Le sacrement des malades

Texte par Véronique Denis
Photo: Durand à Lourdes (pèlerinage de Suisse Romande – printemps 2017)La vie chrétienne est une histoire d’alliance entre Dieu et l’humanité. Célébrer les sacrements aujourd’hui, c’est donc accueillir, aux différentes étapes de l’existence, la Vie de Jésus vivant qui nous parle, qui nous guérit, qui nous pardonne, qui nous rassemble, qui nous nourrit, qui nous envoie, qui nous sauve. Les sacrements sont les actions et les paroles du Christ vivant aujourd’hui au sein de son Eglise.

Deux gestes sont mis en évidence lors du sacrement des malades :

l’imposition des mains faite par les prêtres de l’Eglise : prière silencieuse inspirée par la foi avec invocation de l’Esprit (symbolisé par la couleur rouge de l’étole et de la chasuble du prêtre) ;

l’onction sur le malade avec l’huile sanctifiée par la bénédiction de Dieu, bénédiction réalisée au cours de la messe chrismale par l’évêque le Jeudi saint.

Par l’onction de l’Esprit Saint, les malades reçoivent de l’Esprit de Dieu un renouveau de confiance en Dieu et des forces nouvelles contre la tentation et la maladie.

Dans la difficulté, dans le trouble, le chrétien a besoin de la force de Dieu, de la grâce du sacrement de l’onction des malades pour être en paix, garder courage, lutter contre le mal, continuer à vivre sa foi, apporter sa part au bien du peuple, et retrouver la santé si Dieu en dispose ainsi et renouveler son espérance en la résurrection.
Dans cet esprit, la paroisse invite toutes les personnes malades (accompagnées de leurs familles ou proches) qui peuvent se déplacer, à venir à la messe de 10h30 à Leytron, le dimanche 4 mars 2018. Il est important que toute la communauté paroissiale puisse entourer de son amitié et de son affection les personnes qui recevront ce sacrement.

A noter que lors de la messe du mercredi 7 mars 2018, à 16h30 au Home, le sacrement des malades sera aussi célébré.

Pour les personnes qui ne peuvent pas se déplacer, merci de prendre contact directement avec notre curé, l’abbé Robert Zuber (079 439 45 36).

Réponse d’un évêque à Sébastien Gaspoz

logo_synode4En vue du Synode des jeunes qui se tiendra à l’automne 2018, le Pape invite nos jeunes à poser les questions qui les habitent.

Par Vincent Lafargue
Photos: LDD, DRsebastien-gaspoz2Sébastien Gaspoz, 20 ans, habite le canton de Vaud, à Jouxtens-Mézery. Tout en remerciant nos évêques de la possibilité qui lui est donnée de les interroger, Sébastien pose cette question à l’évêque des jeunes de Suisse romande, Mgr Alain de Raemy.

« Comment, en tant que croyant, trouver un équilibre entre la tolérance et le respect de nos convictions ? (Par exemple sur les questions de genre, de sexualité… » C’est dans l’évangile de saint Matthieu.)

L’évêque des jeunes, Mgr Alain de Raemy répond ainsi:

alain-de-raemy

Cher Sébastien,

Pour trouver un équilibre entre la tolérance due à l’opinion d’autrui et le respect de nos propres convictions, autrement dit pour être autant dans la charité que dans la vérité, il suffit de devenir un extrémiste… Oui, tu as bien lu ! Je m’explique.

L’extrémiste, c’est celui qui va jusqu’au bout. Il ne s’arrête pas à mi-chemin. Et l’extrémiste chrétien, c’est celui qui applique l’Evangile, c’est-à-dire le message et le comportement de Jésus intégralement. S’agit-il d’aimer Dieu et son prochain comme soi-même ? Oui, mais va jusqu’au bout : « Tu aimeras ton ennemi ! » Voilà.

Je cite Jésus : « Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent. […] Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? […] Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? […] Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » (C’est dans saint Matthieu, au chapitre 5.)

La perfection chrétienne, c’est donc bien l’art de l’extrême ! Rien de moins. Cela te sort de l’ordinaire. C’est vraiment extraordinaire. C’est aimer (Jésus a bien dit aimer !) l’ennemi qui me conteste, me contredit, s’en prend à mon identité, à mes convictions, m’attaque, me calomnie, me blesse ou me tue… Impossible ? Et pourtant, on sent bien que haïr, mépriser ou même seulement ignorer nos opposants, nos adversaires, nos ennemis, ça ne va pas, ça n’apaise pas. On appelle ça, le sens de la foi. Ce bon sens chrétien qui nous a été injecté au baptême, qui est donné à tous, consacrés ou laïcs comme toi !

Donc, si l’autre t’énerve parce qu’il ne comprend pas et conteste même ce que tu entends par mariage ou par sexualité humaine selon le plan de Dieu, fais ceci : regarde-le et vois Jésus qui l’aime et donne sa vie pour lui, et pas moins que pour toi ! Jésus a autant saigné pour lui que pour toi. Fais autant de pas avec lui qu’il faudra. Il se rendra compte que tu ne sais pas tout, que tu es aussi un apprenti de la vie. Mais tu auras dit, fait et partagé l’extrême essentiel. Tu auras aimé.

+ Alain de Raemy, l’évêque des jeunes

Ensemble, un défi!

«La multitude de ceux qui avaient cru n’avait qu’un seul cœur et une seule âme.» (Ac 4, 32)

Par Nicole Andreetta
Photo: Jean-Claude Gadmer
Depuis 700 ans, une communauté de moniales dominicaines est installée dans le monastère situé sur les remparts de la petite ville d’Estavayer-le-Lac.

Les onze sœurs qui la composent vivent dans un climat de silence, leurs contacts avec le monde sont limités. Néanmoins, leur vie n’est pas uniquement dédiée à la contemplation.

Soeur Anne-Sophie, sous-prieure, explique : « La raison de notre vie au monastère, c’est de vivre ensemble ! » Et de citer un extrait de la charte de la communauté : « La première chose pour laquelle vous êtes réunies, c’est pour habiter unanimes en votre demeure et pour faire une seule âme et un seul cœur en Dieu. » « Notre référence est la première communauté chrétienne évoquée dans les Actes des Apôtres, au chapitre 4, poursuit soeur Anne-Sophie, vivre ensemble malgré nos différences et nos divergences est un travail de rééquilibrage qui demande de la peine. Rendre bonne notre relation est un défi auquel nous devons constamment faire face car nous ne pouvons pas nous éviter. La fonction de notre prieure est de faire circuler la parole entre les membres de la communauté. Elle-même ne prend pas de décisions, mais elle les avalise. Il faut souvent plusieurs réunions pour parvenir à une solution qui convienne à toutes. Egalement un zest d’humour ! »

L’ordre dominicain est un ordre apostolique. C’est cette recherche d’harmonie entre elles que les soeurs souhaitent faire rayonner auprès des visiteurs de passage.

Bien qu’un peu à part de la vie de la cité, le monastère a toujours gardé une ouverture. Autrefois, il avait servi de refuge lors de la peste et pendant les périodes de disette. Occasionnellement, le service social de la ville fait appel aux sœurs pour loger des personnes sans domicile. Des liens de voisinage sont maintenus avec les habitants d’Estavayer qui assistent aux offices et leur confient des intentions de prière.

Monastère comme lieu de prière, de louange et d’intercession, mais surtout monastère comme lieu de relations vivantes.

www.moniales-op.ch

Première journée mondiale des pauvres

Mais quelle mouche a bien pu piquer notre cher pape François de mettre les pauvres au premier plan et d’instituer une journée mondiale à leur intention? Qui sont ces «pauvres»? Ceux que l’on a l’habitude de cacher… Ceux qui abusent tellement de l’aide sociale… Ceux qui ne font rien de leur journée… Ceux qui nous dérangent au bas de notre immeuble ou devant le supermarché… Nous?

