Faire ensemble

Le refus de la misère, c’est l’affaire de tous et c’est tous les jours!

Texte et photo par Nicole Andreetta ATD Quart Monde (Agir tous pour la dignité) est un mouvement fondé par le Père Wresinsky, il y a 60 ans.
Son but : permettre aux personnes vivant dans la précarité de s’exprimer et valoriser leur expérience de vie pour chercher, avec l’aide d’amis ou d’alliés, des solutions pour s’en sortir.
Les moyens utilisés : universités populaires, bibliothèques de rue… et tout projet créatif permettant d’établir des liens là où ils n’existaient pas.

En Suisse, ATD est présent à Bâle, Fribourg et Genève.

Esther, 23 ans vient de Nantes. Elle termine des études en travail social à l’université de Fribourg. Comme expérience de terrain pour son master, elle a choisi ATD. Emballée par la démarche, elle envisage de s’engager sur le long terme en tant que volontaire permanente.
« Ce qui m’a le plus interpellée, c’est qu’ici, les personnes en situation précaire ou d’exclusion sont appelées des militants. Leur parole est entièrement prise en compte. Ailleurs on parle d’eux comme des bénéficiaires de l’aide sociale. C’est dire le changement de regard ! »
D’origine haïtienne, Agnès a rejoint ATD d’abord en tant qu’alliée.
« Les alliés sont des personnes qui s’engagent autour des militants, là où ils vivent, agissent et travaillent. Ils suscitent d’autres engagements. C’était mon cas,
lorsque je travaillais pour Village SOS Enfants à Haïti. Au­-jourd’hui, en Suisse, je suis devenue volontaire permanente. Je trouve vraiment très difficile de se confronter à la misère des pays développés. Comment peut-on trouver des personnes si pauvres ici ? »

C’est par les bibliothèques de rue que Jean-Robert a connu le mouvement.
« Je fréquente ATD comme militant depuis 30 ans. Lors de ma première séance, j’avais très peur. Mais quand j’ai vu les personnes qui étaient présentes, j’ai pensé : c’est les mêmes que moi ! Et je me suis senti à ma place. Ici tout le monde est libre de dire ce qu’il a à dire et personne ne va le juger. »

La transmission est assurée. Les initiatives des plus jeunes sont vivement appréciées, telle la vidéo de Vincent Verzat : https://www.youtube.com/watch?v=GFD7lkfBYq0

https://www.quart-monde.ch

bandeau-accueil-requerants

Le troisième jour

Par l’Abbé Jean Genoud
Photo: PontifexPâques ! Le printemps bourgeonne. La campagne revêt un air de fête. Je creuse dans mes souvenirs. J’ai dix-sept ans. Avec un petit groupe d’amis, nous passons les jours saints à l’hospice du Grand-Saint-Bernard. Nous participons aux offices. Le jour de Pâques, après la célébration de l’eucharistie, nous chaussons nos skis et redescendons en plaine. Eblouissement ! Les cerisiers ont fleuri et égayent la campagne. La nature chante à nouveau la vie. Un poème de joie et d’espérance. Pâques !

Lors d’un pèlerinage en Terre sainte, nous rentrons le soir en autobus de Nazareth à Tel Aviv. A la nuit tombante, nous traversons une bourgade. Devant des maisonnettes en forme de cube, blanchies à la chaux, des braises brillent dans le noir. Au-dessus on apprête un agneau à la broche. C’est la célébration de la libération de la servitude en Egypte ; la fête juive de la Pâque.

Troisième tableau, en Grèce. Nous allons en voiture d’Athènes à Delphes. La route est sinueuse. Nous venons de passer un col. Au bas, dans la vallée, des lumières scintillent dans la nuit. Nous nous en approchons. Nous traversons un petit village, puis un pont sur un cours d’eau. Surprise ! A notre droite, un cimetière. Chaque tombe avec un lampion allumé. Une même espérance unit les vivants et les morts. C’est Pâques !

C’était un premier jour de printemps de l’an 30 ou 33. Les compagnons du Prophète de Nazareth venaient de vivre une semaine éprouvante, décevante. Leur Maître avait été arrêté par l’autorité religieuse de l’époque, condamné à mort et livré aux Romains pour être crucifié. Tout s’était passé si vite ! Les disciples en étaient complètement déconcertés. Bien sûr, par la mort violente de leur Maître et Seigneur. Mais aussi par leur lâcheté. Surtout Pierre, le fanfaron, qui avait affirmé que même si tous l’abandonnaient, lui non. Et au moment crucial, il nie le connaître. Il fait sombre. C’est la nuit ! Et tout resurgit dans la clarté du troisième jour. Le Christ est vivant ! Il a vaincu la mort. C’est Pâques !

Un dernier souvenir. J’étais jeune, servant de messe à la paroisse. Le regretté chanoine Gabriel Pont était vicaire. Il avait ses expressions à lui, percutantes. Le jour de Pâques, il nous répétait : « Le Christ est ressuscité… et zut pour le reste ! » Joyeuses Pâques !

La diversité de chacun fait la richesse de tous

Texte par Daniela Gillioz
Photos: Valérie Cloutier« La diversité de chacun fait la richesse de tous. » J’apprécie tout particulièrement cette réflexion de Jules Beaucarne. Elle résume à elle seule une des missions que la commission Intégration de Riddes poursuit depuis maintenant 5 ans : inciter les communautés étrangères à se rendre visibles, à susciter la curiosité et la découverte. Et de là, contribuer à ce que les uns s’enrichissent « humainement » en acceptant d’ouvrir leurs yeux sur les différences des autres.

