«La prière du tapis», ou l’humour du Seigneur pour élargir mon coeur!

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Clins Dieu sur les Contrées (VS), juillet-août 2020

Par Marie-Blanche Cordonier | Photo: DR

Marie-Blanche Cordonier, Montana-Village

Ce numéro de L’Essentiel a pour thème central « L’humour, chemin vers Dieu ».

Il y a deux ans environ, je croisais sur mon chemin, le président du Conseil de gestion de notre paroisse. Tout souriant, il me demande : « Es-tu passée à l’église aujourd’hui ? » « Oui, ce matin, pour relever les lumignons. » « Alors, tu n’as pas encore vu le nouveau tapis d’entrée. Il est beau, brun foncé, très chic. »

Curieuse, je n’ai eu de cesse d’aller admirer la merveille. Horreur ! Une personne aux chaussures boueuses avait dû passer par là. Plus très chic le tapis ! Je m’empresse de le nettoyer et c’est ainsi que depuis ce jour, chaque matin, l’aspirateur est en action.

Je dois bien l’avouer, les premiers temps, j’ai régulièrement maugréé quant au choix de la couleur. Et puis, un jour, l’idée m’est venue de faire de cette corvée un temps de prière pour les personnes qui me sont confiées sans que je les connaisse particulièrement, pour celles dont j’apprends la maladie, les souffrances, les soucis. Quand une personne me demande de prier pour elle, je lui parle de « la prière du tapis » gage de ma prière fidèle.

Ces traces que je découvre en arrivant, le matin, sont aussi le signe des visites faites au Seigneur dans sa maison et j’en viens même à regretter lorsque le tapis est tout propre ! On peut dire que Dieu n’a vraiment pas manqué d’humour pour élargir mon coeur aux autres, car je suis loin d’être une « fan » d’aspirateur !

Alors je vous invite à profiter des beaux jours qui viennent, pluvieux ou ensoleillés, pour rencontrer le Seigneur dans sa maison, peu importe si vous laisserez des traces sur le tapis.

Humour: chemin vers Dieu

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Sainte-Claire (FR), juillet-août-septembre 2020

Par l’Abbé Robert Niêm | Photo: Chantal Sciboz

On lit souvent sur internet et dans les journaux de petits articles sur l’humour religieux : Sœur Sourire Dominique – Abbé Sourire Pierre – Bière de l’évêque Morerod – Plaisanterie du pape François… Pourquoi ? Parce que la joie et le sourire qui en découlent, sont les véritables signes qui permettent de reconnaître un chrétien heureux. Car, « vec une tête d’enterrement, vous ne pouvez pas annoncer Jésus . La provocation du pape François n’est pas une plaisanterie lancée au hasard, et l’idée que les chrétiens ne doivent pas avoir l’air triste n’est pas nouvelle : « Il faudrait qu’ils me chantent de meilleurs chants, pour que j’apprenne à croire en leur Sauveur », disait Nietzsche !

L’humour joue un rôle important dans notre vie quotidienne : « Un sourire coûte moins cher que l’électricité, mais donne autant de lumière », dit l’abbé Pierre ! « Un sourire, c’est du repos pour l’être fatigué et de la consolation pour le cœur endeuillé », dit Raoul Follereau ! « Ne soyez jamais tristes, un chrétien ne peut l’être », dit le pape François. L’humour est aussi nécessaire dans une homélie ; il aide à l’attention des fidèles. Faire sourire fait souvent du bien dans la foi des pratiquants : « Il n’y a qu’à regarder les plus petits auxquels il nous faut ressembler pour entrer dans le Royaume. » Leur rire et leur joie sont communicatifs. La joie chrétienne passe donc nécessairement par l’humour, chemin vers Dieu !

L’humour est un remède simple et gratuit à bien des maux ! C’est pourquoi, si vous rencontrez une personne qui ne vous donne pas le sourire que vous méritez, soyez généreux, offrez-lui le vôtre pour le Royaume de Dieu ! A vous tous, bel été plein de joie et de rires, en vous et autour de vous !

L’humour de la Bible

Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR« Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion, nous étions comme en rêve. Notre bouche était pleine de rires et nos lèvres de chansons ! » (Psaume 126 (125), 1-2) Les Psaumes éclatent d’une allégresse communicative, telle celle des exilés de retour à Jérusalem, leur terre bien-aimée, après leur exil à Babylone.

Etymologie
C’est beau de penser qu’« humilité », « humain » et « humour » ont la même étymologie ! Les trois termes viennent du mot latin humus, le sol. Etre humain, c’est garder les pieds sur terre et cultiver le sens de l’humour. C’est vital.

D’autant plus que Jésus, même si les évangiles ne nous le montrent jamais rire aux éclats, manie l’ironie avec dextérité et tendresse. Il répond sans cesse à côté des questions-traquenards que lui posent ses adversaires, comploteurs et manipulateurs. Lorsque les grands prêtres et les anciens du peuple cherchent à l’accuser, après qu’il a chassé les vendeurs du Temple, en lui demandant : « Par quelle autorité fais-tu cela ? », il leur réplique par une autre question qui les met dans l’embarras : « Le baptême de Jean, était-il du ciel ou des hommes ? » Les accusateurs sont pris à leur propre piège, puisque, quelle que soit leur réponse, ils seront ennuyés (Matthieu 21, 23-27). 

Tel est pris…
Puis, lorsque les pharisiens et les partisans d’Hérode veulent « coincer » le Christ au sujet de l’impôt dû à César, il les renvoie à leurs propres contradictions. Il les presse de lui montrer une pièce à l’effigie de l’empereur, ce qu’ils s’empressent de faire. Or, détenir sur soi une telle monnaie de l’occupant romain détesté et de son chef qui se prenait pour un dieu constituait un délit d’impureté et une grave compromission avec l’envahisseur. « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » « Nanana », entendons-nous derrière le sourire ironique de Jésus, « tel est pris qui croyait prendre » ! D’ailleurs, précise le texte, « A ces mots, ils furent tout surpris et, le laissant, ils s’en allèrent. » (Matthieu 22, 15-22)

Peut-être est-ce de là que vient la tradition de l’humour des « Compagnons de Jésus » : « Mon père, est-ce vrai que les jésuites répondent toujours à une question par une question ? – Qui vous a dit cela ? »

Humour-humeur

Par Thierry Schelling
Photo: CiricFrançois a le sens de la formule, même « pinçante » parfois. Il est bon de le lire et de l’écouter aussi à ce niveau moins solennel de son magistère. Car si l’on y perçoit évidemment la sagacité de sa formation jésuite, il y a également ce côté presque primesautier du prédicateur qui sait faire le contrepoids aux déclarations graves lorsqu’il admoneste et dénonce tour à tour l’hypocrisie humaine, la cupidité du monde, la culture du déchet, etc.

Les bons mots au bon moment !
Alors, dégustation, car la courte sélection ci-après se passe de commentaire : « L’Eglise ne peut pas être une baby-sitter qui prend soin d’un enfant pour qu’il s’endorme (…) Je préfère mille fois une Eglise accidentée (…) qui a le courage de sortir (…) et non une Eglise malade (…) toujours fermée [sur elle-même] (…). Quand une communauté est fermée, elle [ne donne pas la vie], (…), elle est stérile. »

Pour les agents pastoraux, notamment les prêtres : « Le Seigneur veut que nous soyons des pasteurs, pas des brosseurs de brebis ! » On se rappelle aussi le conseil de « sentir l’odeur des brebis »…

Pour les chrétiens en général, il rappelle : « Ne soyez pas (…) mélancoliques, (avec) davantage le visage de piments au vinaigre ! (…) des chrétiens amidonnés qui parlent de théologie en prenant tranquillement leur thé… (…) » Il met aussi en garde contre les « chrétiens de pâtisseries, (…) de beaux gâteaux, (…) de belles confiseries » s’ils voulaient faire un « christianisme plus humain, sans croix, sans Jésus, sans dépouillement »…

La mosaïque de l’Assomption

De Mario Rupnik à Bernex (GE)

Par Amandine Beffa
Photo: Jean-Claude GadmerFêter l’Assomption, c’est avant tout fêter la résurrection. En effet, selon une belle tradition populaire orthodoxe, la fête de la Pentecôte est comme la « Pâque de l’été ». 

