Gratitude

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Clins Dieu sur les Contrées (VS), février 2021

PAR CHARLES-ANDRÉ MUDRY, LENS | PHOTO : DR

Voici plus de 40 ans qu’une portion de cette terre – « Mondralèche » – nous a été prêtée après avoir fait vivre oh combien de générations et permis de nourrir toute la population des villages pendant des siècles.

N’ayant pas eu de formation d’alpagiste et par manque de moyens, les premières années ont été très très dures. Mais, grâce à la persévérance et à la foi dans ce que nous faisions, ce travail s’est transformé au fil des années en passion et a changé nos vies. Travailler dans un cadre majestueux, en contact direct avec la nature sauvage et vivifiante nous fournissait chaque jour un plaisir à cueillir et non plus un effort à fournir. Face à cette vie remplie de beauté et de nature, je n’ai pu que remercier le Créateur et ma Foi totale en lui n’a cessé d’augmenter.

Partant de mon vécu, je rentrais en opposition avec un monde qui exploite démesurément les ressources de cette terre, la pollue, l’empoisonne, la détruit au nom du seul profit. Je ne pouvais concevoir que nous puissions transmettre cette planète aux futures générations dans un état si misérable.

Cette situation m’a rendu encore plus passionné de la Vie, de cette nature, de cette montagne qui nous donne à cueillir le bon pour le corps, le coeur et l’Âme, nous permettant tout simplement de se sentir bien en soi. Je remercie le Ciel d’avoir pu vivre cette vie simple, sobre, dure mais combien gratifiante.

Oui, je suis dans la certitude qu’il y a un Créateur qui mérite toute notre adhésion, et nos remerciements devraient se concrétiser dans la préservation de la terre non seulement en paroles maisn aussi en actes ! Ensemble, unissons-nous au Créateur et à sa création. Par les temps qui courent, nous avons besoin de partager, d’espérer et de croire en son Amour Inconditionnel et en l’humain.

L’alpagiste

Changement climatique

Le changement climatique est devenu une expression à la mode, car il touche tous les pays du monde. Nous avons raison de nous engager pour guérir la nature qui nous permet de vivre. Nous n’avons pas de « parti des verts » à fon- der. Mettons-nous plutôt tous ensemble – chacun commençant chez soi – à considérer toutes sortes de « pollutions » qui blessent non seulement ce qui est « vert », mais les personnes humaines.

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La politique : même pas peur !

J’ai rencontré Céline Lugon et Mathilde Michellod lors d’une soirée cinéma où était diffusé un reportage à l’occasion du 50e anniversaire de l’obtention du droit de vote des femmes au niveau fédéral. Le sourire jusqu’aux oreilles et pleines d’enthousiasme, elles étaient à l’époque en campagne électorale. Entretemps, Céline est devenue conseillère communale (Les Verts) à Martigny-Combe et Mathilde conseillère générale (Les Verts) à Martigny. Toutes deux assument pour la première fois des responsabilités politiques. Elles en parlent…

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L’Eglise persécutée en Chine

En Suisse, la télévision ou les journaux relatent de temps en temps des événements liés à la persécution des chrétiens. Ces situations nous paraissent très lointaines et peu sensibles. Et pourtant, la persécution des chrétiens existe réellement çà et là dans le monde. Le chanoine Joseph Yang est né en 1979 et est originaire de Chine: il a lui-même vécu personnellement la persécution dans son pays où « elle est partout et prend des formes différentes », explique- t-il.

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L’Espérance envers et malgré tout

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Aigle (VD), janvier 2021

Par Jean-Marc Nemer | Photo: Sylvain Vauthier

Nous voici au début d’une nouvelle année. De quoi sera-t-elle faite ? Prenons le temps de rêver et, sur cette page blanche que nous offre 2021, écrivons nos souhaits les plus chers. Vœux de bonheur et de paix, d’amour et de santé – c’est ce que nous vous souhaitons. C’est ce que souhaite l’humanité entière. Pourtant, tant de personnes souffrent tout autour du globe ! Laissons-nous interpeller par nos frères et sœurs orientaux, qui nous offrent un beau témoignage d’espérance au milieu de leurs tribulations.

Parmi les chrétiens persécutés dans le monde, les plus connus sont ceux d’Orient, ceux-là même qui habitent la terre que le Christ a foulée il y a 2000 ans. Il semble pour beaucoup qu’ils appartiennent à un autre monde. C’est vrai en quelque sorte. Nombre d’Orientaux les considèrent comme des étrangers dans leurs propres terres. Nombre d’Occidentaux les considèrent simplement comme « ceux de l’Orient ». Des chrétiens d’ailleurs. Souvent incompris. Fréquemment aimés et soutenus.

