout cela ne va pas sans des conséquences pratiques pour notre vie paroissiale, et en particulier notre vie liturgique. Nous avons la chance de pouvoir délocaliser les messes dominicales dans la belle et vaste église du Bourg. C’est donc dans l’église Saint-Michel que durant tout ce temps nous célébrerons le samedi soir à 18h et le dimanche matin à 11h (à la suite de la messe animée à 9h30 par la communauté portugaise). Pour les messes de semaine, nous pourrons nous réunir à la salle Notre-Dame des Champs à 8h30 chaque matin, moyennant le port d’un masque. Une messe sera ajoutée à Martigny-Bourg les lundis et mardis soir à 19h. Nous comptons sur votre compréhension et votre patience pour accueillir ces modifications d’horaires.
L’appel à la générosité
Bien évidemment, un tel chantier a un certain coût. Il est devisé à un peu plus de 400’000 fr. A savoir : 100’000 fr. de protection et échafaudages, 120’000 fr. de peinture, 80’000 fr. de nettoyage et restauration des éléments décoratifs (y compris la statue extérieure du porche de l’église), et enfin 100’000 fr. pour diverses améliorations techniques (éclairage d’accueil et d’ambiance, isolation des portes latérales, absorption des émanations des lumignons) et les incontournables frais d’études techniques et d’architecte.
Ces dépenses seraient difficilement envisageables sans des contributions publiques. Nous pouvons de façon réaliste les estimer à près de 150’000 fr. Comme la communauté de la Ville dispose d’une réserve de 140’000 fr., il reste à trouver, grâce à l’engagement et la solidarité de tous les paroissiens, les cent et quelques mille francs manquants ! D’ores et déjà, un immense merci pour votre générosité à l’égard de cette réalisation enthousiasmante.
Les dons sont à verser sur le compte :
Eglise de la Visitation
1920 Martigny
Mention : Rénovation 2020
CH1800264264GW1048842
Banque : UBS Switzerland AG
Avenue de la Gare 2 – Martigny
Luttons contre la grisaille!
La pandémie du coronavirus a suspendu un nombre incalculable de programmes et d’activités. Dans notre paroisse, après un temps mort éprouvant et une période d’incertitude totale, il y a pourtant un projet qui, contre toute attente, est reparti sur les chapeaux de roue. C’est celui du chantier de rafraîchissement des peintures intérieures de notre église paroissiale.
Le théâtre au service de Dieu…
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral de Martigny (VS), septembre 2020
Propos recueillis par Pascal Tornay | Photos: Mathilda Olmi, Teintureries 2020
Benjamin Bender, 22 ans, a grandi à Martigny-Bourg. Il vient de terminer sa formation à l’Ecole Supérieure de Théâtre à Lausanne devenant ainsi comédien professionnel. Catholique et engagé en Eglise, amateur de chant et de musique et notamment membre du groupe de pop-louange Raising Hope, la foi est pour lui un des piliers de son existence. Il exprime ici comment il met en résonance son travail, sa vie et sa foi…
Dieu, théâtre de ma vie ?
Je n’ai jamais caché ma Foi. Je l’ai même parfois trop exhibée. Mais je crois aujourd’hui qu’être chrétien se passe dans les actes, non dans les paroles. (Un comble pour un comédien, me direz-vous !) Il faut être chrétien et non se dire chrétien.
Notre façon de vivre les événements, les difficultés, les joies – toujours dans le Seigneur –, doit être un exemple de rayonnement autour de nous. C’est cela qui suscitera des questions chez l’autre. Une des plus belles discussions sur la foi que j’ai eue à l’école s’est déroulée alors que nous faisions des étirements après une longue journée de danse. Mon collègue avait une question, j’ai pu l’écouter et discuter avec lui parce qu’il était prêt et ouvert.
L’Eglise et le théâtre, une complémentarité ?
Les milieux du théâtre sont connus pour casser les codes et tout remettre en question. L’Eglise catholique est connue pour être un paquebot difficile à faire changer de cap. Je pense qu’il y a du bon dans les deux. L’Eglise possède une coque solide qui nous permet de ne pas chavirer. La difficulté, depuis le temps qu’elle navigue sur les eaux de la vie, est de distinguer la coque des porosités, corrosion, pourritures qui s’y sont développées. Le théâtre peut être un moyen de nous replonger dans le concret de la vie, lui qui, sur scène, passe à la loupe les relations humaines de notre temps.
