Les murs ne montent pas jusqu’au Ciel

Par Pierre Moser
Photo: COEL’unité des chrétiens sera un jour réalisée par Dieu, certainement. Oui, mais pas sans nous. Dans les multiples exemples de salut accordé par Lui, aucun n’a été réalisé sans la demande expresse du sauvé. Au contraire, « un prophète n’est méprisé que dans sa patrie » (Mt 13, 54) comme Jésus le dit lui-même, car nous avons le choix, nous avons toujours le choix. L’actualité du mois de janvier prochain nous le rappelle : nous avons à prier pour l’unité des chrétiens, ceci est notre part de la mission.

Comment ? Qui as raison ? Qui a tort ? Les pièges dénoncés par les uns ont fait chuter les autres. Un exemple ? L’église de Rome et certains éléments de sa tradition ont mené en son temps à de funestes excès qui ne peuvent être cautionnés. De même, quand nous comparons certaines thèses de Luther et la profession de foi réformée aujourd’hui, il y a le même écart dû au besoin irrépressible de l’être humain de se distinguer.

Dans une position aussi inconfortable pour les uns et les autres, que faire pour se rapprocher de ceux et celles qui devraient être nos frères ? Difficile… En tout cas difficile pour nous. Mais comme cela ne sera pas fait sans nous, il va falloir entreprendre ce pèlerinage en faisant confiance à Celui qui nous garde et nous guide.

C’est probablement ce qu’a dû ressentir un certain Paul Wattson, prêtre épiscopalien, au début du XXe siècle. Il est à l’origine de la semaine de prière pour l’unité, telle que nous la connaissons aujourd’hui. Fils de pasteur né dans le Maryland (USA), il est ordonné prêtre pour l’église épiscopalienne. Pour info, cette église fait partie de la communion anglicane, qui a rejoint récemment l’Eglise catholique de Rome. En fondant la congrégation des Franciscains de l’Atonement 1, il répond avant tout le monde au besoin de réconciliation entre chrétiens, réconciliation qui est au cœur de la mission de cet ordre. 

Frère Paul a créé en 1908 l’octave pour l’unité de l’église afin de promouvoir l’œcuménisme par la prière. Rebaptisée Semaine universelle de prière pour l’unité des chrétiens par Paul Couturier, en 1935, elle est célébrée encore aujourd’hui. A noter que les Paul sont omniprésents quand il s’agit d’œcuménisme.

Pour perpétuer cette initiative et remplir notre part de la mission de réconciliation, nous vous proposons les activités suivantes lors de cette semaine de l’unité :

Paroisse Saint-Joseph
Célébration commune des communautés protestantes et catholiques des Eaux-Vives le 27 janvier 2019 à 11h en l’église Saint-Joseph, précédée par un café/croissant offert par la paroisse protestante à 10h dans ses locaux.

Toutes les personnes désirant participer à cette célébration œcuménique sont les bienvenues à ce petit déjeuner. Nous partirons ensuite vers 10h40 en direction de l’église de Saint-Joseph pour la célébration.

Paroisse Sainte-Thérèse
Célébration commune des communautés protestantes et catholiques de Champel le 27 janvier 2019 à 10h30 en l’église Sainte-Thérèse.

Conférence œcuménique des quatre conseils le 7 février 2019 dans les locaux paroissiaux de Sainte-Thérèse, avenue Peschier. Le conférencier invité sera probablement Bruno Füglistaller. Cette conférence réunit chaque années les conseils de communauté des paroisses catholiques de Sainte-Thérèse et Saint-Joseph ainsi que les conseils de paroisse protestants de Champel et des Eaux-Vives.

1 Atonement : mot d’origine anglophone signifiant expiation

Partage de Noël 2018 du Groupe Tiers-Monde Œcuménique Chêne-Thônex en faveur du Liban

Photo: Heidrun LevetComme à l’accoutumée notre Partage de Noël nous fera voyager à travers le monde : après la Guinée, l’Equateur, le Togo, nous revenons au Moyen-Orient avec le Liban.

Cette année, et selon le principe d’alternance entre les paroisses catholique et protestante, nous avons choisi d’aider le « Comité d’action sociale », fondé en 1948 au sein de l’Union des Eglises évangéliques arméniennes du Proche-Orient, dans son
travail de soutien scolaire et social pour les enfants et les jeunes du quartier de Bourj Hammoud à Beyrouth. Ce projet fait partie du programme de l’EPER (Entraide des Eglises protestantes). 

Bourj Hammoud a été longtemps habité presque exclusivement par une population arménienne établie depuis le génocide de 1915. Aujourd’hui, ce quartier, comptant environ 150’000 habitants, est constitué d’une mosaïque de peuples et d’ethnies. Bien que la population chrétienne soit en diminution, sa présence a une grande portée pour la stabilité régionale et la cohabitation des différents groupes de religions.

Actuellement, le « Comité d’action sociale » vient en aide à une centaine de jeunes et d’enfants en difficultés scolaires ; un centre de loisirs propose entre autres des activités sportives et manuelles ainsi qu’un programme biblique le week-end et pendant les vacances. Ces enfants sont issus de différents horizons religieux ou sociaux : chrétiens, musulmans, libanais, arméniens, réfugiés ou migrants. Leurs parents ont pour la plupart un niveau de scolarité insuffisant pour pouvoir les aider à suivre à l’école. Les problèmes d’enfants venant de familles au passé complexe sont en augmentation constante. Ainsi, des rencontres organisées entre les élèves et leurs parents aident à améliorer la situation. 

Quelques paroissiens et paroissiennes ont eu l’occasion de visiter ce centre lors de leur voyage au Liban en avril 2018. Ils ont été touchés par le travail très professionnel auprès des enfants et des familles, dispensé par le « Comité d’action sociale ». L’objectif de notre Partage de Noël 2018 est donc de soutenir et d’améliorer la prise en charge de ces enfants et jeunes, notamment par un équipement favorisant des activités culturelles (bibliothèque, projecteurs, etc.) et ateliers techniques (informatique, électricité, etc.).

Nous nous permettons de solliciter votre générosité lors des diverses célébrations, cultes et messes de Noël dans nos paroisses ou encore par versement postal à : 

Paroisse catholique romaine de Chêne-Bourg, CPP 12-7330-9 ; Paroisse protestante de Chêne, CPP 12-2381-6 ; mention « Partage de Noël ».

Martigny-Croix: géant, la crèche!

Par Pascal Tornay
Photo: DREn entrant avec une troupe d’enfants dans la petite salle voûtée de la cure d’Orsières où Casimir Gabioud a présenté durant quelques années sa crèche géante Playmobil, j’entends encore les enfants s’exclamer : « Waouh, la monstre crèche ! » Effectivement, avec une surface de plus de 17 m2 il y a de quoi s’extasier ! On ne sait plus où regarder, tant il y a de choses à voir ! La crèche de Casimir, animateur pastoral dans le Secteur Entremont, sera présentée au public à Martigny-Croix (salle Saint-Joseph, sous l’église) du 15 décembre 2018 au 15 janvier 2019. 

