Le journalisme revisite la Bible

Olivier Abel entouré de Geneviève de Simonet-Cornet (à droite) et Alexandre Winter (à gauche).

Dans son nouvel essai, La blessure et la grâce, Gabriel Ringlet convoque les créateurs d’imaginaires afin de revisiter les textes bibliques au travers de l’art ou de l’actualité. De passage à Genève, il est venu partager cette démarche de « journalisme de la parabole » qu’il affectionne tant lors de la dernière rencontre Un auteur, un livre au Temple de la Madeleine.

Texte et photos par Myriam Bettens

« Je ne sais pas si c’est parce que les gens vous connaissent ou à cause du titre de votre livre que les gens sont venus en nombre aujourd’hui », s’interroge un auditeur. « Pour ma part, c’est le titre qui m’a surpris. Habituellement on lie la grâce avec le péché et non avec la blessure », poursuit-il à l’intention de l’auteur. Ecrivain, journaliste et théologien belge, le Père Gabriel Ringlet était invité à présenter son dernier ouvrage, La blessure et la grâce, lors de la traditionnelle rencontre mensuelle Un auteur, un livre, organisée par les églises catholique et réformées genevoises.

Amoureux des mots et de l’Evangile, Gabriel Ringlet est convaincu qu’il est possible de faire goûter les textes bibliques en empruntant d’autres chemins. C’est ce qu’il fait dans son dernier ouvrage à travers soixante textes très courts, dont l’amorce est issue d’un film, d’une chanson, ou de l’actualité. L’auteur pratique d’ailleurs cette démarche de « journalisme de la parabole » depuis longtemps. Pour lui, l’Evangile doit en permanence être revisité par les enjeux contemporains. « J’envoyais des articles aux journaux bien avant mes douze ans », glisse-t-il en souriant. 

Il parfait cette vocation après des études de lettres, de philosophie puis de théologie, lorsque son évêque, à la veille de son ordination sacerdotale, lui propose de collaborer au quotidien La Wallonie. Le journal anticlérical cherchait un jeune prêtre pour commenter les retombées du Concile Vatican II. Gabriel Ringlet conservera également cette liberté de pensée et de ton que relève Alexandre Winter lors des échanges avec le public. En effet, le prêtre belge est aussi connu pour ses prises de position avant-gardiste sur la laïcité, l’avortement, la fécondation in vitro, la pédophilie dans l’Eglise ou le mariage des prêtres. 

Comme pour confirmer les propos du pasteur réformé et co-modérateur de la rencontre, l’auteur ouvre son ouvrage par un commentaire du livre des Lamentations. Un texte de protestation contre Dieu, d’une incroyable audace. L’auteur de ce texte biblique s’en prend violemment à Dieu avant de réaliser, comme dans un basculement, que les tendresses de Celui-ci ne sont jamais finies, mais se renouvellent chaque matin. Une grâce, en somme. Loin d’idéaliser la blessure pour autant, il reprend l’image de la grâce chez les Indiens hindouistes, qui la comparent à une onde. « Elle nous rejoint, nous habite. Comment donc être dans la bonne longueur d’onde pour recevoir cette grâce », interroge le prêtre belge. 

Les revisites de l’auteur mettent en avant ceux qui approchent la blessure, l’apaisent, « en ne calfeutrant pas ce qui doit saigner ». Tout comme Jésus, ils font preuve d’une tendresse toujours renouvelée. Il termine ce journalisme de la parabole par « une formidable réécriture des Béatitudes », selon les termes de Geneviève de Simonet-Cornet, journaliste et co-modératrice de la matinée. Dans cette version, les contemplatifs, les fraternels, les féminins et même les hérétiques sont les « heureux » de ce texte des Béatitudes. Ils « osent une foi qui n’est pas encore dite ». Ils élargissent l’espace de la grâce, comme l’exhorte le Père Ringlet.

L’auteur, Gabriel Ringlet, est entouré de la journaliste Geneviève de Simone-Cornet (à gauche) et du pasteur réformé Alexandre Winter (à droite).

