Un secteur, trois diocèses

De Salvan à Chamonix, le chanoine Jean-Pierre Liaudat exerce son ministère entre la France et la Suisse et dépend de trois évêques. Rencontre.

Texte et photos par Nicolas MauryDans la sacristie de l’église de Finhaut, le chanoine Jean-Pierre Liaudat désigne un document officiel. Au bas de celui-ci figurent trois paraphes : ceux de Mgr Roduit, de Mgr Brunner et de Mgr Boivineau. « J’ai trois patrons vu que je dépends de trois diocèses, sourit le Fribourgeois d’origine. Il y a quelques années, les évêques de Sion, d’Annecy et l’abbé de Saint-Maurice ont signé cet accord qui a donné naissance au Secteur des Glaciers. » Lequel s’étend aussi bien en Suisse qu’en France. « En période normale, cela représente un bassin de population de 13’000 âmes. Durant les fêtes, ce nombre avoisine les 100’000, car il y a Chamonix… »

Pour couvrir ce périmètre, Jean-Pierre Liaudat se lève tôt. « A 6h, je vais prier et méditer à l’église. » A 9h suivent les laudes et la messe avec les communautés, qui n’est pas toujours au même endroit. « Nous nous partageons le secteur avec mon confrère français Georges Vigliano. Aimant beaucoup l’Abbaye, il est devenu chanoine honoraire et peut porter le camail. Moi, je suis coopérateur de la paroisse Saint-Bernard du Mont-Blanc en France. Aidés par notre confrère Paul Mettan, prêtre auxiliaire de 81 ans, nous essayons d’être actifs de part et d’autre de la frontière. Je vais à Vallorcine, Argentière et Chamonix, Georges vient à Salvan, Trient et Finhaut. Comme ça les paroissiens ne voient pas toujours la même tête (rires). »

Le document qui a instauré le secteur est paraphé par Mgr Brunner, Mgr Roduit et Mgr Boivineau.
Le document qui a instauré le secteur est paraphé par Mgr Brunner, Mgr Roduit et Mgr Boivineau.

Souvent au volant

Une partie de sa journée, Jean-Pierre Liaudat la passe en déplacement. « Je fais 20’000 kilomètres par an en voiture. Je la prends pour me rendre en France, sauf quand le col des Montets est fermé en raison d’un danger d’avalanche. Pour aller à Salvan, le train est plus pratique. On y est en dix minutes. En auto, il m’est arrivé de mettre plus de 90 minutes. Il faut descendre jusqu’à Martigny et la route n’est pas toujours bonne. »

Vers 10h30, le chanoine commence ses visites aux malades ou se dirige vers l’un de ses points de chute régulier : Vallorcine. « C’est une petite communauté de 450 habitants située entre deux cols. Un groupe biblique s’y est monté, étudiant les textes du dimanche. On finit par une tasse de thé. »

A midi, le repas est parfois partagé avec le Père Vigliano. « Les horaires varient en fonction des journées. C’est très français… Il n’y a pas d’heure fixe. » 

L’après-midi est à nouveau destiné aux rencontres. « Je m’occupe aussi du catéchisme des communiants et des confirmands, jusqu’à Chamonix. Cela commence aux alentours de 17h après l’école. » 

Un autre élément ajoute au particularisme du secteur. « Vu l’importante population, il y a beaucoup d’enterrements au-delà de la frontière. Plus de 60 par an depuis Vallorcine… Plus une quinzaine ici. Cela demande pas mal de préparation. »

Jamais sans passeport

Jean-Pierre Liaudat remarque quelques différences de comportement de part et d’autre de la douane. « La France est laïque, avec une séparation claire Eglise/Etat. A Vallorcine, où l’église est en réparation, j’ai dû passer par le maire qui a lui-même dû en référer au préfet pour avoir une salle. Comme l’utilisation est cultuelle et non culturelle, il y a un loyer à payer. Mais les relations avec le politique sont très bonnes. » Celles avec les paroissiens aussi. « Côté tricolore, l’église est un endroit de rencontre hebdomadaire pour beaucoup. Les discussions se multiplient avant la messe. Comme les paroissiens sont mobiles, ça commence à être pareil ici. C’est très sympa. Ce n’est pas un hasard si nous avons instauré l’after-messe,  un apéro après la cérémonie. »

A force de franchir la frontière, Jean-Pierre Liaudat connaît bien les douaniers. « Surtout les anciens. Mais certains jeunes en fin de formation semblent avoir avalé le règlement. Il faut alors montrer le passeport et le permis de conduire. Parfois la soutane aide, parfois pas… » 

Sur son pare-brise, le chanoine arbore la vignette « rien à déclarer ». « Une fois, je véhiculais un secrétaire communal. Nous transportions trois cartons de bouteilles. Le douanier a fait les comptes et décrété que nous avions un litre et demi en trop. Il nous a laissés passer, mais quand même un peu sermonnés ! »

Une journée bien rythmée

6h –> Lever aux aurores et prière à l’église
9h –> Laudes et messe
10h30 –> Début des visites aux malades
Vers 12h –> Repas, souvent avec Georges Vigliano
15h30 –> Rendez-vous avec les paroissiens
17h –> Catéchisme
19h30 –> Fenêtre de l’Avent en période de fête

Le peuple de Dieu en marche

Texte et photo Par Mathias Theler *Dans l’Eglise nous distinguons les personnes consacrées des laïcs. Bien que le terme laïc vienne du mot grec « λαός », qui signifie « peuple », les personnes consacrées font aussi partie du « Peuple de Dieu ». Elles réalisent, à travers la spécificité de leur appel et de leur engagement, un ministère, c’est-à-dire un service particulier issu du peuple de Dieu et pour le peuple de Dieu. Les personnes consacrées accomplissent ainsi leur mission baptismale propre, mission à laquelle chaque baptisé est appelé à répondre. 

L’invitation que fait la CRAL (Communauté romande de l’apostolat des laïcs) **, pour le Dimanche des laïcs, est : « Va et suis ton chemin ! » Pour cela, tel Jérémie, il faut d’abord se tourner vers Dieu, écouter sa Parole et répondre « oui » à son appel. Ensuite, « Va » : un chrétien est une personne toujours en mouvement. Puis « Suis ton chemin » et réalise ta vocation baptismale en Eglise. Pour le faire, chaque chrétien est appelé à répondre à sa mission propre qui est de bâtir ensemble, consacrés et laïcs, l’Eglise d’aujourd’hui.

Mais quelle est au fond ma vocation chrétienne ? « Ma vocation c’est l’Amour », disait Thérèse de l’Enfant-Jésus. Claude Ducarroz, dans l’interview filmée « Plans-Fixes » qui lui est consacrée, dit : « Il faut peu de choses pour être prêtre: il faut croire en Jésus-Christ et l’aimer, aimer l’Evangile et, surtout, aimer les gens. » « Aimer » c’est notre vocation commune, laïcs ou prêtres, car l’Amour nous dynamise dans toutes nos actions ecclésiales et est au cœur de toutes nos relations.

*  Mathias Theler est agent pastoral sur l’UP Notre-Dame de la Brillaz et aumônier dans les établissements pénitenciers de la plaine de l’Orbre.

**  La Communauté romande de l’apostolat des laïcs (CRAL) est une association catholique, elle rassemble des mouvements et groupes de laïcs qui à la lumière de l’Evangile, enracinés en Eglise agissent au cœur du monde. Parmi les mouvements il y a notamment le mouvement chrétien des retraités, l’Apostolat de la prière, les Equipes Notre-Dame, Foi et lumière, l’ACAT. Site : www.lacral.ch

Le jeûne c’est la santé!

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Par l’abbé Marie-Joseph HugueninAvec enthousiasme, les abbés Philippe Blanc, Jacques Papaux et moi-même avons lancé un groupe de jeûneurs et jeûneuses sur l’UP Saint Joseph en carême 2017. Pour la troisième année consécutive, avec l’appui non moins enthousiaste de l’abbé Alexis Morard et de notre doyen Paul Frochaux, nous invitons toute personne intéressée à nous rejoindre !

Nous constituons un groupe qui se réunit à la paroisse Saint-Pierre pour jeûner ensemble durant une semaine : nous ne prenons que des jus de légumes et des jus de fruits, selon une méthode éprouvée, promue par l’Action de Carême. Nous vivons trois dimensions intimement liées :

Une dimension spirituelle, en portant les intentions de prière les uns des autres. Chaque jeûneur ou jeûneuse s’engage à jeûner à une intention qui lui est chère. Cette dimension s’enracine dans l’Evangile et dans la vie de l’Eglise. Le jeûne libère l’esprit et permet d’approfondir sa vie spirituelle.

