Piété et tradition

La foi du charbonnier et celle du théologien ont-elles le même droit de cité dans l’Eglise? La foi s’est toujours exprimée sous des formes marquées par la culture où elle a pris racine, tantôt plus populaires, tantôt plus rationnelles.

Par Pascal Bovet
Photos: Jean-Claude Gadmer
Les fidèles en procession de la Fête-Dieu ou le professeur de théologie proclamant « la vérité » du haut de son pupitre ont en commun la confiance, ou la foi, et l’attachement à une personne qu’ils nomment parfois Dieu et parfois l’Autre.

Dans un même passage biblique, une femme cherche à toucher la frange du manteau de Jésus… et un chef de la synagogue fait venir Jésus au chevet de sa fille : les deux sont exaucés. (Matthieu 8, 18-26)

Rogations et petits pains

Dans une tradition proche de la terre, il y avait l’intercession des fidèles pour un temps clément et pour des récoltes favorables. Et pour l’exprimer, les fidèles prenaient le chemin des champs, s’arrêtaient à une croix, priaient le rosaire, faisaient mémoire des défunts : un rite symbolique avec le cosmos, Dieu et les défunts. Et cela, suivant les paroisses, durant les trois jours précédant l’Ascension. Beaucoup de contemporains n’ont pas connu cette pratique, impensable en milieu urbain. Aujourd’hui, les rogations ne remplissent plus les greniers !

Le mois de février était riche en rites populaires : à la sainte Agathe, les petits pains rappelaient le martyr de la Vierge et devenaient assurance contre l’incendie. Toute proche, la Saint-Blaise vous protégeait des maux de gorge peu après avoir goûté aux crêpes de la Chandeleur.

Le carnaval signifiait la fin des festivités et l’entrée en austérité. Certains y voient des pratiques obscures alors que d’autres re­grettent ces expressions de piété populaire. 

De quel droit pouvons-nous juger de la foi d’autrui ? Depuis que l’homme est humain, il a pensé pouvoir compter sur une protection contre la nature qui peut lui être hostile, sur la nourriture dont il a besoin et sur les fêtes qui marquent les saisons et les évé­nements. Et il se tourne vers ce qu’il perçoit comme un salut, en un mot Dieu : le pèlerin en marchant, ce qui n’empêche pas de réfléchir, le professeur en enseignant, ce qui ne doit pas l’empêcher de marcher.

Religion populaire: come-back?

Les effets de la Réforme protestante, l’évolution des sciences peuvent pousser à croire à la vanité de certaines pratiques douteuses. L’argument ne manque pas de pertinence : ce ne sont pas les sacrifices que je veux, mais la volonté de mon Père… Si tu es Fils de Dieu, change ces pierres en pain…

On peut se demander parfois jus­qu’où va cette foi, tant son expression surprend ou s’attache à des éléments étranges, soupçonnés de pouvoirs magiques, de visions et de miracles. L’expression populaire n’est pas à l’abri des excès et de déformations. « Regardée avec méfiance pendant un temps, elle a été l’objet d’une revalorisation dans les décennies postérieures au Concile Vatican II. » (Pape François, La joie de l’Evangile,
no 123)

Une succession de papes

D’origine sud-américaine, le pape François a grandi dans un climat de religion populaire avant de se pencher plus intellectuellement sur la foi. Sa fibre communicative est d’abord expression extérieure qui traduit un intérieur. Pour lui, la piété populaire est la porte de la foi, la première entrée possible et praticable, transmise souvent par tradition plus que par conviction, où les sens jouent un rôle important. 

Mais déjà ses prédécesseurs, de Paul VI à Benoît XVI, ont re­connu la valeur de la piété populaire qui peut jaillir du cœur des simples en toute vérité. La Nouvelle Evangélisation, chère au pape Jean-Paul II s’est fondée sur la piété populaire. Le Droit canonique spécifie les devoirs et limites à respecter dans le culte, les sacrements, la vénération des saints et les bénédictions. 

L’expression n’est pas encore courante lors du Concile Vatican II. On se méfie encore de ce qui peut porter ombrage à une foi pure, sans compromission avec la magie. On doit au pape Paul VI, par son exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi, d’avoir mentionné positivement la piété populaire comme une expressions de l’Esprit Saint pour la mission de l’Eglise. « Elle traduit une soif de Dieu que les humbles et les pauvres peuvent connaître. » (Evangelii Nuntiandi, no 48) Le pape François va jusqu’à écrire : « On peut dire que le peuple s’évangélise continuellement lui-même. D’où l’importance de la piété populaire, expression authentique de l’action missionnaire spontanée du Peuple de Dieu. Il s’agit d’une réalité d’un développement permanent où l’Esprit Saint est l’agent premier. » (La joie de l’Evangile, no 122)

Pourquoi des réserves ?

Une certaine ambiguïté subsiste : mouvement autorisé, inspiré par l’Esprit, mais spontané… donc sujet aux menées partisanes ou intéressées toujours possibles. 

Durant plusieurs siècles, ce sont les fidèles qui vénéraient un personnage, quitte à le canoniser ensuite. Devant les abus, l’Eglise s’est réservé ce droit. On peut faire mémoire de la prudence de  l’Eglise lors des apparitions de Lourdes au XIXe siècle : arbitrer un conflit entre foi, science et politique.

De nos jours, une situation est  peu claire : Medjugorgje (Bosnie-Herzégovine). Ce lieu de pèlerinage ne bénéficie pas de reconnaissance officielle, faute d’éléments probants sur la nature des apparitions, mais aussi en réaction aux tentations de récupération politique des prises de parole (messages) de la Vierge Marie. Ce qui ajoute le charme du défi aux nombreux pèlerins qui prennent régulièrement la route  dans cette direction. 
L’Eglise a trois missions essentielles : enseigner, guider et sanctifier. Elle les remplit par des actions précises, entre autres par les sacrements qu’elle reconnaît conformes à l’Evangile.

Puis il y a les sacramentaux : sans avoir le statut de sacrements, des rites ont une reconnaissance officielle: bénédiction, consécrations…

Enfin, la piété populaire.

Pour résumer le CEC termine ainsi le chapitre sur les sacramentaux (Catéchisme de l’Eglise catholique, 1992, no 1679) : « En plus de la liturgie, la vie chrétienne se nourrit des formes variées de la piété populaire, enracinée dans diverses cultures. Tout en veillant à les éclairer par la lumière de la foi, l’Eglise favorise les formes de piété populaire qui expriment un instinct évangélique et une sagesse humaine et qui enrichit la vie chrétienne. » 

Que mettons-nous sous le mot piété populaire?

Deux francs à saint Antoine, bénir des animaux, accomplir des peines douloureuses, bénir une médaille, vénérer les reliques, fêter la Saint-Valentin, une neuvaine à sainte Rita, brûler un cierge à l’église ou au cimetière, porter la médaille de saint Christophe dans sa voiture…

Chacun aura sa manière de classer ces pratiques. Quand certains y voient un acte de foi ou de confiance, d’autres reconnaissent un acte magique. De plus certains gestes ont été cultivés dans les rites officiels.

Petit fait divers

« Oui, je viens pour régler mes comptes… Avec qui ? Dieu bien sûr…

J’ai perdu mon mari il y a deux ans. Je n’ai pas supporté : pourquoi Dieu m’a fait ça ? J’ai tout laissé tomber, la messe, etc. Quelquefois un cierge à la Madone… 

Puis j’ai eu mon accident, une brûlure grave, un peu de ma faute, cette fois-ci… Et vous voyez, il n‘en reste pas trop de dégâts…

Alors j’ai pensé que c’était le moment de faire la paix… Inscrivez trois messes :
une pour mon mari, une en action de grâce à Marie et l’autre… pour qui vous voulez… »

Sport et vie chrétienne font-ils bon ménage?