Pourtant, ils sont sur cette terre d’Orient depuis la nuit des temps. En dépit des vicissitudes de la vie sociale, culturelle et politique à travers les siècles, ils tiennent bon. Ils ont pris l’habitude, après chaque calamité, chaque exode, chaque vague d’immigration forcée ou voulue, de continuer avec ceux qui restent. Le petit reste.

Qu’est-ce qui anime ce petit reste ? Leur fidélité au Christ. Mon confrère et ami en Christ, Mgr Traboulsi, vicaire général au diocèse Chaldéen de Beyrouth, nous le rappelle : « alors que toutes les portes sont closes… Voir et toucher l’humanité réelle de Jésus, son humanité crucifiée mais ressuscitée ; telle est l’admirable audace des chrétiens d’Orient » (voir pp. 7-9 L’espérance chrétienne au Moyen Orient).

Pour les chrétiens persécutés, il y a une seule « porte » de sortie : celle de la « foi » (Ac 14, 27) en un Christ mort et ressuscité pour tous. Conscients qu’ils sont en pèlerinage sur la terre, comme tous les humains, ils sont épris de liberté. Mais leur liberté émane du Christ. A travers Lui, de génération en génération, ils expérimentent la liberté : celle des enfants de Dieu. Leur liberté est intrinsèque à leur fidélité, à une foi qui est trois fois sainte. Cette liberté pour les frères de Jésus s’exprime en faveur de la solidarité intracommunautaire, mais aussi et surtout avec les déshérités. L’espérance des chrétiens provient de la miséricorde enseignée par le Christ : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés. » (Luc 6, 36-37a) Mais œuvrer à cette liberté fondée sur un Dieu miséricordieux et libérateur est, hélas pour beaucoup, une source de malheur qui pousse à leur persécution. Car l’amour vrai, l’amour qui se donne gratuitement et qui libère, est souvent mis à mal par l’inimitié qui sévit dans le monde. Pour comprendre pourquoi les chrétiens sont persécutés, écoutons Patrice de la Tour du Pin s’inspirant de la spiritualité christique orientale : « La lumière de Dieu veille ses germes, dans le Souffle de Dieu. Ils croissent et respirent, ils reproduisent la Parole et la transmettent. » Vivre par et à travers la Parole, la respirer et la transmettre, c’est là que résident le malheur et l’Espérance des Chrétiens persécutés.

Le Notre Père: sa transmission

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), janvier-février 2021

Par Pascal Gondrand | Photos: Unige, DR

Dans le cycle de cours publics de la faculté de théologie de l’Unige, Anne-Catherine Baudoin, maître d’enseignement et de recherche en Nouveau Testament et christianisme ancien, a proposé une lecture du Notre Père sous trois angles : la transmission, la traduction et la transposition. Voici un bref aperçu de sa vision de la transmission de cette prière aux premiers siècles de notre ère.Anne-Catherine Baudoin a tout d’abord rappelé le statut particulier du Notre Père qui est à la fois un passage biblique et une prière chrétienne. Le Notre Père préexiste aux Evangiles. Il est enseigné par Jésus à ses disciples qui le mettront ensuite par écrit. Aujourd’hui, il est connu et récité par les communautés chrétiennes indépendamment de sa position dans le Nouveau Testament. Lorsque l’on récite le Notre Père, on ne pense pas à son contexte dans Matthieu ou dans Luc. Le Notre Père appartient autant à la culture orale qu’à la culture écrite, à la vie liturgique et spirituelle, que la Bible.

On se souviendra de cette enluminure tirée de la Bible illustrée, œuvre des scribes du monastère Saint-Bertin de Saint-Omer (F), qui date de la fin du XIIe siècle (voir photo page 3). Jésus prend ses disciples au « lasso » avec le Notre Père et ceux-ci se laissent enlacer. Le Notre Père est à la fois un texte et une prière, un prière orale devenue écrite, et un fait cultuel. Dans le phylactère que tient Jésus « Pater Noster qui es in caelis, sanctificetur nomen tuum, adveniat regnum tuum », le texte est en latin. Alors que les Evangiles l’ont transmis en grec et que Jésus l’a probablement enseigné en araméen. 