A l’aide des personnages, animaux et accessoires Playmobil, Casimir invite les visiteurs à se pencher d’un peu plus près sur sa crèche et à prendre le temps d’observer… Près de 250 personnages et 650 animaux sont mis dans des situations diverses de la vie quotidienne et gravitent autour de l’événement de Noël. Petits et grands sont fascinés : je l’ai vu dans leurs yeux ! 

La crèche n’est pas seulement fascinante parce qu’elle est belle. Elle recèle aussi un trésor caché : nous inviterons les visiteurs à entrer dans le récit de la Nativité de Jésus Christ, évidemment, mais nous les inviterons aussi à se mettre en quête d’une série de paraboles. Vous savez, ces histoires géniales que Jésus raconte à ses amis pour les inviter à se questionner et les introduire de manière imagée aux « choses de Dieu ». Dix de ces paraboles seront « cachées » dans cette crèche géante : il faudra les retrouver !Rendez-vous sur le site
www.paroissemartigny.ch
ou sur Facebook @martignylessentiel
pour découvrir les horaires d’ouverture.

Témoignage Lourdes 2018

Texte et photos par Marie Luisier

Marie et Corentin version « Lourdes 2018 ».
Marie et Corentin version « Lourdes 2018 ».

Cette année, mon 17e pèlerinage à Lourdes a eu des couleurs différentes… En effet, j’étais accompagnée de Corentin, qui fut pour moi un rayon de soleil !

La nuit du 14 au 15 juillet, Corentin et moi avons pris le bus direction Lourdes pour rejoindre une quarantaine de jeunes de la Suisse romande. Lors de notre arrivée, nous avons participé à notre première prière sur les lieux et, le lendemain, nous nous sommes rendus pour la première fois de la semaine dans les sanctuaires et à la Grotte. Nous avons rencontré les jeunes de l’accueil, jeunes en situation de handicap, que nous avons accompagnés aux différentes célébrations, avec qui nous avons vécu des moments d’échange autour d’un verre ou d’un pique-nique. La mission de notre groupe a également consisté à animer quelques célébrations.

Mais Lourdes ce ne sont pas que des prières et des célébrations. C’est surtout une semaine de partages, de joies, de rires, de découvertes. Nous avons aussi animé le Jeanne d’Arc où nous aimons aller prendre un verre et regarder « N’oubliez pas les paroles » (Corentin serait en mesure de battre tous les participants à plate couture !).

Aucun pèlerinage à Lourdes ne ressemble au précédent et chacun m’apporte énormément. Cette année, j’ai donc eu la chance d’avoir Corentin à mes côtés et ce fut un réel bonheur. Il m’a beaucoup touchée. Je me souviens même qu’à la dernière messe, qui était un peu longue, je me suis endormie et qu’il m’a réveillée en me disant : « Marie, quand même, faut pas dormir à la messe ! » Dans ses yeux se reflétait une joie immense d’être avec ce groupe de jeunes, de connaître de nouvelles têtes, de croiser certains jeunes de l’Accueil qu’il connaissait, de chanter et de rire avec chacun. J’étais heureuse d’avoir eu la confiance de ses parents pour lui faire découvrir un lieu qui me tient à cœur.

Merci aux JDL (Jeunes de Lourdes) d’avoir accueilli Corentin à bras ouverts et d’avoir partagé des moments d’émotion avec lui. Merci à Corentin de m’avoir permis de vivre de magnifiques moments en sa compagnie. Merci à Corentin, au nom des JDL, pour la joie qu’il a amenée à cette semaine.

Un selfie dans les boutiques ; témoin des fous rires partagés.
Un selfie dans les boutiques ; témoin des fous rires partagés.

«Laudato si’» dans le jardin et… dans notre assiette!

Par Emmanuel Rey
Photos: DR

Les produits Laudato Si’
Les produits Laudato Si’

Une belle après-midi d’automne dans le jardin du couvent des Capucins de Fribourg. Lionel Avanthay se promène dans les allées, entre les tomates noires de Crimée, les touffes d’hysope et les cucurbitacées. Valaisan d’origine et cuisinier de formation, ancien garde suisse, il a déjà plusieurs vies derrière lui. L’an passé, il a étudié à l’Institut Philanthropos à Bourguillon et s’est posé de nombreuses questions sur sa foi, qu’il jugeait trop spirituelle et pas assez incarnée. Comment unir la foi et la vie quotidienne ? Ne peut-on changer le monde qu’en priant ?

Lionel Avanthay a pris le temps de la réflexion et a conclu que chacun peut influencer la vie du monde par des choix très simples : la nourriture, les vêtements, la manière de se déplacer, etc. Puis il est tombé sur Laudato si’, l’encyclique du pape François sur la sauvegarde de la maison commune. D’abord rebuté par la figure du Saint-Père, Lionel a été surpris de constater que l’encyclique mettait des mots sur sa propre réflexion.
Laudato si’, mi’ Signore (Loué sois-tu, mon Seigneur) : c’est sur ces mots de saint François d’Assise que commence la deuxième encyclique du pape François, publiée le 24 mai 2015. Le Saint-Père commence par citer le Poverello qui, dans son cantique, « nous rappelle que notre maison commune [la Terre] est comme une sœur, avec laquelle nous partageons l’existence, et comme une mère, qui nous accueille à bras ouverts ». Il développe sa réflexion sur la sauvegarde de la création et l’écologie intégrale, qui prend en compte la nature, l’homme et les rapports sociaux. Cette encyclique a été bien accueillie, et largement au-delà des milieux catholiques.

La communauté arménienne

Par Nicole Andreetta
Photo: Magda GhaliChaque dimanche, le Père Goosan Aljanian célèbre la messe, selon le rite de l’Eglise apostolique arménienne, à Troinex, dans l’église Saint-Hagop (Saint-Jacques). 

Beauté des chants, parfum d’encens, voix puissantes des officiants, la célébration, véritable voyage dans le temps, nous rappelle que l’Arménie institua, en 301, le premier Etat chrétien. 

La communauté arménienne de Suisse compte près de 8000 personnes. Elle s’est constituée par vagues d’arrivées successives. A la fin du XIXe siècle, des familles bourgeoises, fuyant les persécutions du sultan ottoman, s’établirent à Genève. En 1920, le pasteur Kraft-Bonnard créa un orphelinat à Begnins pour accueillir des enfants rescapés du génocide. Dans les années 50, de nombreux Turcs, parmi lesquels des Arméniens, s’expatrièrent pour trouver du travail. Suivirent les Arméniens du Liban, d’Iran et les ressortissants de l’ex-Arménie soviétique. 

