Les amis de nos enfants

Cinq bonnes raisons de les connaître 

Les parents soucieux de leur rôle éducatif ne peuvent faire l’économie de s’intéresser aux camarades de leurs enfants et de passer du temps avec eux.

Par Bénédicte Jollès
Dessin: DR

1.

« Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es », dit l’adage populaire. Les amis de nos enfants révèlent leurs centres d’intérêts, leur personnalité ou leurs rêves. Ils nous permettent de savoir où ils en sont, quels sont leurs qualités ou au contraire leurs points faibles à renforcer.
Qui les attire ? Les caïds, les frondeurs, les séducteurs, les premiers de classe ou les ultra-connectés ?

2.

Lâcher la bride à bon escient : trouver le juste équilibre entre permissivité aveugle et contrôle excessif est délicat.
Pour permettre à nos enfants de s’ouvrir petit à petit au monde, il est bon de les regarder évoluer à l’extérieur de la famille : sont-ils influençables ? Savent-ils se positionner, s’entourer d’amis bien dans leur peau ? Se faire respecter ? Par ailleurs, la rencontre de familles dont les valeurs chrétiennes sont proches des nôtres peut se révéler bénéfique et permettre aux jeunes de se fortifier. 

3.

Nos enfants ont besoin de parler, parfois déroutés ou malmenés par le monde extérieur qui peut être violent. Ils attendent notre avis d’adulte, telle Alexandra qui sanglote un soir dans son lit : « Je croyais que Théo était mon copain, mais il se moque tous les jours de moi sur Whatsapp. » Petit à petit, en nous rendant disponibles, par un dialogue confiant et régulier, nous pouvons amener nos enfants à découvrir que leurs vrais amis sont ceux dont ils sont fiers, ceux qui font du bien plus qu’ils n’enfoncent.

4.

Leur permettre de développer un esprit critique. Face aux contenus rencontrés sur Youtube ou les réseaux sociaux, nos jeunes ont besoin d’adultes qui les aident à discerner. « J’ai expliqué à mon fils de 9 ans happé par Fortnite que je préfère qu’il aille vers des amis capables de proposer d’autres activités que ce jeu vidéo violent : des jeux de société, du sport.
Je l’ai aussi inscrit dans un groupe scout, un mouvement qui ouvre aux autres et à la vie dans la nature », explique Catherine, maman vaudoise de deux préadolescents.  

5.

Témoigner de notre foi chrétienne dans un monde où de moins en moins d’enfants sont baptisés. L’accueil chaleureux des familles pratiquantes est une première façon d’évangéliser et de témoigner des valeurs, de la joie et de l’espérance qui les habitent.

Les dieux aussi ont voyagé

Par Nicole Andreetta
Photo: DRSources d’espérance pour l’avenir, soutiens pour braver les difficultés quotidiennes, les religions permettent de donner du sens à la vie au-delà de sa finitude.

Facilement instrumentalisées par le pouvoir et les politiques, elles suscitent également des arguments qui justifient des guerres, des massacres et des mesures d’exclusion.

Chacune prône la prière et la contemplation, préconise l’aumône, souligne l’importance de la relation à l’autre/Autre…postures qui permettent de dépasser toutes sortes de frontières dans différentes dimensions.

Néanmoins, à force de les séparer, de les distinguer, de les différencier, des théologiens de tous bords ont érigé entre elles des barrières à ne pas franchir.

Pourtant, les dieux aussi ont voyagé ! Tout le long des routes de la soie, au fil des siècles, de Venise à Samarcande, d’Alexandrie à Canton, parallèlement aux marchandises, symboles et croyances ont circulé et se sont échangés.

Dans les plaines de Mongolie, sur les rives de l’océan Indien et jusqu’aux contreforts de l’Himalaya, judaïsme, christianisme, islam, bouddhisme, zoroastrisme, taoïsme, hindouisme… se sont côtoyés, rencontrés et influencés.

Un dimanche peu banal…

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Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), novembre 2019

 

Texte par Doris Buchard
Photos: Marie Luisier, Bernard Hallet

Lourdes n’est pas un lieu qui impose une manière de penser, c’est un endroit qui vous montre une façon de vivre en communauté avec les gens les plus démunis de notre société. Les aînés, les personnes en situation de handicap et les malades sont prioritaires dans toutes les activités proposées. C’est une bouffée d’espoir et de fraîcheur. En plus de cet aspect particulièrement bienveillant, Lourdes permet de faire des rencontres géniales avec des jeunes qui partagent généralement les mêmes valeurs.

Ayant vécu ce pèlerinage l’été dernier avec un grand élan de solidarité, de bienveillance auprès des jeunes handicapés de l’accueil, nos jeunes ont voulu prolonger cette belle semaine en profitant de l’occasion pour se retrouver entre jeunes de Suisse romande entourés de toute l’équipe de Cérébral Valais.

Du coup, comment ne pas imaginer qu’un dimanche ordinaire de retrouvailles puisse se transformer en un dimanche peu banal autour d’un programme riche le dimanche 15 septembre 2019 au Botza avec une répétition de chants en vue de vivre une messe, puis le partage et la convivialité autour d’un repas, de moments de jeux et de musique.

Alors oui, Lourdes permet de vivre et de prolonger des valeurs à vivre au plus profond de son cœur.

Bravo la jeunesse pour ce bel élan et en route pour Lourdes 2020, du 24 au 30 mai et du 12 au 18 juillet.

Aider les proches aidants

Un parent âgé plus tout à fait autonome, un conjoint malade, un enfant en situation de handicap et votre quotidien est chamboulé. Vous devenez proche aidant. Regard valaisan.

Par Inês Garrido, Céline Nanchen
Photo: DR

Marie-Noëlle Gross

Vous vous retrouvez soudain en première ligne pour accompagner, aider, apporter les soins élémentaires comme vérifier la prise de  médicaments, veiller à l’alimentation, aider dans les soins corporels, s’occuper des tâches administratives, accompagner lors de sorties, etc. Le proche aidant est tout ceci dans la durée.

Interview de Mme Marie-Noëlle Gross, consultante en psychoéducation, responsable des groupes de soutien et de la ligne d’écoute.

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’association ?
Elle a pour mission de mener des activités permettant de faire connaître, informer et soutenir les proches aidants, en fédérant tous ceux qui s’investissent dans ce domaine. Ses actions visent à permettre à chaque proche aidant de mener à bien sa mission d’accompagnement auprès des personnes atteintes dans leur santé et/ou leur autonomie en évitant l’épuisement. 

Que propose concrètement l’association ?
Une ligne d’écoute : tous les mardis. Je donne des conseils, des pistes ainsi que les soutiens existants adaptés à la situation pour améliorer le quotidien du proche aidant.
Un groupe de soutien, que j’anime une fois par mois à la Vidondée, à Riddes, permettant d’échanger dans un petit groupe sur la lourdeur du quotidien, un sentiment de culpabilité ou un conflit de loyauté. Il permet de se retrouver entre pairs et de savoir que l’on n’est pas seul.
Un accueil au bureau tous les jeudis de 13h30 à 17h30 à Sion.

Quel est plus précisément votre rôle ?
Il consiste à écouter et entendre les besoins des proches aidants, leur faire connaître les soutiens financiers et structures existants et leur donner des clés sur l’évolution des maladies dans le but de conserver le lien avec leur proche lorsque leur état de santé se péjore.