Ce que nous appelons le Notre Père est une prière bien enracinée dans le judaïsme, qui en utilise les termes, les images et les notions. Avec notre regard rétrospectif, il est évident que les formulations présentes dans cette prière se sont transmises du judaïsme au christianisme. Sa première transmission est celle de Jésus à ses disciples. Dans l’évangile de Matthieu comme dans celui de Luc, la prière est présentée comme un enseignement explicitement transmis par Jésus. Le Notre Père est transmis comme une prière reçue du Seigneur, et l’on fait mémoire de cette transmission par Jésus. « La doctrine du Seigneur transmise aux nations par les douze apôtres », en grec la « didachè », est le plus ancien texte qui nous soit parvenu contenant les règles de vie des communautés chrétiennes. Y est inséré le Notre Père, entre les prescriptions sur le baptême et celles relatives à l’eucharistie, sans toutefois être mentionné comme appartenant à l’une ou à l’autre. Le Notre Père ressortit donc plutôt de la pratique individuelle comme, par exemple, le jeûne auquel il est associé. Cette prière est le plus long texte qui soit commun avec les évangiles de Luc et de Matthieu. La transmission du Notre Père se trouve ainsi en lien avec la pratique religieuse, comme le montre la « didachè », et parole de Jésus rapportée dans les Evangiles.

Transmettre, c’est aussi expliquer
Les premiers commentaires chrétiens de l’Ecriture datent de la deuxième moitié du IIIe siècle mais c’est vers 200 qu’est écrit le premier commentaire d’un passage des Evangiles. Il est fait par Tertullien dans son traité « Sur la prière ». Il est ainsi apparu un premier commentaire du Notre Père avant même que ceux – nombreux – des Evangiles soient établis. Le traité de Tertullien s’intitule « De oratione », soit en français « De l’oraison dominicale », mais, erreur de traduction, ce n’est pas la prière du dimanche. Retenons cependant que le traité de Tertullien n’est pas une réflexion théorique sur la prière mais rappelle que c’est le Seigneur qui a enseigné aux chrétiens cette nouvelle formule de prière. Le Notre Père a donc répondu à une exigence catéchétique. La quatrième demande, par exemple, a pour Tertullien un sens autant spirituel « Donnez-nous notre pain de chaque jour », le pain c’est le Christ, que littérale car « … l’interprétation littérale, d’ailleurs parfaitement d’accord avec la discipline, est aussi admissible ; elle nous ordonne de demander du pain… ». En filigrane on devine que dans sa brièveté et dans son apparente simplicité, le Notre Père est un texte complexe et les demandes qu’il contient peuvent être comprises de différentes manières. Tertullien va jusqu’à dire qu’il s’agit d’un « abrégé de l’Evangile ».

Cette prière, telle qu’elle apparaît dans les textes les plus anciens, est bien le fruit d’une transmission orale. Le Notre Père n’apparaît jamais comme un texte théorique. Retenons qu’au IIIe siècle, trois traités sur la prière sont des commentaires du Notre Père. Celui de Tertullien déjà cité, et ceux d’Origène d’Alexandrie, « Sur la prière » (v. 234-235), et de Cyprien de Carthage, « Sur la prière du Seigneur » (v. 250). A propos de ceux-ci, on pourrait se référer à Hilaire de Poitiers, dans son « Sur Matthieu », qui date des années 350. Au moment de commenter le Notre Père, l’auteur se défile en renvoyant son lecteur à Cyprien, « homme de sainte mémoire, qui nous a dispensés de l’obligation de faire un commentaire ». Et il déconseille de suivre le commentaire de Tertullien qui, à sons sens, a fini sa vie dans l’erreur, en dehors de la droite route de l’Eglise.

Voyons encore : si ce n’est dans les com­mentaires des Evangiles, où peut-on en trouver aux IVe et Ve siècles, soit à l’âge d’or de la patristique ? Dans les homélies, bien sûr ! Au IVe siècle, qu’il s’agisse de Cyrille de Jérusalem, dans ses « Catéchèses mystagogiques » (v. 350), en grec, ou de Am­-broise de Milan, dans « Sur les sacrements » (v. 380), en latin. 

Un incontournable : Augustin
Dans son commentaire du Sermon sur la montagne, il propose une mise en parallèle des sept dons du Saint-Esprit, des sept demandes du Notre Père, des sept degrés de la vie spirituelle et des sept Béatitudes – huit en fait, mais pour lui, la huitième renvoie au point de départ dont elle montre l’achèvement et la perfection. Son commentaire a tellement plu dans l’Antiquité tardive et au Moyen Age qu’il a été repris par la plupart des commentateurs carolingiens.

Il est possible qu’Augustin ait été à l’origine du développement d’une pratique particulière en Afrique, qui a pénétré à Rome au VIe siècle, avant de gagner toute l’Eglise d’Occident, à savoir que dans l’initiation chrétienne le Notre Père ne soit plus enseigné aux néophytes après le baptême mais que son explication et son apprentissage fassent partie des étapes de la préparation au baptême, avec la confession de foi.