Par André Pianta (à partir d’extraits du Message du Saint-Père pour la journée mondiale des pauvres)
Photo : http://coopdonbosco.skynetblogs.beAlors que nous venons de veiller pendant quatre semaines pour accueillir le Nouveau-né dans sa crèche dans une ambiance de lumière, de magasins remplis de choses toutes plus brillantes les unes que les autres, de marchés de Noël sentant la cannelle  et le vin chaud, envahis par des gens qui aiment se rencontrer autour d’un verre, pourquoi venir nous dé-ranger avec la pauvreté ?

En parcourant les mots du pape François dans son message à l’occasion de cette première journée exceptionnelle dédiée aux pauvres (19.11), on comprend mieux que ce n’est pas des pauvres vivant dans la misère dont il s’agit premièrement,… mais de nous ! Nous qui jetons un regard agacé sur cette réalité qui, aux yeux de Dieu, est une réalité à transformer. L’apôtre Jacques nous rappelle que « Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde pour en faire des riches dans la foi, et des héritiers du Royaume promis à lui à ceux qui l’auront aimés ? » (Jc 2, 5).

« Un pauvre crie ; le Seigneur l’entend », dit le psalmiste (Ps33, 7). Depuis toujours, l’Eglise a compris l’importance de ce cri. Dans les Actes des Apôtres, Pierre demandait de choisir sept hommes pour assumer le service de l’assistance aux pauvres ; car, dit-il, « n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérités » (1Jn3, 18). Et le pape François dans son message de préciser : « Ne pensons pas aux pauvres uniquement comme destinataires d’une bonne action de volontariat à faire une fois par semaine, ou encore moins de gestes improvisés de bonne volonté pour apaiser notre conscience. Ces expériences, mêmes valables et utiles pour sensibiliser aux besoins de nombreux frères et sœurs et aux injustices qui en sont souvent la cause, devraient introduire à une rencontre authentique avec les pauvres et donner lieu à un partage qui devient style de vie… Si nous voulons rencontrer réellement le Christ, il est nécessaire que nous touchions son corps dans le corps des pauvres couvert de plaies, comme réponse à la communion sacramentelle reçue dans l’Eucharistie. Le corps du Christ, rompu dans la liturgie sacrée, se laisse retrouver, par la charité partagée, dans les visages et dans les personnes des frères et sœurs les plus faibles. »

C’est donc bien une invitation qui nous est adressée à nous mettre en route, « appelés à tendre la main aux pauvres, à les regarder dans les yeux, à les embrasser pour leur faire sentir la chaleur de l’amour qui rompt le cercle de la solitude. Leur main tendue vers nous est aussi une invitation à sortir de nos certitudes et de notre confort, et à reconnaître la valeur que constitue en soi la pauvreté. Celle-ci est la mesure qui permet de juger de l’utilisation correcte  des biens matériels, et également de vivre de manière non-égoïste et possessive les liens et affections. »

Ouvrons donc nos cœurs, nos maisons, nos églises pour accueillir « le cri de celui qui souffre de la précarité et du manque du nécessaire ». « Les pauvres ne sont pas un problème : ils sont une ressource où il faut puiser pour accueillir et vivre l’essence de l’Evangile.»

En librairie – février 2018

Par Claude Jenny

Des livres

couv-gandhi_mandelaGandhi et Mandela: la sagesse peut-elle sauver le monde?

Combien de livres n’ont-ils pas déjà été écrits sur ces deux monuments de la non-violence ? L’originalité de l’ouvrage d’Eric Vinson et de Sophie Viguier-Vinson est d’abord de montrer que leur combat a été mené au creuset d’une même terre commune, l’Afrique du Sud. C’est en effet au pays de l’apartheid que le jeune Gandhi, avocat de la communauté indienne, inventa une méthode de lutte non violente. Qui, plus tard, influencera grandement l’ANC de Mandela. Les auteurs rapprochent les idées de ces deux leaders et s’interrogent sur leurs héritages respectifs. Un livre pour espérer une autre politique à l’échelle mondiale.

Ed. Albin Michel, janvier 2018.

Acheter pour 29.90 CHFcouv-suaireEnquête sur le suaire d’Oviedo

Le célèbre suaire d’Oviedo, exposé seulement trois fois par an, attire des milliers de personnes à Turin, car il est considéré comme étant le linge qui a recouvert le visage du Christ. Depuis trente ans, de nombreuses études scientifiques ont été conduites pour tenter d’authentifier le suaire. Janine Bennett a mené une enquête fouillée pour faire toute la vérité sur ce linceul. Une aventure qui démarre au Golgotha et se termine à la cathédrale d’Oviedo en passant par l’Espagne où se concentrent les recherches. Le suaire de Turin est-il de sang divin ?

Ed. Artège, janvier 2018.

Acheter pour 22.20 CHFbook-07210818«Rendez-vous ici ou au paradis»: le témoignage d’une réfugiée

Fatima Softic a fui la Bosnie en guerre pour se réfugier en Suisse où, après un long parcours semé d’embûches, elle finira par obtenir l’asile et la nationalité suisse. Mais là-bas, son mari et plusieurs membres de sa famille ont été victimes du conflit qui déchira la Bosnie dans les années nonante. « Rendez-vous ici ou au paradis » est la dernière phrase que lui a dite son mari au téléphone avant de mourir. « Là-bas, j’ai plus de tombes que de proches à visiter », dit cette Nyonnaise d’adoption. Récit d’une Mère courage avec la complicité d’une amie suisse, Josiane Ferrari-Clément.

Ed. Slatkine, 2017.

Acheter pour 28.00 CHFcouv-mort-en-faceJ’ai vu la mort en face 

22 mars 2016 à 7h58 à l’aéroport de Bruxelles : un kamikaze se fait exploser à côté de lui. Walter Benjamin allait embarquer pour aller voir sa fille. Il est projeté en arrière. Il découvre qu’il a perdu une jambe suite à l’explosion. Les urgentistes parviennent à le sauver. Commence le long combat d’un homme handicapé. Mais qui ne s’apitoie pas sur son sort. Aujourd’hui, Walter Benjamin le miraculé va à la rencontre des jeunes du quartier de Molenbeek, repère des djihadistes en Belgique. Il va aussi doper le moral de tous les handicapés dans l’hôpital qui l’a soigné. Un témoignage choc.

Ed. du Rocher.

Acheter pour 25.20 CHF

Infos

Ouvrages disponibles notamment dans les librairies Saint-Augustin de Saint-Maurice (avenue de la Gare, tél. 024 486 05 50, librairievs@staugustin.ch) ou de Fribourg (rue de Lausanne 88, 026 322 36 82, librairiefr@staugustin.ch) aussi disponible sur librairie.saint-augustin.ch

Proche aidant

Texte et photo par Pierre Ançay« Un proche aidant est une personne qui soutient un proche atteint dans sa santé, son autonomie. Il assure à titre non professionnel un soutien (de près ou de loin, régulier ou irrégulier) pour l’aider dans ses difficultés et assurer sa sécurité. Il peut s’agir d’un membre de la famille, d’un voisin ou d’un ami. »1

Edi, jeune père d’un petit garçon de 7 ans, a été, durant cinq ans, proche aidant de son épouse atteinte d’une maladie évolutive très invalidante et décédée il y a un peu plus d’une année.

A la question « Pourquoi avez-vous pris la décision de devenir proche aidant de votre épouse ? », sa réponse fut la suivante :

« Nous étions jeunes mariés et parents d’un petit garçon d’une année quand mon épouse est tombée gravement malade. Après un diagnostic guère optimiste, ma première préoccupation a été de lui assurer les soins que nécessitait son état avec le plus de confort possible et en restant au sein de notre petite famille. Il faut dire que, malgré l’évolution de sa maladie, un séjour de longue durée à l’hôpital ne pouvait apporter que peu de “valeur ajoutée”. 

Aussi, même si sa maladie devenait rapidement invalidante, mon épouse souhaitait de tout son cœur être près de son fils et de son mari. Etre parmi nous lui donnait joie, courage, force et espérance. Ce qui comptait beaucoup pour elle était de voir grandir le plus longtemps possible son enfant, le voir sourire, jouer, respirer la vie. Ainsi, entre hospitaliser mon épouse et la garder près de nous, ma décision fut vite prise : je serai son proche aidant. Pendant cinq ans, nous avons pu avoir une ”vie familiale” malgré la présence de la maladie et toutes les contraintes médicales, administratives, professionnelles et financières qui y étaient liées. L’amour et la présence de mon épouse, de mon fils, le confort que pouvait lui offrir le foyer familial, me paraissaient non seulement évidents mais tellement plus importants qu’un confort financier et que mon développement professionnel.