C’est après un parcours parsemé d’événements tragiques qu’Areg parvient à retrouver ses racines : « Né à Adana, je suis arrivé à Genève en 2004. Mes parents, activistes pro-kurdes, avaient fui la Turquie et demandé l’asile en Suisse. Nous sommes originaires du Dersim, une région où Arméniens, Kurdes et Alévis ont subi tour à tour tellement d’horreurs qu’une chape de plomb avait recouvert notre histoire familiale. J’ai découvert récemment que j’avais des liens avec la communauté arménienne et la religion chrétienne. »

Au fil des déplacements forcés et des exils successifs, l’identité arménienne s’est complexifiée. Pour Daniel Papazian, membre du Conseil de la Fondation Saint-Grégoire, c’est une opportunité pour davantage d’ouverture.

« Je suis genevois, né à Genève. Mon identité arménienne est toujours présente et je la vis sans conflit ! Il n’y a pas qu’ une vérité, qu’une seule façon de regarder l’autre. Une langue implique une certaine manière de communiquer. En parler plusieurs est un enrichissement et un accès plus facile à la tolérance. »

Il ajoute : « C’est autour de la messe célébrée dans la langue et selon le rite de nos origines que nous nous rencontrons et nous nous retrouvons. »

www.centre-armenien-geneve.ch

En librairie – décembre 2018

Par Nicolas Maury et Sœur Gabriella Enasoae de la librairie Saint-Augustin, Saint-Maurice

Des livres

syrie_l_espoir_vainqueurSyrie, l’espoir vainqueur

Religieuse à Homs, sœur Marie-Rose espère, quand la guerre arrive dans son pays en 2011, qu’elle sera brève. Restée au milieu des siens, elle apporte aide matérielle, réconfort et présence, créant notamment une école abritant et éduquant 300 enfants traumatisés par la guerre. Dans cet ouvrage, elle raconte l’autre Syrie, celle du peuple victime de toutes les violences.

Nouvelle cité

Acheter pour 27.60 CHFravanelLa Vie du Père Jacques Ravanel à la Flatière

La bonté, la disponibilité et la générosité du Père Jacques Ravanel ont touché des milliers de personnes à travers le monde. Reconnu comme un des plus beaux visages de prêtre français de la seconde moitié du XXe siècle, il joua un rôle capital au sein des Foyers de Charité et pour la cause de Marthe Robin. Elisa Giacomotti et Christophe Carmona détaillent sa vie au pied du Mont-Blanc dans cette BD. 

Editions du Signe

Acheter pour 25.50 CHFfuite-egypteLa Fuite en Egypte dans l’art d’Orient et d’Occident

Dans cet ouvrage richement illustré, François Bœspfug et Emanuela Fogliadini expliquent pourquoi l’épisode de la Fuite en Egypte – à travers lequel le Christ a connu l’exil et l’expatriation – fut très fécond sur le plan artistique. Ils détaillent aussi l’évolution de son traitement à travers les siècles et montrent sa brûlante actualité.

Mame

Acheter pour 61.30 CHF24-histoires-de-noel24 histoires de Nöel pour attendre Jésus avec les petits

Ce recueil propose 24 histoires inspirées de l’Evangile et de la tradition de Noël à lire chaque soir pendant l’Avent. Richement illustré par de multiples auteurs, il convient à des enfants à partir de trois ans. 

Mame

Acheter pour 20.70 CHF

Infos

Ouvrages disponibles notamment dans les librairies Saint-Augustin de Saint-Maurice (avenue de la Gare, tél. +41 24 486 05 50, librairievs@staugustin.ch) ou de Fribourg (rue de Lausanne 88, +41 26 322 36 82, librairiefr@staugustin.ch) aussi disponible sur librairie.saint-augustin.ch

Une heure avec… Clotilde et Didier Strzygowski

Construire son couple, jour après jour, sous le regard de Dieu

Propos recueillis par Thérèse Yang
Photo: Thérèse YangNous sommes mariés depuis 1986. Nous nous sommes rencontrés dans un groupe de jeunes étudiants dans la paroisse Saint-Louis à Vincennes. Ce groupe organisait des rencontres spirituelles et des pèlerinages, ce qui nous a permis de nous fiancer à Cana, en Terre Sainte. Ce groupe d’étudiants a sûrement été le point de départ de tout notre engagement par la suite. 

Nous avons vu que nous avions envie de quelque chose de fort pour notre couple et pour la famille que nous construisions. Quelques années plus tard, nous sommes entrés aux Equipes Notre-Dame, mouvement de couples qui nous a permis de grandir dans notre relation humaine et spirituelle. 

Notre constat est que, sans cet engagement de partage et de fraternité avec d’autres couples, nous n’aurions pas eu les moyens de rebondir aujourd’hui devant les différents événements heureux et malheureux que nous vivons. 

Afin de pouvoir partager avec nos enfants, nous nous sommes engagés pendant quatre ans dans un groupe de scouts en tant que chefs de groupe. Cet engagement nous a permis de partager avec eux les joies et les difficultés qui en découlent et ainsi de s’enrichir les uns les autres. Encore aujourd’hui, dans leur vie d’adulte, ils se réfèrent à cet engagement.

Au gré de nos divers déménagements, nous avons été sollicités pour accompagner de jeunes couples ou de jeunes célibataires, professionnels, qui souhaitaient échanger sur leur vie et leur foi en équipe. Ce furent de beaux moments d’échanges et de rencontres avec des jeunes de l’âge de nos propres enfants. Devant les engagements que nous voyons autour de nous, ceux de nos enfants et de leurs amis, nous constatons la difficulté qu’ils rencontrent dans la construction de leurs relations de couples, dans l’engagement qu’ils souhaitent prendre. Nous sentons qu’il est important de pouvoir témoigner que notre (votre) couple est toujours à construire et que nos vies ne sont pas
un long fleuve tranquille !

Forts de ce constat et avec l’aide d’autres couples, nous allons démarrer à Fribourg et environs une équipe de couples, mariés ou non, qui souhaitent réfléchir ensemble. Cette équipe s’appelle « Tandem » car pour avancer sur ce genre de vélo il vaut mieux être deux !

Après 30 ans de mariage, nous sommes toujours en quête de plus d’amour. C’est tous les jours qu’on recommence et qu’on se dit « Oui » !

Biographie

Clotilde et Didier Strzygowski sont mariés depuis 32 ans. Ils ont quatre enfants et deux petits-enfants. Didier est ingénieur chimiste chez Nestlé et Clotilde est secrétaire de direction. Résidant auparavant en France, ils sont venus en Suisse il y a une année et demie, en raison de leur travail. Ils apportent ici leur témoignage de couple chrétien engagé dans un parcours de foi. Ils font partie des Equipes Notre-Dame* et vont s’engager dans un nouveau projet, Tandem**, qui s’adressera à de jeunes couples ou couples en formation.