Une dimension corporelle : le jeûne est très bienfaisant pour le corps. Il est une thérapie connue dans toutes les civilisations. Notre société d’abondance engendre toute sorte de maladies.

Une dimension de solidarité : l’Action de Carême propose d’offrir ce qui est économisé par le jeûneur durant la semaine pour – cette année – soutenir les communautés autochtones du Guatemala, qui ont de la peine à faire reconnaître leurs traditions exemplaires dans la préservation de leur milieu de vie.

Nous avons décidé de fixer chaque année cette semaine de jeûne durant la première semaine de Carême, de façon à pouvoir facilement s’en souvenir. Elle débute le soir du premier dimanche de Carême, le 10 mars, par une réunion à 17h pour lancer le groupe. Elle se termine le deuxième dimanche de carême, 17 mars, à midi par un repas festif fait d’une compote de pommes ! On ne peut, en effet, entrer dans le jeûne et en sortir immédiatement. Il y a trois jours de préparation pour y entrer et trois pour en sortir. Le Mercredi des cendres est jour d’obligation pour le jeûne, ce qui permet déjà de s’y préparer. Les participants recevront toutes les indications pour préparer le jeûne.

Une séance d’information et d’inscription est fixée au jeudi 28 février de 19h30 à 20h30 à la salle 4 de la paroisse Saint-Pierre. Vous recevrez alors toutes les indications pratiques et pourrez poser toutes vos questions.

La semaine de jeûne propose de se réunir tous les jours de 12h30 à 13h30, si possible, pour partager notre expérience, une tisane à la main, et prier ensemble. Si l’horaire ne convenait pas à tous et si les participants sont assez nombreux, il serait possible de créer un deuxième groupe se réunissant le soir. 

Cette formule permet de faire comme une retraite tout en continuant ses activités au travail ou à la maison. Le Centre Sainte-Ursule propose une autre formule en carême, semblable à une retraite proprement dite (voir leur proposition au Centre Sainte-Ursule). 

Il y a une centaine de groupes de jeûneurs en Suisse. Ils sont chaque année plus nombreux et atteignent le millier de participants. Toute personne intéressée et en bonne santé peut y participer. La responsable romande (Katrin Fabbri) et le médecin qui se met bénévolement au service des groupes de jeûneurs peuvent donner des conseils.

Bienvenue pour changer le monde !

Délivre-nous de tout mal…

Face à l’horreur du mal, qui ne s’est jamais dit: Mon Dieu, pourquoi? Le piège est alors grand de tomber dans le désespoir. Comment pouvons-nous sortir de ce mauvais trou?

Par Pascal Ortelli
Photos : LDD, pxhere.com
Malgré de fulgurants progrès, le XXe siècle a été le plus sanglant. A l’ère du numérique, on ne manque pas non plus de maux : attentats à répétition, catastrophes écologiques, maladies toujours plus résistantes aux antibiotiques, mensonges érigés en politique d’Etat… Certes, des scandales, comme les abus sexuels, sont sortis de l’ombre grâce à une prise de conscience collective. Mais comme l’hydre, le mal – quand on le coupe – se ramifie sans cesse.

Une victoire en clair-obscur

Pourtant, la foi chrétienne affirme que le Christ, par sa mort sur la croix et sa Résurrection, a déjà remporté la victoire. Elle sera pleinement manifestée à la fin des temps. 

A chaque messe, la dernière demande du Notre Père est répétée, comme un rappel : « Délivre-nous de tout mal et donne la paix à notre temps. » Cette prière s’appelle l’embolisme, du grec : « placer entre ». Elle est en effet placée entre le Notre Père et le rite de la paix. Se libérer du mal est un passage obligé pour parvenir à la paix. Oui, mais comment s’y prendre ?

Le mal est comme un trou

L’étymologie de cette prière donne une piste. Le mal, lui aussi, est ce qui se place entre. Il n’est pas le contraire du bien, car pour exister, il a besoin du bien qui le soutient. Le mal n’a pas de texture. « Il est un rien dans les choses, une fêlure dans la vie, un désordre moral, une rupture des projets d’amour », précise le professeur de philosophie François-Xavier Putallaz.

Et de continuer : « L’immense paradoxe, c’est qu’il existe dans les choses, sans être une chose. Prenons un trou dans une carrosserie de voiture. C’est un défaut réel, pas une illusion. Néanmoins, ce n’est pas une option supplémentaire. C’est plutôt quelque chose de moins. » Le mal est donc une privation. Il est dangereux du coup de commencer par réciter le Notre Père à l’envers, en faisant du mal l’élément premier. On risque alors de tomber dans le néant !

Le chrétien ne peut rester sur le banc de touche et laisser le mal gagner du terrain. Il a une lourde responsabilité.

Le mal est comme un trou dans une carrosserie de voiture.
Le mal est comme un trou dans une carrosserie de voiture.

Que faire?

Marthe Robin.
Marthe Robin.

Marthe Robin, l’initiatrice des Foyers de Charité, l’avait bien compris. Jeune, elle a basculé dans la souffrance. Paralysée et totalement alitée dès l’âge de 25 ans, elle a connu la privation jusque dans l’intime de sa chair. 

Sa seule perspective : attendre l’issue d’une maladie imprévisible. « Je me sens brisée physiquement, moralement et serais bien mieux dans la terre que dessus. La vie s’est chargée de détruire mes plans. »

Pourtant, unie à Dieu, elle devient l’une des femmes les plus consultées de son temps : plus de 100’000 visiteurs accourent dans sa chambre. Ils y trouvent du réconfort ; certains vivent une expérience de conversion. Sa douleur se transforme en empathie pour les autres, alors que le mal objectif – sa maladie – reste présent. Mystérieusement, Dieu peut en tirer un plus grand bien.

Témoin du mystère pascal

« Attention cependant à ne pas plaquer ce genre de réponse trop vite », rétorque Christelle Devanthéry, agente pastorale dans le milieu de la santé à Neuchâtel. La souffrance n’a jamais sauvé personne. Avant d’y trouver un sens, le mal est à combattre. Dans mon rôle d’accompagnante, je n’amène pas d’abord des réponses toutes faites. »

Comme Marie-Madeleine, elle est avant tout témoin du mystère pascal. « J’essaie de porter ce témoignage ; parfois aussi, je le recueille auprès des personnes accompagnées. Mon rôle est alors de le présenter à l’Eglise. » Beaucoup, en effet, ont une grande foi : « Ils m’apprennent à prier et j’en ressors grandie. »

Tracer des chemins de lumière

La journaliste belge Geneviève de Simone-Cornet le mesure dans son métier. Catholique, elle sait que l’ivraie pousse avec le bon grain. D’où le soin qu’elle met à contextualiser les actes de violence pour éviter les jugements hâtifs qui attisent la haine et creusent un fossé encore plus grand. Tout en poussant son lectorat à s’interroger. Tant dans l’angle adopté que dans le choix de ses interlocuteurs, elle donne droit à des initiatives grosses d’avenir «pour tracer des chemins de lumière et éveiller la graine d’humanité qui sommeille en chacun».

La force du pardon

Joël Bielmann, aumônier fribourgeois à la prison de Bellechasse, estime que le mal, en prison, n’est pas plus présent qu’ailleurs. Certes, il y a des actes répréhensibles qui ont été commis, ceux pour lesquels les prisonniers purgent une peine. Mais on ne peut réduire la personne à cela.

Souvent, les détenus ont eux-mêmes été blessés dans leur parcours de vie. « Il faut distinguer le mal commis du mal subi, dit-il. Je suis témoin d’incroyables cheminements de délivrance ; le pardon occupe une grande place. » Parfois donné, parfois reçu – ou pas – il s’agit toujours d’une démarche vécue dans la foi car, sans l’aide de Dieu, on y arrive difficilement.

L’amour comme ultime réponse

Au-delà de ces initiatives reste la question du pourquoi. Dans son dernier livre, l’abbé valaisan Michel Salamolard l’affronte à rebours. En effet, le mal, par définition, est un non-sens. La seule piste éclairante se prend dans l’amour, car, dit-il, « le mal, c’est de ne pas aimer ». 

Le « délivre-nous du mal » en vient alors à signifier : « apprends-nous à aimer ».

Dieu et le mal ?

Pour François-Xavier Putallaz Dieu ne veut, ni ne cause le mal.
Pour François-Xavier Putallaz Dieu ne veut, ni ne cause le mal.

Comment comprendre Dieu face au mal ? Voici la réponse du philosophe valaisan François-Xavier Putallaz : « Ne faites pas du mal une « chose », sans quoi il faudrait que Dieu en soit la cause. N’ayant pas de consistance, le mal ne peut avoir Dieu Créateur pour auteur. Deux inquiétudes se trouvent aussitôt bannies : Dieu ne veut pas le mal. Dieu ne cause pas le mal. 