L’Eglise véhicule les Evangiles, source de toute vie. Le théâtre questionnant notre société, tentant parfois d’y trouver des réponses, pourrait s’inspirer des enseignements de Jésus « qui a tout accompli ». Il est le Chemin, la Vérité et la Vie. De la même manière qu’au théâtre nous tentons d’actualiser Euripide, Sophocle ou Racine, utilisons notre savoir afin de (re)découvrir tout ce que la Bible, ce texte ancien et pourtant criant d’actualité, peut nous apporter aujourd’hui.
Le monde ne s’arrête pas en été…
Des images qui m’avaient littéralement saisie. Nous sommes en 2015. Ces photos de presse que je découvre ne sont pas des montages savamment orchestrés. L’une d’elle m’emmène sur un rivage grec. Nous sommes sur une plage des Cyclades dans un décor idyllique.
Un Carême en plein temps pascal?
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral de Martigny (VS), juin-juillet-août 2020
Par Jean-Pascal Genoud | Photo : DR
Ç’a été dit et redit : situation exceptionnelle, complètement inédite ! Les plus âgés d’entre vous peuvent témoigner ; de mémoire d’hommes, « on n’a jamais vu ça ! ». Des églises fermées, des messes suspendues pendant près de trois mois ! On rapporte que 10% des footballeurs sont déprimés. Que dire des curés ? L’enquête n’a pas encore été menée… Il est vrai que le tableau est plutôt surréaliste.Je me suis surpris un jour à ne pas pouvoir attendre la fin de la messe – célébrée à huis clos – pour commencer à ouvrir les portes de l’église ! Cela me paraissait tellement insupportable de voir cet espace d’accueil barricadé pour empêcher les fidèles d’entrer. Un chef de chœur, qui soumettait un projet de concert pour le Vendredi saint 2021, me demandait comment je vivais tout cela comme curé. Je lui ai répondu que c’était simple à comprendre : un curé sans paroissiens, c’est un peu comme un chef de chœur sans choristes. Décidément, très dur à vivre.
Evidemment, il y a – et ça change beaucoup – tout le registre de l’invisible. Une communion toujours possible dans une prière plus aiguisée que jamais. La privation des signes sensibles de la grâce de Dieu n’équivaut pas à une privation de Dieu lui-même. Mais tout de même, nous sommes « de chair » et les sacrements nous sont donnés pour nous rejoindre justement jusque dans notre dimension physique et charnelle. L’épreuve est crucifiante. C’est un temps de désert et de vide.
Je le vois surtout comme l’occasion de laisser surgir une foule d’interrogations. Et il y a d‘ailleurs pour l’heure plus de questions que de réponses…
– Pourquoi avons-nous si peur du vide ? Serait-ce que nous avons peur d’une rencontre décisive avec le Christ, dans la nudité de la foi ?
– N’avons-nous pas trop souvent considéré l’eucharistie comme un dû, plutôt que comme un don ? Je pense à ces plus de 100 millions de chrétiens qui, du fait de la persécution ou de l’énormité des distances, ne peuvent communier qu’une ou deux fois par année !
– Notre vie chrétienne ne s’est-elle pas trop concentrée sur le « rite » plus que sur la sensibilité à l’égard de ceux qui souffrent et un engagement généreux à leur égard ?
Toutes choses dont il nous faudra parler. Toutes choses, en partie douloureuses, par lesquelles Dieu cherche à se dire à nous de façon nouvelle et particulièrement profonde. Patience donc ! Dans la joie de vous retrouver sains et saints ! Dans cet oasis d’humanité que Dieu désire et prépare.
Je ne savais plus quel jour nous vivions…
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral de Martigny (VS), juin-juillet-août 2020
Par Pierre-André Ramuz, directeur | Photos: DR, ldd
Coureur émérite et amateur de courses en montagne, Pierre-André Ramuz, 42 ans, de Charrat, est très bien entraîné ! Moralement aussi. Heureusement, car comme enseignant et directeur des Ecoles de l’Arpille, ses nerfs ont été mis à rude épreuve, comme celui de ses collègues. Il raconte…
Au niveau professionnel (direction d’école), le début de la crise a été un moment très intense à gérer, avec très peu d’heures de sommeil et beaucoup de stress. Je dois avouer que je ne savais plus vraiment quel jour nous vivions. Je ne faisais pas vraiment la distinction entre ce premier week-end de crise et les jours ouvrables qui ont suivi. Au final, je suis vraiment satisfait de ce que nous avons mis en place, avec la collaboration de mon adjoint et des enseignants. D’ailleurs la plupart des familles en sont reconnaissantes, ce qui est touchant et valorisant.