* site internet Equipes Notre-Dame : https://www.equipes-notre-dame.fr
** site internet Tandem : http://www.equipestandem.org/

Nos chrétiens d’Orient

Par l’actualité proche-orientale, on connaît désormais les Chaldéens, les Assyriens ou les Coptes. Médias et littérature ont prédit leur mort puis leur résurrection… Partagés entre terres d’origine et diasporas, ils se sont aussi installés dans le paysage romand, discrètement. Enquête.

Par Thierry Schelling
Photos: Ciric, DR, Jean-Claude GadmerNejeb et Ephraim sont Syriens et syriaques catholiques. Depuis bientôt trente ans dans l’Ouest lausannois, ils y ont créé foyer et amitiés, de par les liens professionnels et sociaux nourris de leurs affabilité et serviabilité notoires. « J’adore vivre ici, au calme », confie Ephraim. Leur accueil culinaire respire le pays : fetté, kebbé, kousa abondent. « J’adore la raclette !, lance-t-elle entre deux effluves du four. On vient volontiers à la messe le samedi soir, à 18h. Aucun problème pour nous que ce ne soit ni en arabe ni notre rite. L’important, c’est de nourrir sa foi, non ? »

Histoire récente

Orthodoxes ou catholiques principalement (cf. encart), les chrétiens orientaux vivant en Suisse sont plus nombreux dans les agglomérations alémaniques – Zurich, Bâle, Saint-Gall… – qu’en Romandie où les centres importants s’égrènent de Genève à Montreux. C’est au milieu du XIXe siècle que s’implantent les premiers édifices et communautés orthodoxes byzantins 1 – russes, dans ce cas – à Genève et Vevey, mais également les Arméniens (Genève). Les années 60-70 voient arriver d’autres orthodoxes de Roumanie, Serbie, Grèce ; les années 80-90 sont celles des orthodoxes-orientaux : coptes, syriaques, mais aussi les maronites. Dès les années 2000, ce sont les Ethiopiens-Erythréens et les Indiens qui émigrent à leur tour en Europe et jusqu’aux Amériques.

1 On distingue deux « types » d’Eglises orientales : les orthodoxes-byzantines liées aux grands patriarcats de l’orthodoxie – Alexandrie, Constantinople, Moscou – et distincts de Rome depuis 1051, et les orientales-orthodoxes qui se sont séparées avant le XIe siècle, soit Assyrie, Arménie, Ethiopie, coptes d’Egypte ou syriaques de Syrie. Sans oublier l’Inde et son kaléidoscope ecclésiastique, mais de plus récente fondation : dès le XVe siècle !

Service

Maroun Tarabay, prêtre maronite et heureux grand-père du petit Martin !
Maroun Tarabay, prêtre maronite et heureux grand-père du petit Martin !

Maroun Tarabay, l’un des prêtres maronites opérant dans le diocèse de Lausanne-Genève-Fribourg depuis 1987, est engagé tant au service de sa communauté arabe que du catéchuménat d’adultes vaudois. Il analyse l’actuelle communauté libanaise ainsi : « L’intégration des Libanais dans le tissu social helvétique, leur apport économique et culturel, sont des qualités notoires. [Mais] leur assimilation ambiante au point de perdre leurs racines culturelles et cultuelles m’interpelle. »

Dilemme

Préserver traditions, rites et langues anciennes, certes « constructeurs d’identités », est à la fois un devoir et… un frein : l’acculturation est tout autant de mise pour un Erythréen de rite geez débarquant à Zurich qu’elle l’a été… pour un Gruyérien catholique descendu à Genève dans les années 60 ! Puisque l’émigration orientale-chrétienne est inéluctable, il convient de lui donner une structure stable en diaspora. Un seul exemple, plutôt inattendu : en 2016, le Saint-Siège a érigé à Preston une éparchie (diocèse) pour les syro-malabars 2 vivant en Grande-Bretagne ! De même pour des centres spirituels et intellectuels que sont monastères et instituts d’étude: le Centre orthodoxe de Chambésy (Patriarcat de Constantinople) en 1966, le monastère syriaque de Mor Augin (Saint-Eugène) à Arth Goldau en 1996… 

Cependant, il ne s’agit pas juste de conserver, mais également de changer – un vrai challenge car on parle alors de mariages exogames, de passages aux Eglises évangéliques, voire de l’abandon de la pratique religieuse et ce, en toute liberté… 

2 Chrétiens catholiques d’affiliation chaldéenne originaires du Kerala.

(In)fidélités

Reconnaissable à sa magnifique parure blanc immaculé, Senbentu, vêtue de la zuria (robe brodée) et de son netsella (grand châle couvrant tête et corps), contraste dans la nef de Notre-Dame à Genève, à la messe de 10h : « Pour moi, le dimanche, c’est le jour du Seigneur, alors je m’habille comme au pays et je viens célébrer ! » A la question de savoir pourquoi elle ne rejoint pas une de ses communautés, la réponse fuse : « Trop de politique, pas assez de Dieu ! » On n’en apprendra pas plus d’elle. Son choix est clair et ses enfants l’accompagnent dans la liturgie en rite romain, bien sobre pour une Ethiopienne – « et courte, car à Addis, explique-t-elle, la qedassié (messe) dure 6 heures » !

Père Alexandru, prêtre de rite byzantin.
Père Alexandru, prêtre de rite byzantin.

L’Orient chrétien, même en Suisse, c’est aussi la réalité d’un clergé marié ! Alexandru Tudor, Diana et sa fille Petra Anastasia ont été nommés ensemble, pour ainsi dire, à Vevey en 2016 : « Je remercie votre épouse et votre fille qui sont partie prenante de votre engagement », lui signifiait Charles Morerod dans sa lettre de nomination. A la question de savoir comment on vit son sacerdoce en étant marié, le Père Alexandru répond : « Notre joie fondamentale est de vivre dans un pays libre selon notre foi et l’Evangile. Nous avons connu la dictature communiste par le passé en Roumanie… » Il n’est pas insensible non plus au contexte œcuménique du diocèse romand : « Pour nous qui sommes d’origine orthodoxe, c’est de pouvoir vivre à petite échelle ici en Suisse romande, dans notre diocèse, l’ouverture, la largeur, l’universalité de l’Eglise catholique, sa catholicité. C’est une chance et une bénédiction de pouvoir vivre cette dimension de l’Eglise qui n’est pas encore évidente pour tous les chrétiens. » La difficulté reste, selon ses mots, « pour moi et ma famille, de s’intégrer dans des structures […] bien en place selon des règles formelles pas toujours évangéliques, ni fraternelles. »