Absurde et sans raison, le mal peut néanmoins être l’occasion d’un bien plus grand. Combien de malades ont-ils pris occasion de leur maladie pour renouer des liens familiaux, pour pardonner et se réconcilier ! Un malheur ou un deuil peuvent être au principe d’un renouvellement de vie ; l’injure peut appeler le pardon.

Mais que faire quand le bien reste caché ? Alors on espère dans la nuit. »

Illustrer le mal

Avec « Les Tricheurs », Le Caravage donne une vision très humaine du mal.
Avec « Les Tricheurs », Le Caravage donne une vision très humaine du mal.

Comment voir ce « rien dans les choses » ? L’abbé Pascal Bovet, visage bien connu de L’Essentiel, évoque une piste au travers du tableau « Les Tricheurs ». Si les images violentes ou provocantes ne manquent pas pour exprimer le mal moral, Le Caravage (1571-1610) nous en donne ici une version très humaine.

En apparence, une parfaite innocence : on joue aux cartes, mais on y triche chacun à sa manière : dissimulation dans le dos, regard par-dessus l’épaule, manipulations… autant de faces du mal que l’on retrouve sans éclat au quotidien.

Ministère d’écoute et d’accompagnement

Ministère d’écoute et d’accompagnement dans le combat contre l’Ennemi de Dieu et des hommes

Texte par l’Abbé Gérald Voide, curé de Troistorrents-Val d’Illiez
Photo: DR

Saint Michel Archange, puissant intercesseur contre les forces des ténèbres.
Saint Michel Archange, puissant intercesseur contre les forces des ténèbres.

C’est pour ce service que Mgr Jean-Marie Lovey m’a nommé avec trois autres prêtres et un diacre de notre Diocèse. Le mandat commence ainsi : « Afin d’offrir à toute personne nécessitant un accompagnement qui relèverait du ministère d’exorcisme en Eglise, un groupe de ministres ordonnés est constitué pour assurer un ministère de discernement. » Ce ministère pose tout de suite une question : 

Comment Satan agit-il ?
En s’éloignant de Dieu, Satan ou le diable (un mot grec qui signifie : « celui qui divise ») cherche à en éloigner aussi les autres créatures. Tous les efforts du démon tendent à ce que toute la création se rebelle contre son Créateur et se coupe de lui.

Une double activité
« L’activité du Démon est double : une activité dite extraordinaire et une autre dite ordinaire. Son activité extraordinaire est certes plus rare, c’est celle qui consiste à causer des maux d’origine maligne allant jusqu’à la possession. Son activité ordinaire est celle qui consiste à tenter l’homme au mal. L’effort principal du Démon porte donc sur la tentation pure et simple, tentation à laquelle nous sommes tous confrontés et à laquelle Jésus-Christ Lui-même a accepté d’être soumis. » 1 

Notre ministère concerne plutôt l’activité extraordinaire du Démon. Nous sommes invités à écouter les personnes souffrantes, à discerner entre une véritable action démoniaque extraordinaire (de notre ressort) et des effets qui relèvent de la forme ordinaire de l’action du diable, à prier pour elles et avec elles, à les encourager, à les soutenir sur le chemin de la conversion et du combat contre l’Ennemi.  

Le combat contre les forces des ténèbres
Le combat est celui de la foi, donc celui de la prière, des sacrements, d’une vie d’union avec le Seigneur. « La chose fondamentale qu’il faut souligner est que jamais dans la Bible il nous est dit d’avoir peur du Démon, parce qu’Elle nous assure que nous pouvons, et que nous devons, lui résister très fortement dans la foi. La Bible nous dit que nous devons plutôt avoir peur du péché ; tous les saints ont combattu le péché, et en combattant le péché on combat le Démon. Nous devons seulement avoir peur de ne pas être dans la grâce de Dieu ; y être implique de se confesser, de participer à la Sainte Messe, de participer à l’adoration eucharistique, et de prier ; ils constituent les meilleurs remèdes qui soient contre l’activité extraordinaire du Démon : si nous restons dans la grâce de Dieu, nous sommes « cuirassés ». 2

Pour faire un pas de plus dans la réflexion, je vous invite à lire le petit livre dont sont tirées ces lignes : Don Gabriele Armoth, Vade Retro Satana !, Editions Bénédictines, 2014. 

Très simple, il est aussi clair et lumineux pour une première approche. 

Des renseignements, des interrogations
Pour toutes ces questions, vous pouvez contacter l’Evêché de Sion qui pourra vous aiguiller vers l’un ou l’autre membre du groupe nommé pour l’écoute et l’accompagnement.

1 Don Gabriele Amorth, Vade Retro Satana !, Editions Bénédictines, 2014, pp. 13-14.
2 Idem, pp. 45-46.

Un curé au resto!

Par Nicolas Maury
Photo: DR

Vincent Roos travaille à 20% au Bla Bla.
Vincent Roos travaille à 20% au Bla Bla.

C’est le coup de feu de midi. « Vous cherchez Vincent ? Evidemment, c’est lui la star », sourit Estelle Mayer, la patronne de l’établissement. Si quelque chose différencie Vincent Roos du reste du personnel, c’est son âge – la cinquantaine – et son catogan. Comme les autres employés du Bla Bla à Vevey, il porte un tablier bleu sur une chemise blanche. « Tout le monde imagine que je suis le patron », plaisante l’intéressé. « Mais non. Je ne suis même pas sommelier. J’aide au service. » Il ne pratique cette activité qu’à 20%. Sa vraie profession : curé de la paroisse du Sacré-Cœur à Ouchy depuis un peu plus d’une année. « Je ne cache pas que je suis prêtre, mais je ne l’affiche pas non plus. Je reste discret. » 

Etonner et détonner
« C’est un homme d’Eglise qui sort du commun », confirme Estelle Mayer. Qui indique l’avoir engagé comme gage d’une amitié de longue date. « Elle a compris que je voulais aussi m’insérer hors du milieu pastoral », commente l’intéressé. « Ma démarche est de prendre ce qui vient. Parfois, cela débouche sur des rencontres fantastiques. Ça ne veut pas dire que ceux avec qui je parle viendront à la messe le dimanche. Quand les gens apprennent que je suis prêtre, cela étonne. C’est ce qui parfois manque un peu dans notre mission: étonner, voir détonner. »

Travailler dans la restauration, Vincent l’a déjà vécu lorsqu’il était à Los Angeles à la fin des années quatre-vingt. « Le Times avait même fait un article sur moi », rigole-t-il, coupure de presse à l’appui. « C’était après mon passage à la Garde suisse du Vatican. Je me posais des questions… »

A la fin des années 80, un article dans le Times de Los Angeles…
A la fin des années 80, un article dans le Times de Los Angeles…

 

Au milieu du monde
Les réponses qu’il a trouvées tournent autour d’une même thématique : « Etre au milieu du monde, simplement, en partageant. C’est ce que faisait le Christ. » Et d’interroger : « Vous connaissez Maurice Zundel ? Il fut longtemps vicaire au Sacré-Cœur à Ouchy. Un grand penseur, trop méconnu. Pour lui, il ne s’agit pas de parler de Dieu, mais de le vivre. Idem pour la joie. C’est ce que je tente de faire ici. » 

S’il travaille à la création d’un centre Maurice Zundel dans sa paroisse, Vincent Roos sait déjà où il passera ses vacances d’été. « Ici à Vevey, au cœur de la Fête des Vignerons. Car c’est aussi le moyen de côtoyer les personnes qui ne se tournent pas forcément vers l’Eglise. »

Jean-Pierre Biselx

Partager une passion, chanter de cœur à cœur, oublier ses soucis, échanger des refrains, se mettre à l’unisson ou encore rechercher l’harmonie, voilà le défi d’un chanteur bénévole. Musicien au sein de diverses fanfares puis chanteur au sein de La Laurentia de Saillon, la musique a animé la vie de Jean-Pierre Biselx durant de nombreuses années dont 25 ans de chant, tout cela récompensé par la médaille de St-Théodule décernée par le diocèse.

Propos recueillis par Doris Buchard
Photo: Laurence BuchardMais alors, qu’est-ce que le chant t’apporte ?
Le chant me permet d’interpréter le monde et la vie, de faire jaillir modestement la lumière sur notre époque et de comprendre les hauts et les bas de mon existence. Cet art dépasse l’aspect purement utilitaire car il me permet d’être confronté à moi-même. Dialoguer en chantant au gré de mes envies encourage et renouvelle mes énergies.