Retraite paroissiale avec le Père Gabriel Ghanoum

L’Espérance au quotidien : vendredi 15 mars 19h-20h30, samedi 16 mars 16h-17h30 et dimanche 17 mars 9h-10h30. 

Lieu : paroisse Sainte-Thérèse, Avenue Peschier 12 bis, 1206 Genève.

Gabriel N. Ghanoum né au Caire en 1953, est un psychothérapeute d’origine égyptienne exerçant en Floride. 

Ordonné prêtre en 1993, il débute sa pratique pastorale en Floride dès l’année suivante. En 1999, il est nommé curé de l’église Saint-Jude de Brickell à Miami, où il officie jusqu’en 2010, année de son transfert à l’église Saint-Nicholas de Delray Beach, dans le comté de Palm Beach.

Outre son activité pastorale, il met en place divers programmes d’assistance sociale : aide aux nécessiteux et aux sans-abri, collaboration avec l’hôpital pour enfants et coordination de l’assistance aux enfants victimes d’abus sexuels. 

Parallèlement, il apporte son soutien à l’association mexicaine d’aide aux enfants atteints de cancer, ainsi qu’aux sœurs Missionnaires de la Charité de Mère Teresa dans l’archidiocèse de Miami. Durant la vague pandémique de Covid-19 au printemps 2020, il se distingue par son engagement et la qualité de son assistance aux familles des patients décédés.

Je vais à Lourdes pour la 100e fois!

Chaque mois, L’Essentiel propose à un ou une représentant(e) d’un diocèse suisse de s’exprimer sur un sujet
de son choix. Mgr Jean-Marie Lovey, évêque du diocèse de Sion, est l’auteur de cette carte blanche. 

Par Mgr Jean-Marie Lovey, évêque du diocèse de Sion
Photo : cath.ch/Bernard Hallet

Qui peut en dire autant ? Lourdes révélerait sa force et sa grâce au nombre de visites que lui font les pèlerins ? Qui ne s’est jamais surpris en train de calculer ses bonnes actions ? Le calcul est une discipline précieuse, certes, et dans de nombreuses activités humaines il s’agit de calculer de façon juste, avisée. Comme le montre l’Evangile qui invite celui qui veut construire une tour, de commencer par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout (Lc. 14, 28). Mais le pèlerinage ne fonctionne pas sur ce registre. 

Il s’agit encore moins, comme dans le second exemple de ce même Evangile, de se positionner en conquérant qui calculerait ses forces d’affrontement pour partir à Lourdes au pas de charge ! C’est plutôt le dernier verset de cette péricope qui est la clé de compréhension du pèlerinage : Donc, celui parmi vous qui ne renonce pas à tous ses biens ne peut pas être mon disciple (Lc 14, 33).

«Allez dire aux prêtres que l’on vienne ici en procession.»

Lourdes est un lieu de pèlerinage. Si, par défaut, on n’y allait pas en pèlerin, par grâce on pourrait en revenir tel ! Précisément, c’est une des grâces du pèlerinage que d’inviter au dépouillement, à la simplification.

Depuis 100 ans, l’Eglise de Suisse romande se rend en pèlerinage de printemps à Lourdes. 100 ans d’expérience qui ont mis notre Eglise en marche, selon des moyens de locomotion variés : à pied, à dos de cheval, à vélo, à moto, en voiture, en car, en train, en avion, peu importe. L’expérience du dépouillement est renouvelable. 

Le pèlerin n’a pas à se demander s’il va arriver au bout du chemin, si ses compagnons de route, de table ou de chambre seront à son goût, si les célébrations seront belles et priantes. Sinon, c’est qu’il est en train de calculer. Il lui est proposé de renoncer à ses biens pour laisser la démarche creuser elle-même le sillon de la grâce dans un cœur tout disponible. Ce chemin-là, même repris pour la 100e fois, est toujours neuf s’il est vécu ensemble, dans la joie et la simplicité partagées.