Par Hugues de la Boussinière, séminariste GSB
Photo: DRLe sport occupe une place de plus en plus prépondérante dans notre société et envahit tous les domaines de nos vies. Face à cette situation, comment le chrétien se situe-t-il ? Quelques éléments de réponse.

L’image du sport et en particulier de l’endurance est souvent présente dans la Bible et en particulier chez saint Paul : « Moi, si je cours, ce n’est pas sans fixer le but » 1 Co 9-26, chez des pères de l’Eglise comme saint Jean Chrysostome sans oublier saint Jean Paul II.

Dans l’activité sportive, mon corps se rapproche fortement de ma « conscience de moi-même ». C’est un lieu où je peux associer pleinement mon corps et mon esprit au moment présent. Dans l’activité sportive je découvre mes limites mais aussi un horizon illimité, une sorte de dépouillement total de soi dans la difficulté et une joie profonde devant un sommet gagné. Les exigences que demande le sport se rapprochent dans bien des cas de celles de la vie chrétienne : humilité, persévérance, esprit d’équipe, équilibre de vie…

Aujourd’hui les courses en montagne ont souvent remplacé la messe du dimanche. Est-ce une raison pour dénigrer ces activités ? Certainement pas ! Au contraire elles sont des lieux de rencontres précieux entre chrétiens et non-chrétiens. Cela exige de nous dépenser un minimum « physiquement » mais aussi d’accepter d’être présents dans des manifestations où la question religieuse est loin d’être la préoccupation première des participants. Notre seule façon de témoigner dans ce cadre est d’être signe de la présence du Christ ressuscité dans le monde. Le canal classique de la mission reste par excellence la prédication mais le corps peut aussi certainement servir pleinement cette fin.

Formation à Rome

L’abbé Giraud Pindi a suivi, du 19 au 25 novembre, une semaine de formation sur le nouveau procès matrimonial et la procédure du mariage non consommé au tribunal de la Rote romaine au Vatican. L’occasion, pour le pape François, d’appeler les participants à être des missionnaires de la consolation pastorale.

Par Giraud Pindi, curé modérateur
Photo: «L’Osservatore romano», service photo« De retour dans vos communautés, efforcez-vous d’être des missionnaires et des témoins de l’esprit synodal et de la consolation pastorale pour corroborer la foi du saint peuple de Dieu par la charité » : c’est par ces mots que le pape François, lors de l’audience privée du 25 novembre 2017 dans la salle Clémentine, au Vatican, a exhorté les participants. Il a aussi fait le point sur le rôle des pasteurs face aux questionnements des couples en difficulté et de ceux dont le mariage a échoué et qui se sentent éloignés physiquement et moralement des structures de l’Eglise. Des enseignements importants pour ceux qui sont appelés, a dit le pape, à se montrer de loyaux collaborateurs des évêques pour la mise en pratique des nouvelles normes de nullité matrimoniale promulguées dans le motu proprio « Mitis Iudex Dominus Iesus » (Le Seigneur Jésus, juge clément) du 15 août 2015.

Cette réforme est marquée par quelques éléments importants: la proximité avec les fidèles en difficulté suite à l’échec de leur mariage ; la célérité des procédures afin d’éviter que les conjoints attendent trop longtemps pour connaître la vérité sur la validité ou non de leur lien matrimonial; la gratuité des procédures, vers laquelle l’Eglise devrait tendre de plus en plus, car elle doit se montrer une mère généreuse dans une affaire liée au salut des âmes, selon l’amour gratuit par lequel le Christ nous a sauvés. Le grand apport de cette réforme est la brièveté plus grande du procès, devant être traité par l’évêque diocésain, lorsque les circonstances et les personnes, appuyées par des témoignages ou des documents, rendent évidente la nullité du mariage.

Dans un esprit synodal
La réforme du procès matrimonial est le fruit d’un contexte synodal, d’une « méthode synodale », d’un « cheminement synodal ». Pour le pape, face aux questions les plus épineuses concernant la mission évangélisatrice et le salut des âmes, il est important que « l’Eglise retrouve de plus en plus le principe synodal de la première communauté chrétienne de Jérusalem ».

Le synode, c’est marcher ensemble ; c’est l’expression de la foi du peuple (« sensus fidei »). C’est l’écoute avec toute l’attention qu’elle exige : l’écoute du peuple de Dieu qui participe à la fonction prophétique du Christ pour y discerner la volonté de Dieu ; l’écoute de Dieu jusqu’à entendre avec lui le cri du peuple ; l’écoute de l’évêque de Rome comme témoin suprême de la foi de toute l’Eglise. L’esprit synodal écarte l’idée d’une Eglise pyramidale où tout va du haut vers le bas, sans écoute de la base. Ainsi, les décisions finales du synode ne sont pas des dispositions imposées par le pape, mais les souhaits d’hommes et de femmes qui se sont exprimés à travers leurs évêques, leurs pasteurs.

Consolation pastorale
Il m’a semblé que c’était la première fois que le pape utilisait l’expression « consolation pastorale », mais son contenu est familier. La consolation renvoie à une Eglise qui est en mesure d’accueillir et de soigner celui qui, à différents égards, est blessé par la vie ; en même temps, elle est un rappel à s’engager pour défendre la sacralité du lien matrimonial. C’est le fait d’être proche de la solitude et de la souffrance des fidèles qui attendent de la justice ecclésiale une aide compétente et factuelle pour pouvoir retrouver la paix de leurs consciences et la volonté de Dieu sur leur réadmission à l’eucharistie.

La réforme matrimoniale du pape François ne consiste pas à banaliser le sacrement du mariage ni à remettre en question son indissolubilité. Dans une conversion des structures, il faut plutôt faciliter le retour à l’Eglise des fidèles qui s’en sentent éloignés en allant à leur rencontre. L’Eglise est une mère aimante qui doit rassembler ses enfants « comme une poule rassemble ses poussins » (Mt 23, 37).

En offrant à l’évêque diocésain de mettre en pratique son pouvoir judiciaire, c’est-à-dire de se comporter comme vrai juge de ses fidèles conformément à sa mission épiscopale, le pape lui permet d’être proche de ses brebis en matière de souffrances matrimoniales. L’évêque, dit-il, ne doit pas tout confier à des vicaires. Il a reçu, par droit divin, un pouvoir épiscopal qu’il est tenu d’exercer, car il participe avec l’évêque de Rome à la sauvegarde de l’unité de la foi reçue des Apôtres. L’Eglise doit être un lieu de consolation et de miséricorde.

De la soupe et des œufs…

Si le temps du Carême est marqué par la prière, le don et en particulier le jeûne, il l’est dans le seul but de faire grandir la solidarité universelle et l’amour fraternel entre les humains. Manger ensemble la soupe de Carême, c’est partager la joie de la rencontre. Se priver de nourriture sert à relever sa sensibilité envers celles et ceux qui justement en manquent.

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Les Kids Games: tous invités

Par Stéphanie Sahli
Photos: David RosséLes Kids Games ? De quoi s’agit-il ? Une semaine de sport et de découverte de la Bible pour les enfants de 7 à 14 ans mise sur pied par des Eglises de Suisse romande. Plusieurs régions vivent la même expérience en même temps. Pour La Côte, ce ne sont pas moins de sept Eglises qui se mobilisent autour de ce projet œcuménique avec une cinquantaine de bénévoles pour assurer le bon déroulement de la semaine.