Pour Binoy Cherian, salésien et prêtre indien dans l’UP du Plateau (Genève), le fait d’être birituel – rite romain et rite syro-malabare – lui « est très facile » à vivre ! Car, précise-t-il, « la pluriculturalité est l’image parfaite de l’Eglise universelle contredite par des rites qui essayent de protéger l’ethnicité des peuples ». Et de conclure qu’à Genève, « la pluriculturalité est une réalité, je m’en suis rendu compte, et comme prêtre en UP et comme aumônier de l’Institut Florimont. D’ailleurs, on est unifié par la foi en Jésus-Christ » ! Diversité dans l’unité…

Les chrétiens d’Orient

On appelle « chrétiens d’Orient » les fidèles des Eglises locales comprises dans un arc de cercle allant de l’Ethiopie à l’Inde, et qui sont autocéphales, ou « autogérées » sur le modèle synodal ! Les rites portent le nom, pour certains, d’une grande ville de l’Empire romain : Alexandrie, Constantinople, Antioche ; pour d’autres, de peuples : Arméniens, chaldéens, coptes, ou d’une région : Malabar ou Malankar au Kerala, Inde. Ces rites sont plus anciens que celui de Rome et utilisent un amalgame de langues vernaculaires (arabe, russe, malayalam…) et anciennes (geez, copte, syriaque, grec…), ce qui donne à leurs célébrations un parfum d’ancienneté et d’audiblité… Comme le terme générique de « chrétiens » orientaux ne le sous-entend pas forcément, ils sont aussi de confession… protestante : luthérienne, réformée, évangélique et anglicane ![thb_image image= »3376″]

Tu confirmes?

Quelques «tous frais» confirmés témoignent, en compagnie de leur parrain/marraine, de ce moment particulier de leur vie de chrétien.

Témoignages de Samuel et de son parrain Jean-Baptiste

Samuel et son parrain Jean-Baptiste.
Samuel et son parrain Jean-Baptiste.

Propos recueillis par Dominique Carruzzo
Photo: Dominique Carruzzo

Pour moi la confirmation, c’est très important parce que cela montre que je veux toujours être chrétien dans ma vie. Je suis content de recevoir les dons de
l’Esprit Saint.

Samuel m’a demandé de devenir son parrain ce qui m’a fait très plaisir. Je perçois le rôle de parrain comme celui d’un compagnon sur le chemin de la vie. Je me réjouis de voir tout ce que le Christ va faire dans le cœur de Samuel.

Témoignages de Pascaline et de sa marraine Laura

Pascaline et sa marraine Laura.
Pascaline et sa marraine Laura.

Propos recueillis par Dominique Carruzzo
Photo: Dominique Carruzzo   

J’ai demandé la confirmation afin de confirmer mon baptême. Je l’ai également fait parce que je souhaite être plus proche de Dieu et que j’apprécie d’être serviable envers les autres comme, par exemple, en servant la messe. Je souhaite aussi grandir dans des valeurs chrétiennes.

J’ai accepté d’être marraine car je souhaite aider ma filleule à avancer sur le chemin de Dieu et à être heureuse dans sa vie. Je veux l’accompagner pour qu’elle se construise une existence pleine de bienveillance et de joie.

Nolan, qu’est-ce qui t’a motivé à faire la confirmation ?

Nolan et son parrain Damien.
Nolan et son parrain Damien.

Propos recueillis par Laurence Buchard
Photo : Loïs Buchard 

J’ai fait mon baptême et ma communion, ça serait dommage d’arrêter ici. De plus ça m’a permis d’avoir un parrain de plus. Je veux aussi approfondir ma foi en Dieu accompagné de mon parrain.

Damien, qu’est-ce qui t’a motivé à dire oui à ton futur filleul ?
Il y a plusieurs raisons qui m’ont motivé à dire oui à Nolan. La première est le fait de pouvoir vivre avec lui ce que j’ai pu vivre avec mon parrain et ma marraine, c’est-à-dire une relation particulière de confiance et de complicité. Je veux aussi passer du temps avec lui, faire des sorties rien que les deux. Une autre raison m’a également motivé : être parrain c’est quelque chose de particulier, un soutien pour la vie… c’est un rôle à assumer. De plus Nolan est mon premier filleul, mon rôle me tient à cœur.

Damien, comment vois-tu ton rôle dans le futur ?
Je vois mon rôle comme un soutien à Nolan. Je veux passer des moments avec lui pour qu’on crée une relation spéciale. Le rapport « parrain-filleul » est différent de toutes les autres relations. Je peux être un guide, un appui, un confident pour Nolan. Je ferai donc tout mon possible pour rendre notre histoire particulière et être à ses côtés… dans la foi et dans la vie !

Satya, qu’est-ce qui t’a motivée à faire la confirmation ?

Satya et sa marraine Heidi.
Satya et sa marraine Heidi.

Propos recueillis par Laurence Buchard
Photo: Laurence Buchard

Depuis toute petite, papa et maman m’ont appris à prier. Je veux continuer le chemin avec Jésus car je sens qu’il est là et le Saint-Esprit m’apportera de la confiance quand j’aurai des difficultés et aussi il m’aidera à pardonner et à croire.

Heidi, qu’est-ce qui t’a motivée à répon­dre oui à la demande de Satya ?
Je connais Satya depuis longtemps, je peux même dire depuis toujours. Avant même ce « oui », un lien s’était déjà forgé dans d’autres domaines que la foi. Ce « oui » a été si évident parce qu’il est devenu la continuité d’une relation forte déjà existante. Ce qui est magique et qui me rend heureuse, c’est que maintenant le lien est immuable. Merci Satya pour ta confiance en nous. 

Heidi, comment vois-tu ton engagement pour la suite ?
Notre foi est une partie de nous qui se vit, au quotidien, à chaque instant. 

Pour la suite, mon engagement envers Satya, je le vois comme une présence de chaque instant parfois discrète et silencieuse et parfois plus folle. Je serai présente lors des grands moments de sa vie, mais aussi et surtout lors des petits moments de sa vie. La présence est essentielle : être là, partager, vivre simplement.

« Hello! Hello je suis là!»

Texte par l’Abbé Bernard Maire
Photo: Rudy CrettenandAvec tout ce qu’il y a autour de la fête de Noël, les chants, la musique, le sapin qui scintille de mille lumières, des pères Noël qui grimpent aux maisons, et toutes les lumières qui décorent arbres et façades, les cadeaux, au milieu de tout cela quelqu’un crie avec une voix de nouveau-né : « Hello je suis là ! »

« Le Verbe s’est fait chair ! » Lui qui est tourné vers le Père, issu de lui, a « habité parmi nous », sa naissance est toujours nouvelle. « Aujourd’hui dans notre monde le Verbe est né… » Aujourd’hui, nous te prions, Père : « Fais-nous participer à la divinité de ton Fils, puisqu’il a voulu prendre notre humanité » (tiré de la liturgie du jour de Noël).

