Une jeune fille tout sourire sur le pas de la porte de l’hospice du Grand-Saint-Bernard.
« Hic Christus adoratur et pascitur » « Ici le Christ est adoré et nourri »
Depuis le XIe siècle, des chanoines réguliers de Saint-Augustin ont tenu de façon ininterrompue une double mission d’hospitalité et de louange sur le col du Grand-Saint-Bernard.
Aux hospices du Grand-Saint-Bernard et plus tard du Simplon, à l’instar de nombreux autres hospices qui ont existé ou qui existent encore, l’accueil est considéré comme un devoir sacré !
Selon la définition donnée par la plupart des dictionnaires, « l’hospice » (du lat. hospitium) est « une maison d’assistance où l’on reçoit les vieillards démunis ou atteints de maladie chronique », ou « une maison où des religieux donnent l’hospitalité aux pèlerins, aux voyageurs ».
Autrement dit, qu’il soit tourné vers l’accueil des malades chroniques, des vieillards démunis ou vers l’accueil des pèlerins ou des voyageurs, l’hospice reste une maison dont la vocation est d’accueillir « l’autre ».
S’il demeure encore quelques hospices dont le régime est proche des hôpitaux, ceux que nous connaissons le plus dans nos régions sont évidemment les hospices du Grand-Saint-Bernard et du Simplon, tous deux tenus par des religieux qui accueillent pèlerins et voyageurs.
C’est justement par leur double mission de louange et d’hospitalité des pèlerins et des voyageurs, quels que soient leur rang et leur statut, que les religieux des deux hospices vivent et perpétuent la devise : « Ici le Christ est adoré et nourri ».
Finalement, si des hospices de pierres ont été édifiés au cours des siècles par des religieux sur des cols ou tout autre endroit propice ou nécessaire à l’accueil, par ces exemples ne serions-nous pas nous aussi invités à édifier dans notre cœur un « hospice intérieur » ?
Dans ce monde où l’individualisme, l’égoïsme, la défiance et la peur de « l’autre », proche ou étranger, prennent souvent le pas sur l’accueil, le partage et la fraternité, l’Evangile ne nous invite-t-il pas quotidiennement à nous dépasser un peu nous-mêmes et à nous tourner vers l’autre ?
Depuis des siècles des religieux ont édifié des hospices. N’est-il pas aussi venu pour nous le temps d’édifier notre « hospice intérieur », hospice ouvert « à l’AUTRE » et avec LUI « aux autres » afin de pouvoir dire « Ici le Christ est adoré et nourri » ?
En cette mi-été, c’est Sœur Marie-Nicole Granges qui nous partage son témoignage de foi.
« Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées, dit le Seigneur. » (Isaïe 55, 9)
Personne dans le village n’aurait pensé que Dieu ferait entendre dans le cœur d’une fille de Germaine et Marcelin l’appel à la vie monastique. Mais Dieu appelle qui il veut. Je vous raconte un peu.
Je suis née à Châtaignier (Fully) pendant la guerre de 39-45. Mon père venait de Mazembroz. Quand j’étais enfant, tante Emma nous faisait prier chaque soir : « Nicolas de Flue, protège notre patrie ! » Peu après la guerre, en 1947, l’Eglise a canonisé (reconnu saint) Frère Nicolas. A la messe, le prêtre a parlé de Nicolas de Flue, « protecteur de la patrie, homme de prière ». J’ai tendu l’oreille. « Une vie de prière, c’est très puissant, continuait le prédicateur. La fin de la guerre, c’est peut-être une petite âme, connue de personne, qui l’a obtenue par sa prière. » Croyez si vous voulez : la petite fille de sept ans que j’étais a entendu cette parole résonner dans son cœur et elle a su dès ce moment-là, de façon certaine, que la prière est une force, une force qui peut même être donnée à une « petite âme ». Je n’ai jamais oublié ça. Et Nicolas m’est toujours resté présent.
Mais bien sûr, il n’est pas nécessaire de se retirer comme Nicolas dans la solitude du Ranft pour mener une vie de prière. Une maman peut aussi prier. Et c’était mon rêve, d’être maman.
A quoi Dieu m’appelait-il ? Et d’abord, qui est-il, ce Dieu qui a tellement séduit Frère Nicolas ? C’est par une image, que vous pouvez encore voir dans l’église de Fully, que Dieu m’a peu à peu découvert quelque chose de ce qu’il est vraiment. Je regardais toujours, sur le tabernacle, cet étrange pélican qui se perce le flanc pour nourrir ses petits. Je regardais, je regardais, des années durant. Personne ne m’a jamais expliqué. La réalité est devenue claire en moi, par-delà l’image. La réalité, c’est Jésus, qui verse son sang pour tous les hommes. Dans l’eucharistie, il se donne en nourriture. Il nous aime jusqu’à donner sa vie, tout son sang, pour notre salut. Voilà la merveille : Dieu est amour. Je voulais répondre à son amour.
Thérèse de Lisieux définissait ainsi sa vocation : « Au cœur de l’Eglise, ma Mère, je serai l’amour. » Pour moi, ce n’est pas au Carmel, mais dans un monastère cistercien que j’ai trouvé ma voie. Depuis le XIIe siècle, la communauté cistercienne a été appelée « schola caritatis ». On peut dire une « école pour apprendre à aimer ». Exactement ce qu’il me fallait!
La première fois qu’un de mes oncles m’a vue en habit de moniale (religieuse cloîtrée), il en était abasourdi. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Mais à la fin de notre entretien, il m’a dit soudain : « Si tu crois, crois à fond ! » Parole forte, d’un authentique Fuillerain. Je n’ai pas oublié.
A mon tour je vous dis : restez fermes dans la foi. Et que Dieu puisse encore séduire le cœur de vos enfants !
Vacances chrétiennes en famille (VCF) à l’hospice du Simplon
Texte d’élodie Cheseaux
Trois semaines par année, l’hospice du Simplon accueille des familles pour les « vacances chrétiennes en famille ». Le concept est simple : tous les matins, les enfants sont pris en charge par des animateurs pendant que les parents restent avec un chanoine pour approfondir leur foi autour de discussions sur le thème de la semaine. Enfants et parents se retrouvent après le dîner pour un après-midi sieste ou loisirs en famille. J’ai eu la chance de participer à l’organisation de ces semaines pendant six ans. Pour notre équipe d’amis animateurs, l’hospice est vite devenu une deuxième maison et le lieu incontournable de nos étés. Entre discussions tardives au bar avec le chanoine, échanges avec les parents, bronzette au bord du lac, adoration, messe en plein air et j’en passe, difficile de dire ce qui me ressourçait le plus. S’arrêter une semaine au milieu des montagnes, sur ce lieu de passage, me permettait de mettre un instant ma vie sur pause, d’être accueillie et d’accueillir à mon tour celui qui vient. Au Simplon, j’ai appris à l’exemple de la congrégation qu’en se mettant au service de celui qui arrive, on reçoit effectivement le centuple de ce que l’on donne. Merci à elle pour ses mille ans d’accueil !
L’hospice du Simplon pour moi, c’est…
Texte de Muriel buthey
Essentiellement des moments de bonheur en famille. Chaque année, on ala chance de pouvoir vivre les trois jours du ressuscité au rythme des enfants, dans un cadre magnifique. C’est un mélange de calme, de ressourcement,de joie et d’excitation pour grands et petits. On y est si bien accueillipar les chanoines, que l’on s’y sent comme à la maison. Et les enfantsen redemandent chaque année!
Michel Praplan ; un accueil souriant.