Vers les hauteurs avec saint Bernard

Chaque année, une dizaine de Camps Voc’ sont proposés aux jeunes de Suisse romande. Pendant une semaine, de manière adaptée aux âges concernés, des temps de réflexion et de prière sont proposés en alternance avec des moments de détente, de sport ou de musique pour accompagner une réflexion sur le sens de la vie et l’appel à prendre place dans l’Eglise et dans le monde. Un thème annuel est choisi pour tous les camps. Il sera consacré cette année à la figure de saint Bernard.
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Jeux, jeunes et humour – mars 2024

Par Marie-Claude Follonier

Question jeune

Pourquoi est-il préférable de chanter le « Gloire à Dieu » plutôt que de le réciter ?*
Il s’agit d’une hymne très ancienne qui reprend les paroles des anges dans la nuit de Noël et se chante uniquement les dimanches (sauf en Avent et en Carême) et les jours de fête. Certes, la chanter n’ajoute rien à la gloire de Dieu, mais cela permet de mettre notre cœur en fête et de donner le ton à toute la messe qui n’est pas une célébration triste. On y vient en effet pour louer Dieu, le chanter, le glorifier, le remercier, l’acclamer et le célébrer.

Par Pascal Ortelli

* Nous vous proposons cette année de décrypter la messe, en lien avec le livre de Pascal Desthieux : Au cœur de la messe. Tout savoir sur la célébration, illustrations Hélène VDB, Editions Saint-Augustin.

Humour

Un professeur invite à dîner un ami qu’il n’avait plus revu depuis longtemps. 
Tout au long du repas, notre prof s’adresse à sa femme avec des mots d’amoureux :
« Ma biche, mon chou à la crème, mon petit oiseau des îles, ma douce colombe, ma chère moitié ! » 
Profitant que Madame a rejoint la cuisine, l’ami lui demande depuis combien de temps ils sont mariés.
– 38 ans !
– 38 ans de mariage et tu lui parles comme un amoureux au début de sa vie sentimentale, c’est incroyable ! 
– Tais-toi, tais-toi, répond le mari, j’ai oublié son nom !

Par Calixte Dubosson

Comme la nuit ouvre un passage sur l’Aube Nouvelle

Texte et photo par Marion Perraudin

Aux chemins de notre vie,
Au carrefour des larmes et de l’épreuve,
Comme la nuit ouvre un passage sur l’Aube Nouvelle,
Osons la traversée qui conduit à la consolation et à la joie,
Levons le regard vers la croix de Celui qui a connu la nuit de l’épreuve,
Laissons sa lumière de Joie conduire nos pas.

Aux chemins de notre vie,
Au carrefour de la colère et de la rancune,
Comme la nuit ouvre un passage sur l’Aube Nouvelle,
Choisissons la voie qui conduit à la paix et au pardon
Tournons-nous vers la croix de Celui qui a souffert pour établir la paix au fond des cœurs,
Laissons sa lumière de miséricorde nous transformer.

Aux chemins de notre vie,
Au carrefour du désespoir et des doutes,
Comme la nuit ouvre un passage sur l’Aube Nouvelle,
Empruntons le sentier qui ouvre sur l’espérance et la vérité,
Regardons la croix de Celui qui nous ouvre le passage vers la liberté intérieure.
Laissons sa lumière de Vie nous réchauffer et nous mettre debout.

Aux chemins de notre vie,
Au carrefour de nos matins d’allégresse et de joie,
Comme la nuit du samedi saint ouvre un passage sur l’aube du matin de Pâques,
Accueillons la promesse de résurrection,
Le Christ nous rejoint pour nous faire revivre,
Devenons porteurs de la flamme de l’espérance,
Embrasant d’un feu ardent la joie de notre cœur,
Devenons des témoins joyeux et audacieux du Christ Vivant. 
Pour faire de chaque matin l’aube nouvelle du matin de Pâques.

