Il suffit d’aimer

Texte par l’abbé Bruno Sartoretti
Photo: Janick Pellaud

Abbé Bruno Sartoretti
Abbé Bruno Sartoretti

Au commencement, il y avait l’humain et Dieu ; puis la différence, l’homme et la femme ; ensuite la division, le serpent.

Ce qui est étonnant dans cette formulation, c’est de voir que quand ils sont deux, ils ne font qu’un, et quand il est seul, il divise. C’est le propre du Mal, du Malin, du… diviseur ! S’il a l’aspect du serpent, c’est parce que sa langue est bifide, c’est-à-dire qu’elle est en deux parties, qu’elle est divisée. On y voit symboliquement un double langage, comme si chaque partie de langue est indépendante de l’autre. Ainsi, une partie peut dire oui et l’autre non, ou peut-être pas ! Enfin, on reste sur sa faim, parce qu’on n’a pas le mot de la fin. Ça nous trouble, nous irrite, nous divise. C’est ainsi que le Mal s’est mis en place. 

Tout cela ne reste qu’apparence, parce qu’au fond, ce qui est mal, c’est le manque d’amour ! L’humain et Dieu sont en accord, par amour ; l’homme et la femme sont un même corps, par amour. Remarquez qu’il faut, au moins, être deux pour aimer. Dans l’amour, il y a le dialogue, le partage, l’échange, le face à face, le vis-à-vis,… Ensemble, nous sommes obligés de revoir nos pensées, nos modes de faire. Nous devons nous adapter, l’un à l’autre, l’autre à l’un. Et ainsi avec tous les humains, avec soi et avec Dieu. Aimer, c’est une succession de concessions pour voir ensemble dans la même direction ! La direction que Dieu nous propose, c’est le Royaume. 

Comment passer du Mal au Bien ? Il suffit d’aimer en actes et en paroles !

Eclairage II: «D’où il viendra juger les vivants et les morts»

Cette donnée du Credo, tellement pétrie de fausses images de Dieu, est souvent mal appréhendée. A la suite du chanoine Jean-Pascal Genoud le mois dernier, notre nouveau prêtre, Joseph Yang, nous propose un autre éclairage sur cet article du Credo.

Par Joseph Yang, vicaire
Photo: a53.idata.over-blog.com
Il reviendra. – Nous le savons tous, il y a trois sortes de venues du Christ. Il est déjà venu dans une mangeoire, c’est sa première venue, il y a deux mille ans. Il est venu non pas dans la gloire, mais dans la condition d’homme, tout fragile, vulnérable. Il était Dieu mais il est devenu l’un de nous, un Dieu tout proche, un Dieu qui veut vivre avec nous pour nous sauver. Mais il reviendra au dernier jour dans sa gloire, c’est sa deuxième venue. Là, nous ne savons ni le jour ni l’heure, c’est mieux de préparer tous les temps, veiller et d’être prêt pour l’accueillir. Sa troisième venue, nous n’y pensons pas habituellement. C’est qu’il vient en tout temps, tous les jours dans notre vie : dans la prière, dans le service des autres, dans le partage, dans la joie. 

Il jugera les vivants et les morts. – Nous n’aimons pas tellement ce thème du jugement. Il y a 50 ans, on nous enseignait un Dieu sévère, un Dieu qui nous surveille, un Dieu qui nous punit. Cet enseignement nous a fait beaucoup de mal moralement et spirituellement. Tandis que, aujourd’hui, on parle plus volontiers d’un Dieu bon, d’amour et de miséricorde et on laisse de côté le Dieu de justice. 

Je crois que nous comprenons mal. Nous allons dans les deux extrêmes : autrefois, nous avons reçu un Dieu trop sévère, trop loin de nous. Maintenant, nous réduisons Dieu à un Dieu bon seulement. Mais Dieu n’a pas changé : il est à la fois bon, amour et justice. Bien sûr, il viendra nous juger comme le mentionne le Credo que nous proclamons chaque dimanche. Cette image du juge qui viendra n’a pas pour objectif de nous effrayer, bien au contraire ! C’est une annonce d’espoir et de libération pour ceux qui souffrent d’injustice : justice doit leur être rendue. 

Mais il nous jugera sur un seul critère, celui de l’amour. Quand Jésus nous parle du jugement dernier (in Mt 25, 31-46), il dit : « Tout ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (v. 40) Nous apprécions cette parole, mais nous n’aimons pas du tout la même parole de Jésus avec la négation : « Tout ce que vous n’avez pas fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait. » (v. 45) Mais c’est Dieu le juge ! Quand on verra Dieu face à face, peut-être nous posera-t-il cette simple question : « As-tu aimé ? As-tu aimé tes frères quand ils étaient dans le besoin ?… Quand ils étaient malades ?…quand ils avaient besoin d’être écouté ? As-tu aimé tes frères quand… »

Posons-nous cette question dès maintenant : « Ai-je aimé ? » Répondons à cette question du Dieu d’amour et de justice dans notre vie quotidienne dès aujourd’hui, dès maintenant !

Des laïcs tout-terrain?

Par Jean-François Bobillier
Photo: pontifexenimages.orgLe Dimanche des laïcs (3 février 2019) est l’occasion de s’émerveiller et de se questionner sur le travail souvent discret de ces femmes et de ces hommes engagés ci et là, porteurs du Christ – parfois sans parole – dans les si divers « terrains » de Suisse romande.

Laïc tout-terrain ! Quel titre étonnant m’a été proposé pour cet Edito ! Cette appellation induit l’idée d’une polyvalence somme toute positive. Cependant, après réflexion, je ne la trouve pas très en phase avec le terrain précisément. L’exigence du « tout » m’opprime et m’interroge quant à la justesse de cette expression. J’ai beau essayer de m’y reconnaître, je n’y parviens pas.