Un mot à faire passer aux proches aidants ?
Osez demander de l’aide plus tôt. Cela ne veut pas dire que vous renoncez. 

Association proches aidants Valais

Rue de la Porte-Neuve 20
1950 Sion
info@proches-aidants-valais.ch
www.proches-aidants-valais.ch
Ligne écoute : 027 321 28 28
Les mardis : 9h-11h, 14h-16h, 18h-20h

Groupe de soutien 2019 : de 19h à 20h30 les 25.11, 16.12

Dès 2020 : de 19h à 21h les 27.01, 24.02, 30.03, 27.04, 25.05, 15.06, 17.08, 28.09, 26.10, 30.11, 21.12

Le rendez-vous

Par Geneviève de Simone-Cornet
Photo : Jean-Claude Gadmer

L’année tire à sa fin et déjà nos regards se tournent vers la lumière de Noël promise à nos nuits humaines. Une année rude pour l’Eglise, ébranlée par les abus sexuels, de pouvoir et de conscience, les scandales financiers et une opposition à François de plus en plus affirmée. Une année riche d’espérance avec le synode pour l’Amazonie et le Mois missionnaire extraordinaire. Ombres et lumières d’une Eglise qui chemine en plein monde au pas des hommes. Elle ne sera plus la même désormais. Elle ne pourra plus l’être si elle veut poursuivre sa mission – annoncer l’Evangile – en étant crédible.

Nous allons cheminer vers Noël au rythme des quatre semaines de l’Avent. Pour nous retrouver devant la crèche en famille et en paroisse. Célébrer le rendez-vous de Dieu et de l’humanité dans le visage d’un enfant. Serons-nous à l’heure ? Prêts à rencontrer Dieu dans la fragilité et la douceur d’un nouveau-né ? Serons-nous à la hauteur ?

Le temps de l’Avent nous est donné pour nous mettre au diapason de Dieu. Car celui que nous allons rencontrer est déroutant, inattendu, toujours neuf : « Vous me rangez / au vestiaire des idées reçues / et je viens à vous / dans la fraîcheur de la grâce ! », écrit Francine Carrillo dans « Traces vives. Paroles liturgiques pour aujourd’hui » (Labor et Fides, 2006). Celui que nous attendons habite déjà nos combats et nos doutes : « Vous me voulez / comme réponse / et je me tiens / dans le bruissement de vos questions ! ».

Noël, c’est Dieu qui vient éclairer nos nuits d’une lumière nouvelle, prendre corps pour marcher avec nous, prendre cœur pour aimer avec nous, prendre voix pour crier avec nous. L’enfant de la crèche n’adoucit rien, ne résout rien. Mais il vient nous dire cette chose essentielle : « Je suis avec vous ». Tous les jours. En tout temps.

Ne ratons pas le rendez-vous où Dieu nous espère : « Sous les pavés de vos errances », « je vous attends / comme la nuit attend le jour… ». Préparons nos cœurs, nos esprits et nos vies, faisons place à celui qui nous fait signe. Pour cela, écrit Francine Carrillo dans « Braise de douceur » (Ouverture, 2000), « renouer avec l’enfant / qui sommeille au-dedans /Tendre obstinément la main / vers le matin qui vient / S’étonner de ceux / qui nous sont donnés ». Garder en nous, précieuse, la capacité de nous émerveiller. Nourrir l’espérance. Vivre au pas de la tendresse. Tisser nos jours d’humilité.

A chacun un Noël de paix, de joie et de lumière.

Un nouvel élan

Texte et photo par Geneviève Thurre 

« Qui n’avance pas recule », proverbe issu d’une certaine sagesse populaire. 

Si, dans le cadre de mon travail, je m’ennuie, il se pourrait que mon moral baisse, que mon travail soit mal fait, que mes collègues n’aient aucun plaisir à me côtoyer, qu’une grande fatigue, la mauvaise hu­-meur, m’envahisse.

Si, dans ma vie sociale, je n’ai plus envie de rencontres, il se pourrait que je souffre de solitude, que je ressasse toujours les mêmes soucis ou les mêmes souvenirs, que mes sujets de conversations s’amenuisent, que j’ennuie les gens.

Si, dans ma vie spirituelle, plus rien ne m’intéresse, il se pourrait que ma curiosité s’éteigne, que tout m’ennuie et que je devienne moi-même ennuyeux. 

Si dans le cas d’une longue maladie ou d’une convalescence, je ne réussis pas à aller de l’avant, il se pourrait que ma guérison soit compromise, que ma réadaptation prenne plus de temps, que la situation soit difficile à gérer pour mon entourage.

Si, en vieillissant, tous les maux me terrassent, il se pourrait que je n’aie plus envie de sourire, de plaisirs, que je n’aie plus envie de me lever tout simplement.

Aller de l’avant, ne serait-ce pas l’essence même de la vie, celle qui nous permet d’être « en marche », de grandir, de se sentir vivant. Qu’a voulu nous transmettre Jésus, lui, l’homme toujours en voyage, lui qui dit toujours « oui » aux rencontres, lui encore qui dit « oui » à l’épreuve ultime, en homme debout, lui qui se fait reconnaître aux disciples d’Emmaüs, eux-mêmes en marche, alors que les apôtres se terrent.

Si j’ai le courage de dire « oui » à la vie, à son lot de peine et de joie, de rencontres et de projets, il se pourrait que mes moteurs de vie soient l’acceptation, la joie, le dynamisme, l’Autre, afin que je puisse offrir au monde ce que j’ai de meilleur en moi.

Et si nous n’hésitions plus devant les nouveaux élans que la Vie dispose dans nos vies, que se passera-t-il ? 

En librairie – novembre 2019

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Je vais mourir mardi 18
Claude Mermod

Par effets de médias, le suicide assisté se transforme en un acte militant puis se propage. Voilà enfin le contre-témoignage qui alerte sur cet abus, notamment lorsque l’aide médicale à mourir est accordée à des personnes en bonne santé. Claude Mermod, frère d’un membre d’Exit, dénonce les ravages irréversibles que cette association engendre aussi bien dans les familles qui se divisent que dans le monde médical devant accepter à contre-cœur une intrusion mal venue entre le patient et lui. Un livre courageux, très bien documenté que je presse de lire tous ceux qui idéalisent les gourous de ce culte rendu à la mort.

L’Harmattan

Acheter pour 35.50 CHFLa culture du dialogue dans les relations inter-religieuses
Coutel – Leduc – Rota

Nous vivons une ère de promotion de la « culture du dialogue ». Dialogue entre les Eglises, dialogue entre les religions, dialogue entre les cultures, mais aussi dialogue social… La « culture du dialogue » s’est imposée au sortir de la Seconde Guerre mondiale comme la garante de la paix sociale dans les sociétés occidentales. Le présent volume entend interroger l’histoire du dialogue inter-religieux, en se concentrant sur trois points : le moment de sa genèse dans les années soixante, ses relations avec l’Etat dans plusieurs contextes nationaux, et enfin ses opposants.

Parole et silence

Acheter pour 29.00 CHFJudaïsme, christianisme, islam, c’est quoi ?
Filotéo

Dans cet ouvrage qui a pour but d’expliquer les grandes religions aux enfants, chacune des trois parties est composée de doubles-pages thématiques répondant à des questions : C’est quoi la bar-mitsva pour les juifs et l’Aït pour les musulmans ? Comment prient les musulmans ? Qu’est-ce que la Bible ? Qu’est-ce qu’on fait pendant la messe ?…Ce livre, abordable dès 8 ans, donne à connaître les symboles des juifs, des chrétiens et des musulmans, ainsi que leur livre saint, leurs lieux de prière, leurs fêtes et le pourquoi des rites qui marquent leur vie de croyants.