En cela, rassembler des communautés de tous horizons lors des « repas de la diversité » se révèle être pour chacun – acteur ou consommateur – un espace approprié pour la connaissance de l’autre. Quoi de plus universel que de se mettre à table ? Quoi de plus convivial que de partager un repas et de s’émerveiller devant une danse orientale ou africaine ?

Dans ces rencontres, chacun y trouve son compte.

D’une part, les communautés étrangères se sentent reconnues et revalorisées dans leurs différences. En effet, c’est avec une fierté non dissimulée que les acteurs principaux de ces repas collaborent entre eux dans l’organisation de ces rencontres : décoration des stands, suggestions pour l’animation et surtout confection et service de mets riches en couleurs et parfums divers. Un engagement remarquable qui met en avant leur savoir-faire et la richesse de leurs cultures.

D’autre part, la population invitée à échanger autour de dégustations de plats typiques ou chants et danses d’ailleurs, est amenée à découvrir ce qu’il y a d’humain dans la différence tels que le savoir-faire, les émotions, un regard et non plus ce qui en fait l’obstacle comme la langue, la religion ou les coutumes. Une considération qui rééquilibre les rôles et devrait nous inciter à nous remettre en question.

Comme le disait le pape Jean-Paul II, en 2005, dans son message pour la journée du Migrant et du Réfugié : « Le contact avec l’autre amène […] à en découvrir le « secret », à s’ouvrir à lui pour en accueillir les aspects valables et contribuer ainsi à une plus grande connaissance de chacun. » Il est certain que le succès croissant de ces rencontres multiculturelles est encourageant pour la commission Intégration mais elle dénote surtout un bel esprit d’ouverture de la part de la population, prête à déceler le « secret » qui se cache dans l’autre.

Notre quotidien est rempli de ces diversités multiculturelles. A nous de trouver le moyen de nous enrichir !

4_repasmulti54_repasmulti4

 

Les nouvelles missions

Par Thierry Schelling
Photo: DR

 « Allez serrer des mains, Monsieur le Curé, me lançait un municipal lors de la croisière des aînés, ça ramènera du monde à l’église ! » Tout ce que je déteste : électoraliste et harangueur, pour remplir comme jadis nos parfois trop grands édifices religieux ? Très peu pour moi : je préfère dix convaincus à cent contraints.

Le pape François est clair : « C’est l’attractivité et le témoignage qui évangélisent, pas le prosélytisme ! » C’est vrai qu’on connaît ces fidèles qui choisissent leur prêtre, leur horaire de messe, voire leur église, par goût et parce qu’ils sont nourris ici et pas là. La réciproque pour le curé va aussi : mettre plus de présence où il en faut davantage – formule ignatienne ! – est gage de mission selon l’esprit de l’Evangile : quatre terrains ensemencés, mais un seul donnera du fruit !

A relire, le chapitre 6 de Jean, sur le pain de vie (vv. 22-71) ; très missionnaire, Jésus enseigne, assène presque, le sens eucharistique de sa vie. Et des disciples réagissent mal (v. 66) ; et Jésus ? Il les laisse aller… Quelle mission ?

Concert avec les textes de sainte Thérèse de Lisieux

Les plus beaux poèmes de sainte Thérèse de Lisieux revisités et mis en musique, comme autant de chansons d’Amour. Un album et un concert qui font du bien par l’essentiel des paroles et la force des mots. En relisant ensemble l’œuvre de sainte Thérèse, Olivier Mottet et Roche Colombe ont sélectionné les vers qui parlaient à leurs âmes afin d’offrir à chacun ses propres «armes».

This post is only available to members.
S'abonner

En librairie – avril 2018

Par Nicolas Maury et Sœur Franziska Huber de la librairie Saint-Augustin, Saint-Maurice

Des livres

courage-livreLe courage d’être soi-même

Supérieur du séminaire de Sion, le Père Joël Pralong s’intéresse aux voies spirituelles qui aident l’humain à grandir et à devenir lui-même. A travers cet ouvrage, c’est à l’analyse des relations avec les autres qu’il s’attelle. En commençant par constater qu’elles sont souvent dépendantes des mécanismes de défense qui modèlent la perception de la réalité et font souvent dramatiser les situations. En leur attribuant des noms humoristiques – du « Monsieur je sais tout » au « Caméléon » – il démontre leur fonctionnement et propose des pistes pour les contrecarrer.

Editions des Béatitudes

Acheter pour 20.40 CHFamePrenez soin de votre âme

C’est un petit traité d’écologie intérieure qu’a concocté le psychanalyste et biologiste Jean-Guilem Xerri. Partant du constat que les psychothérapies et la pharmacologie ne permettent pas de guérir la souffrance de l’âme, il note qu’elles renvoient à des tensions intérieures que les plus grandes traditions spirituelles de l’humanité ont identifiées. Ainsi, les Pères du désert, dès les premiers siècles du christianisme, ont développé une véritable médecine de l’âme. Celle-ci apparaît aujourd’hui d’une troublante actualité et d’une grande pertinence.

Editions du Cerf

Acheter pour 30.00 CHFcommentComment répondre aux questions brûlantes sur l’Eglise…

De l’embryon à l’euthanasie en passant par le mariage, le préservatif ou l’immigration, l’Eglise intervient sur les sujets de société qu’elle juge déterminants. Thème après thème, le journaliste anglais Austen Ivereigh et la blogueuse Natalia Trouiller offrent des pistes pertinentes et documentées aux catholiques pouvant être pris à partie pour expliquer certaines positions sur ces sujets brûlants. Ou comment établir un dialogue respectueux et fructueux plutôt que d’entrer dans une polémique stérile…

Editions de l’Emmanuel

Acheter pour 27.00 CHFeo_luminescencesLuminescences

Une publication originale, mais très belle, que ces « Luminescences ». Pour chaque semaine de l’année, le pasteur Pierre Boismorand de Martigny propose un texte poétique, méditatif ou protestataire, disposé en regard d’une peinture, d’une gravure ou d’une lithographie de l’artiste Jacques Perrenoud. Mgr Lovey signe la préface de ce livre qui se parcourt comme une traversée.

