Chemin de Joie – l’Eglise en marche!

Par Karin Ducret
Photos: ECRLe dimanche 22 avril aura lieu à Genève, un « Chemin de Joie » sous la présidence de notre vicaire épiscopal, l’abbé Pascal Desthieux.

C’est un chemin à l’instar du Chemin de Croix, rythmé par des stations. Celles-ci évoquent des rencontres entre le Christ ressuscité et des disciples de Jésus pendant la période entre sa Résurrection et son Ascension.

Tout a commencé en 2012. Pour illustrer les étapes, l’appel a été fait au mosaïste d’art sacré Marko van Rupnik. Le 31 mai 2015 a eu lieu un premier Chemin de Joie à l’occasion des 75 ans de l’évêque auxiliaire Pierre Farine. Toutes les mosaïques n’étant pas encore livrées, nous visiterons ce 22 avril 2018 les six œuvres déjà présentes. Le parcours à pied est d’environ 15 kilomètres, la dernière étape Notre Dame à Chêne-Bourg sera effectuée en bus et en tram. A chaque station la paroisse est invitée à accueillir les marcheurs et marcheuses devant la mosaïque : l’évangile correspondant sera lu, suivi d’une courte méditation et d’un chant manifestant notre joie… Le temps imparti à chaque station est de 20 minutes.

Voici le parcours du « Chemin de Joie » qui commence à 10h30 : 

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Dans l’église de l’Epiphanie au Lignon, c’est l’équipe de l’aumônerie de Champ Dollon qui présentera la mosaïque « La descente aux enfers », qui se trouve en réalité au lieu de prière de Champ Dollon non accessible au public. Finalement les pèlerins seront accueilli à 17h45 à l’église Saint-François de Sales à Chêne-Bourg : l’évangile sera lu devant la mosaïque « Emmaüs »

(Lc 24, 12-35), suivi d’une méditation en lieu et place de l’homélie. Le vicaire épiscopal, l’abbé Pascal Desthieux, accompagné par le frère Michel Fontaine, curé modérateur de l’UP La Seymaz, de l’abbé Joël Akagbo, prêtre répondant pour la paroisse Chêne-Thônex et peut-être d’autres prêtres marcheurs, clôtureront ce « Chemin de Joie » avec une célébration eucharistique. Beaucoup de prières et chants de joie
pendant cette célébration ! Elle sera suivie par un apéritif dînatoire festif !

« Le Chemin de Joie » – l’Eglise en marche ! Quel bel événement pour approfondir le mystère du temps pascal par les rencontres du Christ ressuscité ! Vous êtes toutes et tous cordialement invités à participer. Chacun-e peut prendre le chemin en route, à la station qui lui convient. Vous trouverez les détails dans votre feuille dominicale.

Qu’est-ce qu’un Centre Missionnaire?

Texte et photo par Alessandra Arlettaz, pour le Centre MissionnaireDans les années 60, le Père Armand Bender, qui était en mission en Martinique, a interpellé des paroissiens afin de l’aider à trouver de l’argent pour s’acheter une voiture pour exécuter au mieux sa mission.

Ces personnes ont alors fait une collecte et ont vu que les besoins étaient toujours plus nombreux. Ils décidèrent de créer le « Centre Missionnaire ».

Le centre gardait contact avec les missionnaires et demandait de l’aide financière aux paroissiens. Leur but principal était donc d’envoyer une aide financière.

A la fin des années 70, le comité en fonction s’est fait la réflexion que l’aide aux missionnaires était une bonne chose mais qu’il était nécessaire que la mission soit aussi ici. Ils ont donc, par les idées amenées par Edmond Bruchez, présenté les personnes qu’ils soutenaient. Ils ont fait des présentations dans les écoles du village ainsi que dans la paroisse.

Je me souviens très bien de ces présentations qui m’ont beaucoup impressionnée et qui ont sûrement contribué à m’intéresser à la mission.

Dans les années 90, le comité se sentait fatigué et en a parlé au Père Gabriel Carron qui était en Argentine (cf. photo en page de couverture). Ce dernier leur a dit que par la «Force de la prière» on peut tout et les a incités à organiser les neuvaines à saint Symphorien, qui ont lieu encore de nos jours.

Sœur Marie-Pascale Dorsaz, qui est en mission depuis plus de 60 ans, en Guadeloupe et actuellement au Togo, désirait faire connaître ses bonnes actions et les personnes qu’elle aidait. Comme elle ne voulait pas recevoir de dons gratuitement, ils ont mis sur pied des ventes d’objets faits par des personnes qu’elle soutenait dans sa mission. Il y avait également une vitrine qui présentait ces objets au « Foyer Sœur Louise Bron » et dorénavant au « Magasin du Monde de Fully ».

Actuellement, nous continuons de travailler dans ce sens, en étant à l’écoute de notre seule missionnaire permanente, ainsi qu’à l’écoute de ces jeunes qui partent pour donner 1 an ou plus de leur temps pour Dieu et l’autre (tel que Point Cœur, Casa Juan Diego, …).

Nous animons aussi la messe de la « Mission Universelle » du mois d’octobre. Nous nous occupons du « Noël du Missionnaire Valaisan ». Nous aidons financièrement lors de demandes concrètes telles qu’aide à la reconstruction d’une école après un tremblement de terre en Italie, aide au Père Mathieu du Bénin qui vient en été… Cette année nous animons une soupe de Carême.