Bayard Jeunesse

Acheter pour 25.20 CHFPrendre soin les uns des autres
Henri Nouwen

Que vous soyez soignant profes-sionnel ou membre de sa fa-mille, vous savez combien il est difficile d’aider une personne en attente de soins. Mais il n’est pas toujours facile non plus d’être la personne qui reçoit les soins. La relation de soin implique de nouer un rapport avec quelqu’un que nous n’avons pas choisi de connaître. Henri Nouwen montre comment il est possible de vivre cette relation dans le respect, l’écoute, la présence et la vérité.

Salvator

Acheter pour 16.00 CHF

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Aveuglés?

Extrait de l’homélie du Dimanche des Migrants
Photos: DR

A l’occasion du Dimanche des Migrants (29.09), l’Eglise fait mémoire des personnes exilées qui doivent vivre sur une terre étrange(ère), loin de tout repère, fuyant une réalité locale terrible souvent faite de violence et de persécution. A bout, ils en viennent notamment à accepter de traverser la mer Méditerranée au prix de leur vie… Le naufrage de leurs embarcations et la mort d’innombrables personnes doit nous interpeller ! En écho, l’évangile de ce dimanche exprimait cet abîme Nord-Sud par la comparaison d’un homme riche qui fait chaque jour de somptueux festins et d’un autre nommé Lazare gisant à sa porte couvert d’ulcères que les chiens viennent lécher… (Lc 16, 19-31)

« Ce drame, si souvent répété et toujours actuel, interroge notre responsabilité personnelle et collective ainsi que nos choix de vie. Qu’est-ce qui l’emporte ? Notre amour du prochain ou l’idée bien établie – d’une logique imparable – selon laquelle : « On ne peut pas accueillir toute la misère du monde ? » Qu’est-ce qui parle en premier ? L’ouverture du cœur ou la fermeture très pragmatique des frontières ? Qu’est-ce qui compte le plus ? La lutte contre la souffrance ou notre intérêt et notre bien-être ?

« Comment se fait-il – demandent les faux naïfs – qu’il y ait des réfugiés économiques ? Pourquoi tous ces gens – comme le pauvre Lazare – veulent-ils leur part des miettes qui tombent de notre table ? » On peut bien faire l’autruche et ignorer qu’aujourd’hui ces inégalités sont si grandes et si nombreuses qu’on écrit des pages et des pages de rapports, qu’on fait même des atlas pour encore mieux montrer les régions du monde où l’on ne trouve ni nourriture, ni eau potable, ni électricité, ni toilettes, ni retraite, ni aide sociale, ni couverture santé… Mais interrogeons-nous pour savoir quels sont les pays qui contribuent aux guerres ou qui les laissent faire ? Qui là-bas exploite les ressources et appauvrit les populations ? Qui vit au-dessus de ses moyens, tout en ignorant les autres ? « Entre eux et nous – dit la parabole – il a été disposé un grand abîme, pour que ceux qui voudraient traverser ne le puissent pas. » (Lc 16, 26)

Nous sommes les témoins d’une pauvreté qui fait basculer une part de l’humanité dans une condition de sous-humanité ! Et la connaissance de ces injustices criantes, loin de susciter notre action concrète, semble nous plonger dans une sourde impuissance ! Alors que ne rien faire est aussi d’une grande violence, pour ceux qu’on abandonne à leur malheur, mais aussi pour nous-mêmes si nous nous résignons !

Heureusement, il y a l’Evangile… et le Christ qui, par cette parabole, nous délivre de tout fatalisme. Cette histoire de l’homme riche et du pauvre Lazare est d’une scandaleuse vérité. Elle nous renvoie à toutes les disparités sociales et à la situation d’un grand nombre de personnes aujourd’hui, y compris autour de nous. D’un côté, un nanti, vivant dans l’abondance, avec ses vêtements luxueux, ses somptueux
festins… De l’autre, Lazare, dont le nom signifie : « Dieu aide ». Et entre ces deux hommes : un immense fossé. Celui de l’indifférence ! La plus grande injustice n’est pas que certains soient plus riches que d’autres, mais que la richesse puisse rendre les hommes aveugles ! Que la vie facile les prive de tout discernement, les rende incapables de voir la situation dans laquelle ils se trouvent par rapport aux autres.  Là est le grand malheur frappant ceux à qui l’argent fait croire qu’ils vivent dans un autre monde. Qui se sentent si différents, qu’ils en deviennent irresponsables ! 

Ainsi, le scandale que Jésus dénonce c’est l’aveuglement de ceux qui ne sont plus en mesure d’évaluer leur condition véritable. Le malheur du riche, c’est de vivre comme si la misère n’existait pas, comme si la souffrance des autres était sans importance… De manière volontaire ou involontaire, il ferme les yeux sur la réalité qui le dérange, celle qui risque de perturber la fausse sécurité matérielle qu’il partage avec ses amis. Et les grands festins qu’il donne sont autant de symptômes qui à la fois masquent et dévoilent l’accablante vanité de son existence.

Alors, l’injustice la plus honteuse qui nous menace, c’est le risque de nous fermer, de n’être plus capables de voir ou de ne plus savoir regarder. Ou bien qu’ayant trop vu, nous ne puissions plus que fermer les yeux sur l’essentiel, comme si l’excès d’information audio-visuelle ne faisait que dissimuler les évidences.

Tous différents: une richesse

Par le Chanoine Joseph Yang
Photo: Marion Perraudin

Aujourd’hui, le monde devient de plus en plus petit… comme un village. Par les moyens de tranports modernes – la voiture, le train, l’avion – nous nous déplaçons facilement et rapidement. Par les moyens informatiques, nous sommes ultraconnectés et le monde est interconnecté.

Nous vivons en réalité dans une société interculturelle et interreligeuse. On n’a pas besoin de chercher bien loin. Prenons l’exemple de Martigny chez nous : une toute petite ville parmi les autres avec ses 18’000 habitants. On y trouve 35% de population étrangère et 113 nationalités différentes !

Je regarde cette réalité comme une chance et une richesse. Une chance : parce que nous n’avons pas besoin de chercher ailleurs. Ils sont là, chez nous. Une richesse : parce que nous pouvons connaître et rencontrer tellement de cultures et de religions différentes dans un dialogue. Entrer en dialogue avec l’autre – selon l’esprit de l’Evangile – exige quelques conditions nécessaires :

L’égalité. L’autre en face de moi est une personne comme moi. C’est moi-même en quelque sorte (alter ego). En elle, il y a une histoire, une culture, une religion… Au début des célébrations, le prêtre commence très souvent par dire : « Chers frères et sœurs… » En Jésus, nous sommes tous frères et sœurs. Nous sommes égaux.

Le respect. L’autre en face de moi, c’est Jésus. Parce que Jésus se manifeste en chaque personne. Il nous dit : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25, 40). Si l’on veut respecter Jésus, respectons l’autre.

L’ouverture. Si j’ai le désir de connaître l’autre, face à moi, je me dois d’avoir un esprit ouvert, un cœur ouvert. C’est le signe que j’accepte l’autre comme il est.

• Le dialogue. C’est un moyen extrêmement important selon moi pour connaître l’autre, pour vivre avec l’autre, pour cheminer avec l’autre en paix, en joie.