Bible et sport
Le matin est consacré à la découverte de la Bible : les thèmes, abordés de façon ludique, permettent des discussions entre les enfants. Il ne s’agit pas de faire du prosélytisme, mais d’offrir aux jeunes la possibilité de réfléchir aux valeurs chrétiennes.

L’après-midi est dédié au sport et à des ateliers de bricolage. Sous la forme d’Olympiades, des équipes s’affrontent toute la semaine en pratiquant des sports originaux comme le Poull ball, la Cours’agile et le Passe-moi les bouchons. Autant de moments qui permettent aux enfants d’appréhender les sports d’équipe et de pratiquer l’entraide, la tolérance et le fair-play.

Précieux bénévoles
Cette semaine doit son succès à l’engagement des bénévoles : grâce à eux, les enfants sont encadrés dans leurs activités, de délicieux goûters sont servis et la bonne humeur règne. Chacun donne de son temps en fonction de ses disponibilités: toutes les mains sont précieuses, toute aide est la bienvenue.

Depuis trois ans, je m’engage chaque été dans cette aventure pour le plaisir de faire de nouvelles rencontres et de retrouver des gens que j’apprécie; avec, aussi, le sentiment de faire vivre l’Eglise. Mes enfants se réjouissent dès l’ouverture des inscriptions, car ils savent qu’ils retrouveront des copains, qu’ils pourront faire de nouvelles connaissances et qu’ils apprendront de nouveaux sports dans une ambiance joyeuse et respectueuse de chacun.

Le pape François sera à Genève le 21 juin pour une visite au Conseil œcuménique des Eglises : c’est pour nous le signe qu’il faut aller à la rencontre des autres communautés chrétiennes. Les Kids Games sont pour les enfants et les bénévoles une belle occasion de vivre l’unité des chrétiens dans notre région. Alors n’hésitez pas : devenez bénévole, inscrivez vos enfants à cette semaine pour faire vivre l’Eglise.

Cérémonie de clôture des Kids Games 2017 au collège de Grand-Champ à Gland.
Cérémonie de clôture des Kids Games 2017 au collège de Grand-Champ à Gland.

Une montagne à gravir

Les dimanches du carême et le dimanche des Rameaux, les enfants étaient invités à écouter l’Evangile, à réfléchir à son message et à chercher comment ouvrir leur cœur au changement. A monter vers Pâques ensemble.

Texte et photos Par Brigitte BessetLe carême est un temps pour se laisser transformer par la main de Dieu. Un temps pour se laisser conduire vers un épanouissement. Un temps pour grandir vers plus de lumière et d’amour.

Dans la chapelle a été érigée une montagne symbolique. Les enfants ont été invités à la gravir dimanche après dimanche. Dans la Bible, la montagne est le lieu où Dieu manifeste sa gloire, où il parle aux hommes ; dans l’Evangile, elle est le lieu privilégié de la révélation du Fils de Dieu.

Au pied de la montagne, dans le sable, des cailloux déposés par les enfants sur lesquels sont écrits des mots (ce qui est trop lourd à porter pour grimper: mensonge, méchanceté, peurs,…) ; et des pas qu’ils prennent en échange du caillou qu’ils ont déposé. Ils signifient leur volonté de se mettre en route, de commencer à grimper en croyant à la Bonne Nouvelle.

Sur cette montagne, un chemin caillouteux et très abrupt : pas toujours facile de le suivre ! Que d’efforts à faire ! Mais quelle joie d’arriver tout en haut à Pâques ! Notre guide est la Parole de Dieu inscrite sur les panneaux à la croisée des chemins : elle est source de force et de lumière.

Sur le chemin, deux silhouettes avancent, symbolisant les enfants et les familles. Chaque dimanche, une nouvelle Parole nous guide pour monter plus haut.

Les Rameaux : une étape de plus dans notre montée vers Pâques. Avec les enfants, nous continuons à gravir la montagne. Nous sommes presque arrivés au sommet.

Même si le chemin semble plus facile, car très court, il est de fait encore plus scabreux. La croix que nous plantons au croisement des chemins nous le rappelle: le chemin vers la résurrection passe par la mort.

Ils sont parvenus tout en haut ! Quelle lumière ! Alléluia !

Merci aux enfants et aux animatrices de cette liturgie. La liturgie pour les enfants est proposée tous les dimanches de l’Avent et du carême ainsi que, les autres mois, le 3e dimanche. De nouvelles découvertes attendent chaque enfant durant la première partie de la messe. Nous rejoignons l’assemblée au moment de la prière universelle.

Politicienne et croyante

Rencontre avec Aurélie Chappaz Seng, conseillère communale à Martigny.

Par Laure Barbosa
Photo: DRaurelie-chappaz-sengVivre sa foi chrétienne en assumant un mandat politique ou comment « être dans le monde sans être du monde » (Jn 17, 14-18) ? Dans notre société multiculturelle laïque, le point de vue chrétien apporte-t-il une plus-value commune ou le risque identitaire d’une minorité ? Les nécessités politiques et pragmatiques entrent-elles parfois en contradiction avec les valeurs morales et spirituelles ? Au sein du parti démocrate-chrétien (PDC), qu’advient-il concrètement du « C » ?

Abordées avec Aurélie autour d’un café, ces questions de fond se dissipent peu à peu lorsqu’elle parle avec simplicité, gratitude et enthousiasme de son engagement. Sa foi lui vient de ses parents et s’incarne dans le vécu du cadre familial de façon concrète et positive. Une pratique religieuse en découle ainsi naturellement, sans obligation. Il en va de même pour son penchant politique dont l’intérêt s’était déjà manifesté à travers les discussions et les traditions de sa famille. C’est donc avec motivation et curiosité, autant pour servir le bien commun que pour réaliser son accomplissement personnel, qu’elle a saisi l’opportunité d’une fonction politique où la richesse des rencontres et des échanges valent bien parfois quelques concessions.

Le PDC lui permet justement de tenir ensemble les valeurs chrétiennes et sociales d’humanisme, d’équité et de non jugement, en équilibre avec les réalités économiques. Elle conçoit que puissent survenir des cas de conscience à certains niveaux mais pratiquement, dans son mandat à elle et à l’échelle de sa ville natale, le problème ne s’est jamais présenté. Il s’agit d’un travail d’équipe dans un esprit d’ouverture et une dynamique constructive où la foi est plutôt aidante. En politique comme en pastorale, il n’y a pas d’auto-proclamation, on est appelé et envoyé : « Tu proposes et les autres choisissent, c’est une chance d’être élu » qui engendre l’envie de dire merci pour la confiance et de s’en montrer digne. En vérité, la foi se conjugue dans tous nos pôles de vie, politicienne et croyante, maman et croyante, enseignante et croyante… 

A la messe lors de la prière universelle, nous prions pour nos dirigeants et politiques, j’ai demandé à Aurélie quelle prière adresser au Seigneur pour elle : « Que je garde le souci du bien commun et puisse faire au mieux avec humilité pour accepter et composer avec certaines limites. »

Assemblée générale dans une ambiance festive

La communauté s’est réunie en assemblée générale le 19 mars. La participation, en hausse – dix-huit personnes s’étaient déplacées –, était réjouissante. L’abbé Jean Geng, prêtre répondant, a été touché par la chaleur de la communauté. Inspiré par les vignes alentour, il a encouragé à prendre soin des vignes du Seigneur.