Comme l’a dit dans un tweet le pape François : « La mission du Chrétien est magnifique. Elle concerne tous et n’exclut personne. » Nous essayons donc d’être un regard d’ouverture sur l’autre ici ou là-bas dans la paroisse.

Personne n’est étranger dans l’Eglise

Texte et photo par l’abbé Henri RoduitIl paraît que lorsque j’étais petit enfant et qu’on me demandait ce que je voulais faire quand je serai grand, je répondais « missionnaire ou millionnaire ». « Millionnaire », dans ma tête d’enfant, c’était pour pouvoir donner aux pauvres. « Missionnaire », c’était pour porter la Bonne Nouvelle en Afrique.

Cette idée m’est restée bien longtemps. J’étais sûr de ma vocation de prêtre une bonne année avant de me décider à ne pas me former comme missionnaire mais comme prêtre diocésain, sachant qu’il y avait bien à faire ici en tant que prêtre.

Et l’idée de la mission s’est transformée en projet d’échange pendant mes vacances d’été. Chaque année j’ai voulu aller découvrir un autre pays. Je ne suis retourné qu’à 3 reprises dans la même paroisse. La plupart des fois, j’ai pu faire un échange complet : le curé d’ailleurs est venu me remplacer et je lui ai rendu la pareille.

C’était pour moi l’occasion de découvrir d’autres cultures, d’autres langues (allemand, anglais, italien, espagnol, portugais). Le dépaysement était parfois très grand, spécialement dans les îles du Pacifique (Vanuata, Nouvelle-Calédonie) mais c’était toujours la même Eglise de Jésus-Christ dans laquelle nul n’est étranger.

J’ai été très impressionné par la qualité d’accueil des plus pauvres. La première fois que je suis allé au Brésil, j’ai reçu, 7 jours après mon arrivée, un lundi, un téléphone du vicaire de la paroisse qui me disait qu’on ne comprenait pas très bien le prêtre brésilien, qu’il s’était passé de ses services et qu’il avait trouvé un ami prêtre pour le remplacer. J’ai pensé, lui on ne le comprend pas très bien après un an à Paris et moi je n’ai eu qu’une quarantaine d’heures pour bosser le portugais. J’ai découvert des gens pauvres qui m’ont accueilli chez eux, qui sont passés à la cure, qui ont supporté mon minable portugais alors qu’en Suisse, pays riche, la moindre faiblesse n’est pas supportable !

Réponse d’un évêque à Aline Jacquier

logo_synode4En vue du Synode des jeunes qui se tiendra à l’automne 2018, le Pape invite nos jeunes à poser les questions qui les habitent.

Par Vincent Lafargue
Photos: LDD, DRaline-jaquier2Aline Jacquier, 28 ans, habite le canton du Valais. Parmi les nombreuses questions qu’Aline a posées à nos évêques, Mgr Alain de Raemy a retenu celle-ci à laquelle il souhaite répondre :

– Assistance au suicide, acharnement thérapeutique, avortement, transhumanisme, PMA-GPA (procréation médicalement assistée et gestation pour autrui), eugénisme… quand l’homme se prend pour Dieu, quelles limites ? 

L’évêque des jeunes, Mgr Alain de Raemy répond ainsi:

alain-de-raemyChère Aline,

Toutes ces possibilités, si diverses, semblent faire reculer toutes nos limites. L’être humain semble pouvoir décider de tout. Ce dont j’ai envie (concevoir ou stopper un enfant, vivre plus longtemps, mourir maintenant) semble à portée de main. Si je le veux, je le peux. Le pouvoir de tout choisir.

Pourtant, qu’est-ce qui nous rend le plus heureux ? Tout faire, quand je veux, comme je veux ? Qui donc est plus en paix ? Celui qui a toutes les possibilités ou celui qui accepte de ne pas tout décider ?

Si je crois être livré à des forces anonymes, qui n’ont aucun sens, mais dont je suis simplement victime, alors oui, j’essaie de m’en délivrer et je veux tout, absolument tout pouvoir décider.

Mais si je vis dans la confiance en Quelqu’un qui non seulement tient mon destin mais le tient par amour et le conduit à l’amour pour toujours, et si je crois ne pas être le fruit du hasard, mais bien celui d’une volonté toute-puissante qui m’a donné la vie pour m’aimer à vie et à vie éternelle, alors je ne suis plus obsédé par ce que je veux ou ce que je peux, mais au contraire émerveillé, défié et porté par un amour qui peut habiter tout ce que je vis, même ce dont je manque et même ce que je perds.

Le livre de la Genèse nous décrit la volonté originelle de l’homme et de la femme d’être comme des dieux (voir chapitre 3). Ah, si seulement nous avions soif d’être plutôt comme Dieu, et non pas comme des dieux ! A son image, pas à nos images. Libres d’aimer quoi qu’il arrive. Libres de donner quoi qu’on perde. Libres de pardonner, quoi qu’on nous fasse. Libres de vivre, quelle que soit l’épreuve. Libres de mourir, quel que soit le moment. Comme Jésus.

Il nous faut demander, non pas de tout pouvoir choisir (inévitablement, ce ne sera pas toujours le cas), mais de toujours pouvoir choisir… d’aimer. Et quand on se sait divinement aimé, ça aide… un peu, beaucoup, passionnément et pour toujours !