Au service à la suite du Christ serviteur

Propos recueillis par Danièle Moulin
Photo: R. Nzobihindemyi

Agent pastoral laïc pour l’UP Saint-Joseph, Robert Nzobihindemyi sera ordonné diacre permanent le 8 décembre prochain à l’église Saints-Pierre-et-Paul de Villars-sur-Glâne. Robert nous parle de ce ministère particulier et multiforme consistant à servir l’Église et le monde à la suite du Christ serviteur.

« Je donnerai tout à Dieu »
Robert le reconnaît : son nom est difficilement prononçable sous nos latitudes, mais il est pourtant très riche de sens. Au Burundi, pays où il a vu le jour en 1967, chaque enfant se voit donner un nom véhiculant un message propre, correspondant au rôle qu’il aura dans sa propre famille ou encore au contexte dans lequel il est né. Son nom à lui signifie « Je donnerai tout à Dieu ». 

La foi de Robert a trouvé sa source au sein d’une famille profondément croyante et pratiquante. Depuis tout petit, cette foi est pour lui un don de Dieu. Elle le soutient et le fortifie, notamment lorsqu’il est confronté à l’âge de cinq ans au décès de son papa, mort assassiné. Persécuté et menacé de mort lui-même, il quitte seul, sans sa famille, son pays natal en 1988 pour se réfugier dans un pays voisin. Quelques années plus tard, en 1993, un ami évêque l’envoie à Fribourg pour y poursuivre ses études, mais aussi pour discerner sa vocation. Il faut dire qu’au Burundi, la question de la vocation est omniprésente et la grande majorité des enfants et des jeunes se la pose !

Un appel
Il s’envole donc pour Fribourg, où il étudie à l’École de la Foi. C’est à cette même époque qu’il rencontre celle qui deviendra son épouse, elle aussi burundaise, arrivée en Suisse une année après lui. À partir de ce moment, Robert se dit : « Ça y est, j’ai trouvé ma vocation, Dieu va me laisser tranquille ! » Il poursuit ses études en théologie à l’Université de Fribourg. Tout se déroule normalement, mais pourtant, reconnaît-il « quelque chose m’habitait sans que je sache très bien le définir ». Petit à petit, des personnes de son entourage l’interpellent : « Tu sais ce que c’est le diaconat permanent ? » Robert ne le sait pas vraiment, étant donné qu’au Burundi ce ministère n’existe pas encore. Il se renseigne et se pose énormément de questions à ce sujet : « J’ai surtout beaucoup prié et j’ai également pris le temps d’en parler longuement avec mon épouse et mes trois enfants. » Sa famille lui assure son soutien dans ses démarches.

Robert prend contact avec les personnes chargées de la formation. Malgré tout, il tente d’éloigner le plus loin possible de lui cette idée. Toutes les excuses sont bonnes : « Ce n’est pas raisonnable, j’attends que mes trois enfants soient majeurs » ou encore « Cette idée me passera ! ». Mais l’idée du diaconat permanent l’habite toujours davantage. Il entame alors une année de discernement suivie de la formation qui dure normalement trois ans : « Tout est allé très vite et se passe bien ; je ne peux que rendre grâce pour le soutien reçu de la part de ma famille, de ma communauté paroissiale et de mes collègues de travail. » Robert se reconnaît chanceux de pouvoir travailler au sein de l’UP Saint-Joseph et de servir dans la diaconie, notamment pour la Conférence Saint-Vincent de Paul ainsi que pour le Mouvement chrétien des retraités (MCR).

« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis »
Si Robert est déjà assistant pastoral, son ordination implique tout de même un grand changement : « Je vais recevoir la grâce sacramentelle de servir davantage l’Église. » Pourtant, il ne considère pas cela comme une promotion. Pour lui, il s’agit avant tout d’une réponse à un appel, afin de continuer à vivre son baptême, mais aussi à être configuré au Christ qui est le diacre par excellence, c’est-à-dire le serviteur. Robert se réjouit de vivre pleinement les trois dimensions de la mission du diacre : le service de la liturgie, de la parole et de la charité. En même temps, il sait que sa famille restera le premier terrain de son ministère : « On ne peut pas prétendre servir les autres si on ne commence pas là où l’on vit. » 

« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis pour que vous alliez, que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure. » (Jean 15, 16) C’est ce verset que Robert a choisi pour son ordination. Pour lui, c’est Dieu qui appelle à une mission spécifique et attend notre réponse. Robert sait maintenant que Dieu l’envoie vers les autres, en particulier les pauvres, pour être un témoignage vivant et joyeux, pour être le signe visible effectif du Christ Serviteur.Dimanche 24 novembre, fête du Christ Roi, nous vous convions à la célébration des vêpres à 17h à l’église paroissiale de Villars-sur-Glâne. À la veille de sa semaine de retraite diaconale, ce sera l’occasion de prier avec et pour Robert et d’expliquer ce qu’est le diaconat permanent.

Dimanche 8 décembre, en la solen-nité de l’Immaculée Conception, nous sommes tous conviés aux ordinations diaconales de Robert Nzobihindemyi, Josef Guentensperger, Giuseppe Foletti et Vincent Lathion, par l’imposition des mains de notre évêque, Charles Morerod, à 10h, à l’église paroissiale de Villars-sur-Glâne. Ce même matin, pas d’autre messe dans les paroisses de l’UP Saint-Joseph.

Impuissance

Par Pascal Tornay
Photo: DR

L’épouse d’un cousin se sépare de lui, le laissant seul avec trois enfants. Ils ne savent plus comment être ensemble. Impuissance. Mutisme. J’évite tout jugement. Aussi intérieurement. J’adopte tant bien que mal une posture compatissante et priante. 

L’époux d’une amie est décédé récemment après une longue maladie. Je l’appelle pour prendre de ses nouvelles : « Comment traverses-tu cette nouvelle épreuve ? » J’écoute et essaie de l’entourer, un peu malhabilement, de mon amitié, d’une certaine paix que j’invoque. Impuissance.

Un ami en grande difficulté se demande quel est le sens de sa vie. Il se dit que, dans ces conditions de précarité, de souffrance, il décidera prochainement s’il mettra un terme à cet existence misérable. A ces propos je prends peur, mais essaie de regarder vers le Seigneur en gardant cette profonde certitude que tout est en Lui. J’écoute, impuissant. Je le confie secrètement à la tendresse du Père, aux anges gardiens. Je l’assure de ma présence active… s’il en a besoin.

Je pourrais multiplier les exemples. Face à toutes ces situations, que faire ? Qu’y puis-je ? Concrètement, j’avoue : je ne sais pas. Je me souviens d’un épisode de détresse personnelle il y a 15 ans : mes proches étaient tous dans un désarroi terrible. Comment faire ? Que faire ? Que dire qui puisse soulager, soutenir, encourager ?

Après coup, mes parents m’ont dit : « Que pouvions-nous faire ? J’ai répondu : « Il n’y avait rien à faire. Il y avait à être là et à rester là, présent, discrètement à l’affût. Il y avait à donner un sourire, un câlin. Il y avait à rester confiants, silencieusement : priant et criant sourdement vers le Seigneur tout-(im)puissant (!), comme vous l’avez fait sans cesse… Alors des perles jaillirent de leurs yeux : « Nous avons donc pu faire quelque chose pour toi ! » Je rétorque : « Vous avez été là et vous êtes restés avec moi, c’est tout ce dont j’avais besoin : MERCI ! »

Voilà le « pouvoir des mains vides » comme a pu l’écrire l’abbé Joël Pralong ; le pouvoir paradoxal que Dieu, par son Fils Jésus, exerce notamment sur la Croix et qu’il continue d’exercer dans le secret de notre vie. « Ne rêvons pas que Dieu soit partout sauf où l’on meurt » dit une hymne du bréviaire. Oui, il est là discret, mais éternellement et totalement présent sur ces routes humaines où l’on souffre et où l’on crie de douleur. 