Dans cette ”bagarre” de tous les instants pour la vie, si je n’avais pas pris la décision d’être proche aidant, j’aurais certainement passé à côté de l’essentiel durant ces cinq années. J’ai essayé, de toutes mes forces, de donner une présence, de l’amour, de la joie à mon épouse et à mon fils. Oui, à mon épouse à qui j’avais promis, le jour de notre mariage, de l’aimer et de la soutenir en toutes circonstances.

Malgré un contexte difficile, le choix que nous avons fait était vraiment le meilleur : Dieu soit loué ! »

1 www.proches-aidants.ch

Caritas!

Par Thierry Schelling
Photo: Jean-Claude GadmerSe souvient-on encore de Caritas in veritate publiée par Benoît XVI en 2009 ? Première et ample réflexion théologique sur la doctrine sociale de l’Eglise, en écho à l’encyclique Deus caritas est éditée trois ans auparavant.

Le pape allemand y donne une leçon magistrale sur la charité dans le sens chrétien du terme, comme première encyclique « programmatique » de son pontificat commencé une année auparavant. Son successeur, François, a « descendu » la thématique de l’amour chrétien (charité) dans la vie de l’Eglise locale, grâce au Jubilé de la Miséricorde qui a rajeuni ce vocable alors un tantinet désuet ! Il en a poursuivi certains abou­tissants pastoraux, comme dans son exhortation Amoris Laetitia

Mais force est de constater que, soit en titre soit dans le contenu, les écrits pontificaux, dont le plus solennel reste l’encyclique, ont été plus qu’avares en matière de charité : on considère Ubi primum de Benoît XIV, publiée en 1740, comme la première encyclique… et il faudra attendre 1894 pour avoir, dans le titre, à l’occasion de l’encouragement à l’Eglise en Pologne par Léon XIII, le mot comme tel : Caritats ; de même en 1898 pour son exhortation à l’Eglise en Ecosse, avec Caritatis studium. Puis, plus rien jusqu’à Pie XII, en 1932, avec Caritate Christi Compulsi pour promouvoir la dévotion au Sacré Cœur de Jésus.

Certes, les premiers mots d’une encyclique ne sont pas vraiment un titre où se condenserait la quintessence du propos développé ensuite. Mais ils invitent tout de même à entrer dans une thématique plutôt qu’une autre : Benoît XVI l’a bien compris en articulant ses trois lettres autour des trois vertus théologales de la charité, de la foi et de l’espérance. De même François, qui décline la joie : gaudium, laetitia

A noter enfin qu’en 1914, à l’issue de son élection papale, Benoît XV a écrit Ad beatissimi Apostolorum Principis pour crier au monde sa désolation : « Comment, étant devenu le Père commun de tous les hommes, n’aurions-nous pas eu le cœur violemment déchiré au spectacle que présente l’Europe et même le monde entier, spectacle assurément le plus affreux et le plus désolant qui se soit jamais vu de mémoire d’homme ? » Il offrit une première réflexion, bien ignorée avouons-le, sur le sens de la charité (terme qui apparaît huit fois) en ces temps troublés que furent ceux du premier conflit mondial…

Grande campagne populaire de dons – printemps 2018

Par le Comité du Cinquantenaire : Yann Dini, président et Jean-Pascal Genoud, curé
I
mage: CoCom BourgL’église St-Michel, c’est…

– probablement l’une des plus belles réalisations architecturales de notre Diocèse dans l’esprit du Concile Vatican II ;

– un lieu de célébration particulièrement idéal pour les grandes célébrations paroissiales, pour nos fêtes et nos sépultures ;

– un espace qui séduit par sa lumière, surtout par le charme inégalable de son ouverture sur la nature avec la splendide baie vitrée qui donne sur le jardin arrière ;

– un volume qui, contrairement à beaucoup d’églises plus anciennes, qui, par l’absence de tout obstacle et par son inclinaison bien pensée, permet à l’assemblée d’avoir conscience d’elle-même tout attentive à la Présence invisible.

C’est aussi, 

– un équipement qui date et qui manifeste, avec ses 50 ans, des signes de vétusté et de fatigue (système de chauffage par soufflerie, manque d’isolation thermique, usure du revêtement du parvis ;

– un complexe qui n’est plus habité par un prêtre résident et qui repose de plus en plus sur une belle équipe de chrétiens très dévoués ;

– un édifice qui doit retrouver une place plus spécifique et originale dans l’ensemble de la vie de la paroisse et de la région ;

– un Rectorat qui n’est plus une habitation mais un lieu de vie et de rencontre pour la communauté ;

– un parvis qui gagnerait à être plus convivial et mieux équipé pour nos temps de fraternisation.

– en bref : un ensemble admirable qui mérite un bonne cure de rajeunissement.

Afin de remettre à niveau tout l’espace St-Michel, à l’occasion du Cinquantenaire de sa construction, nous avons besoin de votre soutien et de votre aide !

Nous vous remercions d’avance de votre participation. Vos promesses de dons peuvent être adressées soit à l’aide du coupon encarté dans le journal paroissial soit sur le site dédié www.bourg50.ch

Vos dons sont déductibles des impôts et figureront, sauf mention contraire, dans la « Plaquette souvenir » du Cinquantenaire.

A déplacer les tuiles (Marc 2, 1-12)

Par François-Xavier Amherdt
Photo: Jean-Claude Gadmer
Nombreux sont les « proches aidants » dans l’Evangile. Leur rôle est de soutenir la personne malade et de la conduire au Christ. C’est le contact direct avec l’être même de Jésus qui apporte le soulagement et le salut.

Ainsi en est-il des quatre hommes portant un paralytique dans la maison de Capharnaüm où Jésus annonce la Parole. L’affluence autour du Maître est telle qu’ils doivent faire preuve d’imagination et d’audace : ils prennent le risque de monter sur la terrasse et de découvrir le toit au-dessus de Jésus, afin de faire descendre devant lui le grabataire (Marc 2, 3-4). Quelle aventure !

Et c’est sur la base de leur foi à eux, pas d’abord celle du paralysé, que le Christ pardonne puis guérit le malade (2, 5) ! Puissance de la communion qui soulève à bout de bras, à plein cœur, celui qu’immobilise la souffrance ou l’épreuve ! C’est grâce à ces quatre « hommes aidants » que le fils de Marie accomplit le double miracle, celui du pardon et celui de la guérison, si bien qu’à la fin tous le glorifient en disant : « Nous n’avons jamais rien vu de pareil. » (2, 12)

Nous sommes ainsi tous invités à faciliter la rencontre de nos proches avec le Seigneur, par notre prière, notre amitié, notre soutien ; puis par notre présence, nos initiatives, voire nos coups de folie. C’est le miracle de la solidarité dont se tisse l’Evangile, c’est la force de la sollicitude qui construit le Royaume, c’est la puissance de l’entraide qui renverse les montagnes ou enlève les tuiles.

Cette demeure de Capharnaüm se mue en petite Eglise, dont tous peuvent faire partie, y compris les scribes qui murmurent intérieurement : « Pour qui se prend-il, ce natif de Nazareth, au point de prétendre remettre les péchés ? Cela revient à Dieu seul ! » (2, 6-7) Mais comme il est vrai Dieu et vrai homme, Jésus libère et rachète : il se fait tout proche aidant de chaque être. Demandons-le-lui, pour nous et pour notre entourage.

Les proches aidants: des personnes hors normes

En Suisse, une personne sur sept reçoit l’aide de proches. Sans ce soutien, des personnes malades, âgées, en situation de handicap ou en fin de vie ne pourraient pas continuer à vivre chez elles.

Par Nicole Andreetta
Photos: J
ean-Claude Gadmer

Tout le monde peut aider son voisin ou un membre de sa famille.
Tout le monde peut aider son voisin ou un membre de sa famille.