Mon chemin de foi n’est que chemin de vie. Dans ô combien de circonstances, le terrain de l’existence m’a paru instable, m’a fait trébucher, m’a semblé terre inconnue ou m’a plongé dans un certain mal-être. Non, les laïcs ne peuvent pas être à l’aise en tout terrain, avoir la parole ajustée en toute rencontre ou devenir des spécialistes en tout. 

Et d’ailleurs, n’est-ce pas là la magnifique occasion d’une prise de conscience de nos limites ? J’y perçois également une sublime invitation à tourner notre regard vers le véritable « Tout-Terrain » (ou « Tout-Puissant », c’est selon…), pour oser une prière : 

« Seigneur, ôte de moi toute prétention d’être un laïc tout-terrain. Emmène-moi sur des terres où mon savoir-faire et mon savoir-être peuvent mieux Te servir. Nourris et renforce jour après jour mes racines du Ciel et fais de moi un laïc « tout-terrien ». » Vivant.

Pontifex en images

Par Vincent Lafargue
Photo: DRSur www.pontifexenimages.com on trouve, comme son nom l’indique, des images liées au Pape (pontifex, en latin). Photos de François comme tant de médias en font ? Vous n’y êtes pas du tout. Ce site met en images les petites phrases fortes de notre Pape. « Aiguisez vos yeux pour voir les signes de Dieu dans la réalité », le tout écrit derrière une grosse paire de lunettes, ou encore « Dieu fait pousser ses fleurs les plus belles au milieu des terres les plus arides », illustré d’une jolie fleur au milieu d’un sol craquelé, ou également « Portons la flamme de l’amour du Christ » écrit par-dessus un joli feu dont les flammes forment un cœur, voilà le style d’images que vous trouverez sur le site « Pontifex en images ». 

Puissance supplémentaire
Les paroles du pape François sont fortes en elles-mêmes. Mais mises ainsi en images, elles acquièrent manifestement une puissance supplémentaire. Le message passe mieux auprès d’autres catégories de récepteurs, notamment les jeunes.

Les messages sont classés par année, mais aussi par thème. On peut ainsi les retrouver facilement.

A l’origine de cette initiative ? Olivier, un père de famille de cinq enfants, catholique engagé en France. Sa proposition est déjà reprise en langue allemande (pontifexinbildern.com) et s’élargit à d’autres produits que l’on trouve sur son site : livre, livre pour enfants, t-shirts, calendriers perpétuels, cartes postales…

Vers une exposition ?
Olivier a également illustré l’encyclique « Laudato si’ », réalisé un abécédaire et posté quelques messages en vidéo.

Le prochain projet du concepteur de « Pontifex en images » est une exposition qui pourrait tourner dans les paroisses.

En attendant, allez vite surfer sur « Pontifex en images », vous n’allez pas en croire vos yeux !
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Le site: pontifexenimages.com

Mais «Délivre-nous du mal»

Auteur: Mgr Albert-Marie de Monléon
Tiré de http://users.skynet.be/prier/textes/PR0120.HTM
Photo : Véronique DenisDélivre-nous de tout mal Seigneur.
Le mal dont Jésus parle dans le Notre Père est le mal au sens fort,
destructeur de l’humanité et personnalisé dans le démon.

Et donne la paix à notre temps.
Que l’enchaînement de la violence soit rompu
pour une vraie paix dont le monde a tant besoin.

Par la miséricorde, libère-nous du péché.
Le nôtre et celui dont les hommes sont auteurs et victimes.

Rassure-nous devant les épreuves.
Donne-nous force, courage et lucidité devant le mal qui, parfois, se déchaîne.

En cette vie où nous espérons le bonheur et l’avènement de Jésus-Christ notre Sauveur.
Ce sont les paroles de saint Paul à Tite (2, 13) : « Attendant le bonheur espéré à la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et sauveur Jésus Christ. »

Tel est le cœur de l’espérance chrétienne : l’attente de la venue du Christ à la fin des temps pour « juger les vivants et les morts » et dont l’apparition dans la gloire sera le bonheur éternel des justes et de ceux qui auront agi pour le bien.

Sans cette espérance, notre vie risque de n’être que cendres.

Diable versus Pape!

Par Thierry Schelling
Photo: DRLe pape François a décidé d’inviter les fidèles du monde entier à prier le Rosaire chaque jour pendant le mois d’octobre afin de protéger l’Eglise contre le diable, indique un communiqué du Saint-Siège le 29 septembre 2018. 

Prier contre le diable
D’aucuns se sont réjouis car la piété populaire a été en quelque sorte redorée… alors que d’autres, plus sceptiques, se sont posé la question : la tourmente des affaires de pédophilie, les attaques ouvertes de prélats contre ce pontife, la lenteur des réformes souhaitées – « Cinq ans déjà, et quelles nouveautés nouvelles au sein du gouvernement de l’Eglise ? », se lamentait un chanoine fribourgeois récemment… – ne sont-elles pas des raisons (ou prétextes ?) pour utiliser une bonne vieille recette de grand-mère, une prière composée par Léon XIII à la suite d’une extase et qui était récitée à la fin de chaque messe jusqu’au Concile Vatican II…

Ange et démon
La prière, composée en un beau latin – Papa Pecci était un fin latiniste – dit : « Saint Michel Archange, défends-nous dans le combat, sois notre secours contre la Malice et les embûches du démon. Nous le demandons en suppliant : que Dieu lui impose son pouvoir ; et toi, Prince de la milice céleste, par la Puissance divine, repousse en enfer Satan et les autres esprits mauvais qui rôdent dans le monde pour la perte des âmes. »

Combat spirituel
La seule arme que le croyant possède face « aux turbulences de ces temps » est « la prière sous la protection de Marie ». C’est donc la foi en Dieu nourrie par la prière : celle, spontanée, du cœur, personnelle, et celle, plus formelle car communautaire, qui permet tant pour soi qu’en Eglise de devenir encore plus conscients de ses manquements, erreurs, péchés, conclut le communiqué cité ci-dessus. La récente correction du Notre Père, que Dieu « ne nous laisse pas entrer en tentation », mais peut nous en délivrer, est le cadre sans faille de toutes dévotion, pratique et prière contre le mal, le diable, les démons… L’imagerie populaire et médiévale, voire militaire (cf. le texte de la prière précitée), peut parler à d’aucuns, et en gêner d’autres. L’important, dit le Pape, c’est d’être unis dans l’effort en pensées, paroles et actes contre le mal et pour le bien. « Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair » (Lc 10, 18), dira Jésus… Parfois, le mal, c’est aussi le bien que je ne fais pas…