+ Alain de Raemy, l’évêque des jeunes

L’Agneau pascal

Par Pascal Bovet
Photos: Madeline DienerLe baptistère de l’abbaye se Saint-Maurice est une catéchèse en image : les principales étapes de notre histoire du salut y sont représentées. L’artiste, Madeline Diener, a utilisé un espace en forme de grotte à l’entrée de la basilique ; pour y pénétrer, il faut se faire petit car nous plongeons, comme au baptême, dans notre histoire sainte. En ces temps de Pâques, arrêt sur une image pascale : l’Agneau de Dieu, invoqué dans l’eucharistie au moment de la communion.

Il est glorieux et douloureux, « cet agneau si doux », laissant échapper le sang et l’eau, comme à la croix : don de la vie qui purifie.

17_madeline025L’Agneau est placé sur un fond représentant le temple de Jérusalem. Le nouveau Temple, reconstruit en trois jours, c’est l’Agneau. L’eau qui en sort en abondance rappelle la vision d’Ezéchiel (ch. 47) où l’eau s’échappe du temple et donne vie aux arbres et aux plantes : les arbres donnant leur fruit et les feuilles servant de médecine. On y ajoute le sang de la Passion et toute la vie donnée est figurée.

L’Agneau est le nouveau Temple dont on peut attendre les bienfaits ; un temple non réservé à un peuple élu, mais à tout homme et toute femme qui veut bien le contempler, lui, la victime sacrifiée, marquée d’une plaie au cou, mais dominant la croix glorieuse.

Madeline Diener, artiste suisse née à Zurich (1930-2000), a vécu en Suisse romande. Formation en Italie, France, Suisse. Elle a laissé des œuvres à Notre-Dame de Paris, l’abbaye de Saint-Maurice et en plus de 60 églises.

Arrête ton cirque!

Par Laure Barbosa
Photo: Clown to Care
Des clowns en visite dans les résidences pour personnes âgées ?
Ce lien d’humanité empreint de douceur et de tendresse, tissé de joie profonde… Comme un fil rouge tendu sur la durée de nos vies entre l’enfance et le grand âge, sur lequel nous avançons, tels des funambules en fragile équilibre. Ce trésor d’humanité qui donne de célébrer « la vie jusqu’au bout de la vie ». Tiens, c’est précisément la devise de l’association Clown to Care1, présente dans les principales unités et institutions de soins palliatifs du canton de Vaud et plus récemment en Valais à l’hôpital de Martigny.

Leur mission ?
Améliorer la qualité de vie des personnes et de l’entourage, par des visites en chambre et déambulation dans l’établissement, de clowns de théâtre formés à cette approche. Leur motivation ? Servir des valeurs humaines en des lieux où la vulnérabilité de l’être se donne à voir dans la proximité avec la mort.

Démarche novatrice dans les soins palliatifs
« Sa force de jeu, le clown la puise dans ses fragilités. Il ose exposer sa propre vulnérabilité afin d’aller à la rencontre de celle de l’autre. » explique Nathalie Grivel, clown professionnelle, infirmière et formatrice d’adultes, l’initiatrice de ce beau projet. En effet, le personnage du clown avec toute la poésie qui l’entoure, libère l’émotion, stimule l’imaginaire et provoque un décalage salutaire chargé de souffle et d’humour bienveillant. Autant de ressources pour permettre l’accueil de nos fragilités respectives et l’accompagnement dans l’épreuve en ouvrant à la grâce de l’instant présent. Si la pratique des docteurs Rêves auprès des enfants malades reste bien connue, le soutien apporté par les clowns aux adultes en soins palliatifs participe d’une démarche novatrice en Suisse. Cette initiative découle des observations effectuées par la fondatrice de Clown To Care dans le cadre de son mémoire en Ethique et Spiritualité dans les soins. Les effets bénéfiques de cette présence clownesque à travers ces rencontres profondément humaines se sont largement avérés depuis.

Un sérieux « pote-en-ciel »
Lorsque l’accompagnatrice spirituelle engagée en aumônerie de trois EMS martignerains tombe « par hasard » sur un article présentant l’Association, l’enthousiasme de pareille découverte débouche tout naturellement sur une nouvelle aventure 2 ! L’envie d’allouer à ces lieux de vie pour personnes âgées, le service de ces clowns hospitaliers les invitant ainsi à étendre leur activité et déployer leur « pote-en-ciel ». Pourquoi réserver ces visites aux soins palliatifs et ne pas en faire bénéficier les résidents bien portants aussi ? Quel meilleur endroit pour célébrer « la vie jusqu’au bout de la vie » qu’un foyer où nos aînés viennent vivre leur dernière saison. Faisons en sorte qu’elle soit encore fertile, alliant nos forces et nos talents interdisciplinaires, intergénérationnels dans un doux mélange de genres et de gens, dans le respect de la diversité et de la pluralité, au service de l’humanité de tous et de chacun.

1 Association Clown To Care, Vevey Infos sur www.clowntocare.ch Financièrement, l’association vit uniquement de dons bienvenus et des cotisations de ses membres. MERCI pour votre soutien : IBAN CH32 0900 0000 1451 3940 9.
2 A suivre prochainement dans L’Essentiel !

Faire ensemble

Le refus de la misère, c’est l’affaire de tous et c’est tous les jours!

Texte et photo par Nicole Andreetta ATD Quart Monde (Agir tous pour la dignité) est un mouvement fondé par le Père Wresinsky, il y a 60 ans.
Son but : permettre aux personnes vivant dans la précarité de s’exprimer et valoriser leur expérience de vie pour chercher, avec l’aide d’amis ou d’alliés, des solutions pour s’en sortir.
Les moyens utilisés : universités populaires, bibliothèques de rue… et tout projet créatif permettant d’établir des liens là où ils n’existaient pas.