Par Sylvie Humbert
Photos: André BourquiLe président de paroisse, Gilles Vallat, était présent ainsi que deux membres du comité de pilotage du projet de la nouvelle église de Gland, Roger Merlo et Bernard Chevallay. Après un compte rendu des péripéties vécues, ils ont évoqué les obstacles à affronter encore et demandé de prier pour que la construction puisse commencer cette année. La communauté participe financièrement par un don, décidé lors de l’assemblée générale de l’an passé, et par un autre prévu dès le démarrage des travaux – dont le montant reste à fixer.

Le temps d’adoration à la chapelle, le mercredi matin de 9h à 10h, existe depuis plus de vingt ans. Ursula Freuler, qui en est la cheville ouvrière, est bien souvent seule devant le Saint-Sacrement. Mais jusqu’à huit personnes se sont retrouvées pour ce temps de silence durant le carême.

Dernière kermesse
La kermesse œcuménique de ce printemps sera la dernière faute de forces vives pour perpétuer cette tradition et parce que le bénéfice a fortement chuté. Partagé pour moitié entre protestants et catholiques, il s’est élevé à 3750 francs, en recul de 1250 francs par rapport à l’année précédente malgré un don de 2000 francs. Cette démarche œcuménique pionnière dans le canton avait commencé il y a près de
soixante ans par un thé vente. Merci aux organisateurs de cette fête, en particulier la présidente Jo Dupont, qui ont œuvré durant toutes ces années.

Le sculpteur espagnol José Pedrosa, qui a offert à la communauté la croix œcuménique située à côté du tabernacle, est décédé (voir article en page suivante).

Un demi-siècle
Notre chapelle fêtera ses 50 ans le 29 septembre 2019, jour de la Saint-Michel. La communauté a invité pour l’occasion le vicaire épiscopal pour le canton de Vaud, l’abbé Christophe Godel. Toutes les bonnes idées pour animer cette journée sont les bienvenues.

L’assemblée s’est terminée par une fondue concoctée par André et Cathy Bourqui, médaillés d’or au mondial de la fondue 2017 à Tartegnin. Une soirée très réussie !

Piété populaire, geste évangélique

Texte par Doris Buchard
Photo: Bengail

En l’église de Riddes, du cierge pascal aux lumignons au pied de la Sainte Vierge.
En l’église de Riddes, du cierge pascal aux lumignons au pied de la Sainte Vierge.

Une bougie déposée et allumée…

… dans une cathédrale lors de ses vacances estivales.

… devant une grotte à Marie dans un lieu parfois surprenant, comme une face rocheuse.

… pour prier le chapelet ou simplement remercier le Père au sein de son foyer.

… au pied d’une croix sur le lieu d’une personne disparue, à l’intention d’une personne malade.

Qui ne l’a pas déjà fait ?

Mais pourquoi le fait-on et pourquoi la bougie ?

Parce que c’est un geste simple qui permet de nous rejoindre les uns les autres, à la portée de tous, qui interpelle ceux qui le voient, qui rejoint les gens dans leur cœur, qui entretient la FOI et qui susciterait pourquoi pas de retrouver ce lien, peut-être enfoui, oublié, existant avec Dieu.

« La dévotion populaire authentique, qui s’exprime de manières si diverses, écrivait le pape Jean-Paul ll, trouve sa source dans la Foi, et pour cette raison, on doit l’apprécier et la respecter. »

Parce qu’elle représente la Lumière, cette Lumière qui traverse toute la Bible quel que soit le moment.

Alors la Lumière du Christ nous aide à sortir des ténèbres comme dans la Genèse, nous aide à avoir une Foi intense comme l’aveugle guéri par Jésus, nous aide à nous laisser éblouir par sa présence comme dans le récit de la Résurrection ou nous donne encore la Force d’évangéliser comme à la Pentecôte.

« Cette foi, qui naît de l’écoute de la Parole de Dieu, vous la manifestez dans des formes qui engagent les sens, les sentiments, les symboles des différentes cultures. La piété populaire est une force missionnaire et un trésor de l’Eglise », disait le pape François lors d’une célébration à Rome.

Et de continuer, « Et en faisant ainsi, vous aidez à la transmettre au monde, aux petits comme disait Jésus, vous êtes des  évangélisateurs. Quand vous allez dans les sanctuaires, quand vous emmenez votre famille, vos enfants, vous faites vraiment un acte d’évangélisation. Il faut continuer ainsi ! Soyez, vous aussi, de vrais évangélisateurs ! »

Alors chaque geste posé, chaque rituel mis en place, chaque bougie allumée est un signe de la présence du Christ dans nos vies, un espace de rencontre intense avec LUI si bref soit-il et donc un signe fort du lien qui existe entre LUI et NOUS, même si parfois nous n’en avons pas conscience.

Mais… n’est-ce pas un peu notre vocation de chrétien ?

Sœur Francine Carron

Nous avons demandé aux personnes de Fully ayant répondu à une vocation particulière de nous donner quelques nouvelles, nous commençons par Sœur Francine Carron.

Texte et photo par Sœur Francine CarronMon nom de baptême est Jacqueline. Je suis la fille de François et Irène Carron-Farquet. Notre famille compte sept garçons et deux filles.

Très tôt, vers 10 ans, a grandi en moi, grâce à l’abbé Gérard Bussien notre vicaire, le désir de me faire religieuse qui s’est précisé vers l’âge de 16 ans.

Je suis entrée dans la Congrégation des Sœurs de Sainte-Ursule à Sion. Ces Sœurs ont enseigné durant de longues années à l’Ecole ménagère à Fully, et beaucoup, je pense, s’en souviennent encore.

C’était en 1961, j’avais 17 ans ! Et je reçus mon nouveau nom : Sœur Francine, signe de rupture et de nouvelle mission. J’étais attirée par leur charisme : l’éducation chrétienne, en particulier des femmes et des jeunes. 

Après avoir eu la grâce d’être formée, d’abord à l’Ecole normale, puis à Rome, j’ai été envoyée, à ma grande joie, dans différentes paroisses de notre diocèse : Nendaz, Orsières, Montana-Village, où je réside depuis 18 ans, à la Cure, d’abord dans une communauté de trois Sœurs… puis deux…, et seule maintenant, les deux autres, ayant accompli leur mission, s’en sont allées vers le Seigneur.

Dans tous ces lieux, ma joie fut grande de contacter la population, d’enseigner la religion dans les écoles, de visiter et d’apporter l’eucharistie aux malades, d’animer les liturgies dominicales, de préparer les enfants à recevoir les sacrements, etc. Partout j’ai reçu bien plus que je n’ai donné.

Actuellement, l’âge aidant, j’ai diminué mon activité « apostolique », me consacrant plutôt à l’Eveil spirituel des petits, à un groupe biblique pour des adultes, à des visites aux malades et à quelques coups de main pour animer les « fenêtres caté­chétiques ».

Ayant plus de temps libre, je peux me consacrer davantage à la prière afin que le Règne de Dieu arrive dans les cœurs, pour le grand bonheur de ceux qui l’accueillent.

La prière des Psaumes qui ponctue mes journées me fait découvrir les tendresses et les promesses constantes du Seigneur pour tous ses enfants.

Si on savait !

Je vous laisserai, en conclusion, une de ses Paroles, qui me soutiennent dans les passages plus arides :

Ils s’appuieront sur Toi, ceux qui connaissent ton Nom ;
Jamais tu n’abandonnes, Seigneur, ceux qui te cherchent.
(Psaume 9, v. 11)

Piété populaire

Par Thierry Schelling
Photo: pixabay.comTout jésuite qu’il est, François n’en demeure pas moins latino-américain et donc empreint de piété populaire, ce « trésor de l’Eglise », comme il la décrivait aux confraternités reçues en mai 2013 pour leur jubilé lors de l’Année de la foi.