Editions Ouverture

Acheter pour 33.00 CHF

Infos

Ouvrages disponibles notamment dans les librairies Saint-Augustin de Saint-Maurice (avenue de la Gare, tél. 024 486 05 50, librairievs@staugustin.ch) ou de Fribourg (rue de Lausanne 88, 026 322 36 82, librairiefr@staugustin.ch) aussi disponible sur librairie.saint-augustin.ch

La vie au quotidien: un passage?

Par Gaby Zryd-Sauthier
Dessin: Marius Zryd 
Ce soir, ma tendresse se tourne vers les héros du quotidien. De notre quotidien, puisqu’il nous a été donné la grâce de vieillir à deux. Je m’interroge : quelle force les soutient, mettant entre parenthèses leurs soucis privés, pour s’attarder avec les nôtres ?

Sur ma table, un adieu laissé par une mourante et des faire-part de naissance. Le premier parle de l’âme, du passage mystérieux accepté d’avance, mais beaucoup craint. Je m’émerveille sur cet autre passage mystérieux qu’est la naissance. Chaque parent l’a expérimenté. Malgré une intimité de neuf mois, c’est un inconnu qui se pousse vers la lumière. Le moment d’après, ce bébé dans vos bras est la créature reconnaissable qui vous était destinée depuis toujours ! Avec son corps  et son âme qui la distinguent et vous remplissent de respect.

Quel avenir pour ces nouveau-nés ? Impuissante, je me rassure en regardant autour de moi et dans l’univers. Les raisons d’espérer sont là. Nous avons compris que chaque effort individuel comptait pour sauver la Création. J’attends aussi avec impatience le développement de l’énergie solaire, qui parle de partage universel plutôt que d’accaparement.

L’espoir… Survolant les étapes de ma vie, j’y trouve chaque fois cette constante, liée au désir d’améliorer le monde. Je vois une fillette qui priait. Le jeudi, pour la conversion des réformés et de son amie d’école. (Celle-ci demandait probablement juste le contraire à la chapelle protestante…) Le vendredi, pour le salut des incroyants. Mon cœur a été vite rassuré à leur propos. Ceux qui ont influencé ma vie avaient un idéal exigeant, ils œuvraient pour le bien de la société et s’en sentaient responsables. Nous avons appris à laisser les jugements à un Dieu de miséricorde.

Ma prière du jeudi a été exaucée de manière imprévue. Soixante ans plus tard, l’œcuménisme et ses rencontres m’ont enrichie de la lecture de la Genèse. La création du monde est jubilatoire, le Seigneur est satisfait de son œuvre. J’ai été réconfortée : aimer la vie sur terre, c’est dire merci au Créateur. Cependant, dans mes méditations nocturnes, les lettres que j’adresse à Dieu sont véhémentes : tant d’épreuves personnelles, tant d’injustice dans la société, tant de victimes innocentes ! Tant de bassesse chez les humains !

Heureusement, ces reproches ne sont pas qu’un constat d’impuissance… Ils débouchent sur des efforts pour rétablir l’équilibre entre le Bien et le Mal. Je revendique le droit de croire aux contrepoisons, à l’efficacité des gestes d’expiation. Le droit de chasser le désarroi par des élans de solidarité à notre portée. Bien sûr ils sont dérisoires : un grain de sable dans le désert. Mais qui sait leur poids sur les balances d’ailleurs ?

S’aimer dans le grand âge

Toujours dure longtemps! Surtout à notre époque où la vie joue les prolongations! Quand le grand âge et ses inévitables dépouillements survient, l’amour est alors purifié, conduit à des profondeurs insoupçonnées. Témoignages.

Par Bertrand Georges
Photos: pixabay.com people-2583943_1920Geneviève et Yves, comme bien des couples, ont expérimenté trois étapes dans leur amour : celle de la romance-fusion, qui est suivie par une phase de désillusion. Ce passage qui permet de redevenir qui nous sommes, prépare à ce qu’ils appellent la décision d’aimer. Tendre vers cette attitude permet de construire un amour qui respecte ce que l’on est. Geneviève relève qu’au fil du temps, elle a intériorisé qu’il est utopique de vouloir changer l’autre. Notre responsabilité est au contraire de nous (laisser) transformer nous-même pour mieux accueillir le conjoint. Si les deux entrent dans cette dynamique, on avance ensemble dans un véritable chemin de croissance en intégrant les changements qui n’empêchent en rien de vivre ensemble.

L’expérience de Jean-Benoît et Denise leur a montré que les épreuves ou la maladie peuvent aussi être vécues comme une chance dans le domaine de l’amour. Benoît relève que ces situations génèrent parfois une irritabilité qui demande un travail sur soi pour ne pas faire « peser » sur l’autre ce que l’on vit. Le handicap momentané ou durable invite à un amour qui se dépasse, qui se donne, qui prend le visage de l’entraide réciproque. Les limites liées à l’âge invitent aussi à un lâcher prise et à un amour plus gratuit, à l’acceptation du réel. Jean-Benoît et Denise soulignent volontiers combien la foi leur a été d’un grand secours. Ils aiment aussi rendre grâce pour ce qui est bon et beau.