En Suisse, ATD est présent à Bâle, Fribourg et Genève.

Esther, 23 ans vient de Nantes. Elle termine des études en travail social à l’université de Fribourg. Comme expérience de terrain pour son master, elle a choisi ATD. Emballée par la démarche, elle envisage de s’engager sur le long terme en tant que volontaire permanente.
« Ce qui m’a le plus interpellée, c’est qu’ici, les personnes en situation précaire ou d’exclusion sont appelées des militants. Leur parole est entièrement prise en compte. Ailleurs on parle d’eux comme des bénéficiaires de l’aide sociale. C’est dire le changement de regard ! »
D’origine haïtienne, Agnès a rejoint ATD d’abord en tant qu’alliée.
« Les alliés sont des personnes qui s’engagent autour des militants, là où ils vivent, agissent et travaillent. Ils suscitent d’autres engagements. C’était mon cas,
lorsque je travaillais pour Village SOS Enfants à Haïti. Au­-jourd’hui, en Suisse, je suis devenue volontaire permanente. Je trouve vraiment très difficile de se confronter à la misère des pays développés. Comment peut-on trouver des personnes si pauvres ici ? »

C’est par les bibliothèques de rue que Jean-Robert a connu le mouvement.
« Je fréquente ATD comme militant depuis 30 ans. Lors de ma première séance, j’avais très peur. Mais quand j’ai vu les personnes qui étaient présentes, j’ai pensé : c’est les mêmes que moi ! Et je me suis senti à ma place. Ici tout le monde est libre de dire ce qu’il a à dire et personne ne va le juger. »

La transmission est assurée. Les initiatives des plus jeunes sont vivement appréciées, telle la vidéo de Vincent Verzat : https://www.youtube.com/watch?v=GFD7lkfBYq0

https://www.quart-monde.ch

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Le troisième jour

Par l’Abbé Jean Genoud
Photo: PontifexPâques ! Le printemps bourgeonne. La campagne revêt un air de fête. Je creuse dans mes souvenirs. J’ai dix-sept ans. Avec un petit groupe d’amis, nous passons les jours saints à l’hospice du Grand-Saint-Bernard. Nous participons aux offices. Le jour de Pâques, après la célébration de l’eucharistie, nous chaussons nos skis et redescendons en plaine. Eblouissement ! Les cerisiers ont fleuri et égayent la campagne. La nature chante à nouveau la vie. Un poème de joie et d’espérance. Pâques !

Lors d’un pèlerinage en Terre sainte, nous rentrons le soir en autobus de Nazareth à Tel Aviv. A la nuit tombante, nous traversons une bourgade. Devant des maisonnettes en forme de cube, blanchies à la chaux, des braises brillent dans le noir. Au-dessus on apprête un agneau à la broche. C’est la célébration de la libération de la servitude en Egypte ; la fête juive de la Pâque.

Troisième tableau, en Grèce. Nous allons en voiture d’Athènes à Delphes. La route est sinueuse. Nous venons de passer un col. Au bas, dans la vallée, des lumières scintillent dans la nuit. Nous nous en approchons. Nous traversons un petit village, puis un pont sur un cours d’eau. Surprise ! A notre droite, un cimetière. Chaque tombe avec un lampion allumé. Une même espérance unit les vivants et les morts. C’est Pâques !

C’était un premier jour de printemps de l’an 30 ou 33. Les compagnons du Prophète de Nazareth venaient de vivre une semaine éprouvante, décevante. Leur Maître avait été arrêté par l’autorité religieuse de l’époque, condamné à mort et livré aux Romains pour être crucifié. Tout s’était passé si vite ! Les disciples en étaient complètement déconcertés. Bien sûr, par la mort violente de leur Maître et Seigneur. Mais aussi par leur lâcheté. Surtout Pierre, le fanfaron, qui avait affirmé que même si tous l’abandonnaient, lui non. Et au moment crucial, il nie le connaître. Il fait sombre. C’est la nuit ! Et tout resurgit dans la clarté du troisième jour. Le Christ est vivant ! Il a vaincu la mort. C’est Pâques !

Un dernier souvenir. J’étais jeune, servant de messe à la paroisse. Le regretté chanoine Gabriel Pont était vicaire. Il avait ses expressions à lui, percutantes. Le jour de Pâques, il nous répétait : « Le Christ est ressuscité… et zut pour le reste ! » Joyeuses Pâques !

La diversité de chacun fait la richesse de tous

Texte par Daniela Gillioz
Photos: Valérie Cloutier« La diversité de chacun fait la richesse de tous. » J’apprécie tout particulièrement cette réflexion de Jules Beaucarne. Elle résume à elle seule une des missions que la commission Intégration de Riddes poursuit depuis maintenant 5 ans : inciter les communautés étrangères à se rendre visibles, à susciter la curiosité et la découverte. Et de là, contribuer à ce que les uns s’enrichissent « humainement » en acceptant d’ouvrir leurs yeux sur les différences des autres.

En cela, rassembler des communautés de tous horizons lors des « repas de la diversité » se révèle être pour chacun – acteur ou consommateur – un espace approprié pour la connaissance de l’autre. Quoi de plus universel que de se mettre à table ? Quoi de plus convivial que de partager un repas et de s’émerveiller devant une danse orientale ou africaine ?

Dans ces rencontres, chacun y trouve son compte.