Comment vois-tu cet engagement paroissial ?
Chacun doit persévérer, fidèle à sa vocation, modestement. Je crois à l’idéal de La Laurentia comme groupe au service de la communauté de Saillon. Je suis un chanteur et chrétien engagé dans l’action. Cette action n’est jamais assez belle, assez digne, assez gaie et joyeuse. Pour moi, la vie des « cœurs à chœurs » est un chemin vers l’Eglise, vers mon prochain, vers la communauté tout entière.

Qu’est-ce qu’un engagement bénévole pour toi ?
Dans notre monde où le temps s’enfuit à toute allure, où parfois l’indifférence isole, où l’on se sent, dans le meilleur des cas, différent, je trouve que le bénévole, par souci de son voisin, prend un peu de son temps pour tendre la main pour s’oublier parfois et se dévouer sans compter. Discret, il ne demande rien. Tout ce qu’il offre c’est son soutien et tout cela n’a pas de prix. C’est une partie de sa vie.

Alors oui, dit modestement Jean-Pierre, le Royaume de Dieu n’a jamais compté sur la quantité donnée mais sur le fait de croire profondément à ce que l’on vit, ce que l’on fait.

La communion tous azimuts

Je vous propose une petite balade au «pays de la communion». Communion, voilà un mot tiroir plein de sens! Pour élargir l’esprit des enfants à ce sujet, les catéchistes aiment parfois disséquer ce mot pour en trouver d’autres de la même famille qui l’éclairent. Qu’y aperçoit-on?

Par Pascal Tornay
Photos: Marion Perraudin, http://img.over-blog-kiwi.com
– « Commun » : qu’avons-nous en commun se demandent des amis ? Nos goûts, nos idées ?
– « Comme » : voici un mot pour parler des ressemblances.
– « Commune » : c’est la grande communauté locale réunie autour de son Conseil municipal.
– « Union » : c’est ce lien fort, ce désir d’être ensemble qui nous relie les uns aux autres par exemple lorsqu’on parle du mariage…
– « Muni » : si je le suis, c’est que j’ai tout ce dont j’ai besoin.
– « Uni-e » : se dit par exemple d’une couleur lisse et sans inégalité ou d’une famille où l’on ne trouve pas de division !
– « Un » : dans une prière, Jésus demande à son Père que tous les hommes soient « un » (Jn 17, 21), c’est dire qu’il souhaite que tous, nous vivions d’un seul cœur.

Et voilà la « communion » éclairée de multiples manières ! 

A l’origine, le mot est formé de deux autres termes : « cum », avec, et « munus », la tâche ou la charge, comme dans « municipal ». Ainsi étymologiquement, le mot « communion » a une portée politique au sens large et signifie « avoir une responsabilité commune ». La « commune » au sens politique et territorial, c’est donc l’ensemble de celles et ceux qui prennent part aux charges communes. On trouve encore, selon la même origine, le mot « immunité » qui signifie justement être exempté des charges. On le voit bien, les sphères sociale et politique, bien qu’elles soient des espaces potentiellement très conflictuels, sont des hauts lieux de communion ! Voici donc la communion envisagée sous un angle nouveau et dynamique, puisqu’il pointe sur une responsabilité, une œuvre commune à faire advenir. 

Sur le plan ecclésial, la communion (le fait de consommer le Corps du Christ) implique aussi ce sens premier, social, mais il est transcendé. Les chrétiens utilisent le mot « communion » pour parler soit du Pain de vie (le Pain-Corps est en lui-même la « communion »), soit aussi du moment de la célébration où le peuple s’approche de la Table pour être nourri.

Par ailleurs, nous avons souvent une perspective trop individualiste de la communion. On peut se dire : « Je communie pour que cela nourrisse mon âme et m’apporte le réconfort. » Mais le champ sémantique originel du mot nous oblige à en élargir considérablement la portée : « Je vais (démarche active) communier pour m’engager, avec toute l’humanité réunie mystérieusement au Christ en un seul Corps, au service de l’œuvre commune à laquelle le Christ invite chacun : le salut du monde. »

Ainsi, communier, c’est prendre part à la rédemption. Il s’agit d’un engagement qui consiste à se mobiliser, à se mettre au travail au service d’une œuvre de salut qui inclut toute l’humanité ! Evidemment, cela commence en soi-même…

Un être dispersé, désuni à lui-même et aux autres n’est qu’un sous-être qui a besoin d’être restauré, relevé, redressé. Dans l’Evangile, le cas du possédé de Gérasa (Mc 5, 1-20) qui vit dans les tombeaux est un exemple frappant… L’appel à vivre en communion est inscrit au plus profond de l’être : nous sommes conçus pour « exister en communion ». Cet appel est d’autant plus fort que, lorsque cette communion est rompue en nous et/ou entre nous, nous en souffrons terriblement… Cette souffrance n’est-elle pas le rappel douloureux que nous sommes justement faits – quelle
que soit notre situation – pour « communier » ?

Que ce soit au sens de l’unité intérieure, au sens social et politique ou au sens chrétien, la communion n’est donc pas optionnelle : elle est une nécessité vitale pour l’homme. C’est même la condition première du développement et de la croissance intégrale de l’Homme.

Heureux sommes-nous

L’arc-en-ciel : signe de l’alliance entre Dieu et l’humanité.
L’arc-en-ciel : signe de l’alliance entre Dieu et l’humanité.

 

Texte par Xavier Rémondeulaz
Photo: pixabay.comNos parents, ou plutôt nos grands-parents, se souviennent sans doute des sermons où l’évocation du mal était bien présente, pour ne pas dire omniprésente. L’évocation du diable n’était pas rare non plus.

On en est bien loin aujourd’hui. L’impression est plutôt qu’un certain flou entoure le mal dans notre société.

Sans doute, cela a-t-il un lien avec l’importance considérable donnée à la liberté personnelle dans notre société.

Dans beaucoup de domaines, la liberté personnelle prend le pas sur la notion de « bien », laquelle serait, pour beaucoup, impossible à définir. Voici donc le temps du relativisme, où chacun se fait sa propre idée du bien et du mal.

Cette liberté totale, et cette confusion, se reflètent essentiellement dans les questions d’éthique, bioéthique, familiales et de morale sexuelle, où l’accent est mis sur le droit à l’épanouissement personnel et au plaisir. En font les frais la vie à naître, une certaine conception de la fin de vie, le respect de la femme et du prochain et le vivre ensemble.

L’homme moderne est devenu un consommateur. Il ne vit plus dans une logique du don. Il ne « reçoit » plus, il « revendique », « exige », « s’approprie » les choses (« droit à l’enfant » coûte que coûte, « droit de mourir » quand il l’estime opportun, « droit de consommer » même au détriment de la planète, …).

Que quelqu’un se risque à une critique de ces comportements individualistes, et c’est une volée de bois vert, comme le Pape récemment, lorsqu’il a critiqué l’avortement.

Un certain désenchantement accompagne cette évolution, ainsi qu’une dégradation du lien social.

Cette vision biaisée de la liberté et ce manque de lucidité ont pour conséquence, que l’idée même d’avoir besoin d’un Sauveur est totalement étrangère à l’homme moderne.

A l’extrême opposé peut se trouver une autre conception, lucide, genre qui ne se voile pas la face. Le pape François, à la question « qui êtes-vous Jorge Bergoglio ? », répond : « Je suis un pécheur. C’est la définition la plus juste… Ce n’est pas une manière de parler, un genre littéraire. Je suis un pécheur. » Non sans ajouter : « Je suis un pécheur sur lequel le Seigneur a posé son regard. »

Cette lucidité sur soi, mais aussi sur le regard de bonté de Dieu, ne rend pas triste, bien au contraire. Il suffit de regarder la joie que diffuse le pape François.

A Pâques, ne dit-on pas « heureuse faute qui nous valut un tel Rédempteur » ? Oui, heureux sommes-nous, hommes et femmes du XXIe siècle !

Se souvenir ensemble

Par Nicole Andreetta
Photo: DR

L’arbre aux 4 saisons, fil rouge de la célébration de décembre 2018.
L’arbre aux 4 saisons, fil rouge de la célébration de décembre 2018.

La mort d’un enfant reste encore un sujet tabou dans notre société. Des groupes de partage permettent aux parents et aux proches de rompre l’isolement du chagrin et de la douleur.

Chaque début décembre, l’aumônerie du CHUV (Centre hospitalier universitaire vaudois) propose aux familles endeuillées un temps de célébration pour se souvenir ensemble. Quelques parents et trois assistants spirituels participent à sa préparation.

Ouverte à tous
Cette cérémonie à caractère interreligieux est ouverte à toutes et à tous, quelles que soient leurs convictions ou leurs croyances. Le directeur de l’hôpital (ou un médecin) accueille chaque fois les participants. Des membres du personnel soignant sont également présents.