Aujourd’hui, de nombreux jeunes, souvent marqués par des ruptures de leurs proches, craignent de s’engager pour toujours. Nos deux couples comprennent facilement cela, mais ils nous livrent leur secret : le mariage durable est composé d’une multitude de « chaque jour ». C’est donc au quotidien que l’amour nous donne rendez-vous.

Comme sur ces horloges
Les mêmes aiguilles, jour et nuit
S’en retournent l’une vers l’autre
Moi comme tu vois
Je retourne vers celle que j’aime depuis toujours
Pour seulement lui dire
Pour longtemps encore

Francis Cabrel

17 juin 2018: organisation de la fête paroissiale

Par Frédéric Monnin
Photo : Jean-Claude GadmerLe dimanche 17 juin prochain marquera la fin de l’année pastorale, et notre paroisse sera en fête.

Saint-Paul sera dans l’action de grâces pour cette année fructueuse, et aussi pour l’exemple donné par deux membres du Conseil de paroisse, qui le quitteront après de longues années de service.

Un grand repas sera organisé et plusieurs animations seront mises sur pied à l’intention des participants à cette grande journée de fin d’année.

Pour l’organisation, nous sommes à la recherche de personnes disposées à donner un peu de leur temps, le week-end de la fête mais aussi les semaines précédentes.

Merci aux personnes intéressées, « agiles » dans quelque domaine que ce soit (bricolage, nettoyage, logistique, communication…) de bien vouloir s’annoncer au secrétariat. Et que la fête soit belle !

Les multiples directions de la mission

Par Joël Akagbo
Photo: DRQuand je suis arrivé à Genève comme prêtre Fidei Donum (don de la foi), c’est-à-dire un prêtre prêté à un diocèse, l’impression était générale, beaucoup me disaient : « Avant c’était les prêtres européens qui venaient vous évangéliser, maintenant c’est vous
les prêtres africains qui venez nous évangéliser… » ; après un petit sourire, je dis
à voix basse, il y a encore beaucoup d’Européens missionnaires dans mon pays.

Il est vrai qu’au XVIe siècle, la mission était un mouvement qui partait de l’Europe vers les autres continents, vers l’Ouest et vers l’Est. Aujourd’hui, la mission ne se vit plus seulement sur l’axe Nord -Sud mais dans de multiples directions : d’Eglise du sud vers d’autres Eglises du sud , au sein d’un même continent où d’un continent à l’autre. Ceci selon la mission universelle de l’Eglise, qui ne connaît pas de limites et concerne le salut dans toute sa richesse selon la plénitude de vie que le Christ est venu nous apporter.

L’appel du Christ : « De toutes les nations, faites des disciples, baptisez-les au nom du Père et du  Fils et du Saint Esprit » traverse l’esprit et grandit dans le cœur d’un jeune prêtre. Quand j’ai été ordonné prêtre, j’ai fait graver sous le pied de mon calice ces mots : « Par amour, j’irai partout où besoin sera… »

Ma première tentative de mission, c’était pour le Tchad, un pays dont le catholicisme représente 20 % de la population, où le manque de prêtres se faisait sentir. Mais finalement je me suis retrouvé comme prêtre Fidei Donum dans le diocèse Lausanne-Genève-Fribourg à la suite d’une convention signée par l’évêque de mon diocèse au Togo, Mgr Isaac Jogues Gaglo et l’évêque du diocèse de mission, Mgr Charles Morerod.

La mission, c’est porter partout Jésus, porter son amour en disant oui à la joie.

Quelle joie pour moi de faire cette expérience très riche !

Roberto Simona, un homme de terrain

De retour du Niger, Roberto Simona, responsable pour la Suisse romande et italienne de l’Aide à l’Eglise en détresse (AED), évoque son séjour à Zinder, l’une des plus importantes villes du pays, où la petite communauté chrétienne a subi de lourdes persécutions. Pour ce fin connaisseur des minorités chrétiennes en pays musulmans, les dynamiques de violence et les questionnements sur la foi ne sont pas si différents de ce que nous connaissons en Suisse.

Par Pascal Ortelli
Photos: Roberto Simona« Je ne suis pas un super-héros », affirme-t-il d’emblée. Cet ancien de la Croix-Rouge travaille depuis 2003 pour l’AED, une œuvre catholique internationale qui vient en aide aux chrétiens persécutés. Lorsqu’on lui demande s’il lui faut une bonne dose de courage pour se rendre au cœur des zones de conflit, il répond avec naturel qu’il ne fait que son travail et que c’est son charisme. « L’important, ajoute-t-il, est que chacun vive à fond sa vocation, peu importe que ce soit en Suisse ou dans un pays en guerre. » Le ton est donné par ce père de famille qui se rend plusieurs fois par an à l’étranger, sur le terrain, pour suivre l’évolution des projets soutenus et se faire une idée concrète de ce qui se passe.

Roberto Simona à l’écoute de la jeune population locale.
Roberto Simona à l’écoute de la jeune population locale.

Embarquement immédiat

24 janvier 2018, 17h, heure lo­cale : atterrissage à l’aéroport de Niamey. Départ à 5h le lendemain pour seize heures de route ; arrivée à 21h à Zinder où enfin son travail peut commencer. Roberto Simona y rencontre d’abord la communauté chrétienne locale, à peine quelques centaines d’âmes sur plus de 300’000 habitants. L’état des lieux de la paroisse est sans appel : toutes les infrastructures ont été détruites ou abandonnées. En 2012, l’église a été incendiée suite à la diffusion du film polémique Le Prophète, puis il y a eu plusieurs morts à l’issue des manifestations anti-Charlie Hebdo, sans compter l’attaque de l’école catholique, prise à coups de pierre par des enfants. Il importe d’investir dans la réparation de l’église, même si une telle mésaventure peut se reproduire et que se pose la question de la gestion future de l’édifice. L’église reste, pour ces chrétiens, leur principal lieu de rassemblement d’où ils peuvent rayonner. Roberto Simona poursuit ensuite son travail par une visite de la ville et de ses environs. Il noue des contacts avec la population locale musulmane, qui lui permettent de mieux saisir la manière dont la minorité chrétienne est perçue. Il s’agit de précieuses informations pour son bilan qui, à terme, aidera à calibrer le soutien apporté par son organisation et à mieux mesurer l’impact d’une poignée de chrétiens en terre musulmane.