Rétrospective

Saint-Nicolas des aînés en la cathédrale

Photos: Emmanuel Rey

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Messe des familles de Noël en l’église Saint-Paul

Photos: Elisabeth Beaud

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Messe de minuit à Saint-Michel avec l’aumônerie des collèges

Photos: Reto Dörig

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Retour sur le mois de décembre-janvier de l’UP Saint-Joseph

Par Fanny Sulmony
Photos: DR

A l’heure où je vous écris ces lignes, notre crèche est encore sous le sapin décoré, les rois sont arrivés jusqu’à l’enfant Jésus et ils sont tous, autour de lui, célébrant sa présence parmi les hommes… Il va falloir se résoudre à l’emballer soigneusement, à la ranger dans sa boîte et à la descendre à la cave avec les autres décorations qui ont orné notre maison pendant tout le temps de l’Avent. Mais avant cela, je m’arrête encore un peu devant cette crèche que j’aime tant, méditant sur l’année écoulée et sur les fêtes de Noël tant attendues et si vite passées. Et vous ? Avez-vous célébré Noël dans les différentes paroisses qui forment notre unité pastorale ? En famille lors d’une des crèches vivantes, priant autour des enfants qui rejouent la scène de la Nativité, comme chaque année costumés pour incarner leurs rôles ? Ou à la messe de minuit ? Cette année encore, l’unité pastorale proposait un repas de Noël ensemble le soir du 24 décembre, une rencontre en toute simplicité appréciée de tous… Bref, un dernier regard à ces photos avant de ranger la crèche et d’avancer dans cette nouvelle année avec confiance !

Crèche vivante à l’église Saint-Pierre.
Crèche vivante à l’église Saint-Pierre.

Repas de Noël ensemble à la paroisse Sainte-Thérèse après la messe des familles.
Repas de Noël ensemble à la paroisse Sainte-Thérèse après la messe des familles.

Repas de Noël ensemble à la paroisse Sainte-Thérèse après la messe des familles.
Repas de Noël ensemble à la paroisse Sainte-Thérèse après la messe des familles.

Crèche vivante à l’église Sainte-Thérèse.
Crèche vivante à l’église Sainte-Thérèse.

Messe de minuit à l’église Saint-Pierre.
Messe de minuit à l’église Saint-Pierre.

Chuuut! Secret défense

«Chuuut! Tais-toi donc! Arrête de poser des questions! Tu ne vois pas que tu déranges? Ça ne se fait pas de fouiller le passé… Ça ne se fait pas! Que veux-tu savoir? Cela ne te regarde pas! On ne te demande pas de comprendre, on te demande d’accepter…» Qui n’a pas au moins une fois entendu l’une de ces remarques sonner comme un glas dans ses sensibles oreilles?
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Un secteur, trois diocèses

De Salvan à Chamonix, le chanoine Jean-Pierre Liaudat exerce son ministère entre la France et la Suisse et dépend de trois évêques. Rencontre.

Texte et photos par Nicolas MauryDans la sacristie de l’église de Finhaut, le chanoine Jean-Pierre Liaudat désigne un document officiel. Au bas de celui-ci figurent trois paraphes : ceux de Mgr Roduit, de Mgr Brunner et de Mgr Boivineau. « J’ai trois patrons vu que je dépends de trois diocèses, sourit le Fribourgeois d’origine. Il y a quelques années, les évêques de Sion, d’Annecy et l’abbé de Saint-Maurice ont signé cet accord qui a donné naissance au Secteur des Glaciers. » Lequel s’étend aussi bien en Suisse qu’en France. « En période normale, cela représente un bassin de population de 13’000 âmes. Durant les fêtes, ce nombre avoisine les 100’000, car il y a Chamonix… »

Pour couvrir ce périmètre, Jean-Pierre Liaudat se lève tôt. « A 6h, je vais prier et méditer à l’église. » A 9h suivent les laudes et la messe avec les communautés, qui n’est pas toujours au même endroit. « Nous nous partageons le secteur avec mon confrère français Georges Vigliano. Aimant beaucoup l’Abbaye, il est devenu chanoine honoraire et peut porter le camail. Moi, je suis coopérateur de la paroisse Saint-Bernard du Mont-Blanc en France. Aidés par notre confrère Paul Mettan, prêtre auxiliaire de 81 ans, nous essayons d’être actifs de part et d’autre de la frontière. Je vais à Vallorcine, Argentière et Chamonix, Georges vient à Salvan, Trient et Finhaut. Comme ça les paroissiens ne voient pas toujours la même tête (rires). »

Le document qui a instauré le secteur est paraphé par Mgr Brunner, Mgr Roduit et Mgr Boivineau.
Le document qui a instauré le secteur est paraphé par Mgr Brunner, Mgr Roduit et Mgr Boivineau.