Il y a six ans, Viviane et son mari Dimitri ont vécu le décès de leur petite fille, le jour même de sa naissance.

« J’aurais tout donné pour que notre petite Elyne grandisse dans mes bras, mais le mauvais sort avait pointé. D’abord la tristesse nous envahit, la colère nous submerge, l’incompréhension se fait sentir. Puis un jour, cet arbre meurtri au plus profond de nous se remet gentiment à bourgeonner. On continue. On avance. C’est à ce moment que l’on m’a tendu la main. J’ai rencontré un groupe de parents qui avaient, eux aussi, subi la perte de leur enfant. »

Fil conducteur
Depuis, Viviane s’implique activement dans la préparation des célébrations du CHUV. « Plusieurs réunions, parsemées de rires, de pleurs et d’échanges sont nécessaires pour trouver le fil conducteur qui aidera les parents à se recueillir. Ces moments de partage m’ont permis de me reconstruire, de vivre de belles rencontres et de soutenir à mon tour d’autres personnes. »

Isabelle, la grand-mère d’Elyne, assiste, elle aussi, aux célébrations.

« Lors du décès de notre petite-fille, nous étions décalés. Nous ne pouvions pas nous permettre de nous laisser aller. Il fallait consoler nos enfants. C’est après, lorsqu’ils allaient mieux, que nous avons pu commencer notre deuil. Les célébrations nous ont remis au diapason. Nous pouvions vivre la même chose ensemble et en même temps. »

En librairie – février 2019

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

au_diableAu diable les superstitions
Gilles Jeanguenin

« Je ne suis pas superstitieux, cela porte malheur ! » C’est par cette boutade que le père Gilles Jeanguenin ouvre son propos en constatant que si l’homme de Cro-Magnon était superstitieux, l’homme supposé rationnel d’aujourd’hui ne l’est pas moins. Il rappelle que la Bible, pas plus que l’Eglise, n’accepte les superstitions qui brident la liberté de l’homme, le conditionnent et l’éloignent de Dieu. Cet ouvrage, qui ne manque pas d’humour, s’adresse à un large public.

Salvator

Acheter pour 29.20 CHFshawnShawn la Baleine
Jean-Claude Alain

Shawn est décidé ! Il sera marin, comme son père. Et voilà l’orphelin embarqué comme mousse sur un baleinier, à l’âge de treize ans. Au milieu des matelots, il va vivre le fabuleux périple de la chasse à la baleine. Comme eux, il va risquer sa vie pour un salaire de misère. Comme eux, il va parcourir mers et océans, connaître d’effroyables tempêtes, puis le calme plat dans la fournaise des Tropiques. Beau et passionnant roman pour les jeunes.

Delahaye

Acheter pour 22.40 CHFlucLuc, mon frère
Michael Lonsdale

Michael Lonsdale nous emmène à la découverte de Frère Luc, moine de Tibhirine et martyr avec ses frères en 1996. L’auteur partage un tête-à-tête posthume, fraternel et bouleversant avec Frère Luc, celui dont il a brillamment interprété le rôle. Un livre qui atteindra chacun et qui délivrera une parole d’amour apaisante et puissante à la fois. La parole de Celui, qui est présent à chacune des pages : le Christ.

Philippe Rey

Acheter pour 27.20 CHFictusIctus – Une Aube Nouvelle
L. Borza – B. Martineau

Une bande dessinée qui nous conduit de l’apparition de l’ange à Zacharie jusqu’à l’adoration des bergers à Bethléem. Les dessins à la fois délicats et expressifs illustrent avec soin le récit de l’évangile, la succession des événements et les sentiments parfois douloureux par lesquels sont passés Joseph et Marie. Ils sont ici romancés avec un accent particulier sur les trois mois que Marie a vécu chez sa cousine Elisabeth.

EMV

Acheter pour 25.20 CHF

Infos

Ouvrages disponibles notamment dans les librairies Saint-Augustin de Saint-Maurice (avenue de la Gare, tél. +41 24 486 05 50, librairievs@staugustin.ch) ou de Fribourg (rue de Lausanne 88, +41 26 322 36 82, librairiefr@staugustin.ch) aussi disponible sur librairie.saint-augustin.ch

Accompagner pour dire A DIEU

Perdre un être cher est une souffrance violente et brutale qui peut interpeller notre foi en un Dieu amour. De nombreuses familles frappées par un deuil sollicitent encore l’Eglise pour les aider à accompagner leur défunt et célébrer le dernier adieu lors d’une célébration catholique. Celle-ci peut prendre la forme d’une Eucharistie, mais pour les personnes qui n’ont pas l’habitude de la messe, ou qui sont plus éloignées de la pratique religieuse, elle peut se faire sous la forme d’une célébration de la Parole. Pour l’animation de ces célébrations, entre autres, les paroisses du Grand-Fribourg peuvent compter sur l’équipe des funérailles. Comment est née cette équipe encore peu connue? Quelle est sa mission? Voici le témoignage de Jaga Loulier, responsable du groupe funérailles au sein de l’UP Saint-Joseph.

Par Fanny Sulmony
Photo: DRLe groupe a été fondé il y a environ cinq ans au sein de l’unité pastorale Saints-Pierre-et-Paul grâce à l’impulsion du curé modérateur alors en place, l’abbé André Vienny. Plusieurs agents pastoraux avaient suivi une formation sur l’accompagnement des personnes en deuil et la célébration des funérailles. Suite à cette formation, Jaga Loulier reçut de son curé le mandat de former une équipe au sein de l’UP.

L’équipe a été complétée par des personnes, bénévoles, qui avaient été formées dans l’animation de veillées de prière. Il y a deux ans, l’équipe s’est élargie en intégrant des membres laïcs de l’unité pastorale Notre-Dame. Elle compte à présent une dizaine de membres. Jaga partage aujourd’hui la responsabilité du groupe funérailles décanal avec Elisabeth Beaud, coordinatrice pour l’UP Notre-Dame.

Actuellement, l’équipe comprend des laïcs, des religieux et un diacre. Toutes ces personnes partagent déjà une longue expérience de collaboration et désormais une réelle amitié. Trois rencontres d’organisation, des moments d’échange et de convivialité sont proposés aux membres tout au long de l’année. Chacun participe aussi, dans la mesure du possible, aux propositions de formation continue organisées par le vicariat. L’équipe accueille volontiers toute personne intéressée, pour discerner avec elle la possibilité de s’engager dans un tel service à la communauté.

La mission de l’équipe

Jaga explique que « la mission du groupe funérailles est née du souhait de l’abbé Vienny que toute la communauté s’engage dans le service auprès des familles en deuil et les accompagne dans le dernier adieu à leurs proches ».

« L’idée n’était pas de remplacer les prêtres (car rien ne remplace l’Eucharistie) ni seulement de pallier leur manque, mais principalement de répondre à l’évolution de la société, notamment au fait qu’une partie des personnes qui se disent croyantes sont peu ou pas pratiquantes. Ces personnes se réfèrent néanmoins à la foi chrétienne et désirent inclure la dimension de la prière dans la célébration du dernier adieu à leurs proches. »

Dans cette situation, la mission du groupe des funérailles est d’apporter la Parole de Dieu auprès de la famille endeuillée et d’être présente auprès d’elle. « C’est toujours un moment intense de proximité et de communion avec les familles. Lors du départ d’un proche, on est replacé ensemble à la base de notre vie, invité à retourner aux choses essentielles. On se souvient de la vie du défunt, on remercie pour son existence et finalement on ne célèbre pas la mort, mais la Vie » souligne l’agente pastorale. La mission de l’équipe est d’être présente dans ce passage délicat pour chacun, avec la solidarité humaine, la compassion du Christ, et d’inviter à l’espérance grâce à la Parole. C’est simplement permettre aux familles de ne pas être seules dans ces moments difficiles, de rendre hommage à leur défunt et « de faire le passage de façon apaisée ».

Célébrations vivantes

Les membres du groupe des funérailles s’appliquent à rendre ces célébrations vivantes et à mettre de la beauté dans la démarche. La volonté de la famille – choix des textes, des musiques et souhaits particuliers – est respectée dans la mesure du possible.

Jaga constate que parfois les personnes font appel à l’Eglise mais souhaitent une cérémonie à la frontière “du religieux et du profane” ; même sans faire appel à la Parole de Dieu. » Pour la responsable du groupe, c’est une invitation à sortir à la périphérie de nos églises, à nouer un contact avec celui qui ne voit pas nécessairement le besoin de faire référence à la Transcendance. L’équipe est à l’écoute de ces situations, mais elle n’abandonne pas pour autant le lien avec l’Evangile et la prière.