Au niveau des familles, je constate que la plupart ont trouvé des modes de fonctionnement qui permettent d’allier télétravail, école à la maison et tâches ménagères courantes. Malheureusement, pour quelques familles, quelques enfants, cette période est très difficile à vivre. Outre les outils informatiques manquants, nous constatons que la vie dans certains foyers n’est pas aisée.
Personnellement, ce sont les contacts sociaux qui me manquent le plus : avec ma famille au sens large, avec mes amis et mes proches, mes collègues et les élèves. Malgré tout, je m’estime chanceux de pouvoir passer cette période sans tomber malade, sans être strictement confiné et en continuant à pratiquer la course à pied qui est un équilibre vital pour moi.
Pour conclure, je suis conscient qu’au niveau économique et à d’autres niveaux peut-être beaucoup auront perdu durant cette crise. Mais je pense que nous en ressortirons tous grandis ou changés et j’espère que tout un chacun saura en tirer les conclusions nécessaires.
Dans la prière, accueillir d’une autre manière…
Dans nos villes et nos villages l’activité humaine est ralentie en cette période de confinement. Mais qu’en est-il pour les chanoines qui, tout au long de l’année, accueillent les pèlerins, les touristes ou les sportifs dans les hospices ? François Lamon, prieur de l’hospice du Simplon, nous partage ici son quotidien et ses réflexions.
Mais il est où Dieu?
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral de Martigny (VS), juin-juillet-août 2020
Par Dominique Perraudin | Photo: pontifexenimages.com
D’abord, je voudrais dire merci et bravo pour la solidarité et le travail fournis par tous les bénévoles, par tout le personnel hospitalier ainsi que tous ceux qui travaillent dans l’ombre. Il aura fallu qu’une pandémie nous tombe sur la tête pour nous unir face à ce cataclysme!« Mais il est où Dieu ? » – Il me revient à l’esprit un souvenir : lors d’une homélie à Lourdes, où le prédicateur rapportait une remarque qu’il avait lue sur un réseau social : « Mais il est où Dieu ? » Nos médias essaient tant bien que mal de nous informer et de trouver des solutions pour nous rassurer. Ce n’est pas leur métier bien sûr, mais je crois que, sans mettre la vie intérieure ou spirituelle dans la balance de leur réflexion, ils ne trouveront aucune autre réponse que superficielle et n’apporteront aucune consolation ! Notre société essaie, à l’aide des principes qu’elle prône, de résoudre les problèmes qui nous préoccupent tous. Mais sans y inclure le projet de Dieu pour l’humanité, je crois vraiment que c’est peine perdue. Notre société a son échelle des valeurs. L’emploi, les loisirs, la richesse sont le sommet de cette échelle. Société hyper-sécurisée, hyper-hygiénisée, pourtant tout se dérobe sous nos pas. Nous ne savons pas de quoi demain sera fait. L’incertitude gagne nos esprits. On parle d’économie, de chômage. La précarité grandit. Malgré la situation de crise que nous vivons, je remarque pourtant que la solidarité s’est renforcée et que les gens se parlent avec plus de confiance.Cultiver l’espérance. – Le désespoir nous guette. La vie trépidante que nous menons parvient à troubler, pire à masquer à notre esprit et à notre regard les signes puissants que Dieu place sur notre route. Car oui, Dieu est là… dans les petites choses du quotidien. Il nous aime malgré tout : voilà la vérité ! La prière, la méditation, les beautés de la nature qui nous entourent sont des signes patents de sa présence et de son amour concret pour nous. Mais que regardons-nous ? Rappelons-nous comment la sainte famille qui, à la naissance du Fils de Dieu, a dû s’enfuir en Egypte. Quelles garanties avaient-ils si ce n’est cette seule confiance en la promesse de Dieu ? Vu d’aujourd’hui, tout cela semble si naturel… Et pourtant combien de combats ! Dans un monde désespérant, il nous faut continuer de semer en nous cette vertu essentielle : l’Espérance. Il suffit d’un peu de levain pour faire lever de la farine. Il suffit aussi de peu de foi pour que notre monde puisse changer de regard. Soyons d’humbles serviteurs appliqués à transformer le monde autour de nous à partir des gestes simples de l’Evangile. A l’exemple de la sainte Famille, creusons notre foi pour faire un monde qui espère…
Qui sont les scouts d’Europe?