En contemplant cette mosaïque, à l’église Saint-Maurice à Bernex, nos regards sont attirés par le Christ, personnage central de l’œuvre. Comme l’explique Georges Lemopoulos, nous sommes face à un thème inverse : « D’habitude, nous avons l’icône de la Mère de Dieu tenant tendrement dans ses bras son enfant, l’Homme-Dieu. Celui qui « a pris chair pour nous et pour notre salut ». » Ici, le Christ présente sa Mère au monde. Le poupon entre ses mains représente l’âme de Marie. Elle est la première à avoir bénéficié de la résurrection. Elle nous précède même dans la résurrection pour nous montrer la voie jusqu’au bout.

Le personnage imberbe est saint Jean (il est traditionnellement représenté sans barbe parce que considéré plus jeune que les autres). Il est celui à qui Jésus avait confié sa mère (Jean 19, 27). D’une certaine manière, il nous représente, nous tous enfants à qui Dieu a choisi de donner une mère. Sur la mosaïque, il nous indique le Christ, à la fois pour nous rappeler vers quelle direction doit être dirigée notre foi et pour nous montrer l’âme de Marie que le Christ est venu chercher. Certes, la vie terrestre de Marie est terminée, mais ce n’est pas une fin définitive.

Guide dans la confiance
A l’Annonciation, Marie nous invitait à oser le oui qui donne la vie. A l’Assomption, elle nous guide dans la confiance qui va jusqu’au bout. Oui, nous ne comprenons pas tout à la résurrection – bien orgueilleux qui affirmerait le contraire – mais nous pouvons faire confiance au Seigneur. Car, comme le dit Job : « Je sais que mon rédempteur est vivant, et qu’il se lèvera le dernier sur la terre. Quand ma peau sera détruite, il se lèvera ; Quand je n’aurai plus de chair, je verrai Dieu. » (Job 19, 25-27)

Source: https://chemindejoie.ch/dormition/

Saint Thomas More, martyr

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Vallée d’Illiez (VS), juillet-août 2020

Par Denyse Gex-Collet | Photo: DR

Homme de loi, homme de lettres, homme d’Etat, mais avant tout homme de Dieu

En lien avec le thème du mois: «L’humour»

On me reproche de mêler boutades, facéties et joyeux propos aux sujets les plus graves. Avec Horace, j’estime qu’on peut dire la vérité en riant. Sans doute aussi convient-il mieux au laïc que je suis de transmettre sa pensée sur un mode allègre et enjoué, plutôt que sur le mode sérieux et solennel, à la façon des prédicateurs.(Saint Thomas More – L’utopie)Fils de l’homme de loi John More et petit-fils de boulanger, Thomas More naît le 7 février 1478 à Londres. Son père, nourrissant de grandes ambitions pour lui, veille à ce qu’il reçoive une instruction irréprochable. Grâce à ses connaissances, il devient page du cardinal Morton, archevêque de Cantorbéry. Puis il part pour l’Université d’Oxford afin de compléter ses études. 

Quelle voie choisir ?
Il est très attiré par la prêtrise mais son père décidant d’en faire un avocat, il entreprend des études de droit durant lesquelles il a comme maîtres John Colet et Erasme avec lequel il se lie d’une profonde amitié. Grâce à cet ami, il participe pleinement au renouveau de la pensée qui caractérise cette époque, ainsi qu’à l’humanisme dont il est le plus illustre représentant anglais. 

Thomas More mène alors l’existence intéressante d’un honnête homme aux multiples talents. Il enseigne le droit et a à cœur de défendre les habitants de Londres qui le nomment juge. Se battant sur plusieurs fronts avec toujours un fort idéal éthique, il défend la justice plus que les juristes, prône les arrangements à l’amiable et prend la plume pour convaincre l’humanité de s’améliorer. Il est également historien, poète et théologien.

A la bifurcation des chemins
Ayant envisagé d’entrer dans les ordres, il reste plusieurs années durant à la Chartreuse de Londres. Constatant que le célibat n’est pas pour lui, il se marie avec Jane Colt dont il a trois filles et un fils, puis devenu veuf il prend pour épouse Alice Middleton, veuve et mère de deux enfants. 

Nommé « ambassadeur extraordinaire », puis « chancelier du roi » par Henri VIII, Thomas More devient membre du Parlement. Il refuse alors une pension du roi pour rester libre de ses opinions. Il démissionne de sa charge en refusant de prêter serment à Henri VIII, lorsque le roi rompt ses relations avec Rome et se proclame chef de l’Eglise d’Angleterre afin de pouvoir divorcer et épouser Anne Boleyn.

La voix de la conscience
Il a réfléchi et prié avant de prendre sa décision. « A présent, constate-t-il, ma conscience est si claire que j’en tressaille de joie… Je ne fais rien de mal. Je ne dis rien de mal. Je ne pense rien de mal. Et si cela ne suffit pas pour qu’un homme ait le droit de vivre, ma foi, je ne tiens pas à vivre. » Car jamais Thomas More n’a renié sa liberté de conscience, et devant la persistance de son attitude, il est emprisonné  à la Tour de Londres. Henri VIII le condamne à mort comme « traître » pour n’avoir pas reconnu la suprématie du roi sur l’Eglise d’Angleterre.

Homme de lettres
Dans toute son œuvre littéraire, on apprécie la simplicité, la profondeur de la spiritualité, la connaissance des Ecritures et bien sûr une dose d’humour. Durant son emprisonnement, il rédige le magnifique ouvrage « La tristesse du Christ ». Méditant et contemplant la Passion de Jésus, il offre un témoignage sur les démarches entreprises durant sa vie  inspirées des Ecritures et sur les derniers instants de sa vie. Cet ouvrage inachevé restera le testament spirituel d’un des plus grands humanistes chrétiens confronté à sa conscience, à son obéissance et à sa foi.

Son humour
Thomas More, doté d’un esprit délicat, utilise l’ironie avec brio. Quelques-unes de ses réparties nous sont parvenues par le biais de ses écrits ou de ceux que nous ont transmis ses contemporains. 

• Durant son emprisonnement à la tour de Londres, dans l’attente de son jugement, Thomas More s’adressa un jour en ces termes au Lieutenant de la Tour:

« Maître Lieutenant, en toute sincérité, je crois que vous êtes pour moi un excellent ami, et que vous me traiteriez du mieux que vous pourriez comme vous le dites ; je vous en remercie de tout cœur. Mais soyez assuré, Maître Lieutenant, que ma nourriture ne me déplaît point, et que si pareille chose devait m’arriver un jour, je vous autorise à me jeter dehors sur le champ ! »

• Un jour que le gouverneur de la Tour s’excuse avec politesse sur la frugalité de son ordinaire, il lui répond : « Si quelqu’un d’entre eux n’est pas content du régime, qu’il aille chercher un gîte ailleurs ! »

• Il est condamné à être pendu, éviscéré et écartelé mais le roi commue cette sentence en décapitation, par « faveur », ce qui aurait, dit-on, inspiré à Thomas More cette boutade : « Dieu préserve mes amis de la même faveur. » 

• Dans la lettre d’adieu à sa fille Margareth, il écrit : « … Mais ce sera bientôt fini. Je trouverai dur s’il me fallait attendre à plus tard que demain, car c’est la vigile de saint Thomas et l’octave de saint Pierre. Voilà pourquoi je brûle d’aller à Dieu demain… » 

• Avant de monter sur l’échafaud, il dit à son bourreau : « Merci de m’aider à monter. Pour la descente, je me débrouillerai tout seul. » 

En ces ultimes instants, il conserve son humour et conseille au bourreau de bien viser car « il a le cou un peu court ». La tête sur le billot, il trouve encore l’esprit d’épargner la barbe qui lui était poussée pendant sa captivité : « Celle-ci n’est pas à couper ; elle n’a pas commis de trahison. » 

Pour le peuple de Londres venu assister à sa décapitation, il prononce ces paroles qui résonnent comme un testament et un acte de foi : « Je meurs, bon serviteur du roi, et de Dieu premièrement. »

Béatifié par Léon XIII en 1886, canonisé par Pie XI en 1935, Thomas More est fêté le 22 juin. En 2000, Jean-Paul II le proclame patron céleste des responsables de gouvernement et des hommes politiques, en raison notamment de sa « cohérence morale ».

Prière de saint Thomas More, dans sa cellule de condamné à mort

Dieu tout-puissant, écarte de moi
toute préoccupation de vanité,
tout désir d’être loué,
tout sentiment d’envie,
de gourmandise,
de paresse et de luxure,
tout mouvement de colère,
tout appétit de vengeance,
tout penchant à souhaiter du mal à autrui
ou à m’en réjouir,
tout plaisir à provoquer la colère,
toute satisfaction que je pourrais éprouver
à admonester qui que ce soit
dans son affliction et son malheur,
Rends-moi, Seigneur, bon, humble et effacé,
calme et paisible, charitable et bienveillant,
tendre et compatissant.
Qu’il y ait dans toutes mes actions,
dans toutes mes paroles
et dans toutes mes pensées,
un goût de ton Esprit saint et béni.