D’une part, les communautés étrangères se sentent reconnues et revalorisées dans leurs différences. En effet, c’est avec une fierté non dissimulée que les acteurs principaux de ces repas collaborent entre eux dans l’organisation de ces rencontres : décoration des stands, suggestions pour l’animation et surtout confection et service de mets riches en couleurs et parfums divers. Un engagement remarquable qui met en avant leur savoir-faire et la richesse de leurs cultures.

D’autre part, la population invitée à échanger autour de dégustations de plats typiques ou chants et danses d’ailleurs, est amenée à découvrir ce qu’il y a d’humain dans la différence tels que le savoir-faire, les émotions, un regard et non plus ce qui en fait l’obstacle comme la langue, la religion ou les coutumes. Une considération qui rééquilibre les rôles et devrait nous inciter à nous remettre en question.

Comme le disait le pape Jean-Paul II, en 2005, dans son message pour la journée du Migrant et du Réfugié : « Le contact avec l’autre amène […] à en découvrir le « secret », à s’ouvrir à lui pour en accueillir les aspects valables et contribuer ainsi à une plus grande connaissance de chacun. » Il est certain que le succès croissant de ces rencontres multiculturelles est encourageant pour la commission Intégration mais elle dénote surtout un bel esprit d’ouverture de la part de la population, prête à déceler le « secret » qui se cache dans l’autre.

Notre quotidien est rempli de ces diversités multiculturelles. A nous de trouver le moyen de nous enrichir !

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Concert avec les textes de sainte Thérèse de Lisieux

Les plus beaux poèmes de sainte Thérèse de Lisieux revisités et mis en musique, comme autant de chansons d’Amour. Un album et un concert qui font du bien par l’essentiel des paroles et la force des mots. En relisant ensemble l’œuvre de sainte Thérèse, Olivier Mottet et Roche Colombe ont sélectionné les vers qui parlaient à leurs âmes afin d’offrir à chacun ses propres «armes».

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Les nouvelles missions

Par Thierry Schelling
Photo: DR

 « Allez serrer des mains, Monsieur le Curé, me lançait un municipal lors de la croisière des aînés, ça ramènera du monde à l’église ! » Tout ce que je déteste : électoraliste et harangueur, pour remplir comme jadis nos parfois trop grands édifices religieux ? Très peu pour moi : je préfère dix convaincus à cent contraints.

Le pape François est clair : « C’est l’attractivité et le témoignage qui évangélisent, pas le prosélytisme ! » C’est vrai qu’on connaît ces fidèles qui choisissent leur prêtre, leur horaire de messe, voire leur église, par goût et parce qu’ils sont nourris ici et pas là. La réciproque pour le curé va aussi : mettre plus de présence où il en faut davantage – formule ignatienne ! – est gage de mission selon l’esprit de l’Evangile : quatre terrains ensemencés, mais un seul donnera du fruit !

A relire, le chapitre 6 de Jean, sur le pain de vie (vv. 22-71) ; très missionnaire, Jésus enseigne, assène presque, le sens eucharistique de sa vie. Et des disciples réagissent mal (v. 66) ; et Jésus ? Il les laisse aller… Quelle mission ?

En librairie – avril 2018

Par Nicolas Maury et Sœur Franziska Huber de la librairie Saint-Augustin, Saint-Maurice

Des livres

courage-livreLe courage d’être soi-même

Supérieur du séminaire de Sion, le Père Joël Pralong s’intéresse aux voies spirituelles qui aident l’humain à grandir et à devenir lui-même. A travers cet ouvrage, c’est à l’analyse des relations avec les autres qu’il s’attelle. En commençant par constater qu’elles sont souvent dépendantes des mécanismes de défense qui modèlent la perception de la réalité et font souvent dramatiser les situations. En leur attribuant des noms humoristiques – du « Monsieur je sais tout » au « Caméléon » – il démontre leur fonctionnement et propose des pistes pour les contrecarrer.

Editions des Béatitudes

Acheter pour 20.40 CHFamePrenez soin de votre âme

C’est un petit traité d’écologie intérieure qu’a concocté le psychanalyste et biologiste Jean-Guilem Xerri. Partant du constat que les psychothérapies et la pharmacologie ne permettent pas de guérir la souffrance de l’âme, il note qu’elles renvoient à des tensions intérieures que les plus grandes traditions spirituelles de l’humanité ont identifiées. Ainsi, les Pères du désert, dès les premiers siècles du christianisme, ont développé une véritable médecine de l’âme. Celle-ci apparaît aujourd’hui d’une troublante actualité et d’une grande pertinence.

Editions du Cerf

Acheter pour 30.00 CHFcommentComment répondre aux questions brûlantes sur l’Eglise…

De l’embryon à l’euthanasie en passant par le mariage, le préservatif ou l’immigration, l’Eglise intervient sur les sujets de société qu’elle juge déterminants. Thème après thème, le journaliste anglais Austen Ivereigh et la blogueuse Natalia Trouiller offrent des pistes pertinentes et documentées aux catholiques pouvant être pris à partie pour expliquer certaines positions sur ces sujets brûlants. Ou comment établir un dialogue respectueux et fructueux plutôt que d’entrer dans une polémique stérile…

Editions de l’Emmanuel

Acheter pour 27.00 CHFeo_luminescencesLuminescences

Une publication originale, mais très belle, que ces « Luminescences ». Pour chaque semaine de l’année, le pasteur Pierre Boismorand de Martigny propose un texte poétique, méditatif ou protestataire, disposé en regard d’une peinture, d’une gravure ou d’une lithographie de l’artiste Jacques Perrenoud. Mgr Lovey signe la préface de ce livre qui se parcourt comme une traversée.