Qui sont réellement les proches aidants ?
Un proche aidant est une personne qui offre, de façon régulière et à titre non professionnel, du temps et des services pour certaines activités de la vie quotidienne à un proche atteint dans sa santé et son autonomie. Il assure, également, la sécurité, le maintien de l’identité et du lien social du proche aidé.

Il peut s’agir d’un membre de la famille, d’un voisin ou d’une voisine, d’un ami ou d’une amie.

C’est une démarche qui ne concerne pas les formes organisées de bénévolat.

Comme la personne dont il a la charge, le proche aidant traverse souvent des périodes difficiles émotionnellement, ponctuées de doutes, d’angoisse, mais aussi d’espoir. Si beaucoup évoquent des aspects gratifiants, un proche aidant sur deux finit par s’épuiser à la tâche. Particulièrement lorsqu’il exerce en parallèle une activité professionnelle.

« J’ai toujours vu mes parents s’occuper de leurs parents, cela me semblait normal. J’ai 72 ans et depuis plus de douze ans, je m’occupe de ma maman, âgée aujourd’hui de 96 ans. Je réalise que je ne peux pas exister tant que je ne suis qu’aidante. Tant que je donne, je donne. Je dois avoir aussi du temps à moi, pour recevoir, pour exister comme personne. Pourtant, dès que je ne réponds pas à une demande de ma mère, je m’en veux. »

« Ce sont les circonstances qui font que l’on devient proche aidant, on ne choisit pas. Il y a trente ans, notre fille a commencé à avoir des troubles bipolaires. Depuis, les années et les crises se succèdent. Quand elle va mal, elle a besoin de toute notre disponibilité. C’est vraiment un travail d’effacement qui demande une énorme énergie. Lorsque notre fille va bien, elle assume parfaitement sa vie familiale. On doit lui faire confiance malgré tout. Et l’on garde toujours cet espoir « insensé » de se dire que c’était peut-être la dernière crise. »

« Lorsque l’on choisit un engagement bénévole, s’il devient trop lourd, on s’accorde le droit d’y renoncer. Cela n’est pas possible lorsque l’on est proche aidant. Je suis infirmière à domicile et j’ai deux enfants avec un handicap. Ils ont 16 et 22 ans, aucune structure n’est adaptée à leur situation. Je vis continuellement le même dilemme : est-ce que je choisis mon travail ou je m’occupe davantage de mes enfants ?
Les professionnels ne se rendent pas compte à quel point les proches aidants sont fragiles. On ne peut pas les laisser se débrouiller tout seuls ! C’est une question de justice sociale et d’équité. »

N.B. : Nos témoins ont souhaité garder l’anonymat.

Soutenir son conjoint ça peut aussi épuiser.
Soutenir son conjoint ça peut aussi épuiser.

Le soutien de l’Etat

Soutenir les proches aidants pour éviter qu’ils ne s’épuisent, tombent malade ou s’isolent est devenu une priorité politique. Une journée par année leur est dédiée.

En novembre 2017, l’Etat de Genève a ouvert une plateforme téléphonique accessible cinq jours par semaine. Cette ligne permet d’obtenir rapidement et au bon moment les informations nécessaires. C’est aussi un outil contre l’isolement car elle donne la possibilité de parler des difficultés rencontrées, d’être écouté, entendu.

Sophie Courvoisier de l’Association Alzheimer Genève, une des « oreilles » au bout du fil, confirme : « C’est important de pouvoir dire : “Je n’en peux plus !” Il faut se rappeler nos limites humaines. Demander de l’aide ne signifie pas dire que l’on est incompétent, mais au contraire permettre d’accompagner le proche aidé plus longtemps et dans de meilleures conditions. »

Chaque canton dispose d’un site internet informant sur les prestations de soutien qui peuvent être obtenues… (voir encadré).

Le Conseil fédéral a publié, en dé­cembre 2014, un rapport intitulé « Soutien aux proches aidants ». Dans la plupart des familles, deux revenus sont nécessaires pour couvrir les besoins du ménage. Ni l’art. 36 de la Loi sur le travail, qui permet aux parents d’obtenir trois jours de congé pour garder leur enfant malade, ni l’art. 324a du Code des obligations, traitant de l’empêchement du travailleur de travailler sans faute de sa part, ne permettent de régler des situations qui peuvent durer pendant des années.

Ce rapport envisage des mesures permettant d’obtenir un congé, avec ou sans salaire, ainsi que, comme c’est déjà le cas à Fribourg, en Valais et dans le canton de Vaud, des  allocations pour charge d’assistance.

Quel rôle pour l’Eglise?

Depuis une dizaine d’années, Catherine Menoud, assistante pastorale au sein d’une UP genevoise, anime un groupe de parole destiné à des proches aidants.

« Ce groupe s’est formé de manière plutôt spontanée. Un dimanche, à la sortie de la messe, une paroissienne vient me parler de son mari qui perd la mémoire. Au fil des semaines, d’autres personnes viennent partager avec moi leurs inquiétudes par rapport à leurs proches. Je me rends compte que beaucoup s’épuisent. Je leur propose de former un petit groupe où chacun pourra échanger des infos et des conseils. Et, comme ce sont des personnes qui ont la foi, partager dans la prière. »

Le groupe se rencontre cinq fois par an. Les membres sont très fidèles. « Chacun apporte ses choses lourdes à porter. Avancer ensemble nous aide à les surmonter, parce qu’entre nous, on se comprend. De même, les choses positives font du bien à tous » témoigne une participante.

Pour le professeur d’éthique Thierry Collaud, la communauté doit maintenir des liens de solidarité.
Pour le professeur d’éthique Thierry Collaud, la communauté doit maintenir des liens de solidarité.

Pour Thierry Collaud, médecin et professeur d’éthique sociale chrétienne à l’Université de Fribourg, c’est bien à partir des paroisses que quelque chose peut se réaliser : « Nous vivons dans une société très fragmentée, qui, si l’on n’est pas attentif, nous poussera à oublier l’autre. L’Etat a la capacité d’éviter l’épuisement, mais l’Eglise peut offrir ce qui ne se comptabilise pas. C’est la responsabilité de la communauté de maintenir les liens de solidarité de proximité lorsque, par exemple, un couple s’isole parce que l’un des deux va mal. »

Les Pères de l’Eglise parlent souvent d’un sacrement supplémentaire, le sacrement du frère. Il prolonge le sacrement eucharistique de l’autel car il permet de reconnaître le Christ dans l’autre. Et il se vit au-delà des parvis des églises, en allant vers des périphéries pas forcément très éloignées géographiquement ou socialement.

Sites internet des cantons

FR : www.pa-f.ch/fr 
GE : www.ge.ch/reseau-de-soins – Ligne Proch’info : 058 317 7000
JU : www.jura.ch/DIN/SAS/Informations-generales/informations-par-prestation/Proches-aidants.html
NE : www.andpa.ch/
VD : www.vd.ch/themes/social/vivre-a-domicile/proches-aidants/aides-et-services/
VS : www.proches-aidants-valais.ch

Rencontre avec Christian Bobin

«L’amour est le miracle d’être un jour entendu jusque dans nos silences, et d’entendre en retour avec la même délicatesse: la vie à l’état pur, aussi fine que l’air qui soutient les ailes des libellules et se réjouit de leur danse.»

Par Laure Barbosa
Photos : DREcrivain et poète français, né au Creusot en 1951. « Amoureux du silence et des roses », il cultive à l’écart du monde et des milieux littéraires, l’art de la vie simple et la manière des petites choses. Celui dont « l’écriture est le cœur qui éclate en silence » et « le verbe, un soleil impérissable », ouvre ses lecteurs à l’émerveillement, suscite un changement de regard qui change la vie. Auteur à succès depuis les années 90, il a reçu plusieurs distinctions dont le Prix d’Académie 2016 pour l’ensemble de son œuvre et il demeure discret.