Nous sommes impuissants qu’apparemment car au fond, une force mystérieuse et réelle passe bien ! En fait, rester foncièrement confiant, patient et présent à l’autre tient tout à la fois de la banalité et du miracle. Dans ce compagnonnage qui va jusqu’au bout – que chacun peut offrir – et que le Seigneur, lui d’une manière divine, ne cesse d’offrir à celle et celui qui veut le recevoir – il y a le plus haut témoignage d’amour. Il ne fait pas de bruit, mais il est rédempteur !

Hymne :

Puisqu’il est avec nous
(D. Rimaud – CNPL)
[…] Puisqu’il est avec nous
Pour ce temps de violence,
Ne rêvons pas qu’il est partout
Sauf où l’on meurt…
Pressons le pas,
Tournons vers lui notre patience,
Allons à l’homme des douleurs
Qui nous fait signe sur la croix !

Puisqu’il est avec nous
Dans nos jours de faiblesse,
N’espérons pas tenir debout
Sans l’appeler…
Tendons la main,
Crions vers lui notre détresse ;
Reconnaissons sur le chemin
Celui qui brûle nos péchés ! […]

Christus Vivit: l’éclairage

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorale du Grand-Fribourg, novembre-décembre 2019

Par Paul Salles
Photo: Cef.frNous poursuivons notre série annuelle sur l’exhortation Christus Vivit du pape François qui fait suite au Synode sur la foi, les jeunes et le discernement vocationnel. Pour ce numéro, intéressons-nous plus profondément au chapitre 4. 

Vous pourriez être tenté de vous demander pourquoi, après avoir traité les deux premiers chapitres en introduction, s’intéresser au quatrième chapitre sans traiter le troisième. Non qu’il soit dénué d’intérêt (nous nous y pencherons dans le prochain numéro), mais c’est parce que ce quatrième chapitre est le cœur, le centre névralgique de l’exhortation. 

Ces vérités qu’il ne faut jamais taire
François introduit ainsi ce chapitre : « Je souhaite maintenant annoncer à tous les jeunes le plus important, ce qui est primordial, ce qu’il ne faut jamais taire. Une annonce qui comprend trois grandes vérités que nous avons tous besoin d’entendre sans cesse, encore et encore. » (CV 111) Lorsque l’on a l’habitude de lire le pape François, on se rend bien compte, à travers cette formule, qu’il y a là un point sur lequel il veut vraiment insister. Autant dire d’avance que si on passe à côté de ce chapitre, du message central qu’il porte, ça ne sert à rien, en tant que chrétien, de s’intéresser aux jeunes, à leurs problèmes, ou de chercher à leur proposer quoi que ce soit. Sans cela, l’Église court le risque de n’être qu’une ONG humanitaire, ainsi que le pape François le dénonçait dans sa première homélie au lendemain de son élection. 

Voici la première de ces vérités : « Dieu t’aim. » Au-delà de l’aspect si simple de ces quelques mots, c’est bien le cœur même de Dieu qui se révèle : « Si tu l’as déjà entendu, peu importe. Je veux te le rappeler : Dieu t’aime. N’en doute jamais, quoiqu’il arrive dans ta vie. Tu es aimé infiniment, en toutes circonstances. » (CV 112) François veut ici faire tomber toutes les idoles, ces fausses représentations d’un Dieu vengeur, vieillard barbu sur son nuage, ou autres caricatures tellement éloignées du cœur de l’Évangile : Dieu t’aime, il est Père, éternellement fidèle, tendre et miséricordieux.

« Il te sauve. » François poursuit avec cette deuxième vérité à ne jamais taire. Elle révèle la mission du Fils qui, « par amour, s’est livré jusqu’au bout pour te sauver. » (CV 118) « Ce Christ, qui nous a sauvés de nos péchés sur la croix, continue de nous sauver et de nous racheter aujourd’hui, avec le même pouvoir de son don total. Regarde le Christ, accroche-toi à lui, laisse-toi sauver […]. Regarde les bras ouverts du Christ crucifié, laisse-toi sauver encore et encore. » (CV 119.123)

« Il vit » : le Christ est ressuscité, il est toujours vivant, et citant saint Paul « Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est votre foi » (1 Co 15, 17). Sans cette troisième vérité à annoncer à tous, « nous courons le risque de prendre Jésus-Christ seulement comme un bon exemple du passé, comme un souvenir, comme quelqu’un qui nous a sauvés il y a deux mille ans. Cela ne nous servirait à rien, cela nous laisserait identiques, cela ne nous libérerait pas. Celui qui nous remplit de sa grâce, qui nous libère, qui nous transforme, qui nous guérit et nous console est quelqu’un qui vit ».
Si le Christ est vivant, « alors il pourra être présent dans ta vie, à chaque moment, pour la remplir de lumière. Il n’y aura ainsi plus jamais de solitude ni d’abandon. […] Si tu parviens à apprécier, avec le cœur, la beauté de cette nouvelle, et que tu te laisses rencontrer par le Seigneur, si tu te laisses aimer et sauver par lui, si tu entres en amitié avec lui et commences à parler avec le Christ vivant des choses concrètes de ta vie, tu feras la grande expérience, l’expérience fondamentale qui soutiendra ta vie chrétienne ». (CV 125.129)

Le pape François n’invente rien, il s’agit bien du cœur de l’Évangile, l’annonce de l’Amour livré qui pourra seul sauver le monde.

Aspirer au salut de tous

Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR
« Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. » (1 Timothée 2, 4) Cette affirmation centrale de Paul nous invite à continuer d’espérer que tous les êtres de toutes provenances, confessions et religions soient associés au salut de Dieu en Jésus-Christ. 

Ainsi, il n’y a pas de contradiction entre dialogue et mission. Au contraire, la mission comporte nécessairement le dialogue, et le dialogue s’ouvre à l’annonce chaleureuse et respectueuse. Après avoir célébré le « Mois missionnaire extraordinaire » en octobre, nous sommes donc invités à vivre pleinement en novembre la « Semaine des religions ».

En effet, le Seigneur de la Bible est unique, il est « le Dieu vivant, le Sauveur de tous les hommes ». (1 Timothée 4, 10b) Le Christ est « la voie, la vérité et la vie : nul ne va vers le Père sans passer par lui », dit-il à ses disciples. (Jean 14, 6)

Service de la vérité
En même temps, c’est sur l’amour en actes et en vérité que tout homme et femme de bonne volonté sera jugé, lorsque le Fils de l’homme nous dira à tous : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger. J’étais un étranger et vous m’avez accueilli. J’étais nu et vous m’avez vêtu. J’étais malade ou prisonnier et vous m’avez rendu visite. Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Matthieu 25, 31-46)

Aussi ne pouvons-nous pas nous contenter de « rester entre nous au chaud ». Le pape François nous pousse aux périphéries des autres traditions religieuses, pour que nous rendions le « service de la vérité » au monde qui a le droit de la connaître, que nous nous laissions enrichir par les semences de vérité présentes dans toutes les religions et que nous dégagions ensemble les voies du Royaume de paix, de justice et de sauvegarde de la création. C’est pourquoi le dialogue interreligieux fait partie intégrante de la proclamation de la joie de l’Evangile et de la mission du Christ (cf. Evangelii gaudium, n. 247-254). Entrer en dialogue authentique signifie aspirer au salut de tous nos interlocuteurs.