« Une spiritualité, une mystique, un espace de rencontre avec Jésus-Christ », selon le CELAM 1, ces piétés, comme expression du cœur des fidèles, sont multiformes : autels fleuris lors du Señor de los milagros péruvien, bénédiction des cous à la Saint-Alexis, rosaire et processions à Fátima, dévotion aux saints et saintes de campagne – Padre Pio en tête ! – sans compter les centaines de sanctuaires mariaux aux noms évocateurs : Notre-Dame des nœuds, Notre-Dame des Sept Douleurs, etc.

Si elles sont « une manière légitime de vivre la foi, une façon de se sentir partie prenante de l’Eglise », comme l’a précisé le CELAM, les papes aiment les recadrer un tant soit peu : pour Benoît XVI, le critère de base de toute piété est sa conformité à l’Evangile, et son ecclésialité : telle ou telle piété est légitime si elle est vécue en profonde unité avec les pasteurs locaux, évêques et prêtres. François ajoute le critère de sa missionarité : « Garde vivant le rapport entre la foi et les cultures des peuples auxquels vous appartenez », explique-t-il. Et que ces actes de piété soient vécus en familles, conclut-il, qui sont ainsi évangélisées et à leur tour évangélisent en témoignant de leur foi.

A noter qu’en 2001, Jean-Paul II avait signé un directoire sur la piété populaire et la liturgie, où s’articulent comme complémentaires la messe et les actes de piété populaire. Il y est notamment recommandé de ne pas seulement perpétuer cette piété populaire, mais de l’alimenter par la réflexion sur ses racines, son but évangélisateur et d’en tirer les fruits pour la vie chrétienne active au quotidien.

1 CELAM, Conférence des épiscopats latino-américains.

Pierre Pistoletti, l’info catho à chaud !

Trentenaire, Pierre Pistoletti est le futur rédacteur en chef de cath.ch. Son quotidien: faire vivre le portail catholique romand, entre actualité et dossiers de fond. Rencontre.

Par Nicolas Maury
Photos: Nicolas Maury, Maurice Page

But de Pierre Pistoletti : aller au-delà des faits.
But de Pierre Pistoletti : aller au-delà des faits.

Un jeudi matin à Lausanne. Il est presque 9h. Pierre Pistoletti pousse la porte du numéro 5 de l’avenue de la Gare. Le bâtiment abrite la rédaction de cath.ch. Quelques dizaines de minutes plus tôt, il a pris le train à Yverdon, où il vit avec son épouse. 

La demi-heure passée sur les rails, il l’a mise à profit. « Cette semaine je ne suis pas sur le terrain. Avec deux collègues, j’alimente en continu notre site web. Alors, sur ma tablette, je suis à l’affût des infos qui méritent d’être traitées pour en parler à la séance de rédaction. »

Sur le terrain et au bureau

La séance de rédaction lance la journée.
La séance de rédaction lance la journée.

Celle-ci est sur le point de débuter. Dans la salle de réunion le rejoignent le directeur, Bernard Litzler, ainsi que Maurice Page et Jacques Berset. Les thèmes du jour sont évoqués, décortiqués et anglés. Au cours de la discussion, Pierre s’efforce sans cesse de recentrer les débats.

Occupant encore pour l’heure un poste de journaliste, il deviendra, dès juillet, rédacteur en chef du portail catholique. Une ascension fulgurante. Même s’il fut auréolé du deuxième prix de la volée romande des stagiaires, il n’a fini sa formation qu’en juin 2016. 

Quand il évoque ses futures responsabilités, il ne pratique pas la langue de bois. « Je ne serai pas un “réd chef ” avec énormément de bouteille, avoue-t-il d’emblée, par contre, je dispose de qualités organisationnelles certaines. C’est là que je pourrai apporter un plus. »

Les dossiers du jour répartis et ceux au long cours rediscutés, chaque journaliste retrouve sa place de travail. Priorité de Pierre : mettre en ligne une vidéo et préparer un sujet sur la bibliothèque de Saint-Gall qui accueille une exposition étonnante. « Notre but est de nous muer en un portail qui soit à la fois une agence de presse et un magazine, relève le Valaisan d’origine. Dans notre configuration actuelle de six journalistes, c’est jouable si on attribue les bonnes forces aux bons endroits. » 

Un scoop papal

Au-delà de l’équipe basée en Suisse, cath.ch dispose d’un réseau de correspondants à Rome, en Afrique et en Amérique du Sud. Par e-mail principalement, ceux-ci transmettent des infos que Pierre contribue à traiter les unes après les autres. « De la sorte, nous pouvons proposer un travail d’agence assez complet sans accaparer toute la rédaction. »

Ce réseau a été mis à contribution lorsque cath.ch fut le premier à annoncer la future visite du pape François à Genève. « Notre système a bien fonctionné. Nous avons pu vérifier la véracité de l’information et la transmettre tous azimuts. Même si nous n’avons pas la même pression qu’un quotidien régional, nous tâchons d’être réactifs 365 jours par année. » La venue du Saint-Père est perçue comme une aubaine. « Elle dépasse de loin le cadre romand, voire helvétique. François est une personnalité mondiale. »

Une réflexion à nourrir

Au programme du jour figure aussi la tâche de faire évoluer la première page du site. « C’est une porte d’entrée, mais pas la seule. Un sujet qui ne fait pas la “une” mais qui est bien référencé par les moteurs de recherche sera peut-être énormément lu. L’enjeu est de fidéliser le public qui vient pour une nouvelle plutôt que pour notre média proprement dit. Pour cela, il faut offrir des contenus susceptibles d’intéresser notre lectorat et de nourrir sa réflexion. » 

Alors que le Dimanche des médias approche, Pierre jette aussi un œil à la contribution que va y apporter cath.ch. « Il s’agit d’un portrait de Vincent Lafargue, qui a à la fois un pied dans l’Eglise et un sur le web (ndlr, il est aussi membre de la rédaction romande de
L’Essentiel). En tant que support lié à l’Eglise, nous évoluons dans une sorte de niche. Nous nous efforçons de proposer un focus précis dans un univers immense. Comme un prisme inspiré par le pontificat actuel qui parle de solidarité, de migrants, d’écologie. »

La déontologie avant tout

Travailler dans un cadre religieux modifie-t-il l’approche professionnelle ? « Les règles déontologiques sont les mêmes que pour tous les journalistes. Je viens de travailler durant plusieurs semaines sur un dossier lié aux abus sexuels dans l’Eglise. J’ai cherché à aller au-delà des faits, en ciblant les causes structurelles qui peuvent conduire à ce type de comportement. C’est sans doute cette acuité qui fait la spécificité de notre travail de journaliste à cath.ch »

Alors qu’approche la fin de l’après-midi, Pierre prépare le mail récapitulatif qui sera envoyé à tous les journaux potentiellement repreneurs d’articles. « Notre identité consiste à connaître le terrain dans lequel on travaille. Et, au-delà, notre curiosité doit rester catholique au sens étymologique du terme : universelle. »

L’oratoire marial de Châtaignier

Voici un haut lieu de la piété mariale à Fully

Texte par Alain Léger
Photo: Catherine RoduitNous sommes à l’oratoire de Châtaignier et j’ai le plaisir de partager avec vous une partie déjà riche de son histoire.