L’humour, chemin vers Dieu

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Vallée d’Illiez (VS), juillet-août 2020

Par l’abbé Gérald Voide | Photo: DR

Quel beau thème ! Surprenant, mais aussi très vrai. Si l’humour peut être grinçant, caustique, blessant, voire noir, il peut aussi être léger, candide, jovial. « Humour » rime avec « amour ». Il y a parfois de l’humour très tendre, profond d’humanité et même de spiritualité : pensons, par exemple, à de nombreuses scènes de Fernandel dans Don Camillo. Elles vous touchent droit au cœur. 

L’humour peut attirer l’attention des fidèles dans la prédication. Il peut aussi susciter la réflexion. Petite illustration à travers le dessin ci-dessous qui a couru sur les réseaux sociaux durant la pandémie. 

La Bible
La Bible, pourtant, ne parle guère d’humour. Elle évoque le rire. Il y a le rire célèbre de Sara, l’épouse d’Abraham, lorsque les trois mystérieux visiteurs divins annonceront qu’elle va avoir un fils, elle qui était très avancée en âge et qui « avait cessé d’avoir ce qui arrive aux femmes », comme le dit pudiquement le livre de la Genèse au chapitre 18. 

Mais l’Ecriture Sainte vise surtout la joie. Jésus, dans le long discours d’adieu lors de son dernier repas avec ses disciples, leur dira : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. » (Jean 15, 11) Cette joie donnée par le Christ est très profonde, et nul ne pourra nous la ravir : « … maintenant (que je vais m’en aller, que je vais mourir), vous êtes dans la peine, mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ; et votre joie, personne ne vous l’enlèvera. » (Jean 16, 22) Pas surprenant que saint Paul puisse dire : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie. Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche » (Philippiens 3, 4-5). « Soyez toujours dans la joie », toujours, même dans les épreuves et les difficultés, parce que nous croyons à la proximité et à la présence aimante du Seigneur en toute circonstance.

Le pape François et l’humour
Dans son livre-entretien Dieu est jeune, le pape François nous dit que « si l’on n’a pas le sens de l’humour, il est très difficile d’être heureux ». Et le Pape de confier qu’il récite quotidiennement, depuis presque 40 ans, la « Prière de la bonne humeur » de saint Thomas More, un britannique mort en martyr en 1535 : Donne-moi une bonne digestion, Seigneur, et aussi quelque chose à digérer.

Donne-moi la santé du corps, avec la bonne humeur pour la garder au mieux.

Donne-moi une âme sainte, Seigneur, qui ait les yeux sur la beauté et la pureté, afin qu’elle ne s’épouvante pas en voyant le péché, mais qu’elle trouve dans Ta présence la voie pour redresser la situation.

Donne-moi une âme qui ignore l’ennui, le gémissement et le soupir, et ne permets pas que je me fasse trop de souci pour cette chose encombrante que j’appelle « moi ». 

Seigneur, donne-moi l’humour. Concède-moi la grâce de comprendre la plaisanterie, pour que je tire quelque bonheur de cette vie et que j’en fasse profiter les autres. Amen. 

Puissante tendresse

Les familles chrétiennes sont appelées à s’aimer avec tendresse, elle est le reflet de l’amour du Père.

Par Bénédicte Jollès
Photo: flickr« Vivez-vous avec un avare affectif ? » Articles et tests sur internet abordent la question de la tendresse dans le couple, aussi délicate à recevoir pour les femmes que pour les hommes. Chacun peut souffrir d’échanges inexistants ou de relations décevantes. Le couple a pourtant un besoin vital de tendresse, faute de quoi la vie commune devient pesante et toute la famille en pâtit. 

Tous ont besoin d’attentions, de regards, de gestes ou de signes qui disent « je t’aime », « je te pardonne »… Ils donnent joie et confiance pour avancer. « Ma mère manquait de tendresse, j’en souffre encore à l’âge adulte », reconnaît Claire, consciente qu’elle cherche de l’affection de façon maladroite. 

Chacun a sa manière unique d’exprimer son amour : celle des enfants n’est pas celle des grands-parents, celle de la mère n’est pas celle du père. Mais toutes sont réconfortantes. La tendresse ne se décrète pas, elle jaillit du plus profond d’un cœur qui se laisse toucher. Contagieuse, créative, transformante, elle permet de passer de la méfiance à la confiance, de la rigidité à la douceur. Pour sonner juste, nos marques d’affection nécessitent écoute et respect en même temps que maîtrise de soi. Aux antipodes de la mièvrerie, de la fusion ou de la nonchalance, la tendresse amène à trouver la juste distance.

Théologie de la tendresse
« Revêtez votre cœur de tendresse, d’humilité et de bonté », dit saint Paul (Colossiens 3, 12-17). Voilà le secret de la paix et de la foi dans nos familles. Impossible de transmettre la foi sans exprimer son affection. « Je dois ma foi à ma marraine, elle était pratiquante, drôle et affectueuse, j’avais envie de l’imiter », reconnaît Aurore. Avons-nous réalisé que la Bible répète que « Dieu est tendresse et pitié ? » (psaume 102) « Nous sommes appelés à découvrir cette fidélité aimante de Dieu, y compris au cœur de l’épreuve, ensuite nous pourrons être ses mains, son oreille, son cœur… C’est pourquoi, depuis le début de son pontificat, le pape François ne cesse de développer une « théologie de la tendresse ».

Humour biblique…

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Sainte Marguerite Bays (FR), juillet-août 2020

Par Marius Stulz | Photo: dr

La Bible a-t-elle de l’humour, y a-t-il de l’humour dans la Bible ? Qu’en pensez-vous ?

Pour moi, l’humour n’existe pas en soi, il surgit de la rencontre entre un événement, une situation, un texte, une parole et la culture d’un groupe ou d’une personne qui en fait une lecture dans une attitude de détachement. De fait, l’humour est moins accessible, par exemple, à une personne qui s’attache à un comportement de type légaliste. Oui, l’humour est une perception railleuse qui s’attache à souligner le caractère comique, surréaliste, tendre, ridicule, absurde, paradoxal ou insolite de certains aspects de la réalité.

Dans le cadre de mes études, je ne me souviens pas avoir profité d’un cours sur l’humour dans la Bible. C’est dommage, car l’humour, comme la poésie, est souvent une belle porte ouverte sur l’au-delà de soi. Elle permet souvent de plonger de tout son être dans la méditation d’un texte inspiré. Quelques exemples qui m’ont interpellé :

Language poétique

Dans le premier récit de la création (Gn 1, 1-5), lire le langage poétique avec un esprit critique m’a fait découvrir qu’au début il n’y avait rien et que ce rien était appelé ténèbres. Puis, Dieu sépare le rien d’un côté et la lumière de l’autre ; et tout d’un coup ce rien, devient quelque chose, ce n’est pas rien tout ça. Cette opposition entre ténèbres et lumière, entre rien et quelque chose, est une forme d’humour qui a nourri ma méditation. En effet, le rien au-dessus duquel planait le souffle de Dieu c’est quelque chose, qui était absence de Dieu ou ténèbres. Ces ténèbres, espace de mon être laissé en jachère de Dieu, font partie de ma vie quotidienne, au-dessus desquelles plane et agit aujourd’hui le logos, la force de création de Dieu.