Texte de Laurence Buchard et de Michel Praplan
1 – Comment as-tu atterri là-haut ? Est-ce un hasard,le fruit d’une grande réflexion ou une obligation ? Je suis à ma quinzième année de présence à l’hospicedu Simplon. A la demande de la Congrégation du Grand-Saint-Bernard dont je fais partie, je me suis mis à disposition pour continuer l’œuvre d’hospitalité qui a été commencée dans les années 1830. Les premières années de vie sur la montagne, à 2’000 mètres d’altitude, furent un peu décapantes, de par le genre de vie en petite communauté, de l’approche des hôtes qu’il faut rejoindre très rapidement et de la somme de travail qu’exigent la gestion et l’entretien d’un bâtiment qui peut accueillir jusqu’à130 personnes.
2 – Comment vois-tu ton ministère au sein de l’hospice ? Je dois me redire chaque matin que je suis avant tout prêtre, assis au bureau d’accueil ou accaparé par des travaux manuels. Ma journée est rythmée par des temps de prière en communauté dans notre chapelle. J’y trouve la motivation avant d’ouvrir la boîte mail de l’hospice, converser au téléphone ou accompagner les hôtes dans la salle à manger, vers la chambre ou le dortoir. Le quotidien est rempli de petites choses qui m’obligent sans cesse à améliorer ma présence dans la maison.
3 – Contrairement à une communauté paroissialeoù des liens se tissent, que partages-tu avec les pèlerins de passage à l’hospice ? (frustation ?) Le charisme de l’accueil invite chaque membre de notre Congrégation à une grande disponibilité à l’égard de toute personne que nous rencontrons, que ce soit à l’évêché de Sion, en paroisse ou en hospice. La manière de l’exercer au Simplon demande une présence active, attentive à chacun, même auprès des passants qui ne sont pas sympathiques au premier abord. L’Evangile nous propose de donner notre vie pour ceux qu’on aime ; l’hospitalité nous oblige à aimer ceux qui se présentent à notre porte.
4 – Quels sont les temps forts de la vie à l’hospice ? La maison reste ouverte toute l’année (cela étonne bien des visiteurs). On y célèbre chaque jour l’Eucharistie et la Prière des Heures, avec la possibilité pour tout un chacun d’y participer. Les célébrations sont très vivantes lors des journées réservées pour les familles avec enfants en bas âge. Les semaines et les week-ends organisés pour les étudiants et les préparations aux sacrements « ne sontpas tristes » : un beau travail de formation spirituelle et humaine. La maison vit également des temps de calme,se faisant accueillante pour un temps de retraite ou de repos à la montagne. La période de Noël est la plus fréquentée, grâce à la magie de la fête, de la neige etdes soirées passées dans les salons et les salles de jeux.
5 – Comment occupes-tu tes journées ? Si Dieu et mes parentsm’ont donné quelques qualités, je désire les mettre à disposition des hôtes de 16h à 10h le lendemain. En dehors de cet horaire, il me reste du temps pour l’entretien du bâtiment et un temps personnel.
J’avoue que, ayant atteint l’âge de la retraite depuis quelques années, l’esprit reste vif, mais les forces physiques ont diminué. Quand le souffle me manque, je fais une sieste, une turbo-sieste ou même une deuxième sieste.
6 – Comment fonctionne l’hospice ? (organisation ?) L’hospice du Simplon est propriété de la Maison Hospitalière du Grand-Saint-Bernard. Celle-ci la confie à quelques confrères (actuellement au nombre de 4) qui y résident, prient et travaillent en communauté. Ils jouissent d’une certaine autonomie dans le choix des activités à organiser et des personnes à accueillir. Ils en rendent compte chaque année auprès de tous les membres de la Congrégation. Le service de la cuisine et des nettoyages est assuré par du personnel salarié. Nous aimons collaborer avec les entreprises du village du Simplon qui ont une affection particulière pour leur « Simplon-Hospiz ».
– J’ai répondu à toutes les questions qui m’ont été posées. J’en ajoute une : « Pourquoi des chanoines habitent en montagne, alors que la population est plutôt en plaine » ? La montagne favorise la rencontre, l’amitié, le partage. Elle exige un effort pour sortir de son chez-soi, pour rencontrer l’Autre et les autres. Même si ce dernier hiver m’a paru particulièrement long, j’aime le Simplon comme lieu de rencontre : avec les amis, avec les anciens paroissiens, avec toute personne qui cherche un appui pour continuer dans son quotidien. « Sans cesse tenté de vivre tranquille, tu me demandes, Seigneur, de monter vers Toi » (Prière du pèlerin).
Par Isabelle Reuse Photos: DRCette année, le Service de la solidarité et de la diaconie du vicariat s’est mis en route pour Lourdes avec vingt personnes. Elisabeth Beaud, assistante pastorale et coordinatrice pastorale de la communauté de Saint-Paul, était du voyage. Chacun est venu avec son histoire de vie, avec ses joies, mais aussi avec ses lourdeurs… Avant de partir, nous nous sommes rencontrés plusieurs fois afin de faire connaissance. Lors de notre dernière rencontre, une personne a dit : « Nous avons déjà commencé notre pèlerinage. »
Arrivés à Lourdes, après avoir déposé nos valises, nous nous sommes rendus à la Grotte. Pour beaucoup d’entre nous, c’était la première fois… La découverte du sanctuaire, le partage entre nous prenaient une autre couleur… moins formel, plus fraternel.
Les trois gestes de Lourdes Moment important que de vivre cette démarche ensemble : prendre le temps d’aller se laver le visage à la fontaine, toucher le rocher, faire brûler un cierge, prendre le temps de prier ensemble, de confier toutes les personnes qui nous sont chères, confier notre groupe, confier le pèlerinage interdiocésain… La fraîcheur de l’air et la douceur du soleil nous mettaient définitivement en chemin.
Sur les pas de Bernadette Lorsque nous pensons « Lourdes », nous voyons tout de suite la Grotte… Pourtant, il n’est pas possible de comprendre toute la dimension de la Grotte sans passer par le Cachot. Nous avons eu la chance d’avoir pu prendre un temps de prière ensemble au Cachot où chacun a pu faire mémoire des lieux les plus sombres de son existence afin de les présenter au Seigneur. Nous le savons, le Seigneur vient nous visiter dans les lieux les plus sombres afin qu’avec l’Apôtre Paul nous puissions dire : « C’est lorsque je suis faible que je suis fort. » (2 Co 12, 10)
Le chemin de croix C’est l’occasion de prendre conscience que Jésus est infiniment proche de nous sur nos chemins de vie. Il est là dans nos moments de joie, mais il est particulièrement là dans nos moments de doutes, de peines, de souffrances. Il donne sens à nos incompréhensions, à nos révoltes. Nous avons vécu ce chemin de croix avec l’aide des textes du chemin de croix du pape François au Colisée cette année. Cela nous a ouvert sur le monde.
Un temps de prière Le dernier soir, nous avons fait mémoire de la fille d’une personne de notre groupe qui est décédée brutalement. Simplement, nous avons allumé un cierge, signe visible de la présence invisible de cette jeune femme qui a vécu ce pèlerinage avec nous pour nous dire que l’avenir n’est pas fermé. Lors de ce moment de prière, nous avons également confié à la douceur maternelle de la Vierge une autre personne du groupe qui a perdu son enfant bébé. Nous ne comprenons pas toujours ces séparations si brutales et si « injustes », mais nous savons que dans nos moments de doutes, de révoltes, nous pouvons toujours nous réfugier auprès de Marie.
Une aventure qui continue Le retour ne marque pas une fin, mais le début d’une nouvelle fraternité… A la suite de Marie, première en chemin, nous sommes invités à continuer la route afin de devenir témoins de cette espérance qui nous habite.Toi Marie, Mère de l’Eglise, Toi que nous aimons vénérer dans notre unité pastorale, Ton « oui » nous enseigne l’accomplissement de la volonté du Père. Au pied de la croix, tu l’as dit dans le silence de ton cœur brisé. En nous recevant pour enfants de ton fils crucifié, permets-nous de t’accueillir et de te prendre chez nous. Vierge de l’assomption, notre Mère, apprends-nous dans la joie comme dans l’épreuve, à accomplir la volonté de ton fils Jésus.