Les formes de scoutisme sont variées dans le monde. Complémentaire avec d’autres scoutismes implantés dans nos communes valaisannes, la proposition des scouts d’Europe Suisse séduit de plus en plus de parents et de jeunes. A découvrir…
Tirer les leçons et tracer une nouvelle voie…
Depuis 2003, François Thurre est responsable du secrétariat de Martigny des Syndicats chrétiens interprofessionnels du Valais (SCIV) ainsi que de l’agence régionale de la caisse de chômage OCS. Domicilié à Fully, marié et père de deux grands enfants, il œuvre depuis plus de 20 ans pour la défense des travailleurs de notre canton. Il nous partage ici ses impressions face à la crise sanitaire que nous avons traversée ces derniers temps…
2020, cette année inédite
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral de Martigny (VS), juin-juillet-août 2020
Par Anne-Laure Couchepin-Vouilloz, présidente de la Ville de Martigny
Photo: Olivier Maire, DR
L’année 2020, c’est certain, fera partie de celles que nous n’oublierons pas. En janvier, les nouvelles venant de Chine ne présagent rien de bon. C’est à la fin de ce mois de février bissextile que la Suisse est officiellement touchée : le premier cas positif au Covid-19 est Tessinois. A cet instant, nous savons déjà que la propagation du virus est très rapide et que Martigny ne fera pas exception. Dans cette situation totalement inédite, notre devoir est d’agir avec rapidité, pragmatisme et de donner des réponses concrètes à la population qui compte sur ses élus en cas de crise.
Dès le début du mois de mars, nous avons travaillé sans relâche avec les collègues du Conseil municipal pour élaborer les plans sanitaires, sociaux ou économiques. Le Réseau Solidaire Martigny a par exemple rapidement été mis sur pied pour aider la population à risque en proposant de faire les courses ou tout simplement de discuter au téléphone. La Police municipale tient plus que jamais son rôle de police de proximité, de quartier, en rappelant avec bienveillance les nouvelles règles. La Ville de Martigny a aussi trouvé des solutions responsables afin de soutenir les commerces et les entreprises du territoire. Une lettre ouverte à la population, rédigée à la fin du mois dernier, relate ces faits et montre le soutien des autorités municipales.
Dans le même temps, il a fallu protéger le personnel communal. En tout, il s’agit de près de 400 personnes travaillant dans divers services. Pour répondre aux attentes des collaborateurs nous avons constitué, avec les chefs de service, un groupe « gestion de crise ». Ce dernier nous a permis de procéder calmement et méthodiquement aux différentes étapes. Durant six semaines, les employés de l’administration communale ont travaillé en tournus afin de répondre aux urgences et d’honorer les tâches prioritaires. Les jardiniers ont préparé nos rues, pour les jours meilleurs, avec de beaux massifs floraux, à l’image du jardin de l’Ancienne Gendarmerie. Le personnel de l’exploitation, celui de Sinergy se sont réorganisés pour répondre aux besoins des habitants. Tous les corps de métier ont pris leurs dispositions pour se protéger. Nous poursuivrons cette mission jusqu’à la fin de cette crise et nous les remercions profondément des efforts accomplis.
La population de Martigny se montre solidaire, responsable et pragmatique et je l’en remercie chaleureusement. Car aujourd’hui, il est clair que notre quotidien est encore bouleversé et le sera probablement encore pendant plusieurs mois. Veillons à respecter au mieux les recommandations sanitaires. Veillons surtout les uns sur les autres.
Résister à l’éparpillement
ent.pdf »]Ce texte se voudrait être un hommage à tous ceux qui nous ont rejoints dès le 15 mars pour faire communauté au moment de la séparation que la pandémie nous a imposée. Un contexte désarçonnant, impressionnant, angoissant même, qui nous a enveloppés.[
Envahie par sa famille!