Oui, la Lumière a vaincu les ténèbres
Oui, la Vie a vaincu la mort
Alléluia, Christ est Vivant.

Oyez, oh yeah!

Fusion entre théâtre, chant médiéval, lyrique, pop et hip-hop. La fresque musicale imaginée par Alexandre Traube nous emmène sur les traces de Rodolphe de Neuchâtel, comte et premier troubadour de langue allemande. Une histoire de rencontres insolites et d’amitié née à Neuchâtel qui pourrait bien repartir prochainement en croisade… musicale !

Alexandre Traube croche premièrement avec des études en mathématiques, mais c’est avec la composition musicale et la direction chorale qu’il double-croche…

Par Myriam Bettens | Photos : John Howe, DR

Le personnage de Rodolphe vous habite depuis plus de 12 ans…
Oui, il a une grande histoire avec moi (rires). J’ai fait sa rencontre en 2003 par mon professeur de musique médiévale. C’est pour les mille ans de la ville de Neuchâtel que j’ai eu l’idée d’un premier spectacle avec David Charles Haeberli qui avait « hip-hopisé » les chansons de Rodolphe. Il a ensuite pensé à une comédie musicale que nous avons proposée au Théâtre du Passage à Neuchâtel, puis je suis entré en contact avec Elie Chouraqui, qui s’est montré très intéressé par notre projet.

On connait très peu de choses concernant le comte Rodolphe.Vous avez donc imaginé ce qu’aurait pu être son histoire…
Exactement ! En étant le plus précis possible, historiquement parlant. Nous souhaitions avant tout que cela puisse parler à tout le monde. Le génie de certaines pièces historiques, c’est d’être à la fois complètement modernes tout en étant précises historiquement. Nous voulions aussi montrer comment la création artistique permet de se dépasser et de faire se rencontrer les gens et les peuples. 

Justement, cette comédie musicale est une histoire de rencontres dans tous les sens du terme…
La première rencontre est celle de David Charles Haeberli et moi… entre un médiéviste et un rappeur ! C’est déjà le rapprochement de deux mondes apparemment très éloignés. Aujourd’hui, il est difficile de dire quelle part des chansons vient de lui et laquelle de moi. La seconde se situe entre un passé historiquement informé et un message pour l’aujourd’hui. Et pour terminer, il y avait aussi le désir de faire se rejoindre des publics, a priori, très différents.

Le livret de la comédie, dont vous êtes l’auteur, a été adapté par Elie Chouraqui, mais vous êtes également le compositeur, avec David Charles Haeberli de toute la musique de la comédie ?
La réécriture a donné de nombreuses autres dimensions à la comédie. Premièrement, cela nous a certainement permis d’intéresser des personnalités, telles que Loris, ancien candidat à The Voice. Elie Chouraqui a donné les « codes » de la comédie musicale à mon livret. Quant à la composition, tout ce qui est musique de scène, ouvertures et qui accompagne l’action est de moi. Les chansons ont été composées à parts égales entre David Charles Hæberli et moi. 

De quelle manière vos études en théologie et votre foi ont-elles influencé la réalisation musicale de cette comédie ?
Quand on veut se mettre à la place de gens qui ont vécu huit cent cinquante ans avant nous dans une société très différente, il nous faut une porte d’entrée. En me baignant dans la musique de ces périodes, j’ai trouvé un outil de compréhension cordiale de cette civilisation. De même, comme chrétien, mes valeurs ont plus en commun avec celles du XIIe siècle que ceux qui voient le consumérisme ou le désenchantement actuels comme seuls horizons.