A la découverte de l’Arménie

Les membres du groupe de jeunes de Nyon ont découvert l’Arménie, terre des premiers chrétiens, du 8 au 21 juillet. Un voyage enrichissant aux plans humain et spirituel pour chacun. Et des souvenirs plein la tête.Par Audrey Boussat
Photos : Laurine Roos, Audrey Boussat, Stéphane Ernst

Lorsque nous nous sommes envolés pour Erevan, la capitale de l’Arménie, le 8 juillet, nous étions loin d’imaginer que notre guide, Irène Chaboyan, serait aussi exceptionnelle. Celle qui est devenue notre maman arménienne dégageait une énergie communicative. Au fil des jours, elle a aiguisé notre soif d’apprendre et répondu à nos nombreuses interrogations dans un français parfois meilleur que le nôtre. Cette femme avait le don de nous captiver. Elle nous a embarqués dans l’authenticité de son pays. C’est grâce à elle que notre voyage s’est bien déroulé, et en si agréable compagnie. Merci Irène !

Un peuple accueillant

Dès le premier jour, le ton était donné : nous avons visité Erevan avec des Arméniennes de notre âge qui sont très rapidement devenues des amies. Lors de notre découverte de la capitale à pied, elles ont partagé avec nous aussi bien des anecdotes historiques que leurs habitudes et leurs centres d’intérêt. Le soir, nous avons compris que la cordialité de l’Arménie ne se résume pas à son peuple, mais qu’elle s’étend à ses mets, ses musiques et ses danses. Nous avons mangé dans un restaurant proposant des spécialités du pays. Entre les différents services étaient ménagés des interludes musicaux pendant lesquels nous étions invités à nous lever pour apprendre des danses traditionnelles.

Tradition spirituelle

Le lendemain, nous avons visité les ruines de la cathédrale de Zvartnots, un édifice datant du 7 e siècle qui bénéficiait alors d’une renommée internationale. Zvartnots, la « cité des anges », est aussi le nom donné à l’aéroport national en référence aux avions qui tutoient les habitants du ciel.

L’après-midi, nous nous sommes rendus à Etchmiadzin, le siège de l’Eglise apostolique arménienne. Irène nous y a présenté une œuvre d’art typique du pays : les stèles sculptées (khatchkars). Ces blocs de pierre sculptés à la main représentent la croix du Christ après qu’il en est descendu. Des racines, symboles du renouveau et de la victoire de la vie sur la mort, sont souvent visibles au-dessous des croix. On y trouve aussi régulièrement la planète Terre pour évoquer le caractère universel de la chrétienté.

Les jours suivants, nous avons découvert un nombre important de monastères, églises et autres édifices religieux tous plus beaux les uns que les autres. Lors de ces visites, nous avons pris soin d’appliquer les conventions locales afin de respecter ces lieux sacrés. Les filles du groupe dissimulaient régulièrement leurs cheveux sous des foulards et nous sortions des bâtiments à reculons pour ne pas tourner le dos (dans tous les sens du terme) à l’autel.

Des fontaines inoubliables

En définitive, le programme qu’Irène nous avait concocté était d’une richesse qui n’avait d’égale que la joie que nous avions à le suivre. En plus d’avoir découvert la dimension spirituelle de l’Arménie, très riche, nous nous sommes familiarisés avec les us et coutumes locaux. Nous avons notamment cueilli des abricots, tissé des tapis, vécu un rite folklorique, appris à jouer du duduk (un instrument à vent typique du Caucase), assisté à la préparation du pain traditionnel (le lavash) et dégusté du vin d’argousier. Les fontaines d’Erevan qui dansent et chantent resteront dans nos mémoires : à la tombée de la nuit, des jets d’eau et de lumière s’allument dans le bassin situé devant le musée d’histoire et bougent au rythme de musiques entraînantes et variées. Il règne une ambiance extraordinaire lors de ce spectacle, aussi y avons-nous assisté le plus souvent possible.

Des plaisirs simples

Ce voyage m’a ressourcée et m’a permis de prendre de la distance tant géographiquement que mentalement. Des diverses émotions qui m’ont habitée durant ces quelques jours, la plus marquante est incontestablement la gratitude. D’abord envers l’Arménie et le peuple arménien : j’ai découvert une nation généreuse, dynamique et bienveillante qui restera gravée dans mon cœur. A l’heure où mes convictions écologiques me poussent à abandonner les voyages en avion au profit de trajets en train, j’ai d’autant plus savouré cette escapade.

Ces vacances m’ont aussi permis d’apprécier la chance que nous avons en Suisse. Nous habitons dans un pays calme où l’électricité est considérée comme un dû et l’eau omniprésente. En Arménie, l’or bleu coule aussi à flots et des fontaines sont disséminées à travers toute la capitale. Toutefois, dans l’auberge de jeunesse, nous avons expérimenté une coupure d’eau de 24 heures suivie d’eau glaciale pendant le même laps de temps. Se laver avec un seau ; prendre garde à ne pas trop boire malgré la chaleur afin de garder des réserves ; ne pas pouvoir choisir la température de sa douche : une réalité dans de nombreux pays, mais pas en Suisse.

Depuis quelques mois, je cherche aussi à me détacher de mon téléphone portable, trop souvent dans ma main. Ce séjour en Arménie m’y a aidée : nous n’avions pas le wifi tous les jours, ce qui limitait nos possibilités de connexion ; et quand nous avions accès à internet, nous avions bien mieux à faire. Discuter, jouer aux cartes, résoudre des énigmes et surtout rire aux éclats : autant de plaisirs simples de la vie que nous avons appréciés là-bas à leur juste valeur.

Alors pour ces vacances, nos nouveaux amis et tous les souvenirs que nous avons ramenés, je veux te dire, Seigneur : « Chnorakaloutioun » (merci en arménien) !

Bienvenue

L’unité pastorale Nyon-Terre Sainte a un nouveau curé, l’abbé Jean-Claude Dunand, depuis le 1er septembre. Il a été accueilli officiellement ce jour-là lors d’une messe à Bonmont. Il partage dans ces lignes sa vision de l’Eglise, sa spiritualité et ses idées pour ses deux nouvelles paroisses.Recueilli par Geneviève de Simone-Cornet
Photos : Jean-Claude Dunand, André Bourqui

Comment avez-vous accueilli votre nomination comme curé modérateur de l’unité pastorale Nyon-Terre Sainte ?
Jean-Claude Dunand : Tous les cinq ans, dans notre diocèse, nous sommes invités à faire un bilan avec le délégué de l’évêque. Ce qui a été fait à la fin de l’année 2018. L’important pour moi est le travail en équipe : assumer la mission de l’Eglise dans un esprit de coresponsabilité et de complémentarité. Accepter de venir dans l’unité pastorale Nyon-Terre Sainte (UP) est un défi que j’ai abordé avec une certaine sérénité, les premiers contacts, en juin, ayant été vraiment fraternels. Le fait que je connaissais bien mon prédécesseur, l’abbé Giraud Pindi, pour avoir travaillé avec lui de nombreuses années dans l’UP Notre-Dame de Compassion, à Bulle, dans le canton de Fribourg, a favorisé et facilité ma venue.