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral de Martigny (VS), juin-juillet-août 2020
Par Stéphanie Fracheboud | Photo: Famille Fracheboud
La vie de maman au foyer. Ah le foyer, mon foyer; il était mon royaume durant les heures scolaires! Et voilà que le temps après lequel je courais devient long. Ce foyer dans lequel j’ai choisi de rester il y a plus de 14 ans devient étriqué et empreint d’une certaine lourdeur… Je me sens envahie par ma propre famille.Et pourtant, il y a bien des raisons de se réjouir. On vit plus « à la cool » ! Je ne dis plus à maintes reprises : « Dépêche-toi tu vas être en retard ! » Bien que ralentie, la vie n’est pas sur pause. Le job de maman continue, comme avant. Par contre je suis libérée des échéances, des horaires. Mais ces horaires étaient un peu des garde-fous. Je trouve que c’est plus compliqué de s’organiser sans les rituels de l’école et les allers-retours du papa pour son travail.L’école se poursuit. Au début, j’étais inquiète mais tout va bien. Ça fonctionne… et même très bien ; mes filles ont gagné en indépendance et le travail des enseignants est fantastique. Tous les repas se déroulent en famille. Je dois avouer que le robot du cuisine n’a jamais autant carburé et nous ne sommes pas innocents à la pénurie de farine tant nous avons fait de pâtisseries.
On découvre la joie des jeux de société, la sortie pour les courses devient presque une aventure tant elle nous sort de ce confinement. Cette parenthèse nous apporte surtout des moments privilégiés en famille. Je suis maman de deux ados et il leur manque les amis et l’école. L’autre, les autres sont essentiels pour bien grandir. Je me réjouis de revoir la belle communauté de Martigny.
S’initier à un nouvel art de vivre…
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral de Martigny (VS), juin-juillet-août 2020
Texte et photo par Pierre Vallat
Pierre Vallat est président du Conseil de communauté de Martigny. Il a contracté le coronavirus et a traversé ce temps de maladie et de confinement, comme tant d’autres, en solitaire… Il raconte.
Mais c’est devenu une opportunité de m’interroger sur le sens de cette existence brutalement mise en péril. Je n’ai pas ressenti de crainte pour ma vie, mais me suis mis à m’interroger sur sa valeur, à tenter de distinguer l’être de l’avoir. En effet, notre société nous pousse à nous évaluer en fonction de ce que nous pouvons acquérir. Alors que toute l’humanité est ébranlée, que la plupart des activités ont été considérablement ralenties, voire stoppées… Pourquoi ne pas s’initier à un nouvel art de vivre ? Et ces paroles du pape François dans l’encyclique Laudato si’ (n° 223) me reviennent à l’esprit : « Le bonheur requiert de savoir limiter certains besoins qui nous abrutissent, en nous rendant ainsi disponibles aux multiples possibilités qu’offre la vie. »
Marie, aujourd’hui, Marie dans nos vies…
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral de Martigny (VS), mai 2020
Par Françoise Besson | Photos: cath.ch, DR
Marie, humble figure de l’évangile, mère de Jésus, reine du ciel… Marie de tous les contrastes ! Qui est-elle pour vous ? Voilà la question que j’ai eu envie de poser à quelques personnes de nos paroisses protestante et catholique : Elvira Tochet, Patricia et Léonard Muller et Sandrine Volluz se sont prêtés au jeu. Merci à eux pour leur partage et leur confiance…Elvira : Marie, une figure familière et universelle à la fois.

J’ai grandi dans une famille protestante assez stricte en Suisse alémanique. Chez nous, Marie n’était jamais vraiment mentionnée, on savait que c’était la maman de Jésus mais elle était comme entre parenthèses… Mon père venait d’une famille de souche catholique. Certains de ses frères et sœurs étaient catholiques. L’un d’eux, Augusto avait épousé une femme qui s’appelait Maria. Toute petite, quand j’ai commencé à entendre parler de Marie, je me suis dit : « Voilà, ça c’est Marie ! » Ma tante Maria avait un visage tellement doux, elle était si gentille, je me souviens qu’elle avait des cheveux noirs qu’elle coiffait en un gros chignon… Avec sa voix douce et toute sa gentillesse, pour moi, c’était Marie ! Je me souviens qu’un jour mes cousins parlaient qu’ils avaient prié Marie, et j’ai posé la question : « Mais tu parles de tante Maria ? » Ils m’ont dit : « Mais non !… » Et ils ont tellement ri ! Ma cousine Adelina qui a passé 80 ans s’en souvient encore…
Aujourd’hui, si je pense à Marie dans les récits de l’évangile, c’est vraiment dans les deux moments de la naissance et de la mort de Jésus, Marie de la Nativité et Marie au pied de la croix.
Ce qui me frappe aussi, c’est que, dans les représentations de Marie, il n’y a pas de racisme, car elle est représentée en noire et aussi en asiatique. Pour moi, c’est quelque chose de rassurant : Marie est là pour tout le monde. Elle est universelle…Je me souviens particulièrement d’une figure de Marie asiatique à Hanoï… Pour les personnes qui se sont converties, c’est important de pouvoir s’identifier !