Etre chrétien au Niger, c’est vivre le désastre…

« C’est savoir que tu appartiens à une minorité insignifiante », déplore Roberto. Car le Nigérien chrétien est le plus souvent un converti qui subit inévitablement le rejet de son entourage. De plus, il n’est pas reconnu comme un citoyen véritable. Même s’il est tout à fait possible d’entretenir de bonnes relations avec son voisinage musulman, la situation peut très vite se détériorer, comme en témoignent les violences récentes. Celles-ci sont dues essentiellement à la prolifération de groupes criminels associés à Boko Haram ou Al-Qaïda, entrés par les frontières nigériane et malienne. Au Niger, pays parmi les plus pauvres, ils trouvent un terrain propice pour le recrutement et pour la diffusion d’un islam extrémiste qui ne correspond pourtant pas à l’ancrage local. On s’en prend alors aux chrétiens.

… mais aussi s’ouvrir au miracle

A ce sujet, une chrétienne de Zinder lui a raconté qu’un millier de jeunes embrigadés étaient arrivés à la paroisse pour casser tout ce qui « puait le chrétien ». Avec plusieurs autres, elle a réussi à se cacher dans une vieille chambre. Alors que les forcenés cherchaient à s’introduire pour les tuer, elle a tenu seule la poignée de la porte et senti comme une force extraordinaire… Puis, les jeunes ont dû s’enfuir, car un incendie venait de se déclarer ! Miser sur l’éducation, assure Roberto, reste la voie royale pour combattre la radicalisation. Et d’ajouter qu’un chrétien pourrait tout autant y succomber. Les défis, bien qu’ici mieux cachés en apparence, sont absolument les mêmes pour nos jeunes.

Tout en se posant les mêmes questions que nous !

Tout au long de son périple, il est escorté par Philippe, un chrétien de 40 ans qui lui partage ses doutes sur sa foi. Son frère prêtre, maintenant mort de maladie, a également vécu une profonde crise. « Ce qui m’a frappé, souligne Roberto, c’est qu’ils se posent exactement le même genre de questions que nous. » Comme quoi, du Nord au Sud, nous sommes vraiment tous confrontés aux mêmes défis. Et de conclure sur une note d’espérance : « Se rendre présent sur le terrain ouvre des perspectives insoupçonnées – et pas seulement financières. Souvent, pris par la détresse du quotidien, les gens que je rencontre ont le nez dans le guidon. J’essaie alors de leur communiquer mon regard extérieur, et ensemble, nous trouvons des pistes pour construire un avenir meilleur. »

Femme de la Bible: Anne

Anne, la stérile
Elkana avait deux épouses : Penina qui lui donnait des enfants et Anne la préférée de son époux, qui était désespérée, car stérile. Anne monte au temple de Silo et pleure devant Dieu en le suppliant de lui accorder un enfant. Au cœur de son désespoir, elle promet à Dieu de lui consacrer son enfant si Celui-ci lui permet de concevoir.

This post is only available to members.
S'abonner

Le Pape (com)missionne!

Par Thierry Schelling
Photo: DRIl y avait Les missions : convertir les païens, et pour cela, les papes, dès le IVe siècle, développent ressources, stratégies et personnel, aux quatre points cardinaux ! Le summum ? Pie XI, le pape des missions : le premier à bénir urbi et orbi la Ville et le monde ; pionnier de l’apostolat des laïcs – et non plus seulement des prêtres et des religieux – pour l’évangélisation de la société (Action catholique) ; le premier à ériger plus de 250 circonscriptions ecclésiastiques en Afrique et en Asie et à donner une ampleur réelle à la Congrégation Propaganda Fide, qui organise la vie de centaines de diocèses dans le monde.

Puis ce fut Jean-Paul II, grand « metteur en scène » du Concile Vatican II ; on parle alors de la mission : de chacun, dans sa vie spirituelle, sociétale, familiale, ecclésiale. Naissent de nombreux mouvements d’Eglise avec un point commun : une forte identité catholique, au service du Magistère officiel. Reformulation : la nouvelle évangélisation. Un dicastère de la curie est même créé à cet effet par Benoît XVI.

Arrive François, et son « Eglise en sortie », notamment son non à l’acédie égoïste : « La pastorale en termes missionnaires exige d’abandonner le confortable critère pastoral du “on a toujours fait ainsi”. » (Evangelii gaudium, no 33) Avec une sanglante con­clusion : « Je préfère une Eglise accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Eglise malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités. Je ne veux pas une Eglise préoccupée d’être le centre et qui finit renfermée dans un enchevêtrement de fixations et de procédures. Si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie. Plus que la peur de se tromper, j’espère que nous anime la peur de nous renfermer dans les structures qui nous donnent une fausse protection, dans les normes qui nous transforment en juges implacables, dans les habitudes où nous nous sentons tranquilles, alors que, dehors, il y a une multitude affamée… » (no 49)

Quel élan missionnaire !

Osera-t-on ?

En route vers le Synode

synode_jeunes2

 

Par Frédéric Monnin
Photos : DR, Vincent Lathion
Le pape François a convoqué une nouvelle assemblée générale du Synode des évêques du 3 au 28 octobre 2018 à Rome. Le thème en sera la jeunesse, la foi et le discernement vocationnel. 