Après six représentations à succès à Neuchâtel, quelle est la suite ?
Il y a une ouverture pour une tournée en Suisse à l’automne 2025. De son côté, Elie Chouraqui prospecte pour que nous puissions nous produire en France. Nous avons aussi pensé à un ouvrage avec les dessins qu’a réalisés John Howe pour la comédie [ndlr. mondialement connu pour ses illustrations des livres de Tolkien et de la trilogie du Seigneur des Anneaux] et dont nous nous sommes servis pour les décors. Mais je ne peux pas en dire plus…

L’histoire en deux mots

La comédie musicale Rodolphe est une histoire du Moyen-Age et d’aujourd’hui contant la vie revisitée du premier comte de Neuchâtel, parti pour la croisade et que la découverte de la poésie sur le port de Marseille va transformer en troubadour. Préférant alors les chants d’amour aux chants de guerre, il rencontrera, l’amour, le deuil, la folie et la haine et finira par inventer la poésie courtoise germanique.

Bio express

Chef de chœur, auteur et compositeur neuchâtelois, Alexandre Traube cherche passionnément à créer des liens : entre l’Orient et l’Occident ; entre un passé ancien profondément enraciné et un acte créateur contemporain libre et vivant. Il consacre une part importante de sa vie à faire vivre ou revivre les trésors de la musique sacrée par des concerts ou mieux encore à travers la liturgie.

Vitrail de Cingria, Basilique Notre-Dame, Genève

Sous les traits de Marie-Madeleine, c’est l’Eglise de Genève qui s’incline devant le Christ.

Par Amandine Beffa | Photo : Jean-Claude Gadmer

La basilique de Genève et les œuvres qui l’ornent sont le témoignage de la riche et malheureusement parfois douloureuse histoire des chrétiens dans la ville. L’espace manque cependant pour tout vous raconter. Focalisons-nous donc sur un vitrail en particulier.

En 1912, ce qui n’était alors « que » l’église Notre-Dame de Genève1 est rendue2 aux catholiques romains. Des vitraux sont commandés pour marquer l’événement. Alexandre Cingria fait partie des artistes appelés. Il réalise plusieurs verrières avec la collaboration des ateliers Marcel Poncet. Parmi les œuvres, l’une fait scandale : une belle jeune femme aux bras nus s’incline devant un jeune homme musclé. Sous les traits de Marie-Madeleine, c’est l’Eglise de Genève qui s’incline devant le Christ.

Plus de cent ans après, il se peut que le style de ces vitraux nous étonne encore. L’œuvre est en effet vive et colorée. Ce sont de vrais corps en mouvements qui sont représentés. Si vous êtes dans l’église, amusez-vous à comparer avec les vitraux plus anciens.

Au premier registre, l’inscription en latin provient du prophète Isaïe : « Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue, ta lumière et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. Les nations marcheront vers ta lumière et les rois vers la clarté de ton aurore. » (Is 61, 1. 3)

Elle se comprend dans le contexte historique. A partir de 1870, le gouvernement genevois prend une direction anticléricale. Les communautés qui refusent de se soumettre aux autorités civiles perdent leurs biens. Le 6 avril 1875, des scellés sont apposés sur l’église Notre-Dame. Les catholiques romains se retrouvent alors dans des granges ou des lieux similaires pour continuer à célébrer. 

La séparation entre l’Eglise et l’Etat, en 1907, entraîne un apaisement. Les paroles du prophète prennent un sens tout particulier. Le temps de l’exil est terminé, il est de nouveau possible de vivre ouvertement sa foi. On serait même tenté de dire que les tensions confessionnelles prenant fin, la Gloire du Seigneur peut enfin rayonner.

1 Il faut attendre 1954 pour qu’elle soit élevée au rang de basilique mineure.
2 Moyennant tout de même la somme de Fr. 200’000 de l’époque.