Pour moi, Marie a un visage humain, familier, celui de ma tante Maria et un visage universel, pour tous les hommes sans distinctions… Marie, elle a des traits qui nous ressemblent…
Patricia et Léonard : Marie, la mère qui nous permet de grandir.

Patricia : Pour moi, depuis toute petite, Marie a eu une place très importante dans ma vie, c’est la figure de la maman, celle qui nous permet de grandir, de nous construire… Dans mon enfance, une dame rencontrée au catéchisme a joué aussi un rôle capital, cette personne était en chaise roulante et elle m’a vraiment donné cette force de croire que, quoi qu’il arrive dans la vie, il y aura toujours quelqu’un pour nous aider à avancer… Aujourd’hui, je vois Marie comme la mère de tous les hommes, celle qui a été choisie pour être la mère de Jésus. J’ai chez moi une petite statue de Marie qui m’a été offerte par une amie il y a de nombreuses années… Marie a gardé une place importante, c’est une femme qui a donné la vie…
Léonard : J’ai grandi dans une famille athée et c’est très tard, en rencontrant mon épouse, que je suis venu à la foi. C’est grâce à cette force qui nous entoure, quel que soit le nom qu’on lui donne, que j’ai puisé l’énergie nécessaire pour vivre… Je ressens intérieurement cette force, je suis reconnaissant d’être vivant et de pouvoir transmettre aux autres ce que j’ai reçu, je le fais par la musique qui nous réunit les uns les autres. La figure de Marie nous rappelle la question de l’égalité… Pour ma part, je n’ai jamais fait de différence entre la femme et l’homme, quel que soit leur rôle. Nous sommes dans des temps de prise de conscience par rapport à l’équité, à cette égalité entre hommes et femmes. Cette question est très présente aujourd’hui et elle est importante…
Sandrine : Le oui, c’est ce qui caractérise Marie

J’ai vécu onze mois à Madagascar, en 2014-2015, dans la communauté des sœurs de saint-Maurice. Ce que j’ai envie de partager, au sujet de Marie, c’est quelque chose de cette expérience, parce que c’est le moment de ma vie où Marie a eu le plus d’importance, un temps où j’ai eu envie de suivre son exemple, avec toutes mes fragilités et mes limites. Pour moi, ce qui caractérise le plus Marie, c’est ce OUI qu’elle offre comme réponse à l’appel de Dieu, cet appel si mystérieux dont elle ne comprend pas tout.
Partir pour Madagascar, c’était aussi dire « oui », naïvement mais de tout cœur à ce chemin de service que me montrait Marie. Sur ce chemin, j’ai eu besoin d’aide à de nombreuses reprises et c’est Marie que j’ai priée dans ces moments-là. Sœur Aurélie, ma première amie à Madagascar, m’a appris à le faire dans sa langue. C’étaient mes premiers mots malgaches et aujourd’hui encore, quand je prie Marie, je le fais en malgache.
Ce qui me touche le plus dans la figure de Marie c’est sa simplicité. Marie a eu la simplicité de se mettre au service de la vie, en tant que maman, et au service de Dieu. Elle se sait appelée, elle ne sait pas encore à quoi, mais elle dit oui…
Il y a des années, j’ai reçu, au Foyer Dents-du-Midi de Bex, une prière qui m’est devenue familière. Je vous partage cette version du « Je vous salue Marie » écrite par le Père Clément Renirkens :
Réjouis-toi, Marie, comblée de grâce
le Seigneur est avec toi,
tu es bénie entre toutes les femmes
et Jésus ton enfant est béni.
Sainte Marie,
mère de Dieu et notre mère,
soutiens notre espérance et notre prière
la nuit, le jour, maintenant et toujours.
Amen.
Calée sur le rythme des saisons avec passion…
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral de Martigny (VS), mai 2020
Propos recueillis par Pascal Tornay | Photo: Domaine G. Besse
Montons sur le coteau… rencontrer Sarah Besse! Ingénieure en viticulture et œnologue, épouse et mère de deux enfants, Sarah est responsable de la vigne et de la communication du Domaine familial à Martigny-Combe. Une affaire de famille mue par la passion: une passion qui passe par une reconversion… dont elle nous dévoile quelques aspects.Vous allez prochainement reprendre le Domaine familial. Est-ce par vocation ? Quels sont vos défis ?C’est avant tout par passion que je travaille sur le Domaine familial depuis 2013. J’ai commencé par gérer le secteur des vignes, pour apporter du beau raisin à la cave. Puis, dès 2016, je me suis entièrement occupée de la vinification des vins du Domaine, tout en cherchant des solutions encore plus durables pour le travail de la vigne. Le domaine passe en reconversion biologique cette année et le défi est de maintenir l’exploitation familiale dans la qualité et la durée.