Et que dire de Moïse devant le buisson ardent, en plein débat avec Dieu. Moïse s’oppose à Dieu, sous prétexte qu’il ne savait pas parler ; c’est vraiment un peu cocasse et surréaliste (surréaliste, c’est normal Dieu est le tout Autre). Voilà un bonhomme qui n’a pas peur de s’opposer à Dieu, de le reprendre pour lui dire qu’il se trompe de le choisir lui, Moïse, mais qui est effrayé à l’idée d’aller tailler une bavette avec son frère qu’il connaît depuis tout petit, depuis son adoption par la famille de pharaon. Parler et débattre avec un buisson en flamme ou à son frère, c’est quoi le plus insolite, voire effrayant ? Cette scène particulière m’a permis de méditer sur quelle image Moïse a de son frère et de son Dieu ; mais aussi, quelle image je me fais de Dieu et de mon frère. Cela me paraît être une bonne question à se poser pour grandir…

Comique et cynique

Et Jonas, n’est-il pas comique et cynique ce prophète qui prend le chemin opposé de Ninive où Dieu l’envoie pour qu’il demande le repentir de la ville. Et pourquoi Jonas refuse-t-il d’obéir à Dieu ? Il en a marre de la bonté de Dieu qui pardonne toujours aux gens qui font l’inverse de ses commandements. N’est-il pas comique ce prophète frustré de devoir trimer pour suivre les commandements, alors que les autres vivent n’importe comment, font ce qu’ils veulent et peuvent se repentir en faisant un jeûne de trois jours pour être pardonnés et on n’en parle plus ; non mais des fois, c’est quoi ces commandements que l’on peut ne pas suivre, ce n’est pas sérieux… Du coup cette histoire m’interroge, pour Jonas ou pour moi, ces commandements sont-ils un cadeau ou un poison, une chance d’épanouissement ou une limite, un carcan ?

Fournisseurs de vin

Jésus lui-même me fait sourire… A Cana (Jn 2, 1-12), Marie lui demande de l’aide, car la noce manque de vin et il lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » Et que fait-il juste après il dit : « Remplissez d’eau les jarres. » et « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Jésus se contredit en devenant, par un agir surnaturel, l’un des plus gros fournisseurs d’excellent vin (plus de 500 litres, excusez-moi du peu). Pour quelqu’un qui ne va pas agir, c’est un record… surtout que ce signe devient pour nous le premier de son engagement missionnaire public. Cette situation à mes yeux un peu cocasse m’a interpellé ; pourquoi ce changement d’attitude, une faiblesse, une incertitude ? Ou alors les signes (miracles) ne manifestent pas en soi la Révélation (son heure) qu’il est venue apporter au genre humain ? Dès lors, il faudrait s’interroger quelle est-elle son heure, comment se manifeste-t-elle ?

Surtout, il récidive, lorsque devant une foule affamée, il ordonne aux apôtres « donnez-leur vous-mêmes à manger » (Mt 14, 16b), pour juste après, nourrir lui-même les cinq mille personnes à partir de cinq pains et deux poissons. C’est quoi cette affirmation, allez-y faites-le, vous êtes capables de nourrir vous-mêmes tous ces gens et, juste après, c’est lui qui agit et qui fait l’essentiel du travail… Je me suis interrogé, c’est quoi ces encouragements à l’action ? Des paroles en l’air, juste pour la forme ? Ou alors, manifestent-elles vraiment la capacité d’action, des apôtres ou de moi-même ? Cette capacité n’aurait rien à voir avec un pouvoir personnel et solitaire, mais serait plutôt le résultat d’une action collective. Les apôtres, vous, moi, nous serions capables de déplacer les montagnes pour autant que nous vivions cette action en tandem avec quelqu’un, avec lui… Ce n’est pas moi qui prie, c’est lui qui prie en moi ; ce n’est pas moi qui agis, c’est lui qui agit par et avec moi… Cela ouvre des perspectives, ne trouvez-vous pas ?

Humour et Révélation

Je trouve que Jésus a aussi beaucoup d’humour dans le sérieux de son annonce de la Bonne Nouvelle à la samaritaine. En lui demandant « Donne-moi à boire », Jésus transgresse trois tabous juifs, trois règles ecclésiales de l’époque : l’interdit de parler à une femme en public, l’interdit de parler à une samaritaine, l’interdit de pactiser avec les samaritains qui sont considérés comme des hérétiques de la foi juive. L’ironie est que cette parole « donne-moi à boire » est un acte subversif, qui s’ouvre sur une rencontre, un échange et des jeux de mots équivoques. La samaritaine souligne ce qui les sépare, Jésus utilise ce qui les unit. L’une parle de l’eau qui désaltère le corps et l’autre lui répond par de l’eau vive qui fait jaillir la vie éternelle. L’une lui demande de ne plus avoir soif et l’autre lui demande d’aller chercher son mari. Par cette question, Jésus reconnaît la souffrance et la situation d’exclusion que vit cette femme qui n’a plus de considération pour elle-même puisqu’elle vient à midi puiser de l’eau, le soleil tape si fort que personne ne viendra en même temps qu’elle. Elle n’ose pas reconnaître sa propre souffrance d’être une paria, puisqu’elle répond « Je n’ai pas de mari ». Paradoxalement, au moment où Jésus souligne qu’elle en a eu cinq de maris et qu’il souligne sa situation actuelle transgressive qui est hors mariage, elle se sent vivre et accueillie. Et un nouveau glissement s’opère dans la discussion, elle se sent accueillie par ce prophète et l’interroge du comment voir une relation à Dieu, sur la montagne ou au temple de Jérusalem ; et la réponse opère un nouveau déplacement : en Esprit et en vérité (l’eau vive). Puis elle questionne sur la venue du Messie et lui, répond, « Je le suis ».

Dès lors, la solitaire, la paria, laisse sa cruche, l’objet de son attention première, et retourne vers ces gens dont elle se sentait rejetée pour annoncer le Messie. Les samaritains accourent vers Jésus, l’invite et après deux jours beaucoup posent un acte de foi incroyable « nous savons que c’est vraiment lui, le sauveur du monde ».

L’humour de Jésus permet à la samaritaine de prendre une certaine distance de la réalité dans laquelle elle est enfermée, et devient le lieu de sa croissance et de la révélation.

Mais la Révélation elle-même, je la considère comme étant le sommet de l’humour de Dieu. En effet, pour révéler sa divinité, Dieu choisit un homme, Jésus, pour se dévoiler, se laisser découvrir et ouvrir le chemin du salut, cette route qui conduit à lui.

Dès lors, je nous souhaite de toujours pouvoir davantage accueillir l’humour de Dieu dans nos vies, pour qu’il nous guide et ouvre notre cœur à sa réalité. Je vous souhaite de bonnes vacances, un bon repos et un bel épanouissement par l’humour divin.

Grégory Roth

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), juillet-août 2020

Propos recueillis par Véronique Benz | Photos : SCJP, capture d’écran RTS

« Comme pour beaucoup certainement, cette expérience de confinement m’a permis d’être attentif à tous ces signes et gestes de solidarité, d’entraide et de proximité. Lorsque tout tourne au ralenti, on perçoit peut-être davantage ce qui est essentiel dans notre vie, pour nos proches et pour la société. Je souhaite de tout cœur que l’on puisse, lorsque ce temps de crise sera terminé, se rappeler de ces signes et gestes, et de faire notre possible pour qu’ils perdurent. »
Rencontre avec Grégory Roth, journaliste à Cath-Info.
Vous travaillez pour Cath-Info et les émissions religieuses, où vous vous occupez notamment des messes radiodiffusées. Dites-nous en quoi cela consiste ?
La fonction de « producteur » consiste principalement à établir la planification des 56 offices catholiques (dont 2 célébrations œcuméniques et une célébration de la Passion) qu’Espace 2 diffuse par an. En d’autres termes, je dois m’assurer qu’elles aient lieu et qu’elles représentent équitablement l’ensemble de la Suisse romande, sans oublier les périphéries. 

À titre d’exemple, nous avons été ces derniers mois à plusieurs reprises à Cologny (GE) et deux fois à Alle (JU), soit deux extrémités de notre pays. Je veille aussi à ce que les messes soient liturgiquement exemplaires, qu’elles reflètent la réalité du terrain, avec les gens du terrain – ces messes ne sont pas un spectacle –, tout en assurant une certaine qualité esthétique que les auditeurs attendent d’une chaîne musicale de service public.

Durant ce temps de crise sanitaire où les messes ont été supprimées, la plupart des catholiques de Suisse romande ont suivi les messes grâce à la radio et à la télévision. Comment avez-vous fait face à la situation ?
Il a fallu tout organiser à distance, principalement depuis chez moi, dans un cadre que les jeunes familles avec enfants en bas âge peuvent aisément imaginer… [rires]. Chaque semaine, nous faisions face à de nouvelles directives à respecter. Chaque dimanche, une nouvelle messe était à inventer de toutes pièces : avec le minimum de personnes nécessaire, en dessous de l’âge de la retraite, etc. Il a fallu aussi garantir la sécurité sanitaire des personnes impliquées, tant du côté des paroisses que de la RTS. Heureusement, aucun cas de contamination n’a été signalé jusqu’ici.