Editions Ouverture

Acheter pour 33.00 CHF

Infos

Ouvrages disponibles notamment dans les librairies Saint-Augustin de Saint-Maurice (avenue de la Gare, tél. 024 486 05 50, librairievs@staugustin.ch) ou de Fribourg (rue de Lausanne 88, 026 322 36 82, librairiefr@staugustin.ch) aussi disponible sur librairie.saint-augustin.ch

La vie au quotidien: un passage?

Par Gaby Zryd-Sauthier
Dessin: Marius Zryd 
Ce soir, ma tendresse se tourne vers les héros du quotidien. De notre quotidien, puisqu’il nous a été donné la grâce de vieillir à deux. Je m’interroge : quelle force les soutient, mettant entre parenthèses leurs soucis privés, pour s’attarder avec les nôtres ?

Sur ma table, un adieu laissé par une mourante et des faire-part de naissance. Le premier parle de l’âme, du passage mystérieux accepté d’avance, mais beaucoup craint. Je m’émerveille sur cet autre passage mystérieux qu’est la naissance. Chaque parent l’a expérimenté. Malgré une intimité de neuf mois, c’est un inconnu qui se pousse vers la lumière. Le moment d’après, ce bébé dans vos bras est la créature reconnaissable qui vous était destinée depuis toujours ! Avec son corps  et son âme qui la distinguent et vous remplissent de respect.

Quel avenir pour ces nouveau-nés ? Impuissante, je me rassure en regardant autour de moi et dans l’univers. Les raisons d’espérer sont là. Nous avons compris que chaque effort individuel comptait pour sauver la Création. J’attends aussi avec impatience le développement de l’énergie solaire, qui parle de partage universel plutôt que d’accaparement.

L’espoir… Survolant les étapes de ma vie, j’y trouve chaque fois cette constante, liée au désir d’améliorer le monde. Je vois une fillette qui priait. Le jeudi, pour la conversion des réformés et de son amie d’école. (Celle-ci demandait probablement juste le contraire à la chapelle protestante…) Le vendredi, pour le salut des incroyants. Mon cœur a été vite rassuré à leur propos. Ceux qui ont influencé ma vie avaient un idéal exigeant, ils œuvraient pour le bien de la société et s’en sentaient responsables. Nous avons appris à laisser les jugements à un Dieu de miséricorde.

Ma prière du jeudi a été exaucée de manière imprévue. Soixante ans plus tard, l’œcuménisme et ses rencontres m’ont enrichie de la lecture de la Genèse. La création du monde est jubilatoire, le Seigneur est satisfait de son œuvre. J’ai été réconfortée : aimer la vie sur terre, c’est dire merci au Créateur. Cependant, dans mes méditations nocturnes, les lettres que j’adresse à Dieu sont véhémentes : tant d’épreuves personnelles, tant d’injustice dans la société, tant de victimes innocentes ! Tant de bassesse chez les humains !

Heureusement, ces reproches ne sont pas qu’un constat d’impuissance… Ils débouchent sur des efforts pour rétablir l’équilibre entre le Bien et le Mal. Je revendique le droit de croire aux contrepoisons, à l’efficacité des gestes d’expiation. Le droit de chasser le désarroi par des élans de solidarité à notre portée. Bien sûr ils sont dérisoires : un grain de sable dans le désert. Mais qui sait leur poids sur les balances d’ailleurs ?

S’aimer dans le grand âge

Toujours dure longtemps! Surtout à notre époque où la vie joue les prolongations! Quand le grand âge et ses inévitables dépouillements survient, l’amour est alors purifié, conduit à des profondeurs insoupçonnées. Témoignages.

Par Bertrand Georges
Photos: pixabay.com people-2583943_1920Geneviève et Yves, comme bien des couples, ont expérimenté trois étapes dans leur amour : celle de la romance-fusion, qui est suivie par une phase de désillusion. Ce passage qui permet de redevenir qui nous sommes, prépare à ce qu’ils appellent la décision d’aimer. Tendre vers cette attitude permet de construire un amour qui respecte ce que l’on est. Geneviève relève qu’au fil du temps, elle a intériorisé qu’il est utopique de vouloir changer l’autre. Notre responsabilité est au contraire de nous (laisser) transformer nous-même pour mieux accueillir le conjoint. Si les deux entrent dans cette dynamique, on avance ensemble dans un véritable chemin de croissance en intégrant les changements qui n’empêchent en rien de vivre ensemble.

L’expérience de Jean-Benoît et Denise leur a montré que les épreuves ou la maladie peuvent aussi être vécues comme une chance dans le domaine de l’amour. Benoît relève que ces situations génèrent parfois une irritabilité qui demande un travail sur soi pour ne pas faire « peser » sur l’autre ce que l’on vit. Le handicap momentané ou durable invite à un amour qui se dépasse, qui se donne, qui prend le visage de l’entraide réciproque. Les limites liées à l’âge invitent aussi à un lâcher prise et à un amour plus gratuit, à l’acceptation du réel. Jean-Benoît et Denise soulignent volontiers combien la foi leur a été d’un grand secours. Ils aiment aussi rendre grâce pour ce qui est bon et beau.

Aujourd’hui, de nombreux jeunes, souvent marqués par des ruptures de leurs proches, craignent de s’engager pour toujours. Nos deux couples comprennent facilement cela, mais ils nous livrent leur secret : le mariage durable est composé d’une multitude de « chaque jour ». C’est donc au quotidien que l’amour nous donne rendez-vous.