Où s’enracinent vos affinités avec la terre et le vin ?
Depuis toute petite, j’ai toujours aimé la nature. Une observation et un émerveillement qui font partie de mon ADN. Je pense que ce sont mes parents qui m’ont transmis cet amour pour la nature, le patrimoine et nos vignes.
Qu’est-ce qui vous fascine le plus dans cet univers viti-vinicole ?
Chaque millésime est différent, c’est ce qui fait que mon métier n’est pas ennuyeux. Certes, je me cale sur des saisons bien rythmées, mais l’année viticole est à chaque fois différente. Je dois savoir m’adapter, prendre les bonnes décisions, être à l’écoute de la nature. Puis, vient le temps des vendanges. Je goûte le raisin, puis le moût et le vin. Tout évolue chaque jour, et je les déguste pour les guider au mieux dans leur évolution. C’est un métier de passion, qui respecte la nature, le patrimoine, les traditions et qui laisse exprimer mes connaissances et mon intuition.
On entend dire que si l’on ne traite pas régulièrement la vigne, on ne récolte rien. Entre contraintes économiques et respect de la terre, comment envisagez-vous le défi écologique dans votre travail ?
Une vigne dite européenne, c’est-à-dire, des raisins traditionnels que l’on trouve chez nous, doit être traitée contre les maladies cryptogamiques, tels que le mildiou et l’oïdium. Sans quoi, effectivement, la récolte serait nulle. Des recherches sont en cours afin de limiter le soufre et le cuivre utilisés pour ces traitements. En effet, il serait possible de protéger les vignes à l’aide d’huiles essentielles ou d’algues.
De notre côté, soucieux de toujours préserver la nature, le Domaine familial a évolué au fil des années :
• Mes parents ont rejoint la production intégrée, dans le début des années 1980.
• Ils ont refait des murs de vigne dès leurs débuts, puis uniquement en pierres sèches depuis 2001.
• Les premières vignes enherbées du Domaine datent de 1998.
• Au fil des années, les surfaces de vignes avec de l’herbe se sont développées, pour finalement ne plus utiliser d’herbicide sur tout le domaine dès 2019.
• Les premiers essais de traitements bio datent de 2008. Les surfaces ont constamment augmenté au fil des années. Ainsi, l’intégralité du Domaine est traitée en bio depuis 2017.
A la suite de ces diverses expériences, nous avons décidé de nous inscrire à la production biologique dès 2020. La procédure comporte deux ans de reconversion, avec le label bio reconversion. Puis dès 2022, nous serons labellisés bio suisse. Je certifie la totalité du vignoble, mais je ne me suis pas encore décidée pour les vins. Je verrai encore si, dans la pratique, je peux le faire ou si, à cause du morcellement des parcelles, ça sera compliqué.
Au cœur de la vie sociale, le vin est tout à la fois un liquide dangereux et qui réjouit le cœur des gens. Comment vous situez-vous ?
Je pense que le vin doit être un moment de partage et de convivialité. Il doit rester une boisson de plaisir. J’en bois avec mes amis, et plutôt en fin de semaine.
Pour les catholiques spécialement, le vin qui, consacré est le Sang du Seigneur, revêt une importance capitale comme vous le savez. Comment vivez-vous, vous-mêmes, la dimension spirituelle de la terre et du vin ?
Personnellement, je ne suis pas croyante. Mais je crois en la beauté de la nature et de notre patrimoine. Il me semble essentiel de respecter ce que nous ont légué nos ancêtres. Ce respect de la terre et de mon métier est en quelque sorte ma doctrine…
La rencontre de Théa
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral de Martigny (VS), mai 2020
Par Valérie Pianta | Photo: LDD
Après un long temps de séparation, Théa a enfin retrouvé ses grands-parents, ses copains, copines, ses maîtresses… Elle savoure chaque instant de jeu partagé, les câlins discrets, ce bonheur de se retrouver ensemble.Pourtant, Théa a appris quelque chose : il est bon de temps à autre de se retrouver seule un moment pour laisser s’envoler les pensées comme de petites bulles qui défont la lumière, là où personne ne peut les attraper. Alors ce matin, Théa se cache un instant dans une de ses légères bulles qui la transportent… Elle fait une rencontre insolite : un petit machin à drôle de tête se promène dans une bulle non loin d’elle.– Qui es-tu toi ? Tu as une drôle de bouille ! Crie Théa.