Jean Glasson a pris ses fonctions il y a un peu moins d’un an. Regard sur le quotidien du vicaire épiscopal de Fribourg, qui aime parcourir le monde durant son temps libre.
Par Nicolas Maury Photos: Alain Volery, DRIl le confirme volontiers, il est plutôt matinal. Du genre à se lever aux aurores – « normalement à 6h » – pour prendre du temps pour lui. « Je prie le Bréviaire, à commencer par Laudes et Lectures. Si je n’ai pas d’autre messe dans la journée, j’en concélèbre une avec la communauté du Séminaire où je réside. Enfin, je prie une demi-heure en silence. » Ce rituel, Jean Glasson le respecte « quasiment tous les jours, sauf quand j’ai déjà des rendez-vous à 7h », sourit-il.
Tout commence par… une fondue
Depuis dix mois, il a pris ses fonctions en tant que vicaire épiscopal pour le canton de Fribourg. Une nomination qu’il a acceptée après mûre réflexion. « Un jour de novembre 2016, l’évêque me propose de partager une fondue avec lui. Je me suis dit : “ Quelle chance pour les fidèles et les prêtres qu’il soit aussi proche des gens ! ” A la fin du repas il me glisse que Mgr Remy Berchier va arrêter sa mission et qu’il pense à moi pour le remplacer. Je n’avais rien vu venir. » D’où une hésitation certaine. « J’ai d’abord donné plein d’arguments contre, citant plusieurs curés plus à même que moi de remplir la fonction. J’ai relevé que j’étais heureux en paroisse à Estavayer, et que je ne savais pas comment j’allais vivre ma vocation dans un cadre plus administratif, mais aussi dans un contexte fribourgeois à la fois riche et complexe… »
Demandant conseil à trois amis prêtres, Jean Glasson finit par donner son accord. « Cela n’a été rendu officiel qu’après Pâques et j’ai commencé en septembre, en même temps que mon homologue pour la partie alémanique, Pascal Marquard. »
Des appuis précieux
Parmi les interrogations initiales du nouveau vicaire figurait en bonne place la manière dont il allait organiser sa vie. « J’ai repris l’agenda de mon prédécesseur, tout en déterminant d’emblée que j’allais tâcher de garder le lundi pour moi. » En parallèle, il tente de ne pas fixer de rendez-vous avant 8h30, voire 9h. « Après mon temps fort spirituel matinal, j’arrive au bureau aux alentours de 8h, traite mes mails et peaufine mes dossiers. » Il peut compter sur deux appuis précieux, son adjoint Louis Both et sa secrétaire Elisabeth Bertschy. « Comme je suis son quatrième vicaire épiscopal, on peut dire qu’elle connaît la musique… »
Commencent ensuite les séances qui constituent la majeure partie de son quotidien. Entretiens personnels avec des prêtres, des laïques, des agents pastoraux, des membres du Conseil exécutif, des religieux et des religieuses… « Ils viennent me parler de leurs soucis, de leurs espérances, de leur mission. C’est très varié. » Deux fois par mois, Jean Glasson participe aussi au Conseil épiscopal. « L’évêque est le chef et c’est lui qui a le dernier mot. Mes collègues vicaires et moi sommes là pour l’épauler et mettre en œuvre ce qui a été décidé. Nous faisons aussi beaucoup de coordination liée aux problèmes de fond : les lignes, la vision et la stratégie. » Et d’avouer que l’un des éléments qui a fait pencher la balance lorsqu’il a accepté la tâche, « c’est que mes homologues ont tous entre 40 et 50 ans. La génération Jean-Paul II. Sur l’essentiel, il y a un accord, même si chacun a sa personnalité. D’où un climat de dialogue, d’écoute et de collaboration. Les maîtres mots sont communion, discernement et impulsion ».
Son agenda passablement chargé oblige le vicaire épiscopal à faire des choix. « Mes repas, je les prends parfois au Séminaire, mais plus souvent avec mes collaborateurs. Quand je vois que le calendrier se remplit, j’essaye toutefois de me ménager du temps libre. » Qu’il aime consacrer à sa famille, à son cercle d’amis – « certains sont en Eglise, d’autres pas » – et à ses loisirs. Et puis il y a la lecture – romans historiques notamment – et la musique. « J’aime le rock des années 50 : Elvis, Eddie Cochran, Jerry Lee Lewis. Je l’écoute surtout en voiture. »
De la montagne à la mer
La nature garde une place à part. « Le dimanche soir et le lundi, j’aime faire des marches en montagne. Pour moi, Dieu est dans les grands espaces. » Une certitude qui l’incite à voyager, de l’Australie à l’Amérique du Sud en passant par le Kirghizistan, l’Inde, le Canada, Israël, le Liban et l’Afrique… « J’aime rencontrer les gens, découvrir les civilisations. » Mais cet été, son programme est plus… luxueux. « Avec quelques confrères, nous avons opté pour une croisière en Méditerranée. Vivre et voyager sur une immense ville flottante m’intéresse. Je suis fasciné par le fait qu’autant de monde puisse séjourner sur un bateau, même s’il est très grand. »
Quand on lui demande s’il va garder son col romain durant cette escapade, le regard de Jean Glasson se fait rieur. « Je me suis posé la question et… je n’en sais rien ! D’habitude, quand je suis en ville, je le porte. Ça peut favoriser les contacts. A bord, je verrai sur le moment ! »
Une escapade au Kirghizistan où le vicaire explore les grands espaces.Découverte des réalités du Rwanda.
Par François-Xavier Amherdt
Photo: DRIl y a le mont Sinaï au sommet duquel le Seigneur donne les Tables de la Loi à Moïse au terme de 40 jours de face-à-face (Exode 19-24). Puis la montagne sur laquelle le Jésus de Matthieu, nouveau Moïse, prononce son premier discours (5-7) et livre la Loi nouvelle inscrite dans les cœurs. C’est le roc sur lequel bâtir la maison de notre avenir spirituel.
Il y a aussi le mont de l’Horeb, vers lequel la plus grande figure du prophétisme, Elie, chemine 40 jours pour fuir la vengeance de la reine païenne Jezabel : il y reçoit la manifestation du Seigneur dans le « bruit d’un silence ténu » (1 Rois 19, 12). Puis la très haute montagne vers laquelle le Diable conduit le Christ à la troisième tentation, en lui promettant la gloire des royaumes du monde (Matthieu 4, 8-10). Le Fils reste indéfectiblement attaché au Père et fait de la volonté de celui-ci sa nourriture quotidienne.
Il y a encore la montagne de la Transfiguration (Matthieu 17, 1-8) sur laquelle Jésus « retrouve » Moïse et Elie pour accomplir la Loi et les Prophètes : il y anticipe par son visage lumineux et ses vêtements d’une blancheur éclatante le matin de Pâques, au point que les apôtres Pierre, Jacques et Jean qui l’accompagnent aimeraient s’y installer. Et également le mont des Oliviers à Gethsémani, où le Seigneur connaît l’agonie avant d’entrer dans sa Passion (Matthieu 26, 36-46).
Plus haut, plus près des cieux Enfin, il y a la montagne de la Résurrection, où Jésus vivant précède les apôtres pour les envoyer en mission jusqu’au bout du monde. C’est du haut de la Galilée où il les attend qu’il leur confie son enseignement et ses trésors de grâce : « Allez, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » (Matthieu 28, 26-20)
Il y en aurait bien d’autres : la Bible ne cesse de nous inviter à prendre de la hauteur. Pour y rencontrer le Père et le prier (Matthieu 14, 23), plus haut, plus près des cieux, tournés vers notre patrie définitive.