Croître en clarté. – Distillant sa prose poétique inégalable, où l’intime et l’infime portent à l’universel, par fragments, touches légères et transparentes, aphorismes, comme un tableau en filigrane révèle la splendeur enfouie dans l’humilité du quotidien. Chacune de ses phrases pourrait éclore en citation, à l’oral aussi bien qu’à l’écrit, d’ailleurs on ne s’est pas privé de planter ces fleurs un peu partout. Telles des perles d’eau vive pétillant sous nos yeux : difficile de ne pas avoir été ébloui par le flash lumineux de quelques-uns de ses mots, au détour d’une lecture, touché en plein cœur par leur écho. Les titres de ses livres sont autant d’invitations décalées et colorées à se délecter du contenu, se retenant de lire trop vite car l’écriture est brève et concentrée dans « le but de croître en clarté ». En cette ascèse toujours quête d’un fragile équilibre, l’essence-ciel se laisse dire presque sans faire de bruit et son approche, plus mystique que religieuse, permet à de nombreux amateurs de Bobin de renouer avec la spiritualité. La grâce de l’inutile futile dans un monde pris dans la rentabilité et l’efficacité.

« Ce qui s’enfuit du monde c’est la poésie. La poésie n’est pas un genre littéraire, elle est l’expérience spirituelle de la vie, la plus haute densité de précision, l’intuition aveuglante que la vie la plus frêle est une vie sans fin. »

Au service de l’humain. – Si des écrivains méritent d’être lus, certains gagnent aussi à être connus ! Novembre dernier en France voisine, autour du joyau commun de notre « homme-joie », j’étais partie sur la piste d’un moine comédien au parcours atypique qui crée et interprète ses spectacles « Seul en scène » avec les écrits de l’auteur dont la découverte a apporté un tournant à son existence. Grégoire Plus, Frère de Saint-Jean mais d’abord Chercheur de Lumière, précise : « mes spectacles ne sont pas faits pour transmettre un message de foi mais pour servir l’humain ». Depuis plusieurs années, avec la bénédiction de Bobin lui-même qui au sortir de scène lui a offert ce compliment : « Vous donnez de la joie ! Je vous ai vu et je sais que votre visage, vos mains, tout votre corps rendra à mes phrases l’énigme et même la dureté dont elles ont besoin », il s’adonne passionnément à ce service que ce soit au Festival Off d’Avignon, dans la salle à manger du presbytère de l’Île-aux-Moines ou en tournée.

A la rencontre. – Par son amitié, il m’a été donné de rencontrer Christian Bobin en toute simplicité, chez lui au cœur de la Bourgogne, dans sa petite maison aux volets maculés de ciel bleu en lisière de forêt. C’est sur ce chemin des sous-bois, où paraît-il on voit parfois des renards, que je me suis promise de partager la joie débordante de cette extraordinaire entrevue. 1

« Il y a ainsi des gens qui vous délivrent de vous-même – aussi naturellement que peut le faire la vue d’un cerisier en fleur ou d’un chaton jouant à attraper sa queue. Ces gens, leur vrai travail, c’est leur présence. »

L’homme des « petites choses ». – Ce travail que son œuvre littéraire accomplit, Christian Bobin l’incarne dans la vérité de sa présence charnelle et fraternelle, la délicate attention du regard qu’il porte sur les gens comme sur tout ce qui l’entoure, la gaité légère et enfantine de son rire qui nous trouve soudain tout trempés, surpris du déferlement de ses cascades joyeuses, la contagion de l’intelligence douce et tranquille dans la liberté de sa pensée, la justesse de l’émotion qu’on voit pudiquement passer sur la pointe du cœur sous la chaleur de ses yeux. « J’essaie de vous dire une chose si petite que je crains de la blesser en la disant. Il y a des papillons dont on ne peut effleurer les ailes sans qu’elles cassent comme du verre. »

Eloge de la fragilité. – A ses détracteurs qui le taxent de mièvrerie, d’écrivain catho ou gourou ronronnant, maître de l’image éblouissante poético-philosophique, as de la métaphore extatique et de la parabole éthérée, on dirait que cela confirme la dure réalité de l’amour pas aimé. L’éloge de la fragilité est comme un glaive tranchant entre attendrissement et agacement : « C’est une manière sûre, pour reconnaître la vraie beauté, que de mesurer la haine qu’elle attire sur elle. Le visage du Christ, avant d’être enluminé par les moines agoraphobes, l’a été par l’or blanc des crachats. » On réaliserait peut-être que « La douceur est la fleur la plus sauvage en nous ! » puisqu’elle exige un vrai courage, poésie de l’espérance : « Dans l’imaginaire courant, c’est un peu comme si ceux qui avaient la foi possédaient un compte en banque ! La confiance et la tranquillité en sortiraient à jets continus. Mais pour moi, la foi, ce n’est pas ça du tout. Elle se paie parfois cher et apparaît sur fond de ténèbres, de doutes ou de compassion. J’ai appris que cette vie n’est pas une noce. Elle est fabuleuse, mais elle est terrible aussi. Les deux aspects sont indissociables. Le Dieu auquel je crois n’est pas fort, mais il est aussi invincible qu’un courant d’air. C’est-à-dire qu’il rentre dans les têtes et dans les vies alors qu’elles se croyaient cloîtrées, comme bétonnées par la convention, par un faux repos, par de fausses certitudes. Donc, c’est un Dieu qui est plus dérangeant qu’arrangeant. »

1 Première suisse

Laure et Christian lors d’une séance de dédicaces à Crans-Montana au terme de la soirée «Conversations avec Christian Bobin» en 2016.
Laure et Christian lors d’une séance de dédicaces à Crans-Montana au terme de la soirée «Conversations avec Christian Bobin» en 2016.

Pourquoi j’aime Lourdes?

Sabine est une jeune femme de 34 ans. Souriante, serviable, pleine de vie et de foi, elle vit à Charrat. Membre du Conseil de communauté, elle exerce aussi les fonctions de sacristine et de responsable des servants de messe. Lourdes est pour elle une ressource : elle nous en parle… 

Texte et photos par Sabine Vouillamoz, CharratPourquoi Lourdes est-il magique pour moi ? C’est un endroit où je me ressource et où j’arrive tout simplement à oublier le bruit, les commerces et la foule. A Lourdes, il m’arrive toujours quelque chose de beau et d’unique en particulier ces trois derrnières années ! J’y vais pour guérir mes blessures psychologiques. Lourdes, c’est vraiment un lieu magique et, si vous n’y êtes jamais allé, je vous conseille de vous y rendre soit avec le pèlerinage romand du printemps ou celui d’été, soit encore par vos propres moyens.

En 2015, je suis revenue transformée, plus forte, plus calme. J’étais heureuse d’avoir revu la Vierge couronnée après deux ans. Un soir, j’ai vécu une chose belle et bizarre à la fois… Savez-vous qu’à Lourdes, j’adore contempler la Vierge couronnéee ? Je la trouve belle ! Il m’est plus facile de prier devant elle que devant la Vierge de la Grotte.

Un soir, c’etait le lundi, je suis allée prier devant la Vierge de la Grotte. Une fumée noire est alors sortie de mon cœur car je ressentais de la haine envers ma famille. A ce moment-là, je me suis sentie délivrée de cette haine et j’en ai pleuré de joie. J’ai même trouvé la force – en confession grâce à un prêtre – de lui dire que j’avais besoin d’écrire à mon parrain pour lui demander pardon. En effet, j’avais besoin de lui dire ce que j’avais ressenti lors de la mort de mon papa en 2002 et lui expliquer pourquoi je n’ai plus voulu lui parler depuis : je ne trouvais pas les mots justes et j’avais peur qu’il refuse de me voir.

Le prêtre m’a dit qu’il trouvait beau et touchant que je désire parler à nouveau à mon parrain. Il a dit : « Je suis sûr que Marie va vous aider. Et même si votre parrain ne vous répond pas, ce ne sera pas un échec. Votre réussite sera d’avoir fait le premier pas ! »

Le soir même, devant ma feuille blanche, je ne trouvais pas les mots et j’ai fini par pleurer. J’ai écrit quelques mots sur mon téléphone comme si je voulais lui envoyer un message. Quelques mots sont venus… Cela m’a épuisée et je me suis endormie avec le sourire. Je sais qu’il a reçu mon message, car sa fille me l’a dit. Il ne m’a pas encore appelée : pas grave, je suis en paix !