Souvent au volant

Une partie de sa journée, Jean-Pierre Liaudat la passe en déplacement. « Je fais 20’000 kilomètres par an en voiture. Je la prends pour me rendre en France, sauf quand le col des Montets est fermé en raison d’un danger d’avalanche. Pour aller à Salvan, le train est plus pratique. On y est en dix minutes. En auto, il m’est arrivé de mettre plus de 90 minutes. Il faut descendre jusqu’à Martigny et la route n’est pas toujours bonne. »

Vers 10h30, le chanoine commence ses visites aux malades ou se dirige vers l’un de ses points de chute régulier : Vallorcine. « C’est une petite communauté de 450 habitants située entre deux cols. Un groupe biblique s’y est monté, étudiant les textes du dimanche. On finit par une tasse de thé. »

A midi, le repas est parfois partagé avec le Père Vigliano. « Les horaires varient en fonction des journées. C’est très français… Il n’y a pas d’heure fixe. » 

L’après-midi est à nouveau destiné aux rencontres. « Je m’occupe aussi du catéchisme des communiants et des confirmands, jusqu’à Chamonix. Cela commence aux alentours de 17h après l’école. » 

Un autre élément ajoute au particularisme du secteur. « Vu l’importante population, il y a beaucoup d’enterrements au-delà de la frontière. Plus de 60 par an depuis Vallorcine… Plus une quinzaine ici. Cela demande pas mal de préparation. »

Jamais sans passeport

Jean-Pierre Liaudat remarque quelques différences de comportement de part et d’autre de la douane. « La France est laïque, avec une séparation claire Eglise/Etat. A Vallorcine, où l’église est en réparation, j’ai dû passer par le maire qui a lui-même dû en référer au préfet pour avoir une salle. Comme l’utilisation est cultuelle et non culturelle, il y a un loyer à payer. Mais les relations avec le politique sont très bonnes. » Celles avec les paroissiens aussi. « Côté tricolore, l’église est un endroit de rencontre hebdomadaire pour beaucoup. Les discussions se multiplient avant la messe. Comme les paroissiens sont mobiles, ça commence à être pareil ici. C’est très sympa. Ce n’est pas un hasard si nous avons instauré l’after-messe,  un apéro après la cérémonie. »

A force de franchir la frontière, Jean-Pierre Liaudat connaît bien les douaniers. « Surtout les anciens. Mais certains jeunes en fin de formation semblent avoir avalé le règlement. Il faut alors montrer le passeport et le permis de conduire. Parfois la soutane aide, parfois pas… » 

Sur son pare-brise, le chanoine arbore la vignette « rien à déclarer ». « Une fois, je véhiculais un secrétaire communal. Nous transportions trois cartons de bouteilles. Le douanier a fait les comptes et décrété que nous avions un litre et demi en trop. Il nous a laissés passer, mais quand même un peu sermonnés ! »

Une journée bien rythmée

6h –> Lever aux aurores et prière à l’église
9h –> Laudes et messe
10h30 –> Début des visites aux malades
Vers 12h –> Repas, souvent avec Georges Vigliano
15h30 –> Rendez-vous avec les paroissiens
17h –> Catéchisme
19h30 –> Fenêtre de l’Avent en période de fête

Le mal du désespoir

Par le chanoine Calixte Dubosson
Photo: pxhere.comLa dépression, ce mal du siècle, que j’ai vécue, est une addition de petits détails douloureux, au premier regard insignifiants, mais qui mis ensemble provoquent une explosion dévastatrice. La personne malade se retrouve perdue, incapable de réagir. Commence alors un temps long et indéfini vers un horizon qui pour certains est inatteignable et ils mettent fin à leurs jours. 

D’autres, de médicaments en médecins, parcourent un itinéraire cruel où une éclaircie retourne vite dans le brouillard. Pour le croyant que je suis, il faut supporter le regard inquisiteur de gens malveillants qui pensent que si on a la foi, il n’est pas possible de tomber dans ce trou. Dieu devient tout à coup muet parce que la dépression empêche de voir qu’il est plus actif que jamais à travers des personnes qui soignent, accueillent, prient, compatissent. 

Pourtant, heureusement, beaucoup s’en sortent, presque miraculeusement, après de longs mois d’errance. C’est une sorte de résurrection mais non fulgurante. Comme un accidenté qui retrouve peu à peu l’usage de ses jambes, le malade en voie de guérison doit apprendre à reconquérir toutes ses facultés. Et cela prend du temps. Celui ou celle qui a plongé dans les ténèbres sait le prix de la lumière. C’est peut-être le seul mérite de ce mal sournois et imprévisible.

Le peuple de Dieu en marche

Texte et photo Par Mathias Theler *Dans l’Eglise nous distinguons les personnes consacrées des laïcs. Bien que le terme laïc vienne du mot grec « λαός », qui signifie « peuple », les personnes consacrées font aussi partie du « Peuple de Dieu ». Elles réalisent, à travers la spécificité de leur appel et de leur engagement, un ministère, c’est-à-dire un service particulier issu du peuple de Dieu et pour le peuple de Dieu. Les personnes consacrées accomplissent ainsi leur mission baptismale propre, mission à laquelle chaque baptisé est appelé à répondre. 

L’invitation que fait la CRAL (Communauté romande de l’apostolat des laïcs) **, pour le Dimanche des laïcs, est : « Va et suis ton chemin ! » Pour cela, tel Jérémie, il faut d’abord se tourner vers Dieu, écouter sa Parole et répondre « oui » à son appel. Ensuite, « Va » : un chrétien est une personne toujours en mouvement. Puis « Suis ton chemin » et réalise ta vocation baptismale en Eglise. Pour le faire, chaque chrétien est appelé à répondre à sa mission propre qui est de bâtir ensemble, consacrés et laïcs, l’Eglise d’aujourd’hui.

Mais quelle est au fond ma vocation chrétienne ? « Ma vocation c’est l’Amour », disait Thérèse de l’Enfant-Jésus. Claude Ducarroz, dans l’interview filmée « Plans-Fixes » qui lui est consacrée, dit : « Il faut peu de choses pour être prêtre: il faut croire en Jésus-Christ et l’aimer, aimer l’Evangile et, surtout, aimer les gens. » « Aimer » c’est notre vocation commune, laïcs ou prêtres, car l’Amour nous dynamise dans toutes nos actions ecclésiales et est au cœur de toutes nos relations.

*  Mathias Theler est agent pastoral sur l’UP Notre-Dame de la Brillaz et aumônier dans les établissements pénitenciers de la plaine de l’Orbre.