«Je fais mon boulot avec le cœur»

Texte et photo par Nicolas Maury

« C’est mon dizainier », explique Jean-Luc Uldry, lorsqu’on lui demande ce qu’il porte au poignet droit. « Il est composé de grains de chapelet et d’une croix. J’aime bien l’avoir sur moi et m’en sers parfois pour prier. »

Natif de Le Châtelard-près-Romont, le Fribourgeois est sacristain à Bulle depuis 2016, s’occupant principalement de l’église Saint-Pierre-aux-Liens. Sa profession ne doit rien au hasard : « J’ai grandi dans une famille pratiquante et fus longtemps servant de messe. J’ai toujours été attiré par l’Eglise. » Membre du conseil de paroisse de Le Châtelard pendant 22 ans, il a suivi pendant deux ans une formation pour le diaconat permanent. « Puis, j’ai eu une appréhension. Les gens me demandaient déjà de célébrer, entre autres, des baptêmes. Je me suis dit : « Oulahhh, je rentre dans un grand truc ! » Mon souci, c’est que je n’ai pas fait de théologie. Alors j’ai décidé que ce n’était pas pour moi. » 

Il voit alors passer une annonce, « celle mettant au concours mon poste actuel. Comme j’étais déjà sacristain à Le Châtelard, mais que les messes n’y étaient célébrées qu’une fois par mois, j’ai postulé. Ça a passé direct ! »

Ses tâches sont multiples. « Je prépare tout ce qui touche à la liturgie, avec les servants de messe – une cinquantaine à Bulle –, les lecteurs, le chef de chœur, l’organiste, les prêtres. Cela implique aussi de s’occuper des habits et des objets de culte. Je suis aussi concierge. » 

Jean-Luc Uldry, surnommé Ministre, coiffe encore une autre casquette, celle de président de l’association des sacristains du diocèse de LGF (117 membres). « Nous avons récemment fêté nos 90 ans. A travers cette association, je fais connaître mon métier et partage les joies qu’il procure. Lors des assemblées, nous prenons un temps pour la formation : les attitudes du corps pendant la messe, préparer le missel et le lectionnaire, entretenir les objets liturgiques… Je me mets volontiers à disposition des UP pour mieux faire connaître l’association ! »

Privilégier les contacts

Dans tous les cas, il privilégie les contacts humains. « Mon agenda est bien rempli, mais je fais mon boulot avec le cœur. Souvent, avant ou après la messe, les gens viennent discuter. » Et de raconter : « Il y a quelques semaines, une jeune servante de messe vient me dire que ses deux cousines sont dans les bancs. Je vais les saluer, nous discutons un peu et je leur demande si elles aimeraient faire comme leur cousine. L’une dit oui, l’autre non. Un moment avant la célébration, toutes les deux viennent me dire qu’elles veulent servir la messe. J’ai trouvé magnifique la manière dont ça c’est passé. »

Jean-Luc Uldry, Né le 30 juillet 1967. Habite Le Châtelard. Sacristain-concierge à Bulle. Sacristain à Le Châtelard. Président de l’association des sacristains du diocèse de LGF.

Retrouvez l’ensemble des textes et des vidéos de la rubrique sur le site : https://presse.saint-augustin.ch/ecclesioscope/

L’amoureux de la Nature

Par Pierre Guillemin | Photo : DR

Jean-Marie Pelt est un humaniste amoureux de la Nature. Sa soif de la comprendre le pousse à l’étudier sans relâche. Pour lui, « la Nature est un besoin pour l’homme ».

Surtout, il questionne l’humanité dans sa relation avec elle. En contemplant la Nature et ses richesses, en contemplant l’homme au milieu de ce fascinant jardin, il rencontre Dieu : « Mon âme est un jardin que Dieu a dessiné. » Deux de ses livres nous donnent les clés de sa foi : Le jardin de l’âme et Dieu de l’univers, science et foi.

L’observation de la Nature est pour lui une formidable occasion d’ouverture au mystère et à la beauté de la Vie, don de Dieu : « La Nature, c’est l’ouverture vers ce qui est plus grand que nous. Ce n’est pas nous qui avons fait la Nature. » Il nous interroge : « Comment se fait-il que tout le monde soit mobilisé pour la protection de la Nature et que ça n’avance pratiquement pas ? C’est parce que nous n’avons pas acquis l’idée que nous faisons partie de la Nature par notre corps. Cette sensibilité qui devrait être au cœur de chacun n’est pas là. »