Le Notre Père est donc perçu autant comme un passage de l’Ecriture, commenté dans le cadre d’une lecture des Evangiles, que comme un élément autonome. A ces titres, Anne-Catherine Baudoin a fait valoir que cette prière fait à la fois partie de la vie des fidèles et de la vie liturgique ainsi que du texte biblique.

Trésor iconographique de l’église des Cordeliers

Illustration 3: Détail retable ouvert, Nativité.
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), janvier-février 2021

Par Danièle Moulin | Détail de photos de Jean Mülhauser, Fribourg

Entrons aujourd’hui dans l’église du couvent des Cordeliers, traversons sa longue nef et arrêtons-nous dans le chœur pour y découvrir le retable du maître-autel, appelé également le « retable du Maître à l’œillet » considéré comme une des plus belles œuvres d’art suisses du XVe siècle.

Fribourg est, à cette période, une ville d’églises et de couvents. Ce n’est pas pour rien que certains la prénomment encore de nos jours « la petite Rome ». À cette période de l’Histoire, Fribourg jouit d’une grande prospérité économique et peut donc se permettre la construction de nombreux édifices religieux. Cet essor est dû en majeure partie à l’exportation de l’industrie de la draperie. C’est bel et bien le cas pour l’église du couvent des Cordeliers, qui abrite aujourd’hui encore un trésor artistique considérable, dont trois retables gothiques.

Quelle est donc la fonction d’un retable ?
À l’origine, le retable, du latin retro tabula, qui signifie « en arrière de la table d’autel », est un simple meuble de bois ou de pierre dont la fonction semble avant tout utilitaire ; on y dépose de petits objets liturgiques. Petit à petit, on place des images, des panneaux au-dessus de ce mobilier. La fonction du retable devient alors décorative – rien n’est trop beau pour Dieu et l’on n’hésite pas à recouvrir de feuilles d’or certaines parties – mais également didactique, à la manière d’un grand livre illustré instruisant le peuple chrétien. Un retable peut comporter un ou plusieurs volets repliables que l’on ouvre les jours de fêtes et les dimanches, et que l’on referme les jours « ordinaires ».  

Un retable à deux volets
Le retable du maître à l’œillet comporte deux volets. Fermé, il représente la scène de l’Annonciation. L’archange Gabriel semble tout juste arriver devant la Vierge, en témoignent les plis de son ample manteau, encore soulevé par l’air environnant. Au-dessus du visage de la Vierge, une colombe suivie d’un tout petit enfant sont transportés par des rayons émanant du ciel (illustration 2). Sur les deux panneaux extérieurs, deux saintes, Claire à gauche et Élisabeth de Hongrie sur la droite, toutes deux ayant appartenu à l’Ordre franciscain, à l’instar des Cordeliers. Ces deux saintes symbolisent l’amour de la pauvreté et la foi. En observant le paysage dans l’encadrure de la fenêtre droite, dans la « cellule » de sainte Élisabeth, apparaissent un homme et son chien, un chasseur, qui rappelle les plaisirs mondains desquels la princesse de Hongrie s’est détournée afin de consacrer pleinement sa vie à Dieu et aux œuvres de miséricorde (illustration 1).

Un fois ouvert, trois scènes s’offrent au fidèle : la Crucifixion au centre, la Nativité sur le panneau extérieur gauche, l’Adoration des Mages sur le volet droit. Entourant le Christ en croix, nous reconnaissons Marie et Jean, mais également d’autres saints : tout à droite l’évêque saint Louis de Toulouse, à ses côtés, saint François. À droite de saint Jean, saint Bernardin et saint Antoine de Padoue. Ici encore, tous ont appartenu à l’Ordre franciscain. La naissance du Christ et l’Épiphanie se font écho, les visages des protagonistes y sont davantage apaisés et reflètent la tendresse des scènes liées à celle de la toute petite enfance du Christ.

Deux œillets
Approchons-nous d’ailleurs de l’Enfant-Jésus déposé sur un drap blanc à même le sol et pour lequel un concert de mini-angelots est en cours (illustration 3). À gauche de la harpe sont déposés sur le sol deux œillets blanc et rouge ; deux autres œillets sont aussi représentés aux pieds de l’archange Gabriel au moment de l’Annonciation. Ces fleurs dépeintes au premier plan du retable sont considérées comme les signatures de l’artiste ; mais « toutefois, ces insignes, certainement de signification symbolique, se trouvent si souvent sur des peintures contemporaines qu’il pourrait s’agir d’un moyen d’identification, peut-être l’appartenance à une corporation ou à une confrérie ». 1

Cette œuvre monumentale (7 mètres de longueur sur plus de 2 mètres de hauteur) est donc le fruit du travail de différents peintres, en témoigne la différence de style dans la composition des panneaux. Ces artisans sont tous restés anonymes, mais proviennent sans doute d’un atelier soleurois. Le retable du Maître à l’œillet est également fortement influencé par la peinture des Pays-Bas. À cette période, des gravures commencent à circuler un peu partout en Europe et permettent aux artistes d’y puiser leur inspiration. 