– Je m’appelle Corona… Je crois que tu as beaucoup entendu parler de moi ces derniers temps, non ?
– Mais ? C’est toi ? C’est vraiment toi ? Celui qui a rendu malade tout le monde, qui a rempli toutes les discussions, qui a fait mourir plein de personnes ? A cause de toi, je ne pouvais plus aller à l’école, plus voir mes copains, mes maîtresses. J’avais des tonnes de devoirs qui arrivaient sur l’ordinateur de papa. Pire qu’à l’école ! Pleurniche Théa un peu effrayée.
– Eh oui, c’était moi ! Ricane la vilaine petite bestiole.
– Coromachtruc, c’était vraiment à cause de toi, cette catastrophe ? Pourquoi as-tu fait ça ?
– Ahahahah ! Répond l’horrible machin, si tu savais. Le monde est à genoux à cause d’un petit microbe vilainement couronné, sournoisement, on ne sait où et qui a installé sa dictature sur votre chère planète bleue, blême sous la tyrannie du petit monstre… J’ai trouvé que c’était une leçon à donner à tous ces hommes qui croient tout savoir, tout maîtriser et pouvoir tout décider.
– C’est vraiment méchant ce que tu as fait là, lui rétorque Théa. Les gens ont été malheureux, ils ont eu peur, ils se sont sentis tout seul. Il y avait beaucoup de malades… même qu’il y en a qui sont morts. J’ai entendu papa et maman parler de ça tous les jours. Papa devait travailler à la maison et il criait tout le temps parce qu’avec ma petite sœur, on n’arrêtait pas de lui demander des trucs pour les devoirs… et maman était super stressée pour aller faire les courses et aussi énervée. Elle ne pouvait plus aller chez le coiffeur. L’ordinateur tombait en panne, l’imprimante n’avait plus d’encre. Tu te rends compte ?
– Oui, oui, je me rends bien compte, répond laconiquement le petit monstre couronné. Mais les gens se croyaient tout-puissants, bardés de théories politiques, économiques, écologiques, sociales, théologiques, philosophiques… tous les « iques » (hics !). Les hommes ne croient plus qu’en tous ces trucs… Ils ne s’arrêtent pas, ils font ce qu’ils veulent, ils courent, volent dans tous les sens. Alors moi, je suis devenu leur dieu de malheur ! Au moins maintenant ils ont eu le temps de respirer, de penser, d’avoir besoin des autres.
– Quand même, tu es vraiment horrible, murmure la petite fille.
– Ne t’inquiète donc pas, annonce Coronamachin, les hommes auront découvert des forces nouvelles à travers les ravages de mon armée, des trésors à partager.
Théa regarde les bulles, le ciel, les arbres, les fleurs. Elle écoute les oiseaux qui gazouillent ; toute la vie est au rendez-vous, tout est neuf. C’est comme si elle venait de casser la coquille de l’œuf dans lequel elle était enfermée. Elle regarde dans sa bulle le petit monstre laid et trouve que sa couronne s’est ratatinée. La bulle s’éloigne emportée par le vent.
– Tu n’es plus dieu, car tu es moche et cruel, hurle Théa. Dieu est revenu parce qu’on est sorti de nos coquilles !
En criant ces mots, la petite fille réalise combien la vie est belle, fragile et précieuse, plus forte pourtant que les malheurs qui font pleurer les hommes et le ciel. Le vilain tyran s’éloigne toujours. Soudain, dans un rayon de soleil, sa bulle éclate sous le coup de bec d’un oiseau qui rit aux éclats et l’odieux petit monstre se volatilise sous les yeux ébahis de Théa. Eh oui, le printemps est revenu !
Tout s’est arrêté…
Enseignante et mère de famille de quatre enfants, engagée au sein du Conseil de Communauté de Martigny, Marie-Laure n’a pas une minute depuis que tout s’est arrêté… Paradoxe. Elle nous partage une tranche de vie depuis que ce fameux virus paralyse la vie sociale de toute la planète…