Fin des années 90, le curé Gérald Voide et l’abbé Pierre-André Perrin recherchaient une statue de la Vierge Marie, afin de l’utiliser comme Vierge pèlerine. 

C’est au village de Châtaignier dans une vente aux enchères que la statue fut trouvée. Elle mesure 1 mètre 55, est en bois et date du XVIIIe siècle. La Vierge porte Jésus dans ses bras.

En 1997, un car partit de Fully pour le Vatican afin qu’elle y soit bénie par le pape Jean-Paul II. Puis la statue, durant 3 ans, passa de famille en famille durant 2 semaines où à travers elle on priait Marie afin qu’elle intercède pour nous.

Durant le jubilé de l’an 2000, elle trouva sa dernière demeure en un oratoire construit exprès pour elle juste en-dessus de Châtaignier, ce même village où elle avait été achetée 4 ans plus tôt. Une grande fête fut organisée !

Depuis 18 ans, chaque année, beaucoup d’événements y ont été organisés. Par exemple la marche de l’espérance qui part de cette place jusqu’à l’abbaye de St-Maurice. Une année, nous l’avons même portée jusque là-bas. 

Il y a aussi un petit pèlerinage de 2 kilomètres chaque 8 décembre jusqu’à l’oratoire où un apéro est offert.

Voici des anecdotes

Une famille du haut du village avait une maman très âgée. Quand ils ne la retrouvaient pas, ils savaient qu’elle était à l’oratoire tranquille sur le banc.

Nous avons planté des forsythias tout autour comme cela au printemps c’est comme une flamme jaune de fleurs qui l’entoure.

Le doigt de la statue a été cassé accidentellement sur la place St-Pierre à Rome. Il est tombé dans une grille et n’a pas pu être récupéré (la légende veut que le doigt montre en direction de Fully).

Dans le livre d’or qui accompagnait la statue de famille en famille, il est écrit qu’une maman avait surpris sa petite fille dans la nuit sur une chaise en train de parler à l’oreille de la Sainte Vierge.

Il y a beaucoup de personnes qui vont y prier avec ferveur tout au long de l’année car c’est un lieu de paix et je ne peux m’empêcher de vous y inviter. 

Toucher Jésus

Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR
L’épisode de la femme atteinte de pertes de sang, présent dans les trois évangiles synoptiques (Matthieu 8, 18-26 ; Marc 5, 25-34 ; Luc 8, 40-56), peut constituer comme une « icône » de la piété populaire bien conçue. Il est englobé dans la narration de la résurrection de la fille de Jaïre, un chef de la synagogue, et offre lui aussi un récit de salut.

La femme hémoroïsse veut « toucher » le manteau de Jésus, comme certains aujourd’hui recherchent un « guérisseur », y compris dans le cadre ecclésial, après avoir épuisé toutes les possibilités de la médecine. Mais elle désire en réalité bien plus : elle veut être « sauvée » (Marc 5, 28). Au-delà de la guérison, elle aspire au salut dont elle pressent que Jésus est porteur.

– Comment le Christ évangélise-t-il cette religiosité familière ? Il lance un appel personnel : « Qui a touché mes vêtements ? » Il invite ainsi la femme à faire toute la vérité et à se dévoiler (v. 33).

– Celle-ci, après avoir « connu » et éprouvé sa guérison dans son corps (v. 29), « re-connaît » celui qui l’a sauvée. Elle entre ainsi en relation interpersonnelle avec lui, elle se jette à ses pieds (v. 33).

– On pourrait ajouter qu’en quel­que sorte, elle « évangélise » à sa manière Jésus. Elle lui permet de libérer la puissance divine qui l’habite et d’en réaliser l’efficacité : « Jésus eut conscience de la force qui était sortie de lui. » (v. 30)

– Ainsi, étonnamment, la « foi populaire » de la femme fait que le Christ se laisse toucher par elle, qu’il expérimente dans sa propre chair l’action de Dieu qui passe par lui et qu’il mesure encore mieux son identité de Fils du Père.

– C’est alors qu’il pose la déclaration conclusive de ce processus de guérison, de libération et d’incarnation : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. » (v. 34)

Toute inculturation « populaire » de l’Evangile, individuelle et communautaire, passe donc par l’inscription dans notre pâte humaine de notre adhésion au Fils de Dieu, qui y répond par son offre de grâce et nous libère.

Les enfants visitent l’église

Dans le cadre du 50e de l’église Saint-Michel une participation des classes du Bourg a été sollicitée : dix classes d’élèves de 5H à 8H et leurs enseignants. Tous les élèves ont créé des fanions – certains sont déjà dans l’église. Ces fanions décoreront la cour pour la grande fête qui aura lieu à la Saint-Michel. Un concours de dessins sur le thème de l’église a été organisé pour ces classes. Un prix récompensera la meilleure œuvre.

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Moment privilégié

Par Nicole Andreetta
Photo : DRMardi, 12h10, Université de la Miséricorde à Fribourg.

Comme chaque semaine, la chapelle se remplit de fidèles venus assister à la messe, célébrée par le Père Leszek Woroniecki, aumônier de l’Université. Etudiants des différentes facultés, auditeurs libres, quelques professeurs, des habitants du quartier… tous les sièges, une cinquantaine, sont occupés. Plusieurs personnes restent debout, appuyées contre le mur du fond. Les jeunes de l’Institut Philanthropos représentent la plus grande partie de l’assemblée, ils sont partie prenante pour  l’animation musicale. 

« Cette messe est vraiment particulière ! explique une étudiante en droit de première année. Au premier abord, j’avais trouvé cette chapelle un peu bizarre et son architecture plutôt froide. Mais avec la ferveur qui se dégage lors de la célébration, elle se réchauffe. Portés par les prières, on apprend à l’aimer. Homme de rigueur, le Père Leszek nous accueille chaque fois avec bienveillance. Il commence toujours la messe en demandant comment nous allons. On ne se sent pas jugé. »

Une de ses camarades de cours poursuit : « Je viens du canton de Vaud où études et religion se vivent séparément. Lorsque j’ai entendu parler de la possibilité d’assister à une messe à l’université, j’ai tout de suite pensé que c’était une opportunité à saisir. Même si j’imaginais que j’irais en traînant les pieds.

Les études c’est difficile ! On nous demande beaucoup de travail. Si le droit est un outil extraordinaire, quand on est croyant on en réalise vite les limites. J’ai découvert que se recueillir permettait de reprendre courage et énergie. 

Cette messe est vraiment un moment privilégié qui permet de se poser au milieu de la semaine pour mieux repartir ensuite. C’est une chance de pouvoir vivre cela entre étudiants ! »

Une messe célébrée en latin, accompagnée de chant grégorien, a lieu chaque mercredi à midi. Elle connaît également une forte fréquentation.

www.unifr.ch/aumonerie/fr

La croix avec Jésus

Par Giraud Pindi, curé modérateur de l’UP Nyon-Terre Sainte
Photo: DR
« Nous prêchons un Messie crucifié, scandale pour les juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour les appelés » (1 Co 1, 23-24) : ces paroles de Paul résument le sens de notre salut. « Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé », annonçait le prophète Zacharie (12, 10). « Comme Moïse éleva le serpent de bronze dans le désert sur un mât, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé afin que quiconque croit en lui ait la vie », dit Jésus (Jn 3, 14). Dans son péché semant la mort au désert, le peuple est sauvé en regardant le serpent de bronze (Nb 21, 8-9).