« Certaines familles souhaitent des cérémonies non religieuses et ne font plus appel à l’Eglise mais à des animateurs laïques qui ne viennent pas de notre groupe de funérailles. Il arrive aussi que la famille renonce à toute sorte d’adieu et abandonne le rite qui est si essentiel au processus du deuil », constate Jaga

L’Eglise apporte du sens

Ces situations interpellent l’équipe des funérailles : « L’Eglise doit-elle être présente à la périphérie ? Si oui, comment, par quelle parole et quelle attitude ? Etre présent et compatir n’est-ce pas aussi une mission de l’Eglise ? En plus d’une fonction d’accompagnement et d’écoute, l’équipe des funérailles a un rôle d’éveilleur. Pour cela l’attitude est toute aussi importante que les mots ».

A ce titre, deux personnes de l’équipe des funérailles sont chargées d’écrire un message de solidarité et de condoléances à toutes les familles endeuillées des paroisses, indépendamment de leur démarche. Pour celles qui sont accompagnées par les membres de l’équipe, il arrive que les liens de proximité, voire d’amitié, se perpétuent au-delà du temps des funérailles.

L’équipe ne propose pas d’accompagnement psychologique dans les diverses étapes du processus du deuil. Les personnes qui sont intéressées peuvent rejoindre les groupes spécifiques du Centre Sainte-Ursule.

Et plus concrètement

Lors d’un décès, la famille s’adresse le plus souvent directement aux pompes funèbres. Celles-ci font un premier discernement pour savoir si la présence de l’Eglise est souhaitée ou non. Si oui, elles s’adressent à la paroisse pour demander une cérémonie religieuse et, le plus souvent, précisent si la famille désire une messe ou non. La paroisse cherche ensuite un prêtre pour la célébration de l’Eucharistie. Si la famille souhaite une « cérémonie sans communion », la paroisse cherche un ou deux membres laïques du groupe des funérailles qui présideront la célébration. La famille est contactée pour la préparation de la cérémonie. Les membres du groupe funérailles peuvent également accompagner le prêtre lors de l’eucharistie et prendre en charge certaines parties de la messe : accueil, lectures, intentions. Ils peuvent animer une veillée de prière avant les funérailles, être présents pour proposer une courte prière quand la famille se réunit à la chambre funéraire, participer à la messe de trentième, ou faire une dernière bénédiction au moment du dépôt de l’urne au cimetière. La famille peut demander ces services gratuitement en téléphonant au secrétariat paroissial.

Romain, le fleuriste

Romain Lerjen a 21 ans (voir aussi première page). Il vit à Martigny depuis toujours, comme il aime à dire. Il a un CFC d’horticulteur-floriculteur et poursuit actuellement une deuxième formation de fleuriste, formation qui complète la première et qu’il a toujours souhaité accomplir. Il offre discrètement son savoir-faire à la communauté du Bourg en fleurissant l’église. Cela fait visiblement sa joie! Il nous partage un peu de ce qui fait sa vie…

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L’amour: une énergie renouvelable

Saint-Valentin, fête des amoureux. Pour que les sentiments se renouvellent, le pape François nous offre quelques pistes engageantes et profondes.

Par Bertrand Georges
Photo: PixabayCultiver la joie
Il n’y a pas de plus grande joie que dans un bien partagé. Les joies les plus intenses de la vie jaillissent quand on peut donner du bonheur aux autres, dans une anticipation du Ciel. Elle est douce et réconfortante, la joie de contribuer à faire plaisir aux autres, de les voir prendre du plaisir.

Prendre soin l’un de l’autre
La joie matrimoniale, qui peut être vécue même dans la douleur, implique d’accepter que le mariage soit un mélange de satisfactions et d’efforts, de tensions et de repos, de souffrances et de libérations, de satisfactions et de recherches, d’ennuis et de plaisirs, sur le chemin de l’amitié qui pousse les époux à prendre soin l’un de l’autre. 

Contempler la vraie beauté
La beauté – la grande valeur de l’autre qui ne coïncide pas avec ses attraits physiques ou psychologiques – nous permet d’expérimenter la sacralité de sa personne, sans l’impérieuse nécessité de la posséder. Le regard qui valorise a une énorme importance. 

Donner de la tendresse
La tendresse est une manifestation de cet amour qui se libère du désir de possession égoïste. Elle nous conduit à vibrer face à une personne avec un immense respect et avec une certaine peur de lui faire du tort ou de la priver de sa liberté.

Traverser l’épreuve ensemble
Après avoir souffert et lutté unis, les conjoints peuvent expérimenter que cela en valait la peine. Peu de joies humaines sont aussi profondes et festives que lorsque deux personnes qui s’aiment ont conquis ensemble quelque chose qui leur a coûté un grand effort commun.

Aimer ainsi permet d’ancrer l’amour au-delà des sinuosités de la relation et des fluctuations des sentiments. C’est dans la grâce de Dieu, source de tout Amour, que l’on puise les ressources pour un amour qui se renouvelle. 

1 Cf. Amoris Laetitia (La joie de l’amour), n. 126-130.
La Saint-Valentin est l’occasion pour les couples de se ressourcer dans l’Amour de Dieu. Différentes offres sont proposées. Renseignements auprès des pastorales familiales cantonales.
www.pastorale-familiale.ch

Domuni… déjà 20 ans d’existence!

Par Frère Michel Fontaine, op (professeur)
Photo: DRUne formation universitaire en ligne, en philosophie, sciences sociales, histoire, histoire de l’art et théologie
Domuni, institut universitaire privé d’enseignement supérieur, dispense des enseignements à distance, philosophiques, théologiques et de sciences sociales, dans la Tradition multiséculaire de l’Ordre des Dominicains, en bénéficiant d’un vaste réseau de centres universitaires partenaires, universités catholiques ou autres.

Une grande souplesse dans l’organisation des études à distance
Domuni s’adapte aux besoins de formation des étudiants. L’université Domuni propose plus de 500 cours de formation par correspondance, entièrement téléchargeables. L’enseignement à distance, via Internet, est organisé pour favoriser la plus grande flexibilité possible par rapport à l’espace (on peut étudier en tout lieu, donc à domicile) et par rapport au temps (chacun-e a son propre rythme). 

L’étudiant est accompagné par un tuteur et entre dans une communauté d’étude et de recherche. Pour chaque cours en ligne, l’apprenant peut dialoguer avec l’enseignant via un forum et bénéficier, quand il le souhaite, d’une visioconférence avec son tuteur.

Avec un diplôme, un certificat ou non selon votre choix
On peut donc s’inscrire pour un contenu – une année académique – et disposer de plusieurs années pour le valider.

Toutes les formations sont des formations en ligne. Celles qui sont diplômantes conduisent à des diplômes reconnus (bachelor, licence, master, doctorat), diplôme de l’Etat français ou diplôme belge. 

Les examens ont lieu par écrit, physiquement présent, dans un institut d’études proche géographiquement du lieu de résidence de l’étudiant.

Des formations courtes permettent une spécialisation ou une réorientation : CAS (Certificate of Advanced Studies), DAS (Diploma of Advanced Studies) ou MAS (Master of Advanced Studies). Ces formations courtes permettent d’acquérir de nouvelles compétences. Il est aussi possible de choisir des cours à la carte et d’avancer cours par cours.

Contacts pour tout renseignement :
au + 33 (0)970 407 256, ou par mail à info@domuni.eu

Forum œcuménique: le travail m’éclate!

pmt-jchuot«Le travail m’éclate!»: tel est le slogan 2017 du Forum œcuménique romand du Monde du travail, qui se tient chaque année en novembre à Lausanne. Ce slogan entretient volontairement l’ambiguïté: «Je peux trouver du plaisir et de l’épanouissement dans mon travail, mais il peut aussi faire exploser ma vie et moi», explique Jean-Claude Huot, responsable du Forum et animateur de la Pastorale du travail.

Par Melchior Kaniymybwa, Jean-Noël Thévenaz, Pascal Tornay
Photos: www.eglisetravail.ch, pixabay.com, vitaelia.files.wordpress.com, unil.ch
La Pastorale du Monde du travail (PMT) a pour but de promouvoir une « culture de la solidarité ». Elle s’engage dans la proposition de la foi, invite à la conscientisation, permet aux personnes de devenir sujets et acteurs de leur histoire, rappelle Jean-Claude Huot. Elle chemine avec les groupes PMT existants et accompagne les personnes avec ou sans travail. Elle développe des suivis personnalisés. 

pmt-mrosendeDiverses formes de tensions
Magdalena Rosende, sociologue, chef du projet emploi du Bureau vaudois de l’égalité intervenait durant ce Forum. Son intervention visait notamment à mettre en évidence trois formes de tensions et de contraintes dans l’exercice du travail :

– Nos aspirations personnelles : ce que l’on aimerait faire ou créer et la nécessité d’avoir un revenu, poussant à accepter ce qui est offert et à se contenter de ce qui est possible.