Nous proposons quelques lectures estivales pour nourrir notre âmeet notre intelligence, afin de cheminer, petits, jeunes et grands vers la sainteté. Le Centre catéchétique fribourgeois, situé au boulevard de Pérolles 38,les tient aussi à votre disposition.
Par l’abbé Dominique RimazSaint-Exupéry en Suisse
La phrase du Petit Prince est célèbre : « L’essentiel est invisible pourles yeux, on ne voit bien qu’avec le cœur. » L’aviateur poète Antoine de Saint-Exupéry a séjourné deux ans chez les Marianistes à la Villa Saint-Jean (vers le Collège Sainte-Croix à Pérolles). Celui qui fut surnommé « Pique-La-Lune » en raison de son petit nez pointant vers le ciel a toujours gardé dans son cœur un doux souvenir de notre ville, au point d’écrire : « Dakar, Port-Etienne, Cap Juby, Casablanca, les 3000 kilomètres de côtes n’ont pas la densité de 20 mètres carrés à Fribourg. » Alain-Jacques Tornare, enseignant émérite d’histoire et Jean Rime, chercheur en littérature, tous deux de l’Université de Fribourg, nous emmènent dans une visite guidée de notre ville sur les pas de l’auteur français le plus célèbre au monde. Un livre qui vaut le détour !
Alain-Jacques Tornare, Jean Rime, « Saint-Exupéry en Suisse, Fribourg 1915-1917 », Cabédita, 2018Marguerite Bays et Mère Lutgarde Menétrey, marraine et filleule
Le procès en canonisation de l’humble Marguerite Bays avance à grands pas. L’abbé Martial Python, également curé de Siviriez, nous raconte les liens spirituels profonds entre Mère Lutgarde Menétrey, abbesse de la Fille-Dieu à Romont, et la bienheureuse Marguerite Bays. Deux femmes exceptionnelles, bien de chez nous, inspirées par l’Esprit Saint, qui se sont centrées sur le grand commandement : « l’Amour de Dieu, du prochain et de soi-même ». Une lecture reposante, qui nous enracine dans l’histoire, dans notre réel ici et maintenant.
Martial Python, Marguerite Bays et Mère Lutgarde Menétrey, marraine et filleule, Cabédita, 2018
Dieu est jeune
A l’aube du Synode sur les jeunes et les vocations d’octobre prochain, cette conversation de notre Pape avec Thomas Leoncini redonne la place aux jeunes. Non pas pour tomber dans le jeunisme, mais pour créer un pont entre nos seniors et le futur de l’Eglise et du monde. François parle de sa propre jeunesse, de sa conversion, de la pauvreté, des réseaux sociaux, de l’amour… « Dieu est jeune, il est toujours neuf », un ouvrage pour se reposer et se poser les bonnes questions.
Pape François, « Dieu est jeune, conversation avec Thomas Leoncini », Robert Laffont, Presses de la Renaissance, 2018
La confiance en soi ça se cultive
Combien de fois n’avons-nous pas entendu de la part de nos jeunes : « Je ne m’aime pas, je n’ai pas confiance en moi ». Or, cela s’apprend, cela se cultive par un patient travail sur soi, comme tous les bons sportifs. Dans ce livre, Marie-José Auderset nous donne des petits conseils pour vivre malgré le regard des autres, les jugements et les moqueries, afin de découvrir la personne formidable qui sommeille en chacun de nous.
Marie-José Auderset, La confiance en soi ça se cultive, Ed. De La Martinière Jeunesse, 2007
Ma p’tite encyclo catho
Les vacances nous donnent un espace pour mieux prier. Des questions telles que : la messe est-elle obligatoire ? L’enfer existe-t-il ? ou la Résurrection est-ce vraiment possible ? trouvent des réponses pleines de sagesse, richement illustrées et remplies d’humour. La révision des connaissances passe très souvent mieux par le jeuet l’amusement.
Marie-Christine Vidal et Robin, « Ma p’tite encyclo catho »,Bayard jeunesse, 2018Dieu, le monde et toi
La petite collection de bandes dessinées « filotéo » propose de partir à la recherche de Dieu au travers des grands artistes chrétiens, comme Gaudi, Bach, de Vinci ou Michel-Ange… mais aussi des grands témoins du bien dans notre monde tourmenté. Quinze personnalités qui ont marqué l’histoire de leur empreinte : Sœur Emmanuelle, Jean Vanier, Frère Roger… Des hommes et des femmes qui ont toujours défendu la personne humaine, quel qu’en soit le prix.
Filotéo, Dieu, le monde et toi, les grands témoins en BD, Bayard jeunesse, 2017
Dès cet été, L’Essentiel vous propose une série d’articles sur les grandes spiritualités des familles religieuses pour s’étendre ensuite à d’autres domaines comme la spiritualité conjugale ou celle du monde du travail. La spiritualité serait-elle quelque chose de secondaire dans la vie chrétienne, réservée à une élite, à une catégorie de chrétiens « engagés », en lien avec des activités particulières ?
Cette manière d’envisager la vie spirituelle a vu le jour au XVIIe siècle et s’est prolongée jusqu’au Concile Vatican II. La sainteté était réservée à une élite, à une forme d’héroïsme de la vie chrétienne atteint par l’effort de la volonté. Pour tous les autres, la vie chrétienne était fondée sur une pratique minimale de prières, de devoirs religieux, d’interdits et de quelques actions caritatives : une morale d’obligation pour être en règle, accompagnée d’une profession de foi sans grande conviction. Tout cela n’était certes pas mauvais, mais laissait beaucoup de chrétiens sans dynamisme spirituel, surtout sans enracinement dans ce qui fait le cœur de l’Evangile : la vie dans l’Esprit
Pour comprendre ce qu’est la vie chrétienne, il faut le demander à saint Paul, le grand fondateur des premières communautés chrétiennes : • Ceux-là sont fils de Dieu, ceux qui sont mus par l’Esprit de Dieu. (Rm 8, 14) • Pour moi, vivre c’est le Christ ! (Ph 1, 21) • Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? (1 Co 3, 16)
Les différents courants de spiritualité qui ont alimenté l’Eglise et qui feront l’objet de la série d’articles qui vont suivre s’enracinent dans cette vie évangélique vécue de générations en générations jusqu’à aujourd’hui.
Dans sa Lettre pour le troisième millénaire, saint Jean-Paul II affirme sans ambages : Je n’hésite pas à dire que la perspective dans laquelle doit se placer tout le cheminement pastoral est celle de la sainteté (n° 30). Il en déduit que pour cette pédagogie de la sainteté, il faut un christianisme qui se distingue avant tout dans l’art de la prière (n° 32). Il enchaîne en voulant faire de l’Eglise la maison et l’école de la communion [par] un regard du cœur porté sur le mystère de la Trinité qui habite en nous, et dont la lumière doit aussi être perçue sur le visage des frères qui sont à nos côtés (n° 43).
Et cette année, le pape François développe ce thème dans son exhortation Gaudete et Exsultate sur l’appel à la sainteté : Le Seigneur demande tout ; et ce qu’il offre est la vraie vie, le bonheur pour lequel nous avons été créés. Il veut que nous soyons saints et il n’attend pas de nous que nous nous contentions d’une existence médiocre, édulcorée, sans consistance. En réalité, dès les premières pages de la Bible, il y a, sous diverses formes, l’appel à la sainteté. Voici comment le Seigneur le proposait à Abraham : « Marche en ma présence et sois parfait. » (Gn 17, 1) (n° 1)
Loin de nous appeler à une perfection rigide, perfectionniste, le Père nous appelle à sa propre perfection, qui est celle de l’amour et de la miséricorde. La miséricorde est le cœur battant de l’Evangile (n° 97). La sainteté appartient à ceux qui se présentent devant Dieu les mains vides (n° 54), comme des pauvres, mais remplis de la joie et de l’amour répandus dans nos cœurs par l’Esprit Saint (cf. Rm 5, 5). Tous les baptisés ont reçu l’Esprit Saint : ils sont tous appelés à la sainteté ! La sainteté des petits gestes quotidiens faits par amour et qui font toute la différence. La sainteté ne se trouve pas d’abord dans l’extraordinaire, mais bien dans l’ordinaire de notre quotidien.