Plusieurs messes prévues pour la radio ont également été télévisées sur RTS Deux. La mise en place de ces messes a-t-elle été difficile ?
Les attentes et les contraintes liées à la captation d’images complexifient la préparation des messes à tous les niveaux, y compris entre les gens de la TV et la radio qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble. Mais la collaboration a été très fructueuse pour tous, car chacun y a mis du sien. Tout le monde s’est senti investi d’une mission commune, au service des personnes empêchées de se réunir à l’église. Nous avons aussi reçu beaucoup de messages très touchants : d’encouragements, de félicitations, ou tout simplement de personnes qui nous demandaient d’en saluer d’autres qu’elles avaient reconnues à l’écran et dont elles avaient probablement perdu le contact… Bref, beaucoup de solidarité dans cette épreuve commune.

Vous êtes également directeur de chœur dans l’UP Saint-Joseph, comment avez-vous vécu le fait de participer à des messes « minimalistes » ?
Cela m’a permis de me rendre compte personnellement de ce que je faisais vivre aux paroisses qui nous accueillaient pour les messes radio et TV : chanter, tenir sa voix dans le trio, lire les lectures, réciter les répons de l’assemblée et, pendant l’homélie, garder un contact visuel permanent avec le prêtre, qui ne sait pas qui regarder, puisque l’église est vide… C’est ce dernier point qui demande le plus de concentration [rires].

Plus sérieusement, ce fut une belle et riche expérience, mais aussi émotionnellement très prenante.

Votre foi a-t-elle un impact sur votre travail et inversement ?
Alors que beaucoup ont dû attendre la Pentecôte pour pouvoir retourner à la messe, je me sens vraiment privilégié d’avoir pu y participer chaque dimanche sans interruption depuis le début du confinement. Ma foi m’a permis de donner un sens à ce que je faisais, celui de favoriser cette communion de désir, entre tous, à chaque fois, ici et maintenant, malgré l’isolement, la séparation physique, la peur et l’incertitude de ne pas savoir de quoi sera fait demain.

Biographie

Grégory Roth a 32 ans. Marié, il est père de deux enfants. Il a grandi à Moutier. Il est venu à Fribourg en 2009 pour y étudier la théologie.
À la fin de ses études, en 2014, il y est resté. Il a été engagé à Cath-Info, le Centre catholique des médias à Lausanne, tout en pour-suivant une formation de journalisme à Lausanne, de 2015 à 2017.
Il est également directeur de chœur dans l’unité pastorale Saint-Joseph.

Essentielle nourriture

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Nyon-Founex (VD), juillet-août 2020

Par Geneviève de Simone-Cornet | Photo: Jean-Claude Gadmer

A l’heure où j’écris cet éditorial, nous sortons du confinement imposé par le coronavirus. Nous ne savons pas encore quand les célébrations reprendront dans notre Unité pastorale. Deux mois que nous sommes privés d’eucharistie et de rassemblements, deux mois que nous faisons preuve de créativité pour maintenir le lien. Avec, notamment, la messe dominicale diffusée sur YouTube (voir page 8) – qui a mis en marche nombre de laïcs engagés de nos deux paroisses. Chacun a suivi les célébrations dominicales, mais aussi celles de la semaine sainte et de Pâques chez lui, devant son ordinateur, son téléviseur ou sa radio – merci à ceux qui nous ont permis de vivre ces moments de communion.

Ce numéro qui paraîtra au cœur de l’été est jalonné de témoignages de paroissiens de nos communautés qui disent comment ils ont vécu leur foi durant le confinement. Pour nous catholiques, habitués à nous retrouver chaque dimanche à l’église, ce fut un temps rude et plein de questionnements, mais aussi d’espérance et de fraternité. Tous nous avons été touchés par cette pandémie qui laissera des traces dans nos vies.

Car l’Eglise est d’abord communauté, rassemblement autour de celui qui se donne en nourriture pour notre vie et la vie du monde. La fraternité vécue durant la pandémie trouve sa source, pour nous chrétiens, dans l’eucharistie. Et si nous nous rassemblons pour célébrer, c’est d’abord pour sortir – le pape François parle souvent d’une Eglise qui va aux périphéries –, pour aller vers ce monde en souffrance. Nous nourrir de l’eucharistie, c’est prendre force pour rejoindre les attentes de nos contemporains. Nous nourrir de l’eucharistie, c’est nous donner en nourriture pour ce monde qui a faim. Nous nourrir de l’eucharistie c’est, comme l’a écrit la théologienne française Anne-Marie Pelletier dans « La Vie », « franchir nos enclos sacrés, libérer la Présence réelle des confinements de nos piétés, vivre la fraternité avec la profondeur mystique qu’enseigne l’Evangile », « laisser entrer largement dans l’institution le grand vent de la liberté spirituelle » pour « insuffler une nouvelle énergie à l’ensemble du corps ecclésial ».

Un souhait ? Que l’après ne soit pas comme l’avant. Que, dans nos communautés, nous donnions sa place à chacun, avec ses dons, dans une égalité baptismale vécue en vérité.

Les jeunes s’adaptent

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Nyon-Founex (VD), juillet-août 2020

Par Audrey Boussat | Photos: DR, Audrey Boussat

Le confinement ? Une occasion de fortifier ma foi et de la rendre plus vibrante. J’ai cheminé au ralenti sauf en ce qui concerne mon cursus académique. J’ai continué d’avancer avec une confiance immuable dans le Seigneur, sûre qu’il nous réserve le meilleur : nous ne saisissons pas entièrement ce qui se passe, mais lui il sait.

J’ai tout d’abord réfléchi à l’impact positif concret que je pourrais avoir. Vivre ma foi passe surtout par mon ouverture aux autres : échanges profonds et sincères avec des amis, services rendus à ceux qui en ont besoin, etc. Mon intention de rester en contact avec les autres n’a pas faibli avec le confinement, mais il m’a fallu faire preuve de créativité. Par exemple, je suis allée donner mon sang aux Hôpitaux universitaires de Genève : c’est un don que je fais aussi souvent que possible, un geste salvateur pour autrui. Pour rendre cette activité plus amusante, j’ai proposé à une amie que nous nous y rendions ensemble pour nous voir en chair et en os tout en accomplissant une bonne action. D’une pierre deux coups, comme on dit.

Sur un plan plus introspectif, je me rends régulièrement sur l’application ou le site internet « Prie en chemin » pour rester proche de la Parole de Dieu. Ce programme propose un enregistrement quotidien d’une petite quinzaine de minutes en lien avec la lecture du jour. Cet enregistrement  commence par un chant mélodieux qui favorise l’entrée dans la prière. Le texte biblique du jour est ensuite lu deux fois. Ces lectures sont entrecoupées par des questions pour stimuler notre compréhension du texte et par des moments de silence pour nous permettre de nous adresser directement au Seigneur. Même lorsque mes journées sont chargées, je trouve toujours dix minutes à consacrer à ma vie spirituelle.

De nouvelles habitudes
Depuis que j’ai quitté le domicile familial, en février, pour m’installer à Genève avec mon ami de longue date, nous avons pris l’habitude de prier sur notre balcon avec une bougie allumée tous les dimanches soir. C’est un magnifique moment de communion que nous partageons ensemble et avec Dieu en toute simplicité. Lors de ce rendez-vous hebdomadaire, je confie à notre Père la situation actuelle, mes proches, mes connaissances et toutes les personnes qui supportent mal cette période de confinement. Je prie aussi pour le respect de la création et l’avenir personnel et professionnel de ceux que j’aime. Il m’arrive de demander au Seigneur de me guider pour que je suive son exemple et devienne une meilleure version de moi-même chaque jour.

Depuis que les sorties sont déconseillées, nous essayons d’identifier tous les soirs trois joies que nous avons vécues dans le courant de la journée. Cela nous aide à prendre conscience des grâces que le Seigneur sème constamment sur notre chemin, et surtout à l’en remercier. D’une météo ensoleillée à une nouvelle opportunité professionnelle, les raisons d’être reconnaissants sont nombreuses même en cette période où le temps semble s’être arrêté. A nous d’y être attentifs et de remarquer que Dieu est partout, y compris dans le logement que nous ne quittons presque plus depuis plusieurs semaines.

Pâques chez moi
Pour le triduum pascal, j’avais prévu de me rendre à la montée vers Pâques organisée par le groupe de jeunes d’Orbe (que nous avions annoncée dans le bulletin de mars-avril). Le confinement a changé la donne, et l’équipe de préparation a réagi avec rapidité et brio, remplaçant le camp de quatre jours par une montée vers Pâques en ligne de deux semaines du dimanche des Rameaux au dimanche après Pâques !
Au programme chaque jour : plusieurs défis, vidéos YouTube et visioconférences en direct. J’ai sélectionné les thématiques qui m’intéressaient pour en apprendre davantage sur des sujets aussi différents que les addictions, les fiançailles et l’écologie.

