Les jeunes s’adaptent

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Nyon-Founex (VD), juillet-août 2020

Par Audrey Boussat | Photos: DR, Audrey Boussat

Le confinement ? Une occasion de fortifier ma foi et de la rendre plus vibrante. J’ai cheminé au ralenti sauf en ce qui concerne mon cursus académique. J’ai continué d’avancer avec une confiance immuable dans le Seigneur, sûre qu’il nous réserve le meilleur : nous ne saisissons pas entièrement ce qui se passe, mais lui il sait.

J’ai tout d’abord réfléchi à l’impact positif concret que je pourrais avoir. Vivre ma foi passe surtout par mon ouverture aux autres : échanges profonds et sincères avec des amis, services rendus à ceux qui en ont besoin, etc. Mon intention de rester en contact avec les autres n’a pas faibli avec le confinement, mais il m’a fallu faire preuve de créativité. Par exemple, je suis allée donner mon sang aux Hôpitaux universitaires de Genève : c’est un don que je fais aussi souvent que possible, un geste salvateur pour autrui. Pour rendre cette activité plus amusante, j’ai proposé à une amie que nous nous y rendions ensemble pour nous voir en chair et en os tout en accomplissant une bonne action. D’une pierre deux coups, comme on dit.

Sur un plan plus introspectif, je me rends régulièrement sur l’application ou le site internet « Prie en chemin » pour rester proche de la Parole de Dieu. Ce programme propose un enregistrement quotidien d’une petite quinzaine de minutes en lien avec la lecture du jour. Cet enregistrement  commence par un chant mélodieux qui favorise l’entrée dans la prière. Le texte biblique du jour est ensuite lu deux fois. Ces lectures sont entrecoupées par des questions pour stimuler notre compréhension du texte et par des moments de silence pour nous permettre de nous adresser directement au Seigneur. Même lorsque mes journées sont chargées, je trouve toujours dix minutes à consacrer à ma vie spirituelle.

De nouvelles habitudes
Depuis que j’ai quitté le domicile familial, en février, pour m’installer à Genève avec mon ami de longue date, nous avons pris l’habitude de prier sur notre balcon avec une bougie allumée tous les dimanches soir. C’est un magnifique moment de communion que nous partageons ensemble et avec Dieu en toute simplicité. Lors de ce rendez-vous hebdomadaire, je confie à notre Père la situation actuelle, mes proches, mes connaissances et toutes les personnes qui supportent mal cette période de confinement. Je prie aussi pour le respect de la création et l’avenir personnel et professionnel de ceux que j’aime. Il m’arrive de demander au Seigneur de me guider pour que je suive son exemple et devienne une meilleure version de moi-même chaque jour.

Depuis que les sorties sont déconseillées, nous essayons d’identifier tous les soirs trois joies que nous avons vécues dans le courant de la journée. Cela nous aide à prendre conscience des grâces que le Seigneur sème constamment sur notre chemin, et surtout à l’en remercier. D’une météo ensoleillée à une nouvelle opportunité professionnelle, les raisons d’être reconnaissants sont nombreuses même en cette période où le temps semble s’être arrêté. A nous d’y être attentifs et de remarquer que Dieu est partout, y compris dans le logement que nous ne quittons presque plus depuis plusieurs semaines.

Pâques chez moi
Pour le triduum pascal, j’avais prévu de me rendre à la montée vers Pâques organisée par le groupe de jeunes d’Orbe (que nous avions annoncée dans le bulletin de mars-avril). Le confinement a changé la donne, et l’équipe de préparation a réagi avec rapidité et brio, remplaçant le camp de quatre jours par une montée vers Pâques en ligne de deux semaines du dimanche des Rameaux au dimanche après Pâques !
Au programme chaque jour : plusieurs défis, vidéos YouTube et visioconférences en direct. J’ai sélectionné les thématiques qui m’intéressaient pour en apprendre davantage sur des sujets aussi différents que les addictions, les fiançailles et l’écologie.

J’ai eu beaucoup de plaisir à mémoriser les quatorze stations du chemin de croix, un défi lancé par les jeunes du séminaire diocésain de Lausanne, Genève et Fribourg le Vendredi-Saint. En élève studieuse, j’avais confectionné des cartes avec les différentes stations d’un côté et le numéro correspondant de l’autre. Après les avoir utilisées jusqu’à les connaître par cœur, j’ai demandé aux membres de ma famille de les remettre dans l’ordre pour tester leurs connaissances. Même le chien a participé, saisissant les cartes dans sa gueule – j’ai dû lui courir après pour qu’il me les rende. Après quelques négociations, il me les a toutes rendues sauf une qu’il a préféré avaler. Quel animal espiègle !

Des jeunes actifs
Compte tenu de l’amitié qui nous lie, nous membres du groupe de jeunes de La Côte, nous avons rapidement décidé de continuer à partager du temps ensemble. Nous avons organisé plusieurs visioconférences : ou nos rencontres virtuelles avaient un but spirituel, et nous nous regroupions autour d’une thématique ; ou nous organisions des appels récréatifs pour prendre des nouvelles les uns des autres et rire ensemble.

La première rencontre, consacrée au Notre Père, a été animée par le Père Jean-Marie Cettou. Nous avons analysé ce texte de près et l’avons prié, puis nous avons vécu un temps d’adoration devant un ostensoir. Même à distance, cette expérience m’a procuré une profonde sérénité et apporté la dose de confiance dont j’avais besoin pour continuer à avancer. Enrichis par ce moment, nous avons poursuivi notre réunion par quelques heures de discussion plus informelle sur notre perception de la situation, nos joies et nos activités. Joël, un membre du groupe qui anime la messe des jeunes et qui est aussi électricien, pompier, scout et toujours prêt à aider son prochain, nous a tous impressionnés: tout en participant activement à nos conversations il organisait, dans le cadre des scouts, des livraisons pour des personnes vulnérables.

Notre seconde rencontre par ordinateurs et autres téléphones interposés avait pour thèmes l’anthropocentrisme et l’écologie. Après une lectio divina sur la parabole des vignerons homicides (Mt 21, 33-46), Xavier Gravend-Tirole, aumônier à l’EPFL et à l’Ecole professionnelle commerciale de Lausanne, nous a entraînés dans des réflexions captivantes et terrifiantes, statistiques et preuves à l’appui, sur l’avenir de la planète Terre. Il a complété ce discours factuel par des réflexions spirituelles sur la place de l’être humain dans son environnement. Il a notamment cité le botaniste et explorateur français Francis Hallé : « Lorsqu’un chef-d’œuvre de l’homme est détruit, cela s’appelle du vandalisme ; pourquoi, quand la nature est détruite, cela s’appelle-t-il si souvent le progrès ? ».

Sa conclusion? Il nous appartient à tous de nous interroger sur ce qui compte pour nous et d’essayer de « vivre avec moins de biens et plus de liens ». Un slogan d’autant plus actuel que nous prenons tous conscience que ce qui nous manque le plus, en cette période de pandémie, ce sont les relations sociales.

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