Cinquante ans après le Concile, nous sommes à l’aube d’une Eglise profondément renouvelée, qui se retrouve de plus en plus au matin de Pâques. L’Evangile s’actualise par une rencontre, d’abord avec le Ressuscité, puis avec toute personne en ce monde, dans l’effusion de l’Esprit Saint, qui jaillit du cœur miséricordieux du Ressuscité. L’Eglise est mieux placée qu’aucune autre institution pour proposer une nouvelle culture et une nouvelle spiritualité à l’Europe et au monde. Une culture intégrative et critique à la lumière de la Révélation, qui éclaire la raison humaine et emporte son adhésion.
Par Nicolas Maury et Sœur Franziska Huber de la librairie Saint-Augustin, Saint-Maurice
Des livres
Quelle spiritualité pour le XXIe siècle
Depuis plusieurs décennies, l’attrait pour la méditation et la spiritualité ne cesse de croître et les religions semblent bien loin de l’effacement qui leur semblait destiné. En parallèle se multiplient les repliements identitaires où le religieux et le politique s’entremêlent. Dans ce nouveau livre, William Clapier nourrit son itinéraire personnel de ce constat pour étayer la dimension spirituelle de la valeur humaine.
Légitimité des prêtres pour parler de sexualité ; relations avant le mariage ; divorce plutôt que mariage malheureux… Dans cet échange organisé autour de ce type de questions par Arthur Herlin, Mgr Emmanuel Gobilliard (évêque auxiliaire de Lyon) et la sexologue Thérèse Hargot confrontent leur point de vue. Si la seconde offre une vision décomplexée et franche, le premier montre que l’Eglise peut parler de tout sans tabou.
Albin Michel
Acheter pour 31.50 CHFLes tribulations d’Aliénor en milieu étudiant (et parfois hostile)
Vingt ans, un regard noisette et une mèche brune, Aliénor est accro aussi bien à son paquet de cigarettes qu’à son portable. Capricieuse mais généreuse, elle est aussi une catho décomplexée. Dans le roman qui met en scène cette jeune femme, l’auteure Elisabeth Lucas nous entraîne au cœur d’aventures familiales, amicales ou amoureuses. Un voyage initiatique pétillant qui conduit à la maturité.
Pour Alain Noël, fondateur des Presses de la Renaissance, être chrétien ne revient pas simplement à adhérer à une croyance ou à un mode de vie. C’est plutôt avoir l’âme « génétiquement modifiée » par l’action de Dieu. Au-delà d’un rite d’appartenance à un groupe religieux, le baptême opère une transformation radicale. Constatant que de nombreux points fondamentaux de la vie spirituelle sont méconnus de maints croyants, l’auteur propose d’effectuer une cartographie du génome chrétien.
Franchir un col : angoisse ou ressourcement ? A la belle saison, beaucoup empruntent une route alpine, parfois dans les embouteillages. Qu’en est-il des personnes qui ont choisi de prendre de la hauteur pour s’y arrêter ? Halte aux hospices du Grand-Saint-Bernard et du Simplon ; l’hospitalité pour tous reste de mise.
Par Pascal Ortelli
Photos: Congrégation du Grand-Saint-Bernard, Antoine Salina, Astrid Belperroud« Ici le Christ est adoré et nourri ! » La devise pluriséculaire des chanoines du Grand-Saint-Bernard exprime aujourd’hui encore leur volonté d’accueillir inconditionnellement l’hôte et le pèlerin. S’il vous plaît, ne parlez pas de touristes et encore moins de clients : ce sont bien les seuls mots mis à l’index là-haut. Car « même si on y vient en touriste, on en repart en pèlerin », comme le rappelle le chanoine Frédéric Gaillard. Pas besoin de montrer patte blanche à la porte d’entrée, qui d’ailleurs au Grand-Saint-Bernard n’a même pas de serrure !
Au centre le prieur Jean-Michel Lonfat, entouré à gauche de Frédéric Gaillard et à droite par Raphaël Duchoud et Anne-Marie Maillard.
Libre pour progresser à son rythme
« Ici, relève Justine Luisier qui y a travaillé, il y a une qualité d’accueil que je n’ai retrouvée nulle part ailleurs. Tu te sens comme à la maison, respecté dans ta foi et libre de vivre comme tu le souhaites. » Ce sentiment de liberté interroge, alors que le lieu est plus confiné que l’hospice du Simplon. Justine le connaît bien aussi, puisqu’elle anime les camps-réflexions organisés par l’aumônerie du Collège de l’Abbaye de Saint-Maurice.
Le Simplon parle par lui-même aux jeunes. Beaucoup y vivent leurs premières expériences en hospice. Les élèves y font peut-être l’expérience d’une rencontre avec un grand R, soutenue par la discrète présence des chanoines. S’ils sont bien là, ils ne se font pas envahissants, ce qui est apprécié des élèves qui se sentent respectés dans leur cheminement.
La vie en hospice, entre confirmands et familles
Même constat pour Astrid Belperroud, animatrice pastorale à l’UP Renens-Bussigny. Elle y emmène les confirmands qu’elle prépare. Là, ils y découvrent… le credo qu’ils connaissent peu, alors qu’à cet âge, il importe de donner du sens à ce à quoi l’on croit. La vie en hospice y contribue. C’est faire une expérience hors de son quotidien, prendre du temps pour rencontrer Dieu et renforcer les liens de camaraderie. Cette halte sur les hauteurs représente « une aide précieuse sur le chemin de la confirmation ». Il se vit là, à coup sûr, quelque chose du rite de passage. Aux retrouvailles, on se remémore volontiers les souvenirs d’une sortie neige, d’une veillée ou d’une nuit agitée.
L’hospice du Simplon offre aussi la possibilité pour les familles de vivre un temps de vacances avec d’autres. Rachel et François Muheim y sont montés deux hivers avec leurs trois enfants, depuis Fribourg. Ils y ont particulièrement apprécié l’agencement des journées : le matin, les enfants sont pris en charge par une équipe d’animateurs, ce qui permet au couple de se retrouver et de se reposer. Si la dimension spirituelle est bien présente, elle n’est pas non plus écrasante.
La volonté est d’accueillir tout le monde, sans distinction.
La spiritualité de la montagne : un appel prophétique
Au vu du nombre et de la diversité des groupes qui y séjournent, la mission des hospices semble aujourd’hui couler de source. Il n’en fut pas toujours ainsi. Avec la route carrossable et le tunnel, le passage du col ne représente plus un péril. La tâche des chanoines n’est plus dès lors d’accompagner physiquement les voyageurs avec les chiens, la soutane et les skis en bois, comme le veut l’image d’Epinal. Que faire des hospices ?
La Congrégation prend acte de cette évolution. Elle reconnaît très vite que la portion du monde qui lui est confiée pour l’évangélisation est celle « des voyageurs, des touristes, des alpinistes et des skieurs » (décret du chapitre général de 1959). C’est alors que retentit l’appel prophétique de Gratien Volluz, chanoine et guide de montagne, pionnier dans le développement d’une authentique spiritualité de la montagne avec les activités que nous connaissons aujourd’hui encore : pèlerinages alpins, vacances en famille au Simplon, randonnées spirituelles, camps montagne et prières… La montagne devient un terrain privilégié pour vivre une authentique expérience spirituelle.