J’ai eu beaucoup de plaisir à mémoriser les quatorze stations du chemin de croix, un défi lancé par les jeunes du séminaire diocésain de Lausanne, Genève et Fribourg le Vendredi-Saint. En élève studieuse, j’avais confectionné des cartes avec les différentes stations d’un côté et le numéro correspondant de l’autre. Après les avoir utilisées jusqu’à les connaître par cœur, j’ai demandé aux membres de ma famille de les remettre dans l’ordre pour tester leurs connaissances. Même le chien a participé, saisissant les cartes dans sa gueule – j’ai dû lui courir après pour qu’il me les rende. Après quelques négociations, il me les a toutes rendues sauf une qu’il a préféré avaler. Quel animal espiègle !

Des jeunes actifs
Compte tenu de l’amitié qui nous lie, nous membres du groupe de jeunes de La Côte, nous avons rapidement décidé de continuer à partager du temps ensemble. Nous avons organisé plusieurs visioconférences : ou nos rencontres virtuelles avaient un but spirituel, et nous nous regroupions autour d’une thématique ; ou nous organisions des appels récréatifs pour prendre des nouvelles les uns des autres et rire ensemble.

La première rencontre, consacrée au Notre Père, a été animée par le Père Jean-Marie Cettou. Nous avons analysé ce texte de près et l’avons prié, puis nous avons vécu un temps d’adoration devant un ostensoir. Même à distance, cette expérience m’a procuré une profonde sérénité et apporté la dose de confiance dont j’avais besoin pour continuer à avancer. Enrichis par ce moment, nous avons poursuivi notre réunion par quelques heures de discussion plus informelle sur notre perception de la situation, nos joies et nos activités. Joël, un membre du groupe qui anime la messe des jeunes et qui est aussi électricien, pompier, scout et toujours prêt à aider son prochain, nous a tous impressionnés: tout en participant activement à nos conversations il organisait, dans le cadre des scouts, des livraisons pour des personnes vulnérables.

Notre seconde rencontre par ordinateurs et autres téléphones interposés avait pour thèmes l’anthropocentrisme et l’écologie. Après une lectio divina sur la parabole des vignerons homicides (Mt 21, 33-46), Xavier Gravend-Tirole, aumônier à l’EPFL et à l’Ecole professionnelle commerciale de Lausanne, nous a entraînés dans des réflexions captivantes et terrifiantes, statistiques et preuves à l’appui, sur l’avenir de la planète Terre. Il a complété ce discours factuel par des réflexions spirituelles sur la place de l’être humain dans son environnement. Il a notamment cité le botaniste et explorateur français Francis Hallé : « Lorsqu’un chef-d’œuvre de l’homme est détruit, cela s’appelle du vandalisme ; pourquoi, quand la nature est détruite, cela s’appelle-t-il si souvent le progrès ? ».

Sa conclusion? Il nous appartient à tous de nous interroger sur ce qui compte pour nous et d’essayer de « vivre avec moins de biens et plus de liens ». Un slogan d’autant plus actuel que nous prenons tous conscience que ce qui nous manque le plus, en cette période de pandémie, ce sont les relations sociales.

Vivre sa foi en famille

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Nyon-Founex (VD), juillet-août 2020

Par Olivier Cazelles | Photo: Thomas Valea

En novembre 2008, suite à une opportunité professionnelle, les Valea sont venus s’installer à Nyon, ville dont ils sont tombés amoureux. Ils ont naturellement pris leur place dans la communauté de la Colombière. Nous avons voulu faire plus ample connaissance.Eulalia et Thomas, qui êtes-vous et comment êtes-vous arrivés à Nyon ?
Eulalia et Thomas : Nous nous sommes rencontrés à l’école secondaire. Mariés depuis vingt ans, nous avons trois enfants : Aurélie, 18 ans, Flavien, 16 ans, et Pauline, 12 ans. A l’époque de notre rencontre, en région parisienne, nous avons approfondi notre lien à travers l’aumônerie où nous étions animateurs pour les futurs confirmés et engagés bénévolement auprès des petits frères des Pauvres et de diverses associations caritatives.

Que faites-vous aujourd’hui, Eulalia ?
Educatrice de la petite enfance en crèche pendant plus d’une dizaine d’années, j’ai suspendu mon activité pour me consacrer à l’éducation de nos enfants. J’ai conservé une activité sociale et bénévole auprès des enfants à la garderie Ribambelle et dans la paroisse de Nyon pour l’animation de groupes de catéchèse.

Par ailleurs, en 2015, grâce à une paroissienne bénévole, Corinne Parodi, j’ai appris qu’on cherchait des monitrices de gymnastique pour les aînés. J’ai accepté ce nouveau défi. Je me suis formée pour permettre aux aînés de rester en forme par des cours collectifs, pour lutter aussi contre l’isolement. Dans ces deux activités, ma vie chrétienne est toujours présente, car j’y côtoie des gens qui, comme nous, vont à l’église. Cela renforce les liens.

Et vous, Thomas ?
Avocat au barreau de Paris durant quatre ans, j’ai ensuite exercé des fonctions de direction dans les domaines juridique et des ressources humaines. Puis j’ai été directeur général et commercial pour des entreprises suisses et européennes. 

Qu’est-ce qui est important pour vous deux ?
Nous avons à cœur de maintenir et de créer du lien social avec l’ensemble de notre communauté, notamment à travers la paroisse. Notre ouverture culturelle et nos capacités linguistiques nous permettent de participer à des célébrations des communautés suisses romandes et étrangères.

Il est essentiel pour nous de nous rendre à l’église à toutes les périodes de l’année, et même lorsque nous sommes en voyage, pour retrouver calme, paix et sérénité. Aider les autres fait partie de notre vie. Apporter un peu de joie autour de nous nous rend heureux !

Quels engagements vous tiennent à cœur ?
Le couple est le ciment de la famille: il nous permet d’affronter les épreuves qui arrivent au sein de notre foyer. Dans l’éducation des enfants, il n’est pas toujours facile de faire comprendre que la foi et la religion ont une place importante pour nous. Nous avons fait au mieux et nous continuons pour que nos trois enfants puissent se tourner vers Jésus et pratiquer l’amour du prochain.

La paroisse y tient une place importante. Quels moments forts avez-vous vécus à Nyon ?
Nos enfants ont fait leur première communion et leur confirmation dans la paroisse. Nous vivons les étapes liturgiques de l’année, auxquelles nous participons activement.

Nous apprécions la kermesse, qui se déroule au début de l’été à la Colombière avec les différentes communautés linguistiques : un moment convivial et festif qui nous permet de partager nos richesses cultuelles et culturelles.

Entraînée par d’autres mamans, j’organise et je participe à la liturgie des enfants qui a lieu une fois par mois, durant la messe de l’Unité pastorale. Il est triste de constater que la relève ne sera pas facile: il manque déjà du monde et l’avenir me semble compliqué dans le bénévolat.

Qu’est ce qui serait à promouvoir aujourd’hui ?
Probablement plus d’offices avec les autres communautés linguistiques catholiques et plus de démarches œcuméniques avec nos sœurs et frères chrétiens protestants, orthodoxes,…

La vie de famille est importante pour vous. Comment s’est passé le confinement ?
La vie familiale est fondamentale pour nous. Elle exige que nous fassions un travail quotidien avec et auprès de nos enfants pour la maintenir vive et riche.

Le confinement, ce fut d’abord l’occasion d’une nouvelle organisation à la maison afin de préserver l’équilibre familial et celui de chacun. Les réflexions sur l’essentiel ne sont pas toujours faciles à partager avec l’ensemble des enfants.

Cette période où chacun a dû rester chez soi était finalement un moment de partage, d’entraide et de socialisation malgré l’obligation de rester éloignés les uns des autres. Nous sommes solidaires et attentifs aux autres pour créer de nouveaux liens qui, nous l’espérons, se maintiendront après cette épreuve. Que ce passage difficile dans nos foyers et nos vies professionnelles nous rende plus solidaires, respectueux, proches de la nature, de la vie et donc du Seigneur notre Dieu.