A cette occasion, l’équipe de rédaction de votre bulletin a souhaité donner la parole à celles et ceux qui seront au centre des discussions des Pères synodaux: les jeunes. Chaque mois, nous demanderons à plusieurs jeunes de nos UP de s’exprimer sur un thème. En avril, ce sont Amandine et Vincent qui répondent à LA question de saison: 

«Quelle mission te sens-tu appelé à accomplir dans l’Eglise?»

Amandine

amandine-bJe m’appelle Amandine, j’ai 28 ans et je suis assistante pastorale dans l’UP Mont-Blanc (la basilique Notre-Dame et l’église de la Sainte-Trinité).

Je viens d’une famille catholique pratiquante et engagée et je me suis logiquement assez vite engagée en Eglise: j’ai commencé comme servante de messe l’année de ma première communion, puis j’ai été responsable du groupe de servants de messe, catéchiste, lectrice, animatrice dans des camps voc’…

J’ai rêvé toute mon enfance de devenir bibliothécaire et j’ai un peu choisi d’étudier la théologie sur un coup de tête, mais en réalité, c’était déjà en moi d’une certaine manière. Mes études m’ont tellement passionnée que je me suis lancée dans une thèse en théologie pastorale.

Je ne saurais pas vraiment dire quelle est ma mission : j’essaie de faire le mieux de mon mieux pour suivre la volonté de Dieu en espérant ne pas trop me tromper. Par contre, ce que je sais, c’est que ce qui m’anime, c’est de partager l’Espérance qui est en moi (1 P 3, 15).

C’est là que mon métier et ma thèse se rencontrent : comment parler de Dieu aujourd’hui ? Quels moyens utiliser, non pas pour rejoindre une masse appelée « nos contemporains » ou « la société », mais chaque homme et chaque femme dans sa spécificité ?

Depuis quelques années, je suis membre d’une association qui s’appelle CASA (Communauté d’Accueil dans les Sites Artistiques) et dont le but est de proposer des visites guidées qui présentent non seulement les aspects artistiques et historiques des églises, mais aussi la spiritualité. Je crois que l’art est un moyen merveilleux de mener à ce qui nous dépasse, ou plutôt à Celui qui nous dépasse.

Vincent, séminariste

vincent-lathionIl me semble que je suis appelé avant tout à laisser grandir mon amour de Dieu et à le partager, deux actions qui sont pour moi indissociables. Cette croissance et ce partage doivent d’abord se faire au sein de la communauté pour rayonner ensuite au-delà d’elle.

Il me semble qu’il incombe tout spécialement au prêtre de veiller à cela. C’est à cette tâche que je me sens appelé : être celui qui prend soin et nourrit la communauté qui lui a été confiée et qui se laisse aussi former et nourrir par elle. Ainsi la communauté tout entière baignera dans la lumière du Christ et celle-ci inondera le monde pour la plus grande gloire de Dieu !

Parler de la mort, célébrer la vie

Photos: Marie Cenec / LddCe samedi 17 février s’est tenue une conférence très intéressante sur ce sujet. Organisé par la pasteure Marie Cenec de la paroisse Champel-Malagnou, avec l’aide de la paroisse catholique de Sainte-Thérèse, cet événement a réuni trois illustres conférencier :

Prétendre reproduire, à travers ces quelques lignes, les émotions qui nous ont été transmises lors de ces trois interventions serait pur orgueil de notre part. Cependant, un certain nombre de pistes de réflexion qui nous ont été suggérées lors de ce séminaire mérite de s’y attarder. D’abord, l’éloge de la fragilité. Cette « faiblesse » que notre société rejette à tort, alors qu’il s’agit de notre humanité. Personne n’échappera à la mort, quoi que l’on puisse croire. C’est quand je suis faible que je suis fort, disais saint Paul. Ensuite, le dialogue. Pour reprendre une phrase du Père Ringlet, la mort parlons-en pendant qu’il fait beau. En lien avec la fragilité, nos sociétés ont tenté d’effacer ce signe de faiblesse extrême qu’est la mort. Résultat : un tabou qui nous empêche de parler vrai et surtout d’échanger. Combien de situation de désespoir nous rencontrons tous les jours parce que ce sujet n’a pas été démystifié. Pourtant Christ nous a dit de ne pas avoir peur. Troisième piste de réflexion, qui rejoint la première, c’est l’âge moyen des participants à cette session : l’audience n’était plus majoritairement dans la belle saison. Plus nous engagerons le débat lors des jeunes années de nos enfants, plus le débat sera serein. Il nous faut donc faire envie aux jeunes de venir à ces conférences.

Pour continuer votre réflexion, je vous propose également de consulter les ouvrages mentionnés dans cet article. Et surtout, parlez-en.

Marie Cenec

marie-cenecPasteure bien connue de notre communauté, à la tête de la paroisse réformée de notre quartier. Auteure/co auteure en autres de « La passion du verbe », « Faire la paix avec la terre » et « C’est tous les jours dimanche ». Et comme si ses charges de pasteure et d’écrivaine ne suffisaient pas, co anime également à la librairie Payot (Rive Gauche) les rencontres œcuméniques « un auteur un livre » avec Dominique Mougeotte.

Gabriel Ringlet

gabriel-ringletPrêtre catholique belge, pendant longtemps vice-recteur de l’université catholique de Louvain, aujourd’hui émérite. Son parcours comporte aussi bien le journalisme dans ses dimensions professorales, éthiques et poétiques ainsi que le sacerdoce depuis 1970. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont « Un peu de mort sur le visage », « Vous me coucherez nu sur la terre nue », « Ceci est ton corps » et « Eloge de la fragilité » pour ne citer que ces quelques titres. Le thème de sa présentation parle pour lui-même « La mort, parlons-en pendant qu’il fait beau ».