Quand l’hospitalité se vit dans l’audace et l’adoration
L’hospitalité prend alors des formes nouvelles, tout en restant fidèle à son ingrédient de base : l’écoute. « Nous avons deux oreilles et une seule bouche », souligne malicieusement Frédéric Gaillard qui passe de nombreuses heures au téléphone, entre deux relevés météos. « Ça aussi, c’est de l’accueil ! » Pour Jean-Michel Lonfat, prieur de l’hospice du Grand-Saint-Bernard, l’un des rares prêtres à parler le langage des signes, l’accueil se vit aussi par l’accompagnement des personnes sourdes-malentendantes et aveugles-malvoyantes. Car, comme le rappelle le prévôt Jean-Michel Girard, la volonté de saint Bernard était d’accueillir tout le monde sans distinction. Ce service humain comporte un message : « Chaque personne est infiniment précieuse, quels que soient son origine, sa religion, sa condition sociale, sa raison de voyager et ses projets. » Si jusqu’en 1940, on offrait gratuitement un lit et une soupe à chaque hôte – même aux contrebandiers ! –, les chanoines ont aujourd’hui à cœur de poursuivre cette mission d’hospitalité pour tous. Le thé, symbole de bienvenue, est encore offert gratuitement.
Faire tourner la baraque
Si leur écoute et leur disponibilité sont sans pareil, le travail ne manque pas pour arriver à maintenir ces maisons ouvertes toute l’année. La communauté peut alors compter sur les précieux services de la maisonnée et de bénévoles. Clotilde Perraudin, une jeune du Val de Bagnes, a travaillé six mois au Grand-Saint-Bernard, dans ce lieu qu’elle connaissait déjà bien. La vie religieuse partagée, tout comme le regard bienveillant porté tant par la communauté que par les hôtes, lui a fait du bien, tout en renforçant son estime de soi. Elle, qui pourtant n’aimait pas faire le ménage, a trouvé que là, ça faisait sens pour… l’hospitalité qui se cultive jusque dans les fleurs. Le chanoine Raphaël Duchoud y entretient en effet une véritable pépinière, à plus de 2400 mètres d’altitude !
L’hospitalité s’incarne certes par des gestes très concrets. Toutefois, comme le relève Anne-Marie Maillard, oblate de la Congrégation, elle s’ancre avant tout dans une reconnaissance bien plus profonde, au risque sinon de ne pas tenir. « Ici comme ailleurs, nous ne pouvons pas accueillir en vérité ni aimer les autres si nous ne nous reconnaissons pas d’abord comme accueillis et aimés par le Seigneur. » Ainsi, prendre de la hauteur et vivre sur les cols, c’est peut-être d’abord reconnaître, consciemment ou non, un appel et… y répondre.
La Congrégation du Grand-Saint-Bernard fut fondée au XIe siècle.
Prendre de la hauteur avec 82-4000 solidaires
But: rendre les sommets accessibles.
Hugues Chardonnet, guide de montagne, diacre et médecin français, a parlé de son association 82-4000 solidaires lors du week-end pastoral des 17 et 18 février derniers à l’hospice du Grand-Saint-Bernard. Son association s’est donné pour mission de rendre les sommets accessibles aux personnes les plus démunies, car, de par les difficultés qu’elles ont surmontées sur leur chemin de vie, ce sont elles qui nous apprennent à vivre. « Ce qui anime nos nombreux bénévoles, c’est de voir redescendre les participants avec la banane. L’expérience de la beauté est nécessaire, tu aides ces personnes à construire leur vie autour d’une nouvelle passion. » (http://824000.org/)
Osons la bienveillance avec les pèlerinages alpins
Un temps de partage et de découverte, en portant un regard aimant, compréhensif et sans jugement sur soi et sur l’autre. Une marche de Ferret à l’hospice du Grand-Saint-Bernard pour rompre avec les rythmes effrénés du quotidien. Un pèlerinage qui a choisi une fois encore de favoriser les rencontres intergénérationnelles, en donnant une place privilégiée aux enfants et aux ados.
En vue du Synode des jeunes qui se tiendra à l’automne 2018, le Pape invite nos jeunes à poser les questions qui les habitent.
Par Vincent Lafargue Photos: LDD, DRFloriane Eigenheer, 28 ans, habitant Martigny (VS), vient de recevoir le baptême et la confirmation. La jeune femme a posé plusieurs questions à nos autorités ecclésiales. Mgr Alain de Raemy a retenu celle-ci à laquelle il souhaite répondre :
« Dans l’exhortation apostolique ″Gaudete et Exsultate″, ce qui est mis en avant est l’appel à la sainteté. Le fait d’être saint, selon le Pape (réagir avec douceur, savoir pleurer avec les autres, garder le cœur pur de tout ce qui souille l’amour, semer la paix autour de soi), est pour moi un code de bonne conduite humain. Pourquoi cet appel à la sainteté ne s’adresse-t-il qu’aux chrétiens ? Pourquoi ne pas l’étendre à tous les humains, pliant ainsi une des barrières nous séparant des autres religions ? »
L’évêque des jeunes, Mgr Alain de Raemy répond ainsi:
Chère Floriane,
L’exhortation du Pape à vivre la sainteté dans le monde actuel est-elle un simple code de bonne conduite humain ? Oui et non.
En lisant cette exhortation, on a vite compris qu’il s’agit d’imiter Jésus et de se fier à son enseignement. Inviter à cela, c’est de fait aussi de l’évangélisation. Dans ce sens oui, on peut dire que c’est une sorte de « code de bonne conduite » proposé à tous les hommes et pas seulement aux chrétiens. Ce texte ne commence d’ailleurs pas par l’habituel « aux évêques, aux prêtres et aux diacres, aux personnes consacrées et à tous les fidèles laïcs » et on n’y a pas non plus simplement ajouté « et à tous les hommes de bonne volonté ». Le texte commence abruptement sans s’adresser à personne en particulier. On peut dès lors dire que c’est une invitation « à qui que ce soit » à y lire et à y voir la chance de sa vie et de la vie du monde !
Mais d’autre part, quand on touche à Jésus et à son message, on touche à plus que de l’humain. Vivre l’amour de l’ennemi, par exemple, fait sauter le code humain. Croire que l’Esprit Saint le rend possible, c’est un acte de foi, ce n’est plus de la simple éthique. Aimer Jésus et à cause de cela changer de vie n’est pas l’adhésion à un simple code de bonne conduite humain. Le Pape le dit et répète : l’Eglise n’est jamais une simple ONG. Elle part de Jésus et conduit à Jésus. Cela change tout.
Mais une chose est sûre. Dieu est pour tous. Il a un seul projet pour toute l’humanité. Ce projet s’accomplit pleinement quand on se réfère explicitement à Jésus et quand on célèbre les sacrements qui nous transforment. C’est l’Eglise. Mais Dieu s’active chez tous. Son unique projet s’infiltre d’une manière ou d’une autre dans tous les cœurs. C’est pourquoi les frontières de l’Eglise traversent le cœur de chaque homme. Ce qui y est accueilli de Dieu (consciemment ou non) est déjà son projet « Eglise » en cours, ce qui est refusé de Dieu n’est pas « Eglise ». Il n’y a donc pas de barrières qui nous séparent les uns des autres. Il n’y a que ce qui, en chacun, chrétien ou pas, unit, oui ou non, à l’unique projet de Dieu pour tous.
Par Pascal Bovet
Photo: Hospice du SimplonSi le bâtiment de l’hospice du Simplon, construit vers 1830, donne une impression d’austérité, peut-être imposée par le cadre montagneux, sa chapelle comporte un ensemble d’icônes de grande taille, de composition contemporaine.