As-tu déjà souri aujourd’hui?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Aigle (VD), juillet-août 2020

Par Sylvie Blumenthal | Photo: Lydia Blumenthal

En voyant le thème de ce numéro « L’humour, chemin vers Dieu », je me suis demandé s’il était approprié de parler de l’humour, alors que « l’ouragan coronavirus » était encore en train de sévir ?
Je me suis donc plongée dans l’actualité pour voir si le confinement avait eu raison du sourire. Eh bien, non ! En plus de la solidarité, les gens ont rivalisé d’initiatives pour rendre vivable ce moment inédit. Beaucoup ont compris que, aussi terrible que puisse être ce que nous traversons, laisser mourir le sourire aurait été encore pire. 

Dès lors, qu’en est-il des chrétiens ? Serait-il inconvenant d’avoir un visage de « ressuscité » ? Quand il n’est pas méchant ou moqueur et qu’il respecte la sensibilité de l’autre et ses convictions, l’humour est un bon moyen de dédramatiser, se décentrer, alléger les situations lourdes, dénoncer ou dévoiler ce qui est caché, créer une ouverture à l’autre.
L’humour, par le rire qu’il provoque, suscite une décontraction intérieure qui permet de se libérer, de créer du lien et de faire un espace à l’autre et au Tout Autre. J’y vois alors un lien très étroit avec la foi, qui génère chez les fidèles : liberté, désappropriation de soi, altruisme, confiance, miséricorde, joie, bienveillance, ouverture à l’autre, et au Tout Autre, et vie en abondance.

Une foi déconnectée du quotidien de l’homme ou mieux encore, une foi décontextualisée n’est rien d’autre qu’une foi morte. Elle devient fade et sombre. Or un chrétien n’est ni fade ni triste. Le pape François, dans son exhortation apostolique La Joie de l’Evangile, dénonce avec force ces chrétiens « qui semblent avoir un air de Carême sans Pâques ». D’ailleurs au Moyen Age, le prêtre devait faire rire les fidèles le jour de Pâques. On appelait cela le « rire de Pâques ». Et saint Paul, dans sa première épître aux Thessaloniciens (5, 16-18), nous invite à être toujours joyeux et à rendre grâce en toute chose.

Cette joie n’est pas une joie simple. C’est celle que donne le Christ qui nous veut parfaitement heureux. Le Pape ajoute « La joie de l’Evangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement.  Avec Jésus Christ la joie naît et renaît toujours ».
Ayons donc à partir de maintenant des visages de « ressuscités ». Un visage souriant dit Dieu, car Dieu est allégresse. 

Alors, as-tu déjà souri aujourd’hui ?

En librairie – juillet-août 2020

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Dieu est humour – Tome 2
Bernard Peyrous / Marie-Ange Pompignoli

Pensez-vous que Dieu nous ait mis sur Terre pour nous ennuyer pendant toute notre vie ? Non, car Dieu est bon et il se réjouit de voir les hommes mener une existence positive et joyeuse. En effet, l’être humain est aussi fait pour la joie. Certes, il y a des difficultés dans la vie, mais grâce à la joie nous pouvons les dépasser, ainsi elle peut nous conduire plus loin et plus haut, nous aider à respirer plus large. Penser Dieu, c’est donc penser Joie. Peut-être n’y sommes-nous pas habitués ? Eh bien, justement, ce livre peut nous aider. C’est un simple recueil d’histoires, certaines vraies, d’autres inventées par des esprits imaginatifs, qui veulent marier Dieu et l’humour.

Emmanuel

Acheter pour 21.00 CHFLes perles du curé
Bruno Delaroche

La foi et le rire, la foi et l’humour… Une histoire compliquée, difficile. La foi est communément identifiée au sérieux parce que c’est une matière on ne peut plus sérieuse. Et d’ailleurs Jésus a-t-il ri ? On n’en a aucune trace dans les Evangiles. Pourtant, l’auteur en est convaincu, si le rire est bien le propre de l’homme, et que le Christ a réellement été homme, il ne peut pas, sauf à s’être dénaturé, ne pas avoir expérimenté sans malice le rire et l’humour, riant d’un bon rire pétri de bonne humeur. Sans jamais chercher la provocation, les 550 histoires rassemblées ici par le Père Bruno Delaroche nous donnent l’occasion de rire un bon coup d’anecdotes qui sont nées dans l’univers religieux. 

Artège

Acheter pour 18.30 CHFHistoire de celui qui dépensa tout et ne perdit rien
Jacqueline Kelen

La parabole de l’enfant prodigue est si connue et si commentée qu’un livre de plus peut-il apporter des éléments nouveaux ? Eh bien, oui ! Jacqueline Kelen apporte une touche féminine à cette parabole exclusivement masculine. Dans ce conte magnifique, elle fait s’immiscer trois autres personnages : la mère tout aussi soucieuse que le père, l’ange gardien dont l’action discrète et invisible concourt au retour du fils et l’employé de maison, témoin solidaire des angoisses du père et de la mère. C’est un livre qui nous redit que l’Evangile est toujours neuf et qu’il développe des sources intarissables pour notre compréhension de Dieu.

Cerf

Acheter pour 25.50 CHFAvec Thomas More, apôtre de la conscience
Dominique Bar / Gaëtan Evrard

Sir Thomas More connaît une prodigieuse carrière politique jusqu’à accéder aux plus hautes charges de l’Etat d’Angleterre. Cependant sa foi profonde éclairant son engagement politique l’entraîne à désavouer le divorce du souverain. La fureur d’Henry VIII se déchaîne alors ! Thomas More est décapité le 6 juillet 1535 après avoir été accusé de trahison… Cependant, plus que jamais dans sa vie, il n’aura été à ce moment même en accord avec sa conscience. Sa paix se manifestant par son humour joyeux jusque dans les dernières minutes de sa vie. Cette BD retrace de manière heureuse la vie d’un saint qui a mis la conscience personnelle comme valeur à transmettre et à respecter.

Triomphe

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L’Église c’est vous et moi!

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), juillet-août 2020

Par Véronique Benz | Photo: DR

Le 15 mars 2020, brutalement la vie de l’Église a basculé : plus de célébrations publiques, plus de cours de catéchèse, plus de répétitions de la chorale, plus de rencontres de la Vie montante, de L’Évangile à la maison… tout s’est arrêté comme si le temps avait suspendu son vol !

Une paroissienne croisée sur le boulevard de Pérolles m’interpelle en me disant : «Il n’y a plus rien, mais où est l’Église ? » L’Église est là ! L’Église c’est vous et moi ! Avant d’être une institution, l’Église est le corps des baptisés. « Car là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux ! » (Matthieu 18, 20) 

Effectivement, ces derniers mois l’Église a dû changer sa manière de faire les choses. De nombreuses initiatives ont vu le jour, vous en découvrirez quelques-unes dans ce numéro. Vous pourrez également lire le témoignage de baptisés, qui ont réussi dans ce temps de confinement à remettre le Christ au centre de leur vie à travers la prière et la lecture de la Bible. Pour beaucoup le Christ a été comme une boussole les guidant à travers la tempête de la vie !

De ce temps mouvementé, chacun peut ressortir des enseignements pour l’avenir. Olivier Messer, responsable de l’Accueil Ste Elisabeth, estime que cette crise sanitaire doit nous inviter à repenser notre offre de solidarité. Mais plus fondamentalement, cette crise ne doit-elle pas nous inviter à repenser notre manière d’être « l’Église », notre manière « de faire Église » ? 

À vous tous, baptisés qui êtes l’Église, je vous laisse cette réflexion pour l’été ! 

Bonne lecture et bel été !

La chapelle de la Maladière à Vidy (VD)

Texte et photos par Pascal OrtelliA deux pas du giratoire d’autoroute Maladière-Vidy à Lausanne, la quiétude de cette petite chapelle contraste avec le bruit de la circulation. Construite vers 1460 et consacrée à saint Lazare, elle est le dernier vestige des léproseries du Pays de Vaud. La chapelle faisait face à la maladrerie, l’édifice où les lépreux furent accueillis jusqu’en 1638 et qui donna son nom à la Maladière.

Proche du gibet de la Chambreronne, l’édifice servit de dépôt pour les instruments de torture. Le 24 avril 1723, le major Davel y fit sa dernière halte avant d’être décapité un peu plus loin.

Aujourd’hui, elle a trouvé une nouvelle vocation en devenant la chapelle des gens de la rue.

Informations
3,6 kilomètres à plat, 55 minutes.

Pour en savoir plus
E. Tagnard, Via Jacobi. Sur le chemin suisse de Compostelle (Saint-Augustin, 2020), p. 110.