1 Renaissance de l’église des Cordeliers, Pro Fribourg, nº 90-91. Trimestriel juin 1991, p. 34.

Illustration 1 : Détail du retable fermé, sainte Élisabeth de Hongrie, le chasseur et son chien.
Illustration 2 : Annonciation, détail.

Pour aller plus loin :
Renaissance de l’église des Cordeliers, Pro Fribourg, no 90-91. Trimestriel juin 1991.
P. M. Moullet, G. de Reynold, L. Schwob, A. Cingria, E. Dominique, Les retables de l’église des Cordeliers, Trois chefs-d’œuvre de l’art suisse à Fribourg, 1943, Zurich.

Saint Pierre, vitrail de Paul Monnier

Eglise du Sacré-Cœur, Lausanne

Par Amandine Beffa
Photo: Jean-Claude Gadmer

Avec son vitrail, Paul Monnier nous présente saint Pierre dans sa force (il porte les clefs), mais aussi dans ses faiblesses (le coq qui rappelle le reniement).

Nous avons parfois une image parfaite des saints. Et parmi tous ceux qui ont fait des choses remarquables et dont l’exemple nous semble inaccessible, saint Pierre tient une place particulière. Il s’agit tout de même de la personne à qui Jésus a dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » (Mt 16, 18-19)

Le vitrail de Paul Monnier nous invite toutefois à ne pas trop vite déclarer que la sainteté n’est pas pour nous. En effet, saint Pierre est peut-être représenté avec les clefs, mais aussi avec le coq. Bien sûr, Pierre est celui qui répond : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » (Mt 16, 16) lorsque Jésus demande qui les disciples disent-ils qu’il est. Mais, il est aussi celui qui le renie trois fois (Mt 26, 69-75). 

Ces deux épisodes font de l’apôtre notre compagnon de foi par excellence. Ils nous rappellent que Dieu fait avec ce que nous sommes : le vitrail représente un homme qui tient fermement les clefs dans ses mains, comme quelque chose qu’il protégera et ne laissera pas tomber, tout en ayant derrière lui un coq qui rappelle ses doutes et ses manques. 

La pierre sur laquelle l’Eglise est bâtie est la confession de foi de Pierre. Et lorsque l’on bâtit sur la foi, le vent et la pluie peuvent assurément s’abattre sur la maison, elle ne vacillera pas. L’apôtre a certes eu peur pour sa vie et a préféré prétendre ne pas connaître cet homme qui allait être condamné, mais c’est sa foi qui l’a ramené au Christ après la résurrection.

Et c’est là que Pierre est un exemple : être saint, ce n’est pas être parfait comme une statue d’albâtre. C’est avoir la foi comme GPS, c’est laisser cette foi recalculer notre itinéraire vers Dieu lorsque nous nous éloignons un peu trop.

Jésus est en chaque chrétien qui se lève

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), janvier-février 2021

Par Charlotte Obez | Photo: DR

Notre Unité pastorale (UP) recèle des personnes généreuses et engagées, qui méritent d’être connues. Parmi elles, Charlotte, 24 ans, qui témoigne de sa foi et de son investissement dans l’Eglise. Elle nous présente deux projets qu’elle vient de monter pour mettre du baume au cœur à tous les membres de l’UP durant la période de l’Avent.

Quand j’étais enfant et qu’on me demandait : « Tu crois en Dieu ? », je répondais « oui » avec courage, convaincue de son existence comme un rêve à défendre. J’allais à la messe à Noël, à Pâques, pour les fêtes. Je priais le Notre Père. C’était important. Je n’étais pas encore convertie. L’année de mes 13 ans, Jésus a touché mon cœur. J’ai compris qu’il était là, vraiment présent et vivant. Ma famille et moi avons pris ensemble le chemin de la foi. A partir de là nous avons lu, écouté et surtout vécu le message du Christ.

En 2011, j’ai fait ma confirmation. J’ai décidé de suivre le chemin que le Seigneur avait choisi pour moi et je me suis engagée quelques années plus tard dans le groupe de jeunes de Nyon. Voici sept ans que j’en fais partie et que j’espère en notre église. Durant toutes ces années, nous avons loué, adoré, ri, mangé, marché ensemble. Des amitiés se sont créées. Des moments de prière ont nourri ma foi. Aujourd’hui, je suis membre du Conseil de communauté, ce qui me permet de participer à l’organisation de la pastorale de la Colombière ; je chante à la messe animée par les jeunes une fois par mois le dimanche soir ; il m’arrive d’animer d’autres messes. Je bénis Dieu pour toutes ces grâces.