La signification du mot « Verbe » : Parole
Une parole qui s’est faite chair, visible et qui ira jusqu’au bout de l’amour de Dieu pour tous les hommes de bonne volonté.

Hello je suis là ! Nos oreilles sauront-elles écouter sa voix ? Notre cœur sera-t-il ouvert à cette présence ? Et le chantier de notre vie sera-t-il le berceau de Jésus le fils de Dieu ?

Un beau remue-ménage en perspective pour notre cœur endormi, pour l’Eglise en crise, pour notre société en désarroi. Une petite voix nous remet en route !

Bon Noël !

Et si Noël était la fête de tous les possibles?

Par Olivier Messer, responsable de l’Accueil Sainte Elisabeth et aumônier de prison
Photo: DR
Dieu ne cesse de nous surprendre. Pour se faire plus proche de nous, voilà qu’il prend forme humaine et choisit de nous rejoindre dans une sobriété déconcertante. Il n’est pas encore né que déjà on le rejette. Qu’à cela ne tienne, une étable suffira à l’accueillir. Son histoire nous dira que sa vie d’homme fut ainsi, à affronter les refus, l’adversité et la violence. Jusqu’au supplice de la croix…

Pourtant, ce Jésus réalisera l’impensable : il guérira des malades, chassera des démons, vaincra la mort… et changera des vies, nos vies, en profondeur et pour l’éternité ! A commencer par celles des plus pauvres, des plus corrompus. Ne se présente-t-il pas d’abord aux bergers et non aux puissants ? Ne fréquente-t-il pas les plus méprisés, ceux aux mœurs douteuses ? 

Oui, Noël est bien la fête de tous les possibles. A une condition cependant, accueillir ce Jésus dans la crèche de mon cœur. Voici bien l’essentiel : suis-je capable de voir Dieu venir à moi dans le criminel emprisonné, le SDF qui m’interpelle dans la rue, l’étranger en quête d’une vie meilleure, le frère aveuglé par le profit, ou dans mes propres faiblesses ? Suis-je capable de le rencontrer dans la routine comme dans l’inattendu de ma vie ? Suis-je capable de le découvrir dans toute créature, dans sa création même la plus ordinaire ?

Puisse ce temps de Noël nous offrir de changer de regard sur les êtres et les choses qui nous entourent, d’y chercher patiemment Sa présence, avec humilité. Commençons par nous-mêmes, nos proches, nos voisins d’immeuble, nos collègues de travail.

Alors oui, tout sera possible ! Beau Noël à tous.

Que notre Joie soit parfaite!

Par Frédéric Monnin
Photo: DR

«Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur!»Nous connaissons par cœur ce passage de Luc, proclamé chaque année dans la Nuit de Noël : c’est le moment où l’Ange annonce la Naissance de Jésus aux bergers, ces « petits » choisis par Dieu pour être les premiers témoins de son Incarnation.

Une fois n’est pas coutume, pourquoi ne mettrions-nous pas à profit le temps de l’Avent, non pas pour grandir, mais pour devenir plus petits ?

Comme l’expliquera quelque trente années plus tard le Cousin-Précurseur à ses propres disciples, inquiets de voir leur nombre s’amenuiser au profit de Jésus, dans une histoire de noces, l’ami de l’Epoux se réjouit du bonheur de l’Epoux et de sa bien-aimée. Il n’est pas lui-même l’époux… Et de conclure : « Lui, il faut qu’il grandisse ; et moi, que je diminue. » (Jn 3, 30)

Etrangement, au jour où j’écris ces lignes, me viennent à l’esprit, parfois aux oreilles, certaines lamentations de fidèles, désespérés de voir nos églises se vider, sans qu’on voie poindre la moindre inversion de cette courbe qui semble inexorable. Et je me demande si, fidèles que nous sommes – ou prétendons être – nous n’aurions pas
peu à peu oublié les paroles du Baptiste.

Ne serait-il pas salutaire, ne serait-ce que pour la quiétude de nos consciences et la fermeté de notre foi, que le temps de l’Avent nous soit donné comme exercice destiné à nous ramener à la hauteur de la mangeoire, à l’humilité et à l’ignorance des bergers de Bethléem…

Car en fait, qu’il s’agisse de la simple pratique religieuse, ou d’affaires plus graves telles les malversations financières, ou carrément scandaleuses et nauséabondes comme les abus sexuels au sein de l’Eglise, est-ce que le Mal ne viendrait pas du fait que le Christ se voie empêché de grandir au sein même de son propre Corps ? Le raccourci peut paraître abrupte, mais en y réfléchissant…

Mettons à profit le temps de l’Avent pour diminuer ce qui nous empêche de le laisser croître en nous. Et vous verrez qu’alors, notre Joie sera parfaite !

Bon temps de l’Avent, et saintes fêtes de la Nativité !

Comme des mages d’Orient (Matthieu 2, 1-12)

Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR
C’est d’Orient, là où se lève le soleil du matin, que viennent les mages. Ces sages astrologues se laissent conduire par leur bonne étoile, qui les mène vers celui qui est l’astre nouveau, la lumière qui vient nous visiter, dit Zacharie dans son cantique (Luc 1, 78). Ceux qui se trouvaient dans les ténèbres et l’ombre de la mort sont éblouis par la lumière qui accompagne leurs pas au chemin de la paix (Luc 1, 79).

Les mages apportent de précieux présents, au nombre de trois, l’or pour la royauté du Christ, l’encens pour la divinité du Fils de Dieu et la myrrhe pour le corps de Jésus promis à la crucifixion et à la mise au tombeau. C’est d’ailleurs pour cette raison que la tradition a retenu qu’ils étaient trois et qu’ils méritaient le titre de rois.

Aujourd’hui aussi, les chrétiens orientaux proviennent de la nuit de la guerre et des conflits. Ils ont bien souvent été chassés de leurs pays notamment, de Syrie, d’Irak et des différents Kurdistan. Ils portent avec eux d’inestimables cadeaux : ceux de leur sens de l’hospitalité donnée et reçue ; de leur langue semblable à leurs frères et sœurs de diverses confessions et traditions religieuses ; de leur finesse et de leur culture, mises à mal par l’oppression, les menaces et les bombes. Ils sont riches de l’or de leur délicatesse humaine et de leur recherche de communion, de l’encens de leur patrimoine séculaire et de leur liturgie, de la myrrhe des épreuves traversées et des blessures subies. 

Leur seule présence nous rappelle que l’Eglise catholique est universelle, qu’elle respire en quelque sorte à deux poumons, l’oriental et l’occidental. Comme déjà sa théologie et sa spiritualité se sont forgées grâce au dialogue entre les Pères grecs et latins.