**  La Communauté romande de l’apostolat des laïcs (CRAL) est une association catholique, elle rassemble des mouvements et groupes de laïcs qui à la lumière de l’Evangile, enracinés en Eglise agissent au cœur du monde. Parmi les mouvements il y a notamment le mouvement chrétien des retraités, l’Apostolat de la prière, les Equipes Notre-Dame, Foi et lumière, l’ACAT. Site : www.lacral.ch

Le jeûne c’est la santé!

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Par l’abbé Marie-Joseph HugueninAvec enthousiasme, les abbés Philippe Blanc, Jacques Papaux et moi-même avons lancé un groupe de jeûneurs et jeûneuses sur l’UP Saint Joseph en carême 2017. Pour la troisième année consécutive, avec l’appui non moins enthousiaste de l’abbé Alexis Morard et de notre doyen Paul Frochaux, nous invitons toute personne intéressée à nous rejoindre !

Nous constituons un groupe qui se réunit à la paroisse Saint-Pierre pour jeûner ensemble durant une semaine : nous ne prenons que des jus de légumes et des jus de fruits, selon une méthode éprouvée, promue par l’Action de Carême. Nous vivons trois dimensions intimement liées :

Une dimension spirituelle, en portant les intentions de prière les uns des autres. Chaque jeûneur ou jeûneuse s’engage à jeûner à une intention qui lui est chère. Cette dimension s’enracine dans l’Evangile et dans la vie de l’Eglise. Le jeûne libère l’esprit et permet d’approfondir sa vie spirituelle.

Une dimension corporelle : le jeûne est très bienfaisant pour le corps. Il est une thérapie connue dans toutes les civilisations. Notre société d’abondance engendre toute sorte de maladies.

Une dimension de solidarité : l’Action de Carême propose d’offrir ce qui est économisé par le jeûneur durant la semaine pour – cette année – soutenir les communautés autochtones du Guatemala, qui ont de la peine à faire reconnaître leurs traditions exemplaires dans la préservation de leur milieu de vie.

Nous avons décidé de fixer chaque année cette semaine de jeûne durant la première semaine de Carême, de façon à pouvoir facilement s’en souvenir. Elle débute le soir du premier dimanche de Carême, le 10 mars, par une réunion à 17h pour lancer le groupe. Elle se termine le deuxième dimanche de carême, 17 mars, à midi par un repas festif fait d’une compote de pommes ! On ne peut, en effet, entrer dans le jeûne et en sortir immédiatement. Il y a trois jours de préparation pour y entrer et trois pour en sortir. Le Mercredi des cendres est jour d’obligation pour le jeûne, ce qui permet déjà de s’y préparer. Les participants recevront toutes les indications pour préparer le jeûne.

Une séance d’information et d’inscription est fixée au jeudi 28 février de 19h30 à 20h30 à la salle 4 de la paroisse Saint-Pierre. Vous recevrez alors toutes les indications pratiques et pourrez poser toutes vos questions.

La semaine de jeûne propose de se réunir tous les jours de 12h30 à 13h30, si possible, pour partager notre expérience, une tisane à la main, et prier ensemble. Si l’horaire ne convenait pas à tous et si les participants sont assez nombreux, il serait possible de créer un deuxième groupe se réunissant le soir. 

Cette formule permet de faire comme une retraite tout en continuant ses activités au travail ou à la maison. Le Centre Sainte-Ursule propose une autre formule en carême, semblable à une retraite proprement dite (voir leur proposition au Centre Sainte-Ursule). 

Il y a une centaine de groupes de jeûneurs en Suisse. Ils sont chaque année plus nombreux et atteignent le millier de participants. Toute personne intéressée et en bonne santé peut y participer. La responsable romande (Katrin Fabbri) et le médecin qui se met bénévolement au service des groupes de jeûneurs peuvent donner des conseils.

Bienvenue pour changer le monde !

Délivre-nous de tout mal…

Face à l’horreur du mal, qui ne s’est jamais dit: Mon Dieu, pourquoi? Le piège est alors grand de tomber dans le désespoir. Comment pouvons-nous sortir de ce mauvais trou?

Par Pascal Ortelli
Photos : LDD, pxhere.com
Malgré de fulgurants progrès, le XXe siècle a été le plus sanglant. A l’ère du numérique, on ne manque pas non plus de maux : attentats à répétition, catastrophes écologiques, maladies toujours plus résistantes aux antibiotiques, mensonges érigés en politique d’Etat… Certes, des scandales, comme les abus sexuels, sont sortis de l’ombre grâce à une prise de conscience collective. Mais comme l’hydre, le mal – quand on le coupe – se ramifie sans cesse.

Une victoire en clair-obscur

Pourtant, la foi chrétienne affirme que le Christ, par sa mort sur la croix et sa Résurrection, a déjà remporté la victoire. Elle sera pleinement manifestée à la fin des temps. 

A chaque messe, la dernière demande du Notre Père est répétée, comme un rappel : « Délivre-nous de tout mal et donne la paix à notre temps. » Cette prière s’appelle l’embolisme, du grec : « placer entre ». Elle est en effet placée entre le Notre Père et le rite de la paix. Se libérer du mal est un passage obligé pour parvenir à la paix. Oui, mais comment s’y prendre ?

Le mal est comme un trou

L’étymologie de cette prière donne une piste. Le mal, lui aussi, est ce qui se place entre. Il n’est pas le contraire du bien, car pour exister, il a besoin du bien qui le soutient. Le mal n’a pas de texture. « Il est un rien dans les choses, une fêlure dans la vie, un désordre moral, une rupture des projets d’amour », précise le professeur de philosophie François-Xavier Putallaz.

Et de continuer : « L’immense paradoxe, c’est qu’il existe dans les choses, sans être une chose. Prenons un trou dans une carrosserie de voiture. C’est un défaut réel, pas une illusion. Néanmoins, ce n’est pas une option supplémentaire. C’est plutôt quelque chose de moins. » Le mal est donc une privation. Il est dangereux du coup de commencer par réciter le Notre Père à l’envers, en faisant du mal l’élément premier. On risque alors de tomber dans le néant !

Le chrétien ne peut rester sur le banc de touche et laisser le mal gagner du terrain. Il a une lourde responsabilité.