(A suivre)

Grotte de Massabielle (Lourdes).
Grotte de Massabielle (Lourdes).

Le Livre d’Or de l’église Saint-Michel 1968-2018

Par Françoise Michellod – Extraits de www.bourg50.ch
Photo: Pascal TornayLe site bourg50.ch vaut le détour ! Un chapitre est attribué au Livre d’Or. « Un Livre d’Or placé au fond de l’église, se propose de récolter vos témoignages. Qu’il s’agisse d’anecdotes ou de photos, ces traces diverses permettront de faire revivre la richesse de l’itinéraire d’une communauté. » Vous êtes concerné : il ne s’agit pas d’être doué pour la plume, deux lignes suffisent. Celui qui passe en ce lieu vient se recueillir ou découvrir cet édifice… Chacun est le bienvenu. Emportez éventuellement le livre chez vous un ou deux jours, afin d’y noter tranquillement ce que vous inspire l’église Saint-Michel, ce que vous y avez vécu.

Ce Livre fait de papier choisi, bruissant au fil des pages… d’Or par ce qu’il évoque, conservera des événements ou des images qui ont brillé sur les chemins de nos vies. Ce Livre d’Or permet aussi d’exprimer des émotions, des remerciements, d’offrir son témoignage ou d’adresser des félicitations.

Idées. – Racontez ce projet un peu « fou » des années 60… Parlez de cette architecture qui a dû d’abord se faire un chemin parmi les fidèles peu habitués à un style qui fait merveille aujourd’hui ! Dites que vos parents ou amis venaient de Fully ou d’ailleurs – régulièrement – pour « assister » à la messe à l’église du Bourg… pour le lieu, pour l’espace ou parfois pour le recteur… Donnez des dates ! Osez coller une photo embuée d’encens, étoilée de nombreux cierges orientaux des années « Pont » (: le site bourg50.ch vous propose et vous aide à scanner vos photos).

Vous étiez paroissiens du chanoine Hilaire Tornay ? Il vous parlera de son vécu ou d’un de ses souvenirs de sa mission de recteur. Sans oublier le passage de notre recteur feu Jean-Claude Rossier qui fit vibrer en ce lieu de prière les plus belles musiques classiques et chœurs liturgiques. Vous êtes jeune et vous aimez venir vivre ici des cérémonies chaleureuses ou simplement l’intimité avec le Seigneur ? Ecrivez-le ! Vous nourrissez dans ce lieu votre besoin de silence, hors des turbulences du monde ? Ecrivez-le aussi ! Faisons donc de ce Livre d’Or qui nous ouvre ses pages, un album que chacun pourra consulter comme l’histoire vivante de notre communauté au long de ces cinq décennies de vie spirituelle.

Gratitude et félicitations à Gabrielle Sola qui, pour l’ouverture de ce Jubilé, a magnifiquement dédicacé ce Livre d’Or. Professeur passionnée de musique, elle reprend la direction du Chœur d’hommes Saint-Michel en 1969. Elle convainc ces messieurs de garnir leurs rangs de femmes… Dès lors sous sa baguette experte la chorale devient le Chœur MIXTE Saint-Michel !

Une vie «normale»

La famille Madarati originaire d’Alep en Syrie est arrivée en Suisse en 2014. Voici Mahasen, la maman; Kamal, le papa; Mohamad et Aisl, frère et sœur de 20 et 14 ans. Après un voyage ahurissant qui les a conduis, comme de nombreux autres migrants en Libye, puis à travers la Méditerranée jusqu’en Sicile où ils trouvent bon accueil, ils parviennent aux frontières de la Suisse à Vallorbe, qui ne sera – encore – qu’une étape… Insérés dans un univers totalement nouveau sur tous les plans, ils estiment mener une vie normale… Ils nous en parlent.

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Œcuménisme: risquer le large!

Chaque année, du 18 au 25 janvier, la « Semaine de Prière pour l’Unité» permet aux chrétiens de tous bords de vivre un temps de fraternité et d’échange. En 2018, le Groupe œcuménique de Martigny vous propose une journée d’un genre nouveau… Passionnante et ouverte à tous, elle aura lieu le dimanche 21 janvier 2018 : curé et pasteur nous en donnent un avant-goût!

Photo et propos recueillis par Pascal Tornay
Image: COE

 L’œcuménisme, c’est pour les curés et les pasteurs ?
« Pas du tout ! c’est un enjeu fondamental et un témoignage de « vivre ensemble » dans l’Eglise et plus largement dans notre monde, s’exclament en chœur les deux amis, Jean-Pascal Genoud (JPG), curé et Pierre Boismorand (PB), pasteur. Nous n’avons pas le monopole de la diversité et du dialogue mais, à l’occasion de la Semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens, nous voulons poser un signe au cœur de la cité : se connaître, se respecter et s’apprécier, travailler ensemble pour le bien commun chaque fois que c’est possible constituent des contributions positives pour la cohésion de notre société ! »

Comment est née l’idée de cette journée d’un nouveau genre ?
JPG : C’est dans le cadre d’une sortie œcuménique à la Grande Chartreuse, près de Grenoble, en mai 2017. Cette idée a germé lors de discussions informelles dans notre groupe. Nous sentions le besoin d’aller vers de nouvelles dynamiques, de créer une démarche plus large, plus diverse et en même temps plus convergente.

PB : Il faut dire que le Groupe œcuménique de Martigny réunit des chrétiens catholiques, protestants et parfois orthodoxes et évangéliques depuis plus de 30 ans. Or nous avons toujours organisé à peu près les mêmes choses ! Alors, le besoin de se renouveler se faisait sentir. Partant du principe qu’il n’y a pas qu’une seule bonne façon de se retrouver et de partager, nous souhaitions donner une nouvelle impulsion aux rencontres œcuméniques et faire en sorte que davantage de personnes puissent se sentir concernées.

Quelles nouveautés proposez-vous concrètement ?
JPG : Après un accueil et un café-croissant à la salle communale de Martigny, nous formerons trois groupes qui aborderont des thèmes d’actualité qui seront présentés par des intervenants venant d’horizons divers (cf. encadré). Après ces temps d’échange et de réflexion, les groupes convergeront à l’église de la ville pour vivre une célébration commune. Chacun des trois groupes interviendra au cours de la célébration pour partager à tous ce qui aura été vécu.

PB : Cette liturgie commune du dimanche matin à 11 heures constituera un temps fort. D’habitude, pour ce genre de célébration, nous suivons un modèle élaboré par un comité international. Cette année, nous préparerons nous-mêmes ce moment et nous nous mettrons à l’écoute des témoignages qui seront rapportés par les groupes. L’essentiel demeure de pouvoir se rencontrer à travers et au-delà de nos différences.

JPG : Le buffet interculturel de midi, également servi à la salle communale, sera aussi une façon de célébrer l’art de vivre ensemble à travers de belles découvertes gustatives !

De quoi doit-on le plus se réjouir dans cette innovation ?
JPG : Notre invitation est en elle-même plurielle. Le fait d’avoir plusieurs thématiques amènera à vivre une journée variée. Nous osons dire que, n’ayant pas les mêmes visions, nous proposons des groupes qui abordent des thèmes différents et que tout ceci se retrouve dans une célébration qui manifestera la joie d’être et de vivre ensemble ! En participant à cette journée, chacun pourra repartir avec une sensibilité plus vive de la diversité ambiante et de la richesse que cela induit.

PB : En effet, pour nos paroisses, c’est une manière de vibrer avec la diversité qui se manifeste largement autour de nous, comme d’intégrer le fait que nous vivons dans une société plurielle. Alors que nos communautés risquent toujours de se refermer sur elles-mêmes, l’œcuménisme rappelle cette nécessaire ouverture à l’autre différent. Il constitue une invitation à ne jamais se contenter de nos acquis, mais, comme dans un couple, à entretenir et à développer la relation, en vue d’approfondir la relation et l’unité.