La visite

1. Depuis la gare CFF, prenez le bus 1 en direction de la Maladière (10 min.)

2. Empruntez le pont sur la route en direction du cimetière, puis tournez à gauche en prenant le passage sous voie. La chapelle se trouve légèrement sur la droite (5 min.) 

3. Traversez le parc archéologique et longez le camping. Au coin du siège du CIO, dirigez-vous vers la plage. Là vous découvrirez un panneau indicateur marquant le croisement de la Via Jacobi et de la Via Francigena (10 min.).

4. Continuez au bord du lac puis remontez le canal de la Chamberonne. Peut-être verrez-vous le castor… (20 min.)

5. Regagnez le camping en traversant le parc ornithologique du Bourget (20 min.).

Permission de rire!

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, paroisse Saint-Laurent Estavayer (FR), juillet-août 2020 Le thème central du cahier romand inséré au milieu de cette édition est consacré à l’humour en Eglise. Heureusement, l’humour existe en Eglise, le sérieux théologique pouvant faire bon ménage avec un regard décalé sur l’univers spirituel! Ce qui fait que des paroles humoristiques sont […]
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L’humour façon saint Bernard

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Aigle (VD), juillet-août 2020

Par Vincent Lafargue | Photo : DR

Cette rubrique nous présente tout au long de l’année, à nous Vaudois mais paroissiens du diocèse de Sion, quelques figures engagées dans notre diocèse. Pour ce numéro estival consacré à l’humour, je suis allé rencontrer les chanoines du Grand-Saint-Bernard qui ont réalisé plusieurs petites vidéos décalées pendant le temps du confinement.« Il n’y a pas eu de plan préconçu… déclare d’emblée le chanoine Joseph Voutaz, curé d’Orsières. Mais je me suis demandé comment rejoindre les gens confinés chez eux. La vidéo s’est imposée. Ce confinement a été brutal pour tous ! Et puis, il fallait aussi que le message les rejoigne dans ce que je suis. Or, j’aime dire les choses en riant – ce que disait d’ailleurs le bienheureux Maurice Tornay : «  J’aime dire la vérité en riant. » »

La recette de cuisine pascale (voir photo ci-contre) a occasionné des remerciements de gens qui ont surpris le chanoine Voutaz : « Ces vidéos ont beaucoup touché les gens qui ne sont pas forcément des pratiquants réguliers… je suis tombé des nues en voyant certains remerciements ! Ce fut une prise de conscience plus profonde de ce que je savais déjà : je ne suis pas le curé uniquement des pratiquants. »

Quant aux inévitables grincheux – fort minoritaires – ils ont plutôt fait rire les chanoines. Y compris la violente lettre anonyme reçue après l’une des vidéos.

10’000 vues en 24 heures
La vidéo de déconfinement du chanoine Jean-Pascal Genoud, curé de Martigny, l’a complètement dépassé. « L’idée était de faire un petit sketch pour détendre. Je pense que les gens attendaient une approche un peu plus légère de ces pages A4 de directives hyper précises et rigoureuses. Du coup, ils se sont marrés et ont partagé généreusement cette vidéo. Il faut croire que, parfois, ça vaut la peine de délirer un moment ! Mais quelle surprise quand la secrétaire paroissiale m’a annoncé qu’on dépassait les 10’000 vues en une journée ! »

Le chanoine Genoud tempère tout de même : « Dans les contextes que nous traversons souvent auprès des gens – deuil, souffrance, difficultés de toutes sortes – l’humour n’est pas forcément le bienvenu. Mais il me semble qu’il y a une telle crise face à une Eglise qui ne peut plus se poser en enseignante voyant tout de haut que, quand on prend les choses avec légèreté, on rejoint mieux les personnes, cela donne une certaine liberté. A condition d’utiliser l’humour à bon escient, évidemment. L’autodérision plutôt que la prise de tête, en somme. »

Le défunt humoriste Jean Yanne disait : « Heureux ceux qui savent rire d’eux-mêmes… ils n’ont pas fini de se marrer ! »

La vie secrète des vitraux de Saint-Robert

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Nyon-Founex (VD), juillet-août 2020

Par Françoise de Courten | Photos: Lucien Kolly, Walter Hauser

En 2009, l’église Saint-Robert a connu de grands travaux de restauration,  notamment en ce qui concernait ses vitraux. Nous vous proposons de découvrir les coulisses de cette aventure haute en couleur.Comme indiqué dans le petit fascicule relatant l’histoire de notre église, le vitrail angulaire gauche du chœur représente saint Robert (patron de l’église) et l’abbaye de Cîteaux, dont il fut le premier abbé. Le vitrail central montre la Vierge Marie et l’Enfant au-dessus de la basilique de Lorette, en Italie. Le vitrail angulaire droit révèle saint Joseph et son atelier de Nazareth. Le vitrail à trois lobes situé tout en haut de la façade, au-dessus de l’orgue, représente la figure de Dieu le Père dans la Sainte Trinité. Les vitraux des parties latérales sont des dentelles de verre raffinées.

En 2009, c’était peu dire que les vitraux étaient abîmés. Protégés à l’extérieur par un simple grillage, ils enduraient directement les atteintes du temps et les déjections de volatiles insouciants. Sales, avec de nombreux petits trous et des plombs rongés, ils étaient affaissés et gondolaient comme des tissus mous. Leur minceur était une autre de leurs caractéristiques : ceux des fenêtres latérales ont une épaisseur d’un millimètre, ceux du chœur et de l’entrée sont un peu plus épais.

Le travail de restauration a été attribué à Madame Vishka Niska, spécialiste du vitrail à Morges. Cette artiste a d’abord travaillé comme ingénieure électricienne dans sa Pologne natale. Plus tard, accompagnant son mari diplomate à Hong Kong, elle a étudié l’art du verre. C’est en participant à la restauration de vitraux dans l’atelier d’un professeur dont elle était l’assistante qu’elle a entamé sa pratique, qui est devenue son métier. A cette époque, lorsqu’elle passait d’un pays à l’autre pour accompagner son mari, le contenu de ses valises était un sujet de perplexité pour les douaniers : une quantité de pièces de verre colorées !

Une nouvelle jeunesse
La restauration de vitraux est une activité qui allie force et délicatesse artistique et demande beaucoup de concentration et de rigueur. Après avoir cassé le vieux mastic, Mme Niska a sorti les vitraux (partagés en quatre ou cinq panneaux) de leur armature métallique, comme une vitre hors d’un cadre de fenêtre. Quand ils ne sont plus enchâssés, ces éléments de vitraux se révèlent très fragiles. Ils doivent être insérés précautionneusement entre des plaques de polystyrène et de bois avant leur transport.

Arrivés à l’atelier, les panneaux ont été déposés sur une table pour être nettoyés. Vu leur finesse et leur vétusté, il était exclu d’utiliser une brosse pour enlever la crasse. Chaque pièce de verre a donc été lavée en douceur à l’eau ou avec un solvant spécial qui préserve les couleurs et les éléments de décoration tels que les touches de peinture ou de grisaille (camaïeux de gris ou de bruns employés pour donner l’illusion du relief).

Les trous importants ont été bouchés par des verres colorés. La recherche d’une couleur identique ne fut pas aisée. Pour les petits trous, la restauratrice a utilisé la méthode Tiffany, des bandes de cuivre soudées.

En regardant attentivement les vitraux qui ornent l’église Saint-Robert, on remarque que les pièces de verre sont assemblées selon les formes et les couleurs déterminant les différents sujets et enchâssées dans des plombs qui en suivent les contours. Les anciens plombs ont été préservés, les parties oxydées et rongées remplacées. Un minutieux travail de sertissage.

De retour à l’église
Enfin les vitraux ont pris le chemin du retour, retrouvant leur encadrement de fer. La pose est un travail précis nécessitant le concours de bras vigoureux. Pour garantir une meilleure tenue des vitraux, Mme Niska a placé de fines attaches de cuivre sur chacune des petites barres de métal transversales. Puis mis du mastic autour. Les vitraux étaient ainsi prêts à affronter les années avec grâce et légèreté !

De plus, une vitre transparente extérieure a remplacé le vieux grillage, assurant une meilleure protection et permettant à la lumière de jouer à travers les couleurs suivant les heures de la journée.

Une question demeure : qui était le peintre-­verrier ? Modeste par rapport aux œuvres somptueuses de nos grandes cathédrales, ce trésor lumineux anime notre église comme le font toutes les personnes qui contribuent d’une manière ou d’une autre à donner à ce lieu un cœur et une âme.

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