– Les tensions hommes-femmes : les discriminations et ségrégations dans la recherche ou l’exercice d’un emploi.

– Les tensions entre la vie professionnelle et la vie privée.

Fragilisé dans une recherche d’emploi
Magdalena Rosende reconnaît que le marché du travail est très sélectif, d’où d’importantes difficultés pour les personnes sortant d’une maladie relevant de l’AI ou pour la population étrangère résidente. Avoir été malade une longue période ne facilite évidemment pas la réinsertion, parce que le marché actuel demande que l’on soit rapide et performant. Le droit du travail en Suisse est très libéral et laisse une grande marge de liberté aux employeurs et très peu de protection contre les licenciements notamment. Le taux de chômage chez les jeunes est proche des 7 % et celui des plus de
50 ans est de 4 %.

Les contraintes des contrôles
Employées et employés ressentent souvent comme une violence le fait d’être l’objet de contrôles. Les formes de ces contrôles se sont développées au point qu’ils sont parfois incessants : toute activité peut être suivie par un outil informatique et par le minutage, comme le notent les employés du secteur de la santé ou les chauffeurs de bus. La personne au travail se trouve de moins en moins en état d’organiser son travail de manière autonome. On lui demande de faire toujours plus en un temps minimum, de répondre à énormément de sollicitations, d’accepter de plus en plus de responsabilités sans contrepartie. A long terme, même à coup de bonne volonté, l’épuisement professionnel, le burnout, guette. Comment retrouver l’équilibre entre le travail qui m’éclate parce que j’y trouve du sens et celui qui m’éclate parce que je lui ai trop donné ? Ces pressions sont ressenties avec encore plus d’acuité par les personnes les plus fragiles, notamment les personnes à l’AI, en situation de handicap, car elles vivent plus lourdement encore les discriminations liées à leur état.

Magdalena Rosende souligne l’importance d’avoir des collègues à qui l’on peut se confier. Même les moments de pause ne sont plus communs. Les horaires sont éclatés et les rapports individualisés. Les collectifs sur lesquels on pouvait auparavant compter n’existent plus. Dans certaines entreprises, il existe heureusement des commissions du personnel, des comités de travailleurs ou des groupes syndicaux à qui l’on peut faire appel. Malgré tout, il n’est jamais facile de faire remonter les doléances à la direction. Si l’on ne peut pas le faire, par crainte d’être viré pour rupture de confiance, c’est contraire à la « Déclaration des Droits de l’Homme », mais avouons que, souvent, la situation est telle…

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Témoignages d’anonymes ayant traversé les affres d’une trop grande pression au travail

« J’ai eu un arrêt de travail de quatre mois. Il m’a fallu développer des mécanismes de survie. Ma remise en question m’a conduit à savoir dire stop, à faire une chose après l’autre. Le burnout est une expérience douloureuse mais, en même temps, j’en suis sorti grandi car j’ai appris à faire attention aux alertes annonçant l’écroulement. Ces signes, j’ai appris à les reconnaître dans la douleur. Je suis plus attentif et, quand je perçois un de ces signes – parce qu’il y en a plusieurs – je me mets en garde et me questionne : « Pourquoi veux-tu te remettre dans cette situation qui t’a usé. Prends un peu de recul et pose-toi ! »

« Le phénomène d’épuisement existe aussi chez les patrons. Les patrons sont des gens souvent seuls face à leurs responsabilités. La solitude des patrons rend malade ! » 

« La résistance : pendant un certain temps, on peut résister en construisant une carapace. Cependant, à l’intérieur, ça continue de bouillir ! La maladie commence par là. Le danger est que, en construisant cette carapace, on néglige ce qui se passe au-dedans. Il serait tellement plus souhaitable de se construire une architecture intérieure solide. »

« Ces dix dernières années, je remarque une détérioration de la santé. Plusieurs changements sur le plan de la pression et du stress au travail. Quand on n’arrive pas à les gérer, il y a une forte pression qui s’insinue tout le temps. Le système est condamnable, mais n’oublions pas la part de responsabilité du travailleur dans ce qui lui arrive. Il faut oser la question suivante : quelle est mon attitude ? Le travailleur a une marge de manœuvre pour résister surtout lorsque ça touche à sa dignité. Il faut oser dire stop. Le drame chez les jeunes, c’est qu’ils sont vite usés. Ils n’ont pas développé les ressources nécessaires pour faire face à cette pression. Ils sont moins résistants devant la difficulté ou face à l’adversité. C’est important de bien préparer les jeunes en leur donnant des outils et anticiper par la formation. »

« La victimisation : pour des raisons liées à leur histoire, les gens se mettent souvent inconsciemment dans une posture de victimes. Il faut les aider à quitter le vêtement de la victime pour arriver à rester des êtres humains dignes et droits. Il faut aider ces personnes à reprendre conscience pour qu’elles repèrent la dynamique qu’elles ont instaurée en elles-mêmes. La victimisation conduit à des comportements infantiles. Difficile d’en parler parce que l’on touche à l’intimité des gens. De bons outils sont nécessaire pour aborder ces situations. »

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Un nouveau Prieur au Couvent des Dominicains

Les frères du couvent de Genève, avec le nouveau Prieur Philippe Jeannin (3e depuis la gauche).

 

Depuis l’automne dernier, le Couvent des Dominicains de Genève a un nouveau Prieur 1, en la personne de frère Philippe Jeannin. Nombreux sont celles et ceux qui ont en mémoire ce visage qui les accueillait chaque dimanche sur France 2, alors qu’il était producteur du Jour du Seigneur de 2006 à 2012. Echange avec un natif de Franche-Comté pour qui venir à Genève s’apparente plus à changer de quartier que de pays.

Propos recueillis par Frédéric Monnin
Photo: DR
Frère Philippe, comment s’est passée votre nomination au Couvent de Genève ?
Le jour où le Provincial m’a contacté pour me dire qu’il cherchait un Prieur à Genève, je lui ai aussitôt répondu que je n’étais pas très disponible, car je travaille à mi-temps au Mont Sainte-Odile 2, j’ai encore des engagements à Paris et je ne voulais pas que les frères, que je remercie en outre d’avoir pensé à moi, puissent me faire ensuite le reproche de ne pas être suffisamment présent. Et puis, après réflexion, j’ai dit oui, parce que je suis déjà venu à Genève à plusieurs reprises, mais aussi parce que je connaissais déjà la plupart des frères et que c’était leur rendre service. 

Vous étiez donc déjà en connexion avec les frères avant votre nomination ?
Oui. Lorsque j’étais directeur général du Pèlerinage du Rosaire, j’ai lancé l’antenne suisse du pèlerinage, d’abord avec Jean-Bernard Dousse, puis avec Paul-Bernard Hodel et enfin avec Michel Fontaine. Je voyais donc ce dernier très régulièrement. Tous les autres, ou presque, j’ai eu l’occasion de les côtoyer depuis des années, jusqu’au plus éloigné géographiquement, puisque j’avais à l’époque rencontré frère Zdzislaw à Saint-Pétersbourg à l’occasion d’une messe télévisée.

Comment voyez-vous le futur, dans votre mission au sein du couvent de Genève ?
Je le vois comme un accompagnement. Il y a quelques années, un projet communautaire a été adopté, qui vise à mettre en commun des énergies pour offrir à la communauté genevoise un espace d’accueil, de célébration et de formation : le centre Saint-Paul/Saint-Dominique. Bien évidemment, il faut comprendre ce projet comme un maillon de l’Eglise diocésaine. Une paroisse administrée par une communauté religieuse constitue une richesse indéniable, mais c’est aussi une autre manière de faire, et c’est important de l’avoir toujours à l’esprit. A Saint-Paul, il y a un riche historique qui plaide en faveur de ce resserrement des liens entre paroisse et couvent. Combien de frères, depuis plus de 50 ans maintenant, sont passés par le presbytère ! Les Dominicains sont attachés à Saint-Paul, et les fidèles sont attachés aux Dominicains. Il nous faut donc trouver la meilleure des manières de conjuguer ces paramètres. C’est à cet édifice je vais essayer d’apporter ma pierre, en qualité de Prieur.