En étudiant la relation et la coopération entre les plantes, il s’interroge sur la relation et la coopération entre les êtres humains. Dans son livre Dieu de l’univers, science et foi, il questionne : « En lieu et place d’un monde de compétition sans compassion ni miséricorde, dur et cruel aux faibles, saurons-nous enfin construire un monde réconcilié et convivial ? »

Sa foi chrétienne est tout entière résumée dans sa réflexion, suite à sa lecture de l’encyclique Laudato Si du pape François : « C’est enfin la reconnaissance que la Nature fait partie de la Création, qu’il faut en prendre soin. Et non pas l’exploiter. C’est un tournant dans la théologie de la Création avec des références que je trouve très belles à François d’Assise, à Thérèse de Lisieux, à Bartholomée 1er et même à la sobriété heureuse, si chère à mon ami Pierre Rabhi. C’est un appel à toute la famille humaine pour que les enfants qui sont en train de naître puissent grandir sur une planète vivable. »

En librairie – mars 2024

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Fioretti d’espoir
Bénédicte Delelis

Comment regarder et traverser avec espérance les drames de notre époque, les scandales dans l’Eglise, les difficultés de nos vies ? Puisant la matière de sa réflexion dans un florilège d’anecdotes savoureuses et de touchantes rencontres, Bénédicte Delelis nous entraîne résolument sur la voie de « la grande espérance ». « A travers les visages contemplés, les récits quotidiens racontés, un ange malicieux et organisé semble avoir œuvré pour s’écrier de la part de Dieu : « Tenez bon ! Ne vous découragez pas ! » » De fait, c’est le cœur brûlant d’une flamme nouvelle que l’on referme ce livre, les yeux tournés vers « la réponse unique que Dieu offre à toutes nos questions, à toutes nos prières » : le visage du Christ.

Editions Mame

Acheter pour 25.30 CHF

L’icône des martyrs
Michel Quenot

Nombreux mais méconnus, les personnages lumineux qui ont donné un témoignage de leur foi, des premiers siècles de la chrétienté à nos jours, nous interpellent. Sans trop de détails, cette approche chaleureuse fait revivre hommes, femmes et enfants au courage exemplaire fondé dans la conviction. Avec le sens pédagogique et pastoral qu’on lui connaît, l’auteur rend ces personnages présents et contemporains au travers d’un recours à une iconographie éloquente, pour finalement montrer la voie du témoignage aujourd’hui.

Editions Saint-Augustin

Acheter pour 30.00 CHF

Paolo, la présence de l’absent
René Guitton

Depuis juillet 2013, on est sans nouvelles du prêtre jésuite italien Paolo Dall’Oglio, qui a réhabilité dans les années 1980 le monastère Mar Moussa al-Habachi, dans le désert syrien, pour en faire un haut lieu d’hospitalité et de dialogue. Expulsé de son pays d’adoption en 2012, il y retourne clandestinement au bout d’un an. Il est enlevé peu de temps après à Rakka dans des circonstances troubles. Le mystère autour de sa disparition reste entier. Pris entre les sentiments confus de révolte, de découragement et d’espoir, René Guitton rend ici hommage à un ami très cher, mais aussi, à travers lui, à ceux qui hurlent en silence leurs souffrances, leurs douleurs physiques et morales.

Editions DBB

Acheter pour 21.20 CHF

L’Abbé Pierre, une vie pour les autres
Abdel de Bruxelles – Vincent Cuvellier

Henri Grouès naît à Lyon en 1912. Eduqué dans une famille catholique tournée vers les autres, il est sensibilisé dès l’enfance à l’entraide et au partage. Se faisant d’abord appeler « Frère Philippe », Henri adopte après la Seconde Guerre mondiale un nom qui va rester dans toutes les mémoires : celui de l’Abbé Pierre. Réunissant des compagnons pour fonder Emmaüs, il mène dès lors une lutte acharnée contre le mal-logement. A l’hiver 1954, il lance son célèbre appel à la radio, et tout au long de sa vie l’Abbé Pierre a créé des communautés, en France et à travers le monde, afin de venir en aide aux personnes démunies. Cette BD résume bien la vie de cette personnalité hors du commun.