L’ensemble laisse voir, autour du Christ sereinement en croix et les dominant, les protecteurs de l’hospice et des religieux qui en ont la charge, les chanoines du Grand-Saint-Bernard. A gauche du Christ donc, saint Bernard de Mont-Joux, passé maître dans la maîtrise du démon, et saint Nicolas de Myre, très populaire en Italie voisine et qui a un pied à terre magnifique à Bari. Vénéré et fêté comme protecteur des enfants, il se fait ici protecteur des voyageurs.
Et à droite, saint Augustin et sa mère sainte Monique ont charge de veiller sur les religieux qui s’occupent du logis.
La croix ne correspond pas à nos coutumières représentations ; sa forme et son style nous viennentde la tradition byzantine, transmise par l’Italie. Cette forme de croix a été mise à la mode par Cimabue, au début de la Renaissance, et rendue populaire par le mouvement franciscain.
La couleur est sobre, le corps et le visage sont dépourvus de vie, mais pas outragés : point d’outils de la Passion, ni de pleureuses.C’est déjà un Christ « pascal ».De ses bras étendus, il fonde une famille chrétienne originale dont Marie est la mère et Jean le fils bien-aimé.
On joue beaucoup aujourd’hui, mais souvent tout seul, face à son écran. Jouer ensemble, voilà un ferment d’unité familiale! Diane et Vivien, un couple ludophile, proposent trois jeux modernes à tester cet été.
Propos recueillis par Bertrand Georges
Photo: DR
DIXIT, un jeu pour rêver
3-12 joueurs | 30min | 8+ ans
Rien de tel pour s’initier au jeu de société moderne que Dixit ! Pour vivre un moment de poésie, laissez-vous inspirer par les sublimes illustrations des cartes et faites travailler votre imagination. Chaque tour, un joueur désigné conteur choisit secrètement une carte de sa main et énonce une phrase ou un mot qu’elle lui inspire. Les autres joueurs remettent au conteur leur carte qui y correspond le mieux. Une fois les cartes dévoilées, tous votent pour celle qu’ils pensent être celle du conteur. Saurez-vous orienter les joueurs sans donner des indices trop évidents ?
MÖLKKY, pour profiter du plein air
Pour les journées ensoleillées, pourquoi ne pas essayer le célèbre et très apprécié Mölkky ? Douze quilles numérotées à renverser à l’aide d’un gourdin, pour marquer 50 points. Faites tomber la quille numéro 11 seule et vous marquerez 11 points, mais renversez les quilles 11 et 9 et vous ne ferez que 2 points. Et si vous dépassez les 50 points, vous retomberez à 25 ! Une alternative originale et tout terrain à la pétanque.
KINGDOMINO, pour ceux qui aiment la stratégie
2-4 joueurs | 20min | 6+ ans
Avec Kingdomino, vous découvrirez le plaisir d’un jeu stratégique, dès 6 ans ! Chacun devra construire un royaume autour de son château avec des tuiles et en suivant la même règle qu’aux dominos : pour poser une tuile, elle doit avoir au moins une face identique à sa voisine. Un jeu facile à comprendre, rapide et avec un matériel agréable, qui ravira petits et grands !Alors jouons ! Goûtons au plaisir d’être ensemble ! Donner du temps, c’est une manière d’aimer qui dit à l’autre combien il est important pour nous. Et ça construit la famille. Bonnes vacances !
« Qu’on apporte un peu d’eau, vous vous laverez les pieds et vous vous étendrez sous l’arbre. » (Gn 18, 4)
Par Nicole Andreetta
Photos : Anne-laure Gausseron« Du bonheur ! » s’exclame Clarissa, 9 ans, lorsqu’on lui demande ce qu’elle trouve au Foyer Abraham. « Un bon goûter et jouer au ballon dans la cour ! » ajoute son amie Serena. Jean-Marie, un retraité qui leur vient en aide pour leurs devoirs, hoche la tête en souriant.
Situé au cœur du Vieux Martigny, le Foyer Abraham accueille, chaque mercredi après-midi, jusqu’à 50 enfants et une vingtaine de femmes. Le 90% d’entre eux sont des requérants d’asile et des réfugiés.
Des bénévoles venus de divers horizons les reçoivent et proposent différentes activités : conversation française, soutien scolaire, jeux, bricolages, informatique…
Sandy habite Verbier, elle explique : « Mes petits-enfants habitent San Francisco, je les vois rarement. Ici, je peux être une grand-mère. »
Thomas, 24 ans, s’est engagé après un voyage en Suède : « Par le biais de couch surfing, je logeais chez une dame qui hébergeait deux jeunes réfugiés afghans. Nous avons sympathisé. Leur parcours de vie m’a impressionné. De retour en Suisse, j’ai voulu faire quelque chose pour les requérants d’asile. Je travaille comme boucher à 50%. J’ai beaucoup de temps libre ! Outre les mercredis que je passe ici, je suis aussi présent au Café du Parvis, un espace destiné plus particulièrement aux hommes. »
La responsable du lieu est Anne-Laure Gausseron. Oblate consacrée, elle appartient à la Congrégation du Grand-Saint-Bernard. L’hospitalité, c’est dans sa nature !
« L’exil est une expérience très dure. Il est nécessaire d’accueillir avec douceur ceux qui l’ont vécue… et sans les juger. Nos activités ne sont que des moyens pour entrer en relation. La priorité est donnée à la joie de la rencontre… qui peut engendrer de petits miracles. »
Anne-Laure organise également, pour les familles et les mineurs non accompagnés, des semaines de vacances et des sorties à la journée.
Saurez-vous retrouver ce quereprésentent ces images, et leur emplacement?[thb_image lightbox= »true » image= »3156″][thb_image lightbox= »true » image= »3155″]
Solution du jeu photos
1. Granges-Paccot, rue de Morat, entre le terrain de foot et le centre commercial d’Agy. Croix moderne en mémoire de la victoire fribourgeoise sur les Savoyards en 1448.
2. Givisiez, route du Château-d’Affry. Maison des séminairesdes diocèses de Lausanne, Genève, Fribourg et de Sion, ancien séminaire de Sion (1985).
3. Sainte-Thérèse, Grand-Torry. Maison des missionnaires de Bethléem, achetée en 1935 pour servir d’école missionnaire (fermée en 1972).
4. Saint-Paul, route de Villars-les-Joncs. Croix de tuf (1548),à la frontière des communes de Fribourg et de Guin(hameau de Villars-les-Joncs).
5. Saint-Maurice, place du Petit-Saint-Jean. Ange musicien, triton avec couteau à ébourrer sur la fontaine de sainte Anne, patronne des tanneurs (Hans Gieng, 1559-1560).
6. Saint-Jean, Ruelle des Liguoriens. Eglise de la Providence (1749-1762) et maisons n° 16 à 20 de la rue de la Neuveville, ancienne brasserie du Cardinal avant 1905.
7. Saint-Nicolas, rue des Epouses. Statue en bois de saint Nicolas de Myre (1515, copie), enseigne de l’ancienne confiseriede Saint-Nicolas.
8. Saint-Pierre, rue de l’Hôpital. Lanterneau de la chapelle Sainte-Croix, dans l’ancien hôpital des Bourgeois (fin du XVIIe s.).
9. Villars-sur-Glâne, avenue Jean-Paul II. Chapelle Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus (1849) dans l’enceinte du manoir de Bertigny, ancienne école des nurses.
10. Christ-Roi, boulevard de Pérolles. Espace de recueillementau sous-sol du site universitaire de Pérolles 2 (2001-2005).
Pour des raisons de commodité, les paroisses de St-Nicolas / St-Paul et de Divisiez / Granges-Paccot ont été scindées en deux. Source : « Guide artistique de la Suisse », tome 4b :Fribourg / Valais, 2012.