C’est en posant notre regard sur Jésus en croix que nous sommes sauvés. « Tu te sens empoisonné, triste, ta vie ne va pas bien, elle est pleine de difficultés et de maladies ? Regarde le Christ crucifié. Regarde les plaies du Christ. C’est par ces plaies que nous avons été guéris » (François, homélie du 20 mars). Le soldat lève les yeux vers Jésus en croix et fait le meilleur acte de foi : « Cet homme était vraiment le Fils de Dieu » (Mc 15, 39).

Toutes les croix ne sont pas des expressions de la foi : instrument de torture, bijou, signe pour s’orienter, sur un drapeau, blanche ou rouge. Au Calvaire, deux hommes étaient crucifiés avec le Christ : leurs croix ne sont pas des symboles du salut. Sur sa propre croix, le larron est sauvé parce qu’il pose son regard sur la croix du Christ. Il regarde Jésus souffrant et reconnaît l’espérance. Un bandit est digne de reconnaître le Sauveur en croix. Quelle est mon attitude, à moi chrétien, homme ou femme de foi, devant le Christ en croix ?

Tant de mépris entoure aujourd’hui les symboles de notre salut. On fait disparaître les symboles de l’amour divin : crèche et croix. On dépersonnalise, laïcise, comme si le religieux était une indignité. Des funérailles laïques, des mariages laïcs, des baptêmes laïcs. Quelle incohérence ! A l’église, des cérémonies sans lecture biblique, des poèmes et des textes déconnectés de la Parole de Dieu, sans fondement, incolores et inodores, de la musique mondaine. Le regard, arrogant et insolent, se détourne du Christ. La prophétie du chapitre 53 du livre d’Isaïe est toujours d’actualité.

Il n’y a pas à philosopher, mais à entrer humblement dans le silence de l’adoration pour entendre ces paroles pleines d’amour d’un condamné : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34).

Il est une foi – les rendez-vous cinéma de l’ECR

Du 2 au 6 mai prochains, «– les rendez-vous cinéma de l’ECR – IL EST UNE FOI» auront lieu aux Cinémas du Grütli, à Genève. Le titre de cette 4e édition, «APOCALYPSES», ne devrait laisser personne indifférent car, pour le comité d’organisation de ce festival, «l’Apocalypse est un de ces mots qui véhiculent nombre d’idées préconçues et excitent l’imaginaire en s’emparant des symboles qui lui sont rattachés: l’antéchrist, le fameux signe 666, les 7 Sceaux, avec ses incontournables cavaliers, annonciateurs de la fin du monde: le cheval blanc, symbole de la conquête, le rouge de la guerre, le noir de la famine et le cheval pâle de la mort». De quoi donner la chair de poule aux Genevois? Ce n’est pas l’objectif, comme l’explique Bertrand Bacqué (BB), critique, historien et enseignant du cinéma, membre du comité d’IL EST UNE FOI et diacre, dans un entretien qu’il a bien voulu accorder à la rédaction de Vie de l’Eglise à Genève (Réd).

Photos: Agence S, Genève, DRRéd : Bertrand Bacqué, le  comité d’organisation d’IL EST UNE FOI a mis un s à Apocalypse : pourquoi ce pluriel ?
BB : Parce qu’il y a différents types d’apocalypse. Evidemment, on pense tout de suite
à l’Apocalypse que saint Jean rédigea en exil à Patmos, donc à quelque chose de
cosmique, de cataclysmique.

L’imagerie de l’apocalypse est très fantastique, très flamboyante. Mais en même temps, les apocalypses – avec un s – peuvent se révéler très intimes, très individuelles. D’une certaine façon, elles concernent toute l’Humanité. Il y a bien sûr les menaces que l’on connaît aujourd’hui, la menace nucléaire, ou encore celle qui pèse sur le climat dans la mesure où l’horizon écologique, aujourd’hui, ne semble pas très réjouissant. Mais surtout, il y a aussi toutes ces ruptures dans une vie qui nous font passer en quelque sorte d’une mort à une renaissance parce que l’Apocalypse, ce n’est pas simplement des cataclysmes, c’est aussi une révélation dans son sens littéral. L’Apocalypse a été écrite en des temps de crise certes, mais elle ouvrait sur une espérance. Au fond l’Apocalypse est présente tous les jours. Tous les jours nous vivons de grandes et de petites apocalypses qui nous conduisent parfois à faire le deuil de certaines choses auxquelles nous tenons, légitimes ou moins légitimes, et à partir dans de nouvelles espérances. L’idée du pluriel, de ce s, c’est pour signifier que cette apocalypse peut se décliner sous différents angles possibles : les conflits, l’écologie, les destins privés qui se brisent.

Réd : Vous avez donc choisi ce titre par provocation, pour surfer sur la vague des angoisses actuelles au niveau mondial – inquiétudes provoquées l’an dernier à la COP à l’occasion de laquelle les Etats-Unis ont annoncé leur retrait de l’accord scellé fin 2015 pour limiter la hausse de la température mondiale sous la barre des 2° C, le nouveau désordre mondial dénoncé lors de la récente conférence de Munich sur la sécurité – mais aussi sur cette volonté malgré tout d’espérer. C’est par cette voie de la provocation que vous avez choisi d’interpeller le public ?
BB : C’est vrai que l’apocalypse, entre guillemets, est à la mode de façon récurrente et donc toujours d’actualité. D’une manière ou d’une autre, elle nous menace toujours. Mais comme vous l’avez dit, ce sur quoi il convient d’insister, c’est qu’au-delà des désarrois auxquels nous devons faire face, il y a aussi, et c’est le message évangélique, une possibilité d’espérance. L’apocalypse, on la trouve bien sûr dans le passé – voir par exemple les temps de lutte qui prévalaient au Ier siècle de notre ère – mais aussi dans le présent et dans le futur. Nous nous situons toujours dans cette temporalité faite de luttes, de doutes et d’espérance. Je voudrais ajouter que la discussion au sein du comité sur le choix du visuel de l’affiche de cette édition a été assez vive : nous avons hésité entre un visuel de mains qui se tendaient sur un fond de ténèbres, donnant une image obscure du festival, et une éclipse. Nous avons finalement opté pour ce dernier, synonyme de renouvellement permanent et nécessaire des choses. Michel-Maxime Egger, sociologue et éco-théologien, avec qui nous en discutions, tendait à penser qu’il fallait passer par une kénose – un dépouillement, un abandon – qui devrait nous permettre de renouveler notre rapport au monde. Abandon d’un certain confort vécu depuis plus d’un siècle dont cependant, aujourd’hui, nous ressentons toutes les conséquences négatives. Ce qui nous amène au constat suivant : nous sommes, en permanence, confrontés à des cycles de mort et de résurrection.

Réd : IL EST UNE FOI : un festival de cinéma engagé ou un festival engagé de cinéma ?
BB : Engagé dans le sens où les films que nous proposons permettent de lancer des débats avec un point de départ : des  films exigeants. A travers ces films, nous souhaitons poser un regard de foi. Bien sûr les films retenus portent sur des thématiques très contemporaines comme Pluie noire de Shohei Imamura, sur les conséquences d’Hiroshima, ou Soleil vert de Richard Fleisher, sur une vision plutôt pessimiste du futur. Ce ne sont pas forcément des questions de foi qui sont posées mais on peut voir comment des questions de notre temps peuvent engager un regard de foi – ou pas.