Puissent tous ces réfugiés et migrants pouvoir, comme les savants du premier évangile, être avertis par Dieu et parvenir à rentrer dans leurs terres (Matthieu 2, 12) !

Visite au Pays des Cèdres

Texte et photos par Pierre Ançay

Dany et sa famille lors de leur visite en Valais en juillet de cette année.
Dany et sa famille lors de leur visite en Valais en juillet de cette année.

Accueil de Dany
Il y a 29 ans, dans le cadre de l’action « SALAM – Enfants du Liban », nous avons accueilli dans notre famille le petit Dany, 8 ans, l’éloignant pour un été de la guerre fratricide qui déchirait le Liban et tout particulièrement Beyrouth qui s’écroulait, jour après jour, sous les bombes. De l’Eglise Maronite (de saint Maron – Ermite), rattachée à Rome et constituant la plus importante communauté chrétienne du Liban, la famille de Dany vient d’un petit village chrétien de la région de l’Akkar (Liban Nord à la frontière syrienne). Son père, actuellement retraité, a été des années durant, comme beaucoup de ses concitoyens chrétiens de la région du Nord, soldat dans l’armée libanaise du général Aoun (actuel président du Liban) pendant que Dany, sa maman et ses deux petits frères vivaient ou plutôt survivaient à cette époque en se terrant dans les caves d’une capitale déchirée.

Retrouvailles au Liban

Il y a une année, nous avons eu la grande joie de retrouver Dany, son épouse Yolla et leurs enfants Carelle et Karl dans leur pays : le Liban. Durant quinze jours, Dany (professeur de géographie) et Yolla (professeure de français) nous firent découvrir les membres de leurs familles et, du nord au sud, leur magnifique pays !

Bien sûr que nos « retrouvailles » furent émouvantes et que la découverte de ce petit pays méditerranéen, de ses habitants, de sa longue et souvent difficile histoire, de sa culture, de sa renommée gastronomique… nous ont impressionnés !

Présences religieuses bien visibles et lieux de dévotion

Ce qui nous a frappés dès le premier jour, en traversant Beyrouth pour nous rendre à Byblos (Jbeil), ce furent les innombrables édifices religieux lançant vers le ciel les clochers des nombreuses églises chrétiennes et les minarets des mosquées musulmanes, soit les lieux de cultes représentant les 18 confessions principales qui composent le « paysage » religieux libanais.

Saints très vénérés au Liban (depuis le haut : saint Estephan Nehmeh, sainte Rafqa, saint Charbel et saint Nemetallah).
Saints très vénérés au Liban (depuis le haut : saint Estephan Nehmeh, sainte Rafqa, saint Charbel et saint Nemetallah).

Autres aspects qui ne manquèrent pas de nous étonner, ce furent les nombreux monuments chrétiens que l’on retrouve au bord des routes, dressés sur les collines et montagnes, au milieu des carrefours et des ronds-points : croix, monumentales statues du Christ et de la Vierge, dont celle célèbre de Notre-Dame du Liban à Harissa qui domine la baie de Jounieh et toute la région de Beyrouth. Nous ont aussi frappés les dizaines de statues de toutes dimensions de saint Charbel, sainte Rafqa, saint Nemetallah, saint Estephan Nehmeh et bien sûr celles de saint Maron, saints tous très vénérés au Pays des Cèdres. Il faut dire que le culte de la Vierge Marie et des saints draine, aujourd’hui comme hier, l’essentiel des dévotions aussi bien chrétiennes que musulmanes et nourrit un dialogue interreligieux naturel.

Nous n’allions d’ailleurs pas tarder à constater la profonde religiosité de nos hôtes. A peine étions-nous arrivés à Byblos (lieu principal de notre séjour) et avions-nous déposé nos valises, de suite nous avons été invités à « monter » au Couvent Saint-Maron d’Annaya où se trouve la tombe de saint Charbel, décédé en 1898, « grand saint digne des Autels » et source de réconforts et de guérisons tant spirituelles que corporelles. 

Puis, pratiquement chaque jour, nous avons visité au moins un monastère, une église, un lieu de pèlerinage, participé à de magnifiques offices religieux selon les rites de l’Eglise Maronite. Parmi toutes ces visites, celle qui nous a particulièrement marqués a été la découverte de la Vallée Sainte de la Qadisha, haut lieu de pèlerinage dans un paysage somptueux se nichant dans la chaîne de montagnes du Liban. La Qadisha, qui respire de tous ses portes la spiritualité et renferme les plus anciens monastères chrétiens du Moyen-Orient.

Foi, Confiance, Espérance

Mais, plus encore que les monuments, les édifices et les offices religieux, nous avons vraiment été « saisis », « questionnés », pour ne pas dire « bouleversés », par la profonde « foi » des personnes que nous avons côtoyées, par leur « confiance » sans réserve en Dieu, au Christ, à la Vierge, aux saints de l’Eglise et tout particulièrement ceux qui « veillent » sur le Liban !

Les chrétiens du Liban et, plus généralement, tous les chrétiens d’Orient vivent des temps très difficiles et savent qu’ils sont « assis » sur des barils de poudre ! Peuvent-ils vraiment compter sur nous, leurs frères chrétiens occidentaux, pour les comprendre, les aider, les soutenir ? A chacun d’entre nous de se poser en « vérité » la question et d’y répondre autrement que par « mais nous, depuis ici, que pouvons-nous faire ? » !

Dans cette situation complexe et explosive dans laquelle vivent nos frères chrétiens à quelques petites heures d’avion d’ici, ce qui est certain de leur part, est « l’espérance » que chacun met en la Parole de Dieu qui leur dit, en même temps qu’à nous : « Exultez de joie, même s’il faut que vous soyez affligés, pour un peu de temps encore, par toutes sortes d’épreuves ; elles vérifieront la valeur de votre foi qui a bien plus de prix que l’or – cet or voué à disparaître et pourtant vérifié par le feu –, afin que votre foi reçoive louange, gloire et honneur quand se révélera Jésus-Christ. » (1 Pierre 1, 6-7)

Les écoles du Tsunami

Par Pierre Moser
Photos: DRPlus de 250’000 morts, environ 125’000 blessés, 45’000 disparus, 1,7 million de déplacés 1, des chiffres qui font froid dans le dos. Et pourtant la réponse humanitaire à la catastrophe asiatique de 2004 fut à la hauteur des attentes : 80’000 soldats, 100 navires, 100 hélicoptères et 80 avions de transport 1 ont été dépêchés dans les zones sinistrées, sans compter les dix milliards de dollars de dons des institutions publiques et privées du monde entier.

jan-oscar-laurence-pianAujourd’hui, 15 ans après, certains pays comme la Thaïlande sont toujours aussi pauvres, aussi démunis, aussi défavorisés. Que s’est-il donc passé ? Certaines institutions ont, à l’époque, critiqué la très mauvaise répartition de l’aide publique au développement, point noir de la générosité des pays occidentaux. Notre propos, ici, n’est pas d’apporter la polémique mais plutôt de relater une rencontre. Celle du groupe Sainte-Thérèse mission, responsable pour notre paroisse des partages de Noël et une maman : Laurence Pian. Une maman qui, dans cette catastrophe, a perdu deux de ses quatre fils : Jan et Oscar. Une maman qui, plutôt que de se laisser envahir par la rancœur, a décidé de créer une fondation en mémoire de ses fils disparus.