Justement, où en est le Groupe œcuménique ?
PB : La vocation du groupe demeure de proposer des activités communes et de favoriser les échanges entre les paroisses. Traditionnellement, nous organisons les Feux de l’Avent, les Soupes de Carême, des célébrations, mais aussi, à l’occasion des sorties et des voyages spirituels. Mais en plus des questions œcuméniques, il nous faut désormais prendre au sérieux le dialogue interreligieux. Cette sensibilité se manifestera à travers la journée du 21 janvier. Le Groupe Œcuménique d’Accompagnement des Réfugiés (GOAR), créé par nos paroisses, est une manifestation patente de cette nécessité d’un élargissement.

JPG : Organiser quelques activités communes et célébrer ensemble occasionnellement ne répond pas suffisamment à l’annonce de la Bonne nouvelle de Jésus Christ. Les membres du Groupe sentent le besoin de renouveler les pratiques et de trouver de nouveaux participants. Nous lançons donc un appel aux personnes qui vivent ou désirent donner corps à cette sensibilité œcuménique… Des forces neuves sont nécessaires pour prendre à bras le corps ce magnifique défi… La journée du 21 est déjà le signe que quelque chose se trame !

Le logo du Conseil œcuménique des Eglises (COE) représente l’Eglise (barque, nef) surmonté de la croix, symbole phare des chrétiens. La mention OIKOUMENE signifiant la terre ou le monde. Il s’agit, par la croix, de faire de l’humanité un seul corps uni et vivant en harmonie dans la même demeure.
Le logo du Conseil œcuménique des Eglises
(COE) représente l’Eglise (barque, nef) surmonté de la croix, symbole phare des chrétiens. La mention OIKOUMENE signifiant la terre ou le monde. Il s’agit, par la croix, de faire de l’humanité un seul corps uni et vivant en harmonie dans la même demeure.

Au milieu de l’hiver j’ai découvert

Course aux cadeaux, effervescence de Noël, repas copieux… Les excès des fêtes à peine digérés, d’épuisements en excitations, nous voici déjà basculés dans la nouvelle année !

Par Laure Barbosa
Photo : pontifexenimages.comDans ce rythme effréné, les soldes des magasins qui déstockent nous incitent à remplir encore plus nos armoires. Peut-être avons-nous pris le temps de nous fixer un nouveau lot de bonnes résolutions ? Autant de pressions supplémentaires potentielles dans une tendance à placer la barre toujours un peu trop haut. Il fait froid quand soudain, tout autour comme un grand calme blanc assorti à la neige recouvrant le paysage, un sas de décompression, passage à vide en nos avidités : le creux de janvier nous invite à creuser en nous…

Accueillir cette lenteur et se laisser faire table rase, remettre les pendules à l’heure de l’humilité au quotidien. Silence, prière, chaleur et joie intérieure. On parle beaucoup du burn-out1, de l’épuisement des engagés comme d’une maladie du trop : le don de soi sans réserve au service d’un inatteignable idéal. A terme il s’agit de la perte de soi dans la tentation de trouver son salut en sa propre activité au risque de se considérer soi-même sauveur à la place du Sauveur. S’il ne peut exister de don de soi qui épuise ou détruise le soi, il importe de retrouver une théologie plus juste du sacrifice à la lumière de la révélation biblique. Donner en vue d’une relation, vers un plus de vie et pas pour tenter de combler un puits sans fond. Donner en simple reconnaissance, non pour acheter ou rembourser mais dans la gratuité la plus totale. Donner ce débordement de gratitude dans la foulée du don premier qui nous anime et à la folle allure duquel on se reçoit à nouveau chaque instant. Comme le serviteur fidèle et quelconque de la parabole (Lc 17,7-10) ou comme le disait si joliment la maman d’une belle personne qu’il m’a été donné d’accompagner : « Il faut faire le bien, simplement parce que c’est le bien. »

Lorsque tout est gelé, l’amour impossible et la justice insuffisante, Albert Camus, cité souvent dans ce raccourci : « Au milieu de l’hiver, j’ai découvert en moi un invincible été », appelle à garder intacts en soi cette lumière conquise, fraîcheur source de joie, l’ancienne beauté et le souvenir du ciel où le monde recommence dans une lumière toujours neuve. Retrouver en nous la naïveté de l’enfant de la nativité que nous venons d’admirer : « Seigneur, je n’ai pas le cœur fier ni le regard ambitieux ; je ne poursuis ni grands desseins, ni merveilles qui me dépassent. Non, mais je tiens mon âme égale et silencieuse ; mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère. » (Ps 130) 

1 Inspiré de l’article de Jean-Marie Gueullette « Un burn-out propre aux chrétiens », Etudes 2017/9, p. 61-72.

Marie… protestant(e) !

«Marie entend avec déplaisir les bavards oiseux qui prêchent et écrivent beaucoup sur son mérite, ce par quoi ils veulent démontrer leur grande habileté personnelle, sans voir comment ils étouffent le Magnificat […]. » 1 Citation de Luther un brin provocatrice, où Marie protest… erait par cette hyperbole: «étouffer le Magnificat», soit le message évangélique sur Marie, par des paroles (dogmes) et des actes (dévotion, piété mariales) surnuméraires. Mise au point.

Par Thierry Schelling
Photos : Jean-Claude Gadmer, DR

Cathédrale de Genève: la principale église de la cité de Calvin.
Cathédrale de Genève: la principale église de la cité de Calvin.

Tordons le cou une fois pour toutes à un préjugé catholique : oui, les protestants aiment Marie et la considèrent comme un personnage biblique central ! Aurait-on oublié que nous confessons le même Credo où il est question de…. Marie ? « Dans la tradition réformée, Marie est une figure emblématique de l’histoire du Salut, souvent symbole d’humilité, de fragilité, de dévouement, femme du peuple, simple, sans prétention, choisie par Dieu pour porter le plus beau cadeau pour le monde, téméraire et qui ne faiblit pas, alors que d’autres se seraient écroulés face à cette nouvelle », explique Carole Perez, pasteure à Delémont.

« Pour moi, confie Laurence Reymond, pasteure en EMS dans l’Ouest lausannois, c’est comme femme, mère et croyante que Marie m’interpelle car elle nous rejoint dans les grandes étapes de notre vie et dans notre quotidien. » Et Carole Perez de renchérir : « Elle me donne de la joie, l’envie de rechercher et poursuivre ma quête de foi, de l’audace et de la persévérance. Marie devient pour moi une sœur dans la foi. » Quant à nos aînées, étant donné l’écart sociétal avec aujourd’hui, elles souffrent souvent du décalage générationnel : « Quel modèle pour accompagner des femmes qui ont traversé ces rapports compliqués mère-enfant ? », confie Laurence Reymond. Idem pour la problématique de la transmission : « Marie et Joseph ont respecté les us et coutumes de leur foi, laissant à leur fils le soin de se les approprier. Mais alors, comment accepter la prise de distance de leur famille face à la religion ? Marie est une source d’inspiration et un exemple à plus d’un titre. »

1 M. Luther, Le Magnificat, Spiritualité, Nouvelle Cité, 1997, p. 85.

Littérature mariale

Depuis l’avènement de l’ère œcuménique, on peut dire que chacune des traditions chrétiennes, ayant accentué plutôt un aspect au détriment d’autres, a réalisé qu’elle souffrait d’un manque, par exemple de « mariophilie » 2 dans la Réforme, ou de faiblesse des connaissances mariologiques dans le catholicisme 3, et s’est donc intéressée à l’opinion de l’autre, voire plus si affinité 4. Ainsi, il existe une littérature mariale remarquable produite par des protestants, qui nourrit tant l’âme que l’esprit chrétiens : on pense à Marion Muller-Colard 5, Sophie Mermod-Gilléron 6, Martin Hoegger. 7

Certes, l’échange des apports ne saurait effacer la différence fondamentale entre nos deux Eglises : « Pour nous, Marie n’entre pas dans l’univers de la divinité ; son expérience extraordinaire d’enfanter Jésus par l’action de l’Esprit Saint, réelle ou symbolique, ne la place pas dans une sphère ontologique supérieure aux autres humains », explique Gilles Bourquin, théologien et corédacteur en chef du journal romand Réformés. « Sa sainteté lui vient de sa foi et de son comportement exemplaire, mais pas de mérites surnaturels ou précédant son existence terrestre. » En résumé, « Marie est martyr indirect du supplice de son fils, qui subit en plein cœur la tragédie de l’Evangile », conclut-il.