Je dirais tout de même que des mandats de cinq ans me paraissent un peu courts pour mener à bien des projets. Il faudrait sept ou huit ans. La proposition de rester dans l’UP des Montagnes neuchâteloises ne m’avait pas été faite. Je suis donc venu en toute confiance.

Une nouvelle tranche de vie s’ouvre pour vous. Qu’en attendez-vous ?
Vivre au mieux le ministère presbytéral en me mettant humblement au service de l’Eglise dans cette belle région située entre le lac Léman et le Jura.

Que désirez-vous apporter ?
Tout d’abord, je vais prendre le temps de regarder ce qui se vit dans l’UP, découvrir ses richesses humaines et religieuses. Les communautés étaient là avant moi, elles seront là après moi, et elles ont leur histoire. Par la suite, nous regarderons ensemble ce qu’il y a à changer, à renouveler, à laisser de côté. L’essentiel est de sentir comment, dans le monde d’aujourd’hui, répondre aux besoins et aux demandes avec les ressources présentes ici et maintenant pour que les communautés soient vivantes, l’Evangile annoncé et le Christ mort et ressuscité célébré.

Quelle spiritualité vous nourrit ?
« Vous êtes le corps du Christ, chacun pour sa part, vous êtes membres de ce corps » (1 Co 12, 27). Cette phrase de Paul donne sens à mon ministère, à ma vision de l’Eglise et à ma compréhension de l’exercice de la charge pastorale. Tout cela trouve sa source dans la Parole méditée et particulièrement la célébration de l’eucharistie.

Régulièrement, je retrouve une équipe de prêtres pour partager et me ressourcer. Nous invitons une personnalité issue de l’Eglise ou autre. J’évoquerai ici la passion des tables : la table de la Parole, la table eucharistique, la table qui refait les forces du corps en savourant les fruits de la création et autour de laquelle nous échangeons de belles expériences vécues avec les richesses de nos sens. 

Quelle vision de l’Eglise vous anime ?
L’Eglise est la communauté créée par la grâce divine en Jésus-Christ rassemblant des hommes et des femmes de toutes cultures. Nous devons apprendre à vivre le multiculturalisme : c’est une chance, un enrichissement et une réelle prise de conscience de la réalité de l’Eglise voulue par le Christ. L’Eglise a vraiment une mission à l’ère de la mondialisation : annoncer la Bonne Nouvelle du salut au monde entier et réaliser sa vocation missionnaire pour accomplir l’intime souhait du Christ : « Que tous soient un » (Jn 17, 21). L’Eglise doit être une communauté d’encouragement et d’apprentissage mutuels. Toutes les communautés ecclésiales sont appelées à vivre dans cette interdépendance afin qu’elles soient toutes en mesure de dire l’Evangile au monde entier; et célébrer ensemble avec leurs différences la louange au Dieu de toutes les nations.

Un autre apprentissage à développer : l’Eglise communauté, la communion entre frères et sœurs dans le service et le partage. La vocation baptismale renferme les ressources nécessaires pour rendre les communautés vivantes. Par l’onction baptismale, « Toi qui fais maintenant partie de son peuple, il te marque de l’huile sainte pour que tu demeures éternellement membre de Jésus-Christ, prêtre, prophète et roi », chaque personne reçoit de Dieu un appel personnel et mystérieusement gravé en lui, dans la liberté de l’amour. Elle est invitée à « servir en sa présence », comme le dit la prière eucharistique II, avec ses dons et ses charismes. La communauté peut ainsi s’épanouir.

Jésus inaugure même la notion de complémentarité et de coresponsabilité du service en envoyant les disciples en mission deux par deux.

Sur quoi désirez-vous mettre l’accent ?
Pour bien répondre à cette question, je dois discerner les besoins avec l’Equipe pastorale et le Conseil de l’unité pastorale. J’en ai déjà un peu parlé avec leurs membres. Nous devons encore approfondir les choses.

Retenons déjà  la liturgie, qui contient en elle-même toute la nourriture pour le croyant et la communauté, les ressources humaines des baptisés qui font vivre les communautés, une communication en phase avec notre temps.

L’abbé Dunand avec les autres membres de l’Equipe pastorale (de gauche à droite) à Bonmont : les abbés Zbiniew Wiszowaty, Jean Geng et André Fernandes et Marie-Agnès de Matteo, agente pastorale.

Rencontre avec Sœur Marie-Pierre

Propos recueillis par Pascal Tornay
Photos: DR

60 ans de vie religieuse, ce n’est pas rien ! Sœur Marie-Claire Puippe aussi connue sous le nom de « Monique de Bovernier » vient de passer ce beau cap, le 29 juin dernier au Couvent des sœurs de la Charité de Sainte-Jeanne-Antide à La Roche-sur-Foron en France voisine. Elle nous partage quelques mots…

La vocation de notre Sœur Marie-Pierre est née dans la lingerie, comme elle aime à dire ! En effet, engagée comme lingère à l’Abbaye de Saint-Maurice, alors tenue par les Sœurs de Sainte-Jeanne-Antide, elle met le doigt sur son désir de se donner dans une vie de religieuse. « Non pas cloîtrée, comme j’y avais été invitée par une amie, mais au service des gens dans le monde », raconte-t-elle. Ensuite, elle quitte son village natal pour la France pour y suivre une formation. « Plus jeunes, je n’aurais bien jamais pensé quitter Bovernier ! », lâche-t-elle encore. A la fin de sa formation, elle revient au pays comme enseignante au Collège Sainte-Jeanne-Antide à Martigny. Pendant de longues années, elle communique son enthousiasme à ses élèves notamment durant les cours d’entretien ménager qu’elle dispense. A cette époque, elle s’engage aussi dans les activités paroissiales et notamment au service des personnes âgées. Plus tard, à son grand étonnement, elle est appelée à partir pour une mission de service au Cameroun. But de la mission : éviter la fermeture d’une école… Après quelques discussions avec la direction, elle remet sa charge et s’en va pour l’Afrique… Elle y restera 4 ans ! Au cours de ce séjour prolongé, elle se retrouve « entourée de Noirs ». « Il m’est arrivé de me sentir seule, car en fait le village où j’étais était assez isolé, explique-t-elle. Un jour, après la messe, alors que j’adorais le Seigneur dans le Saint-Sacrement en le regardant fixement, la blancheur de l’hostie m’est apparue plus blanche que jamais et je me suis dis que je n’étais pas seule à être « blanche » ! (rires). J’ai touché du doigt que le Seigneur nous précède toujours ! 

L’heure de la retraite arrivant, elle revient en Europe et rejoint la France pour accomplir diverses missions et notamment comme responsable de maisons d’accueil. En ce moment, elle vit à Thonon-les-Bains et se consacre au service de l’accompagnement de sœurs aînées. Sœur Marie-Pierre, sourire aux lèvres et cœur léger, malgré les (bonnes) surprises que lui a réservées son obéissance religieuse, a toujours été heureuse dans sa vocation à la suite du Christ au service des plus petits de ses frères et sœurs humains. Ravi de l’avoir rencontré, je lui souhaite plein d’entrain et de ferveur pour la suite des jours et ses prochaines missions…

«Quand Dieu appelle et qu’on l’entend, il donne tout ce qu’il faut [pour accomplir la mission].»
Sainte Jeanne Antide Touret

Le dialogue interreligieux, et après?