Dans ce désert qu’est l’aide au développement, la fondation Jan & Oscar s’est proposée depuis 2005 de permettre et d’encourager la scolarisation d’enfants défavorisés en Thaïlande. Jugez plutôt : 12 écoles, 130 enfants parrainés, 10 maisons dortoirs, 6 cantines, 11 bâtiments avec toilettes et douche ainsi que 5 lavabos communautaires 2.

Cette aide, c’est aussi cela : tenir compte des besoins locaux. Permettre aux écoliers des zones rurales de loger sur place. Amener l’eau potable là où elle n’existe pas encore. Supporter financièrement les familles qui n’ont pas les moyens d’une scolarité. Intégrer les enfants des minorités ethniques autrement discriminés. Sans oublier les sanitaires et tout ce qui nous paraît évident, à nous qui avons tout.

Encore un mot sur la fondation : chaque franc versé sera redistribué dans un ou plusieurs projets. Pas de frais d’administration, et cela croyez-moi, c’est très rare dans l’« industrie » de l’humanitaire. Non pas qu’il n’y ait pas de frais, c’est impossible, mais ils sont pris en charge par leurs partenaires institutionnels et opérationnels, mais surtout pas de salaires mirobolants…

Comme vous pouvez le constater, cette initiative a tout pour plaire. Prouvez-nous qu’elle vous a plu également en participant généreusement au partage de Noël de cette année. Plusieurs occasions se présenteront à vous : le produit de la vente de pâtisseries du dimanche 16 décembre au sortir de la messe par les enfants du catéchisme sera versé à la fondation. Une des quêtes de l’Avent sera également consacrée à cette initiative. N’hésitez pas à visiter le site web de la fondation, www.fondationjan-oscar.ch, pour en savoir plus.

1 Source : Wikipedia
2 Source : Fondation Jan & Oscar

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Réponse d’un évêque à Marie Chardonnens

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En vue du Synode des jeunes qui s’est tenu à l’automne 2018, le Pape invitait nos jeunes à poser les questions qui les habitent.

Par Vincent Lafargue
Photos: LDD, DR20180815_141019Ce mois-ci, pour la dernière édition de cette rubrique, c’est Marie, de Fribourg, 31 ans, jeune mère de famille et enseignante spécialisée, qui a posé plusieurs questions à nos autorités ecclésiales. Mgr Alain de Raemy a retenu celle-ci à laquelle il souhaite répondre :

J’imagine que la façon d’être chrétien n’est pas pareille pour un jeune du Canada, d’Afrique du Sud ou des Philippines. De ces différentes réalités, comment le Synode a-t-il pu rejoindre chaque communauté ?

L’évêque des jeunes, Mgr Alain de Raemy répond ainsi: »

alain-de-raemyChère Marie,

La façon d’être chrétien est toujours la même. C’est celle de Jésus. De l’amour qui aime aimer. Sans mais, ni si, ni sauf… D’un amour qui n’aime pas ne pas aimer. Mais qui justement pour cela ne peut pas se passer de Jésus, l’Amour incarné. En Lui, je suis aimé. Pas préservé ou avantageusement privilégié. Mais gratuitement aimé pour gratuitement aimer. Sans exception.

Au Canada, en Afrique du Sud ou aux Philippines, cet unique amour est différemment sollicité et défié. Mais partout le chrétien, le vrai, est demandé. Corruption rampante qui fait qu’on y succombe pour s’en sortir, violence choquante qui rend la vengeance presque légitime, villages et villes qui se vident de leur jeunesse qui trop souvent finit noyée en Méditerranée, questions d’identité sexuelle qui nous laissent pantois et sans voix, sociétés individualistes où l’effervescence des réseaux ne change rien à la réalité…

Le synode a montré aux participants que l’amour du Christ est vraiment le seul chemin. Partout. Jusqu’au martyre. Des martyres apparemment si différents et pourtant tous également conséquents. Ces témoignages ignorés, incompris, ridiculisés, discriminés, emprisonnés, persécutés, ou même parfois tués. Mais des témoignages qui peuvent tout changer, aujourd’hui, demain ou même après-demain. L’amour n’est jamais vain. Et il rend heureux. Tout de suite.

On apprend les uns des autres à être chrétien en tout et pour tout. Si seulement la planète interconnectée et super-réseautée que nous connaissons pouvait rendre ce témoignage chrétien partout présent et encore plus fécond ! La jeunesse est ici au premier plan, les « digital natifs » ont vraiment une mission ! Au synode un exemple a été mis en avant : la collaboration qui doit se faire entre chrétiens des pays d’origine et chrétiens des pays d’accueil des migrants. Jeunes, aidez-nous à devenir grands !

+ Alain de Raemy, l’évêque des jeunes

Noël d’antan

Par Françoise Michellod
Photo: img.over-blog-kiwi.com« Il est né le divin Enfant… Résonnez musettes ! »
Marie l’a emmailloté, Joseph s’est incliné.
L’âne et le bœuf ont soufflé…
Jésus a souri !
Les anges alors ont claironné dans la nuit.
« Douce nuit, sainte nuit ! »

Depuis toujours les bergers accourent :
ceux de Bethléem portent un agneau ;
ceux de Provence une rascasse…
et les mages flamboyants ont choisi leur trésor. 

Depuis toujours les crèches de nos maisons font revivre le Mystère.
Autrefois l’enfant Jésus choisissait de petits cadeaux enrubannés
pour les enfants « sages ». Les anges les apportaient et, pressés de repartir,
laissaient un peu de leurs cheveux sur les branches du sapin. 

Depuis toujours,
Noël c’est une étoile !
Noël c’est un parfum d’orange…
Noël c’est un peu de chaleur au creux de l’hiver. 

Depuis le premier Noël, Jésus habite avec nous, dans l’Humilité, la Gratitude,
dans le Silence et le besoin de rompre toute Solitude dans le Partage et l’Amour.

Que nos cadeaux même numériques soient signe de Sa présence ! 

Si vous avez une bougie, allumez-la.

Elle vous dira le bonheur de Noël.

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