Comme sur ces horloges
Les mêmes aiguilles, jour et nuit
S’en retournent l’une vers l’autre
Moi comme tu vois
Je retourne vers celle que j’aime depuis toujours
Pour seulement lui dire
Pour longtemps encore

Francis Cabrel

17 juin 2018: organisation de la fête paroissiale

Par Frédéric Monnin
Photo : Jean-Claude GadmerLe dimanche 17 juin prochain marquera la fin de l’année pastorale, et notre paroisse sera en fête.

Saint-Paul sera dans l’action de grâces pour cette année fructueuse, et aussi pour l’exemple donné par deux membres du Conseil de paroisse, qui le quitteront après de longues années de service.

Un grand repas sera organisé et plusieurs animations seront mises sur pied à l’intention des participants à cette grande journée de fin d’année.

Pour l’organisation, nous sommes à la recherche de personnes disposées à donner un peu de leur temps, le week-end de la fête mais aussi les semaines précédentes.

Merci aux personnes intéressées, « agiles » dans quelque domaine que ce soit (bricolage, nettoyage, logistique, communication…) de bien vouloir s’annoncer au secrétariat. Et que la fête soit belle !

Les multiples directions de la mission

Par Joël Akagbo
Photo: DRQuand je suis arrivé à Genève comme prêtre Fidei Donum (don de la foi), c’est-à-dire un prêtre prêté à un diocèse, l’impression était générale, beaucoup me disaient : « Avant c’était les prêtres européens qui venaient vous évangéliser, maintenant c’est vous
les prêtres africains qui venez nous évangéliser… » ; après un petit sourire, je dis
à voix basse, il y a encore beaucoup d’Européens missionnaires dans mon pays.

Il est vrai qu’au XVIe siècle, la mission était un mouvement qui partait de l’Europe vers les autres continents, vers l’Ouest et vers l’Est. Aujourd’hui, la mission ne se vit plus seulement sur l’axe Nord -Sud mais dans de multiples directions : d’Eglise du sud vers d’autres Eglises du sud , au sein d’un même continent où d’un continent à l’autre. Ceci selon la mission universelle de l’Eglise, qui ne connaît pas de limites et concerne le salut dans toute sa richesse selon la plénitude de vie que le Christ est venu nous apporter.

L’appel du Christ : « De toutes les nations, faites des disciples, baptisez-les au nom du Père et du  Fils et du Saint Esprit » traverse l’esprit et grandit dans le cœur d’un jeune prêtre. Quand j’ai été ordonné prêtre, j’ai fait graver sous le pied de mon calice ces mots : « Par amour, j’irai partout où besoin sera… »

Ma première tentative de mission, c’était pour le Tchad, un pays dont le catholicisme représente 20 % de la population, où le manque de prêtres se faisait sentir. Mais finalement je me suis retrouvé comme prêtre Fidei Donum dans le diocèse Lausanne-Genève-Fribourg à la suite d’une convention signée par l’évêque de mon diocèse au Togo, Mgr Isaac Jogues Gaglo et l’évêque du diocèse de mission, Mgr Charles Morerod.

La mission, c’est porter partout Jésus, porter son amour en disant oui à la joie.

Quelle joie pour moi de faire cette expérience très riche !

Roberto Simona, un homme de terrain

De retour du Niger, Roberto Simona, responsable pour la Suisse romande et italienne de l’Aide à l’Eglise en détresse (AED), évoque son séjour à Zinder, l’une des plus importantes villes du pays, où la petite communauté chrétienne a subi de lourdes persécutions. Pour ce fin connaisseur des minorités chrétiennes en pays musulmans, les dynamiques de violence et les questionnements sur la foi ne sont pas si différents de ce que nous connaissons en Suisse.

Par Pascal Ortelli
Photos: Roberto Simona« Je ne suis pas un super-héros », affirme-t-il d’emblée. Cet ancien de la Croix-Rouge travaille depuis 2003 pour l’AED, une œuvre catholique internationale qui vient en aide aux chrétiens persécutés. Lorsqu’on lui demande s’il lui faut une bonne dose de courage pour se rendre au cœur des zones de conflit, il répond avec naturel qu’il ne fait que son travail et que c’est son charisme. « L’important, ajoute-t-il, est que chacun vive à fond sa vocation, peu importe que ce soit en Suisse ou dans un pays en guerre. » Le ton est donné par ce père de famille qui se rend plusieurs fois par an à l’étranger, sur le terrain, pour suivre l’évolution des projets soutenus et se faire une idée concrète de ce qui se passe.

Roberto Simona à l’écoute de la jeune population locale.
Roberto Simona à l’écoute de la jeune population locale.

Embarquement immédiat

24 janvier 2018, 17h, heure lo­cale : atterrissage à l’aéroport de Niamey. Départ à 5h le lendemain pour seize heures de route ; arrivée à 21h à Zinder où enfin son travail peut commencer. Roberto Simona y rencontre d’abord la communauté chrétienne locale, à peine quelques centaines d’âmes sur plus de 300’000 habitants. L’état des lieux de la paroisse est sans appel : toutes les infrastructures ont été détruites ou abandonnées. En 2012, l’église a été incendiée suite à la diffusion du film polémique Le Prophète, puis il y a eu plusieurs morts à l’issue des manifestations anti-Charlie Hebdo, sans compter l’attaque de l’école catholique, prise à coups de pierre par des enfants. Il importe d’investir dans la réparation de l’église, même si une telle mésaventure peut se reproduire et que se pose la question de la gestion future de l’édifice. L’église reste, pour ces chrétiens, leur principal lieu de rassemblement d’où ils peuvent rayonner. Roberto Simona poursuit ensuite son travail par une visite de la ville et de ses environs. Il noue des contacts avec la population locale musulmane, qui lui permettent de mieux saisir la manière dont la minorité chrétienne est perçue. Il s’agit de précieuses informations pour son bilan qui, à terme, aidera à calibrer le soutien apporté par son organisation et à mieux mesurer l’impact d’une poignée de chrétiens en terre musulmane.