S’engager, c’est entendre l’appel de Dieu
Il y a quelques semaines, j’ai regardé le film « Le Seigneur des anneaux », adaptation cinématographique du célèbre livre éponyme de J. R. R. Tolkien. Une scène en particulier m’a marquée : « J’aurais souhaité que cela n’arrive pas en mon temps », dit Frodon. « Moi aussi », répond Gandalf, « comme tous ceux qui ont à vivre des temps pareils. Mais la décision ne leur appartient pas. Tout ce que nous avons à décider, c’est ce que nous devons faire du temps qui nous est imparti ».

Au-delà d’une simple réplique, ces quel­ques mots résument ce qu’est notre engagement de chrétiens. Nous avons un rôle à jouer dès le jour où nous rencontrons le Christ et que nous le choisissons. Que faisons-nous du temps qui nous est donné ? Que sommes-nous prêts à donner à Jésus, à son Eglise ? En ces jours où notre foi est mise à l’épreuve, ces questions se posent d’autant plus. Alors même qu’il nous devient difficile de vivre notre foi librement et de nous retrouver autour de l’autel, comment continuer à faire vivre notre communauté et à nous rassembler autour du Christ ?

En octobre dernier, l’annonce de l’annulation des messes a été une nouvelle déception pour moi. Le soir même, j’ai envoyé un message à notre curé modérateur. La semaine suivante, il m’a reçue chez lui pour que nous discutions. Je lui ai alors exposé quelques idées, convaincue de l’importance de proposer aux paroissiens plus de moyens de se rencontrer pour prier et partager leur foi. C’est ainsi que l’adoration à Crassier ainsi que les vidéos YouTube « Pour aller de l’Avent » ont été lancées.

La puissance de l’adoration
Un projet ne se porte pas seul. C’est donc avec l’aide du curé modérateur, l’abbé Jean-Claude Dunand, et de l’abbé Jean Geng qu’un temps d’adoration a été organisé à la chapelle de Crassier le samedi de 10h à 18h et diffusé à 15h en direct sur la chaîne YouTube de l’UP. Il était nécessaire qu’un paroissien soit là chaque heure pour veiller en présence du Saint-Sacrement. Lorsque certaines plages horaires étaient vides, ma famille, les prêtres et moi nous sommes organisés pour être présents. Jésus est resté au centre, présent en cette chapelle pour déverser ses grâces sur les personnes qui s’y arrêtaient.

Pour aller de l’Avent
Dans le même élan, l’idée d’un calendrier de l’Avent sous forme de vidéos postées quotidiennement sur la chaîne YouTube a germé au détour d’une conversation avec Stéphane Ernst et Jean-Claude. Nous voulions proposer aux fidèles un moyen de se rencontrer autrement, de partager leur foi et de faire Eglise ensemble.

Chaque vidéo est une porte ouverte sur notre vie de prière. Elle montre l’amour profond de notre Eglise pour Jésus, présent en toute chose simple et belle. J’ai été très touchée de voir l’engouement que le calendrier a provoqué. Je souhaite remercier tous les paroissiens qui ont pris part à ce projet en ouvrant une fenêtre sur leur vie de foi. Merci également à Stéphane Ernst qui a largement aidé à la réalisation de ce projet, par son travail de montage et les contacts qu’il a eu avec les participants.

Il est urgent que le peuple chrétien, le peuple des baptisés, se lève et s’engage. Il ne s’agit pas seulement de lever les yeux, mais de nous tourner entièrement vers le Seigneur et de lui donner nos vies. Faisons silence dans nos cœurs et demandons à Dieu quelle est sa volonté. Apprenons à discerner, à écouter la voix du Père. N’attendons pas. Il t’aime et il a un projet d’amour pour toi !

Conviés à adorer

« Nous devons retrouver le sens de l’adoration. Adorer, adorer Dieu, adorer Jésus, adorer l’Esprit. Le Père, le Fils et l’Esprit: adorer. En silence. La prière d’adoration est la prière qui nous fait reconnaître Dieu comme début et fin de toute l’histoire. Et cette prière est le feu vivant de l’Esprit qui donne force au témoignage et à la mission. »
Pape François

Au service de nos aînés

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), janvier-février 2021

Par Marlena Schouwey | Photo: DR

En ce temps inédit, notre nouveau curé et chanoine Philippe Blanc, l’équipe pastorale ainsi que de nombreuses personnes restent à votre service, certes dans des conditions très particulières. Voici quelques informations sur les initiatives actuelles.