Le mal est comme un trou dans une carrosserie de voiture.
Le mal est comme un trou dans une carrosserie de voiture.

Que faire?

Marthe Robin.
Marthe Robin.

Marthe Robin, l’initiatrice des Foyers de Charité, l’avait bien compris. Jeune, elle a basculé dans la souffrance. Paralysée et totalement alitée dès l’âge de 25 ans, elle a connu la privation jusque dans l’intime de sa chair. 

Sa seule perspective : attendre l’issue d’une maladie imprévisible. « Je me sens brisée physiquement, moralement et serais bien mieux dans la terre que dessus. La vie s’est chargée de détruire mes plans. »

Pourtant, unie à Dieu, elle devient l’une des femmes les plus consultées de son temps : plus de 100’000 visiteurs accourent dans sa chambre. Ils y trouvent du réconfort ; certains vivent une expérience de conversion. Sa douleur se transforme en empathie pour les autres, alors que le mal objectif – sa maladie – reste présent. Mystérieusement, Dieu peut en tirer un plus grand bien.

Témoin du mystère pascal

« Attention cependant à ne pas plaquer ce genre de réponse trop vite », rétorque Christelle Devanthéry, agente pastorale dans le milieu de la santé à Neuchâtel. La souffrance n’a jamais sauvé personne. Avant d’y trouver un sens, le mal est à combattre. Dans mon rôle d’accompagnante, je n’amène pas d’abord des réponses toutes faites. »

Comme Marie-Madeleine, elle est avant tout témoin du mystère pascal. « J’essaie de porter ce témoignage ; parfois aussi, je le recueille auprès des personnes accompagnées. Mon rôle est alors de le présenter à l’Eglise. » Beaucoup, en effet, ont une grande foi : « Ils m’apprennent à prier et j’en ressors grandie. »

Tracer des chemins de lumière

La journaliste belge Geneviève de Simone-Cornet le mesure dans son métier. Catholique, elle sait que l’ivraie pousse avec le bon grain. D’où le soin qu’elle met à contextualiser les actes de violence pour éviter les jugements hâtifs qui attisent la haine et creusent un fossé encore plus grand. Tout en poussant son lectorat à s’interroger. Tant dans l’angle adopté que dans le choix de ses interlocuteurs, elle donne droit à des initiatives grosses d’avenir «pour tracer des chemins de lumière et éveiller la graine d’humanité qui sommeille en chacun».

La force du pardon

Joël Bielmann, aumônier fribourgeois à la prison de Bellechasse, estime que le mal, en prison, n’est pas plus présent qu’ailleurs. Certes, il y a des actes répréhensibles qui ont été commis, ceux pour lesquels les prisonniers purgent une peine. Mais on ne peut réduire la personne à cela.

Souvent, les détenus ont eux-mêmes été blessés dans leur parcours de vie. « Il faut distinguer le mal commis du mal subi, dit-il. Je suis témoin d’incroyables cheminements de délivrance ; le pardon occupe une grande place. » Parfois donné, parfois reçu – ou pas – il s’agit toujours d’une démarche vécue dans la foi car, sans l’aide de Dieu, on y arrive difficilement.

L’amour comme ultime réponse

Au-delà de ces initiatives reste la question du pourquoi. Dans son dernier livre, l’abbé valaisan Michel Salamolard l’affronte à rebours. En effet, le mal, par définition, est un non-sens. La seule piste éclairante se prend dans l’amour, car, dit-il, « le mal, c’est de ne pas aimer ». 

Le « délivre-nous du mal » en vient alors à signifier : « apprends-nous à aimer ».

Dieu et le mal ?

Pour François-Xavier Putallaz Dieu ne veut, ni ne cause le mal.
Pour François-Xavier Putallaz Dieu ne veut, ni ne cause le mal.

Comment comprendre Dieu face au mal ? Voici la réponse du philosophe valaisan François-Xavier Putallaz : « Ne faites pas du mal une « chose », sans quoi il faudrait que Dieu en soit la cause. N’ayant pas de consistance, le mal ne peut avoir Dieu Créateur pour auteur. Deux inquiétudes se trouvent aussitôt bannies : Dieu ne veut pas le mal. Dieu ne cause pas le mal. 

Absurde et sans raison, le mal peut néanmoins être l’occasion d’un bien plus grand. Combien de malades ont-ils pris occasion de leur maladie pour renouer des liens familiaux, pour pardonner et se réconcilier ! Un malheur ou un deuil peuvent être au principe d’un renouvellement de vie ; l’injure peut appeler le pardon.

Mais que faire quand le bien reste caché ? Alors on espère dans la nuit. »

Illustrer le mal

Avec « Les Tricheurs », Le Caravage donne une vision très humaine du mal.
Avec « Les Tricheurs », Le Caravage donne une vision très humaine du mal.

Comment voir ce « rien dans les choses » ? L’abbé Pascal Bovet, visage bien connu de L’Essentiel, évoque une piste au travers du tableau « Les Tricheurs ». Si les images violentes ou provocantes ne manquent pas pour exprimer le mal moral, Le Caravage (1571-1610) nous en donne ici une version très humaine.

En apparence, une parfaite innocence : on joue aux cartes, mais on y triche chacun à sa manière : dissimulation dans le dos, regard par-dessus l’épaule, manipulations… autant de faces du mal que l’on retrouve sans éclat au quotidien.

Ministère d’écoute et d’accompagnement

Ministère d’écoute et d’accompagnement dans le combat contre l’Ennemi de Dieu et des hommes

Texte par l’Abbé Gérald Voide, curé de Troistorrents-Val d’Illiez
Photo: DR

Saint Michel Archange, puissant intercesseur contre les forces des ténèbres.
Saint Michel Archange, puissant intercesseur contre les forces des ténèbres.