Louis Loutan

louir-loutanDocteur et professeur associé en médecine internationale à l’université de Genève, membre du comité directeur du Geneva Health Forum, spécialiste en médecine tropicale et auteur de nombreuses recherches dans ce domaine. Dans le cadre de son engagement dans la Commission santé d’Uni3, il s’intéresse aux questions qui touchent à la fin de vie. D’ailleurs sa présentation le prouve : « Réflexions et questions d’un médecin sur la fin de vie ».

Ma mission – Comment se vit la foi à Hong Kong?

L’Eglise est universelle!

Texte et photos par Valentin Roduit

La mission, une joie affichée.
La mission, une joie affichée.

Ce fut ma meilleure surprise à mon arrivée à Hong Kong, pour une année de mission au cœur de ma formation au séminaire. Je m’en suis rendu compte lors de la première messe en cantonnais à laquelle j’ai participé. C’était vraiment du chinois pour moi, mais j’ai tout compris !

Puis avec le temps, quelques heures de transpiration et de bienveillance de la part de mon entourage, j’ai réussi à pénétrer un peu leur culture. Mais c’était sans compter le Nouvel An chinois, que j’attendais sans savoir quoi attendre, et qui m’a apporté son lot de surprises. Enveloppes porte-bonheur avec quelques dollars distribuées à la messe ou entre paroissiens, danse du dragon dans la salle paroissiale et partage de gâteau et du cochon du Nouvel An. J’ai même vu passer le « Dieu de la fortune » dans la maison de retraite tenue par des sœurs, là où je rends les services que je peux.

Si je devais décrire l’Eglise de Hong Kong, je dirais qu’elle est en sortie, mais bien ancrée dans la tradition de l’Eglise. Le diocèse, qui sert souvent de porte d’entrée pour le reste de la Chine, se constitue d’une bonne moitié de prêtres missionnaires. En contraste avec les prêtres locaux qu’on peut qualifier de « romains », ce sont les missionnaires qui en général sont très attentifs aux minorités, à relever les perles cachées dans la culture qu’ils ont épousée lors de leur départ en mission. Je crois qu’il y a là l’essentiel de la mission, que ce soit chez nous ou ailleurs. Il s’agit de savoir relever le bon en chacun, en chaque chose, pour l’élever vers Dieu. Montrer que tout ce que nous sommes et avons est fait par et pour l’amour de Dieu.

Ma mission est courte et modeste, mais c’est là ce que je retire de la manière dont les petites sœurs des pauvres chérissent les personnes âgées qui leur sont confiées ; et du souci pastoral qu’a l’aumônier de la CCFHK 1 que chaque membre trouve comment faire fructifier les talents que le Seigneur lui a confiés.

J’espère revenir l’automne prochain avec ce désir brûlant de faire connaître aux autres le Seigneur et que c’est dans la relation avec Lui que devient magnifique tout ce qu’Il nous a déjà donné lui-même.

1 Communauté Catholique Francophone de Hong Kong

«Malheur à moi si je n’évangélise pas!»

Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR
Les envois en mission sont nombreux dans les Evangiles, comme pour cette année liturgique dans la finale de Marc (16, 48). Le relativisme interreligieux ambiant peut nous faire penser : « A quoi bon annoncer la Bonne Nouvelle ? Laissons chaque être dans ses convictions personnelles, puisque toutes les religions se valent. »

C’est alors que retentissent les cris de Paul : « Malheur à moi si je n’évangélise pas ! » (1 Corinthiens 9, 16b) Proclamer l’Evangile ne constitue pas pour lui un titre de gloire, dont il aurait l’initiative. C’est bien plutôt une nécessité interne qui s’impose à lui : il a été retourné par le Christ sur le chemin de Damas. Sa vie a basculé. Il ne peut pas garder pour lui un tel trésor (vv. 16-17).

Sa récompense ? Recevoir en retour, de la part du Christ et des destinataires, mille fois plus que ce qu’il peut leur offrir. S’il agit gratuitement, il sera comblé en plénitude (v. 18). Comment procède-t-il ? En ne faisant acception de personne, en se tournant vers chaque être sans exception, en « se faisant tout à tous », tel le serviteur de tous, comme l’a fait Jésus-Christ lui-même (vv. 19-23). Ainsi recevra-t-il la couronne qui ne flétrit pas, bien plus précieuse que toutes les récompenses olympiques, une couronne qui nous est promise également si nous courons à la suite du Maître (vv. 24-27).

« Passer » la Bonne Nouvelle conduit donc au bonheur, clame Jean-Paul II dans son encyclique La mission du Rédempteur. Elle n’est pas facultative. Si l’Eglise n’évangélise pas, elle dépérit, elle se meurt. L’évangélisation est source de joie infinie, renchérit le pape François dans son exhortation La joie de l’Evangile. Le Père lui-même nous envoie à la suite du Fils, par l’Esprit. Dans toutes les périphéries, géographiques et existentielles, dans les marges et auprès des désespérés. Si nous ne témoignons pas à d’autres du mystère pascal de la mort et de la Résurrection du Christ, notre foi et notre joie s’étiolent, ajoute encore l’apôtre des nations dans la même Epître (15, 14-19).

La mission: ici et là-bas!