Les aînés restent une population à risque, notamment dans les homes. Une belle initiative, inventive et créative permet de rester en étroite communion. Nous connaissons tous la situation de nos aînés durant ces derniers mois. Malgré les efforts du personnel soignant, la Covid-19 les amène dans une solitude de plus en plus grande.

À mi-octobre, la deuxième vague de la pandémie nous a empêchés les visites et célébrations dans les résidences pour personnes âgées. Nous n’avons pas voulu les laisser seules face à ce nouvel isolement. Cette fois, grâce à la créativité, nous pouvons célébrer la messe, nous pouvons apporter l’eucharistie…

Chaque institution cherche ses chemins. À la Résidence des Chênes, la messe célébrée les samedis matin dans l’institution a été déplacée à la chapelle de Schoenstatt située à côté de l’école de la Villa Thérèse. Avec un simple téléphone portable et un micro, elle est transmise en live via Facebook à la Résidence. Je remercie Anne Marty pour son hospitalité, la direction des Chênes et les animateurs pour l’organisation de cette transmission. 

Nos aînés peuvent communier
La distribution de l’eucharistie a été confiée aux soignants, qui seuls peuvent entrer dans les homes. À l’issue de la messe, l’eucharistie est portée devant la porte de l’institution et ensuite, avec une marche à suivre précise, elle est transmise à ceux qui se font ses serviteurs… souvent un peu malgré eux !

Les résidents reçoivent Jésus-Eucharistie avec une très grande joie et beaucoup d’émotion. Merci à ceux qui, durant ce temps difficile, construisent cette communion.

Un break chez les Ursulines

Par Myriam Bettens
Photos: Sœurs ursulines

L’accueil commence par le sourire.

Au bout de la ligne 5 des Transports publics fribourgeois se trouve un petit havre de paix. Les longs couloirs carrelés de l’école secondaire Sainte-Ursule ne résonnent plus des joyeux babillages des élèves depuis sa fermeture en 2018. Mais loin de se départir de leur devise : «Faire connaître et aimer Jésus-Christ et contribuer à la croissance humaine et spirituelle », les Ursulines ont trouvé comment faire revivre le lieu. 

Contribuer à la croissance humaine et spirituelle
L’enseignement étant le domaine de prédilection de ces sœurs apostoliques, il était donc tout naturel de louer les locaux à deux institutions contribuant à l’éducation et la formation. Le rez-de-chaussée accueille une entreprise sociale offrant à des personnes handicapées adultes des lieux de travail et de vie. Le premier étage, quant à lui, est dévolu à des classes qui permettent à des élèves présentant de graves difficultés comportementales de bénéficier temporairement d’un accompagnement personnalisé. Et c’est au dernier étage, le plus proche du ciel, que réside une petite communauté de sœurs. C’est aussi dans ce même lieu de vie qu’elles proposent depuis 2013, aux femmes qui le désirent, un break, ou plutôt un Break’Ursule !

Un rendez-vous avec le Christ
« Notre désir était de rester ouvertes aux besoins spirituels d’aujourd’hui », indique sœur Marie-Brigitte Seeholzer, supérieure générale des Sœurs de Sainte-Ursule. Elles invitent donc à venir vivre au sein de leur petite communauté « un temps de respiration et d’enracinement dans la vie spirituelle ». Elle précise encore que leur porte est ouverte à toute personne sans distinction religieuse. De tradition ignacienne, les sœurs apostoliques n’offrent pas uniquement « un break dans le quotidien », mais également un accompagnement individualisé et des outils pour la prière. Cela afin de permettre « de parler de sa vie, de l’articuler avec la recherche de Dieu et la vie spirituelle que l’on désire approfondir ou découvrir », complète sœur Marie-Brigitte. La parenthèse peut prendre la forme de quelques jours, comme de plusieurs mois. Deux jeunes femmes ont vécu neuf mois auprès des sœurs. Une manière pour elles de faire le point sur « leurs orientations de vie et de définir comment joindre la foi qui les habite avec le monde qui s’ouvre devant elles », relate la supérieure générale. Comme pour conclure l’entretien, sœur Marie-Brigitte relève un aspect qui la touche toujours beaucoup : « Les personnes de passage nous ont affirmé que ce break était devenu pour elles le lieu où le Christ leur avait donné rendez-vous. »

Moteur de son combat: la foi

Socialiste convaincu, intellectuel engagé, à 86 ans, Jean Ziegler ne songe pas à prendre sa retraite. Il vient de publier Lesbos, la honte de l’Europe, une dénonciation de la tragédie vécue par les réfugiés en mer Egée. Au front pour défendre les causes qui lui tiennent à cœur, il dévoile le moteur de son infatigable combat: sa foi. 