1 Un Prieur n’est pas celui qui, dans une communauté religieuse, prie (Dieu merci !). Du latin Prior, comparatif de Primus, le titre de Prieur a été préféré, dans nombre de congrégations religieuses, au titre d’Abbé. Si l’Abbé est Père (Abba) de sa communauté, le Prieur est, quant à lui, le tout premier parmi ses frères.

2 Le Mont Sainte-Odile fêtera en 2020 le Jubilé des 1300 ans de la mort de la Sainte Patronne de l’Alsace. 

L’Eglise à l’ère numérique

A l’heure du développement digital, l’Eglise doit être «geek parmi les geeks», pour paraphraser saint Paul. Le Pape lui-même est très actif sur les réseaux sociaux. Un exemple à suivre… en utilisant les bons moyens!

Par Nicolas Maury
Photos : Jean-Claude Gadmer, DR«S i l’Eglise ne s’engage pas dans les réseaux sociaux, elle est condamnée à ne plus exister. Les croyants sérieux doivent y être, sans quoi les autres prendraient toute la place. Et pas pour le meilleur… »

Pour le Père Janvier Yameogo, l’Eglise doit s’engager sur les réseaux sociaux.
Pour le Père Janvier Yameogo, l’Eglise
doit s’engager sur les réseaux sociaux.

Ce constat, le Père Janvier Yameogo l’a posé lors de la 20e Journée de la presse paroissiale, le 20 octobre dernier à Saint-Maurice. Titulaire d’une maîtrise de théologie et d’un diplôme de journalisme, membre depuis 2006 du dicastère pour les communications sociales à Rome, il parle en connaissance de cause. « J’ai été au cœur de ce moment où le Vatican a fait un pas de géant pour entrer dans les réseaux sociaux, lorsque la page Youtube du pape a été créée. C’est par ces démarches que nous pouvons être présents au sein de la société. »

A l’image de la révolution de l’imprimerie

Une société dont il s’agit de décrypter les codes. « Sur Terre, on compte quatre milliards de téléphones cellulaires pour cinq milliards de brosses à dents, sourit le Père Yameogo. Facebook, c’est deux milliards d’abonnés. Twitter : 1,2 milliard. Chaque minute, trois cents heures de vidéos sont partagées sur Youtube. » Spécialiste de la communication digitale, Claire Jonard détaille : « L’évolution des techniques est fulgurante. La question n’est plus de savoir si les réseaux sociaux sont bons ou mauvais vu que les gens vivent et travaillent avec ces outils. Lorsque les missionnaires furent envoyés en Asie et en Afrique, ils durent apprendre la langue et la culture des peuples indigènes. La situation est similaire sur le continent numérique. Pour paraphraser saint Paul, il ne s’agit plus d’être Grec parmi les Grecs, mais geek parmi les geeks. »

PAO: prière assistée par ordinateur

Cette formulation plaît au Père Janvier Yameogo : « On compare notre époque avec le XVIe siècle qui a vu l’imprimerie aller de pair avec la Réforme. La révolution technologique et la propagation des Evangiles ont été simultanées. » Si, se fondant sur ces prémisses, certains chercheurs prédisent « un cataclysme pour l’Eglise actuelle », le théologien du Vatican y voit une opportunité : « L’Eglise est à l’épreuve de la communication. Le pape choisit lui-même ce qu’il entend mettre en avant. Benoît XVI percevait déjà le monde digital comme une nouvelle agora. Le pape François dit qu’il faut l’habiter ! » Si possible avec efficacité. « Le catholicisme est une religion de transmission et d’échange. L’Esprit Saint crée la communion et le réseau la communication», synthétise Claire Jonard. Janvier Yameogo reprend : « Le terme clef est la Parole ! En presse écrite, PAO signifie publication assistée par ordinateur. Mais PAO peut aussi dire prière assistée par ordinateur (rires). Les réseaux permettent l’approfondissement de la foi. J’ai rencontré des religieuses et des prêtres qui ont vu leur vocation naître grâce au net. Avec les moyens audiovisuels, la bénédiction Urbi et Orbi s’était étendue à ceux qui regardaient la télé et écoutaient la radio. La prière est tout aussi réelle sur le web. » Avec des formes particulières. 

Messages percutants

« On a parfois l’impression que la foi, c’est lent, à l’inverse de la rapidité du web, constate Claire Jonard. Mais dans l’Evangile, Jésus dit aux apôtres : venez et voyez. C’est pareil sur les réseaux. L’Eglise donne le goût, le réseau aide à dire la foi. Avec un message rapide et percutant ! » Notamment sur Facebook, où est actif le Groupe Saint-Augustin : « On ne choisit pas la manière dont fonctionnent les réseaux et c’est parfois frustrant quand on vient de la presse. L’émotionnel prend le dessus sur la réflexion. Mais si on alimente régulièrement les pages, les messages passent », assure Jean-Luc Wermeille qui en est l’administrateur.

Permettre le dialogue et l’échange

Laure Barbosa.
Laure Barbosa.

Laure Barbosa, animatrice pastorale à Martigny, en est convaincue : « Les réseaux constituent un lieu de dialogue. Quand on écrit quelque chose, on ne sait pas ce que le lecteur va en penser. Là, l’échange est possible. Parfois intéressant, parfois pas. Mais voir son article valorisé et propagé sur d’autres supports que le papier permet de toucher un public plus vaste. Cela offre des perspectives d’interactivité. Grâce à des professionnels comme ceux des Editions Saint-Augustin, nous pouvons mieux coller au quotidien en étant plus pointus et directs. Quelques petits clics sont plus importants qu’on le croit. » Quelques clics, voire même un seul, comme le propose theodia.org « Ce service permet de disposer des horaires des messes partout où on se trouve, montrant que l’Eglise, loin de végéter en queue de peloton, peut innover », note son fondateur Jean-Baptiste Hemmer. Ceci a d’ailleurs incité cath.ch et Saint-Augustin à devenir partenaires de l’aventure. « Cette technologie permet de franchir les frontières paroissiales, cantonales ou diocésaines », note Bernard Litzler, directeur de Cath-info. « Un homme habillé de blanc a un charisme extraordinaire à Rome, mais la foi est aussi à vivre entre nous, dans les institutions catholiques. »

Pour Jean-Baptiste Hemmer, patron de theodia.org, l’Eglise possède une force d’innovation.
Pour Jean-Baptiste Hemmer, patron de theodia.org, l’Eglise possède une force d’innovation.

Devenir des influenceurs

Laure Barbosa résume : « Sur les réseaux, on parle d’influenceurs pour la mode, l’habitat ou les tendances culinaires. A nous d’être plus contagieux dans la transmission de la bonne nouvelle. » Le Père Janvier Yamaogo reprend ce vœu à son compte : « La religion catholique a l’ambition d’être universelle, les réseaux sociaux aussi. Entre les deux, il y a un ADN commun. Apprenons à vivre de manière interconnectée à Dieu, à nos frères et à nos sœurs. Ces nouveaux médias constituent des ressources puissantes pour toucher ceux qui se trouvent au loin. Et surtout toucher ceux qui se trouvent loin de Jésus Christ ! »

L’Essentiel numérique

Par Dominique-Anne Puenzieux

Saint-Augustin a toujours voulu donner une voix à Dieu. Les équipes de L’Essentiel accompagnent vos paroisses, secteurs et UP dans leur communication pastorale et se chargent de l’impression et de la diffusion de cette presse sur papier.

Ce modèle est aujourd’hui remis en question par le digital. C’est pourquoi, nous proposons plus. En connectant le réel et le virtuel. En développant notre savoir-faire plus que centenaire sur les canaux modernes de communication.

Une offre variée
La transformation technologique en cours nous permet d’enrichir l’offre. Désormais, nous évangélisons les gens partout où ils se trouvent. Grâce à des blogs, des pages Facebook, des comptes Instagram, des newsletters nourries par les contenus des journaux paroissiaux. Et ce presque automatiquement. Des paroisses de Genève, Nyon, Estavayer-le-Lac, Fribourg, Martigny, Riddes et Fully sont actives sur le web et les réseaux sociaux, avec nous. D’autres vont bientôt les rejoindre. Allez voir sur : presse.saint-augustin.ch

Un « Groupe Saint-Augustin » réunit plus de 6000 personnes sur Facebook. Celles-ci échangent sur l’actualité de l’Eglise catholique ou parlent spiritualité. Et ça marche ! L’audience grandit.

Depuis l’été, nous avons ouvert une grande librairie virtuelle : librairie.saint-augustin.ch, afin de permettre à chacun de chercher des livres ou des objets, de les commander, les réserver ou les acheter en ligne.

Enfin, avec www.theodia.org, Saint-Augustin propose une plateforme romande capable de donner tous les horaires de messes en un clic. Et demain, viendront s’ajouter des feuilles dominicales automatiques.

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