Texte et photos par Guy Luisier, missionnaire au Congo et en Valais pour l’Abbaye de Saint-MauricePlusieurs fois dans l’année, je fais le voyage entre l’Afrique et l’Europe. Je me souviens d’un jour où, sur ma colline congolaise, je m’occupais de ma valise quand un paroissien me demanda pourquoi je partais en Europe : « Tu es bien ici, on t’aime bien, tu t’es habitué, reste avec nous, pourquoi partir ? » J’ai répondu : « Parce que je vais en mission. » Je vois encore son regard interloqué.

A l’opposé, les dames de Salvan, quand j’étais leur curé et que je leur avais annoncé que je les quittais pour aller dans la brousse africaine, me firent souvent et subtilement comprendre que « la mission, c’est ici ! »…

Ces deux réactions mettent le doigt sur le sens de la Mission du Chrétien, surtout à notre époque où les pays « du Sud » (l’ancien Tiers-Monde) sont davantage « chrétiens », mais pas nécessairement plus « évangélisés » que les pays de vieille (et un peu usée) chrétienté.

Je suis persuadé que pour comprendre ce que c’est que la mission, il faut tenir ensemble les deux mots contradictoires : ici et partir !

La mission c’est d’abord « ici ». Personnellement, quand je suis au Kasaï, je suis interpellé par Jésus qui me demande de « le dire et le vivre » là où sont mes sandales. C’est l’exigence du réel contre la fuite. Faire surgir un peu d’évangile quand tout semble faussé par le désespoir, perverti par les besoins matériels, manipulé par les tactiques d’une autre culture. Ici, Jésus veut être et attend de moi que je l’aide à être. C’est exactement la même chose quand je marche dans la neige d’un hiver valaisan. C’est là, c’est ici, que le Christ veut par moi être…

Et puis « partir ». Partir en avion pour découvrir une humanité étrange, revenir en avion pour se rendre compte que l’humanité a des étrangetés partout et peut être fraternelle partout… Partir, pour ne pas s’installer dans ses convictions trop confortables, pour ne pas s’encroûter dans un évangile déconnecté.

Pas besoin d’aller loin pour découvrir l’étrange : en Europe, il suffit quelquefois de faire deux pas hors de la maison ou de la sacristie. « Partir » est donc une exigence fondamentale de la mission, même pour les chrétiens qui ne prennent jamais l’avion et qui restent « ici ». C’est partout ici.

Et ne nous laisse pas entrer en tentation (Lc 11, 4)

Dès Pâques, l’Eglise nous a invités à adapter la traduction de l’avant-dernière demande de la prière du Notre Père. C’est un nouveau réflexe à prendre, pas aisé tant est grande l’habitude de réciter cette prière. C’est une bonne occasion de la méditer à nouveau frais…

Par Simon Roduit, séminariste
Photo: DRIl est tout d’abord intéressant de remarquer qu’un changement de traduction montre qu’il y avait une mauvaise compréhension du message, et qu’on nous propose une compréhension renouvelée du même message.

La prière du Notre Père se trouve en partie dans l’évangile selon saint Luc et intégralement dans celui de saint Matthieu. Le texte est écrit en grec, mais il a certainement été enseigné à l’oral par Jésus à ses disciples en araméen, dans un contexte religieux où les textes sacrés étaient écrits en hébreu. A partir d’un tel contexte multilingue, la transmission d’une prière enseignée par Jésus doit donc être continuellement traduite selon les périodes pour la comprendre de manière juste. Dans le contexte sécularisé qui est le nôtre, une adaptation était devenue nécessaire afin de ne pas comprendre la tentation comme venant d’un « Dieu qui me jetterait dans la tentation pour voir ensuite comment je suis tombé. Mais Dieu est un père qui aide à se relever tout de suite ». 1

Dieu est justement celui qui est présent avec nous continuellement (Mt 28, 20) et qui veille sur nous. (Ps 121, 5) C’est nous qui nous éloignons de lui lorsque nous péchons. Lui veut nous combler et chemine pour cela à nos côtés. Saint Jacques nous dit dans sa lettre : « Dans l’épreuve de la tentation, que personne ne dise : « Ma tentation vient de Dieu. » Dieu, en effet, ne peut être tenté de faire le mal, et lui-même ne tente personne. Chacun est tenté par sa propre convoitise qui l’entraîne et le séduit. » (Jc 1, 13-14) Tout le combat spirituel réside dans le fait de ne pas se laisser entraîner, avec l’aide de Dieu. Dans le livre de l’Exode, la Bible nous présente un Dieu qui accompagne le peuple hébreu dans son chemin vers la terre promise, et lorsque le peuple murmure contre le Seigneur et demande à retourner en Egypte dans leur esclavage passé, Celui-ci lui donne la manne pour manger chaque jour à sa faim et continuer à avancer même dans les épreuves. (Ex 16-17) Dans les épreuves de nos vies, rappelons-nous que « Dieu est fidèle : il ne permettra pas que nous soyons éprouvés au-delà de nos forces. Mais avec l’épreuve il donnera le moyen d’en sortir et la force de la supporter. » (1 Co 10, 13) Ainsi, on voit que Dieu ne désire pas que l’on tombe mais veut que nous sortions plus forts d’un temps d’épreuve. Pour avancer dans ce chemin de vie, écoutons Jésus, qui est la Parole de Dieu incarnée et qui a traversé les tentations au désert. Au moment le plus sombre de sa Passion, il a recommandé à ses disciples de « veiller et prier pour ne pas entrer en tentation ». (Mt 26, 41) Afin de rester vigilants et éveillés (cf. 1P 5, 8), suivons ces recommandations du Christ pour ne pas entrer en tentation et prions en toute confiance, comme des enfants de Dieu : Notre Père,… (Mt 6, 9-13)

1 Pape François, 06.12.18, émission Notre Père TV 2000.

Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial
LinkedIn
Share
WhatsApp