Rien de doucereux, donc. « Pour moi, Marie est celle qui proclame le Magnificat annonçant le renversement des catégories des puissants et des petits, des riches et des pauvres », explique Elisabeth Parmentier, professeure de théologie protestante à l’Université de Genève. Le commentaire du Magnificat par Luther demeure pour cette luthérienne, un point de référence : « Luther n’enlève rien du respect dû à la mère du Christ et ne discute pas sa virginité. La transformation théologique est ailleurs : il relit la conception de “ l’humilité ” : alors qu’on y voit une vertu et que Marie est souvent exaltée comme grande vertueuse, Luther montre que le terme « humilitas » signifie la petitesse ; Dieu regarde Marie précisément parce qu’elle ne fait pas partie des gens considérés ou importants. » Et de conclure : « C’est là que se dissocie la théologie qui insiste sur la grâce de celle qui insiste sur les mérites ou les vertus ! » Comme le résume le modérateur de la Compagnie des pasteurs et diacres de Genève, Blaise Menu, « Marie est notre sœur dans la foi, figure éminente et contrastée qu’on se gardera d’éloigner de sa belle humanité, préférant les fragilités de l’incarnation aux ambiguïtés que porte une exemplarité magnifiée. » 8

2 Néologisme pour dire « affection à Marie »…
3 L’Eglise de Rome a tout un bagage des encycliques de Léon XIII (Supremi Apostolatus, 1883) à Jean-Paul II (Redemptoris Mater, 1987), sans omettre le chapitre 8 de Lumen Gentium (Concile Vatican II) – mais les dévots à Marie le connaissent-ils ?
4 On pense au Groupe des Dombes et à « Marie dans le dessein de Dieu et la communion des saints », 1999.
5 Cf. Marion Muller-Colard, « L’intranquillité heureuse », dans : La Croix, 18.09.2016 (vu sur le site Internet du journal le 10 novembre 2017).
6 Dans le cadre des camps bibliques œcuméniques de Vaumarcus, l’actuelle pasteure d’Yverdon a coproduit un remarquable dossier sur Marie en 2010.
7 « Les Perles du Cœur, le Rosaire autrement pour catholiques et protestants », Saint-Augustin, 2017.
8 B. Menu, Lettre aux collègues genevois du 27 octobre 2017.

Fresque du XIe ou XIIe siècle dans le narthex de l’abbatiale de Payerne, dédiée à la Vierge Marie (auteur inconnu).
Fresque du XIe ou XIIe siècle dans le narthex de l’abbatiale de Payerne, dédiée à la Vierge Marie (auteur inconnu).

Le visage de l’Eglise

Francine et Vincent Guyaz, diacre et pasteur: «L’objectif du personnage de Marie, c’est la Parole de Dieu.»
Francine et Vincent Guyaz, diacre et pasteur: «L’objectif du personnage de Marie, c’est la Parole de Dieu.»

« L’objectif du personnage de Marie, c’est la Parole de Dieu, résume Francine Guyaz, diacre d’Ecublens-Saint-Sulpice. Elle incarne le visage de l’Eglise, elle est l’Eglise en ce qu’elle porte le Christ, le Saint ; elle est la Pentecôte. Et je rends grâce à Dieu pour Marie, cette mère batailleuse. » Et Vincent Guyaz, pasteur et ministre de coordination de la région Les Chamberonnes, de relater une anecdote : « A Lourdes, certes, le passage à la grotte, le toucher de la pierre sont idolâtres pour moi, détestables… mais c’est Marie qui déclenche des “choses évangéliques” : le bénévolat auprès des malades, des handicapés, des souffrants, la fraternité, la profondeur des liens qui se tissent, ce sont d’authentiques expériences de la foi ! »

Protestants et catholiques n’ont nullement besoin de chercher le plus petit dénominateur commun, mais au contraire d’écouter le regard de l’autre, son explication, son vécu. Et (au moins) de le méditer. Une attitude très… mariale, dans le fond : « Marie gardait tout cela dans son cœur ! » (Lc 2, 19)

D’une prière à l’autre

Luther faisait dire à Marie : « Je suis l’atelier dans lequel Dieu travaille, mais je n’ai rien à ajouter à l’ouvrage. C’est pourquoi personne ne doit louer ou honorer en moi la mère de Dieu, mais louer en moi Dieu en son œuvre. » A sa suite, c’est le Magnificat qui est un peu la prière mariale protestante ; au contraire, le « Je vous salue Marie », rédigé à partir de bribes évangéliques au cours de près de quinze siècles – au dire de Paul-Marie Guillaume, ancien évêque de Dié 9 –, concentre, lui, plutôt la piété catholique romaine. Prières croisées…

9 Lu sur www.revue-kephas.org/02/2/Guillaume127-133.html (2 novembre 2017).

Précisions

Une lectrice attentive nous signale deux imprécisions dans notre dossier de décembre sur la lumière. Dans le paragraphe mesure du temps, la vitesse de la lumière est de 300 000 km/s et non de 360 000. Et s’agissant de la photosynthèse par laquelle « une plante vivante transforme la lumière reçue en sucre », c’est en dégageant de l’oxygène (O2) et non du CO2. (Réd.)

Un synode sur la jeunesse

Par Giraud Pindi, Curé modérateur de l’UP Nyon-Terre SainteL’événement a été annoncé par le pape François en janvier 2017 : un synode sur « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel » se tiendra à Rome en octobre 2018. Un document préparatoire a été diffusé, boussole pour accompagner la réflexion. Une lettre du Pape aux jeunes a été publiée, une prière pour les jeunes diffusée. Un questionnaire a été mis en ligne par le secrétariat général du synode en vue d’une ample participation des jeunes de 16 à 29 ans aux travaux du synode (https://survey-synod2018.glauco.it). Un pré-synode a été convoqué pour le mois de mars.

Mais où en est-on de l’engagement de la jeunesse dans notre Eglise ? Qui en parle ? Dans sa lettre le pape vous invite, chers jeunes, à écouter la voix de Dieu qui résonne dans vos cœurs à travers le souffle de l’Esprit Saint. A l’exemple d’Abraham qui quitte son pays après avoir entendu l’appel de Dieu, vous êtes appelés à marcher vers une nouvelle terre, une société plus juste et fraternelle. A vous de la construire en vous laissant instruire par la Parole de Dieu.

Le pape vous exhorte, chers jeunes, à entendre l’appel de Jésus et à y répondre : « Venez et voyez » (Jn 1, 38-39). Jésus vous invite chez lui. Il veut que vous vous mettiez en route, car un monde meilleur ne peut pas se construire sans vous, sans votre désir de changement et votre générosité. Au milieu du vacarme et de la confusion qui semblent régner dans le monde, l’appel de Dieu continue à résonner dans votre âme. N’ayez donc pas peur d’écouter l’Esprit qui vous suggère des choix audacieux.

Comme curé de paroisse, j’ai la ferme conviction que les jeunes sont l’avenir de notre Eglise. Comme je l’ai écrit dans un précédent éditorial, ils ne sont pas loin des réalités de la foi et des mystères divins. Ils fréquentent l’Eglise et reçoivent les sacrements (cf. Giraud Pindi, « Méditations dominicales d’un curé de paroisse », L’Harmattan, 2016, p. 158-159).

Qu’ils prennent conscience qu’ils sont capables d’oser et se laissent conduire par des guides sages, dit le Pape ; et que les aînés sortent de la peur du neuf, qu’ils oublient le repli sur soi pour laisser la jeunesse ouvrir de nouveaux chemins. Voilà pourquoi Paul écrit à Timothée : « Que personne n’ait lieu de te mépriser parce que tu es jeune ; au contraire, sois pour les croyants un modèle par ta parole et ta conduite, par ta charité, ta foi et ta pureté. » (1 Tm 4, 12)

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