C’est pour ce service que Mgr Jean-Marie Lovey m’a nommé avec trois autres prêtres et un diacre de notre Diocèse. Le mandat commence ainsi : « Afin d’offrir à toute personne nécessitant un accompagnement qui relèverait du ministère d’exorcisme en Eglise, un groupe de ministres ordonnés est constitué pour assurer un ministère de discernement. » Ce ministère pose tout de suite une question : 

Comment Satan agit-il ?
En s’éloignant de Dieu, Satan ou le diable (un mot grec qui signifie : « celui qui divise ») cherche à en éloigner aussi les autres créatures. Tous les efforts du démon tendent à ce que toute la création se rebelle contre son Créateur et se coupe de lui.

Une double activité
« L’activité du Démon est double : une activité dite extraordinaire et une autre dite ordinaire. Son activité extraordinaire est certes plus rare, c’est celle qui consiste à causer des maux d’origine maligne allant jusqu’à la possession. Son activité ordinaire est celle qui consiste à tenter l’homme au mal. L’effort principal du Démon porte donc sur la tentation pure et simple, tentation à laquelle nous sommes tous confrontés et à laquelle Jésus-Christ Lui-même a accepté d’être soumis. » 1 

Notre ministère concerne plutôt l’activité extraordinaire du Démon. Nous sommes invités à écouter les personnes souffrantes, à discerner entre une véritable action démoniaque extraordinaire (de notre ressort) et des effets qui relèvent de la forme ordinaire de l’action du diable, à prier pour elles et avec elles, à les encourager, à les soutenir sur le chemin de la conversion et du combat contre l’Ennemi.  

Le combat contre les forces des ténèbres
Le combat est celui de la foi, donc celui de la prière, des sacrements, d’une vie d’union avec le Seigneur. « La chose fondamentale qu’il faut souligner est que jamais dans la Bible il nous est dit d’avoir peur du Démon, parce qu’Elle nous assure que nous pouvons, et que nous devons, lui résister très fortement dans la foi. La Bible nous dit que nous devons plutôt avoir peur du péché ; tous les saints ont combattu le péché, et en combattant le péché on combat le Démon. Nous devons seulement avoir peur de ne pas être dans la grâce de Dieu ; y être implique de se confesser, de participer à la Sainte Messe, de participer à l’adoration eucharistique, et de prier ; ils constituent les meilleurs remèdes qui soient contre l’activité extraordinaire du Démon : si nous restons dans la grâce de Dieu, nous sommes « cuirassés ». 2

Pour faire un pas de plus dans la réflexion, je vous invite à lire le petit livre dont sont tirées ces lignes : Don Gabriele Armoth, Vade Retro Satana !, Editions Bénédictines, 2014. 

Très simple, il est aussi clair et lumineux pour une première approche. 

Des renseignements, des interrogations
Pour toutes ces questions, vous pouvez contacter l’Evêché de Sion qui pourra vous aiguiller vers l’un ou l’autre membre du groupe nommé pour l’écoute et l’accompagnement.

1 Don Gabriele Amorth, Vade Retro Satana !, Editions Bénédictines, 2014, pp. 13-14.
2 Idem, pp. 45-46.

Un curé au resto!

Par Nicolas Maury
Photo: DR

Vincent Roos travaille à 20% au Bla Bla.
Vincent Roos travaille à 20% au Bla Bla.

C’est le coup de feu de midi. « Vous cherchez Vincent ? Evidemment, c’est lui la star », sourit Estelle Mayer, la patronne de l’établissement. Si quelque chose différencie Vincent Roos du reste du personnel, c’est son âge – la cinquantaine – et son catogan. Comme les autres employés du Bla Bla à Vevey, il porte un tablier bleu sur une chemise blanche. « Tout le monde imagine que je suis le patron », plaisante l’intéressé. « Mais non. Je ne suis même pas sommelier. J’aide au service. » Il ne pratique cette activité qu’à 20%. Sa vraie profession : curé de la paroisse du Sacré-Cœur à Ouchy depuis un peu plus d’une année. « Je ne cache pas que je suis prêtre, mais je ne l’affiche pas non plus. Je reste discret. » 

Etonner et détonner
« C’est un homme d’Eglise qui sort du commun », confirme Estelle Mayer. Qui indique l’avoir engagé comme gage d’une amitié de longue date. « Elle a compris que je voulais aussi m’insérer hors du milieu pastoral », commente l’intéressé. « Ma démarche est de prendre ce qui vient. Parfois, cela débouche sur des rencontres fantastiques. Ça ne veut pas dire que ceux avec qui je parle viendront à la messe le dimanche. Quand les gens apprennent que je suis prêtre, cela étonne. C’est ce qui parfois manque un peu dans notre mission: étonner, voir détonner. »

Travailler dans la restauration, Vincent l’a déjà vécu lorsqu’il était à Los Angeles à la fin des années quatre-vingt. « Le Times avait même fait un article sur moi », rigole-t-il, coupure de presse à l’appui. « C’était après mon passage à la Garde suisse du Vatican. Je me posais des questions… »

A la fin des années 80, un article dans le Times de Los Angeles…
A la fin des années 80, un article dans le Times de Los Angeles…

 

Au milieu du monde
Les réponses qu’il a trouvées tournent autour d’une même thématique : « Etre au milieu du monde, simplement, en partageant. C’est ce que faisait le Christ. » Et d’interroger : « Vous connaissez Maurice Zundel ? Il fut longtemps vicaire au Sacré-Cœur à Ouchy. Un grand penseur, trop méconnu. Pour lui, il ne s’agit pas de parler de Dieu, mais de le vivre. Idem pour la joie. C’est ce que je tente de faire ici. » 

S’il travaille à la création d’un centre Maurice Zundel dans sa paroisse, Vincent Roos sait déjà où il passera ses vacances d’été. « Ici à Vevey, au cœur de la Fête des Vignerons. Car c’est aussi le moyen de côtoyer les personnes qui ne se tournent pas forcément vers l’Eglise. »

Jean-Pierre Biselx

Partager une passion, chanter de cœur à cœur, oublier ses soucis, échanger des refrains, se mettre à l’unisson ou encore rechercher l’harmonie, voilà le défi d’un chanteur bénévole. Musicien au sein de diverses fanfares puis chanteur au sein de La Laurentia de Saillon, la musique a animé la vie de Jean-Pierre Biselx durant de nombreuses années dont 25 ans de chant, tout cela récompensé par la médaille de St-Théodule décernée par le diocèse.