Réd : La programmation comporte quelques « blockbusters » comme Apocalypse Now de Francis Ford Coppola, et Docteur Folamour de Stanley Kubrik, mais aussi pas mal de films que le grand public n’a jamais vus.
BB : Effectivement, à côté des films que vous avez cités, il y a des films plus rares comme La dernière vague de Peter Weir ainsi que des films passés inaperçus lors de leur sortie en salle comme 4 heures 44, les derniers jours sur terre de Abel Ferarra, l’histoire d’un couple de New-Yorkais qui attend la fin du monde.

Réd : Enfin, que dire aux Genevois pour les encourager à se rendre au Grütli ?
BB : Qu’ils vont faire des découvertes, non seulement de films mais aussi – nous insistons beaucoup là-dessus – d’idées et de points de vue qui vont émerger des débats organisés dans le cadre de ce festival. En effet, beaucoup des films projetés seront accompagnés d’une réflexion avec des philosophes, des théologiens, des historiens du cinéma à l’occasion de rencontres que nous voulons stimulantes.

Programme complet du festival sur https://ecr-ge.ch/ilestunefoi/

La mission en mutation

L’activité missionnaire de l’Eglise se réalise de multiples façons: nous avons connu les missionnaires qui partaient au loin proclamer l’Evangile, il s’agissait alors de «la mission au loin».

Par Pascal Bovet
Photos : Jean-Claude Gadmer, Federico Battista, Ciric
Tout près de nous, dans les diocèses et paroisses, une activité missionnaire a pour but de dire l’Evangile dans notre contexte historique et culturel. Sans nier les vertus de la mission « au loin », nous présentons ici la mission proche, locale. Ces deux dimensions répondent à la demande du Christ : Allez enseigner toutes les nations, c’est-à-dire celles disséminées sur toute la terre, comme celles qui constituent des périphéries dans nos cultures traditionnelles.

L’Eglise redit le besoin de la mission « chez soi ». Ici des frères franciscain et capucin à la rencontre de la population.
L’Eglise redit le besoin de la mission « chez soi ». Ici des frères franciscain et capucin à la rencontre de la population.

Exemple

L’Ecole des missions du Bouveret, tenue par les Missionnaires du Saint-Esprit (spiritains), ferme ses portes après un siècle d’activité missionnaire. L’école proprement dite qui formait les futurs spiritains avait déjà abandonné son activité il y a vingt ans.

Que devient la maison ? Une approche, présentée à la presse, manifeste une autre manière d’envisager la mission. Faute de pouvoir envoyer des missionnaires au loin, proposition est faite d’œuvrer dans une visée missionnaire locale. Comment ? Un devoir est dû aux missionnaires retraités rentrés au pays : ils y trouveront un gîte et une communauté des pères dans l’une des maisons.

Tibériade, la maison qui a servi d’accueil, sera entièrement modifiée intérieurement avec trois orientations : un atelier pour former des réfugiés en recherche d’emploi, un accueil des adolescents en difficulté scolaire ; ces deux finalités nécessitent un engagement de la part de l’Etat. Enfin un espace important avec services communs est réservé aux  groupes pastoraux des Eglises.

La mission de l’Eglise locale n’est donc pas négligée mais réorientée vers deux périphéries qui demandent une attention particulière et les rencontres pastorales ne sont pas déshéritées.

Abandon ou mutation ?

Ce changement de cap peut faire penser à un aveu d’échec, à une forme de désaveu du passé ou tout simplement à l’incapacité de poursuivre la mission dans sa forme actuelle.

Des causes internes à l’Eglise l’ont menée à redire le besoin de la mission « chez soi ». La décolonisation a montré les limites d’une mission trop calquée sur la politique. Le Concile Vatican II a pris en compte autant l’évolution des pensées que les réalités politiques : la mission est partie intégrante de l’Eglise, appelée à sortir d’elle-même pour livrer un message de salut. Mais les destinataires sont autant au loin dans le monde que chez nous où la foi et l’Eglise deviennent étrangères à beaucoup.

Le Père Maurice Tornay est mort en mission au Tibet en 1949.
Le Père Maurice Tornay est mort en mission au Tibet en 1949.

Traditionnellement, des missionnaires de chez nous partis « au loin » témoignent d’un zèle évangélique certain, parfois même dans des zones dangereuses, comme en a témoigné le Père Tornay de l’Abbaye de Saint-Maurice mort en mission au Tibet en 1949.

Plus récemment, on a vu le reflux de l’effort missionnaire dans la présence de prêtres ou de religieuses « de couleur » dans nos forces pastorales. Mais leur présence bienvenue ne dispense pas nos Eglises locales de tout faire pour susciter les vocations nécessaires… A long terme, que signifierait une Eglise qui n’a plus les forces de son expansion vers l’extérieur, ni celles du maintien de son niveau de vie ? En Suisse romande, nous connaissons surtout des prêtres d’origine africaine, polonaise ou vietnamienne ; le diocèse voisin d’Annecy bénéficie de prêtres venant de l’Inde et de la famille de saint François de Sales.

Visiblement, l’engagement de l’Eglise catholique va dans le sens d’une collaboration de type social, qui se dit aussi diaconie.  Les nombreux agents pastoraux actuellement engagés dans différents milieux profanes en témoignent (voir les rapports annuels de nos Eglises et leurs comptes). Leur engagement témoigne d’un déplacement de la mission. Déplacement géographique, certes, mais déplacement social, vers les périphéries, comme dirait un certain pape François.

Une communauté tibétaine bien vivante qu’avait visitée Maurice Tornay au XXe siècle.
Une communauté tibétaine bien vivante qu’avait visitée Maurice Tornay au XXe siècle.

Conséquences pour les congrégations et communautés

Les ordres religieux missionnaires ont connu leur temps de développement en harmonie avec la découverte d’un monde plus vaste que nos frontières. « Allez évangéliser », cela signifiait chez les autres, car chez nous, c’était mission accomplie. Ils ont actuellement un double devoir de fidélité : leurs membres âgés à soutenir et, quand ils sont encore en mission, préparer le temps de leur absence, une fois rentrés chez eux.

C’est aussi l’occasion pour les régions évangélisées d’apporter à leur tour leur contribution à la mission ailleurs.

Enfin, la prise en charge des zones périphériques si chères au pape François permet ou nécessite l’engagement de fidèles  bénévoles ou salariés. L’Eglise n’en est que mieux signifiée par des acteurs plus diversifiés, tous participant à la mission de l’Eglise sortant dans la rue pour apporter une Bonne Nouvelle.

Les prêtres de couleur incarnent le reflux de l’effort missionnaire.
Les prêtres de couleur incarnent le reflux de l’effort missionnaire.

Par le Père Claude Maillard, Père Blanc, Fribourg

_09w8077Le souffle de la mission demeure présent. Au Sud, la relève est bien présente avec des engagements nouveaux chaque année. Au Nord, la relève semble tarie. On s’engage alors sur les terrains nouveaux de la diaconie et autres services pastoraux.

Par le Père Pariat, supérieur des Spiritains, Fribourg

_09w8064« … Non, nous ne vivons pas un repli de la mission comme si les baptisés-missionnaires devaient témoigner de leur foi uniquement là où ils ont toujours vécu. ″Au loin″ et ″ici″ se réfèrent à des lieux géographiques. Des générations de missionnaires sont partis de leur pays, pensant que leur société était évangélisée. Un esprit quelque peu ″théocratique″ fusionnait leur identité civile et la foi chrétienne.

… Et nous, en Suisse, ne sommes-nous pas aujourd’hui un carrefour des nations ? Notre engagement missionnaire est le même soit en restant en Suisse, soit en répondant à l’appel de vivre notre baptême ailleurs. »

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