Par Myriam Bettens
Photo: Jean-Claude Gadmer
A la page 48 de « Chemins d’espérance » vous écrivez : « Je crois à la résurrection. L’infini du temps et de l’univers nous constitue. »
Jean-Paul Sartre dit que « toute mort est un assassinat ». Je partage son point de vue. Nous vivons parallèlement le destin du corps et celui de la conscience. Le corps va naturellement vers la mort, alors que la conscience a un destin cumulatif et infini. La résurrection demeure une évidence, mais personne ne sait comment cela se produit. 

Quelle est la nature de Dieu selon vous ?
Dieu est amour infini ! D’ailleurs, si nous pouvons prodiguer de l’amour à d’autres, c’est qu’il vient bien de quelque part. Il est aussi providence, ce que nous comprenons facilement. Par contre, le mal, nous est totalement incompréhensible. Raison pour laquelle nous devons rester humble et accepter de ne pas tout comprendre.

Est-ce la croyance en Dieu qui vous guide ?
Mon rapport à Dieu est une relation singulière, personnelle. Il détermine ma vie. Nous sommes responsables de notre vie et de chacun de nos gestes. Nous avons la responsabilité de chaque instant que nous vivons.

Vous citez souvent Bernanos : « Dieu n’a pas d’autres mains que les nôtres. » Est-ce de cette responsabilité que vous parlez ?
Exactement ! Toutes les cinq secondes sur notre planète un enfant de moins de 10 ans meurt de faim, alors que la production agricole mondiale pourrait nourrir le double de l’humanité. Il n’y a aucune fatalité : un enfant qui meurt de faim au moment où nous parlons est assassiné, j’en suis aussi responsable.

Vous avez la foi, mais à la manière de Victor Hugo, vous détestez toutes les Eglises, aimez les hommes et croyez en Dieu.
Oui, je crois qu’il a profondément raison. Ernest Renan disait que « le Christ n’est pas venu sur terre pour s’emparer du pouvoir et de la richesse, mais pour les détruire ». Bien que le pape François soit un cadeau du ciel, le Vatican est un exemple d’absurdité. On y trouve des richesses indécentes, alors qu’une partie du monde meurt de faim. Une flagrante contradiction ! 

Etre « un bon » chrétien aujour­d’hui, cela signifie quoi ?
Les Evangiles constituent le texte le plus révolutionnaire jamais venu au monde. Notre actuel ordre cannibale du monde doit être combattu de toutes nos forces. Pour être dignes de la grâce de Dieu, nous devons détruire les structures d’inégalité et d’exploitation de l’homme par l’homme. Ce monde est fait de main d’hommes et peut être changé par les hommes. Le chapitre 25 de l’évangile de Matthieu est lumineux à cet égard : le Christ y affirme sa radicale identité avec les plus pauvres, avec les plus humiliés. Qui veut le suivre doit nourrir les affamés, aider les réfugiés, venir en aide aux écrasés.

D’une confession à l’autre

Deux étapes fondatrices de ce révolté datent de ses années gymnasiales. A cette époque, Jean Ziegler décide de rompre radicalement avec son milieu protestant (son père, calviniste thounois, était juge et colonel à l’armée), il refuse la prédestination calviniste, part à Paris et s’enrôle dans les jeunesses communistes. Le marxisme lui fournit les instruments pour comprendre le monde, mais ne répond pas à ses questions existentielles. C’est auprès du jésuite Michel Riquet qu’il trouvera des réponses. Cette période marque un tournant dans sa vie : il décide de se faire appeler Jean et non plus Hans, puis se convertit au catholicisme. L’autre rencontre se déroule en 1964, lorsqu’il sert de chauffeur à Ernesto Che Guevara lors de la Conférence de l’ONU sur le sucre à Genève. La dernière nuit, alors qu’il demande à suivre le comandante de la lutte révolutionnaire jusqu’à Cuba, le Che lui répond : « Ici, c’est le cerveau du monstre, c’est ici que tu es né, c’est ici que tu dois lutter. »

Biographie express

• Hans (Jean) Ziegler est né le 19 avril 1934 à Thoune. 

• En 1953 il part à Paris où il s’inscrit à l’Institut d’études politiques et à la Faculté de droit.

• De 1972 à 2002, il est professeur de sociologie à l’Université de Genève. 

• En 1967, il est élu conseiller national socialiste, charge à laquelle il sera réélu plusieurs fois.

• De 2000 à 2008, il est rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation.

• Depuis 2009, il est membre du comité consultatif du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, poste auquel il a été réélu en 2013, puis à nouveau en 2016.

• Il est l’auteur de plusieurs livres à succès traduits dans de nombreuses langues.

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