Propos recueillis par Doris Buchard
Photo: Laurence BuchardMais alors, qu’est-ce que le chant t’apporte ?
Le chant me permet d’interpréter le monde et la vie, de faire jaillir modestement la lumière sur notre époque et de comprendre les hauts et les bas de mon existence. Cet art dépasse l’aspect purement utilitaire car il me permet d’être confronté à moi-même. Dialoguer en chantant au gré de mes envies encourage et renouvelle mes énergies.

Comment vois-tu cet engagement paroissial ?
Chacun doit persévérer, fidèle à sa vocation, modestement. Je crois à l’idéal de La Laurentia comme groupe au service de la communauté de Saillon. Je suis un chanteur et chrétien engagé dans l’action. Cette action n’est jamais assez belle, assez digne, assez gaie et joyeuse. Pour moi, la vie des « cœurs à chœurs » est un chemin vers l’Eglise, vers mon prochain, vers la communauté tout entière.

Qu’est-ce qu’un engagement bénévole pour toi ?
Dans notre monde où le temps s’enfuit à toute allure, où parfois l’indifférence isole, où l’on se sent, dans le meilleur des cas, différent, je trouve que le bénévole, par souci de son voisin, prend un peu de son temps pour tendre la main pour s’oublier parfois et se dévouer sans compter. Discret, il ne demande rien. Tout ce qu’il offre c’est son soutien et tout cela n’a pas de prix. C’est une partie de sa vie.

Alors oui, dit modestement Jean-Pierre, le Royaume de Dieu n’a jamais compté sur la quantité donnée mais sur le fait de croire profondément à ce que l’on vit, ce que l’on fait.

La communion tous azimuts

Je vous propose une petite balade au «pays de la communion». Communion, voilà un mot tiroir plein de sens! Pour élargir l’esprit des enfants à ce sujet, les catéchistes aiment parfois disséquer ce mot pour en trouver d’autres de la même famille qui l’éclairent. Qu’y aperçoit-on?

Par Pascal Tornay
Photos: Marion Perraudin, http://img.over-blog-kiwi.com
– « Commun » : qu’avons-nous en commun se demandent des amis ? Nos goûts, nos idées ?
– « Comme » : voici un mot pour parler des ressemblances.
– « Commune » : c’est la grande communauté locale réunie autour de son Conseil municipal.
– « Union » : c’est ce lien fort, ce désir d’être ensemble qui nous relie les uns aux autres par exemple lorsqu’on parle du mariage…
– « Muni » : si je le suis, c’est que j’ai tout ce dont j’ai besoin.
– « Uni-e » : se dit par exemple d’une couleur lisse et sans inégalité ou d’une famille où l’on ne trouve pas de division !
– « Un » : dans une prière, Jésus demande à son Père que tous les hommes soient « un » (Jn 17, 21), c’est dire qu’il souhaite que tous, nous vivions d’un seul cœur.

Et voilà la « communion » éclairée de multiples manières ! 

A l’origine, le mot est formé de deux autres termes : « cum », avec, et « munus », la tâche ou la charge, comme dans « municipal ». Ainsi étymologiquement, le mot « communion » a une portée politique au sens large et signifie « avoir une responsabilité commune ». La « commune » au sens politique et territorial, c’est donc l’ensemble de celles et ceux qui prennent part aux charges communes. On trouve encore, selon la même origine, le mot « immunité » qui signifie justement être exempté des charges. On le voit bien, les sphères sociale et politique, bien qu’elles soient des espaces potentiellement très conflictuels, sont des hauts lieux de communion ! Voici donc la communion envisagée sous un angle nouveau et dynamique, puisqu’il pointe sur une responsabilité, une œuvre commune à faire advenir. 

Sur le plan ecclésial, la communion (le fait de consommer le Corps du Christ) implique aussi ce sens premier, social, mais il est transcendé. Les chrétiens utilisent le mot « communion » pour parler soit du Pain de vie (le Pain-Corps est en lui-même la « communion »), soit aussi du moment de la célébration où le peuple s’approche de la Table pour être nourri.

Par ailleurs, nous avons souvent une perspective trop individualiste de la communion. On peut se dire : « Je communie pour que cela nourrisse mon âme et m’apporte le réconfort. » Mais le champ sémantique originel du mot nous oblige à en élargir considérablement la portée : « Je vais (démarche active) communier pour m’engager, avec toute l’humanité réunie mystérieusement au Christ en un seul Corps, au service de l’œuvre commune à laquelle le Christ invite chacun : le salut du monde. »

Ainsi, communier, c’est prendre part à la rédemption. Il s’agit d’un engagement qui consiste à se mobiliser, à se mettre au travail au service d’une œuvre de salut qui inclut toute l’humanité ! Evidemment, cela commence en soi-même…

Un être dispersé, désuni à lui-même et aux autres n’est qu’un sous-être qui a besoin d’être restauré, relevé, redressé. Dans l’Evangile, le cas du possédé de Gérasa (Mc 5, 1-20) qui vit dans les tombeaux est un exemple frappant… L’appel à vivre en communion est inscrit au plus profond de l’être : nous sommes conçus pour « exister en communion ». Cet appel est d’autant plus fort que, lorsque cette communion est rompue en nous et/ou entre nous, nous en souffrons terriblement… Cette souffrance n’est-elle pas le rappel douloureux que nous sommes justement faits – quelle
que soit notre situation – pour « communier » ?

Que ce soit au sens de l’unité intérieure, au sens social et politique ou au sens chrétien, la communion n’est donc pas optionnelle : elle est une nécessité vitale pour l’homme. C’est même la condition première du développement et de la croissance intégrale de l’Homme.

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