Propos recueillis par Thérèse Yang Photo: DRJ’ai eu un changement de vie radical il y a douze ans, lors de la fête de la Pentecôte. Cela faisait plusieurs années que j’étais attiré par la vocation religieuse, mais sans avoir la force de faire les renoncements qui s’imposaient. Cela m’a conduit à vivre des années difficiles de déchirement intérieur. Finalement, je me suis tourné vers le Seigneur pour qu’il vienne me sauver. Ma prière a été exaucée. Suite à cette expérience de Dieu, j’ai rejoint la Fraternité Eucharistein que je connaissais un peu, pour approfondir ma foi et discerner ma vocation. Après une année et demie, j’ai décidé de m’engager dans cette communauté.
Même si ma vie actuelle paraît à l’opposé de celle des années antérieures, à mes yeux je suis toujours dans la même dynamique : il y a une profonde continuité entre ma vie d’alpiniste et celle de religieux, puisque dans les deux cas, je marche vers un sommet, encordé en communauté à la suite d’un guide qui ouvre le chemin. Et d’une certaine manière, le prêtre est le guide dans la montagne de Dieu. Sa carte et sa boussole, c’est l’Evangile. Les sucres de raisin qu’il donne à ses clients pour donner de l’énergie, ce sont les sacrements, et tout l’entraînement personnel du guide de montagne se retrouve dans la vie du prêtre, sa vie d’ascèse et de prière.
Devenir prêtre, tout comme devenir guide, pour moi, c’est le don d’une grande responsabilité. L’Eglise me fait cette grâce de guider les âmes vers Dieu et j’ai à cœur de mettre beaucoup de sérieux dans cette tâche. Je n’ai pas d’angoisse particulière, quand bien même je suis pécheur et fragile comme tous mes frères et sœurs. J’ai une grande confiance, parce que j’ai beaucoup travaillé pour me former non seulement à la théologie, mais surtout à la vie spirituelle. La vie spirituelle se déploie lorsqu’une personne chemine vers Dieu. Dans cette vie, qui est une véritable aventure, il y a des règles, des modèles, des exercices spécifiques, mais aussi des adversaires ou des impasses. Les adversaires, ce sont les esprits mauvais, Satan, mais aussi ces tendances intérieures à nous-mêmes, ce que saint Paul appelle nos « tendances égoïstes ». Les impasses, ce sont des chemins qui ne mènent pas au but, chaque fois que nous nous laissons guider par de fausses doctrines, de fausses croyances sur Dieu ou sur nous-mêmes. Et j’appelle aussi impasse tout chemin qui mène à la tristesse et au désespoir. Parce que je suis profondément convaincu que l’être humain a pour vocation de devenir pleinement libre et heureux, et même si les chemins particuliers sont très nombreux, c’est la vie selon l’Evangile qui mène à ce but.
Je suis très heureux de devenir prêtre et je souhaite que beaucoup, spécialement les jeunes, puissent découvrir la joie de devenir responsables. Grâce à des témoins du Christ, j’ai pu découvrir la vraie liberté qui consiste à être capable d’aimer, de prendre des responsabilités et de transmettre la vie. Voilà le chemin sur lequel je suis et sur lequel j’espère que de nombreuses personnes puissent également marcher.
Biographie
Didier Berthod, d’origine valaisanne,a toujours été très marqué par le milieude l’alpinisme. Après une formationd’électricien, il devient guide demontagne. Il est connu comme un asde la grimpe des fissures, ayant tenté ou ouvert plusieurs voies très difficiles dans différents pays, notamment en Italie,au Canada, en Australie, aux Etats-Unis. Il a changé radicalement de voie il y a douze ans : âgé alors de 25 ans, il entre dans la Fraternité Eucharistein. Venu à Fribourg pour étudier la théologie, il a été ordonné prêtre à Vérolliez (VS) le16 juin, en même temps que Johannes d’Autriche.
Par l’abbé Philippe Blanc Photo: DRAvec ces paroles, le Pape nous invite à être disponibles et audacieux. Disponibles afin de ne pas nous enfermer dans nos habitudes et notre confort, audacieux afin de pouvoir entendre les appels de l’Esprit et ceux de nos frères et sœurs. Tout cela nous paraît bien beau au niveau des intentions, des idées… mais qu’en est-il pour notre vie concrète, pour cette vie ordinaire du quotidien ?
Accueillir les surprises du Seigneur… sinon, notre Eglise s’expose à deux risques : stagner et être incapable d’aller de l’avant (ce sont encore les paroles du Pape…). Et cela est vrai d’abord pour chacun de nous. Pour parvenir au sommet, pour suivre le Christ, nous avons besoin de vivre un certain allègement. Il y a tant de choses, de biens, de liens… qui alourdissent notre marche. Mais cela touche aussi probablement la vie de nos communautés, notre manière d’être chrétien dans le monde. Voulons-nous faire un « musée de souvenirs » ou sommes-nous prêts à accepter que « le Seigneur [vienne] nous réveiller, nous secouer dans notre sommeil, nous libérer de l’inertie » ? (c’est toujours le Pape qui parle…).
En équipe pastorale, nous nous sommes plusieurs fois posé ces questions : quel est l’essentiel auquel nous tenons parce qu’il est au fondement de notre relation personnelle avec le Christ et de nos engagements pastoraux ? Quel message est-il indispensable de proclamer pour que la vie nouvelle soit annoncée à toutes et tous, sans oublier que nous sommes appelés à témoigner non seulement par nos paroles, mais aussi par nos actes ?
Pendant l’été, prenons le temps de lire, de méditer, de nous confronter à ce beau document que le Pape nous a offert sur l’appel à la sainteté *… l’Esprit du Seigneur nous fera découvrir des pistes nouvelles et des réponses à nos questions.
* Gaudete et exsultate, exhortation apostolique sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel, pape François
Par Thierry Schelling
Photo: DRPour les vacances, vous êtes plutôt mer ou montagne ? Le pape François semble privilégier… le statu quo : rester à Rome, alors que Jean-Paul II ou Benoît XVI affectionnaient un chalet dans le Val d’Aoste ou les Dolomites et leurs nombreux sentiers de promenade.
Mais sous sa plume, François aime la géographie biblique, et particulièrement la montagne. Lors de l’angélus du 16 mars 2014, il décryptait l’épisode de la Transfiguration – sur une montagne, donc – en ces termes : « Je voudrais (y) souligner deux éléments significatifs, que je synthétise en deux mots : montée et descente. Nous avons besoin d’aller à l’écart, de monter sur la montagne dans un espace de silence, pour nous trouver nous-mêmes et mieux percevoir la voix du Seigneur. C’est ce que nous faisons dans la prière. Mais nous ne pouvons pas rester là ! La rencontre avec Dieu dans la prière nous pousse à nouveau à “descendre de la montagne” et à retourner en bas, dans la plaine, où nous rencontrons tant de frères qui ploient sous les peines, les maladies, les injustices, l’ignorance, la pauvreté matérielle et spirituelle. A ces frères qui sont en difficulté, nous sommes appelés à apporter les fruits de l’expérience que nous avons faite avec Dieu, en partageant la grâce reçue. »
Symbole fort Déjà dans son dernier message pour le Carême 2013, Benoît XVI avait mis en avant la montagne comme symbole fort : « L’existence chrétienne consiste en une ascension continue du mont de la rencontre avec Dieu pour ensuite redescendre, en portant l’amour et la force qui en dérivent, de manière à servir nos frères et sœurs avec le même amour que Dieu. » (no 3) Et le pape Ratzinger de s’appliquer tout spécialement à suivre cette invitation à grimper sur la montagne à l’aube de sa démission…
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