Là où certains pans du dialogue interreligieux (et de sa pratique) sont bienvenus, d’autres – on pense au dialogue avec les musulmans… – ont moins le vent en poupe. Du 2 au 10 novembre, toute la Suisse est invitée à vivre la Semaine des religions. Et ce, depuis 2006! Le saviez-vous? Qu’y faites-vous? Participez-vous? 

Par Thierry Schelling
Photos: IRAS COTIS/Hawas Worldwide, Haus der religionen, Arzillier.ch, DR
Panorama
Constatons que la paix helvétique après notre Sonderbund (du 3 au 29 novembre 1847) a permis l’installation d’une pléthore de religions, notamment grâce à l’article 15 de la Constitution de 1999 reconnaissant la liberté de croyance (article 1), de choix de sa foi et de sa profession (article 2), d’adhésion à une religion (article 3) et ce sans contrainte (article 4) 1. Un Conseil suisse des religions existe depuis 2006 2. L’Etat admet la pluralité des religions. Tout comme leurs leaders, du moins certains 3… Le cadre est donc propice à la variété !

Dès lors, outre la fameuse Haus der Religionen à Berne 4, on peut, en Suisse romande, visiter L’Arzil­lier à Lausanne 5, participer aux activités de la PIG, la Plateforme interreligieuse de Genève 6, profiter des savants ouvrages du professeur Mariano Delgado à l’Université de Fribourg 7. Sans parler de « sommités vibrantes » du dialogue interreligieux dans nos cantons : à Genève, Hafid Ouardiri et sa Fondation de l’Entre-connaissance ; en territoire vaudois, le théologien et pasteur Shafique Keshavjee ; mais aussi de moins médiatisées et pourtant si longuement fidèles à l’ouvrage, comme Claire Regad à Genève ou le pasteur Timothée Reymond à Lausanne… 

Certes, on ne compte plus les ini­tiatives pour « s’inter-connaître » promues par les nombreuses organisations non gouvernementales listées sur le site de la Genève internationale 8, par des paroisses et/ou centres religieux – la Semaine des religions est une occasion pour son promoteur, IRAS COTIS, de les relayer au plan national 9.

1 L’article 72 précise le rôle des cantons dans la gestion des Eglises de leur territoire, et que Confédération et cantons peuvent prendre des mesures pour rétablir la paix entre communautés religieuses. Le 3e codicile décrète l’interdiction de construire des minarets…
2 http://www.ratderreligionen.ch
3 Cf. Le Pape a dit, page VII
4 www.haus-der-religionen.ch
5 http://www.arzillier.ch/ 
6 http://www.interreligieux.ch/ 
7 http://www.unifr.ch/szrkg/fr/redaktion/redaktionskommission/delgado 
8 http://www.geneve-int.ch
9 La communauté de travail interreligieuse en Suisse, IRAS COTIS, fondée en 1972 et soutenue par une septantaine de communautés religieuses. https://www.iras-cotis.ch

Table ronde interreligieuse à L’Arzillier à Lausanne.

Dépit

Malgré tout, le désintérêt, la méfiance, voire parfois le dépit de la part de nombre de croyant-e-s « de la base » ont gagné du terrain au cours des années. Et force est de constater que le public qui y participe a les cheveux toujours plus chenus… Peut-être que la présence croissante de l’islam – il faudrait dire des islams ! – dans notre paysage confisque presque l’attention à l’interreligieux. Car que savons-nous du dialogue judéo-catholique, hindo-musulman ou bouddhisto-protestant sous nos latitudes ?

Pourquoi se rencontrer ?

Anne Hampel

Avec le conseiller municipal en charge des cultes de Renens, j’avais organisé en 2015 une rencontre interreligieuse de l’Ouest lausannois, avec huit intervenants et… douze participants ! Alors oui, pourquoi se rencontrer ?

« Il est important de créer des espaces et des occasions de rencontres pour des personnes de cultures et de religions différentes » car c’est « un premier pas vers la confiance mutuelle, explique Anne Hampel, chargée de communication à la Haus der Religionen. Les rencontres se font généralement à un niveau très personnel, entre individus, et non entre communautés religieuses. » Et il y a « la curiosité » des visiteurs à Berne : « [Ils] ont des questions spécifiques souvent relatives à leur contexte de travail. » Dispenses à l’école, le don d’organes… « Il y a une sensibilisation aux thèmes intellectuels et nous offrons un point de contact pour des questions liées à la religion », conclut-elle.

Notre avenir » tab_id= »1571386549001-316b20ff-7677″]La rencontre implique un déplacement : « Symboliquement, il est bon de traverser la route pour saluer la communauté musulmane ou pour les accueillir chez nous. Ce déplacement n’est pas que géographique », confie l’abbé Philippe Matthey, curé du Grand-Lancy (GE), à propos du centre Dituria ouvert à Plan-les-Ouates (GE) en 2017 par les musulmans albanophones : « Je me réjouis de tracer avec les amis de l’islam un chemin qui rassemble les humains de bonne volonté et de bonne foi au service du bien commun en ce monde. J’ose rêver pour le monde », espère-t-il ouvertement.

« Le pape François ne cesse de promouvoir trois choses : la fraternité, la paix et la convivance », rappelle le président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, le cardinal Miguel Ayuso Guixot 10 : « C’est l’ABC de notre avenir. » Et pour ce faire, il convient de se rencontrer ! « Or, c’est la peur qui est l’ennemi numéro un du dialogue interreligieux », renchérit-il. Un leitmotiv de ce pontificat : le courage de l’altérité !

Traverser les routes pour cheminer ensemble 11… 900 participant-e-s à Lindau, à deux pas de la Suisse orientale, représentaient dix-sept religions mondiales du 20 au 23 août dernier, pour la 10e Assemblée mondiale (plus de cent pays présents !) de l’organisation Religions for peace. Leur motto : « Caring for our common future » (« Prendre soin de notre avenir commun »). Un record en termes de mathématique, mais quel(s) écho(s) dans nos médias ? Et quel impact dans ma vie ? La question reste ouverte. Alors, que ferez-vous en cette Semaine des religions en Suisse ?

10 Interview aux médias vaticans, 26 août 2019.
11 Cf. www.enroute.ch recensant plus de 120 initiatives interreligieuses dans 24 cantons !

Eglises et mosquées se côtoient de plus en plus souvent.

Diverses initiatives

Pour qui voudrait vivre au jour le jour les différentes fêtes des religions présentes en Suisse, on peut commander le Calendrier interreligieux à www.iras-cotis.ch/kalender-der-religionen-fr/?lang=fr. Le thème choisi cette année 2019-2020 : « Le corps et le sacré – rites et symboles ». En outre L’Arzillier à Lausanne propose toute une série de rendez-vous du 2 au 10 novembre. Programme sur : www.arzillier.ch

A Genève, c’est tout le mois de novembre qui verra des initiatives interreligieuses. Le programme se trouve sous www.interreligieux.ch/semaine-religions/

San’Egidio (www.santegidio.ch/la-communaute-santegidio/) et Saint-Maurice (Souffle d’Assise, www.capucins.ch/cms/) restent des organismes discrètement présents en Suisse romande au service de l’interculturel, de l’interreligieux, pour la solidarité et pour la paix entre les peuples.

Enfin, le programme général de la Semaine des religions se trouve sur www.semaine-des-religions.ch

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