Editions Casterman

Acheter pour 24.80 CHF

Pour commander

Un pacte pour grandir dans la foi

Les confirmés à la sortie de la célébration, dimanche 28 janvier 2024.

Dimanche 28 janvier dernier, 27 jeunes des communautés de la Ville et du Bourg ont été confirmés à l’église de Martigny-Ville par notre évêque Mgr Jean-Marie Lovey. Retour sur ce qui a été vécu dans le groupe.

Par L’équipe des catéchistes
Photos : Marion Perraudin

Afin de mieux comprendre ce sacrement et pouvoir expérimenter avec leurs pairs ce que « faire Eglise » signifie, nous avons privilégié des journées à VIVRE, plutôt que des explications. C’est ainsi que nous avons vécu une première journée sous le thème du « Père ». La pluie du matin n’arrêtant pas les pèlerins, nous sommes allés jusqu’au Guercet pour découvrir la création à travers des activités ludiques et des moments de réflexion.

Une deuxième journée a été consacrée au « Fils ». Notre catéchèse est partie du baptême de Jésus et a été la base de notre questionnement sur notre propre baptême et la mission qui en découle pour chacun de nous. Nous avons aussi expérimenté combien il était parfois difficile d’aller vers l’autre. Nous avons enfin partagé un moment de rencontre et le goûter avec le groupe « Foi et Lumière » *.

Puis, deux semaines avant la célébration, c’est sous le thème de l’Esprit Saint que notre retraite s’est articulée. Tous les confirmands étaient accompagnés de leur parrain ou marraine ou encore d’un membre de leur famille pour vivre un week-end à Bourg-Saint-Pierre. Là aussi, pas facile de s’extraire de son quotidien, de tout lâcher – son confort et surtout son Natel… pour suivre Jésus.

La Maison Saint-Pierre étant un logement pour les groupes et pas un hôtel, chacun a donc dû accomplir certaines tâches : mettre la table, laver la vaisselle ou nettoyer les dortoirs et les toilettes. Se mettre au service des autres : n’est-ce pas ce que Jésus lui-même nous a enseigné ?

Le week-end a été bien rempli par les temps de prière, les ateliers liés à l’Esprit Saint, les discussions en binôme et bien sûr les moments de jeux ! Les confirmands et leur accompagnant ont pu vivre de beaux moments d’échange. « Cela faisait longtemps que je n’avais pas aussi bien parlé avec ma maman », a confié un jeune. Tout cela a abouti à un pacte qui devait sceller les attentes réciproques et, peut-être, les aider à grandir dans leur chemin de foi. Grâce à l’Esprit Saint qui est descendu sur eux en ce radieux dimanche de janvier, et doté du don qu’ils ont demandé plus particulièrement dans le secret de leur cœur, nous souhaitons à tous ces jeunes confirmés de continuer à témoigner avec joie de leur foi. 

* Le groupe « Foi et Lumière » est constitué d’une vingtaine d’adultes en situation de handicap mental. Ils se rencontrent une fois par mois à la salle N.-D. des Champs pour échanger sur la foi et partager un moment convivial.

Line et Erine surveillant la cuisson des spaghettis lors de la retraite à Bourg-Saint-Pierre.
Qualité et fruit de l’Esprit Saint décelés par les parrains et marraines de chaque confirmand.

«Si je chante, c’est pour Toi!»

On sait que le chant et la musique occupent une place majeure dans les liturgies chrétiennes. Et Dieu sait si c’est un levier pour soulever les cœurs jusque vers Lui… Pierre-Alain, Ariane, Edmond, Bernadette, Laurent, Doris et d’autres encore enchantent nos assemblées dominicales par le chant ou la musique. Mais qu’est-ce qui les tient, qu’est-ce qui les pousse ? Regards croisés.
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