Etre chrétien au Niger, c’est vivre le désastre…

« C’est savoir que tu appartiens à une minorité insignifiante », déplore Roberto. Car le Nigérien chrétien est le plus souvent un converti qui subit inévitablement le rejet de son entourage. De plus, il n’est pas reconnu comme un citoyen véritable. Même s’il est tout à fait possible d’entretenir de bonnes relations avec son voisinage musulman, la situation peut très vite se détériorer, comme en témoignent les violences récentes. Celles-ci sont dues essentiellement à la prolifération de groupes criminels associés à Boko Haram ou Al-Qaïda, entrés par les frontières nigériane et malienne. Au Niger, pays parmi les plus pauvres, ils trouvent un terrain propice pour le recrutement et pour la diffusion d’un islam extrémiste qui ne correspond pourtant pas à l’ancrage local. On s’en prend alors aux chrétiens.

… mais aussi s’ouvrir au miracle

A ce sujet, une chrétienne de Zinder lui a raconté qu’un millier de jeunes embrigadés étaient arrivés à la paroisse pour casser tout ce qui « puait le chrétien ». Avec plusieurs autres, elle a réussi à se cacher dans une vieille chambre. Alors que les forcenés cherchaient à s’introduire pour les tuer, elle a tenu seule la poignée de la porte et senti comme une force extraordinaire… Puis, les jeunes ont dû s’enfuir, car un incendie venait de se déclarer ! Miser sur l’éducation, assure Roberto, reste la voie royale pour combattre la radicalisation. Et d’ajouter qu’un chrétien pourrait tout autant y succomber. Les défis, bien qu’ici mieux cachés en apparence, sont absolument les mêmes pour nos jeunes.

Tout en se posant les mêmes questions que nous !

Tout au long de son périple, il est escorté par Philippe, un chrétien de 40 ans qui lui partage ses doutes sur sa foi. Son frère prêtre, maintenant mort de maladie, a également vécu une profonde crise. « Ce qui m’a frappé, souligne Roberto, c’est qu’ils se posent exactement le même genre de questions que nous. » Comme quoi, du Nord au Sud, nous sommes vraiment tous confrontés aux mêmes défis. Et de conclure sur une note d’espérance : « Se rendre présent sur le terrain ouvre des perspectives insoupçonnées – et pas seulement financières. Souvent, pris par la détresse du quotidien, les gens que je rencontre ont le nez dans le guidon. J’essaie alors de leur communiquer mon regard extérieur, et ensemble, nous trouvons des pistes pour construire un avenir meilleur. »

Femme de la Bible: Anne

Anne, la stérile
Elkana avait deux épouses : Penina qui lui donnait des enfants et Anne la préférée de son époux, qui était désespérée, car stérile. Anne monte au temple de Silo et pleure devant Dieu en le suppliant de lui accorder un enfant. Au cœur de son désespoir, elle promet à Dieu de lui consacrer son enfant si Celui-ci lui permet de concevoir.

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Le Pape (com)missionne!

Par Thierry Schelling
Photo: DRIl y avait Les missions : convertir les païens, et pour cela, les papes, dès le IVe siècle, développent ressources, stratégies et personnel, aux quatre points cardinaux ! Le summum ? Pie XI, le pape des missions : le premier à bénir urbi et orbi la Ville et le monde ; pionnier de l’apostolat des laïcs – et non plus seulement des prêtres et des religieux – pour l’évangélisation de la société (Action catholique) ; le premier à ériger plus de 250 circonscriptions ecclésiastiques en Afrique et en Asie et à donner une ampleur réelle à la Congrégation Propaganda Fide, qui organise la vie de centaines de diocèses dans le monde.

Puis ce fut Jean-Paul II, grand « metteur en scène » du Concile Vatican II ; on parle alors de la mission : de chacun, dans sa vie spirituelle, sociétale, familiale, ecclésiale. Naissent de nombreux mouvements d’Eglise avec un point commun : une forte identité catholique, au service du Magistère officiel. Reformulation : la nouvelle évangélisation. Un dicastère de la curie est même créé à cet effet par Benoît XVI.

Arrive François, et son « Eglise en sortie », notamment son non à l’acédie égoïste : « La pastorale en termes missionnaires exige d’abandonner le confortable critère pastoral du “on a toujours fait ainsi”. » (Evangelii gaudium, no 33) Avec une sanglante con­clusion : « Je préfère une Eglise accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Eglise malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités. Je ne veux pas une Eglise préoccupée d’être le centre et qui finit renfermée dans un enchevêtrement de fixations et de procédures. Si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie. Plus que la peur de se tromper, j’espère que nous anime la peur de nous renfermer dans les structures qui nous donnent une fausse protection, dans les normes qui nous transforment en juges implacables, dans les habitudes où nous nous sentons tranquilles, alors que, dehors, il y a une multitude affamée… » (no 49)

Quel élan missionnaire